Guess that's just the way it goes
Megan Williams & @Joaquin Bates ☆ crédit/harley

Le printemps n’est pas encore là que les températures remontent déjà en flèche sur Brisbane. Nul doute que, d’ici quelques semaines, l’air deviendra irrespirable et le climat bien trop chaud pour pouvoir sortir profiter d’un footing sans avoir à se lever aux aurores. Et je suis mauvaise à ce jeu là : j’aime trop le confort de mes draps et des bras de Damon pour m’en tirer avant que le soleil ne soit levé. Lorsqu’il n’aura plus aucun engagement à l’égard de la MHI, je me surprends à rêver à des grasses matinées durant lesquelles nous pourrons traîner des heures au lit avant d’avoir à faire face à toute responsabilité, mon époux et moi.

Mais nous n’en sommes pas encore là : Damon me quitte tous les jours pour rejoindre l’entreprise familiale et moi, je suis bien moins désœuvrée qu’avant, complètement happée par le tournage de Nine. Lorsque je ne suis pas sur le plateau ou en train de tourner une scène dans la ville, je me prête à des séances de sport intensive pour être crédible dans le rôle d’une sportive de haut niveau. Mon coach me suit trois heures par jour avant et après le tournage et, sur mon temps libre, je cours bien plus qu’avant. Alors c’est ce que j’ai fait. Aujourd’hui est mon jour de repos mais puisque Damon n’est pas présent, j’ai enfilé une paire de basket de sport, sauté le petit déjeuner pour le repousser à mon retour de course, et vêtue d’un jogging et d’une brassière de sport, je suis sortie fouler le bitume du quartier dans lequel nous vivons encore, Damon et moi, mais plus pour longtemps.
 
J’aurais dû manger quelque chose. C’est la pensée qui me traverse alors qu’à mi-parcours, l’effort me semble d’un coup un peu trop dur. Pour me motiver, j’augmente le volume sonore de la musique que mes écouteurs sans fils crachent dans mes oreilles. Je tente de me concentrer sur le fait d’adopter des foulées régulières pour que la terre sous mes pieds arrête de tourner. Sauf que cela ne fonctionne pas et que, en face d’un bâtiment que je ne reconnais pas tout de suite, je m’arrête pour me laisser glisser le long du mur. Le monde tourne encore et je me sens glisser sur mon côté gauche avant de fermer les yeux. Ma tête percute le sol un peu violemment : j’aurais surement mal au crâne en reprenant connaissance, et peut-être un mauvais hématome, mais au moins je ne suis pas tombée de toute ma hauteur.

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Megan Williams & @Joaquin Bates ☆ crédit/harley

Je ne sens pas l’inconnu se baisser sur moi, attraper mon poignet pour prendre mon pouls, pas plus que je ne le sens passer un bras sous mes genoux et un autre dans mon dos pour me soulever de terre, et me déplacer jusqu’à la caserne. Je crois sentir le bois de la table sur laquelle il me dépose, dur sous mon dos, mais d’abord comme si j’étais dans un rêve. Finalement, c’est le son de la voix d’un homme qui me ramène à moi. Il m’interpelle, mais pour l’instant j’ai l’impression que ma tête est aussi molle que du coton. Je l’entends sans réellement intégrer ce qu’il est en train de se passer. « Mademoiselle, vous m’entendez ? » Je tente de remuer mes orteils, mes jambes puis c’est au tour de mes bras de s’animer. Doucement, je porte ma main à mon visage pour frotter et protéger mes yeux que j’ouvre, revenant petit à petit à moi. La pièce dans laquelle je me trouve ne m’est pas familière. Il s’agit d’un bureau à première vue relativement impersonnel, exceptées de rares photos sur les murs. Ma vision est encore trop trouble pour que je ne sois capable de réellement distinguer ce qu’elles représentent. Je tente de me redresser, mais l’homme s’approche de moi pour m’aider à le faire en douceur, et en soutenant ma nuque d’une façon parfaitement professionnelle.

« Je suis le capitaine Joaquin Bates, vous êtes à la caserne de Spring Hill. » La caserne. Mon footing me revient progressivement, et la caserne est en effet sur mon chemin, à peu près à la moitié du parcours que j’ai pour habitude de faire lorsque je sors courir. J’ai dû perdre connaissance relativement proche de cet endroit, donc. Mon cerveau ne tourne pas encore à plein régime, mais je suis assez lucide pour arriver à faire le lien avec le titre de l’homme : il est capitaine de la caserne de pompiers, donc. « Comment vous sentez-vous ? » Je passe ma langue sur mes lèvres pour les humecter, avant d’ouvrir et de refermer ma bouche plusieurs fois sans qu’aucun son n’en sorte. Je me suis peut-être cogné la tête un peu plus fort que ce que je pensais : la pièce me semble tourner sur elle-même et, pour ne pas me mettre moi aussi à tanguer, j’accroche mes deux mains aux rebords du bureau. « Sonnée. » Je bouge mes deux bras pour m’assurer qu’il n’y a pas de casse, avant de faire pivoter ma nuque pour m’assurer que tout va bien à ce niveau là également. « Plus de peur que de mal, je crois. » Je porte ma main à ma tempe qui me semble légèrement égratignée : j’esquisse une grimace lorsque mes doigts touchent la blessure. La quantité de sang présente sur ces dernières lorsque je les retire est minime, mais dois-je être rassurée pour autant ? « Vous avec vu ce qu’il s’est passé ? » Secouée, je n’arrive pas à remettre mes pensées dans l’ordre. Me suis-je simplement évanouie ? Cognée dans quelque chose ? Ai-je été percutée par une voiture ? Rien de grave non, si je peux m’asseoir et parler normalement. « Je suis tombée ? » J’aimerais m’éviter un séjour aux urgences, mais ne faudrait-il pas vérifier l’absence de traumatisme crânien ?

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Megan Williams & @Joaquin Bates ☆ crédit/harley

« Vous avez eu la présence d’esprit de vous asseoir avant de faire votre malaise. » Le capitaine a beau me le dire, pour l’instant j’ai du mal à remettre mes pensées dans l’ordre. Les quelques secondes, voire les quelques minutes qui suivent l’incident sont floues dans mon esprit et je ne me souviens pas m’être assise ou sentie mal. Peut-être est-ce dû au coup à la tête. Peut-être que cela finira simplement par me revenir, si je me laisse un peu de temps pour revenir à moi. « Je vais m’occuper de cette blessure à la tête, on va désinfecter et je regarderais si il y a besoin de plus… » - « Euh, oui, d’accord. » En temps normal, je n’aurais pas laissé un homme inconnu me toucher. Sauf qu’il a l’air véritablement sincère, qu’il m’est venu en aide et que je suis toujours un peu groggy. Je ne proteste donc pas lorsqu’il sort une trousse de premiers secours et qu’il commence à préparer son matériel. « Je vous ai attrapé de l’eau si vous souhaitez vous hydrater. » - « Ah oui, merci. » D’un geste un peu tremblant, je tends la main vers la bouteille qu’il a déposée à côté de moi pour l’attraper la porter à mes lèvres et boire quelques gorgées d’eau en massant ma nuque de ma main libre. Mes cervicales risquent d’être endolories mais il n’y a pas mort d’homme : j’en profiterai pour réclamer quelques massages à Damon. « Vous n’avez pas chuté de très haut… Ça risque de piquer un peu… » J’ai envie de lui rétorquer qu’il peut y aller, que je ne suis plus à ça près. L’an dernier, entre l’agression que j’ai subie de la part de mon beau père et le coup perdu que j’ai reçu de la part de l’ex de Shiloh, j’ai eu le droit à mon lot d’hématomes et de points de suture. Cette fois, la blessure externe a l’air minime. « Vous pouvez y aller. Je suis une grande fille. » Je ne bronche pas lorsqu’il nettoie la plaie superficielle, et pas plus lorsqu’il la panse. « Vous n’avez pas grand-chose, rien qui ne nécessite des points en tout cas. » - « Merci beaucoup. » Je bois encore une ou deux gorgées d’eau, essuie mes doigts à peine tâchés de sang sur mon legging noir, avant d’ajouter. « Vous faites ça souvent, d’aller ramasser des gens qui tombent dans la rue ? » Je me donne bonne contenance, de toute évidence.

« Que s’est-il passé ? Vous êtes sous médication ? » Je secoue la tête. Je ne prends rien en particulier. « Non. C’est la première fois que ça arrive. » Peut-être suis-je simplement fatiguée. Ou bien ai-je été trop ambitieuse – ou plutôt imprudente – en me disant que je pouvais attendre le chemin du retour pour m’arrêter acheter des muffins et prendre mon petit déjeuner. J’aurais du avaler quelque chose avant de partir, et Joaquin semble lire dans mes pensées. « Est-ce que vous souhaitez manger quelque chose ? » Je hoche la tête doucement cette fois. « Oui. J’ai pas petit déjeuner ce matin, je comptais acheter quelque chose en remontant chez moi mais visiblement, j’ai été un peu ambitieuse. » Damon et moi avons mangé légèrement hier soir, je dois simplement manquer d’énergie. Mais l’homme ne l’entend pas de cette oreille, puisqu’il approfondi les recherches. « 9. Votre tension est basse mademoiselle, c’est sûrement pour cela que vous avez perdu connaissance… » - « Je pense que c’est juste d’avoir sauté un repas, vous inquiétez pas pour moi. » Ai-je besoin d’envisager des analyses ?

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Megan Williams & @Joaquin Bates ☆ crédit/harley

« C’est important de manger ! Surtout si vous décidez d’aller courir derrière ! » J’esquisse un sourire poli, de rigueur lorsque l’on vous adresse des remontrances qui semblent déplacées. Bien sûr, aux yeux du pompier elles ne le sont certainement pas – il s’agit de son métier après tout – mais, aux yeux, elles mériteraient presque un "mêlez-vous de vos affaires". Ma politesse m’empêche de le lui répondre, comme le fait qu’il vient tout de même de me venir en aide sans rien attendre en retour. Je n’ai pas l’habitude, qu’un homme s’occupe de moi sans avoir d’arrière-pensée moins avouable. « Rassurez-vous. Ce n’est pas une habitude. » Je n’ai pas de troubles alimentaires à déplorer. « Je me suis juste surestimée. Je comptais passer prendre quelque chose de sucré sur le chemin du retour. » S’il avait besoin de preuve pour me croire, je la lui fournis : je ne suis pas de celles qui se privent au point que cela en devienne une maladie. « Tenez, mangez un peu, ça vous fera du bien et ça calmera sûrement ces tremblements. » J’attrape la barre de céréales qu’il me tends et j’ouvre le plastique précautionneusement, avant de mordre dedans. « Vous avez eu de la chance de faire un malaise devant la caserne ! Et puis, même si ça avait été ailleurs, je serais venu vous ramasser… » Un nouveau sourire, et j’ajoute. « Merci. » Pour la nourriture, pour être venu à mon secours, et pour l’assise qu’il désigne et me propose. « Comme ça je pourrais remplir le formulaire. » Sans mouvement brusque, je descends donc de mon perchoir et m’installe sur la chaise. J’ai la tête qui tourne pendant les quelques secondes où je me retrouve debout sur mes pieds, et sa prévenance est bienvenue. « C’est obligatoire ? » Je me doute que oui. Je n’ai pas grand-chose à cacher, je voudrais simplement éviter que l’information vienne aux oreilles des médias qui seraient capable d’élaborer des scénarios qui n’ont rien à voir avec la réalité. Depuis l’article, Damon et moi sommes trop souvent la cible de curieux et des pseudo journaliste travaillant pour des feuilles de choux, déterminés à passer notre vie et notre couple au crible.

« Je vais avoir besoin de votre nom, prénom, numéro de téléphone et d’assuré si vous en avez un. Un groupe sanguin et ce sera tout. » Je pousse un soupir, avant de ramasser mes cheveux en arrière et de répondre presque mécaniquement. « Megan Williams. A positif. » Je lui donne mon numéro de téléphone, ainsi que mon numéro d’assurance que j’ai appris par cœur depuis bien longtemps. Aujourd’hui, ce n’est plus un problème : j’aurais les moyens de payer même sans. « Le combo fatigue et sauter un repas avant une course ça ne fait pas bon ménage en général… J’imagine que c’est ce qui a provoqué la chute de tension, mais faites un contrôle juste au cas où… » - « Une prise de sang ? » Je lève un sourcil, avant de terminer la barre de céréales et de m’appuyer sur le bureau de l’homme pour me redresser. « J’y penserai, merci. » Je le lui assure, mais je sais aussi que si je ne souffre d’aucune récidive, l’information me sortira de l’esprit. Je suis bien assez prise pour ce genre de précaution que je juge comme inutile, tant que cela reste un cas isolé. « Merci beaucoup, encore une fois. La sortie est par où ? » C’est déroutant, de ne pas du tout reconnaître les lieux qui m’entourent.

RP terminé