When You're Lost in the Darkness
Megan Williams & @Ruben Hartfield ☆ univers alternatif zombie

Damon était hospitalisé pour une fichue crise d’appendicite. Une opération qui aurait dû prendre quelques heures tout au plus, et il serait sorti de l’hôpital le lendemain. Sauf qu’il n’est jamais sorti, il n’est jamais rentré à la maison en tout cas à cause de l’effondrement de notre société.

« La chosification de l’espèce humaine a commencé. » C’est ce qu’ils ont dit à la radio avant que tous les moyens de communication aient cessé d’émettre le moindre signal. Plus de télévision, plus de radio, plus wifi et plus de réseaux mobiles. J’ai tenté d’appeler l’hôpital plusieurs fois en vain, avant la coupure, plus personne ne répondait déjà là-bas. Alors j’ai fait ce que Damon m’aurait dit de faire dans un cas comme celui-là : je me suis barricadée à l’intérieur de la maison, notre nouvelle maison qui aurait dû être un nid douiller pour nous deux, et j’ai attendu. Attendu et observé. J’ai observé ces choses à peine vivantes et certainement plus du tout humaine rôder dans la rue. J’ai noté dans un coin de mon esprit ce qui semblait les stimuler ou pas, et leur absence visible de capacité de réflexion. Ce sont des bêtes, des prédateurs qui semblent chasser tout ce qui a le sang chaud et je l’ai vu de mes propres yeux, lorsqu’un couple a frappé à ma porte en hurlant et en me demandant de les laisser entrer. Mais vaut mieux eux plutôt que moi. Je suis restée sourde à ces supplications et que je les ai observé se faire attaquer avant de détourner mes yeux du Judas. La femme a moins été dévorée que l’homme. Maintenant, elle ère elle aussi dans le quartier, revenant régulièrement dans mon jardin.

Je n’ai décidé de sortir que parce que la peur que je ressens pour Damon est devenue trop forte, et parce que nos maigres réserves sont de toute façon épuisées. J’ai décidé de me déplacer de nuit, puisque les créatures semblent plus actives la journée. Malgré ça, je suis terrorisée. Et lorsque j’arrive sur le parking de l’hôpital, les créatures semblent dix fois plus nombreuses que dans notre petit quartier calme et résidentiel. J’entends un bruit à ma droite. De peur qu’il s’agisse de l’une d’entre elle, je me glisse à plat ventre sous une voiture et je me tais, je prie de toute mes forces pour avoir été assez discrète et ne pas avoir été entendue.

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C’était un carnage - il n’y avait pas d’autres mots de toute façon pour décrire la situation qu’ils avaient sous les yeux et qui se déroulait malgré leurs efforts pour contrer ce qui se passait. Les urgences s’étaient emplies d’une façon inimaginable les premiers jours, pour que le personne encore apte à agir soit forcé de fermer les portes de l’intérieur pour finalement ne plus accueillir personne; autant pour se protéger des personnes qui en venaient à les rejoindre que pour que celles déjà admises n’aillent pas plus loin. Les décisions à prendre avaient été compliquées, et bien contraire à ce qu’ils avaient pu apprendre pendent leurs longues années d’études, tous autant qu’ils étaient.

Ruben était sur place depuis le début des suspicions qui s’étaient répandues à travers le monde. Il n’aurait été nulle part ailleurs, puisqu’en cas de problème de cette ampleur, tous les professionnels étaient réquisitionnés sur place; mais il était déjà sur place lorsque ses supérieurs et les membres de l’administration avaient commencé à évoquer un problème qui risquait d’être plus grand d’eux. « Tu penses que ça va être si horrible que les prédictions peuvent le laisser penser ? » Qu’il avait demandé à Leon, en regardant à travers la fenêtre de son bureau, quelques jours avant qu’ils soient contraints de fermer les portes du bâtiment. « J’ai peur que ce soit même pire que nos prédictions, mon grand. » Trois jours plus tard, il ne l’appellerait plus jamais mon grand, puisque Ruben avait été contraint de lui insérer un scalpel à travers la carotide à la demande même de son mentor, quand il avait compris qu’il faisait partie des personnes qui étaient atteintes du mal qu’ils ne pourraient soigner pour le moment. Ruben avait obtempéré, puisqu’il n’avait jamais su faire autrement face à celui qu’il estimait le plus dans ce monde; il avait ravalé ses larmes, et avait compris que les émotions n’avaient pas leur place dans ce type de situation. Alors, gardant au sein de l’hôpital es personnes qui pouvaient être soignées et qui avaient un espoir de s’en sortir, il avait aidé à fermer les portes de l’établissement pour éviter de devoir répéter le geste qu’il avait eu envers Leon de trop nombreuses fois; pour laisser de la place aussi au peu de chercheurs qu’ils avaient sur place et qui utilisaient le peu de ressources qu’il leur restait pour tenter l’impossible avec que de trop maigres informations en leur possessions.

Même si ce n’était pas initialement son rôle, le peu de rescapés se devaient de se serrer les coudes - si bien que même Ben, qui aurait du devenir un neurochirurgien de renom d’ici à quelques années, se retrouvait à faire des tours de garde aux alentours de l’hôpital. Il était jeune et endurant, il avait la hargne de ne pas se laisser dépérir ici, alors il était parfaitement indiqué pour intégrer ce type d’équipes en plus des coups de mains pour les soins qu’il donnait toujours à l’intérieur du baissent mais qui se faisaient de plus en plus rares, leurs réserves n’étant pas infinies. Les créatures étaient partout, et naviguer rien que sur le parking devenait une véritable aventure. Alors qu’il tournait au coin du bâtiment, pour rejoindre la partie principale du parking, son regard fut attirée par une silhouette qui ne semblait pas se déplacer exactement comme le reste des autres. Fronçant les sourcils, se rapprochant au petit pas de course, ce fut arme au poing qu’il se mit à plat ventre pour regarder sous la voiture où elle semblait s’être planquée - les créatures n’étaient pas aptes à agir de la sorte, pas lorsqu’elles commençaient à être aliénées depuis plusieurs jours déjà. « C’est pas l’Eldorado ici, alors t’as plutôt intérêt à rapidement dire qu’est-ce que tu pensais faire en te planquant ici. » Pendant légèrement sa main pour mieux apercevoir le visage de la jeune femme, les sourcils de Ben se froncèrent sur son front. « On s’est déjà croisés, toi et moi. » Il n’arrivait juste pas à remettre où et dans quelles circonstances exactement.

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Allongée à plat ventre sous la voiture, je prie ce dieu en lequel je n’ai jamais cru pour qu’il me tire de ce mauvais pas. Je n’attends qu’une chose, que ces horribles créatures disparaissent pour que je puisse sortir de là et courir vers les portes de l’hôpital. J’espère y trouver Damon ou quelqu’un pouvant m’indiquer où il est, ce qui lui est arrivé et comment le rejoindre. Pour l’instant, je préfère ignore la possibilité que son issue n’ait pas été favorable : j’ai besoin de m’accrocher à la certitude qu’il est envie de ce monde et je le fais de toutes mes forces. Une fois ensemble, nous pourrons constituer un stock de médicaments – tant qu’à être ici, je sens qu’ils deviendront bien vite une denrée rare – et quitter la ville pour rejoindre des zones moins peuplées. J’ai tendance à penser que nous serons plus en sécurité loin de toute vide, et l’Australie a l’avantage de n’être peuplée qu’à des endroits stratégique. Au centre du pays, la densité d’habitant au kilomètre carré et faible et, avec elle je l’espère, la densité de morts vivants.

« C’est pas l’Eldorado ici, alors t’as plutôt intérêt à rapidement dire qu’est-ce que tu pensais faire en te planquant ici. » Une voix m’interpelle et je tourne la tête dans sa direction. Nos regards se croisent et je fronce les sourcils. « On s’est déjà croisés, toi et moi. » - « Tu crois que c’est ma passion de me cacher sous des autochenilles ? » L’énorme véhicule sous lequel je suis n’est pas l’endroit où je rêvais de me trouver. « Y’a une dizaine de créatures un peu plus loin, j’ai eu peur qu’elles me voient. » Alors je n’ai pas réfléchi une seconde. Quant à savoir si je connais l’homme qui me fait fasse, il fait trop sombre et je suis trop sonnée pour fouiller ma mémoire. « Tu es médecin ? Tu travailles ici ? »

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La jeune femme s’était planquée sous l’une des voitures du parking, mais ce n’était pas là l’idée la plus géniale de la semaine: elle finirait par être découverte dans tous les cas. Elle avait simplement de la chance que ce soit Ruben qui soit sorti à ce moment là, et que ce ne soit pas une des créatures qui ait décidé de la suivre jusque sa cachette improvisée. « Tu crois que c’est ma passion de me cacher sous des autochenilles ? » S’il n’était pas allongé à plat ventre pour regarder sous le véhicule, il aurait haussé les épaules. « Franchement ? J’aurais pu le croire, ouais. » Le sourire qu’il affichait désormais était autant sarcastique que ses paroles.

« Y’a une dizaine de créatures un peu plus loin, j’ai eu peur qu’elles me voient. » Il pinça les lèvres un instant, et réprima les commentaires qui lui venaient en première intention. « Elles te verront peut-être pas, mais elles finiront par te sentir si tu restes trop longtemps planquée là. Sors d’ici, c’est ridicule de se planquer. » Surtout pas de cette façon: autant courir, c’était plus efficace. Il finit par s’appuyer sur ses paumes de mains pour se relever lorsqu’elle reprit la parole. « Tu es médecin ? Tu travailles ici ? » Il leva les yeux au ciel, pour s’abaisser de nouveau. « Sors de dessous la voiture, on discutera après. » Hors de question qu’il se fasse avoir à cause d’elle.

Debout, il épousseta ses genoux et ses coudes, avant de reposer son regard quand la jeune femme fut dégagée de sous le véhicule à son tour. « Je suis le seul physionomiste de nous deux, alors. » Mettant sa main en visière, il observa quelque peu les alentours; la porte par laquelle il était sortie n’était pas tout à côté, mais il en connaissait une bien plus proche pour se réfugier rapidement sans attendre de se faire dévorer. Pour le moment, ils semblaient être presque tranquilles - les créatures dont elle avait parlé étaient plusieurs dizaines de mètres plus loin: il les entendait mais ne pouvait pas les voir. « Je suis médecin et je tente de travailler ici, ouais. » Il reporta son regard sur elle. « Je t’ai déjà ausculté aux urgences une fois. » Ce qui lui semblait être une vie plus tôt de ça.

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« Elles te verront peut-être pas, mais elles finiront par te sentir si tu restes trop longtemps planquée là. Sors d’ici, c’est ridicule de se planquer. » - « Elles sont là depuis dix ans et j’ai raté l’info ou quoi ? On en sait rien de comment elles réagissent. » A moins de se fier à toutes ces séries et films sur les morts-vivants, ce qui serait à mon sens parfaitement ridicule. Certes, je n’imaginais pas non plus un jour me trouver dans ce genre de situation, mais je pense qu’il ne faut partir d’aucun postulat basé sur l’influence de la pop-culture. Nous sommes dans la vraie vie, pas dans une série. Mais il est vrai qu’il s’agit de la première fois que je sors de chez moi depuis le début de tout ça. Les avoir observées quelques jours depuis ma fenêtre ne fait pas de moi non plus une spécialiste. « Sors de dessous la voiture, on discutera après. » Je n’aime pas obéir, mais je ne peux pas rester ici indéfiniment : je suis venue à l’hôpital pour une raison précise. Et puis, les créatures se sont éloignées.

« Je suis le seul physionomiste de nous deux, alors. » Après m’être tirée de sous la voiture, j’époussette mes vêtements, comme si les apparences avaient encore la moindre importance. Mes mains sont écorchées ; je me demande si elles sentent le sang. « Je suis médecin et je tente de travailler ici, ouais. Je t’ai déjà ausculté aux urgences une fois. » - « Très honnêtement, on aurait pu se rencontrer au salon de l’aérophilie que j'en aurais pas grand-chose à faire. » Comme si quoi que ce soit avait de l’importance, à présent. « Mais ouais, je me souviens de toi. » Comment oublier l’homme qui, me pensant victime de violence conjugale, m’avait fait craindre de voir mon linge sale exposé en public. Cela n’a plus d’importance aujourd’hui, qui était à l’origine de ces marques sur mon cou. « Je cherche quelqu’un. Si tu travailles ici tu peux peux être m’aider. » Est-ce qu’ils ont encore accès à leur système informatique ? Après tout, ce genre d’endroit possède des groupes électrogènes qui peuvent tenir plusieurs semaines et des sauvegardes locales des données patients. Peut-être ont-ils encore l’électricité, et donc l’eau chaude, aussi. « Mon mari. Il a été admis ici pour une crise d’appendicite, juste avant tout ça. »

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« Elles sont là depuis dix ans et j’ai raté l’info ou quoi ? On en sait rien de comment elles réagissent. » Il eut un petit rire sarcastique. « Le peu que j’en ai vu jusque maintenant m’a suffit, crois moi. » Parce-que des créatures à l’intérieur de l’hôpital, ils en avaient eu plus d’une - et celles qui rodaient sur le parking étaient là elles depuis des jours: tout le personnel encore apte à le faire s’était bien appliqué à les observer et avait réussi à comprendre quelques astuces pour ne pas se faire éliminer trop rapidement.

Il dut insister deux fois, mais la blonde finit par sortir de sous la voiture à sa suite. Ils se devaient de se mettre à l’abris dès que l’occasion se présentait pour eux, ça ne servait à rien de risquer un tel danger. « Très honnêtement, on aurait pu se rencontrer au salon de l’aérophilie que j'en aurais pas grand-chose à faire. » Il leva les yeux au ciel. « Mais ouais, je me souviens de toi. » C’était déjà plus intéressant lorsqu’elle disait les choses comme ça. Il tendit sa main vers elle. « Ruben, enchanté. On oublie le docteur maintenant ça sert plus à rien. » Parce-qu’ils n’allaient pas se tirer une balle dans le pied et s’embêter avec des banalités qui ne les mèneraient nulle part. « Megan, si je me trompe pas non ? »

« Je cherche quelqu’un. Si tu travailles ici tu peux peux être m’aider. » Ben haussa un sourcil. « Je te garantis rien franchement. » Tout était tellement en train de changer que même lui commencer à douter de son propre savoir et de ses capacités. « Mon mari. Il a été admis ici pour une crise d’appendicite, juste avant tout ça. » Se mettant en marche pour rejoindre l’une des portes encore ouvertes du bâtiment, il lui fit signe de tête de le suivre. « Le blondinet là ? » Il secoua la tête. « Ca me dit rien du tout. De l’avoir croisé. » En même temps, s’il était venu pour une appendicite, ça ne relevait pas initialement de son domaine. « Il est arrivé là quand tu dis ? »

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« Ruben, enchanté. On oublie le docteur maintenant ça sert plus à rien. Megan, si je me trompe pas non ? » Je note le prénom du chirurgien – il l’était, je me souviens à l’époque m’être étonnée qu’il s’abaisse à faire des points de sutures aux urgences. Si je me souviens de lui, c’est bien parce que j’ai dû argumenter de longues minutes pour tenter de diminuer ses suspicions. « Oui, Megan. Megan Williams. » Peut-être qu’avec mon nom de famille, il se souviendra de tout le scandale qui a suivi, de l’article écrit par Constantine, suivi d’un nouvel article contenant nos révélations, à Damon et moi. Peut-être fera-t-il le lien avec les marques qu’il avait aperçues sur mon cou, ce jour-là.

« Je te garantis rien franchement. » - « S’il te plait. Je veux vraiment le retrouver. » Je préfère penser que l’issue sera favorable, que ce sont bien des retrouvailles qui sont prévues au programme. « Le blondinet là ? » Je hoche la tête, peu désireuse d’argumenter en lui expliquant que Damon est bien plus que ça. Je n’ai qu’une envie : le retrouver. « Ça me dit rien du tout. De l’avoir croisé. » - « Mais peut-être qu’il est encore dans l’hôpital ? Vous avez encore des patients là-dedans ? Des gens qui ont pas pu rentrer chez eux ? » L’opération de Damon était mineure et ne demandait pas une longue convalescence, mais aurait-il pour autant été capable de rentrer chez nous dans un contexte où les rues sont remplies de mort vivants qui peuvent vous dévorer ? « Je veux juste être sure que l’opération s’est déroulée sous les meilleures auspices. Et qu’il va bien, qu’il a juste été coincé ici et que c’est pour ça qu’il est pas rentré. Ensuite, on s’en ira. » Il n’a pas besoin de me considérer comme une bouche à nourrir, un problème de plus sur ses bras. Je veux trouver Damon et quitter Brisbane avec lui. « Il est arrivé là quand tu dis ? » Dans le noir, en parlant à voix basse, nous cheminons vers l’entrée de l’hôpital. « La veille du premier cas à Brisbane. Le lendemain, ils en parlaient à la radio et douze heure plus tard, l’électricité s’est coupée. » Juste avant le drame, donc.

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« Oui, Megan. Megan Williams. » Il hocha quelque peu son visage; au moins sa mémoire à lui était impeccable. Il était toujours un brin vexé lorsque les autres ne se souvenaient pas aussi facilement de lui qu’il arrivait à le faire de son côté, mais ce n’était pas le moment de s’attarder sur ce type de détails.

« S’il te plait. Je veux vraiment le retrouver. » Cela ne dépendrait malheureusement pas que de la force de ses convictions; autant parce-qu’il ne se rappelait pas avoir croisé son mari que parce-qu’il s’était passé tellement de choses en peu de temps que Ben ne saurait dire si c’était une idée judicieuse justement de s’accrocher à de tels espoirs en ces temps incertains. « Mais peut-être qu’il est encore dans l’hôpital ? Vous avez encore des patients là-dedans ? Des gens qui ont pas pu rentrer chez eux ? » Il soupira quelque peu. « Il peut toujours y être, oui. On a encore des patients parce-qu’ils ont pas pu rentrer chez eux mais c’est pas forcément pour le mieux qu’ils sont restés avec nous. » Sans réapprovisionnement de l’extérieur, l’hôpital ne serait plus un endroit sécurisé d’ici une poignée de jours. Le générateur lui-même commençait déjà à montrer des signes de faiblesse: bientôt, ils auraient mieux fait de donner tout le monde en pâture.

« Je veux juste être sure que l’opération s’est déroulée sous les meilleures auspices. Et qu’il va bien, qu’il a juste été coincé ici et que c’est pour ça qu’il est pas rentré. Ensuite, on s’en ira. » Si seulement elle avait autant de chance que cela. « La veille du premier cas à Brisbane. Le lendemain, ils en parlaient à la radio et douze heure plus tard, l’électricité s’est coupée. » Il ne voulait pas être pessimiste, mais il préférait l’être plutôt que de donner de faux espoirs. « Et t’es sure qu’il a été opéré ? Que l’opération a pas été repoussée au lendemain pour un problème de planning ou de personnel ? » Parce-que la liste des patients du jour était malheureusement trop souvent plus longue que les places au bloc disponibles. « Y’a plein d’opérations ce jour là qu’on a pas pu assurer, indépendamment et en partie à cause de la nouvelle. »

Ils arrivaient au niveau de la porte de l’hôpital: pas la principale parce-que Ruben ne voulait pas se faire repérer si facilement, mais celle qui donnait de l’autre côté de l’accueil patients d’origine et qui leur permettrait de faire moins de bruit aussi en rentrant. Une main sur la poignée, il se tourna une dernière fois vers Megan. « Je te garantis pas qu’il soit encore là. Autant parce-que je sais pas s’il est encore envie que parce-que je sais pas s’il est pas reparti de son côté à un moment donné. » Il n’y allait pas par quatre chemins, mais ils n’avaient pas le temps pour ce genre de choses désormais. « Et aussi: à l’intérieur, c’est le chaos. Alors va falloir que tu suives mes directives pour pas rajouter une couche de dérangement à ce qu’on traverse tous déjà. » Autrement dit: elle allait devoir se faire discrète et ne pas trop moufter s’il lui demandait de ne pas le faire.

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« Et t’es sure qu’il a été opéré ? Que l’opération a pas été repoussée au lendemain pour un problème de planning ou de personnel ? » Je secoue la tête, déçue mais pas encore découragée par le peu de renseignement que Ruben est capable de m’apporter. « Non, j’en sais rien. Le matin, il m’a envoyé un message, et dans la journée, toutes les communications ont coupé. » Et ça me rend folle, de ne pas avoir de Damon, de ne pas savoir s’il est là, coincé à l’intérieur du complexe hospitalier, s’il est mort sur la table d’opération ou s’il a trouvé la mort en cherchant à rejoindre l’appartement. Ce que j’espère, c’est qu’il est coincé quelque part, et que c’est uniquement pour ça qu’il ne m’a pas rejointe. « Y’a plein d’opérations ce jour-là qu’on a pas pu assurer, indépendamment et en partie à cause de la nouvelle. » - « Tu m’expliqueras en détail comment ça s’est passé pour ces gens-là. Mais pas maintenant, à l’intérieur. » Parce que déjà, j’entends au loin des grognements dénués de vie de ces créatures.

« Je te garantis pas qu’il soit encore là. Autant parce-que je sais pas s’il est encore en vie que parce-que je sais pas s’il est pas reparti de son côté à un moment donné. » - « Je veux pas croire qu’il puisse ne pas être en vie. » Je coupe presque la parole au chirurgien, pas parce que ce qu’il dit est absurde, mais parce que je ne veux pas y penser. Y penser, c’est rendre la chose bien trop réelle d’un coup, et si je continue à prier de toute mes forces pour que Damon aille bien, sans penser aux alternatives moins favorables, alors j’arrive presque à me convaincre que ce sera réellement le cas, que je n’ai rien à craindre pour lui. « Il est pas rentré à la maison, mais même s’il est pas à l’intérieur, il peut avoir été piégé sur le chemin du retour et être coincé quelque part entre ici et chez nous. » Mon cerveau a déjà élaboré tout un tas de scénarios aussi peu crédibles les uns que les autres, juste pour s’accrocher à des bribes d’espoir. « Et aussi: à l’intérieur, c’est le chaos. Alors va falloir que tu suives mes directives pour pas rajouter une couche de dérangement à ce qu’on traverse tous déjà. » Je fronce les sourcils, mais je n’ai pas le temps de l’interroger : déjà, il me fait signe de me taire en posant son index devant ses lèvres.

RP terminé