(tenue & masque) | Eddie ne se lasse pas d'admirer son fils pendant que ses petits yeux s'attardent avec curiosité sur tout ce qui les entourent, découvrant l'intérieur d'un casino pour la première fois de son existence et possiblement l'une des dernières, si Sasha doit ressembler à son père et poser plus tard un œil méfiant sur les jeux d'argent. Ce monde n'est pas le sien, Eddie se l'est assez répété depuis le début de la soirée et tenter sa chance à la roulette ou aux machines ne le tente pas grandement, même si sa sœur trouverait le moyen de lui reprocher de ne pas assez s'amuser. Callie a justement disparu il y a plusieurs minutes, laissant le jeune père et son fils profiter de cette soirée masquée où Sasha se trouve être le seul dont un loup ne recouvre pas le visage, car l'avantage de n'avoir que cinq mois est bien que ce genre de règles ne s'appliquent pas à lui. Eddie n'a par ailleurs repéré aucun autre enfant depuis son arrivée, certainement parce qu'un casino n'est pas vraiment l'endroit où ces derniers ont leur place mais il se fiche des jugements qui pourraient lui être adressés ce soir, ne voyant pour sa part aucun mal à s'y trouver avec son fils et ce, en ignorant bien sûr les véritables activités qu'un lieu comme l'Octopus peut dissimuler. Sasha n'est plus le nourrisson fragile que son père hésitait à confronter au monde extérieur et le garder à la maison n'est officiellement plus une nécessité, de quoi autoriser de plus en plus de sorties comme celle d'aujourd'hui et la prochaine fois, Eddie se l'est promis, Halston sera présente elle aussi pour profiter de tout cela en famille.

Et c'est d'ailleurs à sa compagne qu'il envoie un message pour confirmer à celle-ci qu'ils risquent de rentrer tard, n'excluant pas de s'attarder ensuite sur les autres activités prévues autour des Roaring Twenties lorsque l'heure ne sera plus à se prêter au jeu du bal masqué. Un masque qu'Eddie n'a justement pas quitté depuis le début de la soirée et qu'il parviendrait presque à oublier, s'accommodant à sa présence comme au mystère entourant l'ensemble des participants et ce, même s'il passe possiblement à côté de visages familiers. C'est aussi tout l'enjeu de ce soir et un contexte sur lequel Eddie ne crache pas pour s'ouvrir à quelques rencontres, comptant même sur son fils pour lui donner l'air un peu plus accessible car il le sait, ils ne sont pas nombreux à pouvoir résister à une frimousse comme la sienne. Autour des machines, l'effervescence est totale tandis qu'Eddie remarque que la chance ne semble pas sourire à tout le monde, glissant même à son fils l'un de ses tous premiers conseils en tant que père : « Tu vois Sasha, il vaudra mieux éviter les jeux d'argent quand tu seras plus grand. » C'est une jeune femme qu'il prend en l'occurrence pour exemple, devinant que celle-ci ressort quelque peu perdante de ces jeux et ressentant l'envie soudaine d'aller le vérifier par lui-même. « La chance n'est pas vraiment au rendez-vous, j'ai l'impression. » glisse-t-il à l’intéressée après s’en être rapproché. Et elle ne semble d'ailleurs pas être la seule dans ce cas s'il en juge les plaintes d'un groupe de personnes se tenant non loin d'eux, à défaut de pouvoir se fier à l'expression de leurs visages, masqués comme les leurs. C'est là qu'Eddie réalise que sa venue peut sembler légèrement intrusive, et reflète peut-être des intentions qui ne sont aucunement les siennes. Il reprend alors, dans un léger rire. « Oh promis, ce n'est pas une pathétique approche dans l'espoir de vous draguer, je suis juste un peu trop curieux. » Il faut croire que cette soirée le rend aussi particulièrement sociable et qu'Eddie avait aussi besoin de respirer un autre air que celui de ses salles de danse, à croire que sa dernière escapade en forêt à l'occasion d'un stage de survie n'était pas suffisante. « Et lui c'est mon fils, tout aussi curieux. » il ajoute en passant une main en douceur sur le crâne de l'enfant, là où de tous petits cheveux commencent à pousser. Sasha est quant à lui très concentré sur la jeune femme, comme s'il pouvait sentir que celle-ci n'est pas l'inconnue que son père se figure.

Si on lui avait dit que son premier conseil de père concernerait ce casino où l'argent semble bien plus facile à perdre qu'à gagner, Eddie ne l'aurait pas cru mais il faut bien commencer quelque part et cette jeune femme devant lui a au moins le mérite d'illustrer ses propos, sans doute victime de ces jeux comme tant d'autres autour d'eux. « Disons que... mon ange gardien m’a privée de ses bons conseils ! Ne fait pas la même erreur que moi petit... écoute les conseils qu’on te donne ! » Sasha sera-t-il seulement du genre à écouter son père plus tard ? Ce dernier l'espère et c'est par instinct qu'il encercle l'enfant de ses mains protectrices. «­ Je crois que j'ai tout intérêt à m'y reprendre dans quelques années car ce soir, c'est surtout ce qui l'entoure qui semble l'intéresser. » Et comment lui en vouloir alors que ce casino offre de jolies choses à voir à travers une atmosphère venue tout droit d'un ancien temps, qu'Eddie n'a lui-même aucun mal à trouver fascinante. « Et vos perles aussi, visiblement. » remarque-t-il dans un sourire, pour avoir constaté que les bijoux de son interlocutrice avaient eux aussi leur petit effet sur son fils. Paraitre lourd est toutefois la dernière chose qu'il souhaite alors Eddie préfère s'assurer qu'on ne lui prêtera pas ici des intentions troubles, qui feraient à coup sûr de lui un piètre dragueur. « Et moi qui pensait rencontrer le prince de mes rêves venant au secours de la pauvre âme dépouillée par ces rustres de croupier ! » Son sourire s'élargit tandis qu'il ne réalise pas que si cette jeune femme semble à cet instant le sonder, c'est parce que le rapprochement ne tarde pas à se faire de son côté. Eddie a pourtant le sentiment lui aussi de retrouver dans cet échange quelque chose de familier, sans pouvoir encore véritablement le nommer. « Il pourra se vanter d’être entré dans un casino avant d’avoir l’âge de marcher, c’est pas donné à tout le monde ! » Que Sasha en profite car ce n'est pas avec son père qu'il devrait revoir un casino de si tôt ensuite, un tel lieu ne pouvant le rendre curieux qu'à l'occasion des Roaring Twenties – et si son fils pouvait éviter d'y trouver ses habitudes plus tard, il faut avouer que ça l'arrangerait aussi. « C’est original d’emmener un petit gars de 5 mois dans ce genre de soirée. » Aussi étonnant que cela puisse paraître, Eddie ne tique pas à la mention de l'âge de Sasha alors qu'il n'a pourtant rien confié de celui-ci avant ça. Un premier indice selon lequel il connait peut-être bien son interlocutrice, tout compte fait. « Je trouve aussi, et comme je n'ai pas vu de limite d'âge quelque part je ne voyais aucune raison de l'en priver. » Oh, certains se permettront certainement de juger mais ce n'est pas comme si son fils courrait ici le moindre danger.

Un autre indice lui parvient pourtant et cette fois, il n'échappe pas au jeune père aux yeux duquel certaines connexions semblent enfin se faire. « La tata n’était pas dispo pour le petit Sasha ? » S'il peut éventuellement lui accorder que connaître le nom de son fils n'est pas chose impossible alors qu'elle a pu l'entendre un peu plus tôt le prononcer, c'est l'évocation de sa tante qui lui met pour de bon la puce à l'oreille. Eddie marque alors un temps d'arrêt pour questionner sa mémoire, une recherche qui ne met pas longtemps à porter ses fruits. « Je- oh, je me faisais justement la réflexion que cette voix me disait quelque chose. » Il remet enfin le son de cette voix familière alors que soudain, tout semble plus clair. C'est aussi en s'attardant sur le regard de l'inconnue qu'un nom lui revient, sans qu'il ne doive là encore aller le chercher bien loin. « Meryl, je ne me trompe pas ? J'admets m'être laissé troubler par le masque, alors que je devine que ce n'est pas le mien qui m'a trahi mais plutôt lui. » Il désigne son fils d'un geste tendre et rattrape par la même occasion sa tétine sur le point de tomber, se permettant dès lors de s'adresser à Meryl avec un peu moins de formes et davantage de liberté. « Pour te répondre, ma sœur était avec nous tout à l'heure mais je l'ai perdue de vue il y a un moment déjà. Peut-être que c'est elle qui trouvera son prince au final, ce soir. » Cette idée le fait sourire quand en vérité, Eddie ne tarderait pas à redevenir le grand frère que l'on sait, incapable de ne pas chercher à protéger Callie à tout prix. Il n'est donc pas né, celui qui repartira au bras de la benjamine Yang sous son nez. « En parlant de sœur, j'imagine que Gabrielle n'est pas avec toi ? » La nuance voudrait plutôt qu'elle soit sa demi-sœur, mais il s'encombre rarement de celle-ci. Bien sûr, Eddie songe au procès attendant justement l'avocate ce mois-ci alors il comprendrait que ses priorités soient très éloignées de ce genre de festivités. « Je sais qu'on est pas bien imposants Sasha et moi, mais on peut faire barrage si le méchant croupier tente encore de t'attirer vers lui. » Derrière le franc sourire qu'il affiche, c'est peut-être aussi la promesse qu'il pourrait faire à Gabrielle : celle de veiller à ce que Meryl ne reparte pas d'ici trop déplumée, histoire de ne pas lui ajouter plus de contrariétés.

Sasha a déjà tout d’un petit garçon curieux et c’est ce que l’on pouvait aussi dire de son père au même âge, quand bien même les Yang ne l’auraient jamais amené dans le moindre casino. Nul doute que Sun-Hi trouverait ce soir à y redire vis-à-vis d’un monde qu’elle désapprouve depuis toujours mais ce n’est pas en laissant son fils admirer quelques machines à sous qu’Eddie éveillera plus tard chez lui de véritables tentations, ce discours-là peut même attendre plusieurs années comme le pense également la jeune femme masquée à leurs côtés. « Vous avez encore le temps... Il y aura plein de choses sur lesquelles le mettre en garde avant les méfaits du casino ! » Et il ne peut qu’approuver ce qu’il entend d’un hochement de tête convaincu, pensant notamment au fait de lui apprendre à ne jamais accepter de suivre un inconnu. Car si Eddie devait avoir une crainte en tant que père ce serait certainement celle que son fils lui soit enlevé, bien avant de s’inquiéter d’une dépendance à l’argent que Sasha ne développera probablement jamais. « Il a du goût voilà tout. » Le dernier né des Yang semble en effet déjà apprécier les jolies choses comme ces perles trônant au cou de son interlocutrice, de part leur rondeur et leur éclat sans doute. Un intérêt également manifesté pour les bijoux de sa mère lorsque celle-ci vient à en porter, des boucles d’oreilles et des colliers dont ses petites mains ont même plus d’une fois tenté de s’emparer. Ce n’était donc pas une si mauvaise idée d’apparaître à cette soirée avec Sasha dans ses bras, Eddie est évidemment le seul parent aux alentours dont l’enfant ne sera pas resté à la maison ce soir mais qui a dit que seuls les adultes pouvaient se prêter à ces festivités ? S’il n’a pas été refoulé à l’entrée, c’est bien le signe que rien de tout cela n’est prohibé. « J’aime l’idée en tout cas... Laissez dire les gens, la plupart ne savent que critiquer. » Il aime cette mentalité revenant à se moquer de l’opinion des autres lorsque cette dernière ne sait pas être autre chose que négative, dans un monde où juger ceux qui sortent légèrement du cadre est devenu bien trop facile. « C’est terriblement vrai, ma compagne et moi en savons quelque chose. » Pas au sujet de l’éducation de leur fils néanmoins, même s’il n’y coupera peut-être pas plus tard. C’est à vrai dire surtout leur couple qui a essuyé par le passé bon nombre de critiques en raison d’une différence d’âge jugée trop importante, celle-ci ne les ayant pour autant jamais empêchés de s’aimer comme de fonder leur famille. Eddie est très loin de ça aujourd’hui, mais les propos de la jeune femme n’éveillent pas moins un écho particulier en lui.

Il faut encore quelques instants à la connexion pour se faire du côté du danseur, avant qu’enfin l’évidence ne lui saute aux yeux comme le reste : ce n’est pas une inconnue qui se trouve devant lui mais bien Meryl, dont le masque a dans un premier temps suffi à la rendre imperceptible. Il n’est évidemment pas très fier Eddie, mais tout semble bien plus logique à présent qu’il peut mettre un visage et un nom sur celle-ci, ses allusions en tête de liste. « En effet, faut dire que... Je n’ai pas beaucoup de bébé dans mon entourage alors j’avais un très net avantage ! » Ils ont finalement ça en commun quand il y pense, Eddie étant le premier de sa bande d’amis à franchir le pas de la paternité. Pour Meryl, il devine que ça n’est pas encore d’actualité mais ne prendra pas le risque de le lui demander, connaissant déjà la position de Gabrielle sur la question et le dilemme que cela peut éveiller en elle. « Sasha doit être ravi d’entendre qu’il est déjà mémorable. » souligne-t-il en caressant le crâne de l’enfant avec le sourire, avant de s’interroger sur la possible présence de son avocate préférée à ce bal masqué. « Non... Elle n’est même pas à Brisbane en fait. » C’est un peu ce qu’Eddie craignait d’entendre, même s’il n’ignore pas de quoi le mois de septembre doit être fait pour Gabrielle. Une part de lui n’avait simplement pas hâte d’en obtenir confirmation. « Elle avait une affaire importante à Los Angeles. » Il hoche lentement la tête, sentant aussi bien l’atmosphère s’assombrir que son propre cœur s’alourdir. Meryl a également la voix de quelqu’un qui s’inquiète, et il suppose que son masque dissimule des traits tout aussi préoccupés. « Elle m’en avait parlé, oui. » souffle-t-il en serrant un peu plus fort son fils contre lui par réflexe. « J’espère que tout va bien se passer. Avec Sasha j’avoue avoir eu très peu de temps dernièrement pour la voir, alors que j’aurais aimé le faire avant son départ. » C’est son regret et même sil sait que Gabrielle ne lui en tient pas rigueur, Eddie prend conscience que ce nouveau rôle de père le rend aujourd’hui bien moins disponible pour ses amies. « Si jamais tu as des nouvelles, je ne dirais pas non au fait que tu me les transmettes. » C’est sincèrement qu’il le demande, car Gabrielle n’en aura peut-être pas l’occasion de son côté en étant prise par le temps et c’est tout naturellement sa petite sœur qu’elle ira prévenir en priorité. Il s’en fait pour elle depuis le jour où elle a évoqué pour la première fois cette histoire de procès, et se promet de tenter de l’appeler au plus vite en tenant bien sûr compte du décalage horaire.

Ce n’est finalement qu’en s’amusant d’un potentiel rôle de protecteur que la discussion retrouve toute sa légèreté. « C’est gentil d’autant que... mes origines ne jouent pas en ma faveur. Vegas est dans mon ADN alors j’ai des prédispositions à la co... Bêtise pardon. » Il s’en amuse d’un léger rire car c’est décidé : il s’assurera ce soir que Meryl ne retombe pas entre les griffes d’un impitoyable croupier, en restant autant de temps qu’il le faudra à ses côtés. « Je suis contente d’être tombée sur toi, une tête connue parmi tous ces inconnus me fait du bien ! » Et le plaisir est assurément partagé ici. « Je pourrais te dire la même chose, je ne pensais pas croiser un visage familier par ici ce soir mais c’est très appréciable. » Cela lui donne aussi l’occasion d’apprendre à connaître un peu mieux Meryl car leurs échanges ont jusqu’ici été bien trop furtifs, les choses sont donc bien faites et Sasha semble tout autant se réjouir de cet heureux hasard. « Tu es sûr que ça ne te dérange pas de me tenir compagnie ? Je ne voudrai pas te gâcher la soirée ! » Qui tient réellement compagnie à l’autre au final, il ne saurait le dire mais s’empresse en tout cas de remuer la tête avec un franc sourire. « Meryl, tu ne gâches la soirée de personne crois-moi. » il lui assure en douceur, ne voyant d’ailleurs pas ce que la jeune Strange pourrait gâcher tout court. « Et je pense que profiter des festivités te fera du bien comme à moi, on aurait vraiment tort de ne pas en profiter. » S’il se garde bien de préciser ses pensées, c’est bien à nouveau vers Gabrielle que ces dernières viennent s’orienter. Rien de tel qu’une soirée comme celle-ci pour se changer les idées, d’après lui. « Tu as prévu de prendre part au festival de jazz aussi ? Il me semble que pas mal de concerts sont prévus au At Nate’s, l’un de mes collègues du théâtre s’y produira même demain soir. » Un rendez-vous qu’Eddie ne manquerait bien sûr pour rien au monde, la Northlight étant à ses yeux une grande famille où les projets de chacun se doivent d’être soutenus. Sortant de sa poche un flyer, c’est à Meryl qu’il remet aussitôt celui-ci. « Si jamais tu veux passer, je peux te dire qu’il est sacrément doué. Et je le souligne bien sûr en toute objectivité. » Ou disons comme un collègue qui serait très investi, ce qui n’enlève bien évidemment rien de son talent au principal concerné.

Ce n'est pas le bon soir pour s'étendre sur les complications et les jugements que son couple a pu rencontrer, doutant de toute façon que de telles révélations puissent rendre curieuse une jeune femme ignorant tout de lui – du moins, tel qu'il se l'imagine. Son couple formé avec une américaine de dix ans son ainée, Eddie en est fier et on peut compter sur lui pour le montrer, la principale concernée n'étant simplement pas présente à ses côtés pour appuyer cette idée mais le premier fruit de leur amour si, en revanche. « Quand on voit le résultat, je me dis que vous avez bien fait de ne pas écouter la controverse ! » Ces mots le touchent directement dans son cœur de père, valant au danseur un regard au moins aussi reconnaissant que son sourire. Et quand enfin il comprend que l'inconnue face à lui n'en est en fait pas une, ce dernier compliment glissé prend encore plus de sens aux yeux de celui qui n'aurait jamais cru rencontrer Meryl par ici. Un jour de plus où le monde lui paraît minuscule, mais pas une chose dont il compte se plaindre alors que le hasard semble plus que jamais de son côté ce soir. « J’oublie rarement les beaux garçons dans son genre ! » L'aisance de Meryl avec son fils fait plaisir à voir et c'est un air amusé qui anime dès lors les traits de son père, partagé entre la fierté de voir Sasha faire l'unanimité et le soulagement qu'il ne puisse pas encore comprendre et ainsi prendre la grosse tête. Car cet enfant fait déjà des ravages partout où il passe, ce n'est sûrement pas à Eddie qu'on risque de l'apprendre. « Si mon fils se prend pour Narcisse plus tard, ce sera de ta faute Meryl. » il déclare dans un rire, sans en penser le moindre mot bien sûr. Ce n'est certes pas toujours la modestie qui étouffe les Yang mais personne dans la famille n'a encore attrapé un melon empêchant de passer les portes, et tout porte à croire que le nourrisson ne sera pas le premier. « Mais comme il paraît que Sasha a beaucoup pris de moi, je te remercie quand même pour ce compliment indirect. » Cela l'amuse de le souligner car si on demande son avis à Eddie, il dirait pour sa part que son fils revendique également quelques gènes distincts des Hargreeves. Ce sont assurément ses traits que l'on reconnaît en priorité mais est-il pour autant le portrait craché de son père, comme Halston l'a plus d'une fois affirmé ? Cette discussion le ramène en tout cas aux dernières obligations de Gabrielle en date, vis-à-vis desquelles sa petite sœur semble pour le moins soucieuse et lui-même n'est en réalité pas en reste. « J’espère aussi que tout ira bien. » Il veut sincèrement le croire, et se souvient avoir demandé à l'avocate d'être prudente la première fois qu'elle lui a subtilement parlé de cette affaire car à l'époque, déjà, Eddie pouvait sentir le gros morceau que cette dernière représentait. « Je suis sûre qu’elle sera ravie d’avoir de tes nouvelles si tu lui envoies un petit message. Mais je ne manquerai pas de te donner des nouvelles. » Ce qu'il apprécie comme son fin sourire en témoigne, son inquiétude se mêlant sans mal à celle de Meryl quand bien même Eddie s'emploie à ne pas trop la laisser transparaitre devant son fils. « J'y tâcherai, c'est important pour moi qu'elle sache que je la soutiens. Et quand elle sera de retour, ça me ferait vraiment plaisir qu'on puisse se voir tous les trois. » Sasha sera ou non compris dans l'équation, il ne l'impose en rien car avant tout, c'est avec elles deux qu'il souhaite se retrouver comme ça n'a pas été le cas depuis une éternité. Cette soirée a après tout remis Meryl sur sa route pour une raison, et celle-ci ne peut pas être autre chose que bonne à ses yeux.

Alors non, bien sûr, la jeune Strange ne gâche strictement rien car sa compagnie est très loin de déplaire au père comme au fils, d'autant plus en ignorant où a bien pu filer Callie. Ces festivités sont l'occasion ou jamais de mettre pendant quelques heures leurs contrariétés de côté, le tout en se prêtant au jeu d'un sympathique bond dans le passé. « Tu as certainement raison, d’autant qu’ils ont vraiment mis les petits plats dans les grands et j’adore ce côté vintage... Je me suis toujours dit que je n’étais pas née à la bonne époque ! » Oh, il est presque rassurant de constater que des personnes de son âge savent encore apprécier l'esprit d'un ancien temps car Eddie se retrouve lui aussi dans ce qu'il entend, ne serait-ce que d'un point de vue musical en tant que jeune homme très peu porté sur les tendances actuelles – c'est peut-être bien ça, aussi, de travailler dans un théâtre vieux de plus d'un siècle. « Si je peux me permettre, il est vrai que tu te fonds très bien dans le décor. » souligne-t-il, parfaitement objectif et avec le sourire. Elle ne fait pas du tout tâche Meryl, sa tenue ne pourrait pas mieux convenir et c'est sans doute aussi ce qui l'amène à lui proposer de poursuivre l'expérience dès le lendemain, en l'accompagnant au festival de jazz dont tout le monde ne fait déjà que parler. Le At Nate’s sera durant les prochains jours l'endroit où il faut être compte tenu de son impressionnante programmation de concerts, et c'est très précisément ce qu'Eddie a en tête en mentionnant la prestation à venir de l'un de ses collègues. « Tant que ça n’a rien à voir avec The Sand Witches... je peux bien me laisser tenter ! J’ai toujours été curieuse d’aller dans un jazz club, mais j’ai jamais osé par crainte de faire tâche ! » Il remue la tête sans attendre, se fendant par la même occasion d'un léger rire. « Oh, non, le musicien dont je parle n'appartient à aucun groupe c'est promis. » L'allusion de Meryl ne manque pas de l'intriguer pourtant, à tel point qu'il se promet d'y revenir au plus vite car tout de même, elle semblerait presque allergique aux fameux Sand Witches. « Vous êtes un sacré charmeur Monsieur Sasha... Votre père a du souci à se faire ! Si vous n’étiez pas aussi jeune, je vous aurai invité à danser... On aurait fait un malheur ! » En voilà un qui n'en finit décidément plus de recevoir des flatteries ce soir, ces dernières amusant une fois de plus le jeune père dont la répartie ne se fait pas attendre. « Le rendez-vous est donc pris dans quelques années. Avec un papa danseur en plus, Sasha aura peut-être bien de qui tenir alors si j'étais toi je commencerais déjà à m'échauffer. » Rien ne dit que son fils aura lui aussi la danse dans la peau et l'ambition de la pratiquer mais Eddie ne fait rien d'autre qu'en plaisanter, lui qui a déjà juré de ne jamais imposer la moindre passion à son fils pour ne surtout pas reproduire l'exemple de ses propres parents sur lui. « Si tu me dis que ça vaut le coup alors... pourquoi pas ! Est-ce que tu y seras ? » L'invitation en était bien une car il n'est pas question pour Eddie de rater le passage de son collègue sur scène, au nom de la solidarité que la Northlight Company a toujours prôné entre ses artistes. « Bien sûr que j'y serai, mais.. tu connais les Sand Witches, alors ? » Il finit par rebondir sur cette information jusque là mise de côté, bien trop curieux sans doute pour laisser cette dernière s'évaporer autour d'eux. « Loin de moi l'envie de cracher sur leur musique car elle est excellente, disons simplement que je ne suis pas en parfaite entente avec tous les membres. » L'un des membres en particulier, qu'il se retient de nommer mais auquel Eddie aurait bien certaines choses à reprocher. Le fait d'avoir misérablement plaqué sa meilleure amie après un séjour en cure, par exemple.

« C’est important qu’il entende qu’il est une belle personne, le plus tôt sera le mieux ! » Un sourire attendri prend à nouveau place sur ses lèvres tandis que son regard, lui, glisse vers Sasha tout en se promettant que son fils ne manquera jamais de paroles aimantes et encourageantes avec un père comme lui. Eddie ne veut pas que le nourrisson grandisse avec un manque de confiance en lui comme ce qu’il a personnellement connu plus jeune, lorsque sa révélation pour la danse ne lui permettait pas encore de s’affirmer et de s’endurcir, venant peu à peu à bout de sa timidité et d’un profond manque d’estime. La pression de l’excellence mise par ses parents était quant à elle un poids dont Eddie devait se libérer, ces derniers ont certes toujours désapprouvé ses choix mais ça n’est plus susceptible de l’atteindre comme autrefois, aussi sûr soit-il qu’il n’imposera jamais ses propres ambitions à Sasha. Ce sujet, il l’avait abordé une fois avec Gabrielle et y songer le rendrait presque nostalgique en plus d’être inquiet, préférant regarder vers l’avenir et le retour de l’avocate en Australie que de penser aux risques qu’elle peut prendre, très loin d’ici. « C’est une excellente idée. Promis je tiendrais Gaby éloigné des fourneaux ! Je me débrouille pas trop mal de ce côté là. » Meryl lui arrache cette fois un sourire amusé car ce n’est pas à lui qu’on risque d’apprendre que Gabrielle tâtonne encore difficilement en cuisine. Mais s’il se permettait d’appuyer un peu trop les paroles de sa petite sœur, l’avocate ne se ferait pas prier pour mettre en avant ses goûts musicaux prétendument douteux, souvenir de leur rencontre lors d’une fête des voisins et d’une ambiance qu’Eddie était parvenu à ruiner, selon elle. Et dire que ce mauvais départ a par la suite donné lieu à une amitié précieuse, à laquelle le danseur ne renoncerait pour rien au monde. « J’espère qu’elle rentrera bientôt en tout cas. Elle me manque. » S’il demeure silencieux et pensif, Eddie se joint à ses paroles d’un hochement de tête témoignant du fait que lui aussi, attend déjà de pied ferme le retour de Gabrielle. Patient, de toute façon, il ne l’a jamais été.

Il remarque que les joues de Meryl prennent un peu de couleur à la suite du compliment sur sa tenue, mais il aurait été à ses yeux impossible de ne pas souligner à quel point celle-ci se marie parfaitement avec le thème de cette soirée. Tout le monde s’est prêté au jeu, certes, mais la jeune Strange a cette aura particulière qui tend à rendre les choses encore plus vraies. Pour peu, on croirait la voir tout droit sortie d’une autre époque. « Merci. J’ai toujours adoré me déguiser. Quand je faisais du théâtre, je crois que c’est ce que je préférai, enfiler les costumes, me glisser dans une autre époque... Et puis Gatsby, la prohibition... Y a quelque chose d’excitant dans cet interdit tu trouves pas ?! » Il ne peut qu’être d’accord Eddie, persuadé qu’il aurait été du genre à défier les lois durant ces années-là mais il prend plusieurs secondes pour répondre quand une information retient son attention, sans grande surprise quand on le connait. « Pardon, oui. J’avoue avoir bloqué sur le fait que tu faisais du théâtre avant, je l’ignorais mais je comprends mieux ton aisance dans ce genre de soirée du coup. » Et cela leur fait également un point commun, même si Eddie y évolue toujours et n’en a foulé la scène que pour danser jusque là, laissant le soin de jouer ou de chanter à d’autres. Le théâtre est une grande famille, voilà en quels termes il en parlerait et sans doute est-il lui-même plutôt à l’aise ce soir parce que revêtir des costumes est son lot quotidien, le propre même d’un métier comme le sien. « Tu as un petit côté Peaky Blinders... J’aime bien. » Ce qui est plutôt flatteur à entendre, il ne prétendra pas l’inverse alors que cela lui vaut d’afficher un sourire fier. Halston serait certainement sensible à sa tenue elle aussi si elle le voyait mais elle devra se contenter des photos prises par Callie, cette dernière n’étant toujours pas réapparue alors qu’il devient maintenant question du festival de jazz, et d’un groupe que tous deux connaissent visiblement bien. « Alors c’est un argument que je prends largement en compte... Tout ce qui n’est pas lié à The Sand Witches vient se placer plus haut dans mon estime ! » Meryl a de toute évidence un sacré historique avec eux sans qu’il ne comprenne encore lequel, mais il est lui-même le dernier à désirer les applaudir demain soir. Il n’a rien contre ses membres en dehors d’un certain Lewis, car Eddie en fait ici une véritable question de principe. « Il va y avoir un sacré travail à faire... parce que j’ai deux pieds gauches... Quand je danse, on dirait un pantin loin d’être à l’aise ! » Meryl a de nombreuses années devant elle avant que Sasha ne lui accorde une danse, le temps de s’exercer comme il se doit si elle le souhaite car à ce sujet, Eddie retrouve déjà ses bons réflexes. « Je donne des cours si jamais tu veux t’améliorer un jour, car crois-moi que la maladresse se soigne comme le reste. » Il n’y a pas de mauvais danseur selon lui, uniquement des personnes maîtrisant mal leur corps alors partant de ce principe, aucune mission n’est à ses yeux impossible. Offrant un nouveau sourire à Meryl, le jeune père a comme le sentiment qu’il ne tardera pas à le perdre ensuite.

Car déjà, les Sand Witches reviennent au centre de leur échange lorsqu’il tente d’en apprendre davantage sur ce qui les lient à la jeune Strange. Quel membre connait-elle exactement, et pourquoi semble-t-elle en garder une rancœur certaine ? « Ouais... c’est... une vieille histoire ! » Le temps n’efface pas tout pourtant, qu’importe l’eau ayant coulé sous les ponts depuis. « C’est pas la musique le problème... C’est le guitariste ! » Sa première réaction consiste à serrer doucement les dents, devinant qu’ils ont possiblement le même membre en tête et cette supposition a déjà toutes les chances de lui déplaire. « Je suis sortie avec lui il y a... quelque chose comme six ans ? Je sais plus j’avais dix neuf ans. J’étais à un de leur concert avec une amie et en after on est tombé sur le groupe. Il s’est intéressé à moi et je me suis laissée embarquer par le côté rock-star. (…) » L’interdit lui a plu à l’époque comme Meryl le souligne après ça, s’étant laissée séduire sans avoir tellement besoin d’en dire plus. « Il m’a proposé de les suivre en tournée et j’ai embarqué avec eux, même si Gabrielle était pas trop pour... Spoiler alert elle avait raison ! » Ce qui ne le surprend pas grandement, connaissant la sagesse de son amie et le fait que les petites sœurs n’en fassent bien souvent qu’à leur tête. Il est après tout passé par là, lui aussi. « Pour la faire courte, il m’a plaquée à l’aéroport quand il en a eu marre de moi... On était à l’autre bout du pays... J’ai... rarement été aussi humiliée que ce jour-là ! » La très grande classe en somme, et de quoi le persuader surtout qu’ils parlent bien du même homme. Disons qu’un tel acte porte un peu trop bien la signature de Cameron, à son humble avis. « ’fin... Je m’imaginai pas être la femme de sa vie hein... je savais qu’entre lui et moi, il n’y avait que du... s.e.x.e, que j’étais jolie à son bras... mais j’ai moyennement apprécié de me faire jeter parce qu’il s’était lassé de moi. » Et comment le lui reprocher ? Ce n’est pas parce que la relation n’était pas très sérieuse qu’elle méritait d’être jetée de cette manière, une fois que le type estimait en avoir terminé avec elle. Il remue la tête et déclare, d’une voix ferme. « Personne n’aurait aimé ça Meryl, t’étais bien en droit de te sentir blessée car c’est dégueulasse, je crois qu’il y a pas d’autre mot. » Et lui ne pèse en l’occurrence pas les siens, ici. « Sans parler des conséquences dans la presse, j’ai eu ma tête affichée dans la presse à scandale pendant des jours... La fille avec qui Lewis a trompé son mec ! Un vrai plaisir ! » Cette fois, ce sont ses poings qu’Eddie se surprend à serrer alors que plus aucun doute n’est possible quant à l’identité du membre s’étant avec elle très mal comporté. « Lewis, hein. » il répète, amer face à la confirmation qui lui manquait car avant ça, il n’aurait pas pu affirmer que le groupe ne comptait qu’un seul guitariste. Eddie avait ses soupçons pour lui mais désormais, c’est avéré : Cameron Lewis est un goujat et l’a manifestement toujours été. « Enfin... C’est de l’histoire ancienne... J’ai été co... pardon... stupide de croire que je pouvais l’intéresser pour autre chose que mon incroyable personnalité. » Ce n’est pas elle qui a été stupide, Meryl n’a même aucun tort à ses yeux dans cette histoire si ce n’est peut-être d’avoir craqué pour le mauvais type. Un red flag ambulant dont l’étiquette n’était pas inscrite sur son front, et c’est bien tout le problème. « Promet-moi de ne jamais utiliser les filles comme des Kleenex ! » – « Sasha n’a pas intérêt et de toute façon, je veillerai à lui inculquer très tôt le respect. » Ce que les parents Lewis semblent avoir omis de faire avec leur fils, et c’est plutôt triste. Sasha aura forcément des défauts comme son père mais sûrement pas celui-là, il y met d’ores et déjà un point d’honneur. « Je parle trop désolée. » – « Non, t’en fais pas. J’étais assez captivé par ton histoire car disons que.. elle m’en rappelle une autre, c’est un récidiviste si on peut dire. » Ce qu’il n’a aucune raison de cacher à Meryl, se moquant bien d’aggraver au passage l’image du Lewis car n’est-ce pas un peu tout ce qu’il mérite ? « Ma meilleure amie a été plaquée par Cameron elle aussi. Je sais pas si je peux exactement te dire dans quelles conditions mais elle a été là pour lui, autant qu’elle l’a pu du moins et pour la remercier, il lui a avoué en aimer une autre avant de rompre. » Cameron n’a probablement jamais été sincère avec elle et cette idée l’exaspère, de quoi confirmer que Charlie choisit aussi très mal ses partenaires mais là-dessus, Eddie n’avait déjà pas le moindre doute. « Je suis plus censé prendre facilement les autres en grippe mais lui crois-moi, j’aurais des choses à lui dire si je le croisais. » D’autant plus avec ce que Meryl lui apprend ce soir, renforçant tout ce qu’il pouvait déjà penser du Lewis ainsi que son envie de lui rappeler que non, les femmes ne font pas des jouets dont il peut se débarrasser à sa guise. « J’arrive pas à croire qu’on puisse traiter les gens comme ça, encore moins en faire une habitude comme il semble que ce soit son cas. Et forcément, je suis désolé que tu sois toi aussi passée par là. » Un sourire compatissant glisse même sur ses lèvres, espérant au moins que cela la soulagera de savoir qu’elle n’est pas un cas isolé.