| Solitude causes more wounds than it was ever meant to heal (Charlie) |
| | (#)Lun 11 Sep 2023 - 13:20 | |
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Solitude causes more wounds than it was ever meant to heal. @Charlie Fawcett - septembre 2023
Pour une fois, il n’est pas question de musique, l’escapade du jour n’a aucune vocation professionnelle alors que les dernières semaines ont vu les choses s’accélérer de manière concrète sur ce domaine, principalement à la suite des voyages à Londres et Sidney. Les réflexions, l’écriture, la communication, le tout est laissé de côté le temps de quelques heures, libérant l’esprit des contraintes imposées par ces éléments. Déposée à quelques rues de sa destination, elle en profite pour flâner, plus ou moins volontairement, à mesure qu’elle s’égare du chemin entre deux coups d’œil au GPS de son téléphone. Un jour, son sens de l’orientation dépassera celui d’un gamin de cinq ans, en attendant, elle se repose entièrement sur la technologie. L’identité dissimulée sous la capuche d’un pull un peu trop large et une paire de solaire, la vitesse de la marche est rendue erratique par les divers sauts d’attention de Moka, tantôt ralenti afin que le chien renifle elle ne sait quoi, tantôt accéléré sans la moindre raison. Par moments, la scène donne plus l’impression que l’animal est aux commandes que l’inverse, ce qui est généralement le cas. Malgré ces aléas de moindres conséquences, autres que les minutes perdues à se remettre sur le bon chemin, l’expédition fini tout de même par atteindre son objectif, arrivant au pied d’un immeuble. Le regard se balade sur l’interphone, balayant les noms ornés sur l’appareil jusqu’à trouver celui de Charlie, cible de sa recherche. Pression sur le bouton afin de déclencher la mélodie d’appel et de s’annoncer au moment où elle entend une voix sortir de l’engin. L’entrée se déverrouille dans un bruit caractéristique et elle s’y engouffre, avant de prendre l’ascenseur pour rejoindre le dernier étage. Coups rapides sur la porte de l’habitation à la suite desquels elle se recule de quelques pas, connaissant pertinemment la suite des événements. Dès que la blonde fait son apparition, la bête aux côtés de June s’élance dans sa direction avec tout le naturel et l’innocence du monde, ne s’arrêtant qu’au moment où il sent la laisse tirer sur son harnais et rendre son déplacement plus difficile, non sans mal, reconnaissant le signal pour revenir à sa place initiale. « Hey. » Elle adresse un sourire légèrement amusé à Charlie. « Désolé, il est pas méchant. Juste un peu brut et beaucoup trop amical. » La carrure d’un chien de garde à faire détaler les plus téméraires, le comportement totalement inverse. « Il est sûrement content de voir une autre tête que la mienne. » Lui aussi doit commencer à se lasser de la routine de l’hôtel et ses alentours. La solitude initialement recherchée par l’artiste en allant se cacher à l’autre bout du monde pèse sur le moral, encore plus quand on a l’habitude d’être entouré en permanence comme elle l’a été ces dernières années. « Comment ça va depuis la dernière fois ? » Qu’elle s’enquiert avant de s’accroupir au niveau de Moka, détachant sa laisse et lui caressant le crâne. « Calme. » L’animal s’approche à nouveau de Charlie, mais cette fois, d’une manière plus canalisée.
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| | | | (#)Jeu 14 Sep 2023 - 16:11 | |
| (logements, spring hill) Charlie sourit dès l’instant où elle reconnaît la silhouette de son amie sur la caméra brouillée de la porte d’entrée de l’immeuble. June est impossible à reconnaître sous sa large capuche et elle ne devine son identité que parce que son arrivée était attendue et connue. Elle a tout de même pris le temps de vérifier avant d’ouvrir la porte, habitude prise à force de côtoyer des personnes parfois peu recommandables. Son taux de confiance en l’Humanité est en chute libre mais puisqu’il était bien trop élevé pour être raisonnable, il n’y a rien dont elle devrait s’inquiéter. Preuve en est: elle a ouvert à June sans être certaine qu’il s’agissait d’elle, mais à en juger par les coups portés contre sa seule porte, le doute n’est pas le bienvenue.
La blonde ne joue pas avec la patience de son amie, bien consciente qu’elle n’a pas à coeur d’être reconnue dans un couloir aussi peu que dans la rue, et c’est avec une bienveillance sincère qu’elle ouvre donc. En premier lieu, ce n’est que le chien qu’elle accueille à grands coups de caresses et de mots échangés (dans un sens unique) avec une voix particulièrement niaise, celle-là même destinée à tous les canidés. Son propre chien se mêle à la scène avec curiosité, à peine réveillé d’une sieste et pas encore d’attaque semble-t-il. « Hey. Désolé, il est pas méchant. Juste un peu brut et beaucoup trop amical. » Elle se doutait bien que June n’allait pas venir jusqu’à chez elle avec un chien enragé, raison pour laquelle elle n’a même pas pris la peine de se méfier un seul instant. « T’excuse pas. Ça fait plaisir à voir. Le mien est un caramel. » Qu’elle dénonce tout en déportant son regard sur le Labrador encaissant sans mal la balle perdue. « Il est sûrement content de voir une autre tête que la mienne. » Le regard de la blonde se reporte sur le chien de son amie, à qui elle offre une dernière caresse entre les oreilles avant de se relever et de fermer la porte pour leur offrir un espace privé digne de ce nom. « T’as pas de mal à t’occuper de lui en sortant aussi peu ? » Elle ne sera pas de ceux qui diront qu’avoir un animal sans le sortir dix heures par jour est une honte, mais le style de June est particulier et elle se demande sincèrement si elle arrive à s’en sortir à la hauteur de ce qu’elle aimerait.
« Comment ça va depuis la dernière fois ? » Le chien est libéré et Charlie se détourne de June, ses épaules nonchalamment haussées. « Les jours se ressemblent un peu trop, si tu veux mon avis. » Traduction: elle devient folle. Il manque ce quelque chose à son existence dont elle a cruellement besoin et cela la ronge de l’intérieur sans que cela ne puisse être réellement visible. Le travail la stress, les dernières affaires la hantent certaines nuits, et elle n’a rien pour décompresser. Eddie est un père occupé maintenant, il ne joue plus dans la cour de Charlie et de ses éternels problèmes d’adolescente. « T’as pas le temps d’avoir ce genre de conclusion, pas vrai ? » Le sourire est amical, sa question n’ayant pas à être associée à un quelconque reproche sous-jacent. June a une vie remplie et un succès grandissant qu’elle mérite sur toute la ligne. « Hormis l’hôtel, je veux dire. » L’éternelle même porte, l’éternel même code d’accès, l’éternel lit fait au carré chaque matin. Une routine à vomir, si jamais on demandait son avis à Charlie. « Je sais pas comment tu fais. » Elle avoue un ton plus bas, sa silhouette faisant le tour du bar central pour demander du regard à June si elle souhaite boire quelque chose. Du verre d’eau à celui de vodka, Charlie a évidemment de tout. |
| | | | (#)Mer 27 Sep 2023 - 17:47 | |
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Solitude causes more wounds than it was ever meant to heal. @Charlie Fawcett - septembre 2023
« S’il pouvait déteindre un peu sur Moka, je dirais pas non. » Le rendre un peu moins brut et énergique ne serait pas un mal, au moins pour avoir l’impression de maîtriser la bête durant les rares moments de promenades. « J’essaye de faire le maximum, et de le prendre avec moi dès que c’est possible. » Opportunité qui ne se présente pas souvent, venir accompagnée d’une boule de nerfs n’est pas compatible avec le milieu dans lequel elle évolue. À l’exception des quelques jours passés dans la campagne d’Adélaïde, les conditions ne sont jamais réunies afin que l’animal reste constamment à ses côtés. « Pour le reste du temps, je me contente de payer des gens qui viennent s’en occuper. » Moyen le plus simple afin que l’animal puisse sortir à d’autres horaires que ceux totalement éclaté de June et ne pas se retrouver seul quand elle doit s’absenter plus ou moins longtemps. On est loin de la situation idéale, forcément qu’elle aimerait pouvoir s’en occuper sans requérir d’aide extérieure, mais dans la période actuelle, difficile de faire autrement. Pas de quoi la faire culpabiliser pour autant, tout est fait pour que le chien ne manque de rien.
La nonchalance l’interroge alors qu’elle suit son hôte. « Les criminels ne font pas preuve d’assez d’originalité pour te stimuler ? » Certains diraient qu’il ne s’agit pas vraiment d’un problème, bien au contraire, s’ils sont faciles à choper, la sécurité de la ville est d’autant plus garantie. Vision simpliste de la chose, pas comme si elle s’y connaissait suffisamment pour tenter une analyse plus en profondeur. « Tu le penses vraiment ? » Elle est loin d’avoir un emploi du temps débordant depuis plusieurs mois maintenant, passant le plus clair de son temps à naviguer entre l’angoisse de ne pas être capable de monter ce foutu album et la solitude inhérente à son isolement dans un pays dans lequel elle n’a aucune attache, l’ensemble entrecoupé par les prises de tête avec le label. « C’est simplement la magie de la communication pour donner l’illusion. Ça fait un bail que mes journées sont pas folles. » Des moments parfaitement choisis dans l’optique de faire croire que sa vie est en mouvement constant, alors qu’il en est tout autre. On a connu mieux que de fixer une page blanche pendant des heures incalculables sans vraiment réussir à la remplir autant qu’elle le voudrait. Certes, les choses vont légèrement mieux de ce côté ces dernières semaines, mais l’exercice reste insuffisant par rapport aux résultats attendus, et, en dehors des tentatives d’écriture, son temps n’est exploité que pour des réunions redondantes. « J’te concède que l’hôtel, niveau stimulation, on peut faire mieux. » Mais on peut aussi faire pire, après plusieurs semaines à être enfermée entre les murs du centre de désintox, où les habitudes millimétrées sont l’outil principal, tout semblait comme une alternative intéressante. « Tu veux connaître mon secret ? » Elle vient s’accouder au niveau du bar, le regard espiègle en laissant plusieurs secondes afin de construire un faux suspens, comme si elle s’apprêtait à faire une révélation majeure. « J’ai payé une blinde des experts qui m’ont dit que le meilleur moyen de pas retomber dans mes travers, c’est d’avoir une routine solide et de s’y coller du mieux possible. » En d’autres termes, se faire violence afin d’agir à l’inverse des tendances naturelles. Elle avait l’habitude de bouger en permanence, toujours accompagnée, enchaînant les événements et soirées dans un rythme pas loin d’être chaotique. Le changement est radical depuis son arrivée à Brisbane, comme en témoigne le verre d’eau qu’elle lui demande. Pour le moment, elle s’y astreint, aux conseils lui permettant de rester maître de son addiction, bien que l’illusion s’effrite à mesure que les efforts lui pèsent. « J’peux te coacher, si t’as besoin. » Comment survivre dans une vie sans folie, oui, on parle bien de survivre et non de vivre. « Ou sinon, si tu veux pas sombrer dans la dépression du train-train quotidien, tu peux toujours enfiler des collants, un masque et aller combattre le crime la nuit. Ça mettrait du piment. » Elle lâche un souffle rieur en imaginant Charlie dans un tel accoutrement.
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| | | | (#)Sam 30 Sep 2023 - 5:28 | |
| Parler chien n’est pas la façon dont Charlie s’était imaginée approcher de la trentaine et pourtant la conversation vient naturellement, comme s’il n’y avait rien de mieux à se dire. C’est sûrement parce qu’aucun enfant n’est à prendre en compte dans le duo, sinon il aurait bien évidemment été question de purée et de marque de poussettes, n’est-ce pas ? Oh, le cauchemar de Charlie est encore pire au sujet de la progéniture. « Pour le reste du temps, je me contente de payer des gens qui viennent s’en occuper. » La conclusion est logique, lisse. Elle coule de source, assez pour que Charlie ne pense pas à revenir dessus. Si son amie a fait tout le chemin, ce n’est pas pour échanger le numéro de son dogsitter. Et puis, s’occuper de son chien est au moins une chose dont la blonde soit capable, alors elle ne voudrait pas se le retirer seule.
« Les criminels ne font pas preuve d’assez d’originalité pour te stimuler ? » Si elle était assez cynique, elle répondrait qu’un corps froid est un corps froid et qu’en plus de cela, il ne risque pas de bouger. Mais elle ne l’est pas et, surtout, elle pense davantage aux familles qui attendent des réponses ainsi que justice d’être faîte bien plus qu’à ceux qui sont déjà morts. Eux, c’est un fait: ils n’en ont plus rien à faire. « Ça m'occupe à peine sept heures par jour. » Elle rétorque néanmoins dans un vague sourire. Son métier n’est que son métier et, contrairement à June, il ne résume pas sa vie toute entière. Parfois, elle est soulagée de pouvoir compartimenter les deux et d’autres, quand sa vie privée n’est déjà plus assez stimulante selon elle, elle se dit qu’elle aurait peut-être dû trouver une autre voie. « Tu le penses vraiment ? C’est simplement la magie de la communication pour donner l’illusion. Ça fait un bail que mes journées sont pas folles. » Elle le pensait vraiment, oui, mais la réponse de June la remet sur le droit chemin. Son amie n’a aucune raison de lui mentir ou de modifier la réalité, alors Charlie accepte ses mots tels qu’ils viennent, sans fioritures. « Si on compare à une vie normale, ou de façon générale ? » A quel point ses journées ne sont pas folles, au juste ? Quand il est question de la vie d’artiste, la normalité est une idée bien difficile à cerner, et Charlie le sait alors qu’elle est pourtant bien loin d’avoir un tel train de vie au quotidien.
Dans un élan dramatique, June s’accoude au bar et Charlie recule d’un pas uniquement pour observer la scène avec un mince sourire, sans doute amusée par le jeu d’acteur qui est le sien. « Tu veux connaître mon secret ? » Elle s’appuie contre le plan de travail derrière elle, toute ouïe quant à la possible révélation s’apprêtant à être annoncée sous ses yeux ébahis - il s’agit au moins de ça, non ? « J’ai payé une blinde des experts qui m’ont dit que le meilleur moyen de pas retomber dans mes travers, c’est d’avoir une routine solide et de s’y coller du mieux possible. » La révélation n’en est pas une, et peut-être bien que Charlie est déçue. Non qu’elle attendait une annonce importante, mais peut-être bien qu’elle espérait au moins un brin de surprise. « J’aurais pu te le dire et t’aurais gardé ton argent. » Elle n’en manque pas, mais par principe elle aurait pu le garder pour autre chose plutôt que cette ribambelle d’experts qui font simplement preuve de bon sens. « J’peux te coacher, si t’as besoin. » - « Tu vas me dire de boire de l’eau et de bien dormir ? » Elle lui annonce sans doute avec un peu trop d’exaspération, en profitant néanmoins pour lui donner le verre qu’elle a demandé. June s’en sort particulièrement bien depuis sa cure de désintox, c’est un fait, mais du côté de Charlie ce n’est pas vraiment ce dont elle pourrait avoir besoin, en témoigne ses tests de drogue parfaitement clairs. « Ou sinon, si tu veux pas sombrer dans la dépression du train-train quotidien, tu peux toujours enfiler des collants, un masque et aller combattre le crime la nuit. Ça mettrait du piment. » Cette fois-ci, au moins, le rire est sincère et partagé. « Tu me proposes de passer Halloween avec toi, alors ? Mignon. » Non, évidemment elle ne risque pas d’enfiler ce genre de costume au quotidien, tout comme elle avait évidemment compris que la proposition de June n’en était pas une non plus. Mais à Halloween, qui sait. « Ton programme sera toujours le même pour la fin d’année ? » Et elle ne pose pas la question pour savoir si elle sera libre le soir d’Halloween, mais bien parce que sa curiosité cherche à avoir un bref aperçu du programme de son amie. « Tu sais que tu peux rester ici de temps en temps, hm ? J’ai pas les échantillons de gel douche comme à l’hôtel mais sinon ça devrait pas trop mal concurrencer ta chambre. » Oh, sans doute qu’elle ne fait pas tant que ça le poids contre l’Emerald Hotel, mais une partie d’elle veut croire que son charisme peut au moins aider à gommer les manques. |
| | | | (#)Dim 8 Oct 2023 - 16:02 | |
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Solitude causes more wounds than it was ever meant to heal. @Charlie Fawcett - septembre 2023
Pas le même milieu, pas les mêmes préoccupations. Elle l’oubli, parfois, que tout le monde n’a pas vocation à penser en permanence à son métier, que pour certains, il n’occupe qu’une partie définie de l’existence, contenu derrière des barrières plus ou moins opaques dans l’optique d’éviter tout débordement sur le privé. De son côté, les deux s’entremêlent sans mal, pas forcément pour le meilleur ces derniers temps, mais qu’importe les conséquences, l’influence que les deux aspects possèdent l’un sur l’autre reste l’acteur majeur de cette inspiration qu’elle s’échine à retrouver et à laquelle elle accède lentement. Elle ne s’imagine pas compartimenter les segments de sa vie, et même si elle ne s’y est jamais essayée, June est déjà persuadée que la tentative serait un échec. « Et tu fais rien d’autre à côté ? T’as pas l’âge de te contenter du métro, boulot, dodo. » Certes, la routine peut apporter un certain sens de réconfort et de contrôle, lorsqu’on est capable de la supporter sur le long terme, sans quoi le tout se transforme en monotonie flirtant trop souvent avec la dépression. « Même si c’est quelque chose de pas trop avouable, tu peux partager. Promis, je jugerai pas, sauf si on vire dans un truc grave louche. Là, j’émettrai peut-être un avis. » Elle a le sourire joueur, accompagné par un lever de sourcil accentuant l’expression. Des délires chelous, elle en a vu quelques-uns, les joies du show-business où n’importe qui d’un minimum important peut se permettre des demandes sorties tout droit d’un autre univers. Sans doute que Charlie, dans sa ligne de métier, doit aussi avoir une liste de bizarreries longue comme le bras. « J’suppose que ça doit dépendre de la période. » Certaines sont plus chargées que d’autres, les étapes entourant la sortie d’un album sont de véritables marathons capables d’esquinter la santé des plus robustes, de même pour les tournées. Reste l’entre-deux, seulement atteignable par qui ayant atteint le succès adéquat pour être capable de mettre en veille la pression de produire continuellement. Où, comme dans le cas de l’Anglaise, de s’être suffisamment cramée la santé au point de devoir se mettre en retrait. « Pour l’instant, mes journées consistent principalement à regarder une feuille blanche sans être capable de la remplir comme je le voudrais. » Loin du glamour de la vie d’artiste vendue par les médias, ce qui n’est pas plus mal, en connaissant la propension de June à la vivre avec trop d’intensité, cette vie sous les projecteurs.
« T’es psy à tes heures perdues ? » Pourquoi pas, après tout, elle doit être capable d’analyser les gens et de rentrer dans leur tête lors des interrogatoires. Enfin, c’est ce qu’elle s’imagine, avec pour seules connaissances les clichés sur le métier de flic qui traînent dans l’imaginaire commun. Pas comme si elle avait fréquenté nombre de commissariats, June, sa carrière de criminelle se limite à un coup-de-poing en direction d’un photographe, geste dans lequel elle a sûrement autant douillé que sa victime. « J’aurais pu garder mon argent, mais est-ce que j’aurais eu le droit à l’expérience complète de la thérapie ? Les sessions de partage avec des inconnus sans le moindre filtre et beaucoup trop de détails, la découverte de mon moi intérieur ? » Elle s’en amuse toujours plutôt que de prendre le sujet avec le sérieux qu’il mérite et d’affronter les doutes subsistant, persuadée que le simple effort d’être passée par la désintoxe suffit à mettre les problèmes en arrière-plan. « Tu lis dans mon esprit ? C’est ton super pouvoir d’inspectrice ? » Elle feint la surprise, l’enchaînement ne laissait guère place à une autre réponse. « C’était pas le cas. Mais honnêtement, pour te voir dans ce genre de costume, je t’accompagne à n’importe quelle soirée. Par contre, attention, pas le déguisement à dix balles de la supérette du coin, un vrai truc stylé et tout. On déconne pas avec Halloween. » Elle a le sourire jusqu’aux oreilles à s’imaginer la scène. « J’espère pas, ça voudrait dire que j’ai rien foutu durant les trois prochains mois. » Et là, ne pas être capable de sortir un son serait le moindre de ses problèmes avec toutes les promesses envoyées au label afin de s’acheter la liberté artistique tant souhaitée. « Si tout se passe grosso modo comme attendu, la fin d’année devrait être rythmée par des journées en studio et de la promotion. » Avec des voyages sur d’autres continents afin d’apparaître sur différents médias, le genre qui nique le bilan en carbone en un temps record, où on a tout juste le temps de poser pied à terre qu’il faut déjà repartir. « Le choix est vraiment pas facile, le gel douche de l’hôtel est tout de même un élément clé dans mon séjour à l’Emerald. » Elle fait la moue, donne l’impression d’une réflexion intense comme si elle devait résoudre un dilemme vital. « L’offre est tentante. » Afin de sortir de la routine, et de la solitude récurrente. « Mais j’voudrais pas venir foutre le bordel chez toi. »
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| | | | (#)Ven 13 Oct 2023 - 6:28 | |
| L’étonnement se lit aisément dans l’attitude de June, mais il est encore plus flagrant dans les mots qu’elle choisit d’utiliser. « Et tu fais rien d’autre à côté ? T’as pas l’âge de te contenter du métro, boulot, dodo. » Elle sourit tristement. Si, elle fait bien sûr d’autres choses à côté. Elle sort le chien, pour commencer. Et elle fait les courses, aussi. Ce sont d’autres choses ; un bon début, non ? « Même si c’est quelque chose de pas trop avouable, tu peux partager. Promis, je jugerai pas, sauf si on vire dans un truc grave louche. Là, j’émettrai peut-être un avis. » Là, ce serait surtout Anwar qui se ferait un plaisir de la tuer sur place pour être encore capable de leur attirer des problèmes, mais non. Il n’y a rien qu’il puisse lui reprocher au-delà du raisonnable dans ses choix de vie, mais il y a au moins une chose qu’elle peut avouer à June. « Metro, boulot, Tinder, dodo. C’est la vraie histoire. » Une fois de temps en temps, du moins, ça l’est, et elle juge June assez grande pour qu’il n’y ait pas besoin de lui expliquer en détails comment se passe le moment “Tinder” de sa journée. Elle a dit qu’elle ne la jugerait pas, après tout, et pour une fois Charlie est bel et bien célibataire, alors elle ne fait rien de mal - de savoir si ceux qu’elle fréquente brièvement sont aussi célibataires, ça c’est une autre histoire. « J’ai encore l’âge pour ça, j’en profite. » Et elle ne ment pas, parce qu’elle sait bien qu’elle n’aura pas toute sa vie l’opportunité de retrouver un inconnu ou une autre après quelques messages.
« Pour l’instant, mes journées consistent principalement à regarder une feuille blanche sans être capable de la remplir comme je le voudrais. » « Et tu me reprochais mon métro, boulot, dodo ? »
Elle fait mine d’être étonnée mais ses mots ne portent pas de reproches, bien consciente que June n’a pas choisi de n’avoir aucune inspiration. Elle aussi, elle subit cet état bien plus qu’elle ne le vit et elle aussi, elle doit jongler avec les conséquences sans avoir décidé de les vivre. « T’es psy à tes heures perdues ? » Cette question, enfin, lui tire un sourire amusé. « Ça vient avec le métier, parfois, ouais. » Et elle fait ce qu’elle peut avec ses amis le reste du temps, mais elle n’irait pas jusqu’à prétendre avoir quoi que ce soit d’une bonne psy. Elle fait de son mieux, sans diplôme ni moindre compétence, et June semble s’y intéresser à sa manière. Elle tourne toute l’idée en dérision, certes, mais elle lui donne tout de même de son temps et de son attention, ce qui signifie sans doute qu’elle lui donne aussi de l’importance malgré tout. Charlie serait une psychologue de pacotille, mais elle peut encore l’écouter et tenter de lui donner les meilleurs conseils: ça, elle sait faire. « Tu lis dans mon esprit ? C’est ton super pouvoir d’inspectrice ? » - « J’en ai plein, mais le répète pas aux méchants. » Elle apprend encore à faire un travail correct, mais l’illusion a ses qualités, parfois.
« Quel être humain censé oserait déconner avec Halloween ? » Charlie reprend, mimant le parfait outrage. Elle a ses costumes particuliers, c’est un fait, mais elle ne fait pas dans la demie mesure et encore moins dans les idées piochées à la toute dernière minute pour une poignée de dollars. Halloween est une fête sérieuse. Quand elle est fêtée - elle n’a pas dit qu’elle viendrait. « Si tout se passe grosso modo comme attendu, la fin d’année devrait être rythmée par des journées en studio et de la promotion. » La vie d’artiste ; elles y reviennent déjà. Parfois, Charlie se demande comment une nobody comme elle, qui aspire justement à rester une nobody, a su se trouver autant de proches ou même de connaissances dans les cercles si fermés du showbiz et de la célébrité. C’est amusant, à bien y repenser. Elle, du moins, cela la fait rire. « Le choix est vraiment pas facile, le gel douche de l’hôtel est tout de même un élément clé dans mon séjour à l’Emerald. » - « Je sais, le choix est difficile. » Mais elle lui laisse tout de même la capacité de répondre par la négative. Charlie en serait attristée, évidemment, mais elle pourrait comprendre. Avec un peu de recul et de temps, elle pourrait comprendre. « L’offre est tentante. Mais j’voudrais pas venir foutre le bordel chez toi. » Cette excuse, par exemple, ne peut pas être acceptée. « Je prendrai une femme de ménage. » Ce n’est sans doute pas ce genre de bordel dont June parlait, mais peu importe. Elle prendra une femme de ménage pour ce qui se rapporte à elle et, du reste, elle jure qu’elle peut accepter la situation et la gérer. « Tu trouveras sûrement un peu mieux l’inspiration, plutôt qu’à rester toute seule dans cet hôtel. » Nouvel argument: la musique. Evidemment. Argument de poids. « J’aimerais bien que tu restes, moi, en tout cas. » Nouvel argument, et sans doute le dernier: si elle ne le fait pas pour elle, alors elle pourrait le faire pour Charlie. |
| | | | (#)Mar 17 Oct 2023 - 17:20 | |
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Solitude causes more wounds than it was ever meant to heal. @Charlie Fawcett - septembre 2023
Elle a le sourire qui s’étire en entendant Charlie compléter l’expression décrivant la routine journalière, comme une adolescente à laquelle on viendrait de faire une confidence un tant soit peu osée. « On est déjà sur quelque chose de beaucoup plus intéressant que le simple train-train quotidien. » Elle n’ira pas jusqu’à lui demander combien d’heures par jour cette activité l’occupe, même si l’idée lui traverse rapidement l’esprit. Pour autant, elle ne se contente pas d’une simple réflexion neutre, jouant sur le ton de sa voix afin d’accompagner des paroles sans la moindre ambiguïté. « Faut bien que ces menottes servent à autre chose qu’attraper des criminels. » Il ne lui faut pas grand-chose afin de verser dans les allusions grivoises, malgré le fait qu’elle n’imaginait pas ce genre de réponse en s’enquérant sur les passes temps de la blonde. « Y’a pas vraiment d’âge maximum pour profiter de ça. Juste qu’à un moment, tu passeras dans la catégorie des cougars. Mais c’est un kink intemporel, tu trouveras toujours ton bonheur. » On la croirait presque à donner un discours d’encouragement visant à s’envoyer en l’air jusqu’à passer l’arme à gauche. Le sourire accroché à son visage depuis quelques instants se crispe faussement, prise sur le fait, lorsque la constatation initiale se retourne contre elle. « Coupable. » Qu’elle lâche sans trouver tout de suite une justification au fait que la description de ses propres journées ne vienne en aucun cas vendre du rêve sur la vie qu’elle peut mener. « Et j’ai même pas Tinder afin de rendre ça plus cool. » Elle pourrait même avouer n’avoir jamais utilisé l’application depuis que celle-ci existe, même pas par simple curiosité. « Mais bon, ça reste du métro, boulot, dodo artistique, donc c’est totalement différent. » Tentative d’explication totalement foireuse à laquelle June ne croit pas une seule seconde, s’orientant plus sur le genre d’argument sans fondement ayant vocation à conclure dans l’absurde.
Ses doigts glissent sur ses lèvres, dans un geste caractéristique mimant la promesse du silence. « J’emporterai ton secret dans la tombe. » Qu’on lui apporte une Bible afin de prêter serment. Le ton est solennel, volontairement forcé afin de donner à la scène plus de sérieux qu’elle n’en mérite. Toujours cette habitude de la théâtralité, incapable de masquer les sentiments qui animent son visage, elle a appris à en jouer et à les accentuer dans le vain espoir de les dissimuler, histoire d’être moins facilement lisible. Au fond, il s’agit surtout d’une méthode pour se cacher, mais il ne faut pas compter sur elle afin de l’avouer. « Tu sais, y’a des malades partout qui crient sur les toits que c’est juste une fête commerciale. » Alors qu’il s’agit du seul moment où l’unique objectif reste de s’amuser sans la moindre contrepartie, avec en bonus la possibilité de se grimer en absolument n’importe quoi. « Et des psychopathes qui pensent qu’un drap avec deux trous fait un costume. » Elle est pourtant mal placée pour parler élaboration de costumes, tâche à laquelle elle ne s’affaire plus depuis une paire d’années, délégant à d’autres, se contentant de passer sûrement trop de temps assise dans une chaise pendant qu’on la transforme pour une soirée. Mais par principe, elle s’offusque.
Elle joue avec son verre d’eau, le faisant lentement glisser d’une main à l’autre face à la réflexion qui s’impose. « T’imagines même pas. Faudrait que je t’en ramène pour que tu puisses juger de la qualité de ce gel douche. » La surenchère comme tampon avec l’objectif de délayer la réponse attendue, de se donner le temps de peser le pour et le contre. « J’pensais pas à ce genre de bordel. » Légèrement maniaque sur les bords, l’Anglaise, s’assurer que l’endroit où elle traîne reste en état n’est pas un problème. Par contre, elle n’est pas vraiment une adepte du calme, même si les derniers mois ont eu vocation à calmer ses ardeurs, elle reste encore loin de la tranquillité. « J’suis pas très à l’aise avec le silence, t’es voisins risquent de pas apprécier. » Habituellement, il ne s’agit pas d’un facteur qu’elle prend en considération, mais habituellement, elle n’envisage pas de débarquer chez quelqu’un d’autre. Elle plisse les yeux face aux arguments de Charlie, vissant son regard dans le sien pour tenter à son tour une lecture d’esprit. Talent qu’elle ne possède pas. « T’essayes de m’avoir par les sentiments ? » Inquisitrice, elle se décale du bar, ajoutant sans vraiment de temps mort. « Parce que ça marche. » Peser le pour et le contre se trouve être une tâche expéditive, car le moindre argument promettant autre chose que la solitude dans une suite impersonnelle l’emporte haut la main. Et si sa dernière phrase laisse comprendre la validation, elle évite soigneusement de formuler un oui explicite, ménageant un faux suspens. « Ça t’arrive souvent d’héberger les âmes solitaires ? Ou j’dois me sentir spéciale ? »
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| | | | (#)Jeu 26 Oct 2023 - 8:35 | |
| Les blagues sur les menottes, elle les connaît. Les blagues sur les couguars, ça, elle n’était pas encore psychologiquement prête à les entendre, elle qui peine déjà à seulement accepter l’idée que la trentaine va arriver chez elle, comme elle est arrivée chez les autres avant. N’en reste pas moins que Charlie accepte l’idée dans un sourire calme, détendue par l’idée de parler de ce genre de choses sans que cela ne soit tourné de façon dramatique. Elle préfère encore accepter les choses telles qu’elles viennent plutôt que d’avouer que son quotidien la rend dingue, et qu’elle pense que le quotidien de June la rendrait tout aussi dingue si elle était à sa place. Charlie nourrit au moins la sensation d’être utile, et sans que cela soit un concours, elle se contente simplement comment June s’en sort de son côté, et comment elle fait pour se lever chaque matin et afficher ce même sourire doux et espiègle à la fois. Elle a le même lorsqu’elle en vient à parler des échantillons de gels douche de l’Emerald, ce que Charlie trouve sincèrement impressionnant - quoiqu’elle refuse la proposition de lui en ramener, sa salle de bain étant assez pleine sans ça.
Mais maintenant, il y a autre chose. Il y a cette proposition jetée à la volée, et qui n’en est pourtant pas moins sérieuse. « J’suis pas très à l’aise avec le silence, t’es voisins risquent de pas apprécier. » Ses voisins la détestent déjà et exactement pour la même raison, alors ce n’est pas l’arrivée de June qui risque d’y changer quoi que ce soit. « Ils pourraient au moins avoir une voisine qui sait chanter sous la douche, par contre. » Parce que Charlie connaît autant de chanteurs renommés qu’elle est une terrible star du genre de son côté, incapable d’aligner deux bonnes notes à la suite. S’il y a bien un défaut dont elle est consciente et qu’elle accepte sans mal, c’est celui-ci. « C’est ça ta seule excuse ? » Elle demande dans un sourire, tout en cherchant à ne pas trop lui forcer la main pour autant. « T’essayes de m’avoir par les sentiments ? Parce que ça marche. » Et elle jure qu’elle ne voulait pas lui forcer la main, vraiment, mais elle est tout de même particulièrement heureuse de savoir que June tend en son sens et semble apprécier l’idée. « Ça t’arrive souvent d’héberger les âmes solitaires ? Ou j’dois me sentir spéciale ? » Elle aurait aimé lui dire qu’elle a évidemment tout de spécial et que non, Charlie ne propose pas souvent à ses amis de rester pour une durée indéterminée, mais ce serait un mensonge et elle pense que June le sait déjà. « J’aime bien l’idée que la maison ne soit jamais vide. » qu’elle se contente de répondre, optant pour une vérité sans pour autant chercher à blesser June d’une quelconque manière: elle devrait tout de même se sentir spéciale, parce qu’elle l’est. « Et puis regarde, mon plan c’est d’être créditée pour l’écriture des chansons et comme ça je serai riche. » Pourquoi est-ce qu’elle devrait être créditée, ça, c’est une question qui n’est pas sa priorité, mais elle tente au moins d’en faire une source d’amusement puisqu’elle refuse que cela devienne dramatique d’une quelconque façon. « Je sais pas faire à manger mais je peux faire des smoothies. » Et surtout des cocktails, mais il vaut sans doute mieux s’en tenir aux smoothies, quitte à choisir le côté de la transparence à tout prix. Son regard reste ancré dans celui de June, prête à l’entendre dire qu’elle rigolait et qu’elle ne compte pas vraiment vivre ailleurs qu’à l’Emerald. |
| | | | (#)Dim 5 Nov 2023 - 17:09 | |
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Solitude causes more wounds than it was ever meant to heal. @Charlie Fawcett - septembre 2023
Pas vraiment une excuse valable, que de foutre le bordel régulièrement à en taper sur les nerfs des voisins, détail plutôt balancé en prévention, ou pour ne pas donner une réponse trop rapide, elle ne sait pas trop quelle intention prédomine. La réponse de Charlie lui tire un léger rire et attise sa curiosité. « Fuck, maintenant, j’ai qu’une envie, c’est de t’entendre chanter sous la douche. Tu peux pas être terrible à ce point ! » Mais si l’exercice est suffisant pour être comparé à une gêne sonore assez prononcée, il faut s’attendre à tout. « Juste à titre d’information, on est sur quel niveau ? Les voisins ont déjà appelé les flics en pensant qu’il t’arrivait quelque chose de terrible ? » Elle se moque, avec bienveillance et un grand sourire, s’imaginant la scène des collègues de Charlie débarquant chez elle à la suite d’un appel, avec cette explication que la belle ne s’essayait qu’à quelques vocalises dans sa salle de bain. Une anecdote de qualité, à n’en pas douter. « C’était la première que j’ai eue en tête. » Et qui s’est retrouvée mise de côté aussi rapidement. « J’peux te faire une liste non-exhaustive si tu préfères. » Parce que des raisons suffisant à justifier que de voir June débarquer ici n’est pas forcément la plus grande idée du monde, elle est capable d’en sortir quelques-unes, impliquant aussi bien son caractère pas toujours facile que les contraintes que sa présence pourrait engendrer. Elle se la joue profil bas depuis le début d’année, June, mais cette position n’est pas vouée à s’éterniser beaucoup plus longtemps. Au moment où elle devra retourner à un quotidien public, à grands coups de promotion concernant le nouvel album, quelqu’un finira indéniablement par trouver le toit sous lequel elle habite, s’en suivra alors le traitement usuel lié à la notoriété. « Mais après, c’est toi qui risquerais de chercher une excuse pour annuler ta proposition. » Cette finalité serait contre-productive, car June connaît déjà la réponse qu’elle compte lui donner, bien que, pour une fois, elle tourne autour du pot plutôt que de balancer sa pensée de but en blanc. « J’vois l’idée. » Avec un peu moins d’entrain que le reste de ses interventions, car, en effet, elle comprend bien le fond du problème. La solitude n’est jamais une bonne amie sur la durée, raison de la proposition, raison pour laquelle la réponse sera positive, il est moins pesant d’être seule à deux. Pas la peine d’entrer plus en profondeur dans les détails justifiant leurs positions respectives, rien de bon n’en sortirait à l’exception d’une pointe de dépression. À la place, June se contente de plisser les yeux d’un air malicieux. « T’essayes pas de m’embarquer dans un truc creepy où j’aurai plus le droit de sortir d’ici une fois que j’ai dit oui, hein ? » Elle retrouve sa fougue avec moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, avant que Charlie ne lui dévoile le vrai-faux motif derrière son invitation. « Loin de moi l’idée de remettre ton plan en question, mais t’es au courant que j’suis pas Beyonce, ni Taylor ? C’est pas un crédit sur les paroles de l’album qui va te permettre d’avoir une piscine de billets. » Elle ne fera pas l’affront de dire que l’argent est un problème, mais la majorité de celui-ci ne provient pas des royalties pour le peu que les contrats avec les labels en accordent. « Mais j’peux te faire une dédicace, c’est toujours ça. Oh ! Je peux sampler quelques secondes de toi chantant sous la douche et l’inclure dans un beat. Tu seras pas riche, mais tu pourras rajouter chanteuse sur ton CV. » Presque fière de son idée, l’Anglaise, terminant sa proposition d’un furtif clin d’œil. Après tout, c’est son album, du moment que l’extrait est suffisamment travaillé pour ne pas modifier la musicalité, personne ne viendra lui poser de question. « Cool, j’cuisine pas non plus, question de sécurité publique. » Elle a prouvé à maintes reprises durant son existence que sa place n'est pas derrière les fourneaux, littéralement incapable de sortir le moindre plat mangeable ou de ne pas passer à deux doigts de la mutilation, même avec les guides les plus détaillés possibles afin de lui expliquer quoi faire. Son expérience culinaire se limite à se servir d’une cafetière, et uniquement lorsque celle-ci ne ressemble pas à un engin de la NASA. « Va pour les smoothies. Par contre, si tu me fais boire des trucs verts horribles à base de fenouil, j’te le dis tout de suite, c’est dealbreaker. » Elle termine son verre d’eau, et s’éloigne du bar, tournant sur elle-même afin d’observer la pièce. « Tu m’fais visiter ? » Enjambant un des chiens, affalé sur le sol, avant de retrouver le regard de Charlie. « Va nous falloir un code, pour quand tu ramènes ton Tinder à la maison. »
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| | | | (#)Jeu 9 Nov 2023 - 10:16 | |
| « Fuck, maintenant, j’ai qu’une envie, c’est de t’entendre chanter sous la douche. Tu peux pas être terrible à ce point ! » « Pour une fois qu’on dit pas vouloir me voir nue sous la douche, ça a au moins le mérite d’être original. »
Et elle le pense sincèrement, Charles. Elle n’a pas hâte que June se moque de ses talents de chanteuse, surtout alors qu’elle en est elle-même une, mais elle salue au moins le renouveau de ces mots et le pas de côté pris par rapport à tous les beauf qu’elle a l’occasion de croiser à son travail et en dehors. « Juste à titre d’information, on est sur quel niveau ? Les voisins ont déjà appelé les flics en pensant qu’il t’arrivait quelque chose de terrible ? » June se moque mais Charlie fait de son mieux pour jouer le jeu autant que possible, sans doute parce qu’il s’agit là l’un des rares sujets sur lequel elle ne risque pas de se vexer, alors autant en profiter. « Ils savent que je suis flic, alors ça biaise l’enquête. » Elle rétorque dans un sourire, pour tout de même lui annoncer qu’ils ne sont effectivement pas loin d’un tel niveau de désastre sonore lorsqu’elle se met à chantonner et que le bruit de l’eau n’arrive pas à étouffer le son de sa voix. « Mais après, c’est toi qui risquerais de chercher une excuse pour annuler ta proposition. » You wish, qu’elle se garde de commenter. Elle ne comprend pas à quel point le besoin de Charlie d’être entouré passe outre toute sorte de logique, ou même toute sorte de choix bien réfléchi quant aux personnes avec qui elle traîne. June n’est pas un mauvais choix, elle en est assurée, mais elle peut aussi le dire parce qu’elle sait à quoi ressemblent les mauvais, pour l’avoir fait à de nombreuses reprises par le passé.
« T’essayes pas de m’embarquer dans un truc creepy où j’aurai plus le droit de sortir d’ici une fois que j’ai dit oui, hein ? » Charlie sourit simplement en retour pour tenter de se montrer un brin rassurante, avant d’opter pour une réponse ironique, comme à son habitude. « Je visualise un peu trop bien à quoi ressemble une prison pour ça, et je pourrais jamais tenir ma skincare là-bas. » Elle sera libre de partir à la seconde où elle estimera que ce sera mieux pour elle. Ce moment arrivera, tôt ou tard, et Charlie a joué ce genre de jeu bien assez de fois pour pouvoir l’anticiper et être capable d’accepter la nouvelle sans mal. Le but n’est pas d’avoir de la compagnie contre son gré, parce qu’ils ne sont pas dans un fichu thriller empli de psychopathes du genre. C’est sur le même ton que la blonde avoue finalement la véritable raison derrière son invitation: un piège pour s’auto-créditer dans l’écriture de ses prochaines chansons et, avec ça, devenir riche (rien de moins). « Loin de moi l’idée de remettre ton plan en question, mais t’es au courant que j’suis pas Beyonce, ni Taylor ? C’est pas un crédit sur les paroles de l’album qui va te permettre d’avoir une piscine de billets. » Elle ne sait pas comment elle s’est retrouvée à côtoyer autant de chanteurs mais le plus ironique dans tout ça, c’est qu’elle le sait, justement. Elle n’ignore plus grand chose de leur monde, de ce qu’elle en écoute et de ce qui l’en intéresse, et elle sait bien que la justice n’est pas un concept que le monde de la musique représente très bien. « Pour le moment, mais attends un peu d’être coachée par mes soins. » Sa carrière est ce qu’elle est (c’est-à-dire pas fameuse fameuse), mais là où Charlie n’abandonnera jamais c’est qu’elle continuera de se tenir derrière elle pour l’encourager et lui remonter le moral lorsqu’elle en aura besoin. Son monde en est un de requins, les alliés et les amis sont toujours les bienvenus. « Mais j’peux te faire une dédicace, c’est toujours ça. Oh ! Je peux sampler quelques secondes de toi chantant sous la douche et l’inclure dans un beat. Tu seras pas riche, mais tu pourras rajouter chanteuse sur ton CV. » Charlie répond dans un rire aussi sincère que surpris et, d’un geste de la main, elle mime de serrer celle de June: l’accord est conclu. Elle lui donne le double des clés de l’appartement en échange d’un enregistrement plus ou moins légal sous la douche, ce qui sonne aussi louche que cela l’est véritablement.
« Tu m’fais visiter ? Va nous falloir un code, pour quand tu ramènes ton Tinder à la maison. » Et si tel est le seul véritable mur qui se dresse encore avant l’installation de June, alors Charlie jure qu’elles trouveront le meilleur code secret pour prévenir ce genre de moments. « Si je te dis que je ramène Beyoncé, inquiète toi. Par contre au train où ça va je pourrais être amie avec Taylor Swift, alors ça ça peut pas être un code. » Mi-sérieuse mi-pas sérieuse du tout, elle se relève finalement de sa chaise haute pour se frayer un chemin à travers l’appartement à son tour, prête à jouer les guides de pacotille pour June. Ce n’est pas comme s’il y avait tout un palace à présenter, qui plus est. |
| | | | | | | | Solitude causes more wounds than it was ever meant to heal (Charlie) |
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