Vous êtes cordialement invité au gala annuel (...)
Les Gala de charité, un moyen pour les riches, mais également pour les criminels de se donner bonne conscience. Le gala annuel de la fondation Cooper attirait tout le grappin de brisbane chaque année et également le plus grand lot de criminels notoires. L’évènement avait lieu au Emerald Hotel à Bayside cette année pour un dîner suivi d’un bal.
La journée avait été assez calme pour l’Américain qui avait passé une bonne partie de sa journée au lit. En ouvrant les yeux il avait constaté la bouteille de whisky vide sur le sol à côté de son lit ainsi que le cendrier rempli de mégots de cigarette, soupirant suite à cette vision, il avait regardé le plafond durant un long moment, laissant ses pensées prendre le dessus. Il avait évité ses deux soeurs depuis leur dîner de l’autre soir qui avait tourné au vinaigre, il pensait à Lou qui reposait six pied sous terre sans avoir eu sa vengeance, il avait pensé à cette argent qu’il devait rembourser dans quelques mois sans laisser aucune trace et se rendait de plus en plus compte que la voie du crime était la meilleure à prendre pour éviter de finir à son tour six pied sous terre. C’est après un long soupir qu’il avait attrapé son téléphone. “Eh merde !” Qu’il disait en se rendant compte que le soir à venir était le soir où avait lieu ce fameux gala qui avait lieu chaque année et qu’il allait devoir faire semblant une fois encore que tout va bien pour lui. Henry l’avait invité comme chaque année et même si la présence d’un ex criminel pouvait interroger, ce genre d'événement était le principe même d’un pot pourris. Politicien, avocat, médecin, criminel, tout y était mélangé et tout le monde jouait le jeu sans exception pour paraître. Mitchell avait l’habitude de s’y rendre chaque année en compagnie d’une escort qu’il payait gracieusement, mettant en avant ses investissement immobilier avec fierté tout en profitant de l’occasion pour faire des deal pas toujours dans la légalité. Ce soir, il fallait que son passé reste derrière lui, il fallait qu’il montre qu’il était devenu quelqu’un de meilleur et que l’homme qui passait en boucle aux infos n’était plus présent.
Tout avait commencé par le choix de sa cavalière. Un choix qu’il avait fait assez instinctivement. Lucy. Il l’avait rencontré il y a peu lors de son passage au Moonshiner pour lui demander un service. Après une forte hésitation, il avait accepté de l’aider lui demandant en contrepartie un service à lui rendre ultérieurement et c’est sous ce prétexte qu’il l’avait invité ce soir, sachant d’avance qu’elle n’aurait pas accepté de l’accompagner pour le plaisir. Le brun n’avait d’ailleurs pas une liste pleine de femmes à inviter lors de soirées de ce genre, la plupart faisant partie du monde qu’il tentait de fuir. Son seul moyen d’être bien accompagné passait par la case argent et c’est ce qu’il voulait éviter ce soir et s’y rendre seul n’était pas envisageable. Il n’avait jamais supporté de se rendre à des soirées sans être accompagné, la solitude étant l’une de ses plus grandes peurs.
Lucy qui lui était redevable avait sans grande surprise accepté son invitation et c’est après une douche ravivante, qu’il avait passé un instant dans le dressing pour y trouver le costume qu’il estimait être le meilleur pour ce genre de soirée. Quelques doses de parfum plus tard, il observait son reflet dans le miroir plutôt ravi de ce à quoi il ressemblait. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas mis sur son 31 et ça lui faisait du bien. Sa barbe qui était plutôt bien garnie n’était plus imposante sur son visage et ça changeait tout. Fin prêt, il quitta son appartement pour rejoindre celui de Lucy à bord de son 4x4. Une fois arrivé, il eut la chance de pouvoir entrer dans l’immeuble à la sortie d’un voisin, avançant comme s’il était déjà venu jusqu’à la porte de son appartement. Elle allait peut-être se demander comment il avait fait, mais la réponse n’était pas difficile à trouver. La paranoïa de Mitchell le forçait à se renseigner sur quiconque mettait un pied dans sa vie et pour rendre service à Lucy il devait avant tout s’assurer qu’elle était clean. La faire suivre jusqu’ici faisait partie de son protocole. Il n'avait pas tardé à se faire entendre en tapant à la porte, regardant sa montre rapidement pour s’assurer qu’ils étaient dans les temps pour ne pas arriver trop tard au gala. La porte s’ouvrait sans trop attendre et c’est avec beaucoup de surprise qu’il fut accueilli par la brune en peignoir. Un sourire apparut sur son visage assez rapidement. « Je ne suis pas certain du choix de ta tenue, mais c’est un plaisir pour les yeux ! » son regard ne pouvait s’empêcher de scruter la moindre partie dénudée apparente. L’Américain n’était pas du genre à mâcher ses mots et il le prouvait une fois encore. “Je pense que ça nous laisse le temps de boire un petit verre avant de partir.” Qu’il disait en lui tendant la bouteille qu’il lui avait apportée. Un très bon scotch. Il observait autour de lui alors qu’il franchissait le seuil de la porte.
Dissimulée dans sa voiture, garée dans un quartier résidentiel, Lucy sursaute quand elle voit enfin arriver la femme qu’elle attendait depuis plusieurs heures. Rapidement, elle dégaine son appareil photos, renversant au passage le paquet de bonbons qui était en équilibre sur ses genoux. Pestant, elle colle l’engin à son œil et mitraille la blonde qui quitte son véhicule et passe son bras sous celui d’un beau jeune homme, bien plus jeune qu’elle, et surtout bien plus jeune que son mari. La brunette attend que les deux individus entrent dans la maison, puis elle prend le temps de ramasser les bonbons éparpillés sur le sol et de ranger son appareil avant de démarrer : sa mission est terminée. En rentrant, elle enverra par mail les photographies à son client, qui n’aura visiblement pas besoin de plus d’informations. A moins qu’il ne reconnaisse un neveu ou un cousin de sa femme, il en tirera les conclusions qui s’imposent, après avoir remis le solde de ses honoraires à Lucy. Finalement plutôt satisfaite de sa journée, la brunette allume le contact et quitte enfin la place qu’elle occupait depuis le milieu de matinée pour rejoindre son appartement dans Redcliffe.
Arrivée chez elle, Lucy ôte ses chaussures d’un rapide coup de pied puis se dirige immédiatement vers le bureau qu’elle a installé dans la deuxième chambre du logement. C’est là qu’elle travaille quand elle n’est pas sur le terrain. Ici, elle ne reçoit aucun client : c’est son repère secret, et elle est bien décidée à protéger son intimité. Elle rencontre donc toujours les personnes à l’extérieur, dans des bars ou des cafés, la plupart du temps. Chez elle, elle étudie les dossiers, réfléchit, annote, classe, trie. Un tableau blanc orne un mur entier, sur lequel plusieurs photos sont aimantées, avec des annotations au feutre spécial. Des étagères emplies de dossiers recouvrent le mur qui fait face à la fenêtre et adossé au dernier mur se trouve un bureau. Lucy s’y installe, allume son ordinateur et y transfère les photos prises aujourd’hui. Quelques minutes plus tard, son client reçoit un mail avec les images et un rappel de la facture pour le solde des honoraires. Ce n’est qu’une fois son travail terminé que Lucy regarde l’heure.
« Eh merde ! »
Elle est terriblement en retard ! D’ici une vingtaine de minutes, Mitchell va débarquer pour l’emmener à un gala de charité auquel elle n’a aucune envie d’aller. Ce genre de soirée, ce n’est pas pour elle. Elle a tendance à faire preuve de trop de franchise et de cynisme pour être appréciée des convives de ce genre d’événements, le gratin de la ville préférant voir dans ces rassemblements un élan de générosité alors que Lucy n’y voit qu’un étalage de leur fortune. Mais elle devait un service à Mitchell, qui l’avait lui-même aidé pour l’une de ses missions quelques mois auparavant. Alors quand il avait enfin appelé pour réclamer son dû, elle n’avait pas protesté. Sans perdre une minute de plus, la jeune femme se glisse dans la douche et se savonne à toute vitesse. Une fois lavée, elle s’active pour se sécher les cheveux et les attache en un rapide chignon lâche dont s’échappent plusieurs mèches. Lucy a à peine le temps de finir d’appliquer la dernière touche de maquillage que des coups se font entendre à la porte. Enfilant un peignoir, la brunette file ouvrir à Mitchell, qui semble surpris de la voir ouvrir dans un tel accoutrement.
« Je ne suis pas certain du choix de ta tenue, mais c’est un plaisir pour les yeux ! »
Lucy lève les yeux au ciel mais ne peut s’empêcher de sourire à cette remarque du brun. Ils ne se sont pas vus depuis plusieurs mois, mais elle se souvient bien de son côté dragueur. Elle se souvient également de leur proximité dans le club de strip-tease, des mains de Mitchell sur son corps en partie dénudé, et cela suffit à la faire rougir. Sa gêne est encore augmentée quand elle remarque que le Strange la dévore du regard, les yeux perdus sur ses jambes nues. Elle toussote légèrement pour attirer son attention sur son visage.
« Je suis désolée, je suis à la bourre ! J’étais en planque toute la journée pour un contrat, et j’ai pas vu le temps passer ! J’en ai des courbatures tellement je suis restée longtemps assise dans ma voiture ! »
Toutes les missions ne sont pas palpitantes, mais il faut bien enquêter sur tout, à la demande du client. L’argent que Lucy gagne mensuellement lui permet d’ailleurs difficilement de mettre de l’argent de côté, pour des vacances ou pour son projet de FIV : une fois les charges professionnelles payées ainsi que le loyer, il ne lui reste pas grand-chose pour finir le mois. La brunette s’efface pour laisser Mitchell entrer dans son appartement. Depuis l’entrée, il voit tout l’espace de vie, une grande pièce ouverte comprenant, en face, la cuisine avec un îlot central, puis sur la gauche, une table de salle-à-manger qui semble séparer l’espace repas du salon. Le mur du fond, à gauche, est orné d’une immense bibliothèque emplie de livres et de plantes vertes. Tous les murs sont blancs et la décoration est minimaliste : aucune photo n’est accrochée ici, comme si Lucy souhaitait préserver sa vie privée cachée de tous. Vers la droite, un couloir mène au bureau, à la salle-de-bains et à la chambre de Lucy.
« Je pense que ça nous laisse le temps de boire un petit verre avant de partir. »
Lucy examine la bouteille de scotch en esquissant un sourire.
« Excellent choix ! Est-ce que tu t’es souvenu de ce que je buvais ou est-ce que c’est aussi ton alcool préféré ? »
Elle aussi peut être directe. Il arrive très souvent que les mots franchissent ses lèvres sans qu’elle ne puisse les arrêter, comme maintenant, alors qu’elle venait de demander à Mitchell s’il avait ramené cette bouteille pour ses beaux yeux. Légèrement gênée, elle poursuit.
« J’en ai pour cinq minutes ! Les verres sont dans le placard à côté du frigo. Fais comme chez toi. »
Et elle s’éclipse dans le petit couloir pour regagner sa chambre. Là, elle enfile une magnifique robe de cocktail vert émeraude en soie qui lui descend jusqu’à la cheville. Puis elle regagne la salle-de-de-bains pour compléter sa tenue d’un collier fin avec une simple perle suspendue au bout et rejoint finalement Mitchell quelques instants plus tard alors qu’elle est en train d’accrocher la dernière boucle d’oreille en perle.
« Tu peux m’aider ? »
Elle se rapproche de Mitchell avant de lui tourner le dos, afin qu’il puisse remonter la fermeture de sa robe. Si c’était un rendez-vous galant, elle aurait sans doute fait un effort supplémentaire. Elle aurait été à l’heure, ne l’aurait pas accueilli en peignoir, et se serait débrouillée pour finir se préparer seule. Mais ce n’était pas un rendez-vous, alors elle se fichait de ne pas sembler parfaite aux yeux de Mitchell. Repérant les deux verres de scotch servis par le Strange, elle en attrape un et le lève en direction de Mitchell.
« A cette soirée ! »
Elle trinque avec le brun avant de porter le verre à ses lèvres.
« Hum, délicieux ! Juste un verre par contre ! Je n’ai mangé qu’un paquet de bonbons de toute la journée, je vais être pompette avant qu’on arrive à ce rythme ! »
Et elle doit sans aucun doute garder les idées claires pour la mission qu’ils devront remplir ce soir.
« D’ailleurs, tu crois qu’il y aura à manger ? Je suis affamée ! »
Les planques peuvent être longues et clairement, Lucy a mal géré son coup cette fois. Il lui arrivait d’emporter des repas plus consistants, mais sa cible du jour rentrait habituellement juste avant le déjeuner. Evidemment, ça n’avait pas été le cas aujourd’hui.
« Est-ce que tu voudrais m’expliquer la mission avant de partir ? »
Ici, ils sont tranquilles pour discuter, sans que personne ne risque de les écouter. Alors Lucy s’installe sur l’un des hauts tabourets qui entoure l’îlot central de la cuisine, son regard bleuté focalisé sur Mitchell, attendant ses explications. Doucement, elle fait tourner le liquide ambré dans son verre avant d’en prendre une nouvelle gorgée.
Elle était à la bourre et ça ne le dérangeait pas, au contraire. ça lui avait permis d’avoir un nouveau coup d'œil sur ses jambes et ça leur permettait de prendre du temps pour un verre avant de partir. “J’espère que ça valait le coup !” Qu’il disait au sujet de sa planque de la journée alors qu’elle acceptait la bouteille qui lui avait tendu. “Je m’en suis souvenu, je suis plus du genre Bourbon, n’oublions pas que je suis Américain !” Il l’observait quitter la pièce s'exécutant sans attendre pour trouver deux verres et les servir, prenant le soin d’observer davantage l’appartement qui lui faisait grandement penser à son appartement qu’il occupait avant d’être traqué par les flics. Un appartement sans réelle identité, sans photos, rien de personnel.
Il fermait délicatement sa robe suite à sa demande lorsqu’elle arriva à son niveau, ne manquant pas de prendre son temps pour effectuer la tâche, appréciant son parfum par la même occasion. « C’est une très belle robe, tu vas en faire tourner des têtes là-dedans !» Qu’il disait avec le sourire. “Tu rentreras peut-être avec un beau milliardaire !” Qu’il plaisantait tout en attrapant son verre, le levant à son tour. “A la chance que j’ai d’être en si bonne compagnie !” Un clin d'œil accompagnant ses dires, il buvait son verre sans se faire attendre, appréciant le goût délicat du scotch. Il hochait la tête pour confirmer l’idée de boire qu’un verre. « un menu à 6 plats il me semble » qu’il disait avec un sourire. « quand tu vois l’argent dépenser juste pour impressionner les convives, tu te demandes comment ça peut être rentable. » l'Américain n’avait jamais compris l’engouement autour des gala de charité, un lieu rempli de gens friqués voulant impressionner en faisant le plus gros chèque. Pour l’ego ça avait du bon, mais tout était comme une grande pièce de théâtre et chacun avait son rôle à jouer pour gagner des points dans son domaine. Mitchell se rachetait une conduite, il tentait d’apparaître au maximum aux yeux de tous pour montrer que non, il n’était pas je criminel ayant fait la une, mais un simple homme d'affaires qui avait joué de malchance, l’idée étant de renouer certain contact pour des affaires futures.
Elle lui demandait des informations sur la mission pour laquelle il avait besoin d’elle et c’est sans sourciller qu’il lui expliqua le but de cette mission qui avait été un prétexte pour l’inviter à l’accompagner. « j’aimerai des informations sur un investisseur potentiel pour un projet »Il regardait sa montre. « Quand il se montrera, ta mission sera de le suivre et de me rapporter ce que tu as vu. A partir de ce moment-là on ne pourra plus être vu ensemble, je t’attendrai à l’extérieur, rien de dangereux, mais j’ai besoin de savoir avec qui il traite et ce genre de soirée est réputé pour parler affaires. » qu’il terminait conscient que le type en question n’arriverait pas et surtout n’existait pas au même titre qu’il n’avait pas besoin d’aider pour obtenir des informations puisqu’il avait déjà ce qu’il faut à ce niveau-là, mais elle n’était pas censé le savoir. Il était temps de partir et c’est avec enthousiasme qu’il lui tendait son bras. “Prête ?” Ils quittèrent l’appartement assez rapidement, rejoignant la voiture de l’Américain. Il ouvrait la portière de la voiture, il l'observait prendre place avant d’en faire autant. « j’espère que tu as laissé ton petit bijou chez toi pour ce soir.» Faisant allusion à son arme.
Arrivé au Gala, il avançait fièrement aux côtés de la détective, serrant quelques mains au passage sans pour autant lâcher la taille de la brune. « Mitchell ! Ravie de vous voir parmi nous, cela faisait un moment, vous savez depuis cette histoire … les journalistes en font toujours des tonnes, je savais que vous étiez innocent. » grand sourire aux lèvres, faux certes, Mitchell remerciait chaleureusement la vieille femme qui était venue à sa rencontre avant de s’éloigner pour rejoindre le bar. « Tu as déjà fréquenté ce genre de soirée ?» Qu’il demandait pour faire la conversation, gardant un œil sur ce qu’il se passait sous ses yeux avec un air confiant.
Lucy est sacrément en retard, mais Mitchell ne semble pas lui en tenir rigueur alors qu’il pénètre dans l’appartement de la brune et suggère qu’ils prennent un petit verre. Finalement, elle ne devait pas être si à la bourre que cela, ils avaient le temps de se poser tranquillement. Le Strange exhibe une bouteille de scotch et elle l’interroge à ce sujet.
« Je m’en suis souvenu, je suis plus du genre Bourbon, n’oublions pas que je suis Américain ! »
Elle esquisse un sourire, bien plus touchée par cette délicate attention qu’elle ne devrait l’être.
« Et mes origines écossaises me trahissent avec le scotch ! »
La détective s’éclipse pour finir de se préparer, avant de rejoindre à nouveau Mitchell qui a trouvé le placard dans lequel les verres sont rangés. Elle sollicite son aide pour qu’il ferme sa robe émeraude de cocktail, et elle frissonne en sentant son souffle dans sa nuque et ses mains non loin de sa peau nue.
« C’est une très belle robe, tu vas en faire tourner des têtes là-dedans ! Tu rentreras peut-être avec un beau milliardaire ! »
Lucy laisse échapper un rire gêné : ce n’est pas son genre. Ce n’est pas non plus ce qu’elle recherche, une relation de couple. Elle a déjà donné, et n’a pas oublié le goût amer de la trahison. Alors elle est mieux seule et se contente d’une réponse évasive, dans laquelle on peut entendre son embarras.
« Ouais … non … »
C’est tout ce dont elle est capable pour assurer à Mitchell que non, elle ne trouvera pas l’homme de sa vie dans ce genre d’endroit, à la fois parce qu’il n’existait pas, et parce qu’il ne fréquenterait sans doute pas ce genre de gala. Pour dissimuler sa gêne, Lucy attrape son verre et porte un toast à cette soirée avant de boire une gorgée de scotch.
« A la chance que j’ai d’être en si bonne compagnie ! »
La brunette rougit légèrement : les compliments, ça n’a jamais trop été son truc. Elle a tendance à y voir un but caché, une éventuelle tentative de manipulation, et elle préfère clairement être complimentée sur son boulot que sur sa personne. Avec un rire, elle se contente de répondre :
« Tu sais que j’ai déjà accepté de te rendre ce service, n’est-ce pas ? Alors tu peux laisser tomber la flatterie … »
La jeune femme en profite pour interroger Mitchell sur la soirée.
« Un menu à 6 plats il me semble. Quand tu vois l’argent dépensé juste pour impressionner les convives, tu te demandes comment ça peut être rentable. »
La bouche de Lucy s’entrouve légèrement, signe de sa surprise, et les mots franchissent ses lèvres sans qu’elle ne puisse les retenir.
« Six plats ?! »
Elle allait devoir rester assise pendant un si long dîner, à faire la conversation à des gens qu’elle ne connaissait pas, et dont elle n’avait que faire. Elle avait pensé que ce serait un gala avec des petits fours sur un buffet, des serveurs se promenant avec des coupes de champagne, et des convives debout, échangeant quelques banalités avant de poursuivre leur chemin. Quand Mitchell lui avait demandé un service en retour de celui qu’il lui avait rendu, elle avait craint quelque chose d’illégal mais finalement, peut-être que cette soirée serait pire. Alors, pour se recentrer sur la mission de la soirée, elle interroge Mitchell.
« J’aimerais des informations sur un investisseur potentiel pour un projet. Quand il se montrera, ta mission sera de le suivre et de me rapporter ce que tu as vu. A partir de ce moment-là, on ne pourra plus être vu ensemble, je t’attendrai à l’extérieur, rien de dangereux, mais j’ai besoin de savoir avec qui il traite et ce genre de soirée est réputé pour parler affaires. »
La déception s’échappe de ses lèvres spontanément.
« Ho … »
La perspective de cette soirée ne l’enchante guère, et l’idée de se faire planter par son cavalier vient de rendre les prochaines heures encore moins agréables. Au moins, avec Mitchell, elle aurait eu quelqu’un avec qui échanger. Elle aurait pu discuter du repas, de l’absurdité de ce genre d’événements, et se moquer des gens qui venaient y étaler leur fortune. Le fait de devoir supporter cette soirée seule lui a visiblement plombé le moral, mai elle se contente de répondre.
« Ok, c’est clair : voir avec qui ta cible a des connexions. »
Elle se force à sourire avant de finir son verre, liant son bras à celui de Mitchell alors qu’il le lui tend et l’escorte jusqu’à sa voiture. Galant, il lui ouvre même la portière, alors que Lucy laisse échapper un rire.
« Vous êtes un vrai chevalier servant ce soir, Monsieur Strange. »
Son air amusé laisse cependant place à un haussement de sourcil, et Lucy ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel à la question de Mitchell.
« J’espère que tu as laissé ton petit bijou chez toi pour ce soir. »
Elle secoue la tête doucement avant de répondre.
« Et je regrette presque déjà de l’avoir fait … Même la perspective de me tirer dessus semble tentante à côté de cette soirée … »
En prononçant ces mots, elle ne pense nullement qu’elle pourrait blesser Mitchell, qui l’a invité à venir. Lucy n’est d’ailleurs pas réputée pour se soucier des états d’âmes de ses interlocuteurs. Elle dit ce qu’elle pense, tout simplement, avec une franchise parfois déconcertante. Et elle fait preuve d’honnêteté en avouant au Strange détester ce genre d’événements, et ce peu importe la compagnie.
Bien trop rapidement, les voilà au gala, et Lucy se contente de sourire aux convives que Mitchell salue. Elle déteste avoir ce rôle de potiche, et elle appréhende de plus en plus ce fameux dîner assis à six plats.
« Tu as déjà fréquenté ce genre de soirée ? »
La brunette hoche la tête, son regard parcourant la salle immense somptueusement décorée et les invités, tous parfaitement apprêtés.
« Ca m’est arrivé, pour le boulot. C’est toujours aussi étouffant … »
Elle rêve d’un scotch, mais remercie poliment le serveur en se contentant d’accepter la coupe de champagne qu’il lui tend.
« Et toi ? Je veux dire, tu viens fréquemment dans ce genre d’événements ? »
Ses yeux bleutés quittent la pièce qui les entoure pour se focaliser sur le Strange.
« Ce n’est pas vraiment dans ce type de lieu, ou à ce genre de soirées, que je t’aurais imaginé … »
Il donne le change, clairement, et sait s’adapter sans difficulté. On voit les années passées à prétendre et à mentir, sans aucun doute. Pourtant, elle le trouvait plus à la place dans l’arrière salle du club de striptease qu’ici, une coupe de champagne à la main, prêt à discuter des gens de la haute.
Mitchell avait toujours été très observateur, retenant les détails lui semblant important. Lucy avait commandé un verre de scotch la première fois qu’il l’avait rencontré et c’était un détail qu’il avait retenu, appréciant d’ailleurs ce détail d’une femme buvant du whisky, étant sa boisson favorite.
Lucy l’avait laissé seul quelques instant avant de lui faire face alors qu’il l’avait aidé à fermer sa robe, répondant plutôt embarrassée suite à sa taquinerie au sujet de trouver un riche milliardaire dans la soirée. Elle n’était pas fan de l’idée et ne le cachait pas, un bon point, elle ne faisait donc pas partie de celle étant attirée par ce qui brille. L’américain avait passé de nombreuses années entouré de femmes en tout genre, usant de petits mots doux au quotidien, c’était naturel chez lui, il était ce genre d’homme, charmeur, dragueur, ça lui avait plutôt réussi d’être ainsi bien que l’avantage s'était souvent retourné contre lui. Les femmes faisaient bel et bien partie de ses plus grandes faiblesses. Toute celles qui avaient pu le percer à jour avait réussi à obtenir de lui ce qu’elle voulait. Le Brun baissait rarement la garde, mais lorsque c’était le cas il se faisait souvent avoir. Mavis, sa défunte femme avait fait de lui ce qu’elle voulait et ça avait été la première d’une grande liste. Il se jurait à chaque fois de ne plus faire la même erreur, sans succès.
Lucy ne faisait pas partie de ces femmes qu’il avait pour habitude de fréquenter, en détresse, attiré par l’argent avant tout le reste, bien qu’elle était venue à sa rencontre pour lui demander de l’aide elle n’était pas un petit bijou fragile, elle avait du répondant et c’est ce qu’il appréciait chez elle et c’est ce qui l’avait poussé à l’inviter ce soir sous un faux prétexte certes, mais elle n’était pas censé le savoir. « Je le pense, habituellement je me fais accompagner par des escort donc ça change même s’il y a un intérêt derrière cette soirée. » qu’il disait en la regardant un instant avant de laisser son regard se perdre dans l’appartement, terminant aussitôt son verre. Sa franchise prenait en compte le fait qu’elle en savait déjà beaucoup sur lui, peut-être même trop et qu’il n’avait rien à craindre en détaillant ses habitudes de criminel, du moins il l’espérait.
Il remarquait la déception lorsqu’il lui détailla le plan et malgré l’envie de rebondir à ce sujet il se retenait et remarquait qu’elle était pro, acceptant sans broncher la mission qui lui était confiée. Ils quittèrent l’appartement de la détective rejoignant rapidement la voiture de l’américain qui faisait preuve de courtoisie. La regardant du coin de l'œil, il ne pouvait s’empêcher de sourire à sa remarque. « Et tu n’as encore rien vue ! » qu’il laissait échapper amusé avant de rejoindre sa place, lui demandant sans tarder si elle avait laissé son arme chez elle. Suite à sa réponse qui laissait parfaitement entendre qu’elle n’était pas ravie d’aller à ce genre de soirée Mitchell haussa les sourcils. « Je vais finir par croire que tu préfères le danger ! »
Ils étaient arrivés rapidement et avaient pris position dans la salle, verre à la main. « La majorité des personnes présentes ici pense comme toi » peu importe leur milieu beaucoup n'appréciaient pas ce genre de soirée, beaucoup trop formel et s’éclipsaient avant la fin, ce que l’américain espérait faire également. « Je n’y étais pas allé depuis un moment, mais à l’époque oui, très souvent. » son verre se vidait à grande allure comme toujours alors qu’il regardait la brune. «c’était une partie de mon boulot que je me devais de faire. » Il riait lorsqu’elle lui faisait part que ce n’était pas à ce genre de soirée qu’elle l’imaginait. Elle avait raison et pourtant il arrivait à se fondre dans la masse sans grande difficulté. Son charisme l’aidait énormément et pouvait passer d’une soirée chic à une soirée choc sans problème. « Je préférerais être à une soirée poker ou dans un bar, ou même sur ce canapé dans ton salon à boire un verre de scotch plutôt qu’ici, mais les affaires nécessitent des sacrifices » c’était grâce à ce genre de soirée qu’il avait pu avoir les bons contact pour s’en sortir suite à sa cavale. Les charges contre lui étaient lourdes, de quoi passer le reste de sa vie en prison et pourtant il avait été acquitté suite à un accord avec un procureur qu’il avait connu à ce genre de soirée. Ce soir il s’agissait plutôt de se racheter une bonne réputation pour effacer le passé, nécessaire pour les affaires, mais il ne s’étalait pas plus sur le sujet sous peine de se trahir sur la vraie raison de la présence de la détective à ses côtés. « La prochaine fois je te montrerai ce que c’est une soirée qui me ressemble vraiment et jte jure que je ne compte pas t’emmener dans un club de striptease » il riait, bien conscient qu’elle devait avoir cette image de lui d’un homme appréciant bien trop les courbes féminine, macho, bien détestable. Il avait énormément de défauts, sûrement bien plus que de qualités, mais il n’était pas si terrible que ça, du moins il se rassurait comme il pouvait.
Les minutes défilaient au même titre que leur conversation et le moment de passer à table était arrivé. Rejoignant la place qui leur avait été attitrée Mitchell lui chuchotait à l’oreille. « j’espère que tu n’es pas trop déçu, je vais te tenir compagnie un peu plus longtemps que prévu. » il lui avait fait croire qu’il quitterait la soirée pour qu’elle puisse mener à bien sa mission, sauf qu’il comptait bien rester jusqu’au bout en sa compagnie et espérait réussir à s’en sortir jusqu’au bout. Le dîner avançait au même titre que les conversations et faux rire autour de leur table, Mitchell mettant en avant ses talents d’élocution, son charisme faisant le principal. Il ne manquait pas de faire un peu de charme à une dame qui avait l’air de l’avoir dans son viseur. Il observait Lucy avec un sourire alors que la dame en question quittait la table. « Tu penses que je devrais me méfier, elle pourrait vouloir me kidnapper pour m’emmener chez elle » il faisait son possible pour que là détective se sente à l’aise et ne subisse pas la soirée comme elle l’avait laissé entendre à leur arrivé.
Installée dans la voiture de Mitchell, Lucy lui confirme avoir laissé son arme chez elle, mais avoue déjà le regretter : une balle dans le pied pourrait sans doute lui permettre d’échapper à cette soirée de gala qui s’annonce horrible, avec six plats et un temps interminable passé à table, à faire la conversation à de parfaits inconnus qui ne partageaient pas ses valeurs.
« Je vais finir par croire que tu préfères le danger ! »
Elle rit à cette remarque, mais ses yeux bleus pétillent quand ils explorent le profil du Strange, concentré sur la route.
« Peut-être bien. »
Sans aucun doute, pour être honnête. Elle adore l’adrénaline, et n’a pas froid aux yeux. Quand elle ne se lance pas dans des enquêtes, n’est pas en planque ou ne file pas une cible, elle pratique pas mal de sports extrêmes. Elle tente sans cesse de repousser ses limites, et recherche le grand frisson. Bien trop rapidement, Mitchell se gare devant le lieu du gala et les voilà déjà dans la salle de réception, à déambuler, un verre à la main. La détective l’interroge sur sa présence dans de telles soirées, curieuse : elle n’imagine pas réellement le criminel à ce genre d’événement. Elle imaginait plutôt ces réceptions prisées par les hommes politiques, les hommes d’affaires et autres notables de la ville. Mais elle n’est pas dupe, et imagine facilement pourquoi le haut du panier aurait intérêt à y inviter des hommes moins recommandables, qui pourraient parfaitement les aider à obtenir un business, à discréditer un concurrent, voire même à truquer une élection.
« Je n’y étais pas allé depuis un moment, mais à l’époque oui, très souvent. C’était une partie de mon boulot que je me devais de faire. »
La brunette l’observe, intéressée.
« Est-ce qu’on t’a déjà demandé des services lors de telles soirées ? »
Ses yeux bleus pétillent, et Mitchell peut clairement ressentir la curiosité de la brune. Apprendre, découvrir, comprendre, ce sont là des choses qui l’intéressent. Elle n’en aurait pas fait son métier, le cas échéant.
« Je préfèrerais être à une soirée poker ou dans un bar, ou même sur ce canapé dans ton salon à boire un verre de scotch plutôt qu’ici, mais les affaires nécessitent des sacrifices. »
Spontanément, comme bien trop souvent, les mots franchissent les lèvres de Lucy sans qu’elle ne soit en mesure de les retenir.
« Ho oui, mon canapé, j’en rêve ! »
Elle ne comprend l’éventuel sous-entendu, l’éventuelle invitation, que bien trop tard et, rougissant légèrement, elle enchaîne, légèrement gênée.
« Ou ailleurs, peu importe ! »
Elle préfèrerait être chez elle, sans aucun doute. Et elle apprécie sans doute bien plus la compagnie du Strange qu’elle ne l’aurait imaginé. Pour autant, elle a du mal à l’imaginer dans son appartement, installé sur son canapé, à siroter un verre de scotch. Le fait qu’il prenne ses aises dans sa cuisine quelques minutes plus tôt était déjà impressionnant, la brunette ne laissant pas n’importe qui pénétrer dans son intimité. Pour autant, si Mitchell était un homme intéressant et séduisant, s’il représentait le danger et l’interdit et n’en était que plus séduisant, il était en dehors des limites de Lucy. Il était le frère de Gabrielle, celui avec qui l’avocate avec encore énormément de choses à régler, et un homme qu’elle ne devrait ainsi jamais fréquenter. Il n’avait donc rien à faire dans son salon, et l’imaginer sur son canapé était improbable.
« La prochaine fois je te montrerai ce que c’est une soirée qui me ressemble vraiment et jte jure que je ne compte pas t’emmener dans un club de striptease. »
La brunette rit à cette remarque et rebondit immédiatement.
« Une soirée qui te ressemble vraiment, sans club de striptease ?! Impossible ! »
Elle le taquine et, riant toujours, mais finit par hocher la tête.
« Pourquoi pas, mais rien qu’une soirée ! Gaby nous tuera sinon ! Et puis, à la fin de ce gala, j’aurais payé ma dette, non ? »
Elle l’accompagnait et lui rendait ainsi service, effaçant la dette qu’elle avait à l’égard du criminel, qui l’avait aidé à se faire embaucher dans un club de striptease et à pénétrer dans l’arrière-salle. En attendant, les convives sont invités à rejoindre de grandes tables rondes : l’heure du dîner a sonné. Lucy s’installe à côté de Mitchell, saluant d’un hochement de tête et d’un petit sourire les gens déjà assis, alors que le brun lui chuchote à l’oreille.
« J’espère que tu n’es pas trop déçue, je vais te tenir compagne un peu plus longtemps que prévu. »
Instantanément, la brunette répond.
« Non, c’est parfait ! »
Puis, se mordillant la lèvre inférieure, à nouveau gênée et rougissant légèrement, elle poursuit.
« Je veux dire, aucun souci, j’attendrai la cible en ta compagnie. C’est mieux que d’être seule ici. »
Elle s’imaginait mal poursuivre la soirée sans Mitchell, à devoir faire la conversation à de parfaits inconnus avec qui elle n’avait sans doute rien en commun. Alors elle se contente de sourire occasionnellement, de hocher la tête de temps en temps, et écoute le Strange échanger avec les différents convives. Il a du charisme, et il les a tous charmés, sans exception. C’est particulièrement le cas d’une dame qui ne le lâche pas des yeux et le drague ostensiblement, tandis que Lucy tente de rester impassible.
« Tu penses que je devrais me méfier, elle pourrait me kidnapper pour m’emmener chez elle. »
Lucy laisse échapper un petit rire.
« Sans aucun doute ! Je suis certaine qu’elle t’imagine déjà sur son canapé, ou dans son lit ! »
Elle est légèrement jalouse, en réalité, et quelque peu agacée. Elle n’a pas l’habitude d’être la jolie jeune fille que l’on arbore à son bras dans des galas. Elle n’est pas une potiche. Elle est une femme d’action, une femme intelligente, qui mérite qu’on lui prête de l’attention. Et si elle comprend que Mitchell use de ses charmes pour obtenir de nouveaux contacts ou en entretenir d’anciens, elle se sent quelque peu délaissée, et pas tellement à sa place.
« Mais c’est sans doute ce que tu veux, n’est-ce pas ? Qu’elle t’imagine dans son lit ? »
Secouant la tête, comme pour chasser son agacement, elle finit son verre de vin, sans doute bien trop rapidement pour les convenances souhaitées dans ce genre d’endroit.
« Si tu n’as pas peur de la rendre jalouse, sache que je danse très bien, et pas uniquement autour d’une barre de pole dance. »
Elle observe les gens rejoindre la piste de danse aménagée devant l’orchestre avec envie, prête à délaisser les convives de leur table pour avoir à nouveau toute l’attention de Mitchell le temps de quelques minutes.
« Oui c’est arrivé » qu’il répondait brièvement en premier lieu alors qu’elle lui demandait s’il avait déjà eu des demandes pour des service durant ce genre de soirée, repensant à ce qu’il avait déjà fait pour ces messieurs dames de la haute société, mais également pour quelques hommes politiques voulant faire taire certaines personnes ou se procurer des produits complètement illégaux. « Bien trop de fois. La plupart des hommes politiques sont pourrit jusqu’à l’os, mais je ne vais pas te cacher que ça m’arrangeait bien, ça me permettais de me remplir les poches » il en parlait comme si c’était normal, comme s’il en faisait part à quelqu’un de ce monde alors qu’il s’agissait d’une femme qu’il connaissait a peine, la meilleure amie de sa sœur qui plus est. « Beaucoup de gens présents ici étaient clients dans mon bar et c’était loin d’être le lieu le plus luxueux de Brisbane » qu’il ajoutait un brin nostalgique. Aujourd’hui il avait le Moonshiner situé au même endroit sans le côté illégal et il était loin de l’ambiance qui y régnait lorsqu’il était le boss de l’organisation criminelle qui l’avait fait grandir puis sombrer. «Le business avant tout » une devise qui avait fait de lui la personne horrible qu’il est devenu. Sa famille ne le reconnaissait plus et ne comprenait pas les choix qu’il avait fait dans sa vie. La soif d’argent l’avait rendu fou, le sang présent sur ses mains allait rester pour toujours et son entrée en enfer était toute prête. Aujourd’hui son passé l’avait rattrapé bien plus vite qu’il ne l’aurait pensé. S’il avait flirté avec le mal un certain temps tout en gardant les pieds du bon côté, il avait finalement dépassé la limite en se plongeant à nouveau dans le commerce illégal d’armes dans le but de rembourser une dette ce qui n’était pas suffisant. Il se devait de rester discret à ce sujet et ne pouvait pas marchander avec les mêmes clients qu’autrefois. Il devait se lancer dans une tout autre stratégie et pour cela il allait devoir redevenir impitoyable.
Il riait sans attendre alors qu’elle paraissait surprise de l’imaginer passer une soirée comme monsieur tout le monde. « C’est si surprenant ? » il ne le prenait pas mal tout comme il ne cachait pas fréquenter ces lieux, mais le réduisait-elle uniquement à un homme adepte des clubs de striptease ? Ou étais-ce à cause de son passé ? Il en était à presque se préoccuper de ce qu’elle pouvait penser réellement de lui. «J’ai l’impression que Gabrielle n’a pas vanté les talents de son frère, mais compte sur moi pour te faire découvrir l’homme en dehors des clubs de striptease qu'il disait amusé, réalisant que Gaby les tuerait sûrement si elle apprenait leurs manigances. “Je pense être déjà mort à ses yeux donc bon, même pas peur !” Il riait. “Bien sûr, en quittant les lieux ton tableau sera effacé, j’ai qu'une parole !” Une qualité qu’il pouvait se vanter d’avoir. Il était un homme de parole et chaque marché mené à terme était respecté par ses soins sans détour.
Le repas avançait au même titre que les conversations, Lucy paraissait ravie de poursuivre en sa compagnie et cela faisait sourire davantage le brun. Faire du charme oui c’était l’une de ses armes lorsqu’il faisait face à la gente féminine, mais il n’était pas du genre à ramener n’importe qui dans son lit ce qui pouvait être contradictoire lorsqu’on savait qu’il fréquentait des escort et stripteaseuse, mais il ne mélangeait pas vraiment les affaires avec son plaisir personnel et il allait que très rarement plus loin que des belles paroles et de beaux sourires. « Elle peut imaginer tout ce qu’elle veut, le plus important c’est qu’elle me voit comme quelqu’un de sympathique, de charmant. » Au final le but c’était ça. Créer dès contact pouvant lui servir dans le futur, rien de plus. Il regardait Lucy. « Puis franchement, elle n’est pas mon genre » qu’il laissait échapper avant d’en faire autant avec son verre, se levant sans se faire prier lorsqu’elle lui proposa d’aller danser. « Alors dansons » qu’il disait avec un sourire en coin, lui tendant la main pour l’inviter à le suivre. Il savait danser, du moins à sa façon. Il n’était pas le meilleur danseur, mais n’était pas non plus ridicule. Il regardait Lucy droit dans les yeux se perdant un long moment, oubliant presque où il était et qu’ils étaient entourés de nombreuses personnes. Le retour à la réalité était dû à l’arrêt de la musique, l’orchestre prenant une petite pause pour laisser la place à de nombreux discours plus ennuyeux les uns que les autres. “J’ai l’impression que notre cible s’est défilée …” Qu’il laisse échapper, reprenant ses esprits par la même occasion, sourire en coin. Il espérait qu’elle ne découvre pas la vérité sur sa présence ici et mettre fin à la soirée était sûrement plus judicieux. “Je ne vais pas te bloquer jusqu’au bout de la nuit, ton canapé attend” Qu’il ajoutait en riant. Il la guidait vers la sortie, la faisant tourner sur elle-même une dernière fois. “Considère ta dette effacée, j’ai beaucoup aimé travailler avec toi et j’espère que tu accepteras ma prochaine invitation après cette horrible soirée.” Il savait qu’elle n’avait pas apprécié le type de soirée qu’ils venaient de passer. Il regardait sa montre. “Je te raccompagne ?” Qu’il demandait finalement, alors qu’ils se dirigeaient vers l'extérieur.
A peine sont-ils arrivés au gala auquel Mitchell a invité Lucy, que la détective rêve déjà de s’enfuir. Alors la conversation est une excellente diversion et la brunette est même suspendue aux lèvres du criminel, avide d’en apprendre plus.
« Oui c’est arrivé. Bien trop de fois. La plupart des hommes politiques sont pourris jusqu’à l’os, mais je ne vais pas te cacher que ça m’arrangeait bien, ça me permettait de me remplir les poches. »
Lucy observe Mitchell, ses yeux bleutés brillants d’excitation. Il attise bien trop sa curiosité pour ne pas en dire plus. Elle voudrait des noms, la liste des choses qu’il a faites pour ces hommes-là, des détails ! Alors elle ne résiste pas et interroge le Strange.
« Qui ? Et quoi ? Menaces ? Oui, j’imagine. Tu as déjà … fait disparaitre quelqu’un ? »
A cette pensée, elle frissonne : elle ne sait pas si elle a réellement envie de connaître la réponse. Mitchell est un criminel, ce qui le rend incroyablement sexy, avec son côté bad boy évident. Mais savoir qu’il a trempé dans l’illégal, sans trop de détails, est une chose, et connaître la liste de ses crimes en est une autre. Les vols, c’est mal. Les cambriolages, assez détestables, car les malfrats pénètrent dans l’intimité de leur victime, détruisent leur refuge, l’endroit dans lequel les familles se sentaient en sécurité. Tuer quelqu’un était l’une des pires choses que l’on pouvait faire au monde et, si elle ne connaissait que très peu Mitchell, elle avait du mal à l’imaginer en assassin. Et pourtant … elle n’excluait aucune possibilité, préférant fermer les yeux.
« Beaucoup de gens présents ici étaient clients dans mon bar et c’était loin d’être le lieu le plus luxueux de Brisbane. Le business avant tout. »
Les yeux bleutés de la jeune femme se font scrutateurs alors qu’elle détaille son interlocuteur. Elle a l’impression d’entendre une pointe de nostalgie dans ces deux phrases, alors qu’elle pensait Mitchell en grande partie rangé. Mais peut-être que ce n’était finalement qu’une apparence.
« Ca te manque ? »
La conversation devient cependant plus légère quand ils abordent le genre de soirées auxquelles Mitchell apprécie de se rendre et, a priori, il ne s’agit pas de sorties en club de striptease, au grand étonnement de Lucy.
« C’est si surprenant ? »
Tentant de se donner un air angélique, l’amusement se lisant sur son visage, la brunette se contente de hausser les épaules.
« J’ai l’impression que Gabrielle n’a pas vanté les talents de son frère, mais compte sur moi pour te faire découvrir l’homme en dehors des clubs de striptease. »
Lucy secoue la tête, redevant un peu plus sérieuse. Il est vrai que l’avocate s’est longuement confiée à sa meilleure amie, et qu’elle n’a pas réellement fait l’éloge de son frère. Et si Lucy aimerait affirmer que les récits de Gaby n’ont pas eu d’impact sur l’image qu’elle a de Mitchell, elle a évidemment été influencée par les dires de son amie. Pour autant, elle aime se faire sa propre idée des gens. Et depuis qu’elle connaît Mitchell, elle ne peut pas dire qu’il l’ait réellement détrompé par rapport à l’image qu’elle se faisait de lui. Elle l’a abordé parce qu’il était un habitué du club de striptease, et il a clairement prouvé qu’il y avait ses entrées et ses connexions, même vers des lieux dans lesquels du commerce illégal d’armes à feu se déroulait. Alors oui, il était loin d’être un enfant de cœur.
« C’est vrai qu’elle m’a listé plus de défauts que de qualités, te concernant. Mais le fait que tu connaisses parfaitement le boss du club de striptease et les rouages du club n’a pas aidé pour changer l’opinion que je pouvais avoir de toi. »
Pour autant, Lucy sourit et hausse les épaules avant d’ajouter.
« Mais tu as de la chance, je suis prête à te laisser une autre chance pour tenter de me prouver que Gaby a tort. »
Mais une seule, car l’avocate détesterait qu’il y ait un rapprochement entre son frère et sa meilleure amie, et le verrait sans aucun doute comme une trahison.
« Je pense être déjà mort à ses yeux donc bon, même pas peur ! »
Lucy lève les yeux au ciel en secouant la tête, riant avec Mitchell.
« Toi oui, moi non ! Et je tiens à notre amitié ! »
Et à ne pas la blesser pour une attirance qui ne pourrait mener à rien. Le repas avance, et il est presque aussi détestable que ce que Lucy imaginait. Mitchell fait du charme à une femme qui le dévore des yeux et bat des cils devant le criminel, alors que la détective essaie de contenir son agacement. Si on lui demande, elle affirmera que c’est parce qu’elle trouve cela ridicule et que, pendant qu’il drague, le Strange ne lui fait pas la conversation à elle. Elle niera toute éventuelle jalousie, et contestera avoir laissé échapper un soupire de soulagement en voyant cette dame s’éclipser.
« Elle peut imaginer tout ce qu’elle veut, le plus important c’est qu’elle me voit comme quelqu’un de sympathique, de charmant. Puis franchement, elle n’est pas mon genre. »
Les yeux bleutés de Lucy se plongent dans le regard de Mitchell, et elle ne peut empêcher la question suivante de franchir ses lèvres.
« Et c’est quoi, ton genre ? »
Elle prétendra aussi que la réponse l’indiffère, que ce n’est que de la curiosité mal placée, ou une manière de rebondir et de prolonger la conversation. Mais en réalité, elle a envie de savoir. Et lorsqu’elle suggère d’une manière loin d’être subtile qu’elle sait danser sans barre de pole dance, Mitchell se lève pour l’inviter sur la piste.
« Alors dansons. »
Esquissant un sourire, elle place sa main dans celle tendue par Mitchell et le suit au milieu des autres couples. C’est agréable : danser, tout simplement, se laisser porter par la musique, profiter du moment. Le regard du Strange est rivé au sien, comme s’il essayait de lire en elle, et elle rougit légèrement quand il la lâche, quand l’orchestre prend une pause.
« J’ai l’impression que notre cible s’est défilée … »
Un instant, Lucy semble ne pas comprendre : son esprit est encore concentré sur le regard intense de Mitchell, sur la façon dont il avait de la déshabiller du regard, mais la réalité la rattrape finalement.
« Ho … oui. »
Une partie d’elle est soulagée : elle a survécu à la soirée, et a pu profiter de la compagnie de son cavalier pendant tout le gala. Mais une autre partie craint le pire : il va sans doute lui demander un autre service, un réel service, qui ne consiste pas simplement à l’accompagner à une soirée. Elle a peur de découvrir cette requête qu’il lui ferait, de la juger infaisable, au-delà de ses limites.
« Je ne vais pas te bloquer jusqu’au bout de la nuit, ton canapé attend. » « A cette heure-ci, je crois que je vais directement opter pour mon lit ! »
Elle n’entend le sous-entendu éventuel qu’elle vient de faire à Mitchell que lorsque les mots ont déjà franchi ses lèvres. Rougissant légèrement, elle laisse échapper un petit rire.
« Considère ta dette effacée, j’ai beaucoup aimé travailler avec toi et j’espère que tu accepteras ma prochaine invitation après cette horrible soirée. »
Un instant interdite, Lucy le dévisage.
« Vraiment ? Effacée ? Hum … merci. »
Il n’était peut-être pas l’homme affreux et intransigeant que l’on dépeignait ? Elle qui craignait d’avoir une dette impossible à rembourser se retrouvait libre, après un dîner et quelques pas de danses. Reprenant ses esprits, elle hoche la tête en souriant.
« Avec plaisir. Une soirée pour apprendre à découvrir le vrai Mitchell. C’est ok. »
Alors qu’ils quittent la salle de réception, Mitchell propose de la raccompagner chez elle : elle est en effet venue sans sa voiture, et préfèrerait rentrer maintenant plutôt que d’attendre un taxi. Elle accepte donc la proposition et s’installe à nouveau à côté du Strange, qui prend la direction de son appartement. Alors que Mitchell se gare en bas de l’immeuble de Lucy, la brunette joue avec ses clés, silencieuse. Elle est hésitante, et ça se voit. Se mordillant la lèvre inférieure, elle réfléchit à la suite : inviter le Strange à monter, ou le remercier pour la soirée. Elle aimerait qu’il monte, sans aucun doute : il lui plaît, malgré tout ce qu’il a pu faire par le passé, malgré ses démons et ses erreurs. Mais il y a Gaby, la meilleure amie de Lucy, la sœur de Mitchell, qui les tuerait si quelque chose venait à se passer entre eux. Et l’amitié que la Cavanagh porte à l’avocate est trop précieuse pour la gâcher pour une attirance, une histoire de sexe ou un coup d’un soir. Elle réfléchit encore, avant de finalement relever son regard bleuté et le plonger dans les yeux de Mitchell.
« Tu veux monter prendre un verre ? »
Elle lève le doigt, s’empressant d’ajouter, comme un avertissement.
« Mais juste un verre ! Un verre de la bouteille de scotch que tu as ramené, et tu t’en iras. Ok ? »
Elle se lançait sur un terrain dangereux en posant une telle question et pourtant en voyant cette lueur dans son regard il eut envie de lui répondre dans les moindres détails, de lui donner toutes les infos pour assouvir sa soif de curiosité, mais il ne pouvait pas entrer dans les détails au même titre qu’il ne pouvait pas lui donner de nom. « crois moi, tu ne veux pas savoir. » qu’il disait calmement. «j’ai fais de très mauvais choix et donc de très mauvaises choses, c’est tout ce qu’il faut savoir. » il n’avait pas envie de lui dire que oui, qu’il avait déjà fait disparaître quelqu’un tout comme il n’allait pas lui dire qu’il avait également tué de sang froid et qu’il était également le commanditaire de nombreux meurtres. Il était un monstre, il le savait, mais elle ne savait pas tout et c’était mieux ainsi.
Est-ce que ça lui manquait ? La réponse était évidente, un peu trop à vrai dire. Il avait beau essayer de passer à autre chose, son passé lui collait à la peau. Il était hanté par ses péchés et luttait chaque jour pour ne pas plonger davantage depuis son retour d’Europe où il avait clairement repris goût à son ancienne vie. « Non ... enfin, je ne sais pas » qu’il répondait en détournant le regard n’assumant pas vraiment sa réponse. Lui-même ne sachant pas sur quel pied danser. Heureusement la conversation prenait un autre tournant et devenait plus joyeuse pour l’américain qui comptait bien l’inviter un soir pour lui montrer une part de lui qu’elle n’imaginait pas et non celui qu’on lui avait décrit ou celui qu’on observait au loin. « C’est vrai que ça ne joue pas en ma faveur ! » qu’il riait au sujet de l’opinion qu’elle pouvait avoir de lui. Mitchell et les femmes, une grande histoire ! Elle lui demandait quel était son genre de femme et il ne pouvait s’empêcher d’en sourire sans y répondre, laissant planer un point d’interrogations sur cette question avant de l’attirer sur la piste de danse.
Il penchait la tête vers elle avec un sourire en coin alors qu’il venait de se garer en bas de chez-elle, ravi de l’entendre lui proposer de monter et ce même si c’est pour un seul et unique verre. Il n’avait pas spécialement envie de rentrer chez lui, il n’avait pas envie de se retrouver seul avec lui-même et ses pensées négatives. La solitude et l’alcool ne faisaient pas bon ménage chez l’aîné des Strange et la compagnie de la brune lui faisait beaucoup de bien, même si tout reposait sur un simple deal entre eux, il ne pouvait pas nier qu’il y avait une attirance, purement déconseillée, mais bien présente. Penser à Gabrielle à ce moment-là n’était pas la meilleure chose à faire et pourtant c’était plus fort que lui, que penserait-elle de le savoir chez sa meilleure amie ? Elle n’apprécierait pas, mais dieu merci elle n’était pas là pour le savoir et même s’il lui devait aucune explication le cas échéant, il devinait que du côté de Lucy, Gabrielle était un obstacle et qu’il avait de la chance qu’elle ait accepté de passer une soirée à l’occasion en sa compagnie en plus de l’inviter à boire ce dernier verre. « ça me va. » qu’il disait. « C’est très généreux de ta part ! » qu’il ajoutait en se pinçant la lèvre.
Une fois à l’intérieur, il reprenait la place qu’il avait laissée plus tôt dans la soirée, observant Lucy qui s’était empressé de leur servir un verre. Sans un mot il saisissait le verre, le levant en sa direction. « A cette unique verre que je vais savourer jusqu’à la dernière goutte » un sourire amusé se dessinait sur ses lèvres, pensant au fait qu’elle avait insisté sur le fait qu’il pouvait monter pour un seul et unique verre. « Est-ce que tu trouves que je suis quelqu’un d’effrayant ? » qu’il lui demandait, repensant à leur conversation d’un peu plus tôt. Une question qu’il se posait régulièrement et dont la réponse pouvait varier d’une personne à une autre. Souvent les gens le craignaient parce qu’ils avaient entendu les récits des atrocités qu’il avait commise, mais peu pouvait le juger pour l’homme qu’il était vraiment. Il prenait une gorgée dans son verre. « J’ai quelque chose à t’avouer » qu’il disait contre toute attente. Il avait envie d’être honnête, partant du principe que tout se sait un jour. « Le mec qu’on attendait ce soir n’existe pas, c’était un prétexte pour que tu m’accompagne à ce gala et vu que tu m’en devait une, j’ai trouvée que c’était une bonne occasion. » il ne passait pas par Quatre Chemins. Il l’avait invité sous un faux prétexte, ils étaient quite c’était l’essentiel à retenir, non ? « le fait que je te dise ca, n’annule en rien le fait que nous sommes quitte bien sur. » qu’il précisait sans attendre, ne la quittant pas des yeux, curieux d’observer sa réaction suite à ce qu’il venait d’avouer.
La soirée aurait dû s’arrêter là, en bas de l’immeuble de Lucy. Mitchell l’avait raccompagné, le gala s’était achevé, même si la mission avait été un échec, la cible n’ayant jamais pointé le bout de son nez. Tout indiquait que l’heure était venue pour Mitchell et Lucy de se dire au revoir et de reprendre chacun leur vie, loin de l’autre. Elle n’avait plus besoin de lui pour découvrir l’arrière salle d’un club de strip tease. Et le Strange lui avait assuré que, malgré l’absence de la cible ce soir, la brunette avait payé la dette qu’elle lui devait. Ils étaient quittes, prêts à repartir chacun de leur côté. Et pourtant, bien au chaud dans l’habitacle de la voiture de Mitchell, la détective hésitait, jouant avec ses clés. La partie rationnelle de son cerveau la poussait à descendre du véhicule et à ne pas regarder derrière elle. Une autre partie, celle qui ne pouvait nier l’attirance qu’elle éprouvait à l’égard du Strange, criait cependant de prolonger le moment, ne serait-ce que quelques instants. Finalement, son esprit sans doute légèrement embrumé en raison des quelques verres qu’ils avaient bu ce soir, au gala ou avant, et la proximité du criminel n’aidant en rien la brunette à user de raison, celle-ci avait craqué et proposé à Mitchell de monter. Tentant sans doute de se donner bonne conscience ou de fixer clairement les limites dès le départ, elle avait cependant annoncé clairement la couleur : il pouvait monter pour boire un verre, mais un seul verre. Pas de deuxième verre, pas de troisième verre, et surtout rien d’autre. Gaby ne lui pardonnerait pas une partie de jambes en l’air avec son frère avec qui elle avait des relations tendues.
« Ca me va. C’est très généreux de ta part ! »
Lucy ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel en secouant la tête, pensant détecter du sarcasme de Mitchell en réponse à sa précision d’un unique verre. Ils regagnèrent l’appartement de la brunette qui sortit deux nouveaux verres et les servit, attrapant la bouteille qu’elle avait laissé sur le comptoir.
« A cet unique verre que je vais savourer jusqu’à la dernière goutte. »
Cette fois-ci, la moquerie ne faisait aucun doute, et la jeune femme secoua la tête en souriant, levant son verre avant de boire une gorgée du liquide ambré.
« Est-ce que tu trouves que je suis quelqu’un d’effrayant ? »
La question de Mitchell semblait sortir de nulle part, et elle prit totalement Lucy par surprise, qui s’étouffa avec sa gorgée de scotch. Toussotant, elle essaya de se redonner une contenance et prit son temps pour réfléchir. Elle s’installa sur un tabouret de bar à côté du Strange, son regard bleuté plongé dans celui du criminel, comme si elle tentait de lire en lui.
« Je ne sais pas … »
Elle était partagée, pour dire vrai. Une partie d’elle connaissait certains de ses crimes, même si elle devinait qu’il y en avait plein dont elle n’avait même pas eu vent. Elle se rappela de ses paroles pendant la soirée, de Mitchell lui affirmant qu’elle ne voulait pas savoir ce qu’il avait fait, lui rappelant qu’il avait fait de très mauvais choix et commis de très mauvaises choses. Elle le savait, et elle n’en doutait pas. Sans aucun doute, il était dangereux. Et pourtant … et pourtant, plus elle passait de temps en sa compagnie, et plus il s’éloignait de la description que Gabrielle lui avait faite. Elle n’arrivait pas à concilier le criminel avec l’homme qui l’avait aidé à réaliser sa mission, qui avait retenu son alcool préféré et lui en avait offert une bouteille, et qui l’avait fait tournoyer sur la piste de danse ce soir. Les deux parts de Mitchell semblaient incompatibles, à première vue du moins.
« Peut-être … On m’a raconté une partie de ce que tu as fait, et clairement, c’était effrayant ! Et encore, je ne suis pas au courant de tout ! »
Elle baissa les yeux, jouant avec son verre, faisant tournoyer le liquide pour éviter le regard de Mitchell.
« Peut-être que je devrais avoir peur. Peut-être que tu ne devrais pas être chez moi, que je devrais être plus intelligente, plus méfiante … Mais tu m’as aidé pour mon boulot, et … on a globalement passé de bons moments. »
Elle hésita un instant, se mordillant la lèvre, avant de relever finalement le menton vers Mitchell et de plonger à nouveau son regard dans le sien.
« La question que je devrais sans doute me poser, c’est de savoir ce qui m’arriverait si on n’était plus du même côté de la barrière. »
Que lui arriverait-il si, un jour, leurs intérêts devenaient divergents ? Que lui arriverait-il si, un jour, on demandait à Lucy de le faire tomber ? Que lui arriverait-il si, un jour, elle était au courant de l’un de ses projets criminels et tentait d’éviter qu’il le mette à exécution ? Mitchell, le criminel dont la réputation n’était plus à faire, pourrait sans aucun doute être quelqu’un d’effrayant, oui. Et si Lucy se sentait déstabilisée par la question du Strange, la suite de la conversation ne l’aida pas à remettre ses idées en place.
« J’ai quelque chose à t’avouer. »
Sans avoir conscience, Lucy se raidit sur son siège, son regard inquisiteur fixé sur celui de Mitchell.
« Le mec qu’on attendait ce soir n’existe pas, c’était un prétexte pour que tu m’accompagnes à ce gala et vu que tu m’en devais une, j’ai trouvé que c’était une bonne occasion. »
La brunette le dévisageait, la bouche légèrement entrouverte, la surprise se lisant sur son visage.
« Le fait que je te dise ça n’annule en rien le fait que nous sommes quittes, bien sûr. »
Lucy fronça les sourcils, vida son verre d’un trait avant de reporter son attention sur Mitchell.
« Tu veux dire que … tu as utilisé la dette que je te devais pour que je t’accompagne à une soirée ? »
Certes, c’était un gala guindé et horrible, avec des convives présomptueux et inintéressants, mais la soirée avait été agréable. L’intransigeant Mitchell, le grand criminel, celui à qui l’on ne souhaitait rien devoir, de peur de ce qu’il vous ferait faire en retour, l’avait simplement invité à sortir ? La brunette semblait perdue, et l’incompréhension se lisait sur son visage.
« Est-ce que … est-ce que tu m’as fait cette faveur parce que je suis la meilleure amie de Gaby ? »
Est-ce que Mitchell avait annulé sa dette sans ne rien obtenir en retour ou presque pour Gabrielle ? Ou y avait-il une autre raison ?
Il lui avait posé une question assez délicate et il avait hâte d’entendre sa réponse et pourtant il la redoutait en même temps. Habituellement il était ravi de savoir qu’on le craignait, mais quelques fois il n’y avait rien de positif à cela et dans le cas de lucy ça ne l’enchantait pas trop qu’elle le considère comme un méchant ou un monstre. « Il vaut mieux ne pas être au courant » qu’il disait presque en murmurant. Le sujet était délicat, les doutes étaient présents et pourtant la discussion se poursuivait. Mitchell était-il si dangereux ? Il avait souvent envie de rire lorsqu’on le considérait comme tel. Certes, il n’était pas un enfant de cœur et se contrôlait rarement lorsque la colère prenait le dessus. Par le passé, il avait frôlé la catastrophe en menaçant la petite amie de son frère Alec et il l’avait fortement regretté. Donc la réponse n’était pas si évidente. Il était comme un acteur dans une pièce de théâtre, s’adaptant à son public, pouvant faire des monologues avec aisance, se rendre sympathique avec un public et à l’inverse être redoutable face à un autre. il ne savait pas comment il pouvait réagir si Lucy le trahissait par exemple, même si elle est la meilleure amie de sa sœur, même s’il l’apprécie, la loyauté a toujours eu une place importante dans la vie de l’américain et aller à l’encontre de sa devise c’était s’en faire un ennemi. Lou était passé par là et ce durant des années et dieu sait que l’ancien boss du Club était entiché d’elle et cela ne l’avait pas empêché de lui mener la vie dure, la seule exception était qu’il n’était pas capable de la tuer. Il regardait Lucy d’un regard presque offusqué. « insinuerais-tu que je serai capable de te faire du mal ? » il riait. « crois-moi, je suis loin d’être ce genre de méchant. » qu’il disait toujours en riant, nerveusement. « j’essaye de laisser cet homme, cette vie derrière moi et même si tu faisais quelque chose qui me mettait en colère, je ne suis pas assez con pour franchir cette limite, d’autres ont tenté le coup et elles sont toujours en vie je te rassure ! » qu’il disait tout en terminant son verre d’une traite. Un réflexe lorsqu’il est nerveux. Il pensait à River qui s’était lancé dans un article contre lui et qui finalement avait fait marche arrière à l'époque, jamais il n’aurait pu la tuer parce qu’il l’aimait bien et c’est ça qui nourrissait sa faiblesse. Les femmes. “Je ne pense pas que tu devrais avoir peur de moi, mais il faut que tu saches que j’ai commis des actes terrible, que j’aimerai oublier …”
Il n’avait pas pesé ses mots, mais elle savait qui il était et Gabrielle avait sûrement dû lui faire part de certains de ses actes, sans compter ce qui était passé aux informations. Il n’avait pas à cacher le fait qu’il était une mauvaise personne donc pourquoi prendre des pincettes ? Il ne comptait pas lui résumer en détails ce qu’il avait fait, mais elle pouvait sûrement l’imaginer.
Suite à cette question, il avait poursuivi en lui avouant ses réelles intentions de la soirée et c’est en regardant la bouteille, hésitant à se resservir un verre malgré ce qui avait été convenu qu’il rétorqua. « Mea culpae ! » sourire en coin. « J’avoue que j’avais peur de te voir refuser mon invitation et je n’avais pas envie d’y aller seul » c’était peut-être ridicule, mais c’était la vérité. Il l’a regardait du coin de l’œil alors qu’elle lui demandait s’il avait effacé sa dette parce qu’elle était proche de Gabrielle. « bien sûr que non ! » Mitchell avait beau tenir à sa sœur il avait ce côté égoïste qui l’empêchait de réfléchir correctement et dans ce genre de situation il faisait les choses principalement pour lui. «Tu m’a rendu un grand service, j’ai passé un bon moment, il n’y a rien à rajouter. » Il observait Lucy droit dans les yeux sans un mot de plus, se contentant de savourer la profondeur de ses yeux bleutés avant de se lever tout en lui montrant son verre. « il est temps pour moi d’y aller. »marquant une petite pause. « merci pour ce soir, j’espère que tu ne m’en veux pas trop et que tu accepteras quand même de me voir à l’occasion …» repensant au fait qu’il tenait à l’inviter pour lui montrer une image de lui bien différente de ce qu’elle pouvait imaginer.
Sur le point de quitter les lieux, respectant les règles qui avaient été fixées à leur retour du gala, il se tournait finalement vers elle en se pinçant les lèvres. « je t’avais donné ma parole, mais tu devrais savoir que je ne suis pas quelqu’un à qui se fier … » qu’il disait sourire en coin, s’approchant d’elle, oubliant immédiatement le fait de devoir quitter l'appartement après ce verre tout comme il passait au-dessus des révélations qu’il venait de lui faire. Il observa à nouveau son regard un petit instant, s’y perdant à en oublier ce qu’il comptait faire. “Si je ne fais pas ça, je vais le regretter et ça se trouve tu ne voudras plus jamais me revoir donc bon … ” Il déposait ses lèvres contre les siennes contre toute attente, bien conscient qu’elle pouvait à tout moment le repousser et le mettre dehors, bien qu’il avait conscience qu’une attirance était bien présente et ce depuis le soir ou il l’avait aidé dans le club de strip tease.
Faisant tournoyer le liquide ambré dans son verre, installée au comptoir de sa cuisine, Lucy se demandait toujours si le fait d’avoir invité Mitchell à monter chez elle était une bonne idée. Elle n’était cependant pas réputée pour prendre de bonnes décisions, et ce dans tous les domaines. Elle avait gâché sa carrière dans la police en dissimulant le trafic de son compagnon et d’autres flics de la brigade. Elle était tombée amoureuse d’un ripou. Et depuis, elle était incapable de faire confiance à un homme, se contentant de parties de jambes en l’air occasionnelles pour satisfaire ses besoins et ses envies. Son esprit était également embrouillé ce soir : Mitchell lui plaisait, c’était indéniable, et il y avait eu entre eux une tension sexuelle palpable lorsqu’ils étaient au club de striptease. Mais il était un criminel notoire, un homme sans aucun doute dangereux, et il était le frère de sa meilleure amie. Toutes ses raisons auraient dû suffire à faire de lui un homme hors limites, au-delà des frontières à ne pas franchir. Et pourtant, il était là, installé à côté d’elle, à déguster le verre qu’elle l’avait invité à prendre. Et si l’esprit de la brunette était perdu, et légèrement embrumé par l’alcool consommé au gala auquel Mitchell l’avait invité, la question du Strange la prit au dépourvu et ne l’aida pas à remettre de l’ordre dans ses idées : est-ce qu’elle trouvait qu’il était quelqu’un d’effrayant ? Sa réponse fut presque aussi floue que ses pensées. La vérité, c’est qu’il devait l’être, effrayant. Il avait déjà tué ou fait tuer, et s’il avait été attrapé pour chacun de ses crimes, sans doute purgerait-il une peine de prison à vie, incompressible et sans aucun aménagement de peine envisageable. Mais l’autre partie de la vérité, c’était qu’il était charmant, qu’il l’avait aidé pour son boulot, qu’il avait fait suffisamment attention à elle pour retenir son alcool et lui faire un cadeau ce soir. Et qu’il était séduisant, très séduisant. Son côté bad boy ne faisait que rajouter une touche de danger à son charme et, quand ils avaient dansé ensemble ce soir, au gala, elle n’avait pas du tout pensé aux infractions qu’il avait commise. Il n’y avait eu qu’un homme et une femme, virevoltant sur la piste de danse. Et pourtant, que se passerait-il si, un jour, ils n’étaient plus du même côté ? S’il dépassait les bornes devant elle, le dénoncerait-elle à la police ? Et alors, se vengerait-il ?
« Insinuerais-tu que je serai capable de te faire du mal ? Crois-moi, je suis loin d’être ce genre de méchant. »
Il riait, mais Lucy n’était pas convaincue. Dubitative, elle haussa un sourcil.
« Ha oui ? Vraiment ? Et si je te voyais commettre un crime et que j’appelais la police, tu me laisserais partir sans rien dire ? »
Elle n’y croyait pas. Chaque homme avait un instinct de survie plus ou moins fort et l’attirance qu’il ressentait potentiellement à son égard -de ce qu’elle avait pu remarquer, en tout cas- ne suffirait sans doute pas pour qu’il l’épargne.
« J’essaie de laisser cet homme, cette vie derrière moi et même si tu faisais quelque chose qui me mettait en colère, je ne suis pas assez con pour franchir cette limite, d’autres ont tenté le coup et elles sont toujours en vie, je te rassure ! »
Nouvel haussement de sourcil de la part de Lucy, qui avait tiqué sur la phrase de Mitchell.
« Elles ? »
Ainsi, c’étaient des femmes qui l’avaient trahi. A chaque fois ? Le fait qu’il affirme qu’elles soient toujours en vie n’était pour autant pas spécialement rassurant, car cela ne voulait rien dire. Avaient-elles été totalement épargnées ou avaient-elles tout de même été punies, sans pour autant perdre la vie ?
« Je ne pense pas que tu devrais avoir peur de moi, mais il faut que tu saches que j’ai commis des actes terribles, que j’aimerai oublier … »
A ces mots, Lucy hocha la tête : ça, elle pouvait comprendre.
« Je le sais. Et je ne suis moi-même pas irréprochable … »
Elle aussi avait un casier judiciaire. Elle aussi avait fait des erreurs qu’elle aurait aimé oublier. Si elle pouvait remonter le temps, elle ferait différemment, sans aucun doute. Jake n’en valait pas la peine. Une histoire d’amour, ou un homme, ne valait pas la peine de sacrifier sa carrière et d’encourir une peine de prison. La suite de la conversation fut tout aussi perturbante pour Lucy : il n’y avait pas de cible, pas de mission, juste une invitation à une soirée, déguisée en dette qu’elle devait lui payer.
« Mea culpa ! J’avoue que j’avais peur de te voir refuser mon invitation et je n’avais pas envie d’y aller seul. »
Elle était perplexe. Certes, il est possible qu’elle aurait dit non, détestant ce genre de soirée. Mais Mitchell était un criminel, un homme intransigeant, auprès de qui détenir une dette était quelque chose de sacré. Elle était surprise de s’en tirer avec une simple soirée passée à ses côtés à siroter du champagne. Du coup, elle s’interrogeait, se demandant s’il lui avait fait une faveur parce qu’elle était la meilleure amie de Gabrielle.
« Bien sûr que non ! Tu m’as rendu un grand service, j’ai passé un bon moment, il n’y a rien à ajouter. »
Pinçant les lèvres, Lucy se contenta de le dévisager : il n’y a rien à ajouter. Le message était clair. Il l’avait utilisé pour ne pas aller seul à la soirée, et rien de plus. Elle n’ajouterait donc pas que, elle aussi, elle avait passé un bon moment, malgré toutes les remarques acerbes qu’elle avait pu faire sur le gala. Elle n’ajouterait pas non plus que, même lors de leur mission d’infiltration du club de striptease, une mission pourtant dangereuse, elle avait été distraite par sa proximité et ses lèvres posées dans son cou.
« Il est temps pour moi d’y aller. »
La brunette le dévisagea, la bouche légèrement entrouverte montrant sa surprise, avant qu’elle ne la referme et hoche la tête. Elle était déçue, sans aucun doute, et s’en voulait presque de ressentir une telle déception. Mitchell, lui, était raisonnable, et avait les idées claires : elle l’avait aidé et maintenant, leur collaboration prenait fin. Il allait partir, et il avait bien raison.
« Merci pour ce soir, j’espère que tu ne m’en veux pas trop et que tu accepteras quand même de me voir à l’occasion … »
Elle hocha une nouvelle fois la tête.
« J’ai promis que je te laisserais une chance de me montrer qui tu es … »
Mais soudain, elle n’était plus tellement sûre de vouloir tenir sa promesse, pas s’il la plantait, là, maintenant, pour rentrer chez lui. Le regardant se rapprocher de la porte d’entrée de l’appartement, Lucy vida le reste de son verre d’un trait et se leva pour le suivre et le raccompagner vers la sortie. Il s’arrêta cependant pour lui faire face avant d’avoir atteint la porte.
« Je t’avais donné ma parole, mais tu devrais savoir que je ne suis pas quelqu’un à qui se fier. »
Il souriait mais Lucy, elle, était à nouveau perdue et perplexe. Pourquoi disait-il cela ? Est-ce qu’il n’annulait pas sa dette, finalement ? Le sourire aux lèvres, il s’approcha de la jeune femme, dont le corps réagit immédiatement à cette proximité. Elle sentait l’électricité qui crépitait en eux, et le désir monter. Rougissant légèrement, elle soutint son regard.
« Si je ne fais pas ça, je vais le regretter et ça se trouve tu ne voudras plus jamais me revoir donc bon … »
Et sans lui laisser le temps de répondre, il gomma les derniers centimètres qui les séparaient et posa ses lèvres contre les siennes. Le désir explosa immédiatement en Lucy et se répandit dans tout son corps. Elle lui rendit son baiser, laissant la passion prendre le dessus. Il n’était plus question de réfléchir, de penser aux actes criminels de Mitchell ou à son lien de parenté avec Gabrielle. Le cerveau de Lucy avait cessé de fonctionner, submergé d’endorphines qui criaient qu’elles en voulaient plus, toujours plus. Passant ses mains dans la nuque du Strange, la détective l’avait attiré à elle jusqu’à sa chambre, refermant derrière eux la porte sur une nuit de plaisir.