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Megan Williams & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveia

D’aucuns pourraient penser qu’une bonne amie serait venue voir Jo le soir de sa prestation et que, par conséquent, en lui proposant de boire un verre ensemble le surlendemain, je montre que je n’en suis pas une. Moi, j’ai simplement estimé que faire tourner le grand soir de Jo autour de moi aurait été égocentrique. J’ai besoin de lui parler – pas avant les félicitations de rigueur, évidemment – mais de Damon, de moi, et de toute cette situation semblable à un imbroglio dont je peine à me dépêtrer. Et puis je l’ai écoutée, sa fichue chanson. J’ai suivi la masse en ouvrant Spotify quelques heures après la sortie du titre, et je l’ai même plutôt apprécié. J’ai vu les photos et vidéos de sa prestation aussi et, de toute évidence, elle n’aurait eu aucune attention à m’accorder ce soir là puisque, de toute évidence, elle était toute accaparée et envouté par le chanteur à ses côtés. Je suppose que les choses vont mieux entre eux, donc. Je ne saurais l’affirmer avec certitude et pour cause : nous n’avons pas eu une minute l’une pour l’autre, cet hiver. Elle parce qu’elle était par mont et par vaux, en train de préparer son album, moi parce que Damon et moi avons eu besoin de nous refermer sur notre couple pour nous solidifier, après l’épisode Constantine.

Ce soir, c’est soirée scène ouverte. Les artistes qui se produiront sur scène n’auront pas ne serait-ce qu’un tantinet du talent de la brune que je repère déjà dans le carré vip du club de Jazz, et que j’indique rejoindre pour que me laisse y accéder. Je me glisse à ses côtés, lui adresse un immense sourire et dépose un baiser sur sa joue. « Donc on peut encore te parler sans avoir à passer tes gardes du corps avant, bonne nouvelle. » Pour l’instant, elle n’est pas entourée de types à la mine patibulaire en permanence. Nul doute que cela ne saura tarder, si elle perce comme elle rêve certainement de le faire. Et elle le mérite : je n’y connais pas grand-chose à l’industrie musicale, mais je ne doute pas pour autant que ce soit le cas. « J’ai vu ta prestation sur YouTube, du coup je sais pas si je suis censée te vouvoyer ou te tutoyer, maintenant. » Je jette un coup d’œil circulaire autour de moi, à la recherche d’un serveur ou d’une serveuse. « Faut commander au bar ou y’a quelqu’un qui va passer ? » Je vois qu’elle-même n’a pas encore de verre devant elle, et elle doit déjà connaître la maison. J’ose espérer que sa notoriété nouvelle mais croissante nous offrira au moins le privilège de ne pas avoir à lever nos séants : nous avons des choses à nous dire, j’ai des choses à lui dire et je préfèrerais rentrer dans le vif du sujet au plus vite.

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Mettre son téléphone en silencieux 24 heures à peine après la sortie d’un titre qui avait déjà amassé assez d’écoutes sur les plateformes de streaming pour déjà être considéré comme un tube, ce n’était pas l’idée du siècle. Et pourtant, Jo avait prévenu les membres les plus importants de son entourage que, pour une ou deux heures, elle serait parfaitement injoignable. Dire qu’elle redoutait que Megan lui reproche de ne pas lui accorder toute son attention, occupée à répondre aux sollicitations à tout-va, serait mentir — elle méritait les sollicitations, elle méritait les bonnes critiques, elle méritait tout ce qui lui arrivait maintenant, point final — elle avait juste besoin de prendre une respiration puisque depuis la veille, elle avait la sensation de ne pas avoir eu une seule seconde à elle. Et ce n’était pas si mal, elle ne s’en plaignait absolument pas : c’était tout ce qu’elle avait toujours voulu, mais le rendez-vous fixé par la blonde, il était son excuse rêvée pour se poser, seule le temps qu’elle n’arrive, et faire le point sur ce que provoquait chez elle tout ce ramdam autour d’elle, de Midas, de leur duo. Alors, tranquillement, elle poussa le bouton pause le temps de s’installer à l’abri des regards, salua d’un geste de la main les prioritaires de l’endroit, escortée par les agents de sécurité du club et non de son père, que lui aussi, elle avait renvoyé à la niche pour éviter d’avoir à supporter la bave qui lui coulait sur le menton à l’idée que sa fille atteigne quelque chose plus ou moins par ses propres moyens, et attendit presque sagement de voir la plastique de poupée de Megan se trémousser jusqu’à elle, repoussant l’envie de déjà reprendre son téléphone pour demander à Midas ce qu'il faisait. A la place, elle lissa la longueur de sa tresse allongée par les extensions du bout des doigts, posa un coude sur le bord de la table jetant des petits regards indiscrets à la scène investie par les courageux, et déporta ses yeux sur le mouvement qu’il y eut à l’entrée du carré VIP après un instant de contemplation absente pour mieux regarder Megan s’avancer.

Quand elle lui déposa un baiser sur la joue, elle râla pour la forme en grimaçant d’abord, le nez froncé, en se tamponnant l’endroit où elle avait laissé sa trace sur sa peau avec sa paume ensuite "Tu ruines mon make-up." Elle était contente de la voir, c’était ce qu’il fallait comprendre. Elles n’avaient échangé que par textos depuis des semaines, pas toujours dans la joie et la bonne humeur d’ailleurs, mais personne ne s’en formalisait, c’était comme ça que ça se passait. Se redressant avec la mine des vaniteux accrochée au visage, Jo surjoua un peu l’importance pendant qu’elle lui répondait "Ce sont ceux du club, les miens t’auraient fait un tâcle avant même que tu puisses poser un regard sur moi." Franchement, c’était à peine exagéré quand on parlait d’Isaiah ; homme, femme, enfant, ça avait peu d’importance pour lui.
Replaçant sa longue tresse entre les bretelles en dentelle de sa robe, elle continua à jouer le jeu de Megan "Tu peux me tutoyer, mais t’as obligation de m’appeler madame. À la fin de notre conversation, on t’apportera un contrat que tu devras signer et respecter toute la durée de notre amitié." Elle opina très sérieusement, l’éclat dans ses yeux soulignés d’un liseré de paillettes mordorées confrontant le bleu de ceux de Megan. Soudainement, elle murmura avec enthousiasme "Oh, tu veux voir un tour de magie ?" Suite à la question de la blonde, elle leva légèrement le bras puis, pouce contre le majeur de sa main gauche, elle claqua des doigts en direction de l’un de ses gardes du corps qui n’attendit même pas qu’elle lui dise quoi que ce soit, et quitta son comparse pour aller alpaguer un serveur qui viendrait dans quelques secondes. En attendant, elle pointa le menton vers Megan "Impressionnant, hm ? C’est mon nouveau super-pouvoir." fit-elle, avant de retrouver une posture un peu plus naturelle, une légère fossette creusant sa joue quand elle lui demanda, son attention redirigée vers elle "Je suppose que c’est pas pour me caresser dans le sens du poil que tu voulais me voir." Pas de ça entre elles. Elle ne lui demanda pas c’est quoi les bails ? mais le regard qu’elle lui lança voulait dire exactement la même chose.

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Je lève théâtralement les yeux au ciel lorsqu’il est question du maquillage de Jo, qui est parfait sans que je n’en ai de toute façon quoi que ce soit à faire. Même dans un contexte comme celui-là, même alors que notre relation est apaisée, Jo ne peut s’empêcher de morde, ne serait-ce qu’un tout petit peu et je mentirais si je disais être surprise. Ce mode de communication, lorsqu’il ne prend pas des proportions qui deviennent désagréables, ne m’a jamais dérangée. Notre dernier échange de message, je n’ai pas l’intention de l’évoquer, pas si elle ne le fait pas elle-même, mais je ne peux nier que je suis curieuse de savoir ce qui l’a motivé, tout comme je le suis de savoir si elle a vraiment compris et intégré ce que je lui ai dit. Je n’ai pas de grief en particulier à lui distribuer. Simplement une observation : Jo aime l’attention et aime faire tourner les têtes, et elle n’épargne pas ceux qui n’ont pas le moindre intérêt de ce genre pour elle.

« Ce sont ceux du club, les miens t’auraient fait un tâcle avant même que tu puisses poser un regard sur moi. » - « Et bien. C’est pas ça qui va aider tes chevilles à dégonfler. » La brune, dont l’égo a déjà du mal à passer les portes en un temps normal, ne s’est pas engagée sur la voie de la modestie. Elle a le droit d’être fière d’enfin recevoir ce qui lui est dû, mais moi, je m’octroie le droit de m’en moquer. « La bonne nouvelle, c’est que tu risques pas de plus te considérer comme la chose la plus précieuse au monde que c’est déjà le cas. » Je la taquine gentiment, avant de vérifier rapidement dans le reflet de l’écran noir de mon téléphone verrouillé que mon maquillage n’a pas bougé depuis que j’ai quitté mon appartement. « Tu peux me tutoyer, mais t’as obligation de m’appeler madame. À la fin de notre conversation, on t’apportera un contrat que tu devras signer et respecter toute la durée de notre amitié. » - « J’ai déjà signé un contrat prénuptial tu sais, y’a plus grand-chose qui peut m’impressionner. » Saül s’est évidemment assuré que je ne pourrais rien prendre à son fils en cas de divorce. Le jeune homme n’était même pas là, lorsque j’ai été convoquée pour signer les papiers, et nous n’avons jamais réellement évoqué le sujet. Je suppose que c’est normal dans ce genre de famille, et d’autant plus dans le contact qui entoure notre mariage. « Ma dernière relation qui n’était pas encore régie par un contrat. Tu me brise le cœur. » Un bras accoudé sur le sommet du dossier du sofa, je porte l’autre à plat contre mon cœur, un air de chiot triste sur mon joli minois.

« Oh, tu veux voir un tour de magie ? » - « Hum ? » La jeune femme claque des doigts et je tourne la tête pour regarder dans la même direction qu’elle et voir son petit soldat s’animer sous ses ordres. Il va sans dire que mes yeux roulent dans leur orbite. « Impressionnant, hm ? C’est mon nouveau super-pouvoir. » - « Prétentieuse. » Je penche la tête sur le côté et plisse les lèvres. « Tu sais que c’était aussi rapide de héler directement le serveur ? » Je me moque gentiment, mais ça n’est reste pas moins viens. Le pauvre homme aurait fait son métier, qu’un garde du corps lui souffle de le faire ou pas. « Je suppose que c’est pas pour me caresser dans le sens du poil que tu voulais me voir. » - « Direct dans le vif du sujet. On se demande pas comment on va, ce qu’il s’est passé dans notre vie depuis la dernière fois et tout ce qui va avec ? » Je m’appuie un peu plus sur le dossier du canapé en velours rouge, un rictus amusé par mon minois. « T’as mis un minuteur c’est ça ? T’as combien de temps à m’accorder avant de me congédier pour t’affairer à des choses plus importantes » Je mime des guillemets avec mes doigts pour appuyer mes mots.

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"Je suis la chose la plus précieuse au monde." Selon son avis en tout cas, mais disons que jusqu’à présent, on lui avait donné assez peu l’impression de ne pas l’être. Jusqu’à ce que son père décide de lui enfoncer de force des leçons de vie du plat de sa main, Jo avait relativement été traitée comme une princesse durant toute son enfance au moins, c’était bien pour ça qu’elle était devenue la personne qu’elle était aujourd’hui. Ne parlons pas des quelques personne qui la regardaient avec des coeurs dans les yeux au risque de forcer Megan à lui dire encore une fois qu’elle adorait ça — vrai au demeurant, qui n’adorerait pas ça ? Elle n’était franchement pas aidée dans l’action de redescendre de son petit poney non plus. Non, ce n’était pas la faute des autres, seulement elle avait tout de même le droit de le prétendre rien qu’un peu histoire de. De toute façon, elle en jouait, de sa prétention exacerbée parce que c’était drôle de donner l’impression de se prendre pour la huitième merveille du monde, mais le succès ne l’avait pas faite devenir comme ça, et ne la ferait pas devenir pire que ça non plus. Point positif de son caractère pourri, elle était stable dans sa façon de se la raconter, qu’elle vende des disques ou pas.

Un petit rire enroué lui échappa quand le contrat prénuptial de la blonde fût mentionné. Non pas que c’était particulièrement drôle, simplement elle oubliait parfois ce qui se cachait derrière la surface rutilante de la richesse. Elle prit une moue aussi faussement triste que celle de Megan quand elle se désola de devoir passer par la case signature de contrat avec elle aussi. Elle ne lui répondit rien, mais le sourire en biais qui fendit son visage juste après avoir retrouvé une expression normale voulait peut-être bien dire que, elle vivante, elle ne ferait signer aucune espèce de contrat à qui que ce soit pour préserver ses secrets. Encore que, ça lui serait peut-être utile si jamais sa langue fourchait à propos de son trophée, mais elle avait suffisamment confiance en son cercle très restreint pour ne pas être obligée de pencher vers la parano.

Un léger doute s’insinua quand elle repensa à Charlie, à leur discussion à Sydney, et au fait que la blonde se fichait comme d’une guigne de ce qu’elle lui avait confié en vérité, donc elle ne craignait pas grand-chose, si ? Elle se recentra intimement, tournant les yeux vers Megan pour mieux y parvenir "Ouais, mais c’est quand même vachement moins marrant." De héler quelqu’un pour le faire venir au lieu de le faire escorter par un agent de sécurité qui avait des bras de joueur de rugby sous-stéroïdes "Ah putain, on fait ça maintenant alors ?" Elle roula des yeux Jo, se parant soudainement d’un sourire tellement faux qu’elle sentit le coin de ses yeux s’étirer et sa voix devenir crécelle quand elle fit à Megan dont elle attrapa le poignet pour surjouer l’enthousiasme "Comment ça va, Meg ? Qu’est-ce qui s’est passé dans ta vie depuis la dernière fois ?" Prouvant par un nouveau froncement de nez qu’elle se moquait d’elle, lui lâchant la main, elle lui dit plus sérieusement en s’accoudant à la table "T’en es où de ton training pour ton film ?" Chose qui était plus risible que le contrat prénup qu’elle avait signé avec Ken, Barbie était maintenant actrice. Dans l’immédiat, c’était risible parce que ça sortait de derrière les fagots, mais au fond, Jo n’avait pas de mal à comprendre pourquoi l’autre demeuré qui lui servait d’ex-amant avait accepté son chantage : comme avec Micah, elle aurait très bien pu lui proposer de tourner dans son premier clip tellement elle était belle, et c’était sincère. Dans tous les cas, que ce soit une lubie ou pas, Jo serait derrière elle, comme la grande-soeur fière qu’elle pourrait apprendre à devenir, exactement comme elle avait été derrière elle durant tout son parcours récent. Pas beaucoup de qualités certes, tout de même loyale à l’extrême Jo, c’était encore ce qui comptait le plus.

Pinçant les lèvres, elle se laissa tomber en arrière sur la banquette cosy du carré VIP, et consulta le cadran imaginaire d’une montre qu’elle ne portait pas au poignet de sa main dominante, lui rétorquant dans la foulée "Je suis partie sur deux heures, mais si tu pouvais accélérer, ce serait apprécié. Je suis très demandée, tu te doutes." Elle était très demandée par son besoin avide de se barrer de là pour coller au train de Midas surtout, mais ça, elle ne l’éclaircit pas, campant sur le rôle de l’étoile naissante qu’elle était, tellement sollicitée qu’elle était obligée de prendre rendez-vous avec ses amies pour les voir. Doucement, mais sûrement, Jo fronça brièvement les sourcils en reposant son petit regard de fouine suspicieuse sur Megan. C’était bizarre en vrai, elle ne tournait que rarement autour du pot, c’était bien pour ça qu’elle semblait tant l’apprécier Blondie : parce que Jo avait la délicatesse d’une boule de démolition — à s’abattre de tout son poids plume sur ceux qu’elle avait dans le viseur sans s’inquiéter des dégâts. Ses longs ongles se mirent à battre la mesure sur la table, et puis enfin, sa patience fondant comme un cornet de glace au soleil, elle se lança, sa tête se penchant pour capter le bleu de ses yeux de poupée "Sérieusement. T’es sûre que ça va ?" Décidant d’être un peu moins brute sur l’instant, Jo se tourna de trois quart vers la blonde pendant qu’un serveur venait enfin prendre leur commande.

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« Ce dont on est certains en revanche, c’est que tu n’es pas la chose la plus modeste. » J’esquisse un sourire amusé : avec moi, Jo a le droit de prendre la grosse tête, d’une part parce que je serai toujours là pour la tirer par les pieds et les lui ramener sur terre, d’autre part parce que je suis coupable du péché d’orgueil, moi aussi. Ou en tout cas, je prétends l’être quand, dans les faits, je suis pétrie d’incertitudes et surtout en ce moment. J’ai peur du tourbillon médiatique qu’entrainera ce fichu article qui va remuer la merde mais, surtout j’ai peur de perdre Damon dans la mêlée. C’est inexplicable, ce n’est pas fondé, mais j’ai peur que la lumière soit faite sur les conditions de notre mariage et que d’une façon ou l’autre, on me l’arrache. « Ouais, mais c’est quand même vachement moins marrant. » - « Quelques interviews à droite et à gauche et tu es déjà devenue exécrable avec le petit peuple. J’en attendais pas moins de toi. » Mais soit, il est vrai que c’est amusant, de voir l’armoire à glace, chargé de la sécurité du bar, se dépêcher d’interpeller un serveur pour lui désigner notre table. J’ai l’impression d’être une princesse des temps modernes ou ce qui s’en rapproche le plus, et ce n’est pas pour me déplaire. Lorsqu’il arrive, je commande un verre de vin blanc en toute modestie : l’alcool fort me monte un peu trop vite à la tête.

« Ah putain, on fait ça maintenant alors ? » - « Hum ? » Sourcil froncés, front plissé, je l’interroge du regard. Par ça, qu’entend-t-elle ? Echanger comme si nous étions des personnes normales ? « Comment ça va, Meg ? Qu’est-ce qui s’est passé dans ta vie depuis la dernière fois ? » Mes yeux roulent dans leur orbite et je peste. « Tu pourrais au moins faire semblant que t’es heureuse de passer un peu de temps en ma compagnie. » Où est passé mon amour du tough love, discipline à laquelle Jo et moi nous adonnons régulièrement et à laquelle nous excellons – elle tout particulièrement ? Je l’ignore, je l’ai certainement temporairement égaré en même temps que ma fierté, à cause de ma nervosité croissante alors que la sortie de l’article approche. « T’en es où de ton training pour ton film ? » - « Pas mal. Je cours pas encore un semi marathon, mais je donne le change. » De toute façon, nous ne filmons pas Invictus. Les scènes de rugby seront présentes, mais ne nécessitent pas autant de réalisme que pour des films qui prêtent la part belle au sport. « On les emmerde, je serais doublée de toute façon. » Pour les plans de loin qui seront fait pour montrer les parties enflammées. « C’est pas comme si Scott pouvait me remplacer. » Amusée, je porte mon verre de vin – nous avons été servies – à mes lèvres tout en lui adressant un sourire rieur. Je connais mes atouts, je sais utiliser les cartes que j’ai en main.

« Je suis partie sur deux heures, mais si tu pouvais accélérer, ce serait apprécié. Je suis très demandée, tu te doutes. » - « Deux heure hein. Tu donnes combien à Charlie ? » Je ne fais que prétendre être jalouse de la différence de traitement que nous recevons parfois la policière et moi mais, par moments et par moments seulement, je n’en pense pas moins. Lorsque j’ai dit à Jo que seules les personnes ayant un intérêt d’un autre ordre pour elle avaient le droit aux plus doux aspects de sa personnalité, je ne l’ai pas fait dans le simple but de la piquer ou de l’emmerder. C’est une réalité, parfois, j’ai le sentiment qu’elle serait plus facile à vivre avec moi si j’avais prétendu dès le premier jour que j’avais envie de la mettre dans mon lit. Toutefois, c’est de loin la dernière de mes préoccupation pour l’heure, et Jo a l’air de flairer que tout n’est pas rose dans mon quotidien. « Sérieusement. T’es sûre que ça va ? » Je l’observe, prête à feindre que chaque détail de mon existence est merveilleuse, avant de pousser un long soupir et de laisser retomber mes épaules. « Honnêtement ? J’en sais rien. » Dans les faits, Damon est merveilleux et mon mariage l’est tout autant. Je sais qu’il m’aime, et j’apprends tous les jours à apprendre à conjuguer avec ma jalousie à l’égard de toutes ses anciennes conquêtes, et d’accepter que c’est moi qu’il a choisie, et qu’il ne changera pas d’avis. « C’est pas Damon. Il est parfait. On a eu des… Soucis, cet hiver, mais il reste parfait et il m’a dit qu’il m’aime, plusieurs fois même. » Alors pourquoi ai-je autant de mal à être certaine que je ne me retrouverai pas un jour seule ? Certainement parce que je ne suis pas habituée à ce qu’un homme m’aime pour autre chose que mes courbes avantageuses et mon joli minois et que tout le reste me met en insécurité. Avant de continuer, je baisse ma voix. « Mon beau-père, ce qu’il m’a fait… » J’hésite un instant avant de continuer : cela sera de notoriété publique dans quelques semaines de toute façon, je n’ai plus à craindre de dévoiler le secret de mon époux. « Ce qu’il a fait à Damon. » Autrement dit : le jeune Italien a lui aussi été victime de la violence de son père et à plusieurs reprises. « Un article va sortir, bientôt. On a témoigné lui et moi. J’ai peur des conséquences. »

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C’était toujours le même disque qui tournait avec Megan. Au moins, elle restait dans le thème du club dans lequel elle avait daigné ramené son fessier de pin-up. Cette musique qui n’était certes pas rassurante, elle entérinait pourtant l’idée qu’elles étaient au moins assez proches pour anticiper les paroles de l’autre, et le moins que l’on pouvait dire, c’était qu’elle radotait quand même pas mal, Barbie. À part battre exagérément des cils, non sans démontrer un peu de fierté au passage à l’idée de n’être ni modeste ni tendre avec le petit peuple, Jo ne répondit rien.

Elle renchaina sur le reste en revanche, et ce après avoir demandé une simple eau gazeuse au serveur rameuté dans l’intervalle par sa sécurité. Reposant son regard sur elle, elle lui adressa la moue de ceux qui compatissent pour de faux "Tu veux que je te fasse un câlin tout de suite ?" Pour lui prouver qu’elle était heureuse de la voir. S’il ne lui fallait que ça pour qu’elle y croit, Jo le ferait. Ou pas. Inutile de palabrer sur son esprit de contradiction, inscrit au fer rouge dans sa manière de se comporter pour emmerder le monde des autres, le sien se devant de tourner selon ses propres règles. Sa façon de se rattraper, si tant était qu’elle cherchait à le faire, c’était de s’intéresser à ce plan dont elle lui avait vaguement parlé par texto, lui balançant la nouvelle de sa participation à un film pour ensuite ne plus daigner lui répondre lorsqu’elle s’était inquiétée de savoir si elle gérait cette affaire, si elle savait ce qu’elle faisait. Pas la dernière à lui reprocher de s’en battre le reins la blonde, mais reconnaître qu’elle éprouvait de l’inquiétude sincère à son sujet, ce n’était pas à sa portée visiblement. Alors que c’était le cas. Vraiment. C’était bien elle qui avait tenu à ce que Jo la définisse comme sa meilleure amie, et pour ce que ça valait, elle n’avait pas perdu de temps à le contester "T’as rencontré tes partenaires de jeu ?" qu’elle lui demanda, piochant la rondelle de citron qu’il y avait dans le verre qu’on venait de déposer devant elle pour ensuite croquer dedans et froncer les sourcils à l’écoute de ce qu’elle lui disait. Pas parce que son citron était trop amer, mais parce qu’avec une éthique de travail aussi naze, Megan allait vite redescendre de son petit nuage "T’en as quand même quelque chose à foutre de tout ça, ou tu veux juste saboter le projet ?"

Finalement, elle déposa sa rondelle de citron dépiautée à côté de son verre, en sirota une gorgée par la paille qu’elle avait fait tourner inlassablement pour disperser les bulles qu’elle regarda brièvement, toujours happée par ce qui ressemblait de près ou de loin à des paillettes. Elle appréciait assez peu les insinuations de Megan — qu’elle taisait pour l’heure, mais comme elle lui avait déjà donné son avis sur la manière dont elle gérait ses relations, sans doute que sa pseudo-jalousie partait encore de cette analyse qu’elle avait faite et qui la plaçait en Cosette de l’histoire. Ouin la vilaine Josephine qui était dure avec elle juste parce qu’elle ne supportait pas qu’elle ne veuille pas la mettre dans son lit. Elle s’était excusée d’être une pétasse, elle lui avait dit que ce n’était pas ce qu’elle attendait d’elle, et pourtant elle semblait insister ; c’était tout ce que retenait Jo. Un soupir hachuré lui échappa, et puis elle se força à avaler la gorgée d’eau qu’elle avait repris dans la foulée pour se donner les moyens de fermer sa grande gueule. Une fois qu’elle fut certaine de ne rien dire de travers, elle termina par lui dire sur le ton plat qui était le sien quand elle retenait ses sorties les moins glorieuses, son verre posé dans l’espace vide laissé par ses bras croisés au bord de la table "Etant donné qu’elle a répondu présente chaque fois que j’en ai eu besoin quand ça allait pas, je dirais que je lui en donne vraiment pas assez." Elle le pensait, elle en ferait ce qu’elle voudrait de cette réponse. Qu’importait que les relations n’avaient pas toujours été au beau fixe avec Charlie, Jo avait pu compter sur elle ces sept derniers mois au moins, et ça resterait une dette qu’elle paierait un jour où l'autre.

Elle n’ajouta rien d’autre après ça, s’inquiétant simplement des états d’âme de Megan. Elle était consciente que dans tous les cas, la conversation n’avait pas vocation à tourner autour de son nombril, et de bonne humeur malgré les apparences, elle passa vite sur ça pour l’écouter une bonne fois pour toutes. Les épaules de la blonde retombèrent, Jo s’appuya davantage contre la banquette en analysant ses micro-expressions avec attention. Dire qu’elle s’attendait au pire serait un euphémisme, Megan avait le chic pour se foutre dans des situations pas possibles que Jo ne comprenait pas la plupart du temps. Elle ne l’interrompit pas lorsqu’elle lui parla de ce qui la tracassait, évita même un petit commentaire qui lui passa par la tête à l’adresse de Damon, et inclina la tête sur le côté pour réfléchir à la meilleure manière d’aborder les choses pour ne pas être targuée de salope insensible — encore une fois, on s’y faisait. Elle passa sa langue sur ses lèvres, les pinça fort une longue seconde, et enfin elle lui demanda "J’ai le droit de te poser toutes les questions que je veux ?" Ou si elle le faisait, elle allait en faire une occasion de lui balancer ses quatre vérités ? Elle garda cet ajout pour elle, anticipa pour poursuivre, ses yeux se détournant des siens pour regarder la glissade jusqu’à elle qu’elle imposa à son verre histoire de taper sa paille dans le fond pour de nouveau faire tourner les bulles "Il a fait quoi à Damon exactement ?" Elle savait plus ou moins pour Megan "J’ai aucun intérêt à en parler à qui que ce soit, t’as rien à craindre." Elle savait garder les secrets comme personne Jo, encore une qualité à ajouter à sa liste. C’est qu’elle s’allongeait. Dingue "T’as peur que ça attire l’attention sur ton mariage ?" Dans tout ça, Megan n’avait qu’un truc à perdre, ce n’était pas dur à deviner.

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« Tu veux que je te fasse un câlin tout de suite ? » Je lève les yeux au ciel sans autre forme de cérémonial, au fond peu surprise du manque de marque d’affection dans l’attitude de Jo. Tout le monde sait que ce n’est pas le genre de la maison et si je ne cesserais jamais de lui faire des remarques pour autant lorsque je trouve qu’elle en devient froide – trop froide – je ne peux plus prétendre que je tombe des nues face à ce genre de comportement.

« T’as rencontré tes partenaires de jeu ? » Je hoche la tête, incertaine quant à l’intérêt réel de Joséphine pour cette information. Mais, après tout, peut-être y-a-t-il des têtes connues pour elle dans le lot, elle qui a toujours évolué à moitié sous la lumière des projecteurs pour s’y retrouver à présent en plein milieu. « Ouais. Le casting a été rendu public normalement, t’as pas vu ça passer ? » Moi, j’ai commencé à échanger avec certains sans pour autant me sentir investie de la mission de nous rapprocher pour que nous devenions tous une grande famille. « Tomlinson, Aiden Turner, je vais devoir roules des pelles au gratin Brisbanien. » A une époque, j’aurais poussé la plaisanterie bien plus loin à ce sujet. J’aurais été la première à sombrer dans le grivois mais, aujourd’hui, cela me laisse de marbre. Damon est le seul qui m’importe et le tournage, ce n’est qu’un boulot, un rôle que je vais devoir jouer et je suis très au clair avec ça. « T’en as quand même quelque chose à foutre de tout ça, ou tu veux juste saboter le projet ? » Je plisse les lèvres en une moue boudeuse, et je penche légèrement la tête sur le côté en observant Jo un instant. Est-elle simplement curieuse – en bonne amoureuse de potins en tout genre – ou bien me juge-t-elle un peu à sa façon ? Je n’ai jamais eu le sentiment qu’elle le faisait, mais on touche à présent à la sphère artistique – même si elle est différent de la sienne – considère-t-elle que je vole la place d’une jeune actrice bourrée de talent qui aurait rêvé de jouer mon rôle ? « J’ai pas l’intention de saboter le truc. » Me couvrir de ridicule n’a jamais été le genre de chose qui me plait. « Je vais le faire du mieux que je peux. Mais je mentirais si je te prétendais que me couche tous les soirs en me faisant des nœuds au ventre en me demandant si je suis au niveau. » Peut-être pas mais après tout, jouer la comédie face aux caméras n’est qu’une variante d’un domaine où je suis maître, non ? « Je ferai le boulot qu’on me demandera de faire pour que ça marche. » Mais personne ne doit s’attendre à ce que je me tue à la tâche ou m’investisse corps et âme.

« Etant donné qu’elle a répondu présente chaque fois que j’en ai eu besoin quand ça allait pas, je dirais que je lui en donne vraiment pas assez. »
« Okay. »

J’ignore comment je suis supposée prendre la remarque de la brune et, dans le doute et connaissant sa propension à la provocation, je préfère éviter de la relever. A quelqu’un d’autre, j’aurais dit "parce que moi je ne suis pas présente ? mais je sais très bien que Jo me rentrerait dedans si elle l’estimait justifié, que ce soit le cas ou pas. De toute façon, je ne suis pas là pour ça. Je suis là parce que j’appréhende les jours à venir, pas à cause du film ou d’une quelconque compétition et jalousie concernant la façon dont elle distribue son attention et son affection. « J’ai le droit de te poser toutes les questions que je veux ? » Comme si une réponse négative de ma part pouvait changer quoi que ce soit à la façon de se comporter de Jo. La parade est simple, de toute façon. « Tu peux me poser toutes les questions que tu veux. » Simplement, il n’est pas certain qu’elle connaisse de réponse, en fonction de si je suis disposée à la lui donner ou pas. « Il a fait quoi à Damon exactement ? J’ai aucun intérêt à en parler à qui que ce soit, t’as rien à craindre. » Je n’ai pas peur qu’elle en parle, pas plus que je n’ai envie de trahir le secret du blond mais, à présent, cela n’a plus la moindre importance. Aujourd’hui, je suis certaine qu’il m’autoriserait à le faire : s’il s’apprête à dénoncer Saül, c’est qu’il est prêt. Seulement, ai-je réellement besoin de répondre ? « Plus ou moins la même chose qu’à moi. Avec des variantes, mais pendant et depuis des années. » Aujourd’hui, si Saül ne lève plus la main sur lui, c’est parce que Damon a pris radialement ses distances avec l’homme d’affaires. « C’est un homme violent. Tu dois certainement pouvoir imaginer. » Pas parce que je soupçonne quoi que ce soit de similaire dans son histoire, mais parce que la pop culture est bourrée de représentations de ce genre de mari, de frère ou de père. « T’as peur que ça attire l’attention sur ton mariage ? » A elle, je peux l’avouer bien plus ouvertement qu’à d’autres amies. « Oui, entre autres. » Je veux que notre secret en reste un. « Damon et moi on est d’accord pour dire que ça ne regarde que nous. » Ce genre de révélation n’est pas au programme, mais ne pourraient-elles pas nous être imposées ? « Mais l’homme à l’origine de l’article est un ex à lui. Et je n’ai pas confiance, pas une seule seconde. » Malgré les paroles de mon mari que je considère comme incapable de faire preuve d’objectivité le concernant. « On va bien lui et moi. Notre relation a jamais été aussi bien. Il m’a dit qu’il m’aimait je… » J’ai peur que tout me soit arraché après qu’un avenir heureux m’ait été collé sous le nez. « J’ai peur que remuer la merde pour rien le fasse… Je sais pas, Que ça abime ou gâche ce qu’on a enfin réussi à construire. »

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@Megan Williams ☆ crédit/keetika

"J’ai été un peu occupée." Et franchement, la couverture internet à Adelaïde Hills ? Elle ne valait pas un clou, alors elle avait fait l’impasse sur les ragots du moment le temps de faire ce pourquoi elle avait été exilée à plusieurs kilomètres de là. Une détox des réseaux sociaux, ce n’était pas si mal que ça, surtout quand on y était obligé en vrai, parce que pas moyen de s’empêcher de scroller non plus, et puis quoi encore. Passée à côté de l’info concernant le projet dans lequel Meg était impliquée, elle dressa pourtant l’oreille en entendant un nom qu’elle connaissait plutôt bien "Micah ?" Elle se mit à rire doucement. L’esprit de Jo, il était calibré pour toujours pencher du côté salace des choses. Imaginer Micah emballer Megan, ça la faisait bien marrer. De là à lui proposer un training pour que ça paraisse plus vrai à l’écran, leur idylle, elle qui avait eu les faveurs de l’acteur pendant quelques temps, elle se retenait de le faire, mais elle ne manquerait sûrement pas une occasion de leur rendre visite pour les voir faire des roulés-boulés sous la couette pendant le tournage, même si ce n’était que pour de faux. Y avait moyen qu’elle immortalise ça pour ressortir les dossiers pendant les grands rassemblements, histoire de ne laisser à personne l’occasion d’oublier qu’ils avaient fait semblant d’être un couple à un moment donné. On était immature ou on ne l’était pas, et Jo l’était quand même pas mal quand elle voulait "Pour un premier film, t’aurais pu tomber plus mal que ça." finit-elle par lui dire. Elle lui reconnaissait un génie manipulateur assez impressionnant à la blonde, à croire qu’elle avait le chic pour s’entourer de masterminds de talent, ça lui donnait certainement l’air plus intelligent à Josephine "Tout ce que j’espère, c’est que tu sais ce que tu fais et que t’es prête à essuyer les critiques qui viendront avec la promo du film." Si Megan était mauvaise actrice, elle se mangerait des murs qui feront du mal à son ego. Elle qui avait l’habitude d’être encensée, surtout pour sa beauté, ça lui ferait peut-être du mal d’être jugée médiocre pour la première fois de sa vie, qui savait ? Sans doute avait-elle pensé à ça, aux répercussions qu’un échec aurait sur elle, mais aussi sur tout ceux impliqués dans le projet. C’était bien beau de vouloir faire les choses à sa manière, encore fallait-il assurer que les dommages collatéraux soient moindres. Jo se permettait d’y songer parce qu’elle avait eu l’exemple parfait devant les yeux, et que Midas n’avait absolument pas pensé à ce qu’impliquait une magouille en son nom quand il avait pris sa décision. Mais grand bien faisait à Megan, si elle pouvait en profiter pour faire fructuer sa petite notoriété, et qu’en plus, elle réussissait à se venger de ce connard qu’elle avait eu comme amant pendant des années. Franchement, c’était tout bénéf, et Jo serait la première à l’applaudir d’avoir tenu son plan jusqu’au grand final.

Elle s’inquiétait moins de ça que de l’air qu’elle avait sur le visage à ce moment-là. Elle n’avait pas nécessairement envie de la revoir s’effondrer comme à la mort de sa mère, alors elle préférait lui laisser l’espace de s’exprimer, se montrant sans doute plus délicate qu’à l’accoutumé en lui posant des questions au compte-gouttes sous l’autorisation de la jeune femme qu’elle regarda quand elle lui répondit à propos de ce que son beau-père avait fait subir à Damon. Jo hocha juste très doucement la tête lorsqu’elle prit sens de ce qu’impliquait le péché de Saül Williams à l’encontre de son fils, et ne déterra pas ce que ça faisait résonner en elle de songer que le blond avait peut-être lui aussi appris à vivre avec ça. À la différence qu’il avait préféré être doux, Jo dure. Chacun sa manière de supporter ses traumatismes, elle n’avait rien à dire à ce sujet — juste "Ouais, je crois que je peux l’imaginer." Et s’en désoler sans le dire. Elle n’avait pas l’habitude de prendre le partie de Damon, le faire maintenant, ce serait soulever des questions de la part de Megan, et elle voulait l’éviter. Elle reposa son regard pour l’entendre confirmer qu’elle s’inquiétait pour son mariage, mais pas que "Et ça regarde que vous, laisse personne se mêler de ça si vous vous en sortez en vous soutenant mutuellement. Je suis sérieuse, laisse personne s’interposer entre vous en pensant que ça vous aidera à débloquer une situation." interjeta-t-elle sans agressivité, mais sans trop de douceur non plus, soudainement investie.

Le son qu’elle laissa échapper en prenant connaissance de l’identité du lanceur d’alerte de toute cette affaire, il sortit de ses lèvres en même temps qu’elle prenait un peu de recul avec la table qu’elles occupaient, son dos venant épouser le dossier de la banquette pour mieux être soutenue, sa tête vrillant sur le côté pour mieux observer Meg "C’est quel genre d’ex ? Un ex d’une fois ou deux, ou un ex-ex ?" Dans les deux cas, avec Jo, la sentence serait la même. Mais Megan restait moins puritaine qu’elle à ce sujet, quant à sa jalousie, elle était difficile à situer quand jusqu’à récemment, son mariage n’avait été qu’une couverture. Elle prit un temps pour réfléchir Jo, baissant son regard sur son verre qu’elle ne touchait plus depuis quelques secondes déjà, et haussa les épaules en amorçant quelques paroles à l’adresse de la blonde "J’ai pas envie de prendre le parti de Damon, je serai toujours de ton côté." Mais "Mais je le crois pas capable de revenir sur ses je t’aime à cause de ce type. Je le connais pas autant que toi, c’est vrai, mais il m’a toujours donné l’impression d’être sincère et de pas vouloir que tu souffres." Elle se trompait peut-être, mais le peu de fois où elle avait véritablement été au contact de Damon, il lui avait donné la sensation d’être un type plutôt fiable malgré sa tête à claques — selon son point de vue, mais tout le monde l’insupportait, ce n’était pas une échelle fiable sur laquelle monter. Elle marqua une pause, juste pour reprendre un instant après "Il te ferait pas miroiter quelque chose de beau s’il se sentait pas capable de te l’offrir pour de vrai, c’est ce que je veux dire. Peu importe ce qui s’est passé avec cet ex, je crois pas que ce soit utile de t’inquiéter de le perdre lui ni tout ce que vous avez construits ces derniers mois." Si elle voulait être percutante, elle ferait un parallèle entre la vie qu’elle avait menée enfant, et les craintes qu’elle éprouvait maintenant, Megan. Elle avait trouvé un environnement plus ou moins stable, depuis quelques temps ; elle avait un mari, une maison, une fortune, un avenir qui s’annonçait prospère. C’était normal qu’elle s’enferme dans les doutes, elle n’avait pas eu la vie facile. Mais elle était adulte maintenant, elle n’avait plus à redouter qu’on lui arrache tout ça pour la remettre là où elle n’aurait plus rien ni personne à quoi se raccrocher.

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Megan Williams & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveia

J’acquiesce avec nonchalance, un brin inattentive même lorsqu’elle prononce le prénom de l’acteur que j’ai au moins la chance de connaître – pas que je considère ça comme un privilège, mais il est certain que cela aidera pour le tournage, au moins un peu – sans rien préciser de plus. J’ai conscience de la chance que j’ai, que pour un "premier film" – rien ne dit que ce ne sera pas le seul – je donne la réplique à des noms qui attireront les spectateurs en salle. « Pour un premier film, t’aurais pu tomber plus mal que ça. » Un sourire suffisant étire mes lèvres alors que, pour incarner un parangon d’innocence que je suis loin d’être, je place mes mains croisées sous mon menton et je papillonne des cils une seconde. « C’est le talent, que veux-tu. » Nous savons toutes les deux que mon talent, ou même mon joli minois, n’ont pas grand-chose à voir dans tout ça. « Je sais que t’as un truc pour ses abdos, à défaut d’être encore une initiée, je lis toujours la presse à scandale. » Et quand je rate une information, Shiloh est de toute façon là pour me faire un topo sur les dernières nouvelles croustillantes. Ce qui s’est dit au début d’année concernant la brune et l’acteur, je m’en moque royalement : mais sa remarque n’est-elle pas l’occasion de la titiller ? « Tout ce que j’espère, c’est que tu sais ce que tu fais et que t’es prête à essuyer les critiques qui viendront avec la promo du film. » - « C’est triste. T’imagines déjà que je vais être médiocre. » Mon visage de petit ange se transforme en moue boudeuse quand, en réalité, il n’en est rien. « T’en fais pas. C’est pas comme si on parlait d’un rêve que je nourris depuis des années. Si je suis mauvaise, je suis mauvaise. » Au moins, j’aurais essayé. Et j’aurais tenté de bien faire les choses malgré mon arrivée peu conventionnelle dans le milieu.

Je n’ai pas l’impression de trahir Damon en évoquant les violences dont s’est rendu coupable Saül à son égard. Avant tout ça, avant l’article en préparation, je n’avais rien dit à personne et j’avais bien l’intention de tenir ma langue. Mais d’ici quelques jours, tout cela sera rendu public alors je ne fais rien de mal. « Ouais, je crois que je peux l’imaginer. » Je ne m’attendais pas à ce genre de réponse de la part de Jo dont je ne sais pas grand-chose au final d’un point de vue passif familial. Je lève un sourcil, avant de décider que s’il y a quelques choses dont elle veut me parler, elle m’en parlera. Je suis bien placée pour savoir que forcer la main à quelqu’un sur ce genre de sujets délicats n’est jamais la bonne solution. « Et ça regarde que vous, laisse personne se mêler de ça si vous vous en sortez en vous soutenant mutuellement. Je suis sérieuse, laisse personne s’interposer entre vous en pensant que ça vous aidera à débloquer une situation. » - « Je sais que c’est idiot. Mais la vérité, je veux jamais, qu’elle sorte, vraiment jamais. » C’est idiot au regard du fait qu’elle n’a plus réellement d’importance, à présent. Nous sommes tombés amoureux Damon et moi, quelle importance notre passé peut-il avoir maintenant ? Aucune, mais j’ai peur qu’il soit encore un sujet sensible pour l’Italien.

« C’est quel genre d’ex ? Un ex d’une fois ou deux, ou un ex-ex ? » Ma tête oscille d’un côté puis de l’autre tandis que je réfléchis. « Je sais pas exactement combien de temps ça a duré, mais non, je crois que c’était juste l’histoire de quelques fois. » Mais Damon a un cœur aussi énorme qu’il est malléable et tendre alors le nombre de fois n’a pas vraiment d’importance, au fond. « Assez pour que Damon soit pas objectif. Il a un cœur d’artichaut et il le donne au premier venu. » Il ressent toujours de l’affection pour lui, et ça me brise toujours autant le cœur. Malgré les mots, malgré les preuves, je ne peux m’empêcher de me sentir en insécurité. « C’était avant qu’on soit vraiment ensemble, mais quand on était déjà mariés. Alors ce type, s’il veut nous causer du tort, il peut le faire. » Et c’est ce qui me rend le moins confiante dans tout ça. Damon a beau penser que son ancien amant en est incapable, il s’agit tout de même d’un type qui évolue dans un milieu de requin et qui semble avoir compris les règles du jeu parfaitement. Il l’a dit lui-même : il se moque des dommages collatéraux. « J’arrive pas à faire entendre raison à Damon à son sujet. Il a promis de faire attention à comment je me sens et de plus passer de temps en sa compagnie dès qu’il en a l’occasion mais… » Je pousse un soupir, avant d’ajouter. « Mais même avec toutes les preuves du monde sous les yeux, il continue à penser que j’ai tort de me méfier de lui. » Et cela me rend bien plus amère que je ne le devrais. J’aimerais lui ouvrir les yeux, à mon mari. Lui faire comprendre que tout le monde n’est pas aussi bien intentionné que et, surtout, qu’il est le seul à s’encombrer de scrupules dans le monde qui est le sien.

« J’ai pas envie de prendre le parti de Damon, je serai toujours de ton côté. Mais je le crois pas capable de revenir sur ses je t’aime à cause de ce type. Je le connais pas autant que toi, c’est vrai, mais il m’a toujours donné l’impression d’être sincère et de pas vouloir que tu souffres. » J’esquisse un mince sourire en l’entendant confirmer ce que mon cœur sait, mais qu’il n’entend pas à cause de mon manque de confiance en moi. « Je sais. Mais il garde de l’affection pour tous les gens qu’il a fréquenté, et je sais pas comment gérer. » Parce que je suis jalouse, possessive, que je ne comprends pas pourquoi il est tombé amoureux de quelqu’un comme moi. « Il te ferait pas miroiter quelque chose de beau s’il se sentait pas capable de te l’offrir pour de vrai, c’est ce que je veux dire. Peu importe ce qui s’est passé avec cet ex, je crois pas que ce soit utile de t’inquiéter de le perdre lui ni tout ce que vous avez construits ces derniers mois. » Je me mords la lèvre, baisser les yeux, avant de relever le menton et de tenter tant bien que mal de ne pas avoir le regard fuyant. « Il est trop bien pour moi tu sais. » Et si tout le monde venait à savoir à quel point, ne tenteraient-ils pas de l’éloigner de moi ?

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@Megan Williams ☆ crédit/keetika

Le sourire on ne peut plus faux que Jo adressa à Megan quand elle parla des abdos de Micah, il l’empêcha de lui rappeler que son talent résidait peut-être bien dans la taille de ses pare-chocs histoire de la faire taire juste une seconde et en même temps lui faire passer l’envie de se lancer sur ce terrain-là. Elle en avait déjà assez sur une base quotidienne de ces conneries avec Micah, si on pouvait lui épargner au moins deux heures de devoir s’expliquer sur ce qu’elle lui trouvait ou ne lui trouvait pas, ça pourrait la mener à considérer de se rendre à l’église pour allumer un putain de cierge à la gloire de quiconque avait été assez bon pour lui accorder cette faveur. Elle secoua la tête, arquant un sourcil en la voyant se désoler qu’elle puisse considérer son premier essai en tant qu’actrice comme un futur échec. Elle se défendit calmement, jouant avec son verre en même temps "C’est pas ce que j’imagine, et c’est pas ce que j’ai dit non plus. Je te conseille juste de te blinder avant de prendre la lumière." Et certainement qu’elle lui répondrait qu’elle avait eu le temps de se blinder au cours de sa vie, qu’elle se foutait des critiques et du reste. Jo aussi, ça ne l’empêchait pas d’être vexée quand on remettait en doute sa crédibilité, et pourtant Dieu savait qu'elle s’en carrait à peu près tout ce qui pouvait exister qu’on l’aime ou pas.

Mais d’accord, elle ne s’en ferait pas pour ça. Est-ce qu’elle devait s’en faire à propos du reste ? Considérant le chemin que prenait leur conversation, elle se posa véritablement la question. Jusqu’à présent, Jo avait évité de ressentir de la compassion pour la situation de Megan parce qu’elle était persuadée qu’un jour où l’autre, cette histoire de mariage bidon lui claquerait à la gueule. A une époque, elle aurait été là à attendre de pouvoir lui cracher un je te l’avais dit en se dressant comme l’oracle qu’elle croyait être parfois parce que sa franchise la menait souvent à anticiper, penchant vers le pessimisme histoire de ne pas être déçue si tout venait à foutre le camp. Mais là, la donne avait un peu changé ; peut-être parce qu’elle était amoureuse aussi, allez savoir, et que ça faisait ressortir son petit coeur tendre qu’elle dissimulait d’habitude sous une croute de mauvaise foi pour qu’on ne vienne pas l’atteindre et lui faire du mal. Elle n’en savait rien, elle ne cherchait pas tellement à le savoir sur le moment, se mettant plus facilement à la place de Megan qui insistait sur l’idée qu’elle ne voulait jamais que le secret qu’elle partageait avec son mari ne vienne à sortir d’une quelconque façon "Qu’est-ce que tu penses qu’il arriverait si jamais ça sort un jour ?" lui demanda-t-elle, ses angoisses sous-jacentes décidant de se montrer au même moment sans qu’elle ne daigne pourtant donner l’impression que ça la touchait de près "Il est au courant pour votre mariage ce type ?" Jo fronça les sourcils. Elle aurait aimé pouvoir dire à Megan qu’elle ne risquait vraiment rien, mais la vérité c’était qu’avec une tierce personne d’impliquée, elle ne lui ferait pas l’affront de lui mentir. Si ce type était capable de soulever un scandale pour révéler le vrai visage d’un homme redouté par ses pairs, il pouvait être capable de beaucoup de choses encore ; et puis ça aussi elle le savait Jo, quand un secret finissait entre les pattes de quelqu'un avec de l’ambition, ça finissait un jour où l’autre par se retourner contre vous. Elle déglutit doucement, s’aidant d’une gorgée d’eau gazeuse qu’elle prit le temps d’avaler en faisant à Megan "Tu l’as rencontré ?" Est-ce que c’était vraiment important ? Jo n’en était pas certaine, mais pour que Megan parle de lui avec autant de certitude, c’était qu’elle avait déjà dû le rencontrer au moins une fois et se faire une opinion en ne se basant pas uniquement sur l’idée qu’il s’était tapé son mari à un moment donné de sa vie. Ça aussi elle le savait plus que bien : ça faisait mal, mais ce n’était pas suffisant pour diaboliser quelqu’un avec autant de certitude qu’elle le faisait sur le moment.

"Tu pourras jamais rien contre sa gentillesse, mais tu peux le mettre face à la situation contraire. Lui, comment il réagirait si tu gardais de l’affection pour Scott ?" Jo savait que ce n’était pas le cas, mais elle ne connaissait pas toutes les histoires de coeur de Megan, alors c’était le premier exemple qui lui était venu à l’esprit. Elle n’était pas bien aguerrie sur tout ça Jo, mais elle était à peu près sûre de comprendre la jalousie, la possessivité et le besoin d’être le centre de l’univers de la personne qui était le centre du sien "Ouais, peut-être bien." Que Damon était trop bien pour elle. Elle n’allait pas dire le contraire à Megan, vanter ses mérites et la placer dans le rôle de l’ange de leur histoire. Jo avait été de trop nombreuses fois témoin de ses lubies passagères, de sa tendance à la manipulation aussi pour vouloir l’applaudir et lui décerner le médaille de la plus vertueuse — et ce n’était pas une critique, elle partait juste du constat qu’elles n’étaient pas bien différentes, et qu’elle non plus ne se jugeant pas comme quelqu’un de bien, elle ne pouvait pas incomber ce statut à son amie qu’elle aimait très fort au demeurant, mais à qui elle ne mentirait jamais pour la faire se sentir bien ; comme elle ne lui mentait jamais pour la faire se sentir bien. Elle continua comme si elle ne s’était pas interrompue "Et c’est pour ça que tu dois pas te convaincre qu’il te fera du mal volontairement. Parce que tu sais qu’il en est pas capable." Ça lui allait bien de parler, à elle ; mais on ne parlait pas de sa situation en l’occurence. Elle secoua la tête, et puis en un geste, elle saisit brusquement les mains pour les garder entre les siennes histoire d’attirer son attention, et lui faire relever la tête "Hey, les filles comme toi et moi, on aime se raconter des histoires en prétendant qu’on a le choix en matière de mecs. C’est faux : soit on se tape les gentils, soit on se tape les enflures." Soit le contraire de leur père, soit leur copie conforme ; pas la peine de vérifier la théorie, elle était réelle "T’es tombée sur un gentil là, alors gâche pas tout parce que tu sais pas gérer les histoires qu’il a vécues avant toi." Elle affronta son regard, serrant un peu plus ses doigts avec ses paumes, avant de les relâcher pour lui rendre sa liberté. Elle reprit son verre, tira sur sa paille pour boire rapidement et réfléchit en avalant doucement. Un instant, elle sembla sortir de son propre corps, perdue dans ses pensées — et puis enfin, elle reprit en reposant son verre "Pour bien faire, c’est son ex que tu dois évincer." Et pas obligatoirement en forçant Damon à lui dire de dégager, peut-être en trouvant une faille quelque part pour le faire battre en retraite et ouvrir les yeux au mari de la jeune femme qui était trop aimable pour faire table-rase. La tête inclinée sur le côté, ses yeux essayant de capter ceux de Megan, c’est en lâchant ses mains que Jo lui demanda "Tu sais quoi sur lui ? C’est un mec clean ?" A côté de ses histoires avec Saül Williams s'entend.

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Megan Williams & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveia

« C’est pas ce que j’imagine, et c’est pas ce que j’ai dit non plus. Je te conseille juste de te blinder avant de prendre la lumière. » Je hoche la tête, avant de porter mon verre de vin à mes lèvres pour les y tremper et, finalement, j’ajoute. « Oui maman. T’en fais pas, je peux encaisser quelques critiques. » Surtout étant donné quand, comme c’est le cas concernant l’acting, le sujet ne me tient pas réellement à cœur. Dans ces conditions, j’arrive à me convaincre que j’ai le cuir assez dur pour absorber toute remarque négative quand je suis certainement loin de la vérité. Envie d’en faire une carrière ou pas, l’avis des autres et l’image qu’ils me renvoient de moi a toujours été l’une des pierres angulaires de mon existence. Mais après tout, pourquoi m’inquièterais-je ? Puisque je vais faire de mon mieux, je serai au pire passable, non ? Le cœur de mes angoisses et interrogations du moment ne se situe pas là, comme je l’explique à Jo, livrant et exposant un peu plus mes failles.

« Qu’est-ce que tu penses qu’il arriverait si jamais ça sort un jour ? » - « Je sais pas. Et j’ai pas vraiment envie de le savoir. » Je ne me braque pas, je suis simplement mal à l’aise à l’idée d’évoquer cette possibilité ou ne serait-ce que d’y penser. J’ai le sentiment que, ce faisant, je risque de nous attirer malheur, à Damon et moi. « J’ai pas envie qu’on nous pointe du doigt comme un faux couple ou que ce soit l’étiquette qu’on nous colle. » Je renâcle à aborder le sujet mais, la bouche tordue en une grimace, je tente tout de même de me prête à l’exercice. « Je veux pas qu’on remette en question ce qu’on est aujourd’hui, ou les sentiments qu’on a l’un pour l’autre. » Je détourne le regard et, plutôt que d’oser la regarder dans les yeux pendant que je vais un peu plus loin dans mon idée, je fixe un point deux ou trois tables un peu plus loin. « Et je veux pas qu’on puisse dire que ce qu’il ressent pour moi est faux, ou là parce que je l’ai manipulé. » Certes, j’ai forcé notre association. Mais il n’a plus le couteau sous la gorge, Damon. Il ne l’a jamais vraiment eu concernant le fait d’apprendre à m’aimer.

« Il est au courant pour votre mariage ce type ? » - « T’es la seule personne au courant de tout, en dehors de quelques membres de la famille de Damon. » Jo est la gardienne de notre secret et si je ne le lui affirme pas pour qu’elle se sente flattée, je souhaite en revanche qu’elle prenne conscience qu’elle fait office d’exception et, surtout, d’à quel point le fait de garder ce secret… Et bien, secret, me tient à cœur. « Il sait que Damon est marié. Mais non, il pense juste qu’il a été infidèle, mais qu’il ne l’est plus aujourd’hui. » J’ignore comment mon époux a justifié ce revirement de situation, comme il justifié que son cœur soit si indécis et volatile. Peut-être que, pour bien faire, il faudrait que nous en discutions un jour mais, jusque-là, le sujet Ambrose était bien trop sensible pour le faire. A-t-il dit qu’il avait retrouvé la flamme ? Que nous avons traversé des moments difficiles mais que, à présent, nous sommes plus amoureux que jamais ? Je crois qu’au fond de moi, j’espère qu’il a affirmé son amour et l’a placé en étendard afin d’être certain que personne ne puisse en douter. « Tu l’as rencontré ? » - « Oui. Mais avant de savoir qui il était, et ça l’a visiblement pas dérangé de m’écouter parler et raconter ce que Saül m’a fait sans m’arrêter ou me dire quoi que ce soit. » Autrement dit ; Ambrose Constantine s’est bien payé ma tête et cela contribue au fait que je le juge parfaitement indigne de confiance.

« Tu pourras jamais rien contre sa gentillesse, mais tu peux le mettre face à la situation contraire. Lui, comment il réagirait si tu gardais de l’affection pour Scott ? » - « Il dit que son cœur connait pas la jalousie. » Une chose que j’ai bien du mal à comprendre. « Mais c’est facile à dire, je ressens que du mépris pour les hommes qui sont passés avant lui. » A partir de là, il n’a pas à craindre de partager l’affection – et encore moins l’amour – que je ressens pour lui avec mes ex. « Ouais, peut-être bien. Et c’est pour ça que tu dois pas te convaincre qu’il te fera du mal volontairement. Parce que tu sais qu’il en est pas capable » Ce que je crains est bien plus nuancé et compliqué que ça, mais j’ignore si j’ai envie de décortiquer et d’analyser mes sentiments ce soir. Damon m’a fait du mal, involontairement certes, lorsqu’il a décidé de ne pas prendre en compte tout ce que je ressentais simplement pour faire ce dont lui avait envie ou ce qu’il pensait être attendu de lui. Mais il s’est excusé, et je sais que s’il ne comprend pas encore tout, il essaye de le faire et de ne plus me placer dans ce genre de situation. « Hey, les filles comme toi et moi, on aime se raconter des histoires en prétendant qu’on a le choix en matière de mecs. C’est faux : soit on se tape les gentils, soit on se tape les enflures. » Existe-t-il une autre catégorie de toute façon ? Mais je comprends ce qu’elle cherche à dire. Nous sommes persuadées de tout avoir et de pouvoir obtenir n’importe quel homme, mais nous ne sommes pas plus à l’abri des connards que toutes les autres femmes de ce monde, je suis bien placé pour en être parfaitement consciente. « T’es tombée sur un gentil là, alors gâche pas tout parce que tu sais pas gérer les histoires qu’il a vécues avant toi. » Pensive, je fixe un instant mon verre de vin posé devant moi, que je fais tourner entre mes doigts en le tenant par son pied. « C’est pas juste le fait qu’il ait vécu des histoires avant moi tu sais… C’est la place que prennent encore ces personnes. » Même s’il l’a dit : tout l’amour que ressent son cœur est pour moi. Toutefois, je l’affirme avec un peu moins d’aplomb qu’au début de la conversation, preuve que les mots de Jo m’atteignent malgré tout. « Pour bien faire, c’est son ex que tu dois évincer. » Interpellée, je redresse la tête, la penche sur le côté et fronce les sourcils. « Tu sais quoi sur lui ? C’est un mec clean ? » - « Est-ce que ça existe, un mec clean en politique ? » Ou a n’importe quel poste de pouvoir, pour ce que ça vaut ? « Pas grand chose. Si ce n’est qu’il est prêt à coucher pour gravir les échelons et que se taper un père et son fils semble pas l’arrêter. » Ce qui me dégoute un peu plus à chaque fois que je m’entends le dire à haute voix.

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@Megan Williams ☆ crédit/keetika

"Peut-être que tu devrais." Chercher à savoir ce qui se passerait si le secret entourant son mariage finissait par éclater. Elle secoua la tête Jo, lui expliquant sur le ton usuel de la conversation, ses doigts venant nonchalamment balayer ses longues mèches brunes par-dessus ses épaules, une à la fois "Juste pour pouvoir mieux anticiper et vous protéger. C’est pas aussi idiot que ça d’imaginer le pire, ça permet au moins de connaître les options à envisager et d’en discuter pour faire bloc ensemble." Et elle ne le dirait pas parce que Megan s’en foutait comme d’une guigne des histoires de Jo,  et qu’elle avait promis de n’en parler à personne qui plus est, mais elle partait d’un constat personnel qui la plaçait dans la peau de celle qui, si elle n’avait jamais vraiment eu d’angoisses en 27 ans de vie, commençait à redouter ce qu’on racontait sur elle étant donné qu’on lui avait imposé un secret plus gros qu’elle. C’était masochiste de vouloir à tout prix penser à la chute, mais c’était aussi rassurant de pouvoir l’anticiper. De là à dire qu’elle ferait moins mal, certainement pas, mais si ça permettait de l’amortir au moins de moitié, il ne fallait pas passer à côté. Elle pinça les lèvres, y estompant les restes de son gloss en les roulant l’une sur l’autre un moment, et puis continua de l’écouter pour mieux rebondir en inclinant doucement la tête sur le côté "Ça, ça arrivera parce que les gens sont des connards qui pensent avoir la vérité absolue sous le prétexte qu’ils ont trois pauvres infos à propos d’une situation donnée." Ça sortait du coeur, ça "Tu seras pas à l’abri de ça, mais t’as ta conscience pour toi, non ? Tu sais que c’était une passade, que ça a changé aujourd’hui. Ce que les autres pensent de ce que vous êtes, c’est leur problème, t’as rien à prouver." Qu’elle aurait aimé pouvoir se tenir exactement le même discours à propos de sa relation avec Midas, mais c’était toujours plus facile de donner des conseils que de les appliquer. Elle n’en restait pas moins convaincue pourtant, parce qu’elle avait la prétention d’être sûre que si Megan affirmait que cette histoire de faux-couple était terminée, c’était que sa cause était entièrement acquise à Damon et qu’elle y croyait. A partir de là, ce n’était pas bien difficile de l’encourager à dire à tous ceux qui douteront d’eux d’aller se faire foutre. Si elle avait besoin d’aide, elle le ferait, c’était un exercice qu’elle maîtrisait plutôt bien d’ordinaire, elle ne s’en priverait pas si ça pouvait l’aider à s’apaiser.

Jo ne satisfaisait pas d’être la gardienne du secret de Megan et Damon, comme elle ne se satisfaisait pas d’être la gardienne du secret d’autres personnes encore. Vu son ego, ça aurait dû la flatter d’avoir la certitude d’être considérée comme une personne de confiance, mais la vérité, c’était que c’était une putain de plaie de devoir la boucler sur des sujets qui lui donnaient envie de hurler. C’était la croix qu’elle devait porter, elle le faisait parce qu’elle était d’une loyauté proche de la bêtise, mais il ne fallait pas attendre d’elle qu’elle s’en gargarise ; pas de ça, et pourtant elle savait bien le faire d’habitude. De fait, elle ne fit que hocher la tête quand Megan lui confirma de nouveau qu’elle était la seule à savoir, et enchaîna avec la réponse aux questions qu’elle lui avait posé. Jo roula des yeux, ses paupières battant après coup, en secouant la tête et en riant très légèrement lorsqu’elle apprit qu’elle avait bien rencontré ce type et qu’il l’avait laissé se répandre en explication sans daigner lui parler de son rôle auprès de Damon. D’emblée, sa propension à se faire un avis infondé sur tout et son contraire étant ce qu’elle était, elle décida sans possibilité de retour en arrière de faire de lui une entrée en plus dans sa liste d’ennemis. Elle n’en dit rien, néanmoins elle laissa un bâtard lui échapper sans qu’elle ne juge ça plus opportun de le dire tout bas.

"Est-ce que ça existe un mec clean tout court ?" Elle interjeta en laissant un nouveau rire lui échapper Jo, exagérant surement un peu le trait. Sauf que l’expérience lui faisait dire que même les gentils garçons avaient leurs gros défauts. Elle ne voulait pas jouer avec le cliché inhérent à l’époque qui plaçaient les hommes comme les responsables de tous les maux des femmes, mais la vérité, c’était que la gentillesse n’était pas un frein à l’erreur ; politique, pas politique… un homme restait un homme, et si elle lui avait assuré que la bonne nature de Damon était une protection fiable, la vérité c’était qu’il avait tout de même accepté un marché tel qu’un mariage bidon, alors qui savait dans le fond, de quel bois il se chauffait ? Elle n’avait pas envie de faire de mal à Megan, alors elle tut cette ultime réflexion et se concentra plutôt sur celui qu’elle avait dans le viseur désormais. Ce qu’elle entendit, ça lui dit hausser les sourcils, s’enfoncer très doucement dans ses réflexions et commenter "Et dire que je pensais avoir les pires daddy issues imaginables." Visiblement, elle n’était qu’une petite joueuse à côté de toute cette histoire qui la dépassait, il fallait bien qu’elle l’avoue. Secouant la tête, elle reprit son verre juste pour le placer dans l’espace qu’il y avait au creux de ses bras qu’elle avait croisé au bord "Je suis pas une magouilleuse, mais t’as encore des contacts chez tes potes paparazzis ? Tu devrais lancer des recherches pour débusquer des conneries qu’il a faites pour t’en servir et forcer Damon à voir quel genre de type il est. S’il a été capable de venir te trouver sans juger ça utile de te révéler les tenants et les aboutissants de sa relation avec Damon, c’est que t’as sans doute raison : il doit en avoir d’autres à son actif." Et rien à foutre si ça le mettait au fond du trou. Oeil pour oeil quand ça concernait ce genre de choses, Jo ne ferait pas semblant d’avoir de la pitié pour quelqu’un comme lui, quand bien même il avait vécu des épreuves difficiles sous la coupe de Saül Williams. A en juger par ce qui grouillait sous la partie encore immergée de l’iceberg, ça valait le coup de remettre sa parole en doute de toute façon.

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Megan Williams & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveia

« Peut-être que tu devrais. Juste pour pouvoir mieux anticiper et vous protéger. C’est pas aussi idiot que ça d’imaginer le pire, ça permet au moins de connaître les options à envisager et d’en discuter pour faire bloc ensemble. » Têtue, je secoue la tête. « J’en discuterai peut-être avec Damon mais pour le reste… » Pour le reste, je préfère rester dans mon univers tissé avec des brins de déni. « Y’a pas de raison que ça sorte, faut que j’arrive à m’en convaincre. Saül est parti, certainement à l’autre bout du monde dans un paradis fiscal, et y’a pas d’autres traces que sa parole. » Je me fourvoie peut-être. Si l’oncle – ou plutôt le géniteur – de Damon est au courant, si moi-même je l’ai dit à Jo, qu’est-ce qui empêche d’autres personnes de détenir la vérité ? Damon me l’aurait-il dit, s’il s’était confié lui aussi de son côté ? J’ai été honnête avec lui, il sait que Jo connait toute la vérité sur notre histoire, mais l’a-t-il été en retour avec moi ? Puis-je me fier à ce que je sais ou bien y a-t-il d’autres personnes au courant de tout ça, des personnes qui pourraient chercher à nous nuire ? Après tout, Damon est en éternel naïf qui voit le bon en chacun : aurait-il pu se confier à quelqu’un en pensant qu’il ne lui voudrait jamais de mal et se tromper en beauté ? « T’as raison sur un point. Faut que j’en parle avec lui pour m’assurer que je connais toutes les personnes qui sont au courant. » Les choses seront faites à ma façon, et Jo ne sera pas la première surprise : elle connaît ma propension d’une part à foncer tête baissée dans un problème, et d’autres à solliciter des opinions pour finalement n’écouter que la mienne.

« Ça, ça arrivera parce que les gens sont des connards qui pensent avoir la vérité absolue sous le prétexte qu’ils ont trois pauvres infos à propos d’une situation donnée. » Et je le sais. Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que si cela me touchera pas moi, il est possible que cela touche Damon. Comment réagira quand il sera perçu comme la victime, et moi comme la grande coupable de l’histoire ? Si d’anciennes conquêtes rappliquent pour lui dire que maintenant, elles le comprennent et avec avec à cœur la volonté de le tirer de mes griffes ? Je ne suis pas son bourreau. Il n’est pas tombé amoureux de moi parce que je l’ai envoûté ou parce que je l’y ai forcé. « Tu seras pas à l’abri de ça, mais t’as ta conscience pour toi, non ? Tu sais que c’était une passade, que ça a changé aujourd’hui. Ce que les autres pensent de ce que vous êtes, c’est leur problème, t’as rien à prouver. » Je hoche la tête, avant de finalement lui confier ce qui m’inquiète vraiment. « J’ai peur qu’en sachant la vérité, certains tentent de lui bourrer le crâne de conneries, de lui dire que je l’ai manipulé ou je ne sais pas quoi encore. » J’ai eu peur de l’avoir fait, aussi. J’ai dit à Damon que j’avais parfois la sensation de lui avoir forcé la main, mais il a trouvé les mots pour me rassurer à ce sujet. Jo quant à elle, considèrera peut-être que je récolte ce que j’ai semé

« Est-ce que ça existe un mec clean tout court ? » J’éclate de rire, avant de secouer la tête. « Je crois que oui, mais qu’ils sont rares. » Et elle sait très bien quel est celui qui me pousse à conserver un peu d’espoir concernant la gent masculine. Je lui épargne de pointer du doigt l’évidence : toute notre conversation tourne de toute façon autour de ma relation avec mon époux. « Et dire que je pensais avoir les pires daddy issues imaginables. » Cette fois, je n’ai plus du tout envie de rire. Toute ce qui a trait à cette histoire me révulse au plus haut point. « Ça me dégoute, je vais pas te dire le contraire. » Pas de Damon, mais de toute cette situation et, surtout, cela prouve à mes yeux le genre de personnage qu’est Ambrose. « Ce type est vraiment pas net, je comprends pas pourquoi Damon arrive pas à le voir ou l’admettre. L’autre savait très bien qui il était quand il l’a branché et je te jure que j’ai envie de secouer Damon pour qu’il se rende compte d’à quel point c’est tordu. » Damon aussi savait ce qui se tramait entre Ambrose et son père mais ça, je tente de l’occulter mon des raisons évidentes. « Je suis pas une magouilleuse, mais t’as encore des contacts chez tes potes paparazzis ? Tu devrais lancer des recherches pour débusquer des conneries qu’il a faites pour t’en servir et forcer Damon à voir quel genre de type il est. S’il a été capable de venir te trouver sans juger ça utile de te révéler les tenants et les aboutissants de sa relation avec Damon, c’est que t’as sans doute raison : il doit en avoir d’autres à son actif. » L’ancienne Megan l’aurait fait sans y réfléchir à deux fois. Et si une amie avait été à ma situation, cela aurait même été mon premier réflexe. Mais j’ignore si Damon serait capable de m’en vouloir si je faisais ça dans son dos, et je n’ai pas envie d’envenimer une situation qui n’a pas besoin de ça. « T’as raison. Mais je peux pas faire ça sans le dire à Damon. » Après tout, pourquoi ne pourrais-je pas lui présenter les choses en lui disant que, si d’aventure Ambrose nous trahissait, j’aurais de quoi le réduire en miette mais que dans le cas où il n’en ferait rien, je garderais tout ce que je sais pour moi ? « Tu dois en avoir ta claque de m’entendre parler de moi. » Et de mon mariage, mais le sous-entendu est évident.

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@Megan Williams ☆ crédit/keetika

Megan avait juste besoin de parler, les conseils que Jo lui donnait, elle n’en ferait rien. Elle était une femme indépendante et forte, du genre à penser par elle-même et qui préférait se casser les dents que de penser de façon rationnelle. Ça l’avait agacée à une certaine période, ce n’était plus tant son problème désormais, elle l’avait bien compris et n’essayait plus de lui enfoncer de forces des choses qui ne cadraient pas avec sa façon de voir, l’acceptant comme elle était puisque quelque part, ça devait être ça qui l’intéressait chez elle, sinon elle ne se serait même pas obstinée à lui donner l’heure. Aussi, elle haussa les épaules quand elle lui dit qu’elle avait raison, et si là encore, elle ne s’en satisfaisait pas tout haut Josephine, c’était parce que cette histoire ne sentait pas bon et qu’elle aurait aimé se tromper pour ne pas être obligée de ramasser sa copine à la petite cuillère si tout venait lui exploser au visage.

"Et encore une fois, ça arrivera. Tu peux pas contrôler la pensée des gens, même en te montrant honnête." Finalement, ça rejoignait un peu ce que Jo lui avait dit tout à l’heure à propos des potentielles mauvaises critiques qu’elle recevrait quand son film sortirait, et ça lui prouvait en direct que quelque part, Megan n’était pas très armée face à ça. Elle n’avait pas envie de lui faire remarquer, de faire une analogie malheureuse qui la forcerait à comparer deux situations différentes sur la forme, mais pas sur le fond : il y aurait toujours quelqu’un pour lui trouver des défauts, quand bien même elle était taillée dans la perfection, poupée grandeur nature qui avait appris à battre des cils pour s’en sortir. Face à la critique, rien ne fonctionnait vraiment, il fallait encaisser, alors si sa notoriété explosait en même temps que son secret venait à être dévoilé, ce qu’elle ne lui souhaitait pas bien sûr, il faudrait qu’une cellule de crise se penche sur la gestion des choses et en fasse un engin blindée contre les attaques. Quelque part, ça lui faisait de la peine à Jo, ça la ramenait peut-être aussi à quelque chose trop proche de chez elle pour qu’elle veuille creuser plus loin sans sentir monter l’angoisse que ça alimentait chez elle, alors c’est pour ça qu’elle était magnanime dans sa façon d’exprimer son avis à Megan. Elle n’aimait pas l’idée de la comprendre ; et pourtant c’était le cas, et ce n’était pas simple à accepter.

Une Jo grimaçante écouta le reste des explications de Megan qui lui disait que ce type dont elles parlaient était allé fourrer son nez — pour ne pas dire autre chose, les murs ont des oreilles — du côté du père et du fils. Elle était mal placée pour juger qui que ce soit, mais elle le faisait quand même, et son esprit critique la mena à penser que, si elle avait confiance en tout ce que Megan et Damon racontaient à propos de Saül, doutant qu’inventer des méfaits pareils ne soient utiles à qui que ce soit, si elle avait été à la place de ceux qui étaient en charge de faire la lumière sur ses agissements, elle aurait farouchement remis la parole de cet homme en doute rien qu’en se basant sur sa manière d’avoir voulu avoir la mainmise sur les deux Williams à la fois. C’était cruel et réducteur, ça ne donnait pas une bonne image de sa tolérance non plus, mais c’était tout de même louche cette histoire, alors elle avait bien le droit de nourrir des doutes.

Des doutes qui la firent soupirer et prendre un peu de recul sur la table qu’elles partageaient. Le regard porté un peu plus loin où elle ne voyait pas grand-chose au demeurant, elle réalisait qu’elle venait d’avaler un trop gros morceau, même pour la femme robuste et difficilement choquée par les actions de son prochain qu’elle était "Je suis une petite joueuse avec mes histoires de chanson et d’album à côté de ta vie trépidante d’héroïne de roman d’espionnage." Clairement, la tricherie dont elle était le pion ne valait pas grand-chose à côté de tout ça, mais hé, chacun son malheur et sa façon de le gérer. Enfin, toujours est-il qu’elle exagérait en faisant endosser à Megan le costume de l’héroïne de roman d’espionnage, et ce pour faire naître un sourire sur son visage qu’elle regarda le nez froncé, la mine un peu sarcastique quand elle se retourna vers elle en feignant la nonchalance de ceux habitués à supporter tout et son contraire. D’un revers de main, balayant les paroles de la blonde, elle lui fit en même temps, déjà convaincue que des histoires sur son mariage, elle en entendrait encore des tas "Ça va, c’est la croix que j’ai décidé de porter en devenant ton amie."

rp terminé.