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 (crimes #2) masters of disguise.

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Message(#)(crimes #2) masters of disguise. EmptyJeu 14 Sep 2023 - 6:00


(c) joffridapettersen & harley
masters of disguise.

(tenue – masque) L'ambiance était à couper au couteau à l'arrière de la limousine, là où les époux Weatherton avaient pris place depuis plusieurs minutes sans même s'adresser un seul mot. Le chauffeur, lui, osait à peine respirer de peur de servir de bouc émissaire à ceux que les employés du Emerald craignaient la plupart du temps pour leurs sautes d'humeur imprévisibles. Peter devait sans doute nourrir l'impression d'avoir perdu un pari, ce soir, alors qu'un seul coup d’œil dans le rétroviseur lui laissait voir l'ampleur des tensions régnant au sein du couple. Beaucoup se seraient questionnés quant à la raison pour laquelle ils semblaient à deux doigts de se sauter à la gorge mais le chauffeur, lui, avait sa petite idée quant à la source du problème. Il faut dire que beaucoup d'employés avaient pu constater l'absence remarquée de James Weatherton dans les environs de l'hôtel au cours des derniers jours, sans que ça ne semble pour une fois uniquement être dû au caractère impétueux du styliste, qui lui valait bien souvent de passer en coup de vent puis d'aller s'enfermer dans sa suite sans même saluer le moindre quidam sur sa route. Les ragots allaient bon train depuis que la grande patronne avait été vue en pleine conversation avec le service de sécurité de l'hôtel, là où certains affirmaient même avoir vu James se voir barrer la route à son arrivée sur place, voyant naître bon nombre de théories entre ceux qui tuaient aussi le temps en tentant de s'imaginer ce qui pouvait bien se jouer au sein du couple, derrière les portes closes et une fois les masques retirés.

Son masque, James était justement plus que déterminé à le garder tout au long de cette soirée qui s'annonçait certes exaltante pour quiconque aimait comme lui revêtir ses plus beaux atours et parader devant la Haute Société, mais qui promettait aussi de ne pas ménager ses nerfs. Il avait pris sur lui pendant des jours, avait ravalé son amertume le temps de concevoir deux tenues assorties qui leur garantiraient à Cristina et lui de faire sensation pour leur arrivée au bal, et il avait même forcé un sourire au moment d'assurer à son père que son épouse et lui ne manqueraient pas de saluer quelques unes de ses bonnes connaissances, une fois sur place, tel le fils irréprochable qu'il tâchait toujours d'être à ses yeux. A cet instant, pourtant, la carapace ne demandait qu'à rompre et lui qu'à vider son sac en prévision des prochaines heures, durant lesquelles il rongerait son frein et dissimulerait sa contrariété derrière une bonne couche de raffinement et de diplomatie, encore suffisamment raisonnable pour ne pas créer de scandale. Cristina et lui en étaient sans doute aussi conscients l'un que l'autre, ce trajet jusqu'à l'Octopus était peut être bien leur chance de crever l'abcès tant qu'ils le pouvaient et avant qu'il ne les ronge un peu plus. Se redressant ainsi sur le bout de banquette où il s'était installé, c'est en direction de sa femme qu'il tourna finalement la tête, la pression de ses doigts se resserrant inconsciemment autour de son masque lorsqu'il laissa échapper un soupire. « Heureux de voir que je suis à nouveau assez présentable pour que tu acceptes de t'afficher à mon bras et en public. » Ces mots lui coûtaient et Cristina le savait mieux que personne, elle qui n'ignorait rien de l'humiliation que ça avait été pour lui de se voir montrer porte close lorsqu'il s'était présenté à l'hôtel quelques jours plus tôt, comme on barrerait la route à un malpropre. A un pestiféré indigne de se tenir parmi les clients et le personnel – était-ce ce qu'il était devenu à ses yeux ? – et dont il savait que la profonde loyauté reviendrait toujours à sa femme. Ça, James l'avait constaté avec amertume lorsque même son propre cousin, avec qui il avait pourtant grandi et dont il avait plaidé la cause pour lui décrocher ce boulot – quelle foutue ironie, n'est-ce pas – s'était dressé contre lui pour appliquer les ordres qui lui avaient été donnés. S'il se doutait bien que les tensions ayant toujours régné entre Malone et lui avaient immanquablement pesé dans la balance, le sentiment de trahison qui lui remuait le ventre n'avait d'égal que l'impression qu'il avait de s'être fait cracher au visage par celle qui ne lui avait encore jamais réservé un tel coup bas. Et pourtant, des crasses, sa femme et lui s'en étaient déjà fait beaucoup et de toutes les sortes. Cette fois, simplement, son amour propre en était ressorti particulièrement blessé. « A moins que tu aies fait jouer tes relations pour m'interdire aussi l'entrée du Casino. Tu serais plus à ça près. » Il siffla entre ses dents serrées, songeant que l'ironie serait d'autant plus savoureuse maintenant qu'il avait pris la peine de confectionner sa robe. Cristina avait le bras long et c'était aussi son cas – l'une des raisons pour lesquelles il savait d'avance que leur arrivée ferait des émules et leur vaudrait d'être scrutés de toute part, ce soir – mais la différence résidait dans le fait qu'elle avait su le prendre de cours une fois et serait capable de recommencer. Peut être bien qu'ils en étaient arrivés au point où la confiance venait à leur faire défaut et où leurs problèmes se réglaient comme pendant une partie d'échecs. Et peut être bien que la fois prochaine, ce serait à lui de s'assurer d'avoir un coup d'avance.
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Message(#)(crimes #2) masters of disguise. EmptyDim 17 Sep 2023 - 3:18


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Masquerade Ball, Octopus.
Cristina Weatherton & @James Weatherton :l:

Cristina avait sans doute commis une erreur, à bien y réfléchir ; et elle avait eu le temps depuis ce fameux soir. Il se serait peut-être étouffé, James, à entendre sa femme penser ainsi et elle se sentit presque désolée pour lui qu’il ne le puisse pas sur le moment tant les fois où elle avait admis ainsi avoir eu tort ne pouvaient se compter que sur les doigts d’une main. Il aurait sans doute été déçu de la suite néanmoins : Cristina s’était peut-être trompée, elle était prête à le reconnaitre. D’avoir autant tardé à agir. Elle ne regrettait pas la décision qu’elle avait prise, en interdisant James de séjour à l’Emerald pour une durée indéfinie, se reprochait simplement de l’avoir prise aussi tard.

Elle en était là, à présent. À ignorer les ombres de sa silhouette se dessinant à ses côtés, l’attention dirigée sur les bâtiments défilant devant ses yeux, leur véhicule glissant presque silencieusement dans chacune des avenues du centre-ville, des détours bien connus empruntés par leur chauffeur désireux de faire les choses bien, de les mener à leur destination rapidement et sans encombre. Il osait à peine respirer, Peter, indéniablement soucieux que la moins incartade, le moindre freinage intempestif de sa part puisse déclencher la tempête qui grondait à l’intérieur de la limousine. Ils n’en seraient pas à leur première et c’était ainsi que tout naturellement, Cristina avait commencé à se demander si elle avait fait le bon choix jusqu’à présent à tenter de les en épargner. Alors elle l’avait amorcée, volontairement, regrettant presque que celle-ci n’est toujours pas pris la peine d’éclater. Des bruits parasites, le moteur vrombissant, des bribes de vie nocturne à l'extérieur magnifiées par l’acoustique crépusculaire, et nul mot échangé à l’intérieur, pas même des futiles ou des anodins ; elle les aurait détestés, tous sans exception pour oser habiller leur mariage d’un déguisement n’ayant jamais été le leur et insultant au possible. C’était autre chose qu’elle attendait de James et elle lui en voulait presque de ne pas consentir à sa volonté, de ne pas capituler, choisissant à la place de continuer à se complaire dans son silence comme s’il s’agissait là de ne pas céder à l’une des sautes d’humeur dont elle était coutumière. Cristina retint un claquement de langue acerbe à l’idée qu’il puisse penser ainsi, à l’idée qu’il puisse autant se méprendre à son tour. Face au silence, les choses possédaient cette capacité qu’elle ne découvrait pas à devenir criantes, et intolérables. Ça n’était peut-être pas normal pour certains autres couples à qui elle n’enviait pas grand-chose, mais préférer les cicatrices aux brûlures franches et lancinantes, favoriser le repli stratégique à l’attaque assumée et explosive, ça n'était pas eux, ça n’avait jamais été leur fonctionnement. Que les termes de ce dernier puissent échapper à la majorité, Cristina ne pouvait pas s’en soucier moins, croyant dur comme fer à la détermination qui était la leur à faire en sorte que leur mariage soit singulier, à part. Qu’au sein de ce dernier, James comme elle-même puissent s’octroyer les libertés qu’elle avait trop souvent observées faire défaut à ceux à qui elle ne voulait certainement pas ressembler ; la liberté d’être eux-mêmes, ensemble comme séparément. Mais il n’avait jamais été question de mensonges, c’était la contrepartie et s’il lui en voulait pour l’humiliation à laquelle elle l’avait exposé sans pitié, elle le lui rendait bien sur l’instant pour les avoir obligés à en arriver là.

L’éventualité de lui présenter des excuses n'avait encore jamais été prise en compte, pas plus qu’elle n’avait envisagé celle de se rabaisser à prétendre qu’il ne lui avait pas laissé le choix et qu’elle s’était sentie obligée de prendre cette décision difficile dans l’espoir de protéger leur image ; elle avait toujours le choix, et même lorsque cela ne semblait plus être le cas, elle continuait de le prétendre, l’habitude de se dérober ne faisant définitivement pas partie de ses défauts, nombreux par ailleurs. S’il pensait qu’elle avait uniquement agi ainsi pour protéger des apparences, une réputation ou leur nom, il se tromperait d’angle d’attaque et elle aurait presque préféré le lui souffler, à le sentir se raidir à ses côtés, comme un coup d’avance qu’elle était toute disposée à lui offrir pour ne pas l’entendre se plaindre de partir avec du retard. « Heureux de voir que je suis à nouveau assez présentable pour que tu acceptes de t'afficher à mon bras et en public. » Mais il ne lui en laissa pas l’occasion, livrant ainsi les premiers indices de l’amertume qui était la sienne, élastique étiré jusqu’aux limites de sa résistance et dont l’endurance sembla briser net, claquant entre eux sans que cela ne fasse sursauter Cristina outre-mesure. Elle ne s’imposa même pas de lui rendre son regard à vrai dire, sentant pourtant celui de James désormais posé sur le profil qu’elle continuait de lui présenter, se demandant au passage s’il aurait aimé pouvoir la brûler ainsi, d’un simple regard, tant elle pouvait sentir toutes les rugosités de sa rancœur dans sa voix dont elle connaissait chacune des nuances et des inflexions. « Si c’est ce dont tu te contentes en ce moment, être présentable. Tu admettras que le problème est ailleurs. » Délaissant l’extérieur, ses yeux se détournèrent de la vitre teintée pour retrouver son propre reflet dans le rétroviseur du milieu, n’accrochant celui de Peter qu’une seconde à peine avant que celui-ci ne finisse par s’en détourner humblement de lui-même, la cloison séparant l’avant de l’arrière du véhicule remontant silencieusement pour les isoler. « A moins que tu aies fait jouer tes relations pour m'interdire aussi l'entrée du Casino. Tu serais plus à ça près. » Un sourire froid cousu à ses lèvres brillant légèrement dans l’atmosphère tamisée du véhicule, Cristina s’empêcha de rouler des yeux, consentant à ne pas se montrer plus moqueuse que ses prochains mots promettaient de l’être : « Dis pas de bêtises, ça n’aurait plus eu de sens dès l’instant où tu as décidé de nous dessiner ces tenues assorties. » Sublime l’une sans l’autre, c’était pourtant en duo qu’elles finissaient de révéler toutes les nuances de son esprit créateur ; il le savait, elle ne s’écorcherait donc pas la bouche à le complimenter pour flatter un ego qu’il avait déjà grand – quoiqu’il le dirait écorné par les récents évènements.

Ajustant l’un de ses gants jusqu’au creux de son coude, Cristina fit rouler distraitement la pierre de sa bague avant de tourner finalement la tête dans sa direction, s’autorisant à détailler les traits de son visage avant toute chose, sans essayer de s’en cacher, son regard finissant invariablement sa course en s’ancrant dans le sien. Ils ne pouvaient pas dire ne pas avoir l’habitude de se regarder de la sorte, les yeux dans les yeux, s’interdisant de faillir, s’amusant dans leurs bons jours à ne pas céder le premier, se défiant dans leurs mauvais jusqu’à contraindre l’autre de le fuir. Elle ne le trouvait jamais aussi beau qu’à ces occasions-là, James, mais sur l’instant, c’était surtout la noirceur des siens qu’elle désirait jauger. « Une semaine. » C’était le temps qui s’était écoulé depuis ce qu’il n’avait pas intérêt à qualifier sobrement d’incident. Elle reprit sans faire preuve d’aucune théâtralité, sa voix se faisant presque murmure dans cet espace feutré au sein duquel il n’était de toute façon pas nécessaire de l’élever plus que cela pour se faire entendre. « Et ce sont les premiers mots que tu m’adresses à ce sujet, des reproches ? » Inclinant légèrement la tête, comme pour se laisser le temps de juger la stratégie en question, ce fut placidement qu’elle finit par conclure : « C’est une manière comme une autre de retourner la situation. » Elle s’y était attendue évidemment, mais elle ne pouvait s’empêcher de souligner à quel point elle trouvait cela audacieux de sa part de jouer avec un feu qui, il l’avait déjà prouvé, pouvait très rapidement les brûler tous les deux.

robe < gants < masque
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Message(#)(crimes #2) masters of disguise. EmptyLun 25 Sep 2023 - 7:04


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C'était loin d'être la première fois qu'ils faisaient route vers leur destination du soir sans que l'entente au sein de leur couple ne soit au beau fixe, chose qui ne surprendrait pas grand monde avec deux personnalités comme les leurs. Cette fois, pourtant, les deux époux ne s'étaient pas adressés un seul mot depuis le début du trajet et ce qu'ils auraient normalement désamorcé sur un ton joueur leur valait aujourd'hui de se cramponner l'un et l'autre à leur fierté. James en était pourtant conscient, prendre le risque de laisser éclater ces tensions une fois au casino n'était pas une option, peu importe à quel point ils aimaient prétendre se moquer du regard d'autrui.  Il y avait des comportements auxquels ils avaient toujours évité de céder en public et régler leurs comptes au beau milieu d'une salle bondée ne ferait pas honneur à la redoutable lucidité dont ils faisaient généralement preuve à ces occasions, et cette soirée ne ferait pas exception. Peu importe l'amertume qu'il nourrissait depuis l'autre soir, James ne comptait pas laisser leurs problèmes éclabousser plus de monde, encore moins dans un moment où son cousin se retrouvait déjà exposé par l'affaire Saül Williams et pourrait directement pâtir de toute mauvaise publicité supplémentaire. Alors c'est lui qui prit la parole le premier, non sans que ça lui écorche légèrement la bouche au passage – ce ne serait pas vraiment James s'il n'y mettait pas un semblant de mauvaise volonté – et d'un ton encore accusateur plusieurs jours après ce que l'anglais avait vécu comme une humiliation en règle.

« Si c’est ce dont tu te contentes en ce moment, être présentable. Tu admettras que le problème est ailleurs. » Le problème était forcément ailleurs quand l'ego de James n'était pas la seule chose qui s'était retrouvée mise à mal dans cette histoire, ils en étaient au fond conscients l'un comme l'autre, mais c'était trop en attendre de lui que d'espérer qu'il baisserait les armes pour reconnaître qu'il l'avait probablement mise au pied du mur après des semaines à avoir adopté une attitude que même sa femme ne lui avait jamais connu. Son regard se reposa un instant sur la cloison les séparant à présent de l'avant du véhicule, au moins satisfait de ne pas offrir davantage de spectacle à un employé de l'hôtel. « Mon seul problème à l'heure actuelle, c'est de ne pas avoir trouvé un moyen de me cloner pour nous épargner à tous les deux cette soirée. » Il se mentait en partie, James, sachant bien que n'importe quel désagrément ne saurait pas altérer la loyauté dont il était capable envers son épouse, mais aussi envers son père qui lui avait très tôt inculqué l'importance de ces galas pour rencontrer des personnalités influentes et enrichir son carnet d'adresses. Il ne cessait de le lui répéter depuis qu'il était en âge de l'entendre et force est de constater que le couturier commençait peut être enfin à l'intégrer : un jour, c'est lui qui serait à la tête de Weatherton. « Dis pas de bêtises, ça n’aurait plus eu de sens dès l’instant où tu as décidé de nous dessiner ces tenues assorties. » Elle savait parfaitement ce qu'elle disait, bien sûr, leurs tenues ayant vocation à se compléter depuis qu'il en avait réalisé les premiers croquis. Il les avait pensé en tant que paire, même alors que l'amertume aurait pu obscurcir son regard ; il ne plaisantait jamais avec ce genre de choses, James, peu importe à quel point il pouvait être rancunier. « Et cette robe te va à ravir, une chance que tout le monde puisse bientôt t'admirer dedans. » Un compliment qui manquait peut être de sa malice habituelle, et de ce petit regard en coin qu'il lui aurait sûrement glissé en temps normal avant de déposer un baiser dans sa nuque, mais qui n'en était pas moins sincère. Cristina était toujours sublime, quoi qu'elle porte, et peut être encore davantage quand l'agacement se devinait sur ses traits.

Le silence reprit un court instant ses droits autour d'eux, et ce fut lui qui cette fois détourna le regard en sentant celui de son épouse l'observer, éternellement esclave de cette foutue fierté qui régissait décidément bien trop de choses dans sa vie. « Une semaine. » Il sut où elle voulait en venir avant même qu'elle poursuive, parce qu'ils se connaissaient par cœur et que ça avait toujours été leur manière de fonctionner, de regarder les conflits bien en face et de régler leurs comptes plutôt que de ronger leur frein en attendant que l'éléphant dans la pièce soit trop gros pour qu'ils continuent de l'ignorer. « Et ce sont les premiers mots que tu m’adresses à ce sujet, des reproches ? » C'est pourtant un James résolu à lui faire comprendre qu'il avait vécu son attitude comme une trahison qui avait bel et bien choisi la voie de l'ignorance, ces derniers jours, là où son attrait pour les tragédies grecques lui aurait normalement valu de chercher le conflit à la première occasion. Au lieu de ça, c'est sur la confection de leurs tenues de bal que le couturier s'était concentré – on pouvait au moins lui reconnaître que la contrariété ne l'empêchait jamais d'être productif. « Qu'est-ce que tu espérais, que je te ferais livrer des fleurs avec une carte de remerciements ? » Qu'il lui serait reconnaissant ? Qu'il oublierait cet épisode après une bonne nuit de sommeil – ou une soirée arrosée, puisqu'elle semblait de toute façon le voir comme un dépravé qu'on ne pouvait remettre dans le droit chemin qu'en en faisant un paria ? Il connaissait sa femme, il savait que c'était une manière pour elle de lui donner une tape derrière la tête et de lui remettre les idées en place, et le pire, c'est qu'il aurait du mal à nier en avoir eu besoin. Mais il refusait d'admettre qu'elle n'ait trouvé que cette solution-là, quand il lui était impossible de ne pas éprouver l'impression qu'elle avait cherché à liguer une partie des employés de l'hôtel contre lui dans une bataille que James n'aurait jamais du livrer que contre un seul ennemi : l'alcool. « Tu m'as bien fait comprendre qu'on ne jouait pas dans la même équipe, sur ce coup, alors ne t'étonne pas si je joue selon tes propres règles. » C'est elle qui avait mis la duplicité au centre de la partie, il ne faisait que jouer à son niveau. « C’est une manière comme une autre de retourner la situation. » Son regard, jusque là occupé à observer distraitement le paysage depuis l'autre coté de la vitre, se résigna finalement à retrouver le sien. Elle n'avait pas complètement tort et il le savait, mais il refusait d'être le seul à qui on puisse reprocher son comportement, quand bien même il avait été loin d'être irréprochable ces dernières semaines – loin d'être digne de la haute opinion qu'il avait de lui-même et de l'homme que Cristina avait épousé. « Une situation où la seule chose qui t'importe c'est l'image que je vais renvoyer et la manière dont tout ça pourrait finir par t'éclabousser. » Tout ça c'était une manière pour lui de ne pas nommer un problème auquel il lui était encore difficile de faire pleinement face, alors même qu'il était paradoxalement de plus en plus conscient de s'être enfermé dans des habitudes un peu plus destructrices après chaque nouveau verre, chaque nouvelle cuite à faire comme s'il gérait parfaitement la situation – et ça aussi, c'était de moins en moins souvent le cas. « Parce que tu ne me feras pas croire que tu ne pensais pas d'abord à toi, quand t'as agi comme tu l'as fait. » Alors peut être qu'il retournait la situation, peut être que c'était plus simple de lui en vouloir à elle plutôt que d'admettre qu'il s'était mis dans le pétrin tout seul et comme un grand, mais il ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'est elle qu'elle avait voulu sauver dans cette histoire, pas lui.
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Message(#)(crimes #2) masters of disguise. EmptyMer 27 Sep 2023 - 23:24


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« Mon seul problème à l'heure actuelle, c'est de ne pas avoir trouvé un moyen de me cloner pour nous épargner à tous les deux cette soirée. » Il n’en aurait rien fait et elle non plus, ils le savaient tous les deux. Elle aurait été la première d’ordinaire à répliquer d’une manière tout aussi sarcastique que la sienne mais il n’y avait rien d’ordinaire à ce qui se déroulait entre eux depuis quelques jours. « Et cette robe te va à ravir, une chance que tout le monde puisse bientôt t'admirer dedans. » La suite également, elle ne l'entendit que d'une oreille distraite. Elle ne tenait pas à ce qu’il tente de l’adoucir, c’était d’une évidence telle qu’elle doutât qu’elle ait pu lui échapper. Et si ce n’était pas le cas, alors c’était le styliste qui s’exprimait et là encore, elle trouvait cela trop facile de se réfugier derrière cet éternel statut pour ne pas avoir à poursuivre ce qu’il avait lui-même déclenché. Elle s’y employa elle-même alors, considérant que le regard qu’il lui ôta de nouveau ne lui laissait guère d’autre choix. « Qu'est-ce que tu espérais, que je te ferais livrer des fleurs avec une carte de remerciements ? » Elle le connaissait trop bien pour s’être laissé aller à imaginer ce genre de scénario, l’un de ceux où son orgueilleux de mari aurait accepté de perdre ainsi de sa superbe, l’un de ceux où la décision de Cristina ce soir-là n’aurait su égratigner son sommeil, l’affront s’effaçant au fil des jours, lissé par chacune des nuits les entrecoupant. Elle avait espéré, en filigrane des injures qui n’étaient même pas venues elles non plus, des prémisses d’explications, un semblant de discussion mais puisqu’il recourait au sarcasme à la place, elle en était capable également. « Une d’excuse aurait eu plus de chance d’être mieux reçue mais même ça, tu t’en es montré incapable. » Quant aux fleurs, elles auraient certainement fini à ses pieds, ou sous ces derniers. Ça n’était pas dans leurs habitudes de régler les conflits en les poussant sous le tapis, armés de regrets qu’ils ne pensaient pas et d’offrandes qui prenaient l’allure de pots-de-vin destinés à botter en touche, à passer à autre chose sans qu’ils n’aient réglé quoi que ce soit. Elle était certaine que cela l’aurait arrangé bien qu’il prétende le contraire sur le moment ; cela faisait trop longtemps qu’elle l’observait recourir à cette technique qu’elle ne lui avait encore jamais connue, la fuite.

« Tu m'as bien fait comprendre qu'on ne jouait pas dans la même équipe, sur ce coup, alors ne t'étonne pas si je joue selon tes propres règles. » « Parce que ça ne fait pas plusieurs semaines que tu me gardes délibérément en dehors de la tienne ? » Qu’il ne lui parle pas d’équipe, il l’avait exclue de la leur à la seconde où il avait décidé de lui dissimuler son premier verre de trop. Il ne l’avait pas entendue geindre à ce sujet ou crier au manque de fair-play comme il le faisait présentement, il ne fallait néanmoins pas qu’il la provoque outre mesure, elle savait s’adapter rapidement et c’était sans doute ce qu’elle avait décidé de lui rappeler à sa manière : elle aussi savait jouer selon ses propres règles en effet et n’hésitait pas non plus à l’envoyer valser, le plateau, si elle se considérait flouée. « Une situation où la seule chose qui t'importe c'est l'image que je vais renvoyer et la manière dont tout ça pourrait finir par t'éclabousser. » Il y avait de cela, bien sûr. À la différence près que Cristina demeurait persuadée que James aussi, s’il n'était pas aussi aveuglé par son amertume, aurait été d’accord avec elle : ils ne pouvaient pas se permettre de laisser cette crise personnelle s’étaler en public. À choisir, elle avait encore préféré que les murmures à leur propos soient au sujet d’un de leurs énièmes conflits ouverts sans que personne ne sache en deviner les véritables causes – causes dont elle ignorait tout en réalité elle aussi et c’était peut-être là le cœur de ce qui la rongeait depuis tout ce temps, la sensation d’être reléguée au même rang que tous les autres lui nouant l’estomac d’une telle manière qu’elle avait fini par prendre les choses en main pour bouleverser le statu quo au sein duquel ils étaient tous deux parvenus à s’enfermer. « Tu n'es pas stupide James, alors rends-nous service, arrête d’enchaîner les absurdités. » Elle le coupa dans un murmure cinglant, la sonorité de son sarcasme ne suffisant pas néanmoins à masquer entièrement le vide des propos qu’il lui avançait jusque-là. Il tournait autour du pot en lui reprochant de ne pas avoir recouru à la manière douce qu'il aurait trop aisément su manier à sa guise, elle connaissait le talent qui était le sien de se mentir à lui-même ainsi qu'aux autres. Des solutions, il y en aurait certainement eu des dizaines d’autres moins pugnaces mais Cristina était qui elle était et qu’il fasse mine de découvrir la femme qu’il avait épousée finissait d’agacer cette dernière. « Parce que tu ne me feras pas croire que tu ne pensais pas d'abord à toi, quand t'as agi comme tu l'as fait. » « Et tu ne me feras pas croire que tu te serais décidé à me parler si je n’avais pas fait ce que j’ai fait. » Son regard s’accrocha au sien, noir sous ses cils ombrageux et qu’elle s’empêche de ciller durant la seconde qui suivit fut sans doute sa manière à elle de le défier de prétendre le contraire.

Elle connaissait le sien de regard, elle savait en lire chaque nuance, chaque lueur, chaque ombre venant le voiler : et derrière toute la colère qu’il pouvait bien ressentir à son égard, elle y percevait surtout de la honte. James n’avait pas perdu la face, c’était Cristina qui la lui avait ôtée et elle en était persuadée, il s’agissait là de la seule raison pour laquelle les faux-semblants et autres dissimulations s’arrêtaient là. « J’ai pensé à moi, je pense toujours à moi. » Elle reprit avec un calme qui n’annonçait jamais rien de bon, faisant siennes les accusations qu’il venait de lui porter pour les draper d’ironie, et les désamorcer aussi. Ça lui faisait quelque chose qu’il l’ait sous-entendu de la sorte, non pas surprise qu’il la sache égoïste mais heurtée qu’il ne se la figure qu’ainsi. « J’ai pensé à nous aussi. Et puis au milieu de tout ça, un peu à toi. » De là à finir cette phrase comme elle avait fini la précédente, il y avait un pas qu’elle ne franchirait pas, considérant qu’il ne méritait pas de l’entendre lorsque, à leur manière, il était pourtant évident qu’ils pensaient toujours l’un à l’autre depuis qu’ils avaient décidé de s’unir. Elle avait pensé à lui, et au fait que c’était à lui-même surtout que ses manquements portaient ombrage, en ce qu’ils déséquilibraient son esprit, sa rigueur et le talent qui était le sien. Elle avait pensé à eux, et au fait qu’au-delà de toutes les promesses inutiles qu’ils n’avaient pas pris la peine de se faire tout au long de ces années, il y avait celle de toujours veiller et permettre à l’autre de ne pas se compromettre ou de capituler, de s’accomplir sans compromis aucun, sans entrave non plus et certainement pas l’une de celle qui semblait le prendre à la gorge dernièrement. « Mais tu arrivais probablement en dernière place, t’as raison, à quoi bon s’y attarder. » Parce que chez Cristina, entre la réflexion et l’exécution, il n’y avait pas la place d’un cheveu, évidemment – elle ne trouvait rien d’autre qu’injuste la façon dont il venait de réduire ses motivations à cela.

« J’ai été plus que patiente, j’ai attendu que tu règles les choses par toi-même ou que tu te décides à m’impliquer dans ce que tu traverses de toute évidence. » La pause qu’elle laissa s’installer une seconde, elle fut là pour lui permettre de prendre les devants, en profitant pour le jauger une nouvelle fois, sa langue venant se coller à son palais et la pointe de cette dernière affleurant derrière la rangée supérieure de ses dents avant qu’elle ne finisse par l’interroger : « Est-ce que tu veux le nommer toi-même ou tu attends que je le fasse ? » Car elle ne ferait pas marche arrière cette fois-ci, Cristina, la détermination dans son regard perceptible et démonstrative de son envie d’en finir avec les couches de prudence auxquelles ils s’étaient astreints jusque-là. « Parce que je doute d’avoir les bons mots. Dans mon esprit, les comportements que j’observe depuis quelques temps sont ceux d’un alcoolique. » Sa voix demeurait basse ; peut-être parce qu’elle ne désirait en rien que la teneur de leurs propos puisse atteindre les oreilles traînantes du chauffeur, peut-être surtout parce qu’elle savait qu’elle n’avait pas besoin de l’élever davantage à présent qu’elle confiait au seul terme employé le soin de faire voler le déni en éclats comme du verre. « Mais je sais que tu n’en es pas un James et je n’aime pas taper à côté, alors tu as le temps du trajet pour me guider sur la bonne voie. » Elle aurait pu tout aussi bien conclure d’un "ça devrait le faire, n’est-ce pas" amer au possible tant elle était consciente que ça n’était ni le lieu ni le moment d’ouvrir la boîte de Pandore à laquelle ils avaient pris grand soin de ne pas toucher jusqu’à présent ; c’était ceux qu’ils avaient choisi pourtant et rares étaient les opportunités dont Cristina ne se saisissait pas à pleines mains.
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Message(#)(crimes #2) masters of disguise. EmptyLun 9 Oct 2023 - 0:58


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masters of disguise.

« Une d’excuse aurait eu plus de chance d’être mieux reçue mais même ça, tu t’en es montré incapable. » L'idée lui arracha un rictus amer, probablement parce qu'il était bien trop cramponné à sa fierté mise à mal par les récents évènements pour admettre que des excuses réciproques auraient sans doute été de rigueur. Mais qu'elle le croit ou non, ça n'avait plus vraiment fait partie de ses priorités une fois qu'elle eut dressé son petit personnel contre lui – ça avait toujours autant de mal à passer, oui. « Parce que ça ne fait pas plusieurs semaines que tu me gardes délibérément en dehors de la tienne ? » Oh, il avait toujours trouvé irritant qu'elle retourne aussi habilement ses arguments contre lui, un peu trop conscient au fond d'avoir lui aussi fait cavalier seul au moment où il aurait sans doute eu le plus besoin de Cristina pour lui remettre les idées en place. « Tu crois peut être que ça me fait plaisir ? Que je me suis réveillé un matin en me disant que dorénavant, on réglerait nos problèmes chacun de notre coté ? » Elle aurait tort de le croire, tort de penser qu'il avait choisi de la mettre à l'écart parce qu'il avait décrété qu'ils ne se consulteraient plus ni ne feraient plus front uni devant les difficultés. Elle le connaissait bien trop pour véritablement douter de lui sur ce point, Cristina : il savait qu'au fond elle avait conscience que cette situation-là était différente des autres. Parce que cette fois, l'ennemi était bien plus proche et bien plus vicieux. « Tu n'es pas stupide James, alors rends-nous service, arrête d’enchaîner les absurdités. » Des choses injustes, James en avait déjà dites sous le coup de la colère ou de la frustration, mais aujourd'hui ça lui coûtait plus qu'il n'irait l'admettre d'insinuer que Cristina avait été égoïste sur toute la ligne, lorsqu'elle lui avait fait un affront que son ego avait simplement un peu trop de mal à digérer. Il connaissait tout des moindres nuances de son caractère, James, il savait donc que Cristina avait toujours eu ses propres intérêts à cœur, tout comme lui pouvait toujours faire passer les siens en premier. C'était dans leur façon d'être et ça ne les avait jamais rendus autre chose que complémentaires, leur mariage faisant peut être l'impasse sur certains aspects plus traditionnels mais sûrement pas sur la loyauté dont ils étaient aussi capables l'un envers l'autre. Alors il savait parfaitement que si elle avait assuré ses arrières, ce soir-là à l'hôtel, ça n'avait pas été sa seule motivation. C'était simplement plus commode d'y ajouter une bonne dose de mauvaise foi.

« Et tu ne me feras pas croire que tu te serais décidé à me parler si je n’avais pas fait ce que j’ai fait. »
« J'imagine que le plus amusant, c'est qu'on ne le saura jamais. »

Et à l'arrivée, il pouvait presque se demander si ce qu'elle cherchait avant tout, c'était à lui rendre service ou bien à lui donner une bonne leçon. Sans doute les deux, et à défaut qu'il en ressorte grand chose de constructif à ce stade où les reproches prenaient plus de place que le reste, James devait au moins reconnaître qu'elle avait toujours eu de la ressource, Cristina. « J’ai pensé à moi, je pense toujours à moi. J’ai pensé à nous aussi. Et puis au milieu de tout ça, un peu à toi. » Et l'amertume qu'il éprouvait ne l'empêchait pas encore totalement de s'avouer qu'il en aurait fait de même, en vérité, s'il avait été à sa place et que le comportement de la brune menaçait non seulement la position qu'elle avait acquise à force de travail et de détermination, mais aussi leur alliance, leur nom à tous les deux. « Mais tu arrivais probablement en dernière place, t’as raison, à quoi bon s’y attarder. » Ce n'était pas le nœud du problème, quand bien même la sournoiserie dont elle avait fait preuve ce soir-là à l'hôtel pourrait avoir des conséquences plus dérangeantes qu'un conflit dont ils viendraient forcément à bout, tôt ou tard, parce que c'était toujours ce qui arrivait. « Ce que je te reproche, c'est d'agir aujourd'hui comme si ce soir-là, tu nous avais rendu un putain de service. A moi comme à toi. » En temps normal il était le premier à soutenir ses décisions, surtout quand elles avaient le mérite d'être radicales et risquées, mais cette fois une part de lui ne pouvait s'empêcher de se dire qu'elle les avait peut être surestimés. « Tu dis que tu as fait ça pour qu'on joue cartes sur table. Mais sois honnête, qu'est-ce que tu crois qu'il en ressort de constructif, à présent ? » Lui serait tenté de dire pas grand chose, et c'était un constat aussi amer que le reste.

« J’ai été plus que patiente, j’ai attendu que tu règles les choses par toi-même ou que tu te décides à m’impliquer dans ce que tu traverses de toute évidence. » Elle avait attendu qu'il règle les choses, comme si ça lui était aussi facile que d'appuyer sur un bouton, et c'est certainement ces quelques mots qui le troublèrent le plus. « Tu crois que j'ai pas essayé ? Qu'à aucun moment j'ai tenté de redresser la barre, de me dire que je valais mieux que ça ? Que toi aussi, tu valais mieux que ça ? » Elle connaissait l'acharnement et la volonté dont il était capable, elle savait qu'il pouvait être têtu jusqu'à l'épuisement et qu'il n'avait jamais été le genre à s'avouer vaincu sans livrer bataille. Alors à cet instant, ce sont véritablement des réponses qu'il se surprenait à chercher dans son regard : pensait-elle vraiment qu'il n'avait pas essayé de reprendre le contrôle, ne serait-ce qu'un seul instant ? « Tu as vu le résultat, alors je sais qu'au fond de toi tu sais pourquoi je t'ai rien dit. » Parce que même s'ils avaient toujours tout partagé, y compris de leurs faiblesses et de leurs échecs, celui-ci avait un goût suffisamment amer pour qu'il ne se soit pas senti la force de l'assumer auprès d'elle, pas quand ça lui était déjà difficile de regarder son problème en face. Cristina voulait qu'il l'implique, mais ils savaient l'un comme l'autre que ni elle ni lui n'avaient jamais supporté les erreurs tout autant que la médiocrité – et médiocre, il considérait l'être au moins dans la maîtrise qu'il avait de lui-même depuis plusieurs mois, tout comme il savait qu'elle lui donnerait raison là-dessus. Alors il avait préféré s'infliger à lui seul l'humiliation que ça représentait. « Est-ce que tu veux le nommer toi-même ou tu attends que je le fasse ? » Elle ne voulait plus s'armer de subtilité – un mot qui ne les avait jamais caractérisé ni l'un ni l'autre – et James savait que la tournure de cette soirée pourrait dépendre de ce qui se jouerait à partir d'ici. « Parce que je doute d’avoir les bons mots. Dans mon esprit, les comportements que j’observe depuis quelques temps sont ceux d’un alcoolique. » - « Seigneur. » C'est un soupire bruyant qui s'échappa d'entre ses lèvres lorsque ce mot le heurta en pleine figure avec bien plus de violence qu'aucun autre. Un mot qu'il détestait et qu'il s'était toujours refusé à employer lui-même, le plus souvent en se convaincant qu'il n'en était pas là, que ça pouvait s'appliquer à certains mais sûrement pas à lui. Se voiler la face, il l'avait fait à de nombreuses reprises ces derniers temps. « Mais je sais que tu n’en es pas un James et je n’aime pas taper à côté, alors tu as le temps du trajet pour me guider sur la bonne voie. » L'espace d'un instant, il jurerait que les tensions s'étaient partiellement dissipées pour ouvrir la porte sur un dialogue jusqu'ici impossible, ou pas sans qu'ils soient davantage capables d'échanger des reproches. « Je sais pas ce que t'espères entendre, Cristina. Ça t'étonnera sûrement pas si je te dis que tout ça, c'est un sacré foutoir pour moi aussi. » Il confessa alors, l'arrière de son crâne retombant contre l'appui-tête et ses mains passant un bref instant sur son visage. « Ce... problème, je lui ai jamais donné de nom. » Parce qu'au début, ce problème n'en était même pas un à ses yeux. Qu'ensuite, il était plus simple de ne pas le nommer et de prétendre qu'il disparaîtrait comme il était venu. Enfin, quand le déni avait laissé la place à un tant soit peu de clairvoyance et que son estime de lui-même s'était effondrée, la seule conclusion qui faisait un tant soit peu de sens était celle qu'il refusait catégoriquement. Un simple problème, c'est ce que c'était.

« Des types ravagés par l'alcool, j'en ai connu quelques uns. » Et dans un tout autre contexte, ils auraient sûrement effleuré le sujet avec bien plus de jugement et d'insensibilité, lui le premier, parce qu'il n'avait jamais posé qu'un regard intransigeant sur ceux qui se laissaient consumer par leurs faiblesses. Quelle ironie. « Des connaissances de mon père, que le boulot avait bouffé et chez qui ça s'était installé insidieusement, parfois sur des années. » Ça, cette dépendance qu'à nouveau il ne nommait que de façon indirecte. « Certains sont devenus de vrais clichés avec le temps. Le genre dont on sent l’haleine à dix mètres, qui s'endorment au volant de leur bagnole ou sur la pelouse devant chez eux parce qu'ils sont trop bourrés pour atteindre la porte. » Et s'il fut tenté de souligner qu'au moins il lui avait épargné ça et ne s'était pas tourné en ridicule au point de devenir le sujet de ragots préféré de tout le voisinage, il jugea le moment mal choisi pour ce genre de trait d'esprit. « Est-ce que le problème va chercher aussi loin, à mes yeux ? Non. » Et il jurerait pouvoir s'en convaincre, parce que ce serait porter un coup bien trop grand à son ego que d'admettre qu'il n'était sans doute pas si loin d'en être arrivé là, le soir où Auden l'avait récupéré complètement ivre dans un bar et tous ceux où Cristina avait admiré un spectacle tout aussi désolant. Non, sa lucidité s'arrêtait là où commençait son instinct de conservation : admettre que le problème était déjà aussi sérieux lui coûterait bien plus qu'il ne pouvait se le permettre. « Est-ce qu'il va chercher aussi loin, aux tiens ? » Est-ce qu'il était un cliché en devenir, un ivrogne qui n'avait plus qu'une ou deux conneries à rajouter à son compteur pour officiellement ne plus valoir mieux que ces types résignés à leur sort ? Au fond, il était incapable de la regarder dans les yeux et de lui dire que ça ne l'angoissait pas au plus profond de lui-même, de se dire qu'eux non plus ne pensaient sûrement pas tomber un jour aussi bas. « Parce que j'étais sérieux tout à l'heure. » Son ton changea pour se faire plus ferme, cette fois, comme s'il éprouvait le besoin de rediriger à nouveau l'échange sur le terrain du conflit maintenant qu'il avait fait un semblant d'effort pour s'ouvrir, rien qu'un peu. Ça n'étonnerait pas Cristina, qui connaissait tout de ses mécanismes de défense et de sa tendance à se braquer dès qu'il s'était montré un tout petit peu vulnérable. « Je peux prendre sur moi, reconnaître que j'ai clairement abusé ces derniers mois et mettre cette conversation sur pause à la seconde où on sortira de la voiture. » Sur ce point, au moins, il savait que Cristina lui ferait confiance. Pour le reste, son déni restait perceptible. « Mais si t'as l'intention de glisser un billet à un serveur pour qu'il veille à ce qu'aucune coupe de champagne ne me tombe entre les mains au cours de la soirée, j'aimerais autant le savoir. J'apprécierai pas deux fois d'être traité comme un gosse en pleine rébellion. » Il supporterait déjà mal qu'elle regarde par-dessus son épaule pour s'assurer qu'il opte pour la modération ou s'abstienne carrément de boire – l'option la plus sûre, dans son état, ils le savaient tous les deux – alors si elle lui réservait un autre coup en douce il aimait autant demander à Peter de le ramener chez eux. Il n'y mettait déjà plus beaucoup de bonne volonté, James, conscient que son problème planerait de toute façon au-dessus de cette soirée et que tout ce qu'il pouvait faire, c'était s'assurer que son amertume ne prendrait pas davantage de place à l'issue de celle-ci.
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