Look for the Light
Megan Williams & @Ruben Hartfield, univers alternatif zombie ☆ credit/reedusgif

« Vous allez m’expliquer maintenant pourquoi à l’intérieur c’est le chaos ? » Ruben Hartfield m’a fait entrer dans l’hôpital par une petite issue de secours et, depuis, nous nous sommes déplacés sans un bruit, sur la pointe des pieds et en prenant garde à faire le moins de bruit possible. A plusieurs reprises, il m’a même fait signe de m’arrêter et de me baisser pour disparaître derrière un comptoir. A chaque fois, je n’ai vu aucune créature mais le chirurgien n’a semblé vouloir prendre aucun risque. A présent, nous sommes enfermés dans un bureau, une salle de stockage plutôt, ou le brun sembler faire des stocks de bandages, désinfectant et médicament. « Vous avez peur de qui exactement ? Y’a de ces… choses à l’intérieur ou bien vous craignez quelque chose d’autre ? » Ou quelqu’un d’autre ? Je ne comprends pas comment un endroit aussi protégé que celui-là, avec des portes qui ferment avec des codes, ait pu sombrer aussi vite dans le chaos. C’est impensable, l’idée que la société s’effondre aussi rapidement, en moins d’une dizaine de jour. Nous sommes à Brisbane, pas dans une petite ville en marge de toute société et, pourtant, toutes les règles semblent avoir changées. Plus de police, plus de loi, plus de gouvernement ; c’est à présent chacun pour soi, chacun tente de sauver sa peau et ça, je l’ai rapidement intégré.

« Vos ordinateurs, ils marchent encore ? » J’ai remarqué certaines pièces allumées sur la route. « Je veux dire, j’ai vu des lumières. De toute évidence vous avez encore de l’électricité. » Et peut-être des sauvegardes régulières des données sur les patients qui transitent par l’hôpital, et des résultats de chirurgie. Ou même des rapports écrits, je n’arrive pas à imaginer qu’il soit impossible de savoir si une personne a bien été opérée ou non entre ces murs. « S’il y a le moindre indice sur ce qui est arrivé à Damon, je dois savoir. » Pour le chercher, uniquement pour le chercher, je n’envisage rien d’autre.

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« Vous allez m’expliquer maintenant pourquoi à l’intérieur c’est le chaos ? » Il avait fait en sorte qu’ils s’éloignent des grands couloirs pour ne pas faire trop de bruit, et donc de s’éloigner des principales portes d’accès car derrière ces dernières pouvait se trouver des créatures. Et le but n’était en rien de les attirer à l’intérieur. « Vous avez peur de qui exactement ? Y’a de ces… choses à l’intérieur ou bien vous craignez quelque chose d’autre ? » Soufflant quelque peu, Ben ralentit ses pas pour finalement se mettre face à Megan. « La radio ne diffuse pas toutes les informations, faut que tu te rappelles de ça. » Il plissa le bout du nez: il n’était pas censé diffuser la moindre information normalement. Mais il se rappelait du caractère quelque peu revêche de la jeune femme et à quel point elle pouvait être têtue - et le but était qu’elle reparte d’ici le plus rapidement possible. « On avait déjà des cas avant que la ville sombre dans le chaos. Mais ça a été très dur de les contenir. Ca nous a bouffé de l’intérieur dans certains services. Littéralement bouffé de l’intérieur. » Parce-que certaines de ces choses, justement, avaient décimé certains d’entre eux.

« Depuis, c’est compliqué de maintenir l’ordre ici et de faire en sorte de pas être envahi. » Haussant un brin un sourcil, il se remit en marche. «  Vos ordinateurs, ils marchent encore ? Je veux dire, j’ai vu des lumières. De toute évidence vous avez encore de l’électricité. » - « On a réduit au minimum nécessaire, parce-qu’on a encore des patients qui se battent pour survivre et qu’on a besoin de l’électricité la plupart du temps pour les maintenir en vie justement. Mais ouais, on a encore quelques ordinateurs en service. » Normalement ils étaient réservés aux soins et afin de continuer de tourner avec des dossiers fonctionnels; certaines personnes étaient même assignées à la recopie manuscrite de ces dits-dosses pour qu’ils puissent avoir toutes les informations nécessaires si jamais l’électricité venait à manquer. « S’il y a le moindre indice sur ce qui est arrivé à Damon, je dois savoir. » - « Je sais, j’avais compris. » Lorsqu’il poussa la porte suivante, ils arrivèrent dans un des couloirs du service des urgentes - l’un des derniers à fonctionner presque normalement. Le bruit des machines ici était presque rassurant. « Si je te demande de m’attendre en salle d’attente, tu le ferais ? »

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« La radio ne diffuse pas toutes les informations, faut que tu te rappelles de ça. » Je ne suis pas idiote, et je ne suis pas non plus utopiste. Je sais qu’il y a des choses que l’on nous cache mais, dans le cas présent, tout s’est passé si vite que je n’ai pas eu le temps de faire la moindre hypothèse quant à la façon dont les choses se sont passées. Un matin, notre monde existait encore et tout se passait bien, et l’après-midi, tout s’était effondré et la ville avait plongé dans le chaos. « On avait déjà des cas avant que la ville sombre dans le chaos. Mais ça a été très dur de les contenir. Ça nous a bouffé de l’intérieur dans certains services. Littéralement bouffé de l’intérieur. Depuis, c’est compliqué de maintenir l’ordre ici et de faire en sorte de pas être envahi. » Je fronce les sourcils. « Des cas à l’intérieur ? » Comment ne pas ressentir une bouffée de colère monter en moi alors que, dans mon esprit, si nous avions été au courant jamais Damon ne serait venu ici pour se faire opérer. « Depuis longtemps ? Et vous avez pas jugé ça utile d’en parler aux gens ? Ou au moins de rediriger les gens sur d’autres cliniques ? » Peut-être que tous les hôpitaux de la région étaient touchés mais qu’en est-il est cliniques privées ? Nous aurions les moyens de le faire admettre dans l’une d’elle, Damon, et il serait déjà revenu auprès de moi. J’espère que Ruben Hartfield a toutes les morts provoquées par cette décision absurde sur la conscience.  

Si je m’écoutais, je lui sauterais à la gorge et je le réduirai en bouillie. Après mon passage, les créatures n’auraient plus grand-chose à manger sur ses os. Mais j’ai besoin de lui et élever la voix risquerait de nous faire repérer. Surtout que, visiblement, je ne suis pas plus en sécurité à l’intérieur de dehors, c’est même peut-être pire. « Y’en a dedans, donc. » Des services entier en sont remplis, si je comprends bien. « Qu’est-ce que vous foutez encore ici ? » S’il a eu connaissance de la crise avant le commun des mortels, il aurait pu prévenir les gens qu’il aime et prendre la fuite avec eux. C’est ce que j’aurais fait.

« On a réduit au minimum nécessaire, parce-qu’on a encore des patients qui se battent pour survivre et qu’on a besoin de l’électricité la plupart du temps pour les maintenir en vie justement. Mais ouais, on a encore quelques ordinateurs en service. » - « Et des sauvegardes des dossiers de vos patients ? » Et donc, celui de Damon ? L’étincelle de l’espoir se rallume eu creux de mon estomac, aussitôt éteinte par la crainte qu’il soit dans l’un de ces services dévorés de l’intérieur. « Je sais, j’avais compris. Si je te demande de m’attendre en salle d’attente, tu le ferais ? » - « Non. » Ma réponse a au moins le mérite d’être franche. « Si on se sépare et qu’il t’arrive quelque chose, je ne le saurais pas. Et à t’entendre, on est en sécurité nulle part ici. » Et surtout, je veux être avec lui quand il trouvera le dossier de Damon : je le soupçonne capable de me mentir. Bien sûr, je tais cette crainte-là.

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« Des cas à l’intérieur ? » Cela semblait être une surprise pour elle. Du point de vue de Ruben, cela n’en était malheureusement pas une: les hôpitaux étaient souvent des points fragiles en cas de problèmes au sein de la population. « Depuis longtemps ? Et vous avez pas jugé ça utile d’en parler aux gens ? Ou au moins de rediriger les gens sur d’autres cliniques ? » - « Ca sert à rien de s’exciter comme ça. » - « Y’en a dedans, donc. Qu’est-ce que vous foutez encore ici ? » Il haussait un sourcil, un regard un brin dédaigneux dans sa direction. « C’est pas la population qu’on alerte dans ce type de situation, ce sont les autorités qui elles ont été prévenues. Mais sans un indice sur ce à quoi on faisait face, on pouvait pas agir plus que ça. » Ce n’était pourtant pas faute d’avoir fait des efforts pour apprendre le plus vite possible de cette chose qui rongeait les gens de l’intérieur. « Et on est encore là, parce-qu’on a pas le choix. On peut pas abandonner toutes les personnes qui ont rien contracté et qui ont besoin de nous quand même. » Ils avaient mis à la porte le maximum de nuisibles, mais le reste de la population se devait de continuer à avoir accès aux soins tant que cela était encore possible. « Dans quelques temps, nos réserves seront à sec mais pour l’instant on peut encore soigner des gens, alors on tente ce qu’on peut. » Ce n’était pas parfait, mais au moins ils essayaient avec ce qui leur restait.

Et effectivement, il leur restait encore de l’électricité grâce aux générateurs de secours qui avaient été installés en amont à l’hôpital. « Et des sauvegardes des dossiers de vos patients ? » - « Tant qu’on a pas terminé de tout remettre sur papier, on est obligés de garder les serveurs en vie. Au moins ceux qui continent les dossiers récents, oui. » Bientôt, cela ferait partie du luxe auquel il ne pourrait plus accéder - mais ils pouvaient encore se permettre de récupérer des données, parfois très importantes, alors tant que c’était faisable ils s’accrochaient à l’idée. « Non. » Ruben leva les yeux au ciel: bien sur qu’elle ne se serait pas pliée devant une telle idée. « Si on se sépare et qu’il t’arrive quelque chose, je ne le saurais pas. Et à t’entendre, on est en sécurité nulle part ici. » - « Les zones ouvertes et où y’a du monde sont des zones sécurités au sein de l’hôpital, parce-qu’on a fait le tri et barricader toutes les parties qui n’étaient plus sécuritaires. » Il pinça ses lèvres, soupira. « Mais si je suis embarqué dans autre chose effectivement t’auras pas de mes nouvelles. » Ca l’embêtait, mais s’il voulait être débarrasser le plus rapidement possible d’elle, il allait devoir se plier à l’idée de son côté en revanche. « Suis moi, et si on nous parle, laisse moi répondre aux questions. » D’un signe de tête, il lui indiqua de marcher dans ses pas alors qu’il poussait la porte des urgences et que le brouhaha se faisait entendre pour la première fois depuis qu’ils avaient mis un pied dans l’enceinte. Zigzagant à travers la foule, ils finirent par arriver dans un bureau un peu mis à l’écart, normalement utiliser pour le urgences pédiatriques - mais ces dernières avaient rapidement fermées. Il fit en sorte de ne pas avoir de souvenirs envahissant son esprit en cet instant: il n’avait pas le temps pour ce type de choses. « Il est enregistré à Damon Williams dans nos dossiers ? Et sa date de naissance ? » Entrant ses codes d’accès dans l’ordinateur, il releva ensuite son regard en direction de Megan pour qu’elle lui confirme l’information: il en aurait pour dix heures sans ça.

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« Mais sans un indice sur ce à quoi on faisait face, on pouvait pas agir plus que ça. »
« Continue de te dire ça si ça t’aide à dormir la nuit. »

Moi, ce que je vois surtout, c’est qu’avertir les gens avant aurait permis au plus grand nombre de quitter la ville, de faire de réserves, de se mettre à l’abri, d’éviter les endroits comme les hôpitaux publics, aussi. Mais je serre les dents, j’évite de trop lui rentrer dans le lard parce qu’il peut m’être utile, parce que je veux qu’il me guide jusqu’à Damon ou, au pire, jusqu’à des réponses concernant l’Italien. J’ai besoin d’en avoir le cœur net et, pour ça, j’ai besoin de garder Ruben Hartfield à mes côtés au moins encore quelques minutes ou quelques heures, tout au plus. « Et on est encore là, parce-qu’on a pas le choix. On peut pas abandonner toutes les personnes qui ont rien contracté et qui ont besoin de nous quand même. Dans quelques temps, nos réserves seront à sec mais pour l’instant on peut encore soigner des gens, alors on tente ce qu’on peut. » Peut-être qu’elle réside là, sa solution pour parvenir à dormir la nuit et se regarder dans le miroir. Je ne réponds rien : je crois qu’à sa place, j’aurais fui pour retrouver les miens parce que, face à ce genre de situation, il n’y a plus que son propre clan qui compte et je n’ai pas honte de le penser, pas plus que je n’aurais honte de l’affirmer si on me le demandait. Sauver avant tout sa peau et celle des gens que l’on aime n’a rien de honteux.

« Tant qu’on a pas terminé de tout remettre sur papier, on est obligés de garder les serveurs en vie. Au moins ceux qui continent les dossiers récents, oui. » - « Bon, alors on devrait trouver le sien. » Je ne suis pas rassurée sur son sort pour autant, mais je sens que je vais enfin mettre la main sur une bribe d’information : je n’en peux plus de me morfondre chez moi en me demandant ce qu’il est arrivé à l’homme que j’aime. « Les zones ouvertes et où y’a du monde sont des zones sécurités au sein de l’hôpital, parce-qu’on a fait le tri et barricader toutes les parties qui n’étaient plus sécuritaires. Mais si je suis embarqué dans autre chose effectivement t’auras pas de mes nouvelles. » - « Alors c’est pas négociable. Je viens avec vous. » En plus de toutes les raisons que j’ai déjà avancées, si je me retrouvais seule, je serais incapable de quitter les lieux en évitant les zones les plus dangereuses. Je serais alors piégée à l’intérieur de l’hôpital et des nombreux dangers qu’il renferme, d’après les dires de l’Australien. « Suis moi, et si on nous parle, laisse moi répondre aux questions. » Je hoche la tête et lui emboîte le pas sans un mot. Si croiser des vivants peut se révéler plus dangereux pour moi que de croiser des morts, alors j’ai bien fait de refuser de le quitter d’une semelle. Être mise à la porte comme une malpropre ne fait pas partie des possibilités, je dois avoir de réponses.

Le médecin nous enferme dans un bureau et se met à pianoter sur le clavier de l’unique ordinateur gardé allumé de la pièce. « Il est enregistré à Damon Williams dans nos dossiers ? Et sa date de naissance ? » Je secoue la tête. « Non, Cosimo Williams. C’est son nom de naissance. » Damon n’étant qu’un prénom d’emprunt utilisé par mon époux pour faciliter son intégration dans les pays anglophones, et une façon pour lui de rompre avec les enseignements et choix de son père. J’épelle le prénom du blond pour Ruben, avant d’ajouter. « Il est né le 4 juillet 2000. » Fébrile, j’observe le brun taper son le clavier et j’attends sa réponse, suspendue à ses lèvres.

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«  Continue de te dire ça si ça t’aide à dormir la nuit. » Il n’arriverait jamais à comprendre comment le commun des mortels n’arrivait pas à considérer que, parfois, de mauvaises décisions étaient nécessaires à prendre afin de réussir à sauver la majorité. Ruben ne faisait pas partie de ceux qui avaient envie de rester dans locaux infectés, mais il savait aussi que ses connaissances et ses capacités pouvaient aider bien des personnes s’il restait sur place. Alors il avait mis de côté - sacrifié - les opportunités personnelles de se tirer d’affaire pour rester sur place pour le bien commun. Elle ne comprendrait jamais, il n’y avait qu’à voir son regard pour comprendre - alors il ne renchérit pas sur la question.

« Bon, alors on devrait trouver le sien. » - « On devrait pouvoir le trouver. » Et il y avait fort à parier qu’elle ne le laisserait pas aller le consulter seul - il eut rapidement la réponse. « Alors c’est pas négociable. Je viens avec vous. » Il pinça les lèvres un instant, soupira celui d’après. « J’aurais du m’en douter. » Ben lui fit un petit signe de la tête pour que Megan le suive une fois qu’il lui eut donné quelques indications. « Et arrête le vouvoiement, on a plus le temps pour ce genre de politesse. »

Refermant la porte du bureau à leur suite pour ne pas être dérangés par d’autres membres du personnel hospitalier, Ruben se mit immédiatement à regarder dans les dossiers des patients dernièrement admis au sein de l’hôpital, demandant des précisions sur l’identité du mari de la jeune femme. « Non, Cosimo Williams. C’est son nom de naissance. » Il pencha quelque peu la tête sur le côté: un drôle de nom. Elle l’épela pour lui, et ajouta la réponse à sa seconde question dans la foulée. « Il est né le 4 juillet 2000. » Il n’y avait en réalité peu de chance de se tromper dans les dossiers avec un nom pareil - mais ce n’était pas forcément sur cette partie là de l’écran que s’était arrêté le regard du médecin. Un détail bien plus inquiétant l’avait stoppé dans ses recherches - et il savait pertinemment que s’il ne se mettait pas à s’expliquer rapidement, il y en avait une à ses côtés qui allait commencer à perdre patience. Avant même de cliquer sur le dossier de son mari pour l’ouvrir il préféra dire quelque-chose. « J’ai pas de date de sortie dans le dossier. » Cela n’allait peut-être pas être clair comme information en premier intention, alors il compléta rapidement. « Ca veut dire qu’on a pas pris le temps de clôturer le dossier. Et j’ai pas d’informations enregistrées dedans depuis trois jours. » Soit depuis le jour de son opération.

Appuyant sur le dossier, il laissa ce dernier ouvert sur l’écran avant de faire un pas en avant: s’il saisissait correctement le personnage, elle allait vouloir regarder d’elle-même. Il croisa les bras sur son torse. « Ce qui veut dire qu’on a pas enregistré de ses nouvelles depuis que l’alerte générale a été lancée. Y’a de fortes chances qu’il ne soit plus des nôtres. » Mort ou infecté, il n’y avait que peu de différence de toutes façons.

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« Et arrête le vouvoiement, on a plus le temps pour ce genre de politesse. » Je hausse les épaules pour signifier que ça n’a pas la moindre importance pour moi, vouvoiement ou tutoiement. Je n’ai pas l’intention de m’attarder ici plus que nécessaire pour faire connaissance à le médecin, la seule chose qui compte pour moi c’est de savoir comment va Damon et de pouvoir le retrouver au plus vite. Une fois que j’aurais eu les informations dont j’ai besoin, je mettrai les voiles.

Le médecin tape sur les touches de l’ordinateur, et mon regard ne cesse de faire des allers retours entre l’écran et le brun. Je tente d’analyser tout ce qui s’affiche sous mes yeux, mais la plupart des informations ne sont que du charabia médical que je ne parviens pas à interpréter. Quand le médecin fronce les sourcils et arrête de faire bouger la molette de sa souris, je me tends. Je le fixe intensément, et s’il n’avait pas pris la parole, je l’aurais enjoint à me donner des informations rapidement. Je n’aime pas ce que je lis dans son regard. « J’ai pas de date de sortie dans le dossier. » - « Ok, alors il est encore là ? » Je tente de trouver des explications à ce que m’annonce le chirurgien, mais je sais au fond que ce qu’il vient de m’annoncer est très mauvais signe. « Ça veut dire qu’on a pas pris le temps de clôturer le dossier. Et j’ai pas d’informations enregistrées dedans depuis trois jours. » Pas de clôture, pas de nouvelles informations non plus. S’il lui était arrivé quelque chose, cela serait écrit non ? A moins qu’il se situe dans l’un de ces services condamnés avec lesquels les employés de l’hôpital ont perdu tout contact ? Peu a peu, la vérité apparaît devant mes yeux qui se remplissent de larmes. « Ce qui veut dire qu’on a pas enregistré de ses nouvelles depuis que l’alerte générale a été lancée. Y’a de fortes chances qu’il ne soit plus des nôtres. » Je secoue la tête. « Non, y’a forcément une autre solution. » Une erreur de la part d’un médecin qui aurait oublié de noter la date de sortie de Damon. Un manquement aux procédures de mise à jour. Après tout, quand le monde s’écroule, qui prend le temps de venir se poser derrière un ordinateur pour y entrer des données que plus personne ne consultera. « Y’a forcément une autre explication. » Je recule de quelques pas et, sans crier gare, alors que la panique m’envahit, je détale. Je pars en courant, je cherche à m’éloigner de cet endroit et à retrouver Damon coûte que coûte : je ne peux accepter qu’il lui soit arrivé malheur.

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« Ok, alors il est encore là ? » Les yeux de Ruben restèrent posés sur l’écran encore un instant, cherchant un dernier indice qui pourrait le faire douter de ce qui s’imposait à lui pourtant comme une évidence: le mari de la blonde n’était plus des leurs. Peut-être était-il encore au sein de cet hôpital, mais sous une forme qui n’était plus celle qu’elle avait pu connaitre pendant le temps qu’elle avait pu passer à ses côtés. Une partie de Ben se trouvait désolée pour elle; mais il avait vu tellement de choses changer ces dernières semaines que malheureusement il ne pouvait pas s’arrêter sur tous les cas similaires à celui de Megan sinon il ne s’en sortirait pas. « Non, y’a forcément une autre solution. » Pinçant ses lèvres, il ferma le dossier médical de devant leur yeux: ce n’était pas la peine de remuer le couteau dans la plaie là où le mal était déjà fait. « Y’a forcément une autre explication. » - « Y’a encore pas longtemps, j’aurais dit que c’était forcément une erreur. Aujourd’hui j’ai malhe… »

Relevant son visage dans la direction de la jeune femme, il n’eut même pas le temps de terminer sa phrase qu’il la vit détaler comme un lapin loin de lui, prenant ses jambes à son cou. Oh, il lui en voulait énormément en cet instant, de réagir de la sorte; car désormais il avait une personne en bonne santé qui était laissée à errer dans l’hôpital alors que certaines zones de ce dernier n’étaient pas conseillées. Il lui en voulait aussi énormément parce-qu’il était supposé être responsable d’elle à partir du moment où elle était entrée à sa suite dans le bâtiment; ils n’avaient plus beaucoup de patients au sein de ce dernier, mais ils se devaient de prendre soin d’eux aussi longtemps qu’ils le pouvaient. Et ce qu’il allait devoir faire dans les prochaines minutes allait aller à l’encontre de tout ça. Se frottant le visage de ses mains, Ruben finit par se lever de la chaise de bureau dans laquelle il avait fini par s’asseoir: il ne pouvait pas lui permettre de prendre trop d’avance s’il ne voulait pas perdre sa trace à travers le dédale que pouvait être l’hôpital.