Qu’elle est belle, la cousine Elsa et son fiancé qui s’apprêtent à lier leur destin. Qu’ils sont parfaits, ces gosses qui ont grandi exactement comme leurs parents le souhaitaient. Sa robe blanche est aussi traditionnelle que le déroulement du mariage. La voilette qui couvre la moitié de son visage n’a rien de plus à dissimuler que des yeux excités et gorgés de larme. Le costume noir du prochain marié contraste parfaitement avec la silhouette élégante et légère de sa future femme, et tous les deux forment une harmonie impeccable qui fait grincer des dents d’Archie. Ce n’est pas qu’il est jaloux. C’est qu’il n’arrive pas à accepter le fait que ce ne sera jamais lui qui se retrouvera dans le haut des marches, pendu aux lèvres du prêtre qui invite à l’action de grâce. Ça parle de Dieu qui se réjouit de voir cette union aujourd’hui, et pendant un instant Archie se perd dans la contemplation du ciel bleu à travers la fenêtre. Si Dieu est trop occupé à marier deux personnes aujourd’hui, alors il va cesser de regarder Archie pour la journée. Il peut prendre le temps de respirer. L’air dans une Église est toujours plus étouffant, et ce n’est pas seulement par manque de ventilation. Toutes ces toiles illustrant la crucifixion de Jésus ou autres versets importants de la Bible aveuglent un Archie qui ne sait plus où regarder. À sa gauche, maman pue le parfum à plein nez. Ça lui file la migraine.
Quand il rabaisse la tête, il croise un instant le regard de Madison, installée à l’opposé des parents et à côté d’Oliver. Elle a sûrement remarqué qu’il avait la tête ailleurs. Il fronce les sourcils et détourne vite les yeux pour les reposer sur sa cousine qui s’apprête à échanger le tout premier baiser de nouveaux mariés. La foule applaudit et il se joint au mouvement de manière robotique. Le temps s’est ralenti. Les sons tombent dans les graves. Lui et sa cadette n’ont pas reparlé depuis qu’ils se sont crachés dessus dans le centre commercial. L’égo d’Archie est bien trop imposant pour qu’il fasse le premier pas vers elle ; de toute façon, il ne lui a toujours pas pardonné son intrusion dans sa vie privée. Il la voit encore comme la responsable du conflit, l’élément déclencheur, et loin de lui l’envie de se remettre en question malgré toutes les atrocités qu’il a pu lui faire vivre. Il sait, pourtant, qu’il arrive à causer beaucoup de mal avec ses mots. Il s’est pratiqué toute sa vie. C’est sa manière de se détacher du lot, de s’assurer une place au sommet, et tant pis s’il fait des victimes en chemin.
Mais c’est la toute première fois que Madison en fait partie, des victimes du tyran.
Bravo, bravo, bravo ! Félicitations aux mariés qui traversent l’allée centrale pour clôturer l’acte solennel. Toujours par automatisme, Archie applaudit, offre un sourire ravi à Elsa qui lui montre son alliance en trépidant comme un gamin le jour de Noël. Elle attendait ce jour depuis tellement longtemps. Elle en parlait tout le temps, de son prince charmant. L’actionnaire célibataire a toujours été heureux pour elle parce qu’il souhaite seulement le bonheur à ses proches.
Sauf quand ces proches le trahissent.
Le gâteau est immense. Plusieurs parts ont déjà été détachées de la masse de farine et de sucre, mais Archie hésite quant à la bonne coupure à faire avec la spatule. Il s’y prend plusieurs fois, se mordant le bout de la langue tel le mathématicien qui cherche à trouver la réponse de l’univers. Il forme trois parts égales (le plus possible en tout cas) et s’empare du même nombre d’assiettes en plastique. Il doit ramener la marchandise à Saddie et à son petit-cousin Benji, qui n’a cessé de lui courir autour avec son avion en bois. Avec un peu de chance, il se calmera si Archie lui cloue le bec avec une cuillère remplie de glaçage à l’amande.
Armé jusqu’aux dents (d’assiettes remplies de gâteau), il se retourne vivement et fait face à un obstacle qui arrive un peu trop rapidement. Il n’a pas le temps d’éviter l’obstacle en question - une personne qui sursaute autant que lui - et les trois assiettes rencontrent le sol sans causer trop de fracas. Un juron s’échappe de ses lèvres et il s’abaisse aussitôt pour sauver le plus de dessert possible, mais c’est déjà trop tard. « Putaiiiiin... » Il gémit en ramassant le plus gros du plancher, le grattant avec une fourchette. C’est seulement à cet instant qu’il reconnait les chaussures de Madison, juste plantée devant lui. « Eh bah super. » Il râle. « Je me disais, aussi, que ça allait beaucoup trop bien et que tu allais foutre le bordel d’une manière ou d’une autre. T’as déjà bu trois piscines de champagne ou quoi ? Regarde où tu mets les pieds, merde. »
ÂGE : 27 ans (12 février 1997) SURNOM : On l'appelle souvent Leo. Sur scène, en drag, elle devient Supernova. STATUT : tout juste sortie d'une relation abusive avec son ex-copain, développe des crushs sur environ toutes les filles qui lui sourient. MÉTIER : Elle enchaîne les petits boulots qui lui permettent de continuer ses projets artistiques à côté : les performances drag, la couture, la musique, etc. Étonnamment, de formation, elle est infirmière - c'était pour faire plaisir à ses parents, ça. LOGEMENT : Une petite chambre ultra décorée de babioles et d'affiches, dans une colocation. POSTS : 1070 POINTS : 480
TW IN RP : homophobie internalisée et familiale, drogues, alcool, religion, viol conjugal, relation abusive. GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : infj › cleo la timide à la ville, supernova l'extravagante sur scène › touche-à-tout et ultra créative, son univers artistique est poétique, décalé, absurde et sombre › people-pleaser, angoissée, généreuse › un peu trop fêtarde, elle affirme rattraper des années de conformisme › maquillage coloré, strass et paillettes à gogo › ses tenues extravageantes font se retourner les mamies dans la rue › collectionne les boîtes d'allumettes › passion fait-main, dyi, vintage, kitsch & maximalismeDISPONIBILITÉ RP : Je ne suis pas disponible RPs EN COURS : (08)Phenix 01 › Ciel 01 › Jo 02 › Ollie 02 › Primrose 01 › Shiloh 02 › Albane 01 › Eve 01
PRIMROSE › you were my partner in crime, it was a welcome waste of time, eating cherries on the bridge, feet dangling, throwing the pits and stems into the racing current below, i get vertigo looking down and looking in
OLLIE › out in the park, we watch the sunset, talking on a rusty swing set, after a while you went quiet and i got mean, i'm always pushing you away from me but you come back with gravity, and when i call, you come home, a bird in your teeth
SHILOH › is it cool that I said all that? is it chill that you're in my head? cause I know that it's delicate
ALBANE › but if you get married, i'd object, throw my shoe at the altar and lose your respect, i'd rather lose my dignity than lose you to somebody who won't make you happy
Elle regarde Archie, qui regarde les mariés. Elle observe ses cils qui tremblent, les ombres qu’ils projettent sur ses joues. Elle se demande s’il ressent la même chose qu’elle, quand il observe cette déclaration d’amour publique, sous le regard de Dieu, si le même vide avale ses organes et lui donne cette sensation d’être inadéquate. Il y a quelques semaines, elle lui aurait peut-être demandé, parce que c’est ce qu’elle s’est imaginé quand Archie lui a fait à son tour un coming-out : avoir trouvé un allié, le porteur du même secret, des mêmes peines. Elle s’est trompée. Elle jette un coup d’œil en coin à Oliver, sa veste parfaitement taillée pour ses épaules fines et musclées de danseur, et elle s’imagine être avec lui, devant tous les gens qu’elle connait, en train de dire les mêmes vœux, et ne ressent rien d’autre qu’un profond vertige, une nausée froide – c’est peut-être celle des cocktails qu’elle a enchaîné hier soir avec ses amis, pour s’obliger à oublier sa nervosité à l’idée de revoir son frère.
Maidson n’est pas revenue vers Archie après leur dispute, trop angoissée, trop blessée. Ce n’est pas elle qui donne le ton dans ses relations, celle qui lance les perches, non, alors elle a attendu sagement qu’Archie se calme, évitant les repas de familles en attendant. Elle ne s’attendait même pas à des excuses, elle connaît trop bien son frère. Ce qu’elle s’est imaginée, c’est qu’il ferait comme si de rien était, comme ils ont l’habitude de faire dans leur famille aux apparences sans aspérités, comme elle sait faire avec Oliver, aussi, quand il lui a crié dessus après trop de kétamine à une soirée.
Mais dès qu’elle a mis les pieds au mariage, elle a compris. Le visage d’Archie complètement fermé, son regard fuyant, glacial. Elle a senti un poids tomber dans ses poumons. Quelque chose a donc résolument été cassé.
Madison imbibe son angoisse de quelques coupes de champagne, ses jambes cotonneuses perchées sur des talons se détendent, elle rit aux blagues que fait Olivier à son oncle et sa tante. Elle l’a invité parce qu’il est parfait dans ce genre d’évènements, avenant et séduisant, et qu’il lui sert de bouclier social. De bouclier pour le reste, aussi.
(A quoi bon être out, de toute manière ? La vie de Madison dégringole depuis qu’elle a fait sa confession à Archie. Elle n’a jamais autant bu, ne s’est jamais senti aussi mal, coupable, sale, folle. Et maintenant elle a perdu l’un de ses rares alliés. Il ne lui reste plus qu’à s’accrocher à Oliver.)
La collision est brusque – Madison dans ses pensées, Archie trop pressé. Il jure, « Putaiiiiin... » et ce n’est que quand il la reconnaît qu’il perd définitivement patience : « Eh bah super. Je me disais, aussi, que ça allait beaucoup trop bien et que tu allais foutre le bordel d’une manière ou d’une autre. T’as déjà bu trois piscines de champagne ou quoi ? Regarde où tu mets les pieds, merde. » Madison est écarlate, son cœur en miettes. Elle repense à Archie, il y a à peine quelques mois de ça, et comment il a couvert la maladresse de sa sœur devant ses parents. Elle se sent affreusement seule quand elle constate le changement. « Tu m’es rentré dedans aussi », articule-t-elle d’une petite voix. Heureusement, Oliver arrive à leur hauteur, tout souriant – Madison ne lui a rien raconté de sa dispute avec son frère et il ne semble pas avoir entendu les mots d’Archie. « Ah, du Madison tout craché ! » Dit-il d’un ton de plaisanterie, comme si c’était une blague qu’ils partageaient tous ensemble, et non quelque chose pour lequel Oliver engueulait Madison dès qu’ils étaient seuls. Il se pencha aux côtés d’Archie pour l’aider à nettoyer, rapidement, et proposa d’une voix claironnante « Retournons au buffet en chercher, je voulais une part aussi. Alors, Archie, comment ça va ? Le business se porte bien ? » Ils marchent tous vers le buffet, où ils croisent leurs cousins Caroline et Théodore, les discussions fusent dans tous les sens. Madison se sent complètement gauche, elle ne sait pas quoi faire de ses mains, elle n’ose pas reprendre une coupe de champagne après la remarque d’Archie. « Bon, Archie, pourquoi tu n’as pas invité ta dulcinée pour qu’elle attrape le bouquet ? » Demande Caroline avec une petite voix curieuse et amusée. « Ou tu voulais laisser sa chance à Madi ? » Ajoute-t-elle en jetant un coup d’œil entendu à Oliver qui est trop occupé à discuter avec Théodore pour entendre.
won't make my mama proud, it's gonna cause a scene, she sees her baby girl, I know she's gonna scream, god, what have you done? you're a pink pony girl and you dance at the club, oh mama, I'm just having fun, on the stage in my heels, it's where I belong down at the, Pink Pony Club, Im gonna keep on dancing at the Pink Pony Club
Elle aurait dû seulement s’excuser et s’éclipser. Archie attrape toutes les opportunités compétitives même si parfois ça fait de lui un avocat du diable. Il aime débattre et accuser, c’est ainsi, car à la fin des hostilités il se sent gagnant dans la majorité des cas. Même si ses arguments sont parfois invalides, il peut compter sur sa prestance intimidante pour avoir le dernier mot. « Vas-y, blâme-moi encore. Je suis tellement injuste avec toi, après tout. » Qu’il grogne à ras du sol en ramassant avec sa fourchette en plastique le plus gros du dégât de gâteau. Il ne s’en rend pas compte, de ce qu’il fait. Ses techniques de manipulation sont tellement encrées en lui que ça lui arrive de les utiliser sans le réaliser. Cette fois, il se prend pour la victime pour faire culpabiliser Madison – c'est tellement facile, pour lui, de briser le cœur d’une personne qui lui est aussi chère. Il ne voit pas les ravages qu’il cause tant il souhaite garder la tête haute. C’est son besoin de perfection qui le mènera à sa perte. « Ah, du Madison tout craché ! » Il intercepte le regard d’Olivier qui se joint au duo pour le transformer en trio. Il est tout à fait neutre avec lui. Il ne sourit pas, ne fronce pas les sourcils ; il y a quelque chose dans la formulation de la phrase qui le dérange mais il n’est pas en état pour défendre celle qu’il a attaqué le premier. Encore la fierté qui l’empêchera de faire quoi que ce soit. Dans n’importe quelle autre situation, il aurait défendu sa petite sœur, surtout depuis qu’il sait qu’Oliver n’est pas l’homme de sa vie et ne le sera jamais. Mais aujourd’hui et une mauvaise journée, comme toutes celles qui se sont déroulées depuis sa dispute au centre commercial. « Retournons au buffet en chercher, je voulais une part aussi. Alors, Archie, comment ça va ? Le business se porte bien ? » Ew. Il a envie de lui envoyer le gateau dans le visage, en fait. « Il se porte très bien. » Qu’il ne peut cependant pas s’empêcher de formuler en bombant le torse. « Les rénovations sont presque terminées. » Devant l’air perdu d’Oliver, il précise : « Ça fait plusieurs mois que bosse sur un projet. Je n’en ai pas encore beaucoup parlé. Ça viendra. » Madison n’est toujours pas au courant, d’ailleurs, alors que ce parc aquatique portera le nom de leur sœur ainée partie trop tôt. Lui jetant un regard en biais, il l’examine une ou deux secondes avant de reporter son attention sur l’action : Caroline et Théodore qui croisent leur chemin et les interceptent.
C’est tout naturellement que les conversations s’alimentent. Ils ont des choses à se dire, dans cette famille, et ils ne manquent jamais une occasion de soulever un souvenir partagé, des vidéos ridicules qu’ils faisaient ensemble ou des vacances passées au Spring Gully Stays. « Bon, Archie, pourquoi tu n’as pas invité ta dulcinée pour qu’elle attrape le bouquet ? » Se frottant la barbe d’une main incertaine, il finit par hausser les épaules. Il n’a pas le temps de trouver une excuse bidon pour l’absence de Caitriona que Caroline relance la question, emporte Madison au cœur de la discussion de laquelle elle se délogeait jusqu’à présent. Si l’actionnaire peut parfois être cruel, il ne se permettrait pas de sortir des limites du privé. Son regard embarrassé s’attache à celui de sa cadette et il lui fait comprendre, par la pensée, qu’ils ne se tireront pas les cheveux en public. Il ne la trahira pas, contrairement à elle à son interrogatoire forcé au sujet de Carmine. « Ils seront les premiers à se marier, ça c’est certain. » Mais ça ne l’empêche pas d’enfoncer le clou un peu, lui qui a parfaitement conscience que Madison se trouve exactement dans la même situation que lui. Un faux couple, les apparences avant tout. « Je ne serai pas surpris quand Oliver se mettra à genou devant elle. » Son sourire est faux, mais il n’y a que lui qui le sait. « Qu’est-ce que tu en penses, petite souris ? » Il renchérit en l’interrogeant du regard jusqu’à la bouffer tout cru, histoire de bien l’attaquer avec les projecteurs, de ramollir ses genoux, et, surtout, de lui rappeler qu’elle ne gagnera jamais une bataille contre son frère.
ÂGE : 27 ans (12 février 1997) SURNOM : On l'appelle souvent Leo. Sur scène, en drag, elle devient Supernova. STATUT : tout juste sortie d'une relation abusive avec son ex-copain, développe des crushs sur environ toutes les filles qui lui sourient. MÉTIER : Elle enchaîne les petits boulots qui lui permettent de continuer ses projets artistiques à côté : les performances drag, la couture, la musique, etc. Étonnamment, de formation, elle est infirmière - c'était pour faire plaisir à ses parents, ça. LOGEMENT : Une petite chambre ultra décorée de babioles et d'affiches, dans une colocation. POSTS : 1070 POINTS : 480
TW IN RP : homophobie internalisée et familiale, drogues, alcool, religion, viol conjugal, relation abusive. GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : infj › cleo la timide à la ville, supernova l'extravagante sur scène › touche-à-tout et ultra créative, son univers artistique est poétique, décalé, absurde et sombre › people-pleaser, angoissée, généreuse › un peu trop fêtarde, elle affirme rattraper des années de conformisme › maquillage coloré, strass et paillettes à gogo › ses tenues extravageantes font se retourner les mamies dans la rue › collectionne les boîtes d'allumettes › passion fait-main, dyi, vintage, kitsch & maximalismeDISPONIBILITÉ RP : Je ne suis pas disponible RPs EN COURS : (08)Phenix 01 › Ciel 01 › Jo 02 › Ollie 02 › Primrose 01 › Shiloh 02 › Albane 01 › Eve 01
PRIMROSE › you were my partner in crime, it was a welcome waste of time, eating cherries on the bridge, feet dangling, throwing the pits and stems into the racing current below, i get vertigo looking down and looking in
OLLIE › out in the park, we watch the sunset, talking on a rusty swing set, after a while you went quiet and i got mean, i'm always pushing you away from me but you come back with gravity, and when i call, you come home, a bird in your teeth
SHILOH › is it cool that I said all that? is it chill that you're in my head? cause I know that it's delicate
ALBANE › but if you get married, i'd object, throw my shoe at the altar and lose your respect, i'd rather lose my dignity than lose you to somebody who won't make you happy
Madison lève un sourcil interrogatif en entendant son frère mentionner un nouveau projet. Encore quelque chose qu’il n’a visiblement pas jugé utile de partager avec elle… Elle sent son coeur qui flanche dans sa poitrine. Comment a-t-elle pu être assez stupide pour croire qu’ils avaient réellement une connexion particulière ? Elle n’est donc qu’une vulgaire pièce dans l'échiquier de la vie de son frère ? Ce n’est pas possible, il est probablement la seule personne en qui elle a toujours eu absolument confiance, elle a besoin d’avoir eu raison, besoin que tout ne vole pas en éclat. Mais Archie semble déterminé à lui en vouloir. Elle l’observe marcher avec Olivier, reconnaît dans les deux hommes la même allure des gens qui savent charmer leurs auditoires et se fondre dans n’importe quel cadre social. Quitte à mentir. Oliver, lui, cache sa colère et sa cruauté. Pendant longtemps, Madison a pensé qu’Archie cachait sa vulnérabilité. Maintenant, elle n’est plus sûre.
Caroline discute, enjouée, ses yeux papillonnant entre Archie et Madison, essayant de gratter des informations sur leurs vies amoureuses. C’est le jeu dans leur famille, malgré l’affection qu’ils se portent, chacun s’observe, se juge. Madison a l’habitude d’être déjà un peu en décalage, étant photographe au lieu d’avocate ou médecin. Mais habituellement, Archie lui sert de bouclier… Aujourd’hui, il lui en veut, c’est certain, mais pas au moins de la jeter en patûre devant le reste de la famille, si ? Il jette un regard à Madison, elle ne sait pas exactement comme le lire. Il est à la fois complice, comme s’il lui disait de ne pas s’inquiéter, que les secrets étaient bien gardés, mais il ne portait aucune tendresse.
« Ils seront les premiers à se marier, ça c’est certain. » Madison fixe son frère, complètement dépassée par sa remarque. Elle n’arrive presque pas à croire qu’il ose dire ça, alors qu’Oliver se tient à quelques mètres de là, qu’il sait tout ce qu’elle ressent de contradictoire. Elle pourrait presque en pleurer, mais la surprise laisse bientôt place à une colère froide et lourde dans son estomac. « Je ne serai pas surpris quand Oliver se mettra à genou devant elle. » Madison reprend une coupe de champagne sur le buffet. Les jeux sont lancés. « Qu’est-ce que tu en penses, petite souris ? » Il voudrait qu’elle se taise. Qu’elle disparaisse dans la gêne collante et poisseuse, la honte qu’elle connaît si bien. Elle pourrait avoir de la compassion, parce qu’elle sait qu’Archie ressent la même sensation depuis des années. Mais elle n’arrive pas à passer au-dessus du sentiment de trahison affreux, à l’extrême solitude. Elle s’est déjà disputée avec Archie, ils sont frère et soeur, évidemment qu’ils se sont déjà disputés. Pour une partie de pokémon écrasée par erreur, qui a oublié de cacher la bouteille de vodka à moitié vide de la soirée quand les parents étaient absents et que leur père a retrouvé, qui a triché à la partie de bataille navale. Parfois, Madison lance une pique à son frère quand il se comporte comme un imbécile, et parfois il la cherche un peu quand elle est trop timide. Mais jamais ils n’en sont arrivés là.
Madison ignore la question et se tourne vers Caroline, lançant son plus beau sourire. Il y a quelque chose qu’Archie semble oublier : malgré toute son anxiété sociale, son statue de cousine étrange qui fait de la photographie et ne se fiance pas avec son petit-ami, Madison est aussi habituée à être la petite fille parfaite. C’est ainsi qu’elle a grandi, c’est le rôle qu’elle sait le mieux jouer. Ses parents peuvent lui reprocher d’être timide, rêveuse, mais ses manières de table sont parfaites, elle est la plus polie des trois enfants, la plus sage, la plus facile. Elle ne fait jamais de vagues. Elle sait être la cadette Kwanteen, l’enfant modèle. C’est son meilleur rôle depuis sa naissance - elle ne sait même plus si ce n’est pas qui elle est devenue, finalement. Alors si Archie croit qu’il va pouvoir la réduire au silence ? Comme s’il était le premier à la mettre face aux contradictions de sa relation amoureuse, le premier à l’obliger à mentir en public ? Toute la vie de Madison n’est qu’une série d’apparences bien construites. Elle sait comment les tenir. « C’est vrai que je suis avec Oliver depuis plus longtemps qu’Archie et Caitriona, mais on est plus jeunes aussi. Et nos deux carrières sont très prenantes, je t’avoue qu’un mariage n’est pas trop à l’ordre du jour pour l'instant. » Elle remet sur la table le boulot d’Oliver, qui est un danseur reconnu pour la compagnie de ballet de Brisbane. Il a été plusieurs fois en Europe pour son travail, il a une certaine notoriété dans le milieu, ce qui fait toujours bon genre dans les repas familiaux. Elle lance un regard à Archie, lui sourit, puis reporte son attention sur Caroline : « Mais j’ai hâte qu’Archie se lance avec Caitriona. On dirait presqu’il a du mal à s’engager, non ? » Dit-elle avec un rire qui prétend que la phrase est une plaisanterie. « J’ai hâte de leur mariage. J’espère qu’il me laissera faire un discours. Archie m’a appris beaucoup de choses sur les relations », ajoute-elle avec un regard entendu à sa cousine, retenant l’acide dans ses mots, les rendant aussi légers que les bulles de champagne.
won't make my mama proud, it's gonna cause a scene, she sees her baby girl, I know she's gonna scream, god, what have you done? you're a pink pony girl and you dance at the club, oh mama, I'm just having fun, on the stage in my heels, it's where I belong down at the, Pink Pony Club, Im gonna keep on dancing at the Pink Pony Club
L’acteur peut prétendre, jouer un rôle, se perdre au travers un personnage, ne plus pouvoir s’en sortir une fois qu’il s’est trop engagé. De temps en temps, il réalise qu’il s’est perdu, mais il est toujours trop tard. Pourquoi abandonner au milieu du film lorsque la fin de son scénario se pointe au bout de l’horizon ? Archie ne peut pas jeter l’éponge au cœur du climax, quand les deux camps qui s’opposent lèvent enfin le ton pour délivrer la douce conclusion. Elle ne sera pas belle, celle-là. Les happy ending, ce sera pour un autre jour – quand l’acteur aura perdu ses cordes vocales à travers toutes celles qu’il a empruntées pour faire fleurir sa carrière.
Sa cousine est heureuse. Son nouveau mari aussi. Étonnamment, Esmee et Charles aussi sont de bonne humeur même si ce ne sont pas leurs enfants qui ont échangé des vœux de mariage. Ils se plaisent à imaginer quand ce jour-là viendra, et ils échangent des sourires entendus avec Archie, avec Madison, avec Saddie aussi, à chaque fois que la piste musicale change ou que le sujet de discussion ralentit avant de tomber dans un trou. C’est difficile, d’acter dans ces circonstances. Heureusement que le frère collectionne les Oscars dans ses fantaisies les plus absurdes et destructrices. Il peut faire semblant. Il peut apprivoiser cette petite flamme de reproches qui brûle de mile feux dans son ventre, et tout vomir sur sa compétition qui entre dans la partie armée des mêmes outils que lui. Ils sont chacun le reflet de l’autre. Les mêmes prunelles, attributs, manières, rêves et cauchemars. Alors ils se battent à coup de jolies paroles dégoulinantes de fleurs noires, tandis qu’Archie évoque l’idée qu’Oliver demande enfin la main de Madison alors qu’il est le seul à savoir que les sentiments entre eux sont faux comme ceux qu’il improvise en compagnie de Caitriona. Ils devraient faire partie du même camp et pourtant ils ont réussi à faire ce que les frères et les sœurs font de mieux : se marcher sur les pieds et se balancer des coussins dans la gueule, jusqu’à ce qu’un se casse une dent et l’autre parte chercher maman en pleurant. « C’est vrai que je suis avec Oliver depuis plus longtemps qu’Archie et Caitriona, mais on est plus jeunes aussi. Et nos deux carrières sont très prenantes, je t’avoue qu’un mariage n’est pas trop à l’ordre du jour pour l'instant. » Haussant un sourcil, il l’observe dérouler sa stratégie. Ce sera bientôt à son tour de faire avancer un pion sur le plateau de jeu, mais le doute l’enveloppe : il n’arrive pas à prévoir son prochain coup, et ses palettes supérieures sont enfoncées dans sa lèvre, qu’il gruge avec agacement. Quand Madison lui tend un sourire, il le lui rend avec délicatesse et fausse complicité. « Mais j’ai hâte qu’Archie se lance avec Caitriona. On dirait presqu’il a du mal à s’engager, non ? » Dents serrées, il esquisse une réprimande derrière un rictus crispé. Caroline semble avoir capté une mauvaise onde dans l’air. Son sourire n’est plus aussi certain, et elle balaie la fratrie du regard, à droite, à gauche, l’un puis l’autre, avec une gêne notable. Elle n’ose pas couper la parole à quiconque alors elle boit une gorgée de son verre. Ses cheveux magnifiquement coiffés en boucles souples lui cachent un peu le visage, et elle en profite. « J’ai hâte de leur mariage. J’espère qu’il me laissera faire un discours. Archie m’a appris beaucoup de choses sur les relations » « Des carrières prenantes, hein. » Il répète d’un murmure, sans la lâcher du regard. Se balader durant les événements pour prendre des photos ici et là, c’est une carrière prenante, selon elle ? Avec l’appareil photo qu’il lui a acheté, d’ailleurs, et cette licence photoshop automatiquement renouvelée tous les ans dans son compte en banque, cadeau pour son dix-septième anniversaire. « Ce métier que tu n’aurais jamais pu choisir si je n’étais pas derrière toi pour te pousser. » Il ne parlera pas de son argent. Ce serait indécent. Sa fortune, il s’en vante à ceux qui ne la connaissent pas. Ici, c’est une information criarde. Archie, le fiston prodige qui avait su suivre les pas de son père et dont le nom affichait certainement dans la courte liste des millionnaires à l’entrée de la vingtaine. Ce mariage est à l’image de cette famille aisée. Le chef traiteur sera bien payé, le décor brille de luxure. Sentant la tension naissance, Caroline préfère faire marche arrière et rejoindre son mari. Archie et Madison seuls encore, alors ? C’est problématique.
« Comment veux-tu que ça se termine ? » Il demande, jouant la carte du généreux tyran. « Tu veux continuer sur cette voie-là ? » Il bascule la tête sur le côté. « Ça me ferait plaisir de discuter un peu avec Oliver. De le mettre à jour sur la situation. Comment crois-tu qu’il réagirait ? » Caitriona ne pourra jamais se retrouver victime de leurs querelles. Il n’y a qu’une tête dans la bande dont le cœur pourrait craqueler. Archie ne s’empêcherait pas de le poignarder s’il gagne la guerre en le faisant. La victoire avant tout le reste. « Naaaaah, j’en ai marre. Ça se termine ce soir. » Il lance aussitôt, interrompant Madison avant même qu’elle ne puisse répondre. Ses yeux sont fixés sur la silhouette d’Olivier qui lui fait dos à une dizaine de mètres d’ici et il s’élance en sa direction.
ÂGE : 27 ans (12 février 1997) SURNOM : On l'appelle souvent Leo. Sur scène, en drag, elle devient Supernova. STATUT : tout juste sortie d'une relation abusive avec son ex-copain, développe des crushs sur environ toutes les filles qui lui sourient. MÉTIER : Elle enchaîne les petits boulots qui lui permettent de continuer ses projets artistiques à côté : les performances drag, la couture, la musique, etc. Étonnamment, de formation, elle est infirmière - c'était pour faire plaisir à ses parents, ça. LOGEMENT : Une petite chambre ultra décorée de babioles et d'affiches, dans une colocation. POSTS : 1070 POINTS : 480
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Les sourires sont collants d'un miel sucré mais rance, les regards sont lourds de sens, les cils battent, ils dansent autour de leur cousine qui est prise dans une arène dont elle ignore les règles. Archie ne peut pas tout faire imploser en public, c'est la seule certitude de Madison. Il se comporte ainsi simplement pour enfoncer sa sœur discrètement, prouver qu'il a toujours l'ascendant, pas vrai ? Madison regarde le visage de son frère, ses traits. Quelque chose de glacial émane de sa peau. Se pourrait-il qu'il cherche à l'humilier ? Pourrait-il frapper si bas ?
Ce n'est pas ainsi qu'elle le connait, il n'est pas aussi cruel, ce n'est pas possible. Mais devant elle se tient une personne qu'elle ne reconnaît pas, l'ombre de son frère, une machine aux rouages acides. Jusqu'où compte-t-il aller ?
Trop loin, apparemment. Le coup suivant brûle l'estomac de Madison. « Des carrières prenantes, hein. » Non... Non, se dit Madison silencieusement, désespérée. Il n'irait pas sur ce terrain, pas après qu'il ai été le seul à vraiment la soutenir alors qu'elle a tant douté. Ses propres parents n'approuvent pas son métier, ne voit pas la sensibilité qu'elle met derrière les clichés, son rêve d'être une vraie artiste, et combien elle le caresse quand elle est exposée dans une galerie ou mise en avant dans un magazine de photographie. « Ce métier que tu n’aurais jamais pu choisir si je n’étais pas derrière toi pour te pousser. » C'est affreux parce que c'est vrai, parce qu'Archie l'attaque là où il sait qu'il blessera. Madison doit ravaler ses larmes et les étouffer avec de la colère pour ne pas éclater comme une bulle de savon devant une telle violence. Elle est obligée de jouer le même jeu que son frère. « C'est vrai, mais tu t'es inspiré de la façon dont Papa t'a soutenu non ? Je veux dire, sans son aide pour démarrer, tu n'aurais jamais pu investir nulle part. Mais c'est bien, ça te laisse du temps pour me soutenir maintenant que tu te contentes de te faire de l'argent sur le dos des gens qui bossent, non ? » Elle lui adresse un sourire étriqué. Il croit qu'il peut commenter sa carrière, lui qui est un vulgaire actionnaire dont l'argent fructifie sans qu'il n'ai à rien faire ?
La guerre est déclarée, trop violente, et les masques commencent à tomber. Caroline s'éclipse avec un sourire gêné de celle qui va raconter toute la dispute à ses frères et ses sœurs en rentrant, pour le plaisir des ragots familiaux. Pourvu que ça ne retombe pas dans les oreilles des parents Kwanteen, qui seraient outrés à l'idée que leurs enfants se comportent ainsi en public. Mais Archie n'est pas décidé à se calmer visiblement.
« Comment veux-tu que ça se termine ? Tu veux continuer sur cette voie-là ? » Il la menace, joue avec ses nerfs comme un prédateur avec sa proie. Il aime ça, se dit Madison. Est-ce que tout ce qu'elle pensait être beau et touchant chez son frère n'était qu'un mirage, une projection ? Non, ce n'est pas possible...
« Ça me ferait plaisir de discuter un peu avec Oliver. De le mettre à jour sur la situation. Comment crois-tu qu’il réagirait ? »
... C'est possible. La cruauté du piège se referme sur Madison.
« Naaaaah, j’en ai marre. Ça se termine ce soir. »
Pourtant si discrète, Madison réagit cette fois-ci instinctivement et s'élance derrière Archie, arrive à sa hauteur et attrape son bras violent, le poussant hors du chemin sur lequel il s'est lancé. Dans le mouvement brusque, elle le pousse accidentellement contre le buffet, et une assiette de petits fours tombe, les regards se tournent vers eux, mais Madison s'en fiche. Elle tire son frère plus loin, légèrement à l'écart, ignorant ses joues rouges, les larmes qui menacent. Les murmures les suivent, des courants d'air électriques tout autour d'eux. « Tu veux ruiner ma vie parce que j'ai osé m'intéresser à toi et que tu l'as pris comme un affront ? Vas-y Archie, vas-y », elle siffle à voix basse entre ses dents serrés. Elle n'a presque plus peur de la menace, pour la simple et bonne raison qu'en cet instant, le champagne délie sa langue, et qu'elle a surtout l'affreuse impression d'avoir déjà tout perdu, tout ce qui comptait. « Tu veux aller dire aux parents la vérité sur moi, tant qu'on y est ? Tu veux t'arrêter où ? T'inquiète pas, tu as déjà gagné Archie, je ne t'approcherais plus, j'ai appris la leçon. Elle sent que sa voix tremble et qu'elle va pleurer. Mais elle n'est pas comme son frère, elle ne peut pas faire semblant d'être méchante si longtemps. « Vas-y, ruine tout. Je ne me vengerais pas, je ne suis pas comme toi, je suis pas cruelle. Je te laisserais juste vivre avec le fait que tu as ruiné ma vie, et que tu as perdu au passage la seule personne de ton entourage qui voyait le meilleur en toi. Ça te paraît un bon deal ? C'est toi le business man après tout », elle renifle, quelques larmes le long de ses joues, parce que la colère n'écrase pas l'énorme masse de tristesse qui explose tout sur son passage.
@Archie Kwanteen c'est trop aaaah (trop étant les conséquences de nos choix de rpgistes... ooPS)
every night's another reason why I left it all
won't make my mama proud, it's gonna cause a scene, she sees her baby girl, I know she's gonna scream, god, what have you done? you're a pink pony girl and you dance at the club, oh mama, I'm just having fun, on the stage in my heels, it's where I belong down at the, Pink Pony Club, Im gonna keep on dancing at the Pink Pony Club
Bien sûr qu’Archie n’a pas envie de faire de cette histoire une affaire publique. Il préfère mener de petites batailles à l’abris des regards, au cas où des témoins pourraient apercevoir ses coups bas et son hypocrisie, parce qu’il n’y a personne de mieux placé pour le déchiffrer que ceux qui ont un point de vue extérieur sur la guerre. Madison est bien trop émotive pour que la légitimité de ses propos soit acceptée par le public (l’une des malédictions des femmes, d’ailleurs, catégorisées comme trop instables pour penser correctement). Archie l’est tout autant et est incapable de faire la part des choses mais il a l’avantage de se faire considérer comme un élément plus sensé et digne de confiance. Chez les kwanteen et leur mentalité passée date, Archie sortira toujours vainqueur, qu’il ait été le plus dégoutant ou pas. Son père lui donnera raison sans même savoir ce qui les fait s’enflammer, le frère et la sœur. Ce sont deux atomes qui vibrent si fort qu’ils menacent d’entrer en contact et d’exploser. Une fois que ce sera fait, le retour en arrière sera impossible. Ils se rapprochent, doucement, dangereusement, à chaque répartie que formule l’un ou l’autre avec de l’amertume dans la voix. « C'est vrai, mais tu t'es inspiré de la façon dont Papa t'a soutenu non ? […] ça te laisse du temps pour me soutenir maintenant que tu te contentes de te faire de l'argent sur le dos des gens qui bossent, non ? » Son sourire s’endurcit davantage alors qu’il passe sa main dans sa barbe pour camoufler le trop plein de colère qui se dépeint sur ses traits. Heureusement, Caroline décide de lever le camp à cet instant, et Archie n’a pas besoin de justifier son travail ainsi que les efforts qu’il a fournis pour en arriver là. Certes, Charles l’a toujours aidé, mais il était premier de sa classe toute sa vie et ce n’est pas son père qui a fait ses examens à sa place. Archie est simplement bon élève ; et ça aura payé à la fin, quand il aura appris à copier ce que les grands esprits font. Il ne pense pas que les efforts de Madison sont moindres, pas du tout. Elle est passionnée et elle a les yeux d’un artiste (lui ne peut même pas nommer les couleurs complémentaires, lui). Mais, en cet instant où la mer gronde, c’est impossible pour le garçon de considérer les qualités de la cadette, qu’il voit désormais derrière un voile noir et orageux.
Il veut que ça s’arrête. Il n’en peut plus de déranger les festivités et d’attirer les regards. Même s’ils se murmurent dessus comme des chiens grognant, le mot est passé entre les invités du mariage. Archie et Madison collectionnent désormais les coups d’œil curieux et les décibels dans la grande salle ont diminué. C’est l’heure de soulever la dernière menace ; Oliver. Un élément dangereux qui pourrait trop facilement se retourner contre Madison s’il apprenait à quoi il lui sert. Mais il n’a aucune idée des dégâts que cette trahison pourrait lui causer. Le copain de sa sœur s’est toujours bien tenu, et jamais Archie ne se douterait que les choses se corsent entre les quatre murs de leur logement. Alors, c’est avec fermeté qu’il se dirige vers Oliver, sûr de lui tel le taureau qui charge le rouge, mais son mouvement est interrompu par une prise puissante autour de son poignet – wow, elle n’a pourtant jamais fait de boxe avec lui. Le vacarme a pour effet de calmer pour de bon la foule ; les petits fours s’étendent au sol. Une grande perte puisqu’il s’agit de plats préparés par un chef étoilé. C’est sûrement ce à quoi tout le monde pense quand Madison traîne Archie, qui s’est pétrifié de surprise, en dehors de la salle.
« Tu veux ruiner ma vie parce que j'ai osé m'intéresser à toi et que tu l'as pris comme un affront ? Vas-y Archie, vas-y » Il n’ose pas l’interrompre parce que ce n’est pas seulement de la tristesse qu’il lit dans ses iris bleues, c’est aussi une colère qui est rarement de sortie. À cet instant, leur dispute ne semble plus avoir aucun sens. Il oublie presque ce qu’il s’apprêtait à faire, comme si jamais il n’aurait pu y penser autrement. Briser sa sœur ?! Mais qu’est-ce qu’il fout ?! La dernière chose que Lola lui a dit avant de partir, c’était de prendre soin de Madison et Saddie. Il devait toujours les faire passer avant lui et voilà que l’égo le faisait dérayer de cette promesse. « Tu veux aller dire aux parents la vérité sur moi, tant qu'on y est ? Tu veux t'arrêter où ? T'inquiète pas, tu as déjà gagné Archie, je ne t'approcherais plus, j'ai appris la leçon. » Son cœur se serre mais il n’arrive pas à baisser de sitôt sa garde. Son visage reste ferme de colère parce qu’il refuse de la laisser voir les fractures que cause cet ultime dérapage. Sa conscience lui crie de lâcher les armes, mais sa carapace, parfois plus forte que la première, insiste. Il ne reste plus qu’à savoir si son amour pour Madison est plus forte que la cotte de mailles dans laquelle il s’est enroulé pour foncer dans le tas. Le dernier coup porté est fatal ; Archie se recule et détourne les yeux pour observer les alentours, cherchant une issue de secours pour fuir autant lui-même que sa sœur. « […] Ça te paraît un bon deal ? C'est toi le business man après tout » Cet ultimatum n’apportera rien de bon. Sa cravate l’étrangle. Il n’arrive plus à réfléchir. Sa salive qu’il avale a la texture du sable. Il va… Il va vomir, non ? Oui… Non… Vaut mieux pas tester le destin.
C’est enfin dehors qu’il se pose contre la façade en béton de l’Église et il salie l’herbe sacrée qui la borde. Avant de laisser quiconque l’apercevoir dans cet état dévasté, il retrouve sa voiture et s’y engouffre pour mieux s’effacer de la scène qui a pris des allures de film d’horreur.