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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/silveresourced

Faut que j’y aille. Pas j’ai envie. Pas j’ai besoin. Mais il faut, parce que les messages de Molly sont alarmistes, parce qu’il s’agit de ma sœur malgré tout ce que je peux dire et penser à ce sujet-là, et parce que d’une certaine façon, après Billie, mon cerveau est programmé pour s’occuper de ceux qui partagent mon sang, que je les aime ou pas. Alors j’ai appelé un taxi – Damon utilise sa voiture et je serai trop lente en transports en communs – et j’ai donné l’adresse du cinéma à chauffeur. C’est là-bas que Molly m’attendra, c’est ce qu’elle a dit. J’ai envoyé un message à Maisie dans le taxi, lui demandant s’il se passait quelque chose avec ma jumelle – avec Molly, je la désigne rarement par notre lien auprès de qui que ce soit – mais je n’ai pas obtenu de réponse avant d’arriver au cinéma. J’ai donné de l’argent au chauffeur, certainement bien trop d’argent par rapport au prix de la course en lui disant de tout garder, avant de pénétrer à l’intérieur du cinéma sans me soucier des différentes animations. La plupart des gens sont déguisés : je ne le suis pas, je ne suis pas ici pour regarder un film ou profiter des festivités. « Molly, tu sais où elle est ? » J’interroge la jeune fille à l’accueil, qui fronce d’abord les sourcils. « Je suis… » Quelques secondes de flottement. « Je suis de la famille. Elle m’a envoyé un message en me demandant de venir rapidement. » Elle m’a envoyé un S.O.S. pour être plus précise, suivie de tout un tas d’autres pour me supplier de venir rapidement. « Attends. » De mon sac à main je sors un billet de cinquante dollars. « Dis-moi juste où elle est, je toucherai à rien. » Et l’argent est à toi. Les gens riches ne le disent pas à voix haute, ils le sous-entendent.

La demoiselle finit par s’exécuter et glisser dans sa poche mon billet, face à la file de personnes qui s’impatientent et s’agacent de me voir passer devant. Je me moque bien de ce qu’ils pensent et, une fois que l’on m’indique le bureau de projectionniste où Molly est enfermée, je m’y dirige d’un pas décidé. Il l’ouvre sans frapper avant – la porte n’est pas verrouillée – et mes yeux s’écarquillent de surprise en voyant ma jumelle, installée sur son fauteuil, les pieds posés sur le bureau en train de dévorer un paquet de popcorn. « Tu te fiches de moi là ? » C’est la colère qui voile mes iris, et je claque la porte derrière moi. « La prochaine fois que t’envoie ce genre de message, vaut mieux pour toi que je te trouve à l’agonie en train de te vider de ton sang ou de t’étouffer dans ton vomi. » Mais que s’est-il passé dans cette petite tête ?

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  @Megan Williams
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Assise dans la salle de projection, Molly a la main plongée dans son seau de pop-corn. A chaque morceau de mais soufflé, elle se dit : elle va venir. Elle ne va pas venir. Elle va venir. Elle ne va pas venir. Elle m’aime. Elle me déteste. Elle me déteste. Elle me déteste. Il y a ceux qui jouent avec les marguerites pour le savoir et il y a Molly, qui dévore du pop-corn. Est-ce que Megan va venir ou est-ce qu’elle va l’ignorer, la laissant crever la gueule ouverte sur la chaussée ? Bon, elle dramatise un peu car elle n’est pas en danger. Elle est même en parfaite santé. Oui, elle est en parfaite santé mais elle a eu peur … elle a vraiment cru voir, apercevoir Seth. Ce trou du cul la rend paranoïaque ou alors elle aurait aimé l’avoir vu. Elle aimerait le voir lui courir après, lui faire la cour comme un prince à sa princesse. Elle aimerait avoir un Damon, elle aussi. Elle aimerait avoir quelqu’un prêt à tout pour elle … Seth était prêt à pas mal de conneries mais c’était surtout pour sa gueule, pas pour ses beaux yeux. Elle avait eu peur et elle s’était dit que ce n’était pas une idée débile pour voir si Megan viendrait à son secours … si jamais … au cas où. Oui, elle sait qu’il ne faut pas crier au loup. Mais l’éducation de Molly tient sur un post-it.
La porte de la salle obscure s’ouvre et elle sursaute presque en se retournant aussitôt, prête à engueuler la personne qui se permet de venir la faire chier dans son antre. « Tu te fiches de moi là ? » Elle a la bouche entrouverte. Elle est choquée. Elle est surprise. Elle est là. Megan est là. Molly se redresse sur sa chaise. « La prochaine fois que t’envoie ce genre de message, vaut mieux pour toi que je te trouve à l’agonie en train de te vider de ton sang ou de t’étouffer dans ton vomi. » Elle est là. Elle est venue. Pour elle. Rien que pour elle. Son cœur se gonfle à l’idée de ne pas être aussi inutile que pour elle. Et, c’est son instinct qui réagit. Elle se lève de sa foutue chaise pour venir enrouler ses bras autour de Megan, ne lui laissant même pas le temps de dire quoique ce soit. Elle se précipite sur elle pour s’accrocher à son cou, soufflant : « T’es venue. J’arrive pas à croire que tu sois venue … » Elle finit par relâcher son étreinte pour reculer d’un pas et la regarder. Elle est là. Vraiment là. Elle est en colère, soit. Mais elle est là. « J’voulais pas vraiment te prendre la tête et te faire chier … c’est juste que j’ai eu un putain de coup de panique et … », elle n’a personne d’autre … pathétique. Elle se rend compte que Megan comprend alors elle se pince la lèvre inférieure pour ajouter, « t’as pas répondu alors je pensais pas que tu viendrais … » S’excuser ? A sa manière. Elle esquisse un sourire idiot, candide, celui d’une enfant : « t’as fait comment pour venir jusqu’ici ? normalement, ils savent que personne est vraiment censé venir jusqu’ici … » ils, ce sont les autres. Les abrutis du Twelve. Ici, c’est cinq mètres d’elle et de sa mauvaise humeur.

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Je n’aurais pas dû venir. La voilà, la première chose que je ressens lorsque mon regard se pose sur Molly, avachie comme un pacha et qui mange ses popcorns comme si elle ne venait pas de me tirer de mon quotidien, de m’attirer à elle avec un subterfuge ridicule. Instinctivement, j’ai pensé qu’elle était en train de faire une overdose. J’ai cru qu’elle s’étranglais dans son vomi et que cette vision allait me rappeler tant d’épisode vécus avec ma mère. Mais non, Molly est là, en parfaite santé – physique en tout cas, puisque je doute depuis longtemps de sa santé mentale – et ma colère me souffle même qu’elle me nargue, avec son visage d’enfant satisfaite de sa bêtise.

Et voilà qu’elle se lève, se précipite vers moi et m’entour de ses bras. Moi, je reste pétrifiée, rigide comme une statue en songeant à ses doigts collants de sucre qui touchent ma veste noire de costume qui devra assurément passer à la machine, après ça. Je ne suis pas de celles et ceux qui refusent tout contact tactile. Celui là ne me dérange qu’à cause de l’identité de la personne qui en est à l’origine : nous ne partageons pas ce genre de relation, une pleine de tendresse, ma jumelle et moi. « T’es venue. J’arrive pas à croire que tu sois venue… » - « Tu vas pas bien ma parole. » Si elle ne m’avait pas lâchée, je l’aurais repoussée moi-même. Gênée, j’époussette ma veste pour défaire les plis peu harmonieux causés par cette étreinte non désirée. « J’voulais pas vraiment te prendre la tête et te faire chier … C’est juste que j’ai eu un putain de coup de panique et… T’as pas répondu alors je pensais pas que tu viendrais… » Je l’observe de la tête au pied. Quel cinéma voilà ce que je pense alors qu’elle me livre sa plus belle performance de drama queen. « T’as pas l’air de quelqu’un qui vient de faire une crise d’angoisse. » Elle a plutôt l’air d’une petite conne qui s’est envoyé un paquet de popcorn entier en attendant de voir si j’allais accourir parce qu’elle me siffle. Et je lui ai donné satisfaction, quelle idiote. « Tu peux pas envoyer ce genre de message pour me faire rappliquer sur le champ juste parce que tu te fais chier. J’ai une vie je te rappelle. » Une vie professionnelle – peut-être seulement pour un temps, mais je suis à présent en plein tournage, une vie personnelle et une vie de couple. Dire que j’ai troqué la compagnie de Damon pour celle de la jeune femme.

«  T’as fait comment pour venir jusqu’ici ? Normalement, ils savent que personne est vraiment censé venir jusqu’ici…» - « A ton avis ? » Comment font les gens comme moi pour obtenir ce qu’ils veulent ? « J’ai payé ta collègue à l’accueil. Tu me dois cinquante dollars. » Je n’en ai pas besoin et ils ne me manqueront pas. Mais elle s’est payé ma tête, alors je considère comme la preuve d’une grande bonté de ne pas lui faire payer le taxi que j'ai pris pour venir auprès d'elle le plus rapidement possible. « T’as teint tes cheveux. » C’est un constat, certainement pas un compliment.

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  @Megan Williams
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Megan est en train d’entrer en ébullition. Molly se réjouit. Ce n’est pas aujourd’hui qu’elles seront sur la même longueur d’ondes. Mais qu’importe ! sa sœur est venue. Pour elle. Rien que pour elle et cela vaut tout l’or du monde, du moins pour Molly. Alors, elle ne contrôle pas ses émotions (comme si elle les avait déjà contrôlés) et vient enrouler ses bras maigrelets autour de la blonde. Une étreinte surprise qui ne semble pas ravir sa victime mais la coupable s’en moque. Égoïste, elle l’apprécie même cette étreinte non partagée. « Tu vas pas bien ma parole. » Cette fois-ci, tout va bien. Tout va bien dans le meilleur des mondes car elle est là. Impossible de lui répondre cette phrase car elle sait que c’est ce qui lui fera prendre ses jambes à son cou, en marmonnant que c’était bien la dernière fois qu’elle viendrait. « T’as pas l’air de quelqu’un qui vient de faire une crise d’angoisse. » Shit ! Son enthousiasme avait hélas déteint sur son masque impassible des mauvais jours, des beaux jours et voilà que Megan met le doigt en plein dedans. Oui bon elle n’a pas vraiment la tronche des recherches google image quand on tape crise d’angoisse. « Parce que t’es psy maintenant ? », qu’elle réplique aussitôt, incapable de fermer sa grande gueule pour rester dans le rôle de la pauvre petite victime. Molly reste Molly et conclut sa question par le même sourire en levant les épaules avec innocence. « Tu peux pas envoyer ce genre de message pour me faire rappliquer sur le champ juste parce que tu te fais chier. J’ai une vie je te rappelle. » Et cette vie, elle l’a mis en pause pour elle. Dans son esprit, Molly sautille sur place comme une gamine, les poings serrés et les yeux pétillants. Elle est heureuse. Elle est contente, l’idiote. Megan tient à elle. Il y a quelque chose entre elles. Oh, elle a beau la toiser et lui balancer ses regards froids, maintenant Molly le sait. Megan est prête à mettre sa vie sur pause pour elle, pour s’assurer qu’elle aille bien. Conclusion : elle a une sœur jumelle et elle compte bien parvenir à ses fins et faire de leur relation ce qu’elle s’imagine être une relation parfaite. L’idiote ! « Je sais … », parvient-elle à soupirer en baissant légèrement le regard, prête pour son futur Oscar. Elle aimerait ajouter un désolé mais ça sonnerait encore plus faux que son air désolé.

Elle relève finalement la tête, curieuse de savoir comment elle est parvenue à venir jusqu’ici. Maisie n’est pas là pour lui ouvrir toutes les portes … « A ton avis ? » La candeur – ou la bêtise – de Molly lui fait hausser les épaules. « J’ai payé ta collègue à l’accueil. Tu me dois cinquante dollars. » Molly étouffe un rire. « Toi, tu balances des billets et moi je balance des menaces pour arriver à mes fins, on n’est pas vraiment si différentes dans le fond … », qu’elle souffle en évitant royalement de parler de ses cinquante dollars qui se trouvent désormais sur une ardoise bien trop longue pour en tenir compte. « T’as teint tes cheveux. » Par reflexe, les doigts de la brune passent sur sa crinière pas vraiment disciplinée. Molly est une gamine qui a toujours le sentiment de ne pas être vue, de ne pas être entendue, d’être transparente … alors elle crie, alors elle frappe, alors elle est bruyante. Le fait que Megan fasse cette remarque lui réchauffe le cœur, bien trop même. Pas besoin de compliment, juste d’exister aux yeux de celle qu’elle idéalise, jalouse et déteste ou aime … « Ouais, ça te plait ? », qu’elle demande en arquant un sourcil, tendant l’arme pour se faire battre.

« Maintenant si tu es là … peut-être que tu pourrais rester un peu … » Et, elle tente le tout pour le tout.

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« Parce que t’es psy maintenant ? » - « Non, mais je connais plutôt bien les gens comme toi. »

Elle comprendra ce qu’elle a envie de comprendre. Mais je connais les manipulateurs, je connais les toxicomanes et putain, je sais ce que c’est que d’être prête à crever pour un brin d’attention. Molly cumule toutes ces facettes à la fois sans que personne n’ait envie de l’en féliciter. Putain de Jackpot. Elle additionne mes défauts à ceux de notre mère et d’autres qu’elle a certainement volés à son raté de paternel. Je ne le connais guère et je ne lui ai jamais posé de question à son sujet, mais c’est ce qu’il est forcément à mes yeux. Peut-être aujourd’hui regrette-t-il son choix de jumelle, si toutefois il a vraiment un jour été question de choix. Je ne suis même pas sûre de savoir comment nos tarés de parents en sont venus à cette décision de partager la charge que nous représentions, Molly et moi. S’il n’y avait eu que moi, Billie m’aurait-elle gardée ? Aurais-je été élevée par cet inconnu ? Ma vie aurait-elle été plus douce ? Je n’en doute pas : il est difficile de faire pire comme schéma familial que celui que ma mère m’a offert. « T’as l’air d’une gamine fière de sa connerie, si tu veux tout savoir. Bordel, je sais même pas ce que je fous là. » Qu’attend-t-elle de moi à la fin ? Si c’est un petit morceau de mon cœur et mon affection, pourquoi s’évertue-t-elle toujours à se montrer parfaitement insupportable ?

« Toi, tu balances des billets et moi je balance des menaces pour arriver à mes fins, on n’est pas vraiment si différentes dans le fond… » Ma mâchoire se contracte et j’expire par mes deux narines, en signe de protestation et d’agacement. « Toi et moi on a rien en commun. » Je refuse toute comparaison. Je n’aurais pas eu à acheter grossièrement la standardiste si ma jumelle était autre chose que bonne a interner, si elle s’y prenait comme il faut pour se rapprocher de moi. Elle a eu sa chance : elle l’a envoyée aux orties, elle l’oublie un peu vite.

« Ouais, ça te plait ? »
« Hum. Mouais. »

Je n’ai pas envie d’être désobligeante, mais je n’ai pas envie de lui offrir cette attention qu’elle réclame à en crever. Je ne validerai pas la moindre de ses décisions, ne désirant pas lui donner l’impression que tout est réglé à présent, que nous sommes proches ou pouvons le devenir. Elle est brune, et je m’en moque comme de la couleur de mes sous-vêtements. « Maintenant si tu es là… Peut-être que tu pourrais rester un peu… » Cette fois, je pousse un soupir. Je ne m’assieds pas, mais je m’adosse au mur le plus proche et je croise mes bras sous ma poitrine. « Je te comprends pas Molly. » Je ne suis pas installée pour rester papoter des heures avec elle et rattraper le temps perdu, mais je ne suis pas sur le départ non plus. « Je t’ai tendu la main. Et t’as craché dessus. Plusieurs fois. Pourquoi maintenant tu joues le rôle de la pauvre fillette abandonnée par sa sœur ? »

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« Non, mais je connais plutôt bien les gens comme toi. » Merde ! Mieux ne vaut pas répliquer à ce genre de remarque pour ne pas se retrouver écartelée sur la place publique. « T’as l’air d’une gamine fière de sa connerie, si tu veux tout savoir. Bordel, je sais même pas ce que je fous là. » Oups ! Putain, elle enchaîne les échecs. A cette remarque, elle hausse les épaules en secouant la tête de droite à gauche … ce qui en soi ne la sort pas vraiment de la situation dans laquelle elle se trouve. Elle a envie de lui répondre qu’elle est juste contente qu’elle soit là, c’est tout. Allez soyons fous. Disons-le. Mettons des mots sur sa tronche de gamine. « Nan, j’suis juste contente que tu sois venue ... », souffle-t-elle alors en ouvrant légèrement les bras pour les laisser retomber le long de son corps. Ni plus, ni moins et si elle n’était pas douée pour tout gâcher, on aurait pu la croire. Si elle n’avait pas usé et abusé de la bienveillance de Megan, on aurait pu la croire. Hélas, elle avait fait de leur relation un terrain miné.

« Toi et moi on a rien en commun. » L’enthousiasme de la brune ne semble pas se ternir par cette remarque. Il en faut plus pour la choquer. A vrai dire, elle est tellement habituée à se prendre des portes dans la tronche : c’est son hobby préféré sans qu’elle ne se rende compte que c’est elle-même qui achète l’abandonnement au club. Son comportement fait qu’on lui claque la porte à la gueule mais elle ne se remet pas en question. Pas le temps. Pas l’envie. Pas le courage, surtout. « Mouais, j’veux pas te contredire mais … on a quand même un petit quelque chose en commun », glisse-t-elle sur un ton amusé, faisant évidemment référence à leur ADN, leur abruti de parents. Elles avaient sans doute plus en commun que ce qu’elles voulaient bien accepter. Elle accompagne sa phrase d’un geste de la main. Si Megan le voit comme un tare, un boulet qu’elle se traîne derrière elle … pour Molly, c’est une bénédiction. Quand elle a appris la nouvelle, elle a passé son temps à s’imaginer une vie parfaite … elle s’est imaginée combler tout un vide avec Megan … en fin de compte, elle n’avait fait que creuser davantage ce vide vu la manière dont Megan réagit en entendant avoir un quelconque lien avec Molly. Outch !

Son sourire s’étire un peu plus pour former un véritable sincère. Et pour vous donner une information au passage … la dernière fois qu’elle ait souri comme ça, ça remonte à pas mal d’années. Ça lui plaît. L’idée qu’on remarque un quelconque changement et qu’en plus, on ne la critique pas ! Elle ne parvient pas à contenir son sourire et elle n’est tellement pas habituée à ce genre de réaction physique que ses zygomatiques lui font presque mal.

« Je te comprends pas Molly. Je t’ai tendu la main. Et t’as craché dessus. Plusieurs fois. Pourquoi maintenant tu joues le rôle de la pauvre fillette abandonnée par sa sœur ? » Elle fronce les sourcils, la brune. Son cœur se gonfle et ses sourcils se froncent. Essayer de se contrôler. De contrôler ses émotions. Dans son monde, elle n’a craché sur personne. Dans son monde, elle est innocente. Dans son monde, elle a le rôle de la gentille. Dans son monde, elle est Cendrillon. Dans son monde, ce n’est pas à elle de s’expliquer et de se justifier. Elle soupire à son tour en prenant place de nouveau sur la chaise qui est son « poste de travail ». « Dis pas que je joue un rôle, c’est faux… je ne joue pas un rôle. Jamais. » Ça la vexe quand on lui dit ne pas être honnête … Molly est, dans son monde, la personne la plus sincère qu’elle connaisse. « J’t’ai pas craché dans la main, Megan. J’t’ai dis merci, je crois, quand tu m’as ouverte la porte de chez toi, quand tu m’as trouvé ce boulot … » peut-être pas … peut-être qu’elle a pensé merci mais ne l’a pas vraiment dit. « J’suis peut-être pas parfaite. » Pour sûr. « Mais, j’t’ai jamais voulu du mal … », qu’elle finit par dire en plantant son regard dans le sien. Non, mais elle ne fait que ça. C’est dans sa nature. Et prenons les paris pour savoir comment cet échange va se terminer … comment va réagir Molly une fois qu’elle prendra conscience qu’elle ouvre bien trop de brêches …

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« Nan, j’suis juste contente que tu sois venue... » Elle a l’air sincère, Molly. Elle m’observe avec ses bras écartés en signe d’innocence, son visage défait et ses grands yeux brillants et j’ai presque envie d’y croire, mais elle m’a poussée à me méfier d’elle là où ce n’était pas le cas au début. Je lui ai ouvert les portes de notre appartement, à Damon et moi, le soir même de notre rencontre puisqu’elle a joué le rôle de la pauvre petite fille mise à la rue par son père. Je sais maintenant que ce n’était que des conneries pour se rapprocher de moi, mais dans quel but ? Elle m’a ridiculisée en emmenant notre mère à ma fête de fiançailles organisée par Saül pour ses associés, là où Billie n’avait rien à faire. Elle m’a replongée dans mon enfer personnel en apportant sa came sous mon toit. Et depuis, elle me reproche de l’avoir mise à la porte, elle me reproche d’être trop dure avec elle quand elle n’a jamais eu un mot gentil ou une attitude en adéquation avec ce qu’elle prétend vouloir – une relation avec moi. « On est pas des enfants Molly. Tu peux pas faire un caprice et mentir pour que j’accoure. » Parce que j’ai une vie, une que j’ai construite à la sueur de mon front et elle est certainement loin de se douter à quel point.

« Mouais, j’veux pas te contredire mais … On a quand même un petit quelque chose en commun. » Elle parle certainement de nos parents et de ce qu’il nous on transmis en termes de génétique, mais à mes yeux la ressemblance s’arrête là et, tout ce qu’elle récolte, c’est un regard d’ébène. « Dis pas que je joue un rôle, c’est faux… je ne joue pas un rôle. Jamais. » Je croise les bras sous ma poitrine et je l’observe avec dureté, peu décidée à sauter à pied joint dans son piège ou, à minima, ses tentatives de manipulation. Je reconnais encore une fois – une fois de trop – ma mère dans le comportement de Molly, toujours prête à se poser comme grande victime de la situation. « J’t’ai pas craché dans la main, Megan. J’t’ai dis merci, je crois, quand tu m’as ouverte la porte de chez toi, quand tu m’as trouvé ce boulot… » Je secoue la tête. Molly ne dit jamais merci, ou alors elle le dit pour mieux se foutre de la gueule après. « J’suis peut-être pas parfaite. Mais, j’t’ai jamais voulu du mal … » - « Tu te rends compte à quel point ton attitude est pas cohérente ? » Je devrais tourner les talons et quitter cette pièce, mais je me laisse dévorer par ma foutue empathie, elle, elle a envie de croire aux sottises que déblatère ma jumelle. « Tu ramènes de la drogue chez moi. Quand j’accepte qu’on se revoit, tu nous présentes ton trou du cul de copain et tu le laisse se foutre de notre gueule à Damon et moi. » Et elle participe, je n’ai pas oublié ce repas avorté avec la brune et le type qu’elle fréquentait à cette époque-là, un looser dont j’ai perdu le nom. « Même l’autre jour, Damon accepte de t’écouter et toi le meilleur truc que tu trouves à faire c’est de te foutre de sa gueule. » Et de le traiter comme s’il était un moins que rien, simplement parce qu’il est sensible et qu’il a grand cœur. « Tu me dit que je te manque - » Moi, ou le concept d’avoir une sœur, j’ai encore du mal à le déterminer. « Mais tu te fous de notre gueule à lui et à moi à la moindre occasion. C’est pas comme ça qu’on se rapproche des gens et certainement pas comme ça qu’on les remercie. »

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  @Megan Williams
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« Tu te rends compte à quel point ton attitude est pas cohérente ? » Prendre du recul sur sa personne et sur ses actes ? Outch ! Cela dépasse les compétences de la nouvelle brune qui se contente de regarder Megan, battant des cils avec la tronche de la candeur. Elle est incapable de prendre du recul sur quoique ce soit alors sur sa propre personne, on peut encore plus oublier. Elle ne se trouve pas si terrible comme sœur car elle aime ignorer et oublier ses mauvaises actions même si ces dernières sont suffisamment nombreuses pour remplir deux existences entières. « Tu ramènes de la drogue chez moi. Quand j’accepte qu’on se revoit, tu nous présentes ton trou du cul de copain » « Ex copain », a-t-elle envie de préciser pour le protocole. « et tu le laisses se foutre de notre gueule à Damon et moi. » Elle baisse les yeux quelques secondes, coupable. Présentée de cette manière, c’est la reine des connasses et elle n’aime pas trop avoir le rôle de la coupable. Il lui faut à tout prix trouver un moyen de faire diversion et surtout ne pas garder la lumière sur elle et sur sa culpabilité. « Tu me dis que je te manque » « et c’est vrai », précise-t-elle une nouvelle fois en relevant la tête, encore une fois pour le protocole. « Mais tu te fous de notre gueule à lui et à moi à la moindre occasion. C’est pas comme ça qu’on se rapproche des gens et certainement pas comme ça qu’on les remercie. »

Les lèvres rosées de la brune se pincent. Megan ne s’égosille pas. Elle lui parle avec calme. Elle lui présente les faits de manière distanciée et rationnelle si bien qu’ils ont l’effet d’une douche froide. Est-il possible que ce soit elle qui ait merdé et qui se tire dans le pied toute seule ? Est-il possible que ce soit elle qui donne à sa sœur les arguments pour la détester et la vouloir hors de sa vie ? Elle fronce les sourcils une seconde à cette pensée. Avec un peu de bon sens, elle aurait compris … hélas, le bon sens et Molly … « Présentée comme ça, je suis vraiment une connasse … », qu’elle dit en essayant de sourire pour amuser Megan, qui au contraire ne semble pas vraiment amusée. Ok. Changement de stratégie. Son sourire s’évanouit. « C’est juste que je suis pas habituée à tout ça », impossible de déterminer ce qui se cache derrière le « tout ça ». Molly. Damon. Leur bonheur. Trop de bonheur. « et je sais pas réagir autrement … c’est … je suis comme ça. C’est comme ça que j’ai grandi … c’est ce qu’on m’a appris … et ouais, ok, présentée comme ça, … », elle grimace. « Merci et je suis désolée … ou désolée, et merci. Dans l’ordre qu’il faut. » Elle hausse les épaules.

« Qu’est-ce que je peux faire … ? », qu’elle demande finalement en levant les sourcils. Pas forcément prête à faire le moindre effort mais curieuse de savoir combien la tâche pourrait être difficile si l’envie lui prenait d’être quelqu’un de bien, quelqu’un de mieux.

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Je m’en moque qu’elle soit encore avec son looseur de petit ami ou qu’il l’a larguée le lendemain de notre dîner à quatre au restaurant, avorté parce qu’ils ont tous les deux été détestables. Ce que je veux qu’elle comprenne, c’est qu’elle n’est pas en odeur de sainteté, Molly, et qu’elle ne peut pas se conduire comme si elle était la victime de tout ça, comme si je lui devais quoi que ce soit dans toute cette histoire. Je ne lui dois rien, elle elle me doit jusqu’au boulot qu’elle occupe encore à l’heure actuelle. « Présenté comme ça, je suis vraiment une connasse… » Elle tente une touche d’humour, Molly, une touche d’humour qui ne fait pas mouche puisque je reste là, les bras croisés sous ma poitrine, à l’observer sans ciller et sans me dérider. Elle a au moins la présence d’esprit de savoir qu’elle doit s’en tenir à ça et essayer une autre approche, une autre stratégie. C’est ce que je lui reproche à ma jumelle, tout est stratégie avec elle, et il est impossible savoir quand elle dit la vérité ou quand elle essaye de se faire passer pour ce qu’elle n’est pas, de simuler des choses qu’elle ne ressent pas juste pour que le reste du monde ait de la peine pour elle.

Et je la déteste parce que cela fonctionne. Peut-être a-t-elle compris avec le temps que j’étais la bonne cliente pour ça, que je ressentais bien trop d’empathie pour tout et n’importe qui mais surtout pour ma ma santé mentale. Déjà, alors qu’elle joue le rôle du vilain petit canard, je sens une pointe de tristesse me piquer le cœur. « C’est juste que je suis pas habituée à tout ça » Je bats des cils, tentant de garder le menton droit alors que je suis mal à l’aise dans cette pièce. « Et je sais pas réagir autrement… C’est… Je suis comme ça. C’est comme ça que j’ai grandi… C’est ce qu’on m’a appris… Et ouais, ok, présenté comme ça… » - « Tu pouvais te servir de ta vie merdique au début, mais plus maintenant. T’es celle de nous deux qui a eu de la chance, t’es pas assez conne pour pas t’en être rendue compte. » Je ne sais rien sur notre géniteur – son père – et je n’ai rien envie de savoir. Je n’ai jamais posé de question et elle l’a certainement remarqué. Mais je sais qu’il ne pouvait pas être pire que Billie, pire que les services sociaux et tout ce qui a rendu ma réalité non adaptée à celle d’une enfant. Je ne prétends pas que Molly a grandi en petite princesse de son père, mais elle a eu une stabilité à laquelle je n’ai jamais eu droit. « Merci et je suis désolée… Ou désolée, et merci. Dans l’ordre qu’il faut. » J’ignore si je peux la croire. J’ignore si elle est sincère ou si elle sait déjà qu’elle ne tiendra pas quinze minutes avant de redevenir mon enfer personnel. « Qu’est-ce que je peux faire ? » Elle presque les yeux qui brillent, et je me déteste déjà d’être en train d’envisager de lui donner une seconde – que dis-je, une troisième ou quatrième – chance. Mais moi aussi, j’ai toujours voulu une putain de famille. J’ai accepté le marché de Saül pour le ressentir, ce sentiment d’appartenance, pas pour son argent. Alors je déglutis, et tente de rester d’une fermeté infaillible. « Tu peux commencer par prendre ton fichu boulot au sérieux. J’ai demandé une faveur à Maisie pour toi, c’est moi que tu fais passer pour une conne. » Maisie l’a dit elle-même : si je la lui redemandais aujourd’hui, cette faveur, elle n’accepterait probablement pas. « Tu crois que t’es la seule à avoir été déçue ? A avoir cru que se rencontrer, c’était la chance d’avoir un semblant de famille ? » Je tente de garder mon panache, mais plus je parle, moins je suis convaincante. « Tu peux commencer par promettre que tu resteras sobre. » Et s’il faut qu’elle pisse dans un putain de gobelet pour que j’en sois sûre, elle le fera. « Et me prouver que tu l’es. Je sais pas comment, démerde-toi. » Je hausse les épaules, regrettant déjà la porte que j’entrouvre pour la brune. « T’as des excuses à presenter à Damon, aussi. »

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« Tu pouvais te servir de ta vie merdique au début, mais plus maintenant. T’es celle de nous deux qui a eu de la chance, t’es pas assez conne pour pas t’en être rendue compte. » Molly a un petit geste de recul. Elle a eu de la chance ? Elle a eu de la chance ? Elle aimerait le lui hurler, les yeux écarquillés ! Elle n’a pas vraiment eu de chance ou si ? Après tout, son père n’avait jamais levé la main sur elle. Il ne lui avait jamais crié dessus, pas plus que sur le facteur. Il avait passé sa vie à lui mentir. Ok, mais les mensonges n’avaient pas vraiment fait de mal. Parfois, il était absent … et elle le retrouvait endormi dans la voiture. Après des soirées un peu trop arrosées, il avait du mal à trouver le chemin vers leur petit chez eux. Peut-être qu’elle avait eu de la chance dans sa malchance mais elle refusait de se faire voler le statut de morpion, de vermine. C’est elle qui n’a rien et Megan qui a tout. Bon avouons qu’elle a joué des coudes pour s’en sortir … alors que Molly patauge dans la merde. Elle pince les lèvres, ne souhaitant pas répondre quoique ce soit ; l’intelligence de voir qu’elle est sur la corde raide.

« Tu peux commencer par prendre ton fichu boulot au sérieux. J’ai demandé une faveur à Maisie pour toi, c’est moi que tu fais passer pour une conne. » Elle se redresse soudainement. Pourquoi tout le monde souhaite la présenter comme la pire employée du mois ? Elle est dans la moyenne ! Molly ouvre légèrement les lèvres pour prononcer quelques mots mais Megan semble se mettre sur sa lancée. « Tu crois que t’es la seule à avoir été déçue ? A avoir cru que se rencontrer, c’était la chance d’avoir un semblant de famille ? Tu peux commencer par promettre que tu resteras sobre. Et me prouver que tu l’es. Je sais pas comment, démerde-toi. T’as des excuses à présenter à Damon, aussi. »

« Je prends mon boulot au sérieux … j’ai le sentiment que tout le monde aspire à me voir être employée de l’année mais je suis juste dans la moyenne », un haussement d’épaules, « et je te signale que je fais rien de mal, que tu ne fais rien de mal … je dois juste garder un œil à ce que tout se passe bien », elle tend le cou pour jeter un coup d’œil et elle acquiesce pour lui faire comprendre que tout se passe bien dans la salle numéro deux. Pas de quoi s’énerver, s’emporter et commencer à écrire un pamphlet pour se plaindre de ses compétences professionnelles. « Heu … quand tu dis sobre, tu veux dire clean, pas vrai ? », qu’elle demande avec un faible sourire, jouant avec ses doigts devant elle. « Non parce que je peux bien dire que je ne touche plus à la drogue … mais de là à dire que je sois capable de pas boire une goutte d’alcool … je ne pense pas que j’en sois capable … », elle fait une petite moue gênée, comme si on parlait de quelqu’un qui a un faible pour les gourmandises comme les macarons. Faute avouée à moitié pardonnée ?

« Et … je pourrais lui dire désolée … désolée de … ? », elle lève un sourcil, ne sachant pas vraiment pourquoi elle devrait s’excuser. Elle ne l’aime pas mais c’est lui qui la provoque à chaque fois, non ? Non ? OK non mais elle n’a pas encore compris le pourquoi elle devrait s’excuser. C’est un sacré chantier la Molly. « Je n’ai jamais voulu être méchante avec lui --- c’est juste que --- », elle soupire. « Je m’excuserais. » Acquiescement d’un signe de tête.

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Megan Williams & @Molly Biggs ☆ crédit/silveresourced

« Je prends mon boulot au sérieux… J’ai le sentiment que tout le monde aspire à me voir être employée de l’année mais je suis juste dans la moyenne. Et je te signale que je fais rien de mal, que tu ne fais rien de mal… Je dois juste garder un œil à ce que tout se passe bien. » Je jette un coup d’œil aux écrans que la désormais brune est supposée surveiller, peu certaine qu’elle prenne son boulot autant à cœur qu’elle semble l’affirmer. J’ai deux sons de cloche différents : celui de Molly et celui de Maisie et inutile de dire en laquelle je place le plus de confiance. Maisie et moi ne sommes pas de proches confidentes et la petite brunette a bien ses défauts, mais elle est bien plus stable que ma jumelle. Elle a débarqué dans ma vie d’une façon mon fracassante et intéressée, aussi. « Fait un effort avec Maisie aussi, tu veux ? Sans elle, t’aurais pas décroché ce boulot. » Parce que c’est pour me faire une faveur que la demoiselle a accepté de parler de Molly a sa boss et que, sans ça, elle n’aurait certainement pas réussi à obtenir un job pour lequel elle n’avait aucune qualification. « Bien faire son taf, c’est aussi être au moins cordiale avec les autres employés, et bizarrement c’est là-dessus que je me méfie le plus de toi. » J’ai l’impression de lui faire la morale comme à une enfant mais tant pis : Molly m’a offert le pouvoir d’agir de la sorte en rampant à mes pieds, et je ne suis pas le genre de personne qui se prive de profiter de ce type d’occasion.

« Heu … quand tu dis sobre, tu veux dire clean, pas vrai ? » Molly tente de m’amadouer avec des sourires et des rires de crétine, mais mon visage reste neutre, dénué de la moindre trace de sourire, même éphémère. Je ne plaisante pas avec ce genre de sujet qui semblent pourtant beaucoup amuser ma jumelle. Comment peut-elle encore penser parvenir à me dérider sur ce terrain-là ? Si elle n’est pas idiote, elle a compris la source de mon mépris le plus total pour ceux qui cèdent aux sirènes des paradis artificiels. « Non parce que je peux bien dire que je ne touche plus à la drogue… Mais de là à dire que je sois capable de pas boire une goutte d’alcool… Je ne pense pas que j’en sois capable… » - « Tu peux dire que tu touches plus à la drogue ou tu n’y touche plus pour de vrai ? Parce que je me moque de ce que tu peux dire pour me faire plaisir. » Parce que je la sais capable de mentir, j’ajoute. « Je sais même plus si je dois te croire ou pas quand tu dis ça. Je peux pas te faire confiance. » Pas aussi simplement, pas en claquant des doigts et pour cause : je lui ai donné une confiance semi-aveugle lorsque nous nous sommes rencontrées, je ne me suis pas méfiée et j’aurais mieux fait de le faire.

« Et… Je pourrais lui dire désolée… Désolée de… ? » Cette fois, je lève les yeux au ciel, regrettant d’avoir été alertée par son message et d’avoir répondu à son appel. On dirait une enfant, une enfant qui cherche à se plier aux règles et à faire plaisir mais sans en comprendre le fondement, sans comprendre pourquoi la façon dont elle s’est conduite est mal et incorrecte. « Je n’ai jamais voulu être méchante avec lui --- c’est juste que --- » Face à mon regard froid, elle semble rendre les armes. « Je m’excuserai. » Je hoche la tête lentement, satisfaite d’avoir obtenu d’elle ce que je voulais. « Tu peux pas traiter les gens comme de la merde, même si t’aime pas leur façon d’être. » Même si elle trouve Damon faible ou trop sensible. Il ne mérite pas ça, il a trop souffert de bully dans son genre. « Je tolère pas les bully. » C’est vrai, j’ai des défauts, mais je n’aime pas ces brutes qui s’en prennent à plus faibles qu’elle. « Et certainement pas quand il s’agit de l’homme que j’aime. Alors peut-être qu’il t’agace, peut-être que tu le trouve imparfait, mais moi c’est lui que j’ai choisi, alors t’en prendre à lui t’aidera pas à construire quelque chose avec moi. » J’espère que c’est plus clair, de cette façon.

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  @Megan Williams
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« Fais un effort avec Maisie aussi, tu veux ? Sans elle, t’aurais pas décroché ce boulot. » « Sans toi, sans elle, dans le fond, j’ai rien à foutre ici en fait … », qu’elle réplique sans prendre le temps de tourner sa langue dans sa bouche. Elle devrait peut-être prendre le temps avant de répondre mais l’annonce du prénom de Maisie tout comme le « aussi » la contraignent à réagir de la sorte. On ne change pas quelqu’un du jour au lendemain, même quelqu’un qui est manipulateur comme elle. Elle n’a pas parlé de manière aggressive, elle a même utilisé une voix rieuse, et un sourire détendu pour amortir le tout mais y n’empêche qu’elle est vexée car son côté « je suis une victime » lui a fait interpréter la phrase comme une pique et non comme un sage conseil. « Ok », souffle-t-elle néanmoins pour lui faire comprendre qu’elle sera un amour avec Maisie. « Bien faire son taf, c’est aussi être au moins cordiale avec les autres employés, et bizarrement c’est là-dessus que je me méfie le plus de toi. » « Je fais des efforts. Dejà. » Elle a le besoin de préciser qu’elle est déjà en train de faire des efforts à ce sujet. Angus en est le responsable. Cet abruti est parvenu à entrer dans son cerveau au point de lui faire être polie avec ses abrutis de collègue.

« Tu peux dire que tu touches plus à la drogue ou tu n’y touche plus pour de vrai ? Parce que je me moque de ce que tu peux dire pour me faire plaisir. » Molly a le sentiment de passer sur le grill. Ou de se retrouver dans une salle d’interrogatoire, la lumière aveuglante dans la geule. « Je sais même plus si je dois te croire ou pas quand tu dis ça. Je peux pas te faire confiance. » « Laisse-moi te le prouver alors ... », finit-elle par dire en haussant les épaules comme si tout était aussi simple. Lui faire confiance renvient à laisser le temps faire son effet.

« Tu peux pas traiter les gens comme de la merde, même si t’aime pas leur façon d’être. Je tolère pas les bully. » Bully rime avec Molly. Elle a été élevée comme ça : si tu ne bouffes pas les autres, ils finiront par te bouffer. La meilleure défense c’est l’attaque. C’est comme ça qu’elle a grandi et qu’elle a appris à survivre. Pas avec cette éducation qu’on devient quelqu‘un de bien. Pas quand on ne prend pas un peu de recul, ce qui ne lui ferait pas de mal. « Et certainement pas quand il s’agit de l’homme que j’aime. Alors peut-être qu’il t’agace, peut-être que tu le trouve imparfait, mais moi c’est lui que j’ai choisi, alors t’en prendre à lui t’aidera pas à construire quelque chose avec moi. » « Le message est passé. Je m’excuserais. » Elle a envie de hurler mais elle prononce cette phrase avec sérieux. « Je m’excuserais », qu’elle répète.

« Merci » ajoute-t-elle finalement.
« J’ai vraiment pas envie de te décevoir, Megan --- pas cette fois. » Putain ! Elle prononce cette phrase sans sourire, sans voix rieuse, sans rien d’artifice. Elle balance cette phrase du plus profonde son cœur nécrosé. Elle n’a pas envie mais elle est incapable de faire autrement que se tirer dans le pied … alors on n’a plus qu’à attendre quand est-ce qu’elle viendra faire de nouveau tout voler en éclats.