3 ans et 7 mois qu'il était décédé. Cette journée-là, tu t'étais réveillé avec le moral dans les talons. Jackson te manquait à tous les jours qui passaient. Tu réussissais normalement à ne pas y penser, mais tu avais parfois des rechutes. Il n'y avait souvent pas d'élément déclencheur. Parfois, il ne suffisait qu'une odeur qui te rappelait un moment passé avec lui. Cette nuit par contre, tu avais rêvé à lui. Ça avait l'air si réel. Tu avais environ 10 ans en moins. Vous étiez partit en camping et vous étiez autour d'un feu de camp en train de boire un verre et de rire ensemble. Ton rêve n'était pas extravagant, mais vous passiez du bon temps ensemble comme lorsqu'il était vivant. Lorsque tu te leva, tu te fis la promesse de sortir de l'appartement dans la journée parce que sinon, tu savais que tu allais t'auto-saboter. Ça avait beau être le week-end, mais Rhett t'avait averti qu'il ne serait pas présent. Tu te fis alors couler un café bien noir et te dirigeas vers le balcon avant de l'appartement pour y fumer ta cigarette. Après vingt minutes à ruminer ta peine et ta colère de ne plus avoir ton demi-frère près de toi, tu te décidas à entrer à l'intérieur pour changer de vêtement. Avant d'enfiler tes jeans et ton t-shirt, tu prit le temps de t'observer dans le miroir. Depuis un temps, tu avais reserrer la quantité d'aliment que tu ingérais. Tu voyais que tes clavicules ressortaient un peu plus, tes joues étaient plus creuses... Mais tu ne pouvais supporter de manger plus. L'angoisse de perdre encore un de tes frères te nouait la gorge lorsque venait le temps d'un repas. Cette sensation avait été augmenté lorsque Rhett avait fait son overdose. Lorsque tu avais déménagé à Brisbane, tu avais fait des efforts pour tenter de contrôler ton anorexie, mais tu y arrivais maintenant difficilement. Ce n'était pas que tu ne voulais pas t'en sortir, mais tu n'y arrivais pas. Chaque fois que tu voyais que tu prenais du poids tu devais te restreindre pour en reperdre encore plus. Ce matin-là, tu savais que tu n'ingèrerais pas grand chose. Tu savais que c'était une de ces journées où tu ne pourrais qu'avaler de l'eau et encore. Tu enfilas donc tes vêtements, attrapas les clés du loft, ton téléphone portable et sortit à l'extérieur.

Après une heure à errer sans but dans les rues de Brisbane, tu te rendis compte que tu étais prêt de l'appartement de Nina et de Ruben. Tu décidas de leur rendre visite. Tu n'aimais pas arriver à l'improviste et tu t'en abstenait la pluspart du temps, mais tu savais que ton frère préférais que tu passe chez lui plutôt que de rester seule à déprimer dans ton coin. Tu continuas donc ton chemin jusqu'à être arrivé chez lui. Tu cognas à la porte et attendis quelques instant. La porte s'ouvrit alors sur Nina. Tu essayas de cammouffler ton air triste en mettant un sourire sur tes lèvres. "Allo Nina ! Désolé de d'arriver sans avertir. Je trainais dans le coin et je me suis dis que je viendrais voir Benny. Il est là ?" Ton frère cadet était ton pilier. Il était celui qui te permettait de reprendre plus facilement tes repères. Et il fallait dire qu'en cette journée où Jackson te manquait autant, voir ton frère serait ton meilleur réconfort. Il fallait dire que les deux chats qui vivaient dans l'appartement étaient égalemenr une source de réconfort pour toi. Tu aimais bien venir les caresser une fois de temps en temps. Et ça faisait un bail que tu n'avais pas vu Nina. La fiancée de ton frère et toi n'étais pas les plus proche, mais tu l'appréciais et tu savais que tu pouvais compter sur elle si jamais tu avais besoin. Tu étais toujours contente de la voir. Tu remonta un peu tes pantalons qui glissaient maintenant sur tea hanches en attendant la réponse de la blonde.

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lieu: son appartement, water street, spring hill.

Délicate dans ses mouvements, Nina vint lentement apposer le diamant sur le disque qu’elle avait au préalable placé sur la platine. Après un léger crissement, le silence de l’appartement se retrouva remplacé par une douce mélodie. Il était rare que la jeune femme soit chez elle à une telle heure de la journée. Ayant épuisé son quota d’heures de garde à l’hôpital, elle avait reçu l’obligation de prendre au moins une journée de repos. Bien sûr, ils ne s’organisaient jamais pour ce genre d’imprévu et bien souvent Ruben était de repos lorsque Nina travaillait et inversement. Ce n’était pas dérangeant en soi. Nina n’avait clairement pas besoin de son mec pour fonctionner convenablement au cours de sa journée. Mais elle n’aimait plus vraiment se retrouver seule entre leurs quatre murs. D’où la nécessité de combler le silence par de la musique. Heureusement, Ben possédait des goûts musicaux bien plus raffinés que les siens et revenait trop régulièrement à la maison avec un nouvel album en sa possession. Elle ne connaissait rien de l’artiste qu’elle avait choisi, mais après leur soirée au jazz club, Nina s’était vu apprécier le genre d’une tout autre façon.

Habituellement, il lui était pratiquement impossible de rester en place lors de ces jours de repos. Mais consciente des limites de son propre corps, Nina avait décidé de rester chez elle. Si un peu de lecture, autour de la médecine évidemment, avait su la garder sur le canapé plus d’une heure, elle finit néanmoins par s’agiter dans l’appartement. Depuis l’enfance, la blonde avait un besoin maladif que tout soit en ordre et il fallait avouer que Ruben n’était pas la personne la plus ordonnée qui soit. C’est ainsi que Nina remplaça l’album de jazz par quelque chose de bien plus rock pour entreprendre un léger ménage de son lieu de vie. Alors qu’elle aurait dû se reposer, Nina se mit à virevolter d’une pièce à l’autre. C’était sa manière à elle de se vider l’esprit. Demain, elle retournerait auprès de ses patients. Ce soir, Ruben lui avait promis de rentrer pour le dîner. C’est tout ce qui comptait, les efforts qu’ils entreprenaient pour leur couple. Nina avait enfin la sensation de retrouver un homme attentionné et elle était déterminée à ce que cela ne change plus jamais. Porter par le désir de passer une bonne soirée, elle s’attela en cuisine afin de produire la seule recette dont elle était fière : des cookies. Nina était piètre cuisinière, l’inconvénient d’avoir grandi entouré de domestique en tout genre, mais elle se débrouillait pas trop mal en pâtisserie et Ruben ne s’en plaignait pas.

Elle venait de terminer une première fournée lorsqu’elle crut entendre des coups porter sur la porte. Baissant le son de la musique, Nina entendit à nouveau le même son. Elle n’attendait aucune visite, mais vint ouvrir la porte avec curiosité. « Allo Nina ! » - « Ethel ! » Elle n’avait pas pour habitude de recevoir sa future belle-sœur et Nina ne put s’empêcher d’imaginer le pire en une seconde. « Désolé d'arriver sans avertir. Je traînais dans le coin et je me suis dit que je viendrais voir Benny. Il est là ? » Oh. Elle voulait simplement voir son frère. Pas d’urgence à l’horizon. « Il est de garde aujourd’hui. » Pour quelques heures encore. « Il sera pas rentré avant ce soir. » Ethel avait joué à la chance en venant frapper chez eux. Avec leur planning chaotique, il était rare de pouvoir les attraper ici. « Mais entre, viens ne reste pas dehors. » Si l’effet de surprise était passé, Nina se demandait tout de même ce qui avait amené Ethel à tenter une visite non annoncée. Elles n'étaient pas les meilleures amies du monde, mais de la fratrie Hartfield, Ethel avait toujours été la plus gentille envers elle. « Est-ce que tout va bien ? » Elle avait connaissance des soucis de santé de la sœur de son fiancé. Nina s’en souciait même régulièrement, consciente que ce genre de maladie pouvait prendre un tournant pour le pire bien trop rapidement. Elle s’en souciait encore plus, lorsqu’elle prit le temps d’observer la silhouette toujours plus fine d’Ethel. Nina vit une occasion dans l'absence de Ben. Elle avait peut-être pouvoir parler avec Ethel sans que le frère protecteur n'intervienne. « Tu arrives au bon moment, je viens de sortir des cookies du four. » La tentative pouvait s’avérer mesquine, mais Nina voulait se fier aux réactions de la jeune femme.

Tu n’aimais pas faire du sport. Tu ne faisais pas partie de ces femmes qui ressentaient du plaisir à faire un jogging tous les matins et encore moins de celles qui allaient à la salle de sport tous les jours. Tu n’aimais pas la sensation de la sueur sur ton corps ainsi que de sentir tes vêtements coller sur ta peau. Par contre, tu ne détestais pas aller marcher. Et une chance puisque tes pieds étaient ton principal moyen de transport depuis que tu refusais d’utiliser ta voiture. Prendre un taxi était difficile également pour toi et les autobus coûtaient quand même assez cher. Tu marchais donc beaucoup dans Brisbane, connaissant tous les raccourcis pour te rendre aux endroits que tu fréquentais le plus régulièrement. Ça te permettait également de fumer tranquillement, sans déranger personne. Te rendre chez Ruben n’était pas si long que ça à partir du loft de Rhett, mais tu n’y allais pas souvent puisque tu savais que la maison de ton cadet était beaucoup plus l’hôpital que l’appartement qu’il avait choisi avec Nina. Et il fallait dire que sa fiancée n’était pas souvent chez eux non plus. Tu savais qu’elle travaillait aussi fort que Ruben à l’hôpital et tu les admirais pour ça. Tu savais pertinemment que tu n’étais pas capable physiquement et mentalement d’aligner autant d’heure au boulot qu’eux. Tu t’apprêtais donc déjà à reprendre ton chemin avant même d’aller cogner à leur porte. Par contre, après avoir cogné une fois, tu tendis l’oreille et eût l’impression d’entendre de la musique à l’intérieur. Tu décida donc de cogner une deuxième fois. Une expression de surprise prit quand même place sur ton visage lorsque la porte ouvrit, laissant place à Nina. « Il est de garde aujourd’hui. Il sera pas rentré avant ce soir. » C’était bien ce que tu pensais. Ça t’apprendras à venir chez lui sans l’appeler ou lui envoyer un sms. En même temps, il faisait beau aujourd’hui et tu savais que Rhett serait content que tu sois sortit. Il t’avait fait la remarque dernièrement qu’il trouvait que tu restait trop souvent enfermée dans l’appartement. Tu t’apprêtais à dire aurevoir à Nina lorsque celle-ci reprit la parole. « Mais entre, viens ne reste pas dehors. » Bien que tu n’étais pas aussi proche de Nina que d’Evelyn, tu acceptas l’invitation à entrer. Tu l’appréciais beaucoup. Tu pensais surtout que tu n’avais pas eût le temps de la connaître suffisamment pour que vous soyiez un peu plus proche l’une de l’autre. Mais en même temps, tu savais son emploi du temps chargé donc tu tentais de la déranger le moins possible. “Tu es sûre que je ne te dérange pas ? Je sais que tu as un emploi du temps aussi chargé que celui de mon frère” Tu n’étais pas du style à être fâchée si jamais Nina te demandait de quitter et de revenir une autre fois. Par contre, tu le serais si jamais elle t’invitait à entrer seulement pour être polie avec toi alors qu’elle désirait être seule. « Est-ce que tout va bien ? » Tu restas surprise qu’elle te pose cette question. Est-ce que tu donnais l’impression de ne pas bien aller ? Puis, tu réalisa que ta présence était suffisante pour qu’elle se pose la question puisque ce n’était pas dans tes habitudes d’arriver comme ça chez elle. Tu lui fis un sourire que tu voulais rassurant. “Oui oui ! Tout va bien. Je faisais que marcher dans la ville pour profiter un peu du retour progressif de la chaleur et je me suis rendue compte que j’avais emprunté le chemin pour venir ici. Je me suis dis que tant qu’à être là, je pouvais tenter ma chance et voir si Ruben était là.” Puis, ton attention fut attirée par l’odeur se dégageant de la cuisine de Nina. Une odeur de sucre. Tu entendis ton estomac gronder et tu espérais que le son ne se rende pas aux oreilles de Nina. « Tu arrives au bon moment, je viens de sortir des cookies du four. » Ton estomac se noua. Tu devais te trouvais une raison pour refuser les cookies. Et tu devais avoir l’air le plus naturel possible. Tu avais faim, ils sentaient bon et tu avais une dent sucrée, mais tu te refusais depuis déjà bien longtemps d’en ingérer. Tu savais que si tu t’en permettais un, tu allais craquer et que tu allais manger tous les cookies qu’elle avait fait sans lui demander la permission et sans même les apprécier. “Merci beaucoup, mais je me suis fait des oeufs et du bacon avant de m’en venir. J’ai encore l’estomac bien plein. Mais je ne serais pas contre un café par contre si ça ne te dérange pas.” Tu espérais que Nina ne sentirait pas le mensonge ni l’hésitation dans ta voix. Tu n’aimais pas mentir, mais tu n’avais pas le choix. Tu ne pouvais pas prendre le risque de perdre le contrôle devant elle. Devant personne d’autre d’ailleurs. Tu tentas alors un changement de conversation rapide. “Comment ça va toi ? Il me semble que ça fait une éternité que l’on ne s’est pas croisée.”

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Elle n’avait pas pour habitude de se retrouver seule avec Ethel. Non pas qu’elle est un quelconque grief envers sa belle-sœur, mais les deux n’avaient jamais réellement pris le temps de s’adresser la parole sans que Ruben ne soit dans le coin. En réalité, Nina n’a jamais noué de véritable lien avec la famille de son fiancé. Trop calquée sur l’exemple déplorable de sa propre fratrie, elle n’avait pas à cœur de s’infiltrer au milieu d’une autre qui semblait avoir les mêmes problèmes de communication. Néanmoins, Ethel était venue sonner à sa porte et Nina n’avait pas l’intention de la mettre dehors. « Tu es sûre que je ne te dérange pas ? Je sais que tu as un emploi du temps aussi chargé que celui de mon frère. » Consciente de ne pas avoir toujours été très accueillante avec elle, Nina s’efforça d'offrir un léger sourire à la brunette. « Je vais pas te laisser sur le palier quand même. » Elle se demandait surtout ce qui avait bien pu pousser Ethel à tenter de venir sonner chez eux en plein milieu de la journée. Ils n’étaient jamais dans leur appartement, si ce n’était pour dormir entre deux gardes. Personne ne venait chez eux à l’improviste. Les rares, qui se sont aventuré, ont bien trop souvent fini par trouver porte close. Alors, tout cela n’avait rien d’habituel. Et Nina savait que Ben lui en voudrait s’il elle n’avait pas prêté attention à Ethel. Pour Rhett, elle aurait pu refermer la porte aussi tôt, mais pour la seule fille de la fratrie tout était différent. Et après tout, elle n’était pas contre un peu de compagnie. Nina déteste être seule.

Mais cette visite ne pouvait être anodine. Et Nina ne savait pas gérer les émotions des autres. Elle n’était pas Ruben, elle n’avait pas de bonnes relations avec sa famille, la seule exception étant Rory. Alors, elle voulait comprendre ce que sa belle-sœur pouvait bien faire dans son salon. Priant pour ne pas avoir à s’impliquer dans quoi que ce soit. « Oui oui ! Tout va bien. Je faisais que marcher dans la ville pour profiter un peu du retour progressif de la chaleur et je me suis rendu compte que j’avais emprunté le chemin pour venir ici. Je me suis dit que tant qu’à être là, je pouvais tenter ma chance et voir si Ruben était là. » Mais Ruben n’est pas là et désormais elle regrette presque d’avoir frappé à la porte ? Nina lui adressa un sourire malgré tout jetant un coup d’œil au calendrier apposé sur le frigo. « Il a un jour off dans deux jours. » Peut-être que la jeune femme pourra retenter sa chance. « Mais tu le connais, il est toujours occupé. » Surtout, ces derniers temps, mais Nina n'allait pas engager ce genre de conversation avec sa future belle-sœur.

Elle préférait encore lui proposer les cookies qu’elle venait de préparer telle une petite femme au foyer qui attendait son cher et tendre. L’image lui donna envie de vomir. Ce n’est pas ce qu’elle faisait, elle avait juste eu besoin de passer le temps. « Merci beaucoup, mais je me suis fait des oeufs et du bacon avant de m’en venir. J’ai encore l’estomac bien plein. Mais je ne serais pas contre un café par contre si ça ne te dérange pas. » Elle aurait pu se contenter de cette réponse. Simplement hocher la tête et se diriger vers la machine à café pour préparer une tasse. Nina aurait pu s’arrêter là. Mais elle connaissait assez Ethel pour voir au travers de son mensonge. « Comment ça va toi ? Il me semble que ça fait une éternité que l’on ne s’est pas croisée. » Oh, elle était douée. Quelqu’un de peu aguerri aurait pu passer à côté des signes, mais Nina avait l’œil. Dès l’instant où Ethel avait passé le pas de la porte, elle avait remarqué ses joues creuses, sa silhouette toujours plus fine et les cernes sous ses yeux. « Ethel… » Elle ne savait pas faire ce genre de chose. Nina ne sait pas prendre des pincettes, elle ne sait pas prendre le temps de tourner ses phrases correctement malgré tout ce qu’on lui a appris au fil des années pour gérer ses patients. « Je peux te faire un café, mais ne me mens pas s’il te plaît… » Elle voulait essayer malgré tout, parce qu’au fond, Nina se faisait du souci pour la jeune femme. Se tournant légèrement pour ne pas imposer son regard à Ethel, elle entreprit de lui servir un café. « Depuis combien de temps ? » Elle allait mieux fut un temps, c’est que Ruben lui avait dit. Depuis quand n’avait était-elle pas pris un bon repas ?

Ta relation avec Ruben était spéciale. Tu avais toujours été plus proche de lui que de Jackson ou de Garhett. De ce que tu te souvenais, ça s’était fait naturellement. Jackson était beaucoup plus vieux que toi et ça avait parut dans votre relation. Rhett, il avait pris la décision de s’occuper de sa carrière. Il était parti de la maison rapidement et venait rarement vous voir. Tu ne lui avais jamais dit que tu t’étais senti abandonné et tu avais compris qu’il se concentrait sur sa carrière, mais ça avait creusé un petit fossé entre vous deux. Ruben lui, il était ton petit frère. Tu avais toujours veillé sur lui et lorsqu’il était devenu assez vieux, il avait commencé à veiller sur toi. Vous aviez cette relation complémentaire, quasiment comme si vous étiez jumeaux, mais vous ne l’étiez pas. Tu te serais alors attendu de t’entendre merveilleusement avec sa petite amie comme si elle était ta soeur, mais ce n’était pas vraiment le cas. Étonnamment, tu t’entendais mieux avec celle de Rhett. Pas que tu n’appréciais pas Nina, mais elle était de nature plus froide et tu ne savais pas vraiment comment gérer cette facette d’elle. Tu avais souvent l’impression de la déranger et comme elle était aussi occupée que ton frère, tu faisais attention à ne pas trop prendre de son temps. Cette journée-là, elle était seule à l’appartement et tu avais pensé à repartir, mais tu t’étais dit que c’était le temps de se rapprocher d’elle et de passer un peu de temps en sa compagnie. Ce n’était pas comme si tu avais autre chose à faire. « Il a un jour off dans deux jours. Mais tu le connais, il est toujours occupé. » Effectivement, ton frère avait toujours quelque chose à faire même s’il était en congé, ce qui était quand même rare. Par contre, tu savais que si tu lui demandais, il trouverait du temps pour toi. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle que tu n’osais pas lui écrire régulièrement parce que tu ne voulais pas l’empêcher de faire ce qui devait faire. « Merci pour l’info. Je vais lui envoyer un sms ce soir pour voir s’il n’aurait pas un petit café ou quelque chose dans le genre. » Puis, tu te rendis compte que peut-être que Nina voulait garder ce temps-là pour leur couple. Si elle avait congé elle aussi, elle ne voudrait peut-être pas que tu accapare son fiancé alors qu’elle venait clairement de te dire qu’il était toujours occupé et qu’elle ne passait probablement pas vraiment de temps avec lui. « À moins que tu voulais passer cette journée avec lui ? Je peux vous laisser ce temps à vous deux aussi. » Toi et ta peur de déranger. C’était constamment présent, pas seulement avec Nina.
Lorsqu’elle t’offrit des biscuits, tu lui sortis un mensonge. Tu n’aimais pas mentir à tes proches, mais celui-là était nécessaire. Tu ne pouvais pas, psychologiquement, mettre une pâtisserie dans ta bouche et continuer de discuter avec elle comme si tout était normal. Tu n’avais pas la force et le mensonge te paraissait beaucoup plus simple. « Ethel… » La manière dont elle prononça ton nom suffit à te figer. Tu avais l’impression que ta réponse ne lui avait pas fait plaisir. « Je peux te faire un café, mais ne me mens pas s’il te plaît… » Elle savait. Ruben lui avait dit. Comment avait-il pu te trahir à ce point ? Comment avait-il pu lui dire pour ton problème alimentaire ? Tu lui avais demandé lorsqu’il avait découvert ton secret de ne pas en parler à personne et tu découvrais maintenant qu’il avait trahi ta confiance. Tu n’avais qu’une envie : partir et ne plus jamais revenir. Tu ne pouvais pas faire face à cette déception que tu avais cru entendre dans la voix de Nina. Tu tiras sur le col de ton t-shirt ainsi que sur le tissu au niveau de ton ventre. Tu regrettais de ne pas avoir pris de sweat shirt pour cacher le plus possible ton corps. « Depuis combien de temps ? » Que pouvais-tu répondre à cette question ? Tu ne pouvais pas être honnête. Tu ne pouvais pas lui dire que tu avais replongé doucement depuis que Rhett avait été en désintoxication. Tu avais résisté lorsque Jackson était mort, à l’overdose de Rhett, même si tu avais eût des périodes plus difficile, mais tu avais finis par flancher. Mais encore là, tu ne pouvais pas l’avouer à Nina. « Pas longtemps, mais ne t’en fait pas. Je gère, je remonte déjà. » Gros mensonge, encore une fois. Tu ne gérais pas, tu t’enfonçais encore un peu plus chaque jour et tu ne savais plus comment te sortir de cette spirale. Mais tu n’avais besoin de personne. Tu ne voulais pas être le boulet de personne. Tu sortis une cigarette de ta poche que tu te mis à faire tourner entre tes doigts. Tu ne voulais pas l’allumer dans l’appartement, mais le fait d’occuper tes mains t’aidais à garder un semblant de contrôle. Tu étais en colère contre Ruben. « Et pas la peine d’embêter Ruben avec ça. » Ta voix était dure, fermée. Ton coeur battait la chamade. « Il m’avait promis. » Tu avais ajouté cette phrase en oubliant pratiquement ta belle-soeur. S’il lui avait dit, à qui d’autre pouvait-il bien en avoir parlé ?

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Les dynamiques d’une fratrie sont toujours quelque chose d’étrange. Une sorte de ballet à vous en faire tourner la tête où il est parfois complexe de comprendre les véritables affinités, les liens indestructibles et ceux plus friables, qui pourrait s’envoler en un coup d’œil. Elle ne savait jamais réellement où se placer dans la danse opérée par ses frères et sœurs depuis des années. Toujours un peu à l’écart, jamais pleinement impliquer. Ce n’était pas la même chose du côté de son fiancé. Ruben était complice avec sa grande sœur, d’une manière que Nina n’avait jamais décortiquée, mais qu’elle respectait assez pour ne jamais s’imposer. « Merci pour l’info. Je vais lui envoyer un sms ce soir pour voir s’il n’aurait pas le temps pour un petit café ou quelque chose dans le genre. » Elle lui adressa un simple sourire. Ben serait ravi, elle ne devait pas en douter Ethel. « À moins que tu voulais passer cette journée avec lui ? Je peux vous laisser ce temps à vous deux aussi. » Elle avait déjà remarqué, comment sa belle-sœur prenait toujours attention à ne pas empiéter sur les autres. Comme si elle se devait de toujours passer au second rang. « Je serais de garde. » Ils avaient un planning pourtant, il le remplissait tous les mois, mais ils ne savaient jamais s’accorder. « Tu sais bien qu’on sait pas accorder nos rythmes avec ton frère. » Pour cela qu’ils ne se rendaient que très rarement à deux aux réunions de famille. « Et je suis sûre que ça lui fera plaisir de te voir. » Ce n’était pas un mensonge, Ethel devait s’en douter tout de même.

Mais l’équilibre précaire qui s’était instauré entre les deux belles-sœurs était vouer à s’écrouler. Nina n’avait fait que proposer quelques cookies de manière innocente. Juste un moyen de vanter ses pauvres qualités de pâtissières et surtout de quoi accompagner une bonne tasse de café. Elle n’avait pas eu d’autres pensées à sa première proposition. Avant qu’Ethel ne s’invente un petit-déjeuner conséquent et composer d’éléments trop gras pour que Nina ne relève pas le mensonge qui s’infiltrait là-dessous. Elle ne voulait pas vexer Ethel. Ni la blessée. En réalité, Nina n’avait aucun agenda, si ce n’est tenter de démontrer une certaine inquiétude. Émotion qui lui arrivait rarement d’exprimer en particulier avec quelqu’un dont elle n’était pas particulièrement proche. Mais Ethel était la grande sœur de Ruben, il lui avait parlé de ses inquiétudes et Nina ne pouvait pas juste se taire. Elle pouvait lire la déception et la tristesse sur le visage de la brunette, mais aucune parole rassurantes ne semblaient vouloir voyager au-delà de la barrière de ses lèvres. « Pas longtemps, mais ne t’en fais pas. Je gère, je remonte déjà. » Un mensonge, encore. Il était si évident. Dans un dessin animé, le nez d’Ethel se serait allongé pour couvrir l’entièreté de la pièce en largeur. « Écoute, je voulais pas te… » Quoi exactement ? Lui demander de dire la vérité ? La brusquée ? Nina ne savait plus réellement par où commencer et en face d’elle Ethel était en train de s’impatienter. « Et pas la peine d’embêter Ruben avec ça. » Oh, ça, elle n’allait pas pouvoir lui promettre. « Il m’avait promis. » Et désormais, elle se sentait mal à l’aise. Elle ne savait plus vraiment ce qui lui avait pris d’oser lancer une telle conversation. « Ethel… Il n’a pas voulu te trahir. » Elle devait au moins conserver la relation intacte entre le frère et la sœur. Nina se trouvait étrangement calme, avec à coeur de garder une certaine douceur auprès d'Ethel. « Il se fait du souci pour toi et… » Et ce n’était que ce qui devait compter réellement. « On c’est toujours tout dit avec Ben. » Il n’avait pas pu garder cela pour lui, elle avait de toute façon senti que quelque chose le tracassait à l’époque.

Comme s’il avait senti que sa présence était nécessaire, l’un des chats sauta sur le comptoir pour venir coller sa fourrure contre la joue d’Ethel. Cela eut le don d’arracher un sourire timide à Nina. « On s’inquiète pour toi. » C’est comme si le petit matou rouquin était venu traduire ses pensées en se collant à sa belle-sœur. « Je crois que c’est ce qu’on sait faire de mieux quand on est médecin. » Repérer les petits bobos et autres blessures de nos proches et vouloir tout faire pour les aider à en guérir. Ethel n’avait pas qu’une simple égratignure. « Je ne te forcerais jamais à manger. » Elle en avait sa promesse la plus ultime. Les cookies pouvaient bien brûler dans le four, elle n’en avait plus rien à faire. « Mais Ethel tu as besoin d’aide. » Elle releva les yeux pour tenter de croiser son regard. « Je ne serais jamais là pour te juger. » Loin de là même. Tout ce qu’elle voulait Nina, c’était lui tendre la main.

Avec Nina, tu ne savais pas trop quelle place tu pouvais prendre sans la déranger. Tu savais qu’elle et Ruben ne passait pas beaucoup de temps ensemble, mais tu ne le voyais pas souvent non plus. Et tu avais besoin de le voir au même titre que tu avais besoin de garder un oeil sur Rhett. Par contre, tu ne voulais pas être la cause d’une querelle au sain du couple de ton frère cadet donc tu essayais de ne pas ambitionner sur le fait que ton frère ne pouvait pas te dire non lorsque tu lui demandais de le voir. C’est donc dans cette état d’esprit que tu avais demandé à Nina si elle préférait que tu les laisse tranquille lors de la journée libre de Ruben. « Je serais de garde. » Égoïstement, tu te sentis soulagé avec cette réponse. Tu allais pouvoir voir ton frère sans te sentir mal de l’enlever à sa fiancée. « Tu sais bien qu’on sait pas accorder nos rythmes avec ton frère. Et je suis sûre que ça lui fera plaisir de te voir. » Tu lui fis un petit sourire. Tu savais effectivement comment le jeune couple n’était pas capable de coordonner leurs horaires adéquatement. Tu avais cette habileté à gérer un horaire que ton cadet n’avait pas. « Tu sais qu’à la base, Hassan m’a engagé pour gérer son horaire chaotique justement. Je pourrais jeter un coup d’oeil au vôtre pour voir si je peux vous aider à mieux vous coordonner si jamais ça vous intéresse tous les deux. » Et ta proposition était purement de la bonne volonté. Tu n’avais aucune arrière-pensée de te mettre le nez dans l’intimité du couple de ton frère ou encore de garder le contrôle sur son emploi du temps. Non, tu voulais seulement les aider à se voir plus souvent et qu’ils n’aient pas toujours ce côté à penser. Pour toi ce n’était pas quelque chose de difficile à faire et tu serais contente de pouvoir te mettre à contribution pour eux.

Puis la discussion se dirigea vers ta maladie. Tu ne savais pas que Nina était au courant. En fait, tu étais convaincue que ton frère était capable de tenir sa langue et de ne pas parler à d'autres de tes secrets. Et tu venais de savoir que ce n’était pas le cas. Et ça te rendait triste. Enfin… Non, tu étais en colère de savoir qu’il l’avait dit à Nina. « Ethel… Il n’a pas voulu te trahir. » Tu relevas les yeux vers la blonde. Tu ne pouvais pas croire qu’elle croyait vraiment ce qu’elle disait. « S’il n’avait pas voulu me trahir, il ne te l’aurait pas dit. » Tu ne pourrais lui pardonner d’en avoir parlé avec elle. Peu importe ses raisons. « Il se fait du souci pour toi et… On c’est toujours tout dit avec Ben. » Tu ne voulais pas être méchante avec Nina, mais pour te protéger, tu te refermais et tu te rendais bien compte que le ton de ta voix était dur. Tu faisais tout pour ne pas prendre tes jambes à ton cou. La cigarette tournait de plus en plus vite entre tes doigts. « Ce n’est pas comme si c’était une information essentielle ! Je ne lui ai jamais demandé d’aide, je me suis toujours débrouillé seule, il n’avait pas à en parler. C’est ma vie. Pas la sienne. Et ça ne change absolument rien dans la tienne. » Et maintenant qu’elle savait, tu allais essayer de la voir le moins possible. Tu ne voulais pas être confronté à son regard analytique, à ses questions qu’elle n’oserait pas poser dans le futur, mais que tu saurais très bien lire dans ses yeux. Puis un des chats sauta sur le comptoir et vint se coller contre ton visage. Tu sentais que tu allais craquer. Les animaux avaient ce pouvoir sur toi de te faire perdre tes moyens. Tu n’en avais pas à toi, mais tu te fis à ce moment-là d’aller en chercher un lorsque tu déménagerais de chez Rhett. « On s’inquiète pour toi. Je crois que c’est ce qu’on sait faire de mieux quand on est médecin. » Tu ne relevas pas les paroles de ta belle-soeur. Tout ce que tu avais retenu, c’était qu’elle avait dit on et non pas que Ruben s’inquiétait pour toi. Tu ne savais même pas qu’elle tenait suffisamment à toi pour s’inquiéter. « Je ne te forcerais jamais à manger. Mais Ethel tu as besoin d’aide. » Sa phrase t’arracha un rictus. « Si tu cherche un moyen de m’effacer de ta vie, c’est exactement ce qu’il faut que tu fasses. De toute manière, je me demande bien comment tu réussirais à me forcer à manger si je décide du contraire. » Ton cerveau tournait à toute vitesse. Tu revoyais Ruben obliger Rhett à aller en désintoxication et la peur te prit au ventre. « Et je ne veux rien savoir de l’hôpital. Ruben ne me fera pas le même coup qu’à Rhett. Je ne veux pas entendre parler de médecin qui vont me mettre de force une sonde dans les narines, qui me pèseront tous les jours et qui vont me parler d’IMC sans savoir mon nom. J'ai beau adoré mon frère, je ne pourrai jamais lui pardonner s'il me fait ça. » Tu avais lu sur comment les gens en milieu hospitalier faisait pour faire remonter le poids de leur patiente sans s’occuper de pourquoi elles ne mangeaient pas. Tu trouvais cela barbare et tu préférais mettre les points sur les i immédiatement avec Nina. De toute manière, comme elle te l’avait si bien dit, elle et ton frère se disait tout. Elle lui ferait le message, tu en étais à peu près certaine. Tu caressais le chat en prenant de grandes respirations pour tenter de rester calme.

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Ethel possédait cette douceur unique qui la rendait à la fois timide, mais aussi profondément humaine. Elle était à l’opposé de ce que pouvait être Nina, mais étrangement, elles semblaient trouver un léger équilibre dans cette conversation totalement improvisée. « Tu sais qu’à la base, Hassan m’a engagé pour gérer son horaire chaotique justement. Je pourrais jeter un coup d’œil au vôtre pour voir si je peux vous aider à mieux vous coordonner si jamais ça vous intéresse tous les deux. » Son honnêteté arracha un éclat de rire à Nina. Personne n’avait encore osé leur proposer de régler l’agenda de leur vie, mais la proposition venait du cœur, elle pouvait le sentir. « Tu t’arracherais les cheveux, je crois. » Combien de fois ils ont essayé ? Il y avait toujours un imprévu qui les poussait à repousser les limites d’heures autorisées par la politique de l’hôpital et qui venaient à nouveau chambouler leur planning. « Je crois qu’on sait pas gérer autrement que dans le chaotique. » Ils avaient été habitués dès leur première année d’études et leur couple, c’était construit ainsi. Certes, Nina se sentait parfois seule, mais elle s’était faite à l’idée. Ils avaient chacun une carrière très prenante, c’était le sacrifice à faire pour passer le reste de sa vie avec Ben. « Tu devrais quand même souffler l’idée à Ben. » Il était tout de même celui qui avait bien plus de mal à gérer son emploi du temps. Elle n’était pas contre le fait de le voir de manière un peu plus régulière entre les quatre murs de leur appartement.

C’est véritablement sans crier gare que la conversation prit un tout autre tournant. Pour une simple invitation à prendre un café, elle vit l’occasion de placer un sujet qu’elle n’avait jamais osé aborder avec sa belle-sœur. Mais Nina mis les pieds dans le plat de manière bien trop abrupte, alors que cela demandait toute la délicatesse dont elle pouvait être capable auprès de ses patients. Elle n’avait pas réfléchi, préférant foncer dans le mur quand l’occasion s’en présentait. Résultant à une pure méfiance dans le regard d’Ethel. « S’il n’avait pas voulu me trahir, il ne te l’aurait pas dit. » Que pouvait-elle bien répondre à cela. Ben avait parlé par pure inquiétude, mais est-ce qu’Ethel était en état d’appréhender cela ? « Ce n’est pas comme si c’était une information essentielle ! Je ne lui ai jamais demandé d’aide, je me suis toujours débrouillé seule, il n’avait pas à en parler. C’est ma vie. Pas la sienne. Et ça ne change absolument rien dans la tienne. » Le ton était monté en un instant, laissant entrapercevoir tout le déni que la demoiselle plaçait autour de sa condition. « C’est là où tu te trompes Ethel. » Elle cherchait à employer le plus de douceur possible dans ses propos. « Ce qui t’affecte en vient forcément à affecter Ben et par ricochet viens m’affecter également. » Si Nina pouvait régulièrement être qualifiée de pure égoïste, elle devenait pourtant altruiste dès qu’il s’agissait de Ruben. Et Ethel oubliait quelque chose, elle l’avait assez vu souffrir après le décès soudain de Jackson. Et il était bien connu, que parfois, Nina n’avait pas de filtre. « Vous avez déjà eu votre lot de misère. » Qu’elle ne put s’empêcher de souffler sans jamais croiser le regard de sa belle-sœur.

Mais Ethel avait bien plus à dire sur le sujet. C’est comme si sa timidité c’était envoler pour laisser place à un démon qu’elle ne savait plus contrôler. Son double de protection, en quelque sorte. « Si tu cherches un moyen de m’effacer de ta vie, c’est exactement ce qu’il faut que tu fasses. De toute manière, je me demande bien comment tu réussirais à me forcer à manger si je décide du contraire. » D’accord, elle n’avait pas abordé le sujet de la meilleure des manières. Pourtant, elle était formée à cela, mais elle n’avait pas voulu employer son discours de médecin face à quelqu’un qui allait faire partie de sa famille. « Et je ne veux rien savoir de l’hôpital. Ruben ne me fera pas le même coup qu’à Rhett. Je ne veux pas entendre parler de médecin qui vont me mettre de force une sonde dans les narines, qui me pèseront tous les jours et qui vont me parler d’IMC sans savoir mon nom. J'ai beau adoré mon frère, je ne pourrai jamais lui pardonner s'il me fait ça. » Ethel avait tout déversé sans prendre le temps de respirer et si Nina avait beaucoup de choses à dire sur tout ce qui venait de se dérouler, elle lui offrit quelques secondes pour souffler. Se reculant de quelques pas, elle remplit un verre d’eau fraîche pour le tendre à Ethel. Maigre signe de paix. « Pour un médecin, j’aurais pu aborder la chose avec plus de douceur. Je ne voulais pas t’attaquer. » Ce n’était pas son idée, pas sa volonté, mais Nina était maladroite dans sa façon de faire. « Et je vais être très honnête avec toi, je suis absolument contre tout ce que tu viens de citer. » Elle aussi connaissait les méthodes parfois barbares de ses confrères, mais ce n’est pas parce qu’elle faisait partie du cercle qu’elle se devait de tout cautionner. « On fait la promesse de venir en aide à nos patients, la barbarie n’a jamais fait partie du sermon. » Et que dire désormais ? Qu’elle allait lui trouver une méthode plus douce ? Non, ce n’était pas son idée à elle. « Je sais que Ben cherche toujours à tout résoudre. » Il était ainsi, il ne pouvait pas laisser une situation sans chercher à vouloir en trouver une solution. C’est ce qu’il avait fait avec Rhett, mais c’est exactement ce qu’il ne pouvait pas se permettre d’avancer avec Ethel. « Ethel, si tu veux que je ne lui dise rien, je ne dirais rien. » Il avait forcément vu, lui aussi, qu’elle allait moins bien, mais Nina cherchait à prouver sa bonne foi auprès de sa belle-sœur. Même si elle rejetait en bloc l’idée de devoir mentir à Ruben. Elle se devait, au moins, de lui tendre la main. « Et je n’ai pas évoqué le sujet pour te demander de partir dans un de ces centres horribles qui ne prennent pas soin du véritable problème. » Et une fois encore, elle se prit les pieds dans le tapis. « Non pas que tu es un problème, c’est pas ce que je voulais dire. » Nina soupira longuement. « Tu dois me trouver empotée au possible. » Elle passa une main sur son visage pour gagner quelques secondes et rassembler ses pensées, sans trouver comment reprendre une conversation qu’elle n’avait pas pleinement anticipée.

« Tu t’arracherais les cheveux, je crois. Je crois qu’on sait pas gérer autrement que dans le chaotique. » Cet aveu de Nina t’arracha un sourire. C’était quand même comique de voir que normalement, c’était toi qui n’était pas stable dans la vie: tu changeais de travail comme tu changeais de petite culotte, tu n’avais pas de petit ami depuis un bout, tu avais de la difficulté à joindre les deux bouts niveau monétaire… Mais entre toi et Ruben, tu étais celle qui réussissait le mieux à organiser tes horaires. Tu ne dérogeais pas de ton planning que tu te faisais le dimanche soir pour ta semaine. C’était le peu de stabilité que tu réussissais à avoir. « Tu devrais quand même souffler l’idée à Ben. » Tu acquiesça de la tête. Le but n’était pas de savoir tout ce que ton frère faisait dans sa semaine en temps et en heure, quoique l’idée n’était pas pour te déplaire, mais seulement de l’aider. “Je n’y manquerais pas. Il t’a dit d’ailleurs que j’allais vous apporter des petits plats en portion individuelle ? J’en ai quelques uns de fait que j’ai mis dans mon congélateur, mais comme je n’avais pas prévu venir ici je ne les avais pas apporté.” Tu te demandais souvent comment le temps faisait pour passer aussi vite, mais entre garder un oeil sur Rhett, t’assurer que la relation entre tes deux frères ne se dégrade pas trop et faire des petites attentions pour ton cadet, tu n’avais pas vraiment le temps de te tourner les pouces. Tu espérais juste que Nina ne trouvait pas que tu t’imposais trop dans leur vie. Après tout, elle avait choisit Ruben, pas toi…

Lorsque la conversation prit le chemin de ta maladie, tu deviens méfiante. Tu ne voulais que te protéger. Tu ne savais pas comment faire pour en parler autrement qu’en aillant des mots durs, quitte à blesser Nina et à l’éloigner de toi. Ce n’était absolument pas ce que tu voulais. Après tout, tu l’appréciais, mais c’était dur pour toi de savoir qu’elle était au courant de ce qui se passait et qu’elle voulait t’aider. Tu avais surtout peur. Tu ne savais pas ce qu’elle avait derrière la tête et c’était ce qui était le pire pour toi. « C’est là où tu te trompes Ethel. Ce qui t’affecte en vient forcément à affecter Ben et par ricochet viens m’affecter également. » Ben… Tu ne voulais pas l'inquiéter. Tu ne voulais pas qu’il aille à s’en faire pour toi en plus de garder un oeil sur Rhett. Tu ne savais plus quoi répondre à Nina. “Je ne veux pas lui causer d’inquiétude. Je… Je ne veux pas lui en rajouter…” Tu sentais que tu étais en train de tranquillement t’effondrer. La barrière que tu avais essayé d’ériger lorsqu’elle avait commencé à parler de ton trouble alimentaire était chambranlante. « Vous avez déjà eu votre lot de misère. » La première brique tombait. “Je ne sais pas comment gérer ça Nina. Je ne sais plus.” Tu te concentrais sur le chat, sur la sensation de son poil sous tes mains. Tu réussissais à garder les pieds sur terre grâce à sa présence. « Pour un médecin, j’aurais pu aborder la chose avec plus de douceur. Je ne voulais pas t’attaquer. Et je vais être très honnête avec toi, je suis absolument contre tout ce que tu viens de citer. » L’entendre te le dire te faisait du bien. Tu te sentais déjà un peu moins attaqué, un peu plus encline à être moins sur la défensive. « Et je n’ai pas évoqué le sujet pour te demander de partir dans un de ces centres horribles qui ne prennent pas soin du véritable problème. Non pas que tu es un problème, c’est pas ce que je voulais dire. Tu dois me trouver empotée au possible. » Tu prit une gorgée du verre d’eau qu’elle t’avait donné. Tu avais encore envie de prendre tes jambes à ton cou. Ta colère contre Ruben ne faiblissait pas, mais tu te rendais compte que tu avais été méchante avec Nina et qu’elle ne le méritait pas. Ce n’était pas contre elle que tu devais te fâcher. “Je ne veux déranger personne avec mes histoires. Je prends les vitamines que Ruben m’a prescrit la dernière fois que je l’ai vu. Je ne tomberai pas en carence.” Pour toi, une partie du problème était réglée avec cette prescription. Ce que tu n’avais pas pensé, c’était que les vitamines ne prévenaient pas tous les problèmes associés avec ton anorexie. “Je ne sais pas encore quand, mais je vais être capable de me remettre au moins de ça. Il faut me faire confiance et me laisser faire.” Tu ne savais plus qui tu essayais de convaincre : toi ou Nina. Tu avais déjà surmonté ton trouble alimentaire une fois, tu serais capable de le faire encore. C’était le deuil et l’anxiété que tu ne savais pas comment faire pour gérer. Et tu ne comprenais pas encore que tout était relié.

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« Je n’y manquerais pas. » Dans le fond, Nina avait presque hâte de voir ce que Ben allait tirer de la remarque de sa sœur. Est-ce qu’il allait avoir à cœur de mieux centrer son emploi du temps avec le sien juste par la divine intervention d’Ethel, alors qu’elle avait elle-même passer tant de temps à lui demander de mieux synchroniser leur temps libre ? Il allait probablement promettre des efforts avant de retomber dans la spirale de son désir d’être toujours plus performant, toujours le meilleur. Ruben ne vivait que pour sa carrière et Nina s’était peu à peu faite à l’idée de ne passer qu’en second plan. Elle était pareille après tout. Mais au sein de leur couple, elle était celle qui réclamait plus de moments à deux. « Il t’a dit d’ailleurs que j’allais vous apporter des petits plats en portion individuelle ? J’en ai quelques-uns de fait que j’ai mis dans mon congélateur, mais comme je n’avais pas prévu venir ici, je ne les avais pas apporté. » Secouant la tête de gauche à droite, elle tenta de ne pas laisser apparaître sa surprise. « Non, il ne m’a rien dit. » Ou alors il en avait parlé, mais Nina n’avait pas tout compris ? Elle ne sait plus réellement. Ils se sont bien trop souvent croisés en étant explosé de fatigue ces derniers jours. « Tu n’es pas obligée, tu sais. » Elle ajouta un sourire à son expression, mais Nina se trouvait un peu décontenancée. Personne dans sa famille, n’aurait eu une telle idée et elle ne savait trop comment remercier la gentillesse dont faisait preuve Ethel. « Mais c’est très gentil. » Qu’elle ajouta maladroitement. « Qu’est-ce que tu nous as cuisiné de bon ? » Elle cherchait à lui démontrer son intérêt à défaut de savoir pleinement comment exprimer quoi que ce soit d’autre.

Sans crier la gare, la conversation a pris un tout autre tournant. Quelque chose que Nina s’était juré de ne pas aborder, mais Ethel avait quelque peu amené le sujet sur la table par elle-même. Elle ne voulait pas juger l’état de santé de sa belle-sœur et encore moins s’immiscer dans les affaires de famille de son fiancé. Nina avait déjà bien assez à faire avec sa propre fratrie. « Je ne veux pas lui causer d’inquiétude. Je… Je ne veux pas lui en rajouter… » Ben était capable de gérer tout cela. Il en donnait l’impression en tout cas. Elle savait encore lire au-delà de la carapace qu’il avait tendance à présenter au reste du monde, mais Nina savait que la santé d’Ethel n’allait pas faire flancher Ben. « Je ne sais pas comment gérer ça Nina. Je ne sais plus. » Elle se laissait rarement surprendre par ses émotions, mais Nina se trouvait touchée face à l’évidente détresse de la brunette. « On peut t’aider. » Ce n’était pas une promesse en l’air, pas un discours mille fois répété. Nina serait prête à dédier de son temps libre pour trouver une solution qui correspondrait aux besoins d’Ethel si Ruben venait de lui demander. « Tu sais qu’il ne veut que ton bien ? » Il était hors de question que qui que ce soit imposé quelque chose sur un quelconque traitement. Nina c’était déjà vu dicter ses choix par un Hartfield et elle ne le souhaitait à personne. Parfois, Ruben pouvait être doué pour obtenir ce qu’il souhaitait, pour infuser son opinion dans l’esprit d’autrui. « L’idée ce n’est pas de t’imposer quoi que ce soit. » Elle voulait aider à trouver une solution pour Ethel, mais sans jamais lui imposer quoi que ce soit.

« Je ne veux déranger personne avec mes histoires. Je prends les vitamines que Ruben m’a prescrites la dernière fois que je l’ai vu. Je ne tomberai pas en carence. » C’était déjà un bon point, il avait pris les devants pour anticiper le plus gros des dégâts, mais est-ce que cela serait suffisant ? « Je ne sais pas encore quand, mais je vais être capable de me remettre au moins de ça. Il faut me faire confiance et me laisser faire. » Nina ne voulait pas la contredire. Ce n’était pas la solution. Il ne fallait pas qu’Ethel se sente prise aux pièges. « Je ne doute pas du fait que tu souhaites t’en sortir. » Mais ? Il fallait qu’elle réfléchisse aux mots qu’elle allait employer pour la suite. « Est-ce que tu as déjà pensé à consulter un psy ? » Ce n’était pas la même chose que l’envoyer chez un diététicien. « Pas que pour ta santé physique. » Le problème ne résidait pas uniquement dans la relation qu’elle paraissait entretenir avec la nourriture. « Pour… » Nina hésitait. Elle n’avait jamais consulté elle-même, alors qu’elle le devrait probablement. Mais ce n’est pas d’elle dont on parlait, mais de la fragile Ethel. « Peut-être pour pouvoir vider ton sac un peu ? » Elle semblait porter tant de douleur sur ses épaules.

« Tu n’es pas obligée, tu sais. Mais c’est très gentil. Qu’est-ce que tu nous as cuisiné de bon ? » Tu sentais que Nina était un peu mal à l’aise avec la proposition que tu avais fait à Ruben et qu’il avait accepté. Tu ne comprenais pas trop pourquoi, mais en fait, tu te disais que si elle ne voulait pas les manger, elle n’avait qu’à les laisser à ton frère. Peut-être n’était-elle seulement pas habituée à reçevoir des services comme celui-là sans que l’autre n’attende rien en retour ? Ruben t’avait déjà glissé un mot que sa relation avec sa famille n’était pas la plus facile, mais tu n’en savais pas plus et tu n’osais pas lui poser de question à ce niveau. “Ça me fait plaisir. Je ne fais qu’augmenter les portions des repas que je prépare déjà. Rhett n’est pas le plus grand des cuisiniers.” Tu accompagnas ta déclaration d’un rire. “J’ai fait un mijoté de boeuf et légumes. C’est la recette de maman. Et j’ai fait un curry de pois chiche.”

« On peut t’aider. Tu sais qu’il ne veut que ton bien ? » Évidemment que Ruben ne voulait que ton bien. Tu étais tellement proche de lui, tu savais qu’il ne te souhaitais pas de mal. Mais en même temps, il était toujours occupé. Si tu ne lui écrivais pas ou que tu n’initiais pas de rencontre entre vous deux, tu pouvais être quelques semaines sans avoir de ses nouvelles. Tu savais qu’il était toujours présent pour toi malgré son emploi du temps chargé, mais tu ne voulais pas être un fardeau pour lui. Tu t’étais toujours occupé de toi toute seule et tu n’avais jamais rien demandé à personne. “Je sais, mais tu l’as dit toi-même: il a déjà eût son lot de misère avec la famille.” Tu avais toujours tenté d’avoir ton autonomie, de t’arranger sans tes frères. Tu avais trop de fierté pour leur demander de l’aide. Tu avais toujours eût l’impression d’avoir moins bien réussit ta vie qu’eux. Rhett était un sportif renommé et Ruben était un médecin plus que talentueux. Et toi, tu étais que la soeur qui changeait de métier comme tu changeais de sous-vêtement, tu n’avais pas de petit ami sérieux et tu étais même loin de te créer une famille. Ajouter le diagnostic d’anorexie officiel ne ferait que renforcer ton impression d’échec. “C’est moi la grande soeur. C’est à moi de veiller sur lui.” Tu n’étais pas capable de laisser échapper ta vulnérabilité quand Ruben était là. Et Rhett était loin d’imaginer ce qui se passait dans ta tête. Il n’était pas autant à l’écoute de toi que Ruben l’était. Et ça faisait ton affaire. Tu ne t’imaginais pas devoir expliquer à tes deux frères tes états d’âme. « Je ne doute pas du fait que tu souhaites t’en sortir. » Tu avais au moins réussis à convaincre Nina de ce fait alors que même toi tu ne savais plus vraiment si tu voulais vraiment te guérir de ta maladie. Ça te réconfortait d’avoir le pouvoir sur ton corps, sur ce que tu mangeais alors que tu avais l’impression de ne pas avoir de contrôle sur les autres sphères de ta vie. « Est-ce que tu as déjà pensé à consulter un psy ? Pas que pour ta santé physique. Peut-être pour pouvoir vider ton sac un peu ? » Tu te figeas. Personne n’avait osé être autant direct avec toi. Même Ruben. Quoi qu’il ne savait probablement pas que tu souffrais autant mentalement également. Tu l’avais laissé paraître un peu à Nina et elle te prennais déjà pour une folle. “Comment est-ce qu’un inconnu pourrait arriver à me comprendre ?” De toute manière, les psy c’était pour les gens faibles. Tu n’étais pas faible. Tu étais forte et tu allais être capable de passer au travers. Tu avais craquer, mais ça passerait. “Rhett et Ruben ont bien passé au travers de tout ce qu’on a vécu. Je vais réussir moi aussi.” Tu savais que la raison principale était bien que tu t’inquiétais trop pour eux. La peur te prenait au ventre, te nouais l'œsophage et t'empêchait de manger. Mais Rhett allait bien. Ruben allait bien aussi. Ton cerveau allait finir par le comprendre. “Merci de m’offrir votre aide. Mais c’est moi l’aîné entre Ruben et moi. C’est à moi de m’assurer que vous allez bien.” Parce que tu mettais Nina dans le même bateau que ton frère. Tu savais que si elle n’allait pas bien, il n’irait pas bien. Tu jetais un oeil sur elle à distance, mais quand même. Et c’était probablement ce qui la maintenant encore hors de l’eau : t’occuper de tes frères. C’était paradoxal puisque c’était également cette inquiétude qui te faisait sombrer un peu plus.

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« Ça me fait plaisir. Je ne fais qu’augmenter les portions des repas que je prépare déjà. Rhett n’est pas le plus grand des cuisiniers. » Un léger rire lui échappe à l’image d’un Rhett qui tente de cuisiner quelque chose de comestible. « Ils sont tous comme ça. » Son propre grand frère ne devait jamais avoir mis les pieds dans une cuisine, elle l’imaginait mal cuisiner quoi que ce soit de ses dix doigts. « J’ai fait un mijoté de boeuf et légumes. C’est la recette de maman. Et j’ai fait un curry de pois chiche. » D’accord, Nina voulait rappeler qu’elle n’avait besoin de l’aide de personne, mais le menu lui paraissait tout de même plus qu’alléchant. « Okay tu m’as eu à curry de pois chiche. » Elle adorait la nourriture épicée et le curry était l’un de ses plats favoris. Elle en avait testé des recettes pour tenter d’en reproduire le doux si intense de ce qu’elle avait pour habitude de commander au restaurant, mais elle n’avait jamais su reproduire quelque chose qui la satisfaisait pleinement. « J’ai hâte de goûter ça. » Qu’elle affirma dans un léger sourire.

« Je sais, mais tu l’as dit toi-même: il a déjà eu son lot de misère avec la famille. » Elle aurait sûrement dû ne pas mentionner ce genre de chose. Elle pouvait voir la fragilité qui émanait Ethel, ce n’était pas juste de jouer sur ce genre de chose. Mais la mort de Jackson était ce qui semblait avoir mis de travers toute la famille Hartfield. « Vous. J’ai dit vous Ethel. » Il ne fallait pas qu’elle oublie que tout le monde était inclus dans l’équation et pas uniquement Ruben. « C’est moi la grande soeur. C’est à moi de veiller sur lui. » Bien sûr. Ce discours, elle l’avait tellement entendu elle-même. « Tu sonnes exactement comme Rory. » Le même ton, le même regard si sérieux de l’aîné qui se doit de prendre tous les malheurs du monde sur ses épaules. Nina n’était plus impressionnée par ce genre de discours, elle en était plutôt lasse.

Ethel pouvait amener tous les arguments du monde, elle devait tout de même prendre soin de sa santé. Ce n’était pas quelque chose à prendre à la légère, pas aux yeux de Nina tout du moins. « Comment est-ce qu’un inconnu pourrait arriver à me comprendre ? » Elle marquait un point sur ce coup. « Je te l’accorde. » Après tout, elle n’allait pas voir un psy elle-même pour le même genre d’argument. Comment pouvait on parler à un inconnu quand il était déjà si difficile de parler à sa propre famille ou son propre fiancé ? « Mais certains disent que ça aide. » C’est bien la seule opinion qu’elle pouvait amener sur la balance. Rien de fou, rien de bien convaincant, mais quelque chose malgré tout. « Tu devrais juste y penser. » Cela ne coûtait rien de penser à quelque chose. Peut-être que l’idée allait germer, qu’elle allait vouloir essayer. Juste pour voir. « Rhett et Ruben ont bien passé au travers de tout ce qu’on a vécu. Je vais réussir moi aussi. » Cette fois, elle ne put retenir un véritable éclat de rire. « Rhett continue à consommer de l’oxy. » Et même s’il avait arrêté depuis, il s’était défoncé assez longtemps pour que l’on puisse sous-entendre qu’il n’avait absolument rien sous contrôle. « Et Ben continue à prétendre que cela ne lui fait rien, mais il préfère juste tout enterrer sous le tapis. » Elle se souvenait comme si c’était hier du jour où il lui avait appris la mort de Jackson. Il avait pleuré avant d’essuyer ses larmes et de renfiler son masque comme s’il ne s’était absolument rien passé. Il ne l’avait plus retiré depuis. « Un jour, il va s’effondrer, j’attends juste à ses côtés. » Elle attendait le moment où Ruben ne pourra plus faire semblant, où il avouera être encore affecté par le décès de son frère, où il dira peut-être enfin quelque chose sur cette grossesse avorté. Nina attendait avec toute la patience du monde. Rien que pour lui. « Rien n’est absolument sous contrôle. » Il était encore trop tôt pour cela. « Merci de m’offrir votre aide. Mais c’est moi l’aîné entre Ruben et moi. C’est à moi de m’assurer que vous allez bien. » Nina leva les mains au ciel. « Si tu le dis. » Elle n’allait pas insister durant des heures. « Je ne vais pas me battre avec toi. » Ce n’était pas son but et encore moins son désir. « Mais ça ne changera pas le fait que l’on est au courant et qu’on va garder un œil sur toi. » Elle devait lui rappeler. « Je serais plus têtue que toi à ce sujet, Ethel. »

« Vous. J’ai dit vous Ethel. » Tu ne releva pas sa rectification. Tu ne voulais pas flancher. Tu n’avais pas parlé de Jackson depuis très longtemps. Tu avais voulu être forte, supporter la famille et tu avais refoulé la douleur que représentait pour toi sa perte. Il avait beau être plus vieux que toi, il était ton frère et tu l’adorais au même point que tu aimais Rhett et Ruben. Ton angoisse de perdre un autre membre de ta famille partait de sa mort et tu avais l’impression que tu n’allais jamais t’en remettre. En même temps, comment quelqu’un pouvait se remettre de la perte de quelqu’un de se jeune ? C’était un événement qui était arrivé tellement subitement… « Tu sonnes exactement comme Rory. » Et tu savais que c’était cliché, mais tu ne pouvais t’empêcher de le penser. Quoi que Rhett était vraiment l’aîné niveau âge, mais il n’était pas celui qui se souciait le plus de ses cadets. Tu avais repris naturellement le flambeau et tu ne pouvais pas te débarrasser de ce poids que tu t’étais toi-même mise sur les épaules. En même temps, si Rhett et Ruben faisaient des efforts pour mieux s’entendre, tu étais persuadée que tu te sentirais moins obligé de faire ces efforts pour tenir ta famille unie.
Lorsque Nina mit sur le sujet le psychologue, tu te raidis. Tu ne comprenais pas comment un inconnu pouvait te comprendre, t’aider. Et tu avais encore plus de difficulté à voir comment tu réussirais à te confier à lui sans tabou alors que tu avais de la difficulté à le faire avec tes proches. « Mais certains disent que ça aide. Tu devrais juste y penser. » Tu fis un maigre signe de oui avec ta tête. Ça ne servait à rien de la contredire et admettre que tu y penserais pourrais mettre fin à la discussion alors que ça ne t’obligeait à rien. C’était le meilleur des mondes pour toi. Elle aurait l’impression de peut-être avoir gagné un argumentaire. Tu étais épuisée et tu avais hâte de mettre fin à la discussion. Tu avais l’impression que tu t’enlisais dans celle-ci et que ta relation avec Nina en avait assez écopée puisque tu savais que maintenant, tu allais devoir faire attention à tes paroles devant elle et à tes gestes. Tu savais qu’elle t’analyserait les prochaines fois que vous alliez vous voir. Lorsqu’elle éclata de rire, tu te figeas encore plus, ton visage devint de glace. « Rhett continue à consommer de l’oxy. » Un coup dans ton coeur. Tu savais que leur relation n’était pas facile et tu savais que Ruben n’attendait que ses rechutes. Mais tu étais là à jeter un coup d’oeil à Rhett. Tu étais convaincue qu’il ne consommait plus. Tu étais là et tu savais que pour l’instant, il réussissait à se contenir encore. Jusqu’à quand ? Tu ne le savais pas encore, mais pour l’instant, ça allait. “Peu importe ce que tu penses de lui, ce que Ruben peut bien t’avoir dit puisque je sais qu’il ne croit pas en sa sobriété, mais je te confirme que jusqu’à maintenant il n’a pas retoucher encore à l’oxy. Et si jamais ça arrive, je serai présente. Et si jamais tu apprends quelque chose de concret ou que tu vois quelque chose, j’ose espérer que tu me tiendras au courant.” En même temps, prendre soin de tes frères te permettaient de te concentrer sur autre chose que ta propre douleur. Et ton bien-être passait par leur bien-être. Tout était étroitement relié. « Et Ben continue à prétendre que cela ne lui fait rien, mais il préfère juste tout enterrer sous le tapis. Un jour, il va s’effondrer, j’attends juste à ses côtés. » Nina ne faisait que confirmer que tu avais raison de t’inquiéter pour tes frères. Ses paroles ne faisaient que grossir la boule que tu avais au ventre. “Et je serai là.” En vrai, tu ferais peut-être mieux de prendre le taureau par les cornes. Tu te rendais compte qu’il y avait tant de sujet que tu n’avais pas abordé avec lui depuis longtemps. Autant que vous étiez proche et que tu pensais tout connaître de lui et vice-versa, autant tu te rendais compte que vous étiez dût pour une mise à niveau. Une soirée entre vous deux et trop d’alcool ne serait pas de trop. Tu laissa échapper un léger rire. “En vrai, c’est une thérapie familiale que ça nous prend. Ou un prix de groupe.” Il y avait quelque chose de terrible dans ton sarcasme. La famille Hartfield n’était que façade alors que tu t’efforçais de vous garder souder. Peut-être devrais tu abandonner cette idée et laisser la vie faire son oeuvre ? « Mais ça ne changera pas le fait que l’on est au courant et qu’on va garder un œil sur toi. Je serais plus têtue que toi à ce sujet, Ethel. » Tu baissas les yeux. Tu n’avais plus d’arguments et tu ressentais des émotions contradictoires. Autant tu te sentais soulagé de savoir que quelqu’un avait été capable de te lire et qui reconnaissait que tu souffrais. Autant tu avais peur et tu ne voulais pas que personne se sente obligé de te prêter attention. “Je veux pas vous faire des misères. S'inquiéter pour les autres me ronge et je ne veux pas que ça soit votre cas. Garde un oeil sur mon frère et fait moi signe si jamais tu sens que ça ne va plus. Déjà ça, ça m’aiderait.” Tu pris une gorgée de ton verre d’eau. C’était difficile de faire descendre le liquide froid dans ta gorge nouée, mais ça te gardais sur terre.

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@ETHEL HARTFIELD & NINA

Tout semblait perdu d’avance dans cette conversation qui ne cessait de faire augmenter la tension dans la pièce. Nina pouvait voir à quel point Ethel cherchait à s’échapper. Elle n’avait jamais eu pour but de la piéger dans un coin, mais les mots se déroulaient en dehors de son contrôle, dans un flot qui amenait à converser de quelque chose qui la dépassait. Comment pouvait elle juger les relations des Hartfield quand sa propre fratrie peinait à s’adresser la parole correctement ? Elle voyait bien que sa belle-sœur acquiesçait dans le simple but de la faire taire. « Ce n’était pas un reproche. » Pas vraiment, en tout cas. Si cela devait en être un, il était clairement dirigé vers son frère aîné. « Mais tu as le droit de penser à toi. » Ethel pouvait s’autoriser à être égoïste parfois quand bien même l’exercice lui paraissait difficile. Elle en avait tous les droits, ses deux frères ne se gênaient pas pour cela. « Tu sais… Moi non plus, j’y crois pas vraiment à ce genre de truc. » Les psychologues, le fait de parle de soi pour aller mieux. Nina ne voulait rien entendre de tout cela, en réalité. « C’était idiot. » Sa manière à elle de s’excuser, en somme.

Sa remarque sur Rhett fut bien trop acerbe, teinter par les opinions que Ruben balançait à tout bout de champ. « Peu importe ce que tu penses de lui, ce que Ruben peut bien t’avoir dit puisque je sais qu’il ne croit pas en sa sobriété, mais je te confirme que jusqu’à maintenant, il n’a pas retouché encore à l’oxy. Et si jamais ça arrive, je serai présente. Et si jamais tu apprends quelque chose de concret ou que tu vois quelque chose, j’ose espérer que tu me tiendras au courant. » Nina ne connaissait rien de Rhett. Ils ne s’adressaient la parole que lorsque cela s’avérait nécessaire. Malgré tout, elle hocha la tête, en signe d’affirmation. « Si tu y tiens, bien sûr. » Elle ne voudrait pas voir Ethel sombrer pour tenter de sauver quelqu’un qui n’avait, clairement, pas l’air d’avoir envie de l’être. Mais si la seule fille de la fratrie tenait à être au courant de tout, Nina ne dérogerait pas à sa parole. « Je n’ai qu’une parole. » qu’elle commenta dans l’espoir de rassurer Ethel. Si quelque chose lui revenait aux oreilles, s’il s’avérait que Rhett renouvelait l’expérience des urgences, alors, elle la tiendrait au courant. « Et je serai là. » Bien sûr qu’elle le sera, pour ce petit frère qu’elle mettra toujours sur un piédestal. Nina n’en doutait pas. « Tu sais que j’aime ton frère ? » Plus que ce qu’elle en était capable de l’exprimer même. « Je t’assure que je veille sur lui. » Même quand ils étaient sur le point de se déchirer Nina avait entendu les besoins et les désirs de Ruben. « En vrai, c’est une thérapie familiale que ça nous prend. Ou un prix de groupe. » Nina lui adressa un sourire amusé face à cette conclusion plus véridique que jamais. « N’est-ce pas le lot de toutes les fratries ? » La sienne aussi aurait bien besoin d’une thérapie également.

Mais dans tout cela, une fois encore, Ethel ne prenait pas soin d’elle. Et pour la deuxième fois, Nina n’exprima pas son inquiétude comme il le faudrait. « Je veux pas vous faire des misères. S'inquiéter pour les autres me ronge et je ne veux pas que ça soit votre cas. Garde un œil sur mon frère et fait moi signe si jamais tu sens que ça ne va plus. Déjà ça, ça m’aiderait. » De la manière la plus maladroite qui soit, Nina vint poser sa main sur celle de sa belle-sœur. « Tout ce que j’essaye de te dire c’est que… S’inquiéter pour toi ce n’est pas un poids. » Elle ne pouvait pas s’inquiéter pour les autres et ne rien attendre en retour. « Je me suis extrêmement mal exprimé. » Tout au long de cette conversation. « Tu vois, la preuve qu’on a toutes nos difficultés. » Elle cherchait à faire un trait d’humour quand la situation ne s’y prêtait plus réellement. Démunie, sans la moindre idée de comment retourner la conversation, Nina s’agita autour de son plan de travail pour emballer quelques cookies dans un contenant. « Tu peux ramener ça à Rhett. » Elle aurait voulu dire que certains étaient également pour elle, mais elle avait déjà assez fait de bourde pour toute une journée. « Et surtout. » Elle ne pouvait s’empêcher de le souligner. « Sache que notre porte est toujours ouverte. Même quand Ruben n’est pas là. » De toute manière, il n’est jamais là, mais ce n’était pas le sujet. « Je ne te parlerais plus de ça. » Une dernière promesse. « J’allais m’installer sur le balcon pour profiter du soleil, si tu veux te joindre à moi. » Une tentative d’offrande, une branche d’olivier en signe de paix, après cette conversation houleuse. Nina cherchait simplement à bien faire.

Tout ce que tu voulais était de quitter l’appartement. Tu étais toutefois beaucoup trop polie pour quitter en plein milieu d’une conversation même si elle était extrêmement difficile. Tu savais que Nina ne voulait que ton bien et qu’elle espérait pouvoir te faire comprendre qu’elle voulait t’aider et que tu devais avoir de l’aide, mais tu avais l’impression de manquer d’air. Tu étais beaucoup trop têtue pour lui avouer que tu ne t’en sortirais pas seule. La surprise qu’elle soit au courant de ta situation n’avait réussi qu’à te braquer et malgré le fait que tu étais une femme douce normalement, tu n’avais pas réussis à te détendre. Malgré les bonnes intentions de Nina, tu n’avais pas réussi à accepter ce qu’elle te disait et à lui faire assez confiance pour lui confier toute la détresse que tu ressentais. « Ce n’était pas un reproche. Mais tu as le droit de penser à toi. » Tu relevas les yeux vers elle. La douleur pouvait se lire facilement dans ceux-ci. Comment lui dire que tu ne pouvais pas t’arrêter et penser à toi puisque tu avais peur de t’écrouler et de ne pas te relever ? Tu savais que c’était difficile pour les gens qui ne vivaient pas avec des troubles alimentaires de comprendre ce qui poussait quelqu’un à agir de cette manière, mais tu n’avais pas le goût d’avoir cette conversation-là avec Nina. Ça ne ferait que laisser sortir ta vulnérabilité et tu ne voulais pas être cette femme qui perdait le contrôle de ses émotions. Tu essayais tous les jours de ta vie d’avoir l’air forte, tu ne voulais pas tout gâcher tes efforts. Quoique c’était probablement déjà fait.

Puis Nina osa dire que Rhett consommait encore. Si tu avais commencé à laisser les barrières tomber tranquillement, ce fut assez pour les remettre en place. Tu n’aimais pas le ton qu’elle avait employé. Si tu étais moins proche de ton aîné que de ton cadet, tu ne le protégeais pas moins. Tu ne supportais pas que la fiancée de Ruben, parle de quiconque qui était de ta famille de cette manière. « Si tu y tiens, bien sûr. Je n’ai qu’une parole. » Tu la sentais honnête dans son affirmation. Tu te fis la remarque mentale qu’il ne fallait plus parler de lui avec Nina, que c’était un terrain glissant. En même temps, ils étaient tous de la même famille puisque la blonde était sur le point d’épouser un Hartfield. « Je tiens à savoir ce qui se passe avec Rhett et à l’aider autant que j’y tiens avec Ruben. » Et tu ne comprenais pas que ce n’était pas une évidence. Tu ne connaissais pas sa relation avec sa propre fratrie, mais tu te fis la réflexion qu’elle ne devait pas être si harmonieuse que ça. « Tu sais que j’aime ton frère ? Je t’assure que je veille sur lui.» Tu lui fis un sourire. Tu ne doutais pas de l’amour que Nina portait à Ruben. Tu avais seulement peur qu’elle ne s’aperçoive pas s’il n’allait pas bien puisqu’ils ne se voyaient pas souvent. Elle l’avait dit elle-même qu’ils n’étaient pas les meilleurs pour coordonner leurs horaires. « Je sais. Merci. » Ruben avait Nina. Rhett avait Evelyn. Tu n’avais personne… Tu te surpris à envier la relation que tes frères avaient avec leurs petites amies. Tu savais qu’elles n’étaient pas toujours facile, mais au moins, elles étaient là si quelque chose de majeur arrivait alors que tu avais l’impression d’être absolument seule.

« Tout ce que j’essaye de te dire c’est que… S’inquiéter pour toi ce n’est pas un poids. Je me suis extrêmement mal exprimé. Tu vois, la preuve qu’on a toutes nos difficultés.» Ça te faisait tout de même du bien de savoir que quelqu’un s’inquiétait pour toi. Pour une fois que tu te le faisais dire. Tu ne doutais pas que Ruben s’inquiétait lui aussi, mais tu avais de la difficulté à rationaliser et te dire que tes proches t’aimaient vraiment. Et tout ce que tu réussissais à ressentir, c’est de la culpabilité. Tu la vis s’activer et mettre des biscuits dans un plat. Tu étais sur le point d’exploser, de lui dire qu’elle n’avait rien compris et que tu ne les mangerais pas même si elle t’en donnait lorsqu’elle se mit à parler. « Tu peux ramener ça à Rhett. » Tu avais le goût de lui dire que tu savais que ce n’était pas pour Rhett, mais plutôt pour toi, mais tu n’osa pas ajouter d’huile sur le feu. Tu fis un signe positif de la tête. Tu espérais seulement réussir à te contrôler et ne pas tous les manger sur le chemin de l’appartement de ton frère. « Sache que notre porte est toujours ouverte. Même quand Ruben n’est pas là. Je ne te parlerais plus de ça. » La conversation avait été une catastrophe, mais au moins, tu avais l’impression qu’elle se terminait bien. Tu étais un peu moins sur la défensive. « Merci, je tâcherai de m’en rappeler. » De toute manière, tu avais pris la décision d’éviter Nina pour quelque temps. Ce n’était pas comme si vous aviez l’habitude de vous côtoyer. Tu savais que ce serait une chose facile et que personne ne se poserait de question. « J’allais m’installer sur le balcon pour profiter du soleil, si tu veux te joindre à moi. » Tu te levas, attrapa le petit plat qu’elle t’avait préparé. « Merci de la proposition, mais je vais y aller. Je dois aller voir quelqu’un. » Tu pris le chemin de l’hôpital. Tu devais absolument voir Ruben, lui dire ce que tu pensais qu’il ait confié ton secret à sa fiancée. Ce n’était pas seulement à Nina de faire face à ta colère.