flames to dust
Megan Williams & @Scott Horan, octobre 2022 ☆ crédit/wegif

« Faut que je te parle. » Ces mots, je les lui lâche de la plus lâche des manières : alors qu’assise sur le rebord du lit, encore en tenue d’Eve, je lui tourne le dos. J’ai attendu le petit matin. Hier, je l’ai retrouvé au restaurant de l’Emerald hôtel, comme convenu. Je suis montée avec lui dans la chambre qu’il a louée au nombre de son entreprise, comme convenu. Je me suis roulée dans la luxure à ses côtés une bonne partie de la nuit, mais cette étreinte, pour moi, était un adieu.

J’en conviens, c’était égoïste de ma part. Je n’ai pensé qu’à moi, à la façon dont je voulais que les choses se terminent et j’ai fait ce qu’il fallait pour avoir ce que je voulais. Je ne voulais pas lui envoyer un message ou lui jeter que tout était fini au beau milieu du repas. Je voulais ressentir ce que cela faisait une dernière fois, d’être l’autre femme, et cela n’a fait que me conforter dans ma décision. Il ne serait pas parvenu à me faire changer d’avis même s’il avait su, de toute façon. Ma décision était prise, cette nuit n’a fait que rafraîchir ma mémoire et raviver toutes les plaies et douleurs qui font que tout est fini, que tout aurait dû être fini depuis un moment. Pendant longtemps, j’ai cru qu’être dans ses bras était tout ce dont j’avais besoin. Que cela n’avait pas d’importance d’être sa maîtresse si, quand il était avec moi il ne pensait qu’à moi, il ne voyait que moi et me considérait comme la plus belle femme du monde. Mais il m’a enfermé dans un rôle dans lequel j’étouffe désormais. Il a contribué au regard dégoûté que je pose aujourd’hui sur mon propre corps et mes propres choix. Il m’a convaincue sans avoir à dire quoi que ce soit qu’il y avait deux catégories de femmes en ce monde : celles qu’on épouse, et celle qu’on baise, et que je ferai toujours partie de cette dernière. Que je ne valais pas la peine que l’on s’engage pour de vrai avec moi, que je n’étais pas assez pour susciter autre chose qu’un désir physique.

Sauf que je veux plus. Je veux ce que Damon ne sera peut-être jamais disposé à me donner – je ne quitte pas mon amant parce que j’ai la certitude d’avoir conquis mon mari, bien au contraire – mais ce que Scott ne pourra jamais m’apporter. Ce qu’il n’a jamais eu la moindre envie ou intention de me donner non plus. Je sais ce que je représente pour lui, et je ne suis pas le genre de femme avec laquelle il veut un jour avoir des enfants.

Et ce n’est pas grave, parce que je ne veux pas de siens.

« Mais pas comme ça. » Pas nue au sortir du lit. Je jette un coup d’œil par-dessous mon épaule pour l’apercevoir, avant de me redresser. « Je vais me doucher et me rhabiller. On parlera après. » Pour une fois, je prends le contrôle de cette relation, et j’ai l’intention de le faire jusqu’au bout. Je reprends le contrôle de ma vie et, peut-être un jour aurais-je le contrôle sur mon estime de moi. Mais c’est impossible si je continue à jouer les maîtresses un à deux soirs par semaine. « Je vais me doucher toute seule. Commande le petit déjeuner, tu veux ? » Je le précise sans jeter un coup d’œil en arrière et, une fois dans la salle de bain, je ferme la porte à clé pour être certaine qu’il ne prenne pas mes paroles à la légère, qu’il ne décide pas de se glisser nu comme un vers avec moi sous la douche. Je crois que maintenant que j’ai décidé, cela me dégouterait, je le vivrais comme une agression, que ce soit justifié ou pas. Je ne perds de toute façon pas de temps : une fois douchée et rincée, je m’enroule dans une serviette et me rhabille rapidement. Lorsque je regagne la chambre, je m’adosse contre le mur qui fait face au lit, sans me rapprocher de Scott, toujours allongé sur le lit. « Je veux qu’on arrête. » Je prends une profonde inspiration, avant d’ajouter. « C’est fini. Maintenant. »

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@Megan Williams & Scott Horan, octobre 2022 ☆ crédit/lunaoblonsky

Cet hôtel, cette suite du dernier étage m’est familière. Je ne compte même plus le nombre de fois où j’y ai goûté le corps de Megan. Tous les prétextes sont bons pour venir ici entretenir les souvenirs qui me liaient à cette femme. Nos corps portent encore les stigmates de cette nuit, les rayons du soleil lui pique la peau. Encore un matin où j’imagine pouvoir profiter d’elle. J’aime les souvenirs que j’ai ici, je ne veux pas que cela devienne de la nostalgie.

Le travail, les soirées, j’étais épuisé et le peu de temps que je pouvais passer en compagnie de Megan me faisais le plus grand bien. Nos moments, cette bulle où le temps s’arrête et où mes pensées lui appartiennent. Elle se redresse, bien trop vite à mon goût, s’asseyant au bord du lit. « Faut que je te parle. »  Malgré le manque de sommeil, j’ai les idées assez claires pour comprendre que cela ne semblait pas être une bonne chose. Cette phrase résonne un bon moment dans ma tête. Elle a l’air si détaché « Je t’écoute ». Je ne quitte pas  son dos nu du regard. J’avais envie de passer mon index le long de sa colonne vertébrale, de caresser sa peau que j’avais frôlée toute la nuit, mais je comprends assez vite que ce n’est pas ce dont elle a besoin. Je m’abstiens.
 
 
« Mais pas comme ça. » « Je vais me doucher et me rhabiller. On parlera après. » Elle n’avait pas l’habitude de se comporter de cette manière. Sourcil, froncé, mon regard ne quitte pas ses formes. L’insouciance, la fraîcheur et la gorge qui se serre lorsque je croise son regard. Tout s’est estompé doucement j’en avais conscience, mais j’étais loin d’imaginer à quel point le temps nous avez dégradé. « Je vais me doucher toute seule. Commande le petit déjeuner, tu veux ? »Je reste silencieux. Je n’allais pas pouvoir enlacer sa peau humide, épouser les formes de son corps sous cette douche brûlante. Frustré, je m’exécute alors qu'elle se dirige vers la salle de bain. J’attrape le téléphone fixe de la chambre pour contacter la réception. Machinalement, l’esprit trop encombré par ce qu’elle voulait m’annoncer, j’enfile un caleçon. Je n’avais plus qu’à patienter bêtement, sur ces draps que nous avons froissés. 

C’est assez rapidement que Megan revient dans cette pièce, habillé, son air grave, je comprends que la matinée n’allait pas être comme les précédentes. « Je veux qu’on arrête. » « C’est fini. Maintenant. » C’était un mélange étrange de déception et de dégoût. Ma réaction physique ne se fait pas attendre, sourcil froncé, le corps qui se crispe. Je n’ai pas envie de lui répondre parce que je n’ai pas envie que les choses s’arrêtent. Je suis la proie d'une colère sourde qui s'empare de moi. Elle avait réfléchi, elle connaît l’importance et le poids de cette bombe qu’elle vient de me balancer en pleine face. Elle m’a dupé. La jeune femme marque la distance, appuyée contre ce mur. J’essaie de remettre en place les pensées qui s’accumulent. Je me redresse dans un calme olympien, je tourne le visage en mordant l’intérieur de ma joue. Le regard noir, je fixe son visage « À quoi tu joues, Meg ? » Je tiens a cette femme, mais je la méprise, elle n’était plus une gamine, mais je la traite comme telle. Cette relation n’est plus ce qu’elle était, j’en avais conscience, mais elle me convenait. Pourquoi tirer un trait notre secret ? J’allais devoir tourner la page de cette relation abruptement rompue.

Provoquant, presque intimident, j’avance jusqu’à lui faire face. Son corps bloqué contre le mur. Comment a-t-elle pu se lasser de nous. J’établis le contact en attrapant sa main gauche, celle qui porte l’alliance d’une union avec un homme. Je suis terriblement jaloux de ce qu’elle offrait à ce gosse de riche. Mes doigts voyagent sur les courbes de cette bague volumineuse. « C’est à cause de cet homme ? » Damon, celui qui s’était imposé dans la relation que j’avais avec la photographe. Je n’avais toujours pas accepté cette annonce. Comment avez-elle pu me cacher ses fiançailles. Je lui en voulais encore, apprendre que son amante compte se marier avec un homme via les réseaux sociaux, c’est loin d’être agréable. À aucun moment je n’imagine que son choix résulte de mon comportement, la relation s’était construite de cette manière. Je n’ai jamais manqué de dire la vérité à Megan. Elle savait qu’une relation sérieuse entre nous deux n’était pas la bonne solution, ce n’était pas ce dont j’avais envie. Elle est à moi comme je suis à elle le temps d’une nuit, d’un week-end.
« J’imagine que tu as déjà trouvé des solutions pour ton travail. » Évidemment qu'elle y avait pensé. Je n’avais jamais rencontré une femme avec autant de ressources, elle me l’avait prouvé à plusieurs reprise. Je la défie du regard comme si elle avait encore besoin de mon aide, mais elle fréquente un homme bien plus riche et bien plus influent que moi, elle ne devait pas s’inquiéter pour sa carrière. L’agressivité dans mon regard ne reflète que de la peur. Comment faire face lorsqu'une femme qui compte autant prend une décision aussi radicale ?

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Megan Williams & @Scott Horan, octobre 2022 ☆ crédit/wegif

Il m’écoute, mais pas comme ça. Je ne veux pas avoir la discussion qui va suivre dans mon plus simple appareil, je ne veux pas qu’il tente de me faire changer d’avis en essayant de me toucher, de m’embrasser ou de m’attirer contre lui. Ma décision est prise et je n’ai pas peur de changer d’avis ; non, je crains que lui tente d’utiliser l’ascendant qu’il a toujours eu sur moi pour parvenir à ses fins. Il ne l’a certainement jamais fait consciemment, mais il me manipule, Scott. Il m’a longtemps tenue dans le creux de sa main et ce n’est pas grave, j’en étais consciente et satisfaite. Sauf que depuis que notre relation s’est terminée pour reprendre, plus rien n’est pareil. Je vis chaque jour avec un garçon formidable qui, certes ne m’aime pas, mais me montre tout de même au travers de nos interactions et de ses autres relations ce que c’est que d’être tendre, doux, et d’aimer quelqu’un sans chercher à le dominer. Et j’aspire à ça moi aussi, avec Damon ou avec quelqu’un d’autre, mais je suis assez lucide pour savoir que ce ne sera pas avec Scott.

Je regagne la chambre sans même avoir pris le temps de laver mes cheveux. Je veux quitter cette chambre d’hôtel et oublier cette partie-là de mon passé qui, maintenant que j’ai pris conscience de la nature de notre relation, me procure des frissons de dégoût. Je veux tirer un trait sur tout ce qu’il représente Scott, je veux arrêter de gaspiller mon attention et mon affection pour quelqu’un qui ne les mérite pas. « À quoi tu joues, Meg ? » - « Je joue à rien. Je prends une décision. » Trop souvent je l’ai fait, jouer pour gagner son attention, prétendre tout vouloir arrêter pour qu’il me couvre de cadeaux et de ce que je prenais pour de la tendresse, sans pour autant avoir la moindre intention de mettre mes menaces à exécution. Mais cette fois, la situation est différente. Cette fois, il ne s’agit pas de menaces et je n’attends rien de lui, si ce n’est qu’il me laisse partir. « On savait tous les deux que ça allait pas durer pour toujours, de toute façon. » Je suis maîtresse, et les maîtresses on s’en lasse pour en trouver de nouvelles. Je ne suis pas celle à qui il a promis amour et sécurité jusqu’à ce que la mort nous sépare.

« C’est à cause de cet homme ? » Il s’est approché malgré mon langage corporel qui rendait très clair le fait que je ne le voulais pas, et il a attrapé mes doigts dans les siens. Comme brûlée, je retire vivement mes doigts des siens : puisque c’est fini, il n’a plus le droit de me toucher. « Mon mari Scott, c’est "homme", c’est mon mari. » Et du reste, si Damon n’est pas étranger dans ma décision, c’est surtout pour moi que je la prends. « Ça n’a rien à voir avec lui. Je veux juste plus me contenter du peu que t’as à m’offrir. » Des instants volés dans des hôtels, des promesses qui ne riment à rien. Nous n’avons pas d’avenir, lui et moi. Nous n’en avons jamais eu mais, aujourd’hui, j’ai besoin de me projeter. J’ai besoin d’apprendre à me respecter, aussi. « Mais toi, tu devrais retourner auprès de Lauren. » Il l’aime, et je ne le lui ai jamais reproché. Je ne lui ai jamais demandé de la quitter et, aujourd’hui, je me sens peut-être un peu coupable pour cette inconnue qui pleure son impossibilité à concevoir pendant que son époux ordonne à une toute jeune femme d’avorter. « J’imagine que tu as déjà trouvé des solutions pour ton travail. » Je fronce les sourcils, et fais un pas de côté pour ne plus être dos au mur, littéralement. Je m’éloigne de lui de quelques pas, avant de secouer la tête, et de lui demander avec plus d’agressivité à mon tour. « Mon travail ? C’est vraiment ça ta question ? » Les photos volées ne m’intéressent plus. A vrai dire, j’ai toujours aspiré sans oser l’admettre à vivre de mon art d’une plus noble façon. « Est-ce que tu sais au moins, que je fais de la photo ? De la vraie, pas de clichés flous pour nourrir la presse à scandale. » Est-ce qu’il s’est déjà intéressé à celle que je suis au-delà de mon physique avantageux ? Est-ce qu’il a conscience de toute la sensibilité que ces courbes renferment ? « Garde tes opportunités pour quelqu’un qui en aura encore quelque chose à faire. »

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@Megan Williams & Scott Horan, octobre 2022 ☆ crédit/lunaoblonsky

Le soleil surplombe cette formidable ville de Brisbane, un beau jour pour rompre avec son amant, d’après la jeune femme. J’ai imaginé une matinée différente. À la place, je dois faire face à cette personne, bien décidé à interrompre notre histoire. Elle me déroute.« Je joue à rien. Je prends une décision. » Ce n’était pas la première fois. Megan est face à moi. C’est beau puis tout à coup ça nous frappe sur le coin de la figure. La simple idée de ne plus l’avoir pour moi me rend hostile.« Une « décision »,  comme celle de la dernière fois ? Tu ne sais pas tenir tes promesses, Megan » plein d’amertume, j’ai besoin de lui rappeler comment nous en sommes arrivés là. Quelques semaines suivant notre première rupture, après quelques messages échangés, elle n’avait pas perdu de temps pour rappliquer dans cet hôtel et passer le reste de la nuit à mes cotes. Ça n’avait aucun sens, se démener de la sorte. Dans quel but, nous réparer et ensuite ? Nous avons essayé et d’après elle, nous avons échoué. « On savait tous les deux que ça n’allait pas durer pour toujours, de toute façon. » Évidemment que je suis conscient du dénouement de cette aventure et c’est ce qui rend notre relation aussi dangereuse. Je ne peux pas lui offrir une histoire saine et stable, mais je n’ai pas le désir de tirer un trait sur Megan, pas maintenant. Elle est cette bouffée d’oxygène qui rompt le calme monotone de ma vie. Les choses sont simples à ses côtés, je m’évade et je pense à nous. Elle est à moi et je n’ai pas envie que ça cesse. Je n’arrive pas à faire face à cette envie indéfectible de la provoquer. Elle ne voulait plus honorer la place qu’elle avait gagnée, celle que je lui avais laissée. Elle se retrouve si loin en l’espace d’une nuit.

« Mon mari Scott, cet "homme", c’est mon mari. » Son « mari » putain, qu’est-ce que ça sonne faux. Je le vois dans son regard, à essayer de s’en convaincre elle-même.«  Est-ce qu’il sait où tu es en ce moment même ? Est-ce qu’il se doute que tu viens de passer la nuit avec un autre homme, ton mari ?» Elle parle de lui comme si elle y tenait et ça m’horripile. « Ça n’a rien à voir avec lui. Je veux juste plus me contenter du peu que t’as à m’offrir. » À peine sa phrase terminée, j’enchaîne, irrité. « Du peu que j’ai à t’offrir ? Cette relation, tu l’as accepté, elle t’a convenu autant qu’à moi. Je ne t’ai jamais fait des promesses que je ne pouvais pas tenir. A quoi tu t’attendais ? » Elle peut m’en vouloir pour un tas de choses, mais pas pour ça. J’ai veillé à ce que cette relation reste celle que nous avons construite. Je lui offrais ce que je pouvais, elle faisait de même et c’était notre engagement. Je me perds. Le ton monte, je suis profondément contrarié par la tournure des événements et c’est parce que je tiens sincèrement à cette femme. C’est injuste, j'ai eu l’espoir que tout cela soit réciproque. Moi qui pensais être l’amant parfait à défaut d’être le mari à qui on ne peut rien reprocher.

« Mais toi, tu devrais retourner auprès de Lauren. » Je déteste entendre le nom de ma femme sortir de sa bouche. Je serre les dents en même temps que je ferme les yeux. Elle me rappelle le genre d’homme que je suis. Cette phrase. Elle me fait mal parce que je me dégoûte et elle le sait. J’aime Lauren et même si notre histoire ne se résume plus qu’à essayer de fonder une famille, je ne veux pas nous anéantir. Les nuits où je ne suis pas avec Megan, je le passe à consoler celle qui ne croit plus en rien, j’ai perdu l’espoir d’alléger ses souffrances. C'est Megan qui apaise les miennes. « Je t’en pris Megan, je n’ai pas besoin de tes conseils » manifestement, elle avait raison, mais hors de question que je l’admette.

Il y a moins de 24 heures, elle s’offrait à moi et là, elle me repousse avec son air de dégoût. Je ne la quitte pas du regard malgré la distance qu’elle prend en s’éloignant du mur. Si elle pouvait reculer encore plus, elle le ferrait. Elle est habillée, je suis toujours en caleçons, pas forcément équitables. C’est comme si c’était simple, elle balaye cette histoire du revers de la main avec un calme déconcertant. Je tiens à elle et pas seulement à l’idée qu’elle m’appartienne, ça me touche. J’ai besoin de l’atteindre, moi aussi.  « Mon travail ? C’est vraiment ça ta question ? » « Est-ce que tu sais au moins que je fais de la photo ? De la vraie, pas de clichés flous pour nourrir la presse à scandale. »« Garde tes opportunités pour quelqu’un qui en aura encore quelque chose à faire. » Je passe ma main sur mon visage, dépassé. « Tu ne dois pas le prendre si mal. Tu es bourrée de talent, je n’en ai pas le moindre doute, mais tu ne peux pas le nier, je t'ai bien aidé. »  Je l’ai énervée et à raison, elle mérite la place et le nom qu’elle s’est fait dans le domaine. Je suis juste bêtement obnubilé par l'envie de me sentir indispensable alors que Megan a toujours prouvé qu’elle n’avait besoin de rien ni personne pour s’en sortir. Cependant, elle ne pouvait pas me contredire, si je n'avais pas été là, elle aurait eu beaucoup plus de mal à assouvir son besoin de s’élever socialement dans ce domaine.

Je l’observe, je suis à la recherche de la moindre émotion. Je sonde son visage et j’imagine qu’à ce moment-là, la meilleure solution pour me remettre les idées en place c’est de fuir et me ruer sous une douche froide. Je ne vais pas prendre le risque, elle peut quitter la chambre. Je n’ai besoin que de faire un seul pas pour me retrouver de nouveau face à elle. Le plus sincèrement et calmement possible, je lui avoue « Je n’ai pas envie de te laisser partir, Megan. » Toutes les tentatives pour arranger les choses sont bonnes à prendre, même si la décision semble ferme pour la jeune blonde.

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Megan Williams & @Scott Horan, octobre 2022 ☆ crédit/wegif

« Une « décision »,  comme celle de la dernière fois ? Tu ne sais pas tenir tes promesses, Megan. » - « On sait tous les deux ce qu’il s’est passé la dernière fois. » Il m’a ghostée pendant des mois après avoir appris que j’allais me marier, et c’est lui qui m’a finalement demandé de revenir. Je l’ai fait parce que je suis faible, je l’ai fait parce que j’allais mal, que Damon ne m’accordait pas l’attention dont j’avais besoin et parce que j’avais l’impression de perdre le contrôle de ma vie. Retomber dans les bras de Scott, c’était me donner l’illusion que ce n’était pas le cas, qu’il y avait encore quelque chose que je pouvais contrôler. « Je suis désolée que tu le prennes comme ça. Mais ça change rien. » Je ne veux pas que cette discussion se termine dans les cris et les larmes, mais je ne reviendrai pas pour autant sur ma décision. Elle est actée, définitive.

« Est-ce qu’il sait où tu es en ce moment même ? Est-ce qu’il se doute que tu viens de passer la nuit avec un autre homme, ton mari ? » - « Mon mariage ne te regarde pas Scott. Ni ce qu’il sait, ni ce que nous partageons lui et moi. » Il ignore que Damon et moi ne sommes pas amants, pas plus que nous ne sommes réellement amoureux l’un de l’autre et c’est très bien comme ça. Cela n’a pas vocation à changer : qu’il pense que je pars parce que j’ai décidé de respecter mes vœux de mariage me laisse indifférente. Oui, une part de moi espère encore qu’un jour l’Italien me donnera ce qu’il a l’air capable de donner à tant de monde, un amour inconditionnel et une tendresse infinie. Mais je ne quitte pas Scott pour prouver quoi que ce soit à Damon. Je le quitte parce que notre relation aurait du prendre fin bien plus tôt. « Du peu que j’ai à t’offrir ? Cette relation, tu l’as acceptée, elle t’a convenue autant qu’à moi. Je ne t’ai jamais fait des promesses que je ne pouvais pas tenir. A quoi tu t’attendais ? » - « Ça me convenait. Au passé. » Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je ne suis plus une enfant qui a besoin d’un point de repère ou, plutôt j’ai besoin que ce ne soit plus lui. J’ai besoin d’apprendre à me respecter, et cela passe par rompre tout contact avec un homme capable de me mettre enceinte, puis de me sommer de me débrouiller toute seule pour régler ce problème. « Tu ne comprends pas. » Il ne comprend pas pour une seule raison : parce qu’il perd le contrôle et que je ne l’ai pas habitué à ça. Avec moi, Scott est toujours parvenu à ses fins. « Je ne suis pas en train de te faire le moindre reproche. » Je pourrais, mais je n’ai pas envie de jouer à ça. « Mais j’arrête parce que je veux autre chose maintenant. » Quelque chose que je n’attends pas de sa part. Il ne peux pas me le donner, et je n’en ai de toute façon pas envie. « Je t’en prie Megan, je n’ai pas besoin de tes conseils. » Sa dernière remarque m’apprend au moins que j’ai réussi à le piquer. Ce n’était pas le but de tout ça, mais il le mérite, et j’en tire malgré tout une satisfaction malsaine.

« Tu ne dois pas le prendre si mal. Tu es bourrée de talent, je n’en ai pas le moindre doute, mais tu ne peux pas le nier, je t'ai bien aidé. » - « Je ne le prends pas mal. » Je garde le menton bien droit, les yeux braqué dans ceux d’un homme pour lequel j’ai autrefois ressenti une affection dévorante. « Je le prends pour la confirmation de ce que je savais déjà : j’ai raison de prendre mes affaires et de m’en aller. » Définitivement, cela va sans dire. Scott ne pourra jamais m’aimer. Il s’aime à travers moi, il aime l’homme qu’il devient aux côtés d’une jeune fille de presque quinze ans sa cadette, il aime ce qu’être avec moi lui fait ressentir et j’ai besoin de quelqu’un qui m’aime, pour de vrai. J’ai besoin d’avoir quelqu’un qui sera toujours là pour moi à n’importe quel moment du jour ou de la nuit, et ce n’est pas Scott. « Je n’ai pas envie de te laisser partir, Megan. » - « Je suis désolée. » Je m’excuse, alors que je suis loin d’être la seule à avoir des choses à se reprocher. Mais ce n’est pas grave. Il ne s’agit pas d’une dispute que je voudrais gagner. « Mais tu n’as pas vraiment le choix. »