(outfit) 15/09 - Ce soir tu joues un petit set qui sort totalement de tes habitudes. Ce soir, c’est tes chansons en version Jazz que tu vas jouer. Tu as pris beaucoup de plaisir à les retravailler pour que ça rentre dans le moule de ce genre de musique. Tu n’écoutes pas particulièrement de Jazz, voir carrément jamais mais le défi t’a énormément plu. Il faut dire que tu as pas mal de temps libre même si tu bosses de plus en plus sur la collaboration avec Gibson qui va tomber dans pas longtemps. Y’a pas mal d’opportunités qui te tombent dessus et c’est un plaisir. Tu es occupé en plus d’avoir un toit plus stable. Avec Naomi. Une valeur sûre. Tu as un autre projet qui est en train de te faire cogiter depuis quelques jours aussi mais tu n’as pas encore entamé quoi que ce soit de concret de ce côté là. Tout ça pour dire, que l’humeur est au plus haut et ça faisait longtemps que ça n’avait pas été le cas.
Tu es très souriant, carrément dans tes pensées alors que tu es installé au bar pour te faire plaisir quand même. Tu es bien loin d’avoir arrêté de boire mais tu ne te mets plus de cuite régulière. Les gueules de bois ne sont plus ton quotidien depuis longtemps. Tu sais boire avec raison. Juste assez pour être encore plus joyeux et encore moins soucieux du monde qui t’entour. « Un double whisky s’il vous plaît. » Tu demandes au barman. Ce n’est que ton deuxième verres depuis que tu es arrivé dans l’établissement. Tu as encore deux heures devant toi avant de monter sur scène. Une musique de fond peut se faire entendre pour le moment. Tu n’es pas stressé. Tu as tellement répété que tu pourrais jouer et chanter les chansons en dormant. Tu sors ton téléphone de ta poche pour regarder tes notifications. Y’a une nouvelle vidéo de Tracey et tu prends note de revenir plus tard sur l’app quand tu pourras mettre le son. Car tu n’es pas un sauvage comme certains. Y’a quand même un large sourire sur ton visage car Tracey a cette vibe solaire qui fait du bien.
OUTFIT - La porte de la limousine s’ouvrit en silence tandis que Donald, le chauffeur de Carmine, inclinait respectueusement la tête. Une chaussure blanche apparut alors, posant le rouge de sa semelle de marque sur le béton du trottoir surpeuplé. L’on faisait la queue pour assister au show de ce soir. Sighbury, caché derrière ses lunettes noires, ne prit pas cette peine. S’appuyant sur sa canne vintage, le mannequin s’extirpa du véhicule afin de se présenter directement à l’entrée. Médusée, la foule pointait du doigt. Avec sa mèche savamment ondulée, sa cravate rétro, le veston assorti et la blancheur éclatante de son costume cousu spécialement pour l’occasion, l’anglais était une fois de plus le centre de l’attention. Tout, jusqu’à sa démarche distinguée, témoignait du rôle de composition dont il s’était drapé pour l’occasion.
Lorsque Asher lui avait parlé et de son intention de participer au Roaring 20s, C. avait tout d’abord été surpris. Du métal durant les années folles ? Anachronisme ! Mais Buckley avait précisé que les morceaux joués seraient revisités, ce qui avait suffi à mettre la puce à l’oreille de l’anglais. Séduit par la session acoustique du mois d’août, le mannequin ne s’était pas fait prier. Il avait de lui-même décidé d’assister à la soirée du Nate’s Club, sans qu’on le paye pour cela. Il s’était mis sur son 31 dans le but de surprendre AJ et se demandait si ce dernier serait une nouvelle fois vêtu de son polo personnalisé Hurtwave.
Gatsby, le magnifique. Pouvait-on trouver meilleure icône à laquelle associer Sighbury ? À le voir parader comme si le monde lui appartenait, le mannequin donnait l’air d’avoir été embauché afin de rendre la fête encore plus réaliste. Parfaitement dans le thème, 100 % accordé au décor, Carmine brillait et le videur, comme les autres, se laissa éblouir par sa majesté. On lui ouvrit la porte tandis que flashs et caméras de smartphones matraquaient son arrivée. Les réseaux sociaux reprendraient l’information plus vite qu’une traînée de poudre.
« AJ ! » S’exclama-t-il, arrivant dans le dos d’Asher, bras écartés. L’une de ses mains tenait sa canne, l’autre un chapeau d’époque à dessus plat. Carmine décocha au musicien un sourire aussi blanc que sa veste immaculée avant de lui offrir une accolade. Buckley semblait enjoué. C. avait noté une sensible amélioration de l’humeur de son ami, ce qui n’avait rien pour lui déplaire. L’anglais gardait à l’esprit le cafard dont avait fait preuve Asher à la Pride et s’était appliqué à être présent pour lui. À l’aide de son plâtre astucieusement camouflé dans la manche de sa veste, il tapota les omoplates du chanteur puis se recula afin de lui faire face. « Prêt pour un nouveau round ? » C’était le troisième concert auquel assistait Carmine. Bientôt son affection pour le groupe ne ferait plus aucun doute, car le tournage de la pub Gibson était sur le point de commencer. La récente fracture du mannequin allait demander quelques ajustements, mais Carmine avait réfléchi à cela et avait des idées en tête qu’il comptait partager avec son acolyte, le moment venu. Pour l’heure, il s’agissait avant tout de se retrouver avant que le show ne commence.
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Dernière édition par Carmine Sighbury le Dim 24 Sep 2023 - 13:01, édité 4 fois
« AJ ! » Le nez dans ton téléphone, tu sursautes au son de ces deux lettres, mais également à celle de sa voix. Tu ne t’attendais pas à le voir ce soir, vous en aviez parlé mais il n’avait pas dit qu’il viendrait. Tu sais qu’il a une vie bien rempli et tu tentes de ne pas trop attendre de lui. Il est un excellent ami mais justement, il fait beaucoup pour toi et tu as l’impression de ne rien lui donner en retour. Tu lui as donné ton profil Tik Tok pour lui remonter le moral à propos de ses 40 ans et c’est pas grand chose à ton goût. Tu n’arrives pas à te souvenir d’une autre fois où tu lui as été d’un soutient particulier. La réalité c’est que c’est lui qui est beaucoup là pour toi et tu l’apprécies énormément mais tu as aussi l’impression d’être le petit garçon qui doit perpétuellement être sauvé. Ou celui qui fait pitié car il n’a plus de frère ni de soeur et que par dessus le marché il ne veut plus parler à son père ni sa mère. Tu es seul oui, et Carmine l’a bien compris ça. C’est ta solitude qui t’a mené au rugby, c’est ta solitude qui t’a mené à lui proposer de vous voir en dehors des entrainements. Il le sait, car vous parlez. Il sait aussi que tu aimes qu’on t’appelle AJ même si ça n’avait jamais pris dans ta jeunesse car tout le monde continuait de t’appeler Asher, mais lui, Carmine, il t’appelle AJ depuis que tu le lui as dit. Et depuis qu’il sait pour ton homosexualité tu as l’impression qu’il voit au travers de tes yeux, qu’il sait lire le fond de tes pensées et à chaque fois que tu penses combien il est vraiment beau gosse. Tu préfères quand tes amis masculins hétérosexuels ne sont pas au courant de cet immense détail. Tu laisses ton homosexualité prendre toute la place une fois que le secret est dévoilé. Car bien évidemment tout le monde ne doit faire que te juger là dessus, tu es réduit à ça. Tu te réduis tout seul à ça Asher et c’est bien pour ça que tu aimes que certaines choses restent bien séparées. Tu n’es pas encore prêt à tout. Même si tu as fait beaucoup de pas dans la bonne direction.
En tout cas là, ce soir, alors que tout va bien, sa présence te comble de joie. Tu t’es tourné du bar pour le voir être là superbement vêtue, sous tes yeux. « Wow. » Que tu ne peux pas t’empêcher de dire. Carmine te fait une étreinte et y’a stupidement un coin de ta tête qui est trop aware de votre contact physique et tu fais attention à tes mains sur lui. Chose à laquelle tu ne prêtais pas attention quand il ne savait pas ce détail. Ce qui ne rend pas les choses aisés non plus au rugby pendant les entrainements ou pire dans les douches. Oui tu te prends beaucoup la tête AJ. « Prêt pour un nouveau round ? » Tu captes son bras camouflé et tu sais bien que Monsieur Sighbury a fini à l’hôpital lors du dernier match. Il a l’air de bien vivre sa convalescence et c’est tout ce que tu lui souhaites. Deux concerts de ton groupe en version chill, c’est comme si l’univers savait que Carmine n’aurait pas mis les pieds dans une version avec mosh pit. Il serait fâcheux de casser un bras déjà casser. Et tout ça, tu n’as même pas fait exprès de le prévoir de la sorte. C’était déjà le plan et tu aimes voir qu’il est là. Qu’il ne s’ennuie pas de toi, l’ami solitaire, plutôt peu bavard mais dont toutes les émotions se voient en un clin d’oeil sur l’expression de ton visage. Et là il pourra voir la joie qui te parcours de toute parts. « Absolument prêt. » Tu hoches la tête en même temps. « J’ai tellement répété, j’ai toute la confiance du monde et puis… » Tu lui montres ton verre qui contient un double whisky tout juste entamé. « Le courage liquide, mon meilleur ami de toujours. » Tu ajoutes. Tes yeux ne peuvent s’empêcher de le regarder une nouvelle fois de haut en bas car il est vraiment la classe incarnée Carmine. Puis tu remontes tes yeux aux siens en espérant que tes yeux sur lui n’ait pas été un problème. Nope Asher, le problème est pour toi, plus que pour lui. « Tu arrives tout droit du palais royal, ce costume est remarquable. » Et voilà que tes yeux sont de nouveau sur le costume en question mais… C’est vraiment pas de ta faute, le costume te plait vraiment beaucoup. Sa classe te plait. Tu aspires à être aussi classieux que ça mais tu n’as jamais osé aller si loin de ton côté. La part de lui qui se moque du regard des autres, tu l’envies beaucoup. Tu es classes toi, mais tu restes sobre. Tu veux pas être trop vu. « Je savais pas que tu viendrais c’est une très bonne surprise. » Tu dis sincèrement alors que tu remontes les yeux aux siens une fois de plus. Come on Asher, stop checking him out. Tu te réprimandes intérieurement.
« J’ai tellement répété, j’ai toute la confiance du monde et puis… Le courage liquide, mon meilleur ami de toujours. » Carmine s'autorisa à rouler des yeux. Rares étaient les personnes avec lesquelles le mannequin s'accordait ce genre de comportement qualifié d'impoli dans son monde de bienséance et de people pleasing. C. connaissait désormais suffisamment bien Asher et avait assez confiance en lui pour déroger aux standards hypocrites des normes sociales distinguées. Il ne se cachait plus pour faire comprendre à Buckley qu'il le préférait sobre - à la limite un peu pompette, car le rouge lui allait bien aux joues - mais certainement pas saoul. Sighbury, hypocondriaque refoulé, s'inquiétait de la santé de son ami. Celle de son foie, en particulier. La levée de coude du chanteur témoignait d'un niveau de pratique honorable ... « Tu n'as pas besoin de ça. » Commenta-t-il, sans pour autant se montrer moralisateur. « Le talent suffit. » Un sourire délicieux accompagna sa remarque. Sighbury n'avait pas son pareil lorsqu'il s'agissait de convaincre en frottant dans le sens du poil. Mais plus que de la flatterie, C. le pensait vraiment. Voir Asher progresser de jour en jour sur TikTok l'avait convaincu du potentiel du jeune homme ainsi que de son don pour la musique. Il suffisait de l’observer sur scène et de constater à quel point la guitare eau si que le micro ressemblaient à des prolongements de son corps.
Profitant que la place fut libre, l'anglais s'installa aux côtés du chanteur. « Tu arrives tout droit du palais royal, ce costume est remarquable. » Asher aimait le taquiner sur ses origines britanniques et Carmine se prêtait volontiers au jeu. C'était leur façon de faire, leur petite habitude. « Une tasse de thé, s'il vous plait. Peacock. » Dit-il en direction du barman. Un petit rictus étira la commissure de ses lèvres tandis qu'il devinait l'amusement chez son voisin. Lors de leur premier verre post entraînement, Asher avait été surpris par ce choix de boisson. Bien des mois et des sorties communes plus tard, cela n'était probablement plus le cas, mais la référence restait, private joke intemporelle. Carmine pivota sur son tabouret afin de faire face à Buckley. Il capta le regard du jeune homme sur sa silhouette. Loin d'en rougir, le mannequin ajusta sa position, maintint son dos bien droit et offrit sa meilleure pose. C. aimait que son élégance soit remarquée. Un détail superficiel, peut-être, mais pas moins important que d'avoir une bonne éducation, à ses yeux. « Je savais pas que tu viendrais c’est une très bonne surprise. » « J'espérais que tu ne m'en tiendrais pas rigueur. » Répondit-il sur un ton d'excuse, conscient d'arriver comme un cheveux d'or sur la soupe. Puis il se pencha en direction d'Asher : « On m'a dit que la star de la soirée portait une veste de costume ! » Murmura-t-il sur le ton de la confidence tandis que l'une de ses mains lissait discrètement le tissu noir que portait le musicien. « Ça te va très bien. » Carmine s'autorisa lui aussi un coup d'œil global de la silhouette d'Asher. Il pouvait noter la progression de son ami et se remémora avec amusement leur passage au centre commercial. Sighbury doutait que Buckley aurait accepté de porter ce genre de vêtement à l'époque, s'il le lui avait suggéré au détour d'une allée. Il l'imaginait marmonner qu'une veste aussi cintrée l'empêcherait d'être à l'aise sur scène. Mais le concert de ce soir n'avait pas vocation à remuer autant que celui de Londres et l'anglais, se souvenant de leur passage dans la cabine d'essayage, retira sa main afin de ne pas mettre AJ mal à l'aise. « Est-ce le club qui t'a contacté pour ce show ? » Demanda-t-il, curieux de savoir comment Hurtwave en était venu à se retrouver au programme de ce festival plutôt éloigné de son genre musical.
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Dernière édition par Carmine Sighbury le Sam 30 Sep 2023 - 11:52, édité 2 fois
Ca devrait pas te faire sourire de le voir rouler les yeux quand tu lui montres ton whisky. Mais si. C’est bel et bien le cas. Il va faire quoi ? T’ôter le verre des mains ? Bien sûr que non, tu es un grand garçon, tu sais faire tes conneries comme un grand, en toute âme et conscience, il le sait aussi très bien. « Tu n'as pas besoin de ça. » Tu peux pas t’empêcher d’être touché de l’entendre dire ça et de remarquer si aisément qu’il fait attention à toi. Si ce n’est pas tes amis qui le font alors qui ? Personne. « Le talent suffit. » Tu hoches la tête car il a raison. Mais quand même, tu vas le boire ton double whisky, c’est ta récompense du travail bien fait en amont. « Je vais boire juste ça. Je vais pas retourner la scène sans préavis. » Ca serait pas bon pour l’image du groupe, et encore, pas sûr en réalité, car vous êtes un groupe de rock alternatif, métal. Des petits rebels. Ca pourrait faire parler et vous faire une belle exposition. Mais non, tu n’as pas envie d’aller de ce côté là. Tu veux être fier de toi et de ton groupe, pour les bonnes raisons ce soir. Votre chemin avance doucement mais très sûrement. Tu aimes ce qui se dessine pour l’avenir et ce qui est derrière vous. Tu ne regrettes rien. C’est un très bon sentiment.
« Une tasse de thé, s'il vous plait. Peacock. » Ca, ça te fera toujours mourir de rire. Tu ne laisses pas l’hilarité sortir trop fort de ta gorge mais le sourire qui est sur ton visage est immense. Y’a vraiment que lui pour commander du thé à n’importe quel endroit. Le pire c’est qu’à chaque fois, on le lui sert. Ils doivent avoir une réserve spécial Sighbury dans tous les resto, bar et clubs de la ville au cas où sa majesté vient faire un tour. C’est la seule explication logique pour toi.
« J'espérais que tu ne m'en tiendrais pas rigueur. » « Bien sûr que non. C’est une très bonne surprise. » Ton sourire large sur ton visage. Tu es sincère et tu tentes de calmer tes pensées qui te tourmentent un petit peu. Il a rien vu, il est habitué à ce qu’on le regarde. Pour s’habiller de la sorte c’est ce qu’il recherche. Sûr qu’il y a aussi des hétérosexuel qui le regardent. Après tout, il est la classe incarnée, tout le monde aimerait son charisme.« On m'a dit que la star de la soirée portait une veste de costume ! » T’es en train de te demander s’il t’a si peu vu avec ce genre de fringues. Ta mémoire réalise que vous vous voyez surtout au sport ou après le sport. Sa main vient lisser ta veste. « Ça te va très bien. » « Merci. » Tu regardes ton propre costume également car tu te plais comme ça. « Ca faisait longtemps que j’avais pas eu une occasion d’être aussi élégant. » C’était plutôt monnaie courante avant, dans ta jeunesse, lors de gala ou autres évènements où tu suivais tes parents et où il ne fallait pas faire honte. La réalité c’est que tu n’as jamais eu aucun soucis côté vestimentaire. Tu te sens bien dans ce genre de fringues et tu as plus de chemises et polo que de t-shirt dans ton armoire. Tu es plus à l’aise dans ceux là.
« Est-ce le club qui t'a contacté pour ce show ? » Tu fais oui de la tête. « La copine de Johnny a un ami qui bosse au milieu de toute cette programmation et qui leur a parlé de nous. » Johnny étant ton binôme dans le groupe Hurtwave. Il était aussi avec toi dans le groupe d’avant, Empire of the Sun. Vous deux ça remonte à vos 18 ans. « Comment va ton bras ? » Tu demandes car vous n’en avez après tout, pas beaucoup parlé. « T’as beaucoup souffert ? » Tu étais de l’autre côté du terrain, sur le banc de touche au moment de l’accident, tu n’as pas vu véritablement ce qu’il s’est passé. « T’en as pour combien de temps avant de pouvoir reprendre le sport ? » Dis donc c’est que tu en as beaucoup des questions AJ. Et c’est encore une tiens. « Pas trop chiant tous les jours pour t’habiller tout ça? » Il doit avoir de l’aide chez lui… non ?
« La copine de Johnny a un ami qui bosse au milieu de toute cette programmation et qui leur a parlé de nous. » « Le bouche à oreille. » Répondit Carmine d'un air docte, sa tête hochant silencieusement afin de signifier son approbation. Sighbury connaissait la puissance du réseau pour être passé expert en la matière. À l'instar d'une araignée particulièrement agile, l'anglais savait exactement sur quel fil tirer dans le but d'obtenir ce qu'il souhaitait. C'était vrai dans sa vie personnelle comme dans sa vie professionnelle et il se satisfaisait de constater qu'Asher ne manquait pas d'opportunités. Combien d'artistes de talent se voyaient cantonnés aux couloirs du métro faute de connaître les bonnes personnes ou de croiser les bonnes étoiles ? Trop. C'était l'une des raisons pour lesquels l'anglais aimait tant chiner dans les vides greniers et les galeries amateurs. L'idée de découvrir des pépites le séduisait tout particulièrement. Dans le cas d'Hurtwave, on ne pouvait pas parler d'amateurisme. Buckley et son binôme avaient une longue expérience de la musique avec leur ancien groupe, mais C. se demandait parfois si la déprime de son ami ne venait pas aussi du fait d'avoir à repartir de zéro (en plus d'avoir perdu ses proches) ...
Triste pensée que la question d'Asher chassa en faisant référence à la récente fracture du mannequin. C. ferma les yeux tout en soupirant longuement par le nez dans une attitude de résilience courroucée, mais digne. « J'ai cru le perdre. » Son bras. Il fallait préciser que sa Majesté n'avait jamais subi d'accident ni de douleur notable auparavant. Quelques bleus à l'entraînement, tout au plus, ainsi qu'une chute de cheval lorsqu'il était enfant, mais dont il ne se souvenait plus vraiment. Presque quarante années de vie à se faire dorloter l'avait rendu douillet au point de sous-entendre que cet os cassé l'avait amené aux portes de la mort. La vérité derrière tout ce drame était plus modérée : C. prenait des anti-douleur qui rendaient la convalescence tout à fait supportable. Ce qui l'était beaucoup moins, en revanche, c'était le style que son plâtre lui donnait ! « Si tu savais ... » Dit-il en levant discrètement le coude afin d'exposer son avant-bras boudiné. « Ce maudit plâtre déforme tous mes costumes. » Le ton était sérieux. On parlait de quelque chose de grave et de contrariant, à n'en pas douter. « Le médecin parle de 2 mois de convalescence. » Dépité, Carmine avait bien entendu fait appel aux meilleurs spécialistes et s'était fait promettre que la sienne serait plus rapide. À grands renforts de séances de kiné et de massages, on avait assuré au mannequin qu'il retrouverait de l'autonomie au bout de 4 semaines, mais cela ne changeait rien à l'interdiction d'impact le temps que l'os se ressoude complètement. « Nous allons devoir revoir nos plans pour le tournage du clip, je ne pourrai pas monter à cheval. » Cet aveu l'attristait profondément. Sa Majesté, qui s'était vu galoper à travers les montagnes australiennes tel un cowboy du pacifique, risquait fort de rester sur le banc de touche. Chacun son tour ...
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Dernière édition par Carmine Sighbury le Jeu 5 Oct 2023 - 13:41, édité 1 fois
« Le bouche à oreille. » Tu confirmes d’un hochement de tête qui n’est pas nécessaire. Il a très bien entendu. Il a l’air dans ses pensées le temps d’un instant. Tu te demandes bien ce qui se passe dans sa tête. Tu aimerais bien pouvoir lire dans ses pensées des fois.
Tu demandes à propos de son bras car ça reste quelque chose de récent et très sérieux. Tu veux montrer à Carmine que tu t’inquiètes pour lui toi aussi. « J'ai cru le perdre. » Tu l’entends dans ses mots et tu le vois dans son air, il a eu vraiment très peur. Tu vas poser ta main sur son bras - celui qui est valide - dans un geste qui se veut réconfortant. T’es clairement pas le roi pour réconforter les gens, mais tu te dis que ce geste est pas mal pour soutenir son ami à ce moment précis. « Si tu savais ... » Tu ôtes ta main de son bras alors qu’il te montre l’autre. « Ce maudit plâtre déforme tous mes costumes. » Tu peux pas t’empêcher d’avoir un léger sourire sur le visage. Il doit quand même savoir qu’il n’est pas obligé de déformer ses costumes. Il suffit de ne pas les porter pendant ce temps, même si ce serait une épreuve car immense blasphème vis à vis de ses standards.
« Le médecin parle de 2 mois de convalescence. » Tu trouves que c’est pas tant que ça mais tu vois à son visage que c’est déjà bien trop pour lui. « Nous allons devoir revoir nos plans pour le tournage du clip, je ne pourrai pas monter à cheval. » Tu fais oui de la tête alors que ta main retourne sur son bras naturellement dans un geste rassurant. « C’est pas grave ça. Ton bras est plus important. » Tu dis, sincèrement. « Tu devrais essayer des nouveaux styles vestimentaire pendant ta convalescence pour pas déformer tes costumes. » Tu tentes comme tu peux de lui trouver des solutions qu’il n’a pas demandé. « Si tu t’ennuies je suis là tu sais. Pendant ces deux mois. » La réalité c’est que t’es là autant qu’il veut, pas juste quand il va pas bien, mais il le sait ça non ? « Tu m’appelles et je viens. » Tu marques une pause. « Même si tu t’ennuies pas. Je dis pas que je suis disponible que si tu as épuisé toutes tes activités possibles. » T’as un léger sourire car tu n’es pas doué pour les explications claires. Tu ôtes ta main de son bras. « Si tu veux me voir je suis là. J’ai pas grand chose de prévu ces prochaines semaines en plus, c’est peut être moi qui vais t’appeler. » Tu as fini l’enregistrement de l’album tout récemment.
« C’est pas grave ça. Ton bras est plus important. »Asher avait raison, mais Carmine, qui n'y avait que très peu de fois été confronté au cours de son existence, tolérait mal la frustration. Se savoir privé de quelque chose qu'il désirait vraiment le contrariait. La remarque concernant les nouveaux styles vestimentaires parvint toutefois à le faire sourire. En réponse, C. secoua le coude afin de faire rebondir la main du musicien sur son bras valide. Le mannequin voyait bien qu'Asher le taquinait ! « Si tu t’ennuies je suis là tu sais. Pendant ces deux mois. » L'air de défi amical qu'affichait Sighbury se transforma en expression de reconnaissance. Savoir Buckley disponible pour lui lui faisait chaud au coeur car il avait la certitude que cela n'était pas motivé par l'argent, la gloire ou tout autre conflit d'intérêt que sa Majesté retrouvait malheureusement trop souvent dans ses relations avec autrui. Les explications bancales du chanteur ne firent que conforter Carmine. Un élan d'affection fit s'élever un rire de sa bouche aux dents si blanches qu'elles concurrençaient la rutilance de son costume. « ... J’ai pas grand chose de prévu ces prochaines semaines en plus, c’est peut être moi qui vais t’appeler. »« J'en conclus que l'enregistrement est terminé ! » S'exclama Carmine, enjoué tout en frappant du bout de sa canne contre le sol afin de manifester son excitation. « Je refuse d'attendre deux mois. » Caprice de star. « J'ai pensé m'adapter à la situation et complètement changer la trame narrative du clip. »
À seulement quelques semaines du début du tournage, cela était osé, mais pas surprenant de la part de sa Majesté. Sighbury ne s'encombrait d'aucune limite, surtout lorsqu'il était question d'inspiration. Il n'y avait que ce maudit plâtre pour réellement l'entraver et l'obliger à revoir sa copie mais son esprit créatif ne s'en trouvait que plus stimulé. « Nous pourrions en discuter avec Johnny la semaine prochaine. Peut-être envisager plus d'images de vous à l'écran, si cela vous convient. » C. réfléchissait à voix haute, mais semblait également avoir une idée en tête. Visionnaire comme son père, l'Anglais voyait défiler sous ses yeux de nouveaux angles de prise de vue et d'effets de lumière destinés à cacher sa blessure. Comme le plâtre passerait mal à l'écran, Sighbury n'allait pas non plus pouvoir jouer de la guitare, mais quel meilleur spécialiste qu'AJ lorsqu'il s'agissait de jouer face à la caméra ? Le Tik Tok du musicien débordait de vidéos gros plans sur ses mains en action.
T’es pas sûr de ce qui se passe dans la tête de ton ami à ta proposition de style vestimentaire mais tu as la sensation qu’il n’est pas très enclin à faire ces expériences. Comment lui dire que le fond de ta pensée c’était tout simplement qu’il reste torse nu pendant deux mois et tout le monde sera très content de ce changement là. C’est le printemps après tout, la chaleur est de plus en plus présente avec l’été arrivant, tu es certain qu’il est possible de ne porter rien du tout pour embêter son bras pendant toute sa convalescence. C’est absolument pas possible réalistiquement. Il doit avoir des gens à voir, des choses à faire qui demandent de protéger sa peau. Mais c’est fun de l’imaginer malgré tout.
Tu aimes voir qu’il est attentif à ce que tu dis, à ce que tu proposes pour l’aider dans ces moments pas marrant pour lui, cette convalescence. Tu espères qu’il va faire appel à toi. Tu prendras soin de le contacter également, tu as du temps à venir. « J'en conclus que l'enregistrement est terminé ! » Ton sourire se fait plus large à ses mots et tu hoches la tête. Il se souvient de ce détail. C’est plaisant. « Je refuse d'attendre deux mois. » Tu n’es pas sûr de ce qu’il est en train de dire ? Il veut écouter ton album avant tout le monde ? « J'ai pensé m'adapter à la situation et complètement changer la trame narrative du clip. » Oh. Un plot twist. « T’es sûr ? » Car c’est un gros projet et changer tout risque de mettre à mal certaines choses avec l’organisation, non ? Tu sais pas. Dans tous les cas la vie fait que ça ne sera pas comme prévu. « Nous pourrions en discuter avec Johnny la semaine prochaine. Peut-être envisager plus d'images de vous à l'écran, si cela vous convient. » Tu lèves les mains devant toi brièvement. « Tout me convient, mais t’es sûr que c’est nécessaire ? Je te laisse voir avec le réalisateur plutôt non ? » Tu n’es qu’une infime partie de cette collaboration à ton avis et tu ne veux pas passer pour la diva qui donne des nouvelles instructions alors que tout était bien millimétré. « Je te laisse le pouvoir de décision, je sais que tout nous ira, on est honoré de faire partie de cette collab de n’importe quelle manière qu’il soit. »
« Tout me convient, mais t’es sûr que c’est nécessaire ? Je te laisse voir avec le réalisateur plutôt non ? » Carmine fit non de la tête. Le contrat avait été clair lorsqu'il avait accepté de vendre son image à Gibson : le réalisateur mettrait en scène ce qui serait décidé en amont par le mannequin. Sighbury s'imposait en directeur artistique, c'était la condition de sa figuration. Dans sa volonté d'intégrer Hurtwave au clip, le mannequin souhaitait consulter les membres du groupe afin de valider la trame. Le fruit du tournage ne servirait peut-être qu'à faire la promotion du nouveau modèle de la marque, mais il resterait consultable sur le net pour les années à venir. Réfléchir au contenu et s'assurer qu'il soit en adéquation avec les désirs et les ambitions de chacun était donc essentiel. Asher ne le réalisait peut-être pas encore, mais le nom de son groupe allait être cliqué autant de fois que celui de Carmine. Il était presque inévitable que le spot publicitaire devienne, dans l'esprit des spectateurs, le clip de la chanson d'Hurtwave. C'était d'ailleurs là que sa Majesté voulait en venir :
« J'aimerais entendre la chanson que vous avez choisie.» En entier, voilà ce qu'il voulait dire. Car l'Anglais avait entendu les extraits retenus pour le spot publicitaire, mais la redistribution des cartes changeait la donne. Entendre le morceau dans son intégralité lui paraissait essentiel. C. en avait besoin afin de mieux redessiner les contours de la mise en images. Il pourrait ainsi soumettre un scenario viable et adapté, conserver les dates du tournage et sortir de l'impasse que représentait sa fracture avec un résultat final meilleur que ce qui était initialement prévu. D'une part la version courte, composée des scènes présentant la guitare ; de l'autre la version longue, racontant l'intégralité de l'histoire. La première serait une bande annonce de la deuxième ; une mise en bouche incitant le spectateur à en vouloir davantage. « Tant qu'à vous solliciter plus que prévu à l'image, tournons le clip en entier et faisons-en un bijou ! » Pas de demi-mesure pour sa Majesté. AJ devait le savoir, les souvenirs de la villa post-concert n'étaient pas si éloignés dans le temps et l'âge ne semblait pas calmer le britannique. Carmine vieillissait comme le bon vin, il gagnait en caractère et devenait de plus en plus ambitieux.
Tu vois bien que Carmine est en train de changer les plans et que ce n’est pas simplement des paroles en l’air. Tu ne comptes pas lui mettre de bâtons dans les roues, si tu es dans cette position avec cette collaboration divine, c’est grâce à lui. Tu prendras la plus petite part du gâteau si c’est tout ce qu’on te donne. Le truc c’est que ce gâteau il fait la taille d’un gratte ciel. C’est lunaire ce qui va se passer dans cette collab avec cette marque de guitare et avec Monsieur Carmine. T’as bien compris depuis pas si longtemps qu’il est réellement très connu. Il est le big deal. Et t’as juste eu un cul énorme qu’il décide de faire du rugby incognito dans le même club que toi.
« J'aimerais entendre la chanson que vous avez choisie.» Tu fais oui de la tête mais tu ne prends pas ça au pied de la lettre. Il ne veut certainement pas l’écouter maintenant. Il sait bien que tu as d’autres chats à fouetter. « On peut se voir demain ou dans quelques jours et je te fais écouter ça. » Tu le lui as dit un peu plus tôt, tu es disponible, il sait. Tu peux aussi tout simplement lui envoyer le fichier et il pourra l’écouter quand il veut, même ce soir en rentrant chez lui mais non. Tu veux le revoir. Vous avez tous les deux du temps alors autant en profiter. « Tant qu'à vous solliciter plus que prévu à l'image, tournons le clip en entier et faisons-en un bijou ! » Tu hausses les sourcils bien haut à cette proposition. Vous avez l’habitude de faire des concepts des petits films pour vos clips, ça a toujours été très bien fichu car vous avez mis l’argent, et visiblement tu as un clip de plus de ce calibre - peut être même plus haut - qui va s’ajouter à la liste. « J’espère que tu le dis pas pour plaisanter parce que je suis déjà en train de me faire des films là… Ce serait incroyable. » Est-ce qu’il se rend compte que c’est fou ce qu’il fait pour toi ? « T’es en train de me déconcentrer totalement de ma présentation de ce soir avec tout ce que tu me dis là. » Mais t’as un immense sourire au visage et tu n’en es pas désolé. Tu joueras avec un coin de ta tête qui pense au clip que vous allez sûrement faire ensemble. « Si je me plante ce soir je pourrais dire que c’est de ta faute. » Tu aimes bien cette excuse. Tu sais aussi que tu ne te planteras pas ce soir, tu as trop travailler pour ça. Tu es bien trop de bonne humeur car tu te permets même - sans t’en rendre compte - de faire un clin d’oeil à Carmine. Signe de ponctuation de la taquinerie que tu viens d’évoquer.
« J’espère que tu le dis pas pour plaisanter parce que je suis déjà en train de me faire des films là… Ce serait incroyable. » Des paroles en l'air ? En guise de réponse, Carmine leva le nez et recoiffa sa mèche. Ce petit geste snobe, l'Anglais le réservait d'ordinaire aux quelques coéquipiers de l'équipe de rugby qui, malgré ses progrès indéniables en plaquage, continuaient de l'appeler Pancake. Avec le temps, le surnom était devenu davantage affectif que moqueur et la moue suffisante du Britannique une espèce de running gag qu'ils avaient appris à apprécier sans se vexer d'être pris de haut. Les joies des sports d'équipe. « T’es en train de me déconcentrer totalement de ma présentation de ce soir avec tout ce que tu me dis là. Si je me plante ce soir je pourrais dire que c’est de ta faute. »« Nous savons tous les deux que cela n'arrivera pas. » Répondit Carmine, aussi sérieux que le clin d'oeil d'Asher pouvait ne pas l'être.
L'ambiance était bon enfant et la conversation résolument enjouée tandis que Buckley finissait son verre. Carmine, lui, soufflait sur sa tasse de thé à intervalles réguliers. Ils eurent encore l'occasion de plaisanter quelques minutes, mais arriva bien vite le temps pour le musicien de monter sur scène. Soucieux de ménager son bras, le mannequin resta au bar et écouta son ami surprendre l'auditoire avec des versions revisitées de ses titres habituels. À défaut d'applaudir, Sighbury tapait de sa canne contre le plancher, donnant à son personnage des airs de milord d'une autre époque. L'avenir ne s'annonçait peut-être pas si morose que cela et la perspective de passer quelques heures en compagnie d'Hurtwave afin de discuter des modalités du clip le stimulait. C'était le meilleur moyen pour Carmine de garder le moral en dépit de sa blessure.