(c) dailyflicks & ranckeggelhoffer

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@MARLEY LYNCH & SHILOH

lieu: l'octopus, fortitude valley

Du coin de l’œil, j’observe Damon qui cherche à se faire discret tout en allant rejoindre Megan. Il s’y prend comme un pied, mais ses intentions sont louables. Je préfère m’échapper dans la direction opposée avant que ma meilleure amie ne pose les yeux sur moi. J’ai promis de tenir un secret et je sais, j’en suis persuadé, Megan va finir par apprendre que Damon est venu me parler et elle fera de ma vie un enfer pour que je lui crache le morceau. Je pourrais presque commencer à me préparer psychologiquement, mais j’ai bien d’autres préoccupations pour le moment. Je ne suis pas venu dans ce casino simplement pour entendre les petites conspirations du mari de mon amie.

Il m’a fallu des jours pour me persuader que participer à cet événement était une bonne idée. C’est sur un coup de tête que je me suis inscrite à ce petit matchmaking au cours de la soirée. L’idée sur le papier était amusante, choisir un numéro et obtenir un ou une cavalière anonyme pour passer un peu de temps sur la piste de danse ou à flamber un peu d’argent. On avait enroulé mon poignet d’un petit bracelet jaune fluo dès mon arrivée et maintenant, il ne me restait plus qu’à trouver son jumeau. J’ai envie de le faire, je voudrais me lancer dans cette aventure. Ce n’est rien de bien fou, juste une soirée dans un casino blinder de monde. Qu’est-ce qui pourrait bien m’arriver ? Rien d’extraordinaire. Soit, je rencontre quelqu’un de véritablement intéressant et je passe une bonne soirée. Soit c’est un échec et je me serais pomponné pour rien. Ce n’est pas la fin du monde. Pourtant, avancer me paraît si compliqué. Je me sens soudainement idiote avec ma robe un peu trop près du corps et mes lèvres trop rouges. Ne voulant pas attirer les regards sur ma personne, je décide de me glisser vers le bar pour récupérer un cocktail fruité. Un peu de courage liquide.

Mes pas me mènent vers l’autre bout du bar, près des tables de jeux et finalement, après quelques gorgées, je finis par regarder autour de moi. Les couples se forment et j’aperçois plusieurs personnes avec des bracelets, mais sans qu’aucun ne soit de la même couleur du mien. J’étais prête à laisser tomber, prête à rejoindre Megan pour au moins lui dire bonsoir avant de rentrer à la maison, avant qu’une jeune femme s’installe sur le tabouret à mes côtés et que je m’aperçoive de la couleur de son bracelet. « Bonsoir. » Un sourire timide étire mes lèvres alors que je lui montrais le petit bracelet de papier enroulé autour de mon poignet. « Je crois que c’est la même couleur. » que je lui annonce un peu timidement. J’allais me présenter avant de me rappeler qu’un masque recouvre notre visage. « Je suis pas certaine de comment tout cela se déroule. » Je suis nerveuse. C’était à deviner dans une situation aussi nouvelle pour moi. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? » Je pouvais au moins lui proposer cela après tout. « Pardon, j’ai jamais fait ça et… Je crois que je suis nerveuse pour rien. » que je finis par déblatérer en riant quelque peu.

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Une femme. Je pouvais faire avec une femme comme partenaire pour la soirée. C’était bien plus simple à gérer pour mon anxiété. Il suffisait de faire la conversation après tout, non ? J’ai l’impression d’apprendre à nouveau. D’être une adolescente qui n’est jamais sortie de la maison sans ses parents. À cet instant précis, je donnerais tout pour que Nathan soit à mes côtés. Lui, il a toujours su s’y prendre pour me calmer. Mais mon jumeau n’est pas là. Je suis seule face à cette jeune femme et je suis quand même bien capable d’amorcer une conversation. Je n’ai jamais été aussi heureuse de porter un masque qui dissimule la moitié de mon visage. C’est comme la petite dose de courage dont j’avais besoin pour faire le premier pas vers la métisse. Je passe pour une idiote avec mon petit discours précipité et mes hésitations, mais au moins, j’essaye. C’est tout ce que souhaitais faire ce soir. Essayer. Tenter de retrouver une ville normale. Passer une soirée comme toutes les jeunes femmes de mon âge. C’est pour cela que je m’étais inscrite à ce fichu blind date et je compte bien aller jusqu’au bout.

« On est au moins deux dans cette situation ! » Je lui adresse un sourire amusé. Je crois que je ne suis pas la seule à m’être inscrite à cet événement dans le simple but de me donner un petit défi personnel. Étrangement, je trouve cela presque rassurant que l’on soit dans la même situation. « Alors on va essayer à deux. » que j’ajoute d’un air mi-amusé, mi-paniqué, il faut bien l’avouer. « Je vais prendre un Virgin Mojito... » Je hoche la tête ne m’attardant pas réellement sur son choix. Elle avait bien le droit de choisir le cocktail qui lui faisait plaisir. « Je préfère garder l'esprit clair avant de miser tout mon salaire sans réfléchir. » Une fois encore, elle paraît se justifier et je dois me retenir d’éclater de rire. « Oh bien sûr ! » Je n’avais pas l’intention de brûler mon salaire, mais je pouvais comprendre l’attrait. « Tu sais quoi, je vais prendre la même chose. » Il n’y avait rien de meilleur qu’une boisson sucrée. Et elle avait raison, il était peut-être plus sage de garder l’esprit clair.

Alors que je regardais tout autour de nous, essayant de déterminer si je devais l’invité à une table de jeu ou bien lui proposer une danse. C’est ce que l’on devait faire non ? « Pas trop déçue de ne pas être tombée sur un bel Apollon ? » Surprise par sa question, je tourne à nouveau la tête vers ma compagne pour la soirée. « Je pourrais bien avoir eu envie de rencontrer une belle Aphrodite ?! » Je ne m’étais jamais attardé sur les femmes auparavant, mais elle ne pouvait pas le savoir. Pourquoi assumer que je voulais forcément passer la soirée avec un homme ? « Je… Ce n’est pas vraiment le cas, mais ça aurait pu. » que je finis par lui dire un peu plus calmement. « Et pour tout t’avouer, je suis presque soulagée d’avoir été mis en duo avec une femme. » Ce n’était pas la raison pour laquelle je m’étais forcée à m’habiller et à sortir de chez moi, mais c’était tellement plus dans ma zone de confort. « Je… J’ai pas date depuis très longtemps et je suis pas certaine d’être prête pour me jeter là-dedans à nouveau. » Je ne sais pas pourquoi je lui dis tout cela, mais je ne sais plus m’arrêter. « Je me suis un peu forcée à participer à cette soirée, mais… Oui, je suis contente d’être tombé sur une femme. » Je lui souris un peu alors que le serveur pose nos verres devant nous. « Et j’ai comme l’impression de ne pas avoir été la seule à m’être lancé un pari pour cette soirée. » Est-ce que je me trompais ?

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Je sens bien que la jeune femme à mes côtés n’est pas spécialement à l’aise. Elle ne cesse de regarder autour d’elle, mais surtout, son discours est empli de tout un tas d’hésitation qui vient marquer son manque d’assurance. Cela me rassure au moins, de ne pas être la seule à me donner un défi en venant ici. Je cherche néanmoins à la rassurer en utilisant mon humour parfois douteux, il faut bien l’avouer. « Désolé, c'était stupide comme remarque... » Non, ça ne l’était pas réellement. Elle avait juste laissé comprendre qu’elle n’était pas à l’aise avec la gent masculine et je n’allais pas lui en vouloir pour cela. « Non absolument pas, rassure-toi. » Je préfère encore qu’elle soit parfaitement honnête et qu’elle puisse exprimer ses inquiétudes et les doutes qu’elle avait pu ressentir en venant ici. J’aurais aimé pouvoir la rassurer un peu plus, mais si cela devait prendre quelques minutes, je pouvais le comprendre aussi. J’ai toujours été bavarde de manière naturelle, mais je n’imposerai pas ma présence si je sens qu’elle n’est absolument pas prête.

« Je vois que le masque ne cache que mon visage et non pas mes intentions. » En douceur, je hausse des épaules. Peut-être parce que je me retrouvais pleinement dans sa situation. Je n’en connais pas tous les détails, mais il paraît évident que cela fait bien longtemps que ni l’une ni l’autre n’avait oser s’aventurer dans une soirée en solo. « Disons que j'avais besoin de m'assurer que je pouvais encore continuer à faire ce genre de choses... » Un sourire vint étirer mes lèvres. « Je comprends tout à fait. » Il était nécessaire parfois de se brusquer un peu, de se faire violence avec soi-même afin de se rappeler que rester enfermer chez soi n’était pas la solution à tout. « J’espère que cette soirée pourra t’aider. » que j’avoue en toute franchise. Après tout, j’espérais que cette soirée allait m’aider également. « Ça fait longtemps que tu es célibataire ? » La question me prit au dépourvu tant je ne me l’étais pas posé depuis longtemps. « Je ne te drague pas hein ! J'ai un copain. » Je ne peux m’empêcher de rire face à sa précision si rapide. « Non t’en fais pas, c’est juste que… » Que quoi exactement ? « Je n’avais pas compté depuis un moment. »[/color] Et la vérité tendait vers une deuxième année bien entamée de célibat. « Cela fait un peu plus de deux ans. » Et si je n’avais jamais réalisé auparavant, c’est bien parce que je ne m’étais plus imaginé aux bras d’un homme depuis ma dernière rupture. « Je n’étais pas pressée de me remettre sur la piste. » Et je ne le suis toujours pas vraiment, mais chaque chose en son temps après tout.

Au loin, une nouvelle musique résonna, nous faisant tourner la tête en même temps. « Mais... C'est quoi ? De la cornemuse ? Bon... Si ça ne te dérange pas, je t'inviterai à danser après. » Je ne pus m’empêcher d’éclater de rire face à son dégoût évident. « Je crois que l’on peut clairement passer celle-ci. » Le rythme paraissait étrange et les sons assez affreux à l’oreille. De toute façon, je suis une bien piètre danseuse et je crois que j’aurais un peu trop peur de marcher sur sa belle robe. « J’aime vraiment beaucoup ta robe. » que je commente d’un œil un peu trop professionnel. « C’est la parfaite couleur pour ta carnation. » que j’affirme alors qu’elle ne m’avait rien demandé. « Désolée. Déformation professionnelle. » Je ris à mon tour avant de boire une gorgée de mon cocktail. « Mais je me suis pas présenté. » que je finis par réaliser. Certes, la soirée est masquée, mais j’ai un peu du mal à lancer une conversation quand je ne connais pas au moins le prénom de mon interlocutrice. « Je m’appelle Shiloh. Enchantée. » que j’annonce en lui tendant ma main dans un sourire.

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La conversation se voulait étrangement sincère, comme s’il nous était plus simple de se confier à une étrangère. Peut-être parce que, au final, on se retrouvait dans cette soirée pour des raisons quelque peu semblable. C’est toujours plus rassurant de savoir que l’on est compris, que ma situation n’est pas si étrange que cela. La jeune femme en face de moi, paraît aussi timide que moi, peu sûre d’elle, mais avec l’envie profonde de passer une bonne soirée. Cela va devenir une sorte de rite de passage, l’épreuve à franchir pour se sentir un peu mieux dans notre peau ? Je ne sais pas ce que je vais tirer de ce moment, mais j’espère trouver le courage de m’engager un peu plus souvent dans ce genre de soirée. « Des fois, c’est mieux d’être une louve solitaire plutôt que d’être coincée avec quelqu’un qui ne nous mérite pas. » Elle a probablement raison. On dit toujours qu’il vaut mieux être seule que mal accompagner pas vrai ? J’essaye d’y penser depuis si longtemps, mais lorsque c’est quelqu’un d’extérieur qui le dit, tout à une autre saveur. « Probablement. » que je souffle malgré tout, ayant encore besoin de me convaincre de tout cela.

« Ah ! Je comprends mieux cet œil d'expert. » Un léger rire nerveux m’échappe. « Expert, je sais pas vraiment. Passionné, c’est certain. » Malgré les années qui continue à s’empiler sur mon CV prouvant que je travaille dans la mode depuis ma sortie d’étude, j’ai encore du mal à me considérer comme une experte ou une professionnelle en quoi que ce soit. Au moins, cela me permet de me présenter malgré le fait que nous étions censés garder tout cela anonyme ou quelque chose comme ça. Je peux voir la surprise sur le visage de la jeune femme alors que je prononce mon prénom. Est-ce que l’on se connaît ? Elle se met à rire et je ne peux m’empêcher de sourire face à son élan de joie. « Marley. » Sans prévenir, elle vint m’attirer dans ses bras, provoquant mon propre éclat de rire. « Oh mon dieu. » Je suis presque soulagée que ce soit elle, la serrant à mon tour dans mes bras. « Je suis si heureuse que ce soit toi. » Visiblement, je ne suis pas la seule qui paraît ressentir un soulagement total. « Et moi alors ! » Je lui accorde un énième sourire. « C’est tellement plus rassurant d’un coup. »

Et alors que l’on est tout simplement heureuse de se retrouver, on se fait réprimander par l’un des organisateurs, ce qui provoque un autre éclat de rire de notre part. « Quelle bande de rabats-joie » Je lèves les yeux au ciel à la suite de ses mots. « Comme si ça allait changer quelque chose maintenant. » que j’ajoute en riant un peu. « Comment tu vas ? » On ne c’était pas réellement revu, si ce n’est croiser dans un couloir ou deux, depuis sa crise d’angoisse. « On va pouvoir s’amuser maintenant ! » Parce que je vais devenir bien moins timide maintenant que je me sens pleinement en sécurité.

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Le rire de la métisse crée un large sourire sur mes traits. Le stress du début paraît soudainement s’évaporer à mesure que je réalise. Il ne s’agit pas d’une inconnue, mais bel et bien de mon amie. Je ne l’avais réellement pas reconnue avec son masque, mais ce rire et ce prénom. Il est impossible de se tromper. Soudainement, la soirée me paraît bien plus douce, bien plus simple à aborder. Il serait abusé de nous qualifier d’amie de longue date, mais Marley faisait partie de ces gens en qui j’ai confiance. Probablement parce que l’on avait partagé un moment qui ne pouvait se qualifier, un échange qui m’avait profondément marqué et qui me forçait à toujours avoir un œil sur elle dès que l’on se retrouvait à travailler pour le même événement. Ce n’était pas de la pitié, encore moins une forme de morale, mais juste l’envie de toujours m’assurer qu’elle allait bien. Ce qui me pousse, une fois encore, à m’enquérir de son état. « Mieux. » Et au travers de ce simple mot, je pouvais deviner tout ce qu’elle n’osait pas dire. Elle va bien, mais ce n’est pas la grande forme. Elle n’est plus tétanisée, mais il lui arrive encore d’avoir peur. Je suis passé par ces étapes, il m’arrive encore de me retrouver complètement coincé, comme dans un cauchemar. Je ne pouvais que comprendre et je crois, au fond, qu’elle l’a compris. « Et toi ? » Un sourire vint étirer mes lèvres. « Je vais bien. » Comme elle en réalité. Tout n’était toujours pas parfait, mais tout était sur le bon chemin. J’ai pris le pas pour voir une psy de manière régulière, je fais attention à moi et je continue tout de même à travailler comme une acharnée. « J’ai même pas eu le temps de te dire la dernière fois, mais on va sûrement moins se voir sur les shooting. » Et ce n’était pas une mauvaise chose. « J’ai été promue. » Et je n’ai jamais été aussi fière. « Je suis passé styliste chez Weatherton. » Et même si la tonne de travail me fait parfois tourner la tête, je n’échangerais cela pour rien au monde.

« Tu veux qu'on aille danser ? Ils ont arrêté leur fichue cornemuse. » La musique était, en effet, repassée à quelque chose d’un peu plus moderne. Un air de jazz, mais qui sonnait presque familier. Je suis ce que l’on peut appeler une piètre danseuse, mais après tout, je m’étais donné un pari en venant à cette soirée, alors tout se pouvait possible. « Sinon on peut toujours aller parier quelques billets. » Je suivis le regard de Marley en direction des tables de jeux. « Tu sais jouer ? » Je n’ai jamais été attiré par ce milieu et par conséquent, je n’ai aucune connaissance des règles et autres usages. « J’ai jamais fréquenté un casino, c’est un monde nouveau pour moi. » Et peut être un peu trop impressionnant. J’aurais bien peur d’y laisser ma maigre fortune. « Une petite danse, c’est moins dangereux, non ? » Et pour respecter les règles, je m’empresse de remettre mon masque, nouant le lacet dans ma chevelure, avant de tendre une main vers Marley. « Mademoiselle… » Après tout, on est venu pour s’amuser. « Me feriez-vous cet honneur ? »

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Le cri de joie de Marley me provoqua un léger sursaut. Je ne m’étais pas attendu à une telle réaction de la part de la jeune femme. Mais cela me touche tellement. Je peux le voir dans son sourire, elle est heureuse pour moi. « Félicitations ! Tu le mérites tellement ! » Je m’étais habituée à ce que chacun de mes accomplissements soit critiqué. Cela était devenu une routine, je n’avais plus le droit d’avancer lorsque j’étais à Sydney, et même si les années s’écoulent, j’ai encore tant de mal à me dire que l’on m’autorise à nouveau à prendre ce genre d’avancée. « Tu vas être épatante ! » Et ses mots me touchent au point d’amener quelques larmes aux coins de mes yeux. « Merci Marley, ça me touche beaucoup. » Et même si tout cela est encore bien nouveau, je sais que je ne voudrais jamais revenir en arrière. J’ai aimé être couturière, je n’oublierais pas les années passées à atelier, mais je suis prête à relever ce nouveau challenge. « Ça va être tellement différent, mais j’ai hâte ! » que j’ajoute dans le sourire. « Et puis bon, je passerais encore une tête sur les shootings quand même. » Je sais que je ne saurais pas me tenir éloigné bien longtemps, j’ai toujours aimé participer au processus dans son entièreté.

Et c’est avec cette simplicité, dans la relaxation de connaître notre binôme, que la soirée se poursuit. Je n’ai jamais mis les pieds dans un casino et je dois avouer que tout m’impressionne, notamment les parties de jeux endiablés qui semblent avoir lieu tout autour de nous. « Pas vraiment, mais ça ne doit pas être si compliquée... » - « Tu penses ? » Je ne suis pas aussi certaine que Marley à ce sujet. Tout me paraît complexe et si cela semble être à la portée de tous, j’ai tout de même la sensation qu’il faut maîtriser certains codes pour ne pas se faire rouler dans la farine. « Tu as de l’argent à flambé ? » Parce que ce n’est pas réellement mon cas et l’idée de dépenser une petite fortune pour ne rien obtenir en route ne m’enchante guère. « Une danse, c'est parfait ! » Et voilà qu’elle parle un peu plus mon langage.

Et alors que l’on se glisse vers la piste de danse, je ne peux m’empêcher de remarquer à quel point Marley rayonne ce soir. Sa robe souligne ses courbes à la perfection et si mon regard s’attarde juste une seconde, personne n’aura besoin de savoir. « Je me demande si des couples vont réellement se former à l'issue de cette soirée... » Alors que l’on continue à danser l’une contre l’autre, je laisse également mon regard parcourir l’assemblée. « Peut-être le temps d’une nuit. » que je marmonne un peu amusée. Après tout… J’avais bien connu Lawrence dans une boîte de nuit. Tout paraît toujours possible dans ce genre de situation. « Le consentement, il connaît ? » Fronçant les sourcils face à sa remarque, je vois Marley observer un jeune couple. « Tu crois que ? » Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase, que la métisse à déjà pris le problème à bras le corps provoquant une légère incartade avec le jeune homme. « Toutes mes excuses, je suis extrêmement maladroite. » Et pour souligner son propos, je viens enlacer mon bras autour du sien. « Elle sait pas tenir sur ses talons. » Pour la bonne cause, je ricane, avant de plonger mon regard dans celui de l’autre jeune femme. Je lui tends la main, l’invitant à nous rejoindre alors que son compagnon de la soirée paraît moins amusé par la situation. « Toutes les mêmes ces putains de gonzesses. » Et voilà qu’il partait sûrement à la recherche d’une nouvelle proie, mais au moins, il ne s’imposait pas plus. « Tout va bien ? » La petite blonde hocha la tête avant que son groupe de copines ne la retrouve.

En quelques minutes, on se retrouve à nouveau seule avec Marley. « Tu crois qu’on devrait démarrer un groupe de super-héroïnes ? » La réflexion se voulait à moitié d’être une blague. « Pour veiller lors de ce genre de soirée. » Toujours garder un œil ouvert sur ce qui pourrait bien se passer. Était-ce un peu fou ou une idée venait d’émerger ? Je me tourne vers Marley pour juger sa réaction. « C’est sûrement trop. » que je ne peux m’empêcher d’ajouter.

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Tout s’est déroulé trop vite. Comme dans un brouillard. On a agi avant même que je ne prenne réellement conscience de toute la situation. Ce genre de comportement, je l’ai tellement connu. Lawrence qui voulait me parader en soirée, mais qui ne supportait pas qu’un autre s’approche ou me regarde trop longuement, ses mains qui se faisaient insistantes sur mon corps comme pour marquer sa propriété. Mais je n’ai pas le temps de penser à tout ça. Entraîné par Marley, ma priorité est de m’assurer que la jeune femme va bien. Heureusement, elle retrouve rapidement son groupe d'amis. Et énergisé par l’adrénaline de l’instant, je ne laisse aucune marge à mes pensées sombres, préférant me focaliser sur ce que nous venons d’accomplir, aussi banal soit-il. « Non, ce n'est jamais trop. » Ce n’est jamais trop et en même temps, ce n’est jamais suffisant. Cet homme ne s'était pas voulu discret, mais les plus pervers d’entre eux, ceux qui exercent une véritable pression sur leur victime, se montrent absolument charmants en public. Je m’emballais avec mon idée idiote et je pouvais le voir dans le regard de Marley, mais c’est autre chose qui se joua dans sa posture et ses gestes. « Pas sûre que je puisse jouer ce rôle très longtemps. » Il me fallut une seconde pour réaliser à quel point elle venait de jeter un regard tendre vers son ventre pourtant si plat. « Tu… ? » Il était si délicat de poser la question, je pouvais me tromper, mais en même temps ? Ses paroles laissaient peu de place, au doute pas vrai ? Elle me le confirma dans un demi sourire et je ne su retenir ma joie. « Félicitation ! » Ne voulant pas m'imposer dans son cercle, je me contente de venir serrer sa main en douceur. « Pas de super héroïsme pour toi, c’est certain. » Mais un avenir qui paraît plus doux à venir en tout cas. « Mais plein de belles choses qui vont arriver. C’est génial, ma belle ! » Et je suis sincèrement heureuse pour elle.

Mais Marley semble ne pas avoir pris à la légère mon idée de vouloir venir en aide aux jeunes femmes qui peuvent se faire manipuler en soirée. « On pourrait créer une sorte d'application ou un truc du genre, dès qu'une fille se sentirait en danger, il lui suffirait d'envoyer sa localisation en appuyant sur un bouton. » Je ne pensais pas l’avoir autant lancé sur le sujet. « Les autres filles inscrites sur l'appli pourraient recevoir la notif et la plus proche débarquerait pour aider ? » Je ne veux pas venir abîmer ses idées de grandeur, mais cela me paraît difficilement réaliste. « Ça y est je me prends pour un agent secret, génie de l'informatique. » Je ne peux m’empêcher de rire un peu. « C’est beau, mais peut-être un peu utopiste ? » On aimerait pourtant toutes que ça marche juste comme ça. « Mais je sais que dans des bars, il existe un code. Tu demandes un Angel Shot au barman, et ils savent que quelqu’un t’embête. » J'étais tombé sur l’explication sur les réseaux sociaux et depuis, c’est quelque chose qui me trotte en tête. « Ce serait déjà bien de pouvoir démocratiser ça en ville. » Ce n’est pas utopiste, c’est juste de la prévention, des affiches dans les toilettes des filles et le personnel entraîné à comprendre. « M'enfin, c’est des rêves un peu. » Que je soupire finalement. « Tu sais comme moi a quel point c’est dur déjà de parler quand on traverse tout ça. » J’avais mis du temps et elle aussi. « Mais on devrait pas parler de ça ce soir, on devrait célébrer ta nouvelle ! » que je propose sur un ton plus enjoué.

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Il était beau de faire des plans sur la comète. Durant une seconde, j’aurais pu plonger tête baissée dans sa proposition. Devenir des justicières, jurant pour le bien, à la défense des femmes au travers de la ville. L’idée se voulait alléchante, réellement. Mais je n’étais pas la plus courageuse de notre duo et après avoir appris la nouvelle de sa grossesse, il était hors de question de s’infiltrer dans des idées stupides. Malgré tout, cette conversation n’allait pas me quitter de sitôt. Il existait d'autres moyens de faire attention aux autres, de permettre à toutes les femmes de rentrer chez elles en sécurité. Ce n'était pas une cause perdue et quelque chose qui me donnait envie de me battre, mais je n’avais pas encore trouvé le bon média pour agir à ma façon. Il me faudra encore un peu de temps, mais je savais par avance qu’un jour, je donnerais de ma personne pour soutenir cette communauté de femmes qui m’avait accueilli les bras ouverts lorsque j’étais au plus mal. « Tu as raison » Marley semblait un peu triste, mais je sais qu’un jour, on pourra sûrement reprendre cette conversation. Probablement lorsqu’elle aura donné naissance à son bébé, encore plus s’il s’agit d’une petite fille.

« Je ne veux pas te pousser à la consommation, vraiment, mais... Tu ne veux pas boire un verre de champagne pour moi ? C'est moi qui offre ! » Je ne peux m’empêcher de rire face à son enthousiasme de me pousser un verre entre les mains. « Avec plaisir même ! » Faisant un signe à l’un des serveurs, je finis par commander une seule coupe de champagne. « Pour toi et ton petit bout ! » Et je suis heureuse, sincèrement. Heureuse de voir qu’elle allait de l’avant, que son avenir se dessinait devant elle. « Je n'ai encore prévenu personne... Au travail. J'ai un peu peur. » Peur ? Je n'étais pas certaine de comprendre ce qui paraissait l’effrayer soudainement. « Imagine, s'ils me remplacent définitivement... » Je manque presque de recracher ma gorgée en l’entendant dire ça. « Wow Marley, dis pas ça. » Je n’ai jamais été à sa place, mais j’imagine mal James virer quelqu’un pour quelque chose d’aussi… Naturel ? « James ne va pas te virer parce que tu es enceinte. » Ce serait cruel ? Et complètement hors de propos surtout. « Il va probablement te demander de former quelqu’un pour ton remplacement le temps de ton absence, mais te virer ? Non, vraiment je pense pas. » J’en suis persuadé même. « Tu devrais lui en parler. » Il faisait peur parfois James, mais au fond, il prenait le temps de s’assurer que ses employés se sentaient bien. Il avait à cœur que sa maison fonctionne et que tout le monde s’y sente en sécurité et à sa place. « Vraiment, tu ne devrais pas avoir peur. C’est une bonne nouvelle ! »