Depuis le balcon à l’étage de la maison de Cody, dans laquelle la brunette a posé ses valises il y a quelques heures seulement, Mila observe les alentours. Le quartier semble calme, un milieu familial dans lequel on semble ne trouver que des jolies petites maisons. Ce n’est pas le quartier luxueux de Bayside avec ses villas gigantesques, ni le centre-ville agité avec ses lofts démesurés. Ici, l’opulence manquera à Mila, sans aucun doute, et la richesse des frères Walker chez qui elle a vécu. Mais ce sera sans aucun doute mieux que son studio miteux à Fortitude Valley. L’italienne prend une grande inspiration, déplore de ne pas sentir d’ici l’air marin et, malgré l’éloignement de la plage, se promet de s’y rendre toujours régulièrement. Un sourire éclaire le visage de Mila alors qu’elle observe Shadow, le chien de Cody, qui joue dans le jardin. Après des heures à déballer ses affaires, la faim commence à se faire ressentir et la jeune femme rejoint le rez-de-chaussée. Elle y retrouve le propriétaire des lieux dans la cuisine, en train de préparer le dîner. Poussant sur ses bras, la jeune femme se hisse sur le plan de travail et s’y assied, piquant au passage un morceau de carottes que Cody a récemment coupé.

« Je t’ai dit que j’étais végétarienne ? »

Elle adresse au boxeur un sourire angélique tout en croquant dans le bout de carottes. Elle ne se demande même pas s’il est en train de cuisiner pour eux deux, ou simplement pour lui. Et elle est loin de proposer d’aider à préparer le repas. Ce n’est pas réellement dans ses habitudes, et elle se contente d’observer, du moins pour l’instant.

« Tu vois les choses comment d’ailleurs ? Chacun vit sa vie, ou on mange ensemble et on regarde Netflix ensemble quand on peut ? »

Ils n’avaient pas vraiment fait le point quand il lui avait fait visiter la maison, et elle était curieuse de savoir ce qu’il attendait de cette colocation : que chacun demeure totalement indépendant, ou qu’ils passent du temps ensemble ?

« J’ai presque fini de vider mes valises. »

Elle n’avait que ça, trois valises, emplies majoritairement de vêtements, chaussures et produits de beauté. Aucun meuble, et elle était donc bien contente d’avoir trouvé une location meublée pour un tarif raisonnable.

« Merci d’avoir accepté que je m’installe chez toi. »

Elle hésite un moment, se mordillant la lèvre inférieure. Elle semble mal à l’aise, soudain. En réalité, si elle a fini par déménager, c’est parce qu’elle ne supportait plus son logement minuscule. Elle voyait l’humidité grignoter le plafond dans la toute petite salle-de-bains. Elle n’avait pas assez de place pour sortir tous ses vêtements de ses valises. Elle désespérait tellement de rentrer dans cet appartement qu’elle cumulait les heures supplémentaires au bureau ou traînait dans les bars autour de chez elle, pour gagner un peu de temps. Et pourtant, elle était tellement criblée de dettes qu’elle pouvait difficilement s’offrir mieux. L’offre de Cody avait été un espoir pour elle. Il vivait seul depuis longtemps, et n’avait peut-être pas réellement besoin de l’argent du loyer. Peut-être voulait-il surtout tromper la solitude et, pour cela, elle était douée. Ca valait au moins le coup d’essayer, alors elle finit par se lancer.

« Hum … Cody ? Je risque d’avoir du mal à payer le loyer certains mois, mais on peut peut-être … s’arranger autrement ? »

A ces mots, elle se penche vers le Shephard afin de lui offrir une vue dégagée sur son décolleté. Elle laisse ensuite ses doigts remonter lentement le long du bras du boxeur, plongeant son regard bleuté dans le sien. Elle est prête à donner de sa personne pour pouvoir rester ici, et ce n’est pas aux corvées ménagères qu’elle pense. D’ailleurs, sa chambre était stratégiquement placée en face de celle de Cody -et du balcon, bien évidemment-, et elle n’avait que quelques pas à faire pour se glisser entre ses draps.

:: toowong :: logements

Quand Cody avait posté l’annonce, il n’avait pas vraiment imaginé l’après, le moment où de véritables personnes allaient venir s’installer chez lui et envahir cet espace resté silencieux pendant longtemps - même lorsque sa sœur était là, l’endroit était silencieux. Il ne regrette pas, là n’est pas le mot mais il faut dire que ça lui fait tout simplement… bizarre. Il entend des bruits à l’étage, de valise, de pas et même si Shadow est tout à fait en capacité de faire du boucan à lui tout seul, Cody réalise bien que tout a changé. Il lui faudra un certain temps pour s’habituer, c’est certain, mais il reste convaincu qu’ouvrir la maison à une colocation était la meilleure des idées et des solutions pour pallier la solitude, ça et les multiples sorties qu’il fait désormais, dans l’unique but de faire taire sa tête trop souvent polluée de pensées intrusives.

Comme tous les soirs - ou presque -, Cody est dans la cuisine en train de préparer à manger ; il n’a jamais été un grand cuisinier mais se débrouille plutôt pas mal, aussi pour ce soir, il prépare quelques légumes, quelques pommes de terre avec du poisson. Perdu dans ses pensées, il n’entend presque pas la nouvelle arrivante débarquer dans le salon, mais il la voit rapidement du coin de l'œil alors qu’elle semble prendre ses aises plus vite que n’importe qui - que Cody en tous cas. « Je t’ai dit que j’étais végétarienne ? » Il lâche son repas des yeux pour les lever vers elle, qui se trouve juste à côté en train de manger un bout de carotte qu’il vient soigneusement de découper. « Non je ne savais pas désolé, j’ai fait du poisson. » Il regarde de nouveau son plat et la culpabilité le gagne, il aurait dû poser la question, on ne se lance pas dans la préparation d’un repas sans connaître un minimum de détails sur les habitudes alimentaires de l’autre personne. « Qu’est-ce que je peux te faire à la place ? » qu’il demande alors, presque paniqué, refusant d’être un mauvais colocataire le premier soir. Il n’a pas été en colocation depuis des années, lorsqu’il partageait un appartement avec Caelan et sa femme, avant de revenir vivre ici, avant que tout ne change pour lui. « Tu vois les choses comment d’ailleurs ? Chacun vit sa vie, ou on mange ensemble et on regarde Netflix ensemble quand on peut ? » En voilà une bonne question ; il faut dire qu’il n’a pas réfléchi plus loin que le simple fait de vouloir avancer un peu. Les chambres ressemblaient plus à des musées qu’à des chambres et le silence devenait bien trop pesant pour le jeune homme, il n’a pas réfléchi plus loin mais l’idée de vivre comme il vivait avec Adèle après la mort de leur frère - sans se parler, évitant de se croiser - ne lui convient pas le moins du monde, aussi il lui répond assez rapidement. « On est pas obligés de tout faire ensemble mais je suis pas fan du chacun pour soi. On vit ensemble alors autant passer des moments. Tu cuisines ? » qu’il lui demande alors, prêt à établir un calendrier des fourneaux.

Il reporte son attention sur le repas sous ses yeux, continuant d’éplucher les légumes et de les couper en dés. « J’ai presque fini de vider mes valises. » Hochement de tête de la part de Cody. « Merci d’avoir accepté que je m’installe chez toi. » Levant de nouveau les yeux vers elle, il lui sourit. « Avec plaisir, j’espère que la chambre te plaît ? Tu peux la repeindre et faire ce que tu veux niveau déco. » C’était la chambre d’Adèle qui n’a pas été refaite depuis l’adolescence de la jeune femme, aussi elle n’est peut-être plus tout à fait au goût du jour. Cody ne remarque pas l’atmosphère qui change, la jeune femme qui se tait d’un coup, bien trop préoccupé à sa cuisine et n’ayant pas encore pu apprivoiser Mila qu’il ne connaît que très peu - pas du tout même. « Hum … Cody ? Je risque d’avoir du mal à payer le loyer certains mois, mais on peut peut-être … s’arranger autrement ? » Il n’y voit pas d’inconvénient immédiat, et le fait savoir. « Pas de prob- » Il est coupé dans son élan quand il sent la main de Mila sur son bras. Il tourne rapidement la tête vers elle et ferme les yeux quand il remarque qu’il a une vue plongeante sur… sa poitrine. D’un pas, il se recule les yeux toujours fermés et manque d’en faire tomber sa planche à découper. La surprise peut se lire sur tout son visage ; il s’attendait à tout sauf à ça. Un rire nerveux s’échappe de ses lèvres. « Désolé, heu… pas de soucis. Tu pourras aider avec le ménage ou on trouvera autre chose à faire. Dans la maison je veux dire. » Le rouge lui monte aux joues alors qu’il n’ose refuser catégoriquement, de peur d’être complètement dans le faux - c’était pourtant très clair -, ne souhaitant ni l’embarrasser elle ni s’embarrasser lui, il préfère faire mine de rien. Prenant sa planche à découper, il s’installe sur le plan de travail, un peu plus loin de la jeune femme - elle ne peut plus l’atteindre d’ici. « Tu as dit que tu bossais dans quoi ? » qu’il demande pour changer rapidement de conversation - et oublier ce qui vient de se produire.

@Mila Salvatori

Défaire ses bagages n’a pas pris trop longtemps à la brunette qui n’avait que trois grosses valises. Rapidement, elle a rempli les armoires de sa chambre et a envahi les placards de la salle-de-bains de nombreux produits de beauté. Elle a plus de place, ici, et déjà, elle se sent mieux. Elle n’est plus à l’étroit comme à Fortitude Valley. L’odeur de la moisissure n’imprègne plus ses narines. Et un bel homme cuisine actuellement le dîner, à en juger par les effluves qui parviennent jusqu’à l’étage. L’italienne descend les escaliers et rejoint Cody dans la cuisine, s’installant sur le plan de travail, bien décidée à faire la conversation, mais peu encline à participer aux différentes tâches. Mila est nettement plus égoïste qu’altruiste, et même si elle se promet de tenter de faire des efforts pour ne pas que Cody la mette à la porte, elle n’est pas sûre de tenir longtemps. Une chose est déjà certaine : ce n’est pas ce soir qu’elle débutera et participera à la préparation du dîner. Un sourire amusé sur les lèvres, elle fait remarquer au propriétaire des lieux qu’elle est végétarienne, et son sourire ne fait que s’agrandir quand elle sent son malaise et sa culpabilité.

« Non je ne savais pas désolé, j’ai fait du poisson. Qu’est-ce que je peux te faire à la place ? »

Il semble sincèrement gentil et aimable, et sa proposition ne fait que renforcer le sentiment qui habite Mila depuis qu’elle a posé ses affaires ici : elle sera bien, dans cette maison. Elle veillera même à ne pas manger Cody tout cru, alors qu’elle l’observe avec compassion s’arracher les cheveux pour être un parfait hôte.

« Je mangerai les légumes, ce sera parfait. »

Elle n’est pas cruelle au point de solliciter de la part du boxeur qu’il recommence à préparer un nouveau dîner, et elle a l’habitude de s’adapter. Elle en profite pour l’interroger sur la manière dont il voit les choses et sur l’organisation de la colocation.

« On est pas obligés de tout faire ensemble mais je suis pas fan du chacun pour soi. On vit ensemble alors autant passer des moments. Tu cuisines ? »

Elle hoche la tête à la première partie de cette proposition : elle n’est pas la meilleure colocataire, loin de là, mais elle apprécie la compagnie. Elle hésite cependant un instant à répondre à la question du Shephard, sentant venir le partage de tâches. Elle esquisse une petite moue mais finit par concéder.

« Je cuisine, en effet. Mais je ne cuisine ni viande ni poisson. »

Elle était créative, cependant, et adaptait de nombreux plats à son statut de végétarienne. La brunette remercie ensuite Cody pour son accueil.

« Avec plaisir, j’espère que la chambre te plaît ? Tu peux la repeindre et faire ce que tu veux niveau déco. »

Elle lui sourit.

« C’est parfait, merci ! »

Elle changera sans doute deux ou trois choses, mais savoure déjà la possibilité d’avoir de la place et des armoires partout. Et elle profite du sujet pour satisfaire sa curiosité.

« Ca fait longtemps que la chambre est inoccupée ? »

Autrement dit, ça fait longtemps qu’il vit seul ? A-t-il été marié ? A-t-il eu des colocataires ? A-t-il toujours vécu ici ? Elle aimerait tout savoir, mais va modérer ses interrogations. Surtout qu’elle a quelque chose de plus important à lui demander : une ristourne sur le loyer, qu’elle aura du mal à payer en totalité. Elle se sert de ses charmes, comme a l’habitude de le faire, et voit la surprise et la gêne envahir Cody, qui s’éloigne prestement.

« Pas de prob- […] Désolée, heu … pas de soucis. Tu pourras aider avec le ménage ou on trouvera autre chose à faire. Dans la maison je veux dire. »

Mila ne peut réprimer le sourire amusé qui éclaire tout son visage. Elle se délecte de l’embarras de son hôte, sans aucun doute, mais ne peut s’empêcher de pousser le bouchon un peu plus loin. Alors elle hoche la tête et se contente de répondre.

« On trouvera bien autre chose à faire, en effet. Dans la maison, évidemment. »

Elle le taquine, elle le sait, joue avec lui, alors que ses yeux bleutés brillent avec malice. Cody, quant à lui, semble toujours gêné, et le voilà qui s’installe plus loin pour poursuivre la préparation du repas et tente de changer de sujet.

« Tu as dit que tu bossais dans quoi ? »

Elle lui sourit avec indulgence en sautant du plan de travail.

« Je suis assistante de direction dans une grosse boîte. Et toi ? »

Se promenant dans la cuisine, elle frôle Cody, sachant pertinemment qu’elle exagère. Néanmoins, la situation est trop drôle pour qu’elle puisse s’arrêter en si bon chemin.

« Où est-ce que tu ranges les assiettes ? »

Elle prétexte vouloir mettre la table pour déambuler autour du Shephard. Promis, elle ne l’embêtera pas trop longtemps, n’ayant pas envie de se retrouver à la rue.

Quelques minutes à peine qu’il est le colocataire de quelqu’un et déjà, il se loupe royalement avec le dîner de ce soir ; Cody risque de se le reprocher pour un moment, et surtout d’apprendre de ses erreurs et de faire attention à préparer des plats végétariens - il va vite apprendre, il en est certain. Il est prêt à tout recommencer, il sait qu’il a de quoi dans le réfrigérateur et qu’en quelques minutes, il peut arrêter son plat et concocter tout à fait autre chose qui conviendrait à la jeune femme ; il s’y prépare. « Je mangerai les légumes, ce sera parfait. » Visiblement, ça ne sera pas nécessaire et Cody ne peut que s’en sentir soulagé ; il ne se voyait pas vraiment tout recommencer alors que son ventre commence à lui crier famine, mais il l’aurait fait, ne serait-ce que pour être un bon colocataire en cette première semaine, lui qu’il n’a jamais ouvert les portes de sa maison à des inconnus jusqu’à aujourd’hui. « Je ferai attention la prochaine fois, promis. » qu’il assure alors comme pour sceller le pacte, réfléchissant déjà à faire un tour sur internet pour trouver quelques recettes qui pourront convenir à tout le monde ; il veut qu’elle se sente ici à sa place. C’est la raison pour laquelle il s’assure qu’elle soit bien installée et lui propose de faire les aménagements nécessaires. Après tout, c’est sa chambre maintenant et même si celle-ci n’a pas été modifiée depuis belle lurette et que ça lui fera bizarre que des travaux soient entrepris, il estime qu’elle doit pouvoir en faire ce qu’elle veut, pour qu’elle puisse s’y sentir au mieux, c’est son antre juste à elle. « Ca fait longtemps que la chambre est inoccupée ? » La mémoire lui fait défaut, sûrement qu’il a préféré oublier ces moments. Quand Adèle est revenue, la cohabitation s’est faite dans un silence de plomb, Cody préférant être partout sauf ici ; il n’a donc pas vraiment été surpris lorsqu’elle est partie pour rejoindre une colocation, mais il en a été blessé. Leurs relations ne sont pas au beau fixe en ce moment et ouvrir la maison à la colocation aujourd’hui ne peut que lui rappeler cette triste vérité. « Un an je dirais ? » La réponse sort de sa bouche comme une question.  « Environ, ma soeur y a vécu quelques mois mais elle était déjà inhabitée avant. La déco n’a pas été refaite depuis son adolescence y’a une dizaine d'années quand elle m’a réclamé une chambre de grande. » Il rigole rien que d’y penser, se souvenant d’avoir dû faire le tour des magasins tendances pour trouver tout ce qui pourrait convenir à la Adèle de 16 ans de l’époque. Au vu de la situation, et même si l’argent ne coulait pas à flot, Cody a cédé et lui a permis d’avoir la chambre qu’elle désirait ; forcément aujourd’hui, celle-ci n’est sûrement pas au goût de Mila.

Perdu dans ses pensées et dans cette discussion, il est surpris par la tournure de la discussion et des événements et tente au mieux de s’en échapper. Cody n’est pas le genre d’homme qui tire avantage des situations délicates de jeunes femmes comme Mila ; aussi, hors de question pour lui de répondre à ses avances, il n’est de toute façon pas vraiment intéressé, son coeur battant férocement pour la même personne depuis tant d’années. « On trouvera bien autre chose à faire, en effet. Dans la maison, évidemment. » Ne relevant pas les yeux vers elle, il se contente de répondre rapidement, comme pour balayer la conversation. « Oui, oui. » Les yeux rivés sur sa préparation, il aimerait qu’un trou vienne l’engloutir tout cru pour qu’il puisse disparaître de cet échange auquel il ne s’attendait pas le moins du monde. Il tente tant bien que mal de changer le sujet de conversation pour en apprendre un peu plus sur celle qui va désormais partager cette maison avec lui. « Je suis assistante de direction dans une grosse boîte. Et toi ? » Il hoche la tête, avant d’ajouter et de lui répondre au passage. « ça te plaît ? Moi j’ai monté mon école de boxe y’a quelques années, donc je gère ça et je donne des cours aussi. » Un sourire fier apparaît sur son visage comme à chaque fois qu’il évoque son entreprise. « C’était mon rêve et je l’ai fait, alors bon je vais toujours au boulot avec un sourire sur le visage. Et du coup des fois je rentre tard. Hésite pas à me faire un texto si jamais tu te demandes si tu dois m’attendre ou quoi. » Il profite de cette discussion pour le lui dire. A peine a-t-il terminé son petit monologue qu’il sent une présence contre lui ; il se tend mais n’ose ni bouger ni rien dire. « Où est-ce que tu ranges les assiettes ? » Peut-être qu’elle n’a pas fait exprès ? Se dit-il en lui répondant, montrant du doigt un cabinet dans lequel elle pourra trouver tout le nécessaire à vaisselle datant de ses parents - assez vintage il faut dire. « Juste là. Et les couverts sont dans le tiroir à droite de l’évier. » qu’il lui répond alors, tentant de se convaincre qu’il ne s’agissait que d’un acte isolé et qu’il n’aura pas besoin de lui expliquer les choses ; il n’aime pas la confrontation avec des inconnus et connaissances - il est très doué dans la confrontation quand celle-ci implique sa jeune soeur.

« Je ferai attention la prochaine fois, promis. »

Elle sourit doucement, constatant sa gentillesse. Elle est sûre qu’il ne lui préparera que des repas végétariens à partir de maintenant, vu comme il semble mortifié parce cette erreur qui n’en est même pas une, puisqu’il ne connaissait pas les exigences alimentaires de la brunette. Celle-ci l’interroge ensuite sur la chambre qu’elle occupe, curieuse d’en savoir plus. On dirait une chambre de jeune fille. Pourtant, toute la maison semble renvoyer une image d’endroit désert : Cody doit y habiter seul depuis un moment.

« Un an je dirais ? Environ, ma sœur y a vécu quelques mois mais elle était déjà inhabitée avant. La déco n’a pas été refaite depuis son adolescence y’a une dizaine d’année quand elle m’a réclamé une chambre de grande. »

Il sourit à ce sourire, semble un brin nostalgique, et l’italienne ne peut s’empêcher de rire avec lui.

« Haaa, les chambres d’ados ! Avec des posters de stars et des peluches ? »

Elle se rappelait bien de la sienne en Italie, qu’elle n’avait quitté il n’y a pas si longtemps, et dont elle a redécoré les murs et changé la peinture à de nombreuses reprises, en fonction des modes ou de ses goûts.

« Est-ce que c’est la maison dans laquelle vous avez grandi, ta sœur et toi ? Tu as d’autres frères et sœurs ? »

Mila laisse s’exprimer sa curiosité et questionne Cody, avide d’en savoir plus. Et quand elle aborde le sujet du loyer, elle en profite pour faire des avances à son propriétaire et user de ses charmes. Le boxeur ne semble cependant pas réceptif et, pire, elle ne peut que constater sa gêne. Amusée, Mila le regarde se dépatouiller pour pouvoir changer de sujet et oublier son trouble. Elle le renseigne sur son métier, à sa demande, puis interroge à son tour Cody sur son job.

« Ca te plait ? Moi j’ai monté mon école de boxe y’a quelques années, donc je gère ça et je donne des cours aussi. C’était mon rêve et je l’ai fait, alors bon je vais toujours au boulot avec un sourire sur le visage. Et du coup des fois je rentre tard. Hésite pas à me faire un texto si jamais tu te demandes si tu dois m’attendre ou quoi. »

Elle hoche la tête, ravie : déjà, l’organisation de leur binôme se créait, et elle aimait bien en comprendre les règles et les contours. Ses yeux bleus qui ont commencé à briller d’excitation quand Cody a évoqué le métier de ses rêves pétillent toujours.

« Ouaw, la chance ! J’aurais adoré devenir surfeuse professionnelle, pour allier passion et boulot. »

Mais elle n’avait toujours pratiqué qu’en amateur et, si elle adorait le surf, elle n’avait certainement pas le niveau pour en faire son métier. De toute façon, une telle carrière aurait été impensable pour les parents Salvatori, relativement conservateurs et désireux de voir leurs enfants exercer un métier prestigieux. Force est de constater qu’après avoir fait cinq premières années de fac, dans des cursus différents, Mila était définitivement passée à côté de leurs exigences, mais qu’elle sortait plutôt pas mal, vu l’absence de diplôme qui était à déplorer.

« Ca me plait. »

Elle hoche la tête une nouvelle pour répondre à la question de Cody, mais son sourire n’atteint pas ses yeux, cette fois-ci.

« Ca me plaisait … Je ne sais pas trop. C’est compliqué. »

Elle esquisse un sourire triste à l’attention de Cody alors qu’elle attrape un nouveau bout de carotte qu’elle grignote du bout des dents.

« J’adore mon job, et je suis douée ! C’est plutôt l’ambiance qui devient compliquée à gérer … »

Ou plutôt ses sentiments pour son patron, visiblement non réciproques. Et côtoyer le Walker au quotidien commençait à devenir difficile. Elle n’en pouvait plus du chaud et du froid qu’il soufflait alternativement, sans aucune arrière-pensée. Mila et lui avaient partagé le même lit par période, en fonction des envies et des disponibilités du brun, l’italienne était toujours réceptive et demandeuse. Et si, dans un premier temps, ce petit jeu de séduction et ces parties de jambes en l’air sans engagement avaient ravie la jeune Salvatori, l’éloignement de Channing lui brisait désormais le cœur à chaque fois. Et elle n’était pas certaine de pouvoir le supporter encore longtemps.

« Je commence à regarder les petites annonces, mais je n’ai pas de diplôme, alors je ne sais pas trop ce que je pourrai trouver. Et puis, j'ai un salaire plus que correct, et j'en ai besoin pour payer le loyer ! »

Désireuse de dissiper sa tristesse, elle joue avec Cody, le frôle en passant derrière lui après être descendue du plan de travail. Elle fait mine qu’il ne s’est rien passé, même si son sourire amusé la trahit, et interroge le boxeur sur la place des assiettes.

« Juste là. Et les couverts sont dans le tiroir à droite de l’évier. »

Elle hoche la tête et commence à mettre la table.

« Ca sent drôlement bon en tout cas. »

Pour le moment, les deux apprennent à se découvrir, enchaînant les questions banales mais qui ont pourtant leur importance pour construire une quelconque relation ; et Cody espère pouvoir nouer une amitié afin de ne pas rentrer tous les soirs auprès d’une inconnue ou pire, de quelqu’un qu’il n’apprécierait pas. Même s’il a toujours profondément aimé sa sœur, il se souvient des longs silences pesants dans la maison et des nuits passées au travail pour éviter la confrontation, il ne souhaite évidemment pas revivre une telle ambiance. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il a mis tant de temps avant de se décider à ouvrir les portes de la maison familiale à une autre personne que sa famille, il avait tout simplement peur. Aujourd’hui, il découvre cette jeune femme et n’est pas encore tout à fait capable de se faire une idée précise sur la suite des événements et surtout, de la cohabitation ; mais il n’a pas encore envie de partir en courant, c’est déjà ça. La conversation est simple et porte forcément sur la décoration de la chambre, il se doute bien que celle-ci n’est pas aux goûts de Mila. « Haaa, les chambres d’ados ! Avec des posters de stars et des peluches ? » Il ne peut empêcher un rire, il ne connaît pas les moindres détails de la chambre de sa sœur - c’était après tout son jardin secret à elle - mais il est bien convaincu que ça tombe assez juste. « Je réalise maintenant que j’aurais très certainement dû mettre un coup de neuf avant de t’accueillir. Désolé, je suis tout nouveau à la colocation comme tu dois bien t’en rendre compte ! » Décidément, entre cette histoire de chambre et le repas, Cody commence à s’en vouloir de ne pas mieux accueillir Mila et il se fait la réflexion que le prochain weekend disponible, il prendra le temps de refaire les autres chambres afin de mieux accueillir de potentielles personnes supplémentaires. Il en profite pour faire une proposition à Mila. « Un samedi, on ira faire un tour au magasin pour acheter de la peinture, des rideaux ; enfin refaire la décoration quoi ! J’aurais dû le faire avant. » C’est décidé, le projet est lancé, il compte bien s’y tenir ! « Est-ce que c’est la maison dans laquelle vous avez grandi, ta sœur et toi ? Tu as d’autres frères et sœurs ? » Le cœur de Cody ne peut s’empêcher de se serrer à cette question pourtant très simple. Cette maison est chargée de souvenirs et ça se voit sûrement sur tous les recoins de la maison : de la décoration qui n’a pas changé depuis tant d’années jusqu’aux photos qu’on peut voir dans les escaliers. « Oui on a grandi ici avec ma soeur et mon frère. » ça répond à la question, il ne rentre pour le moment pas plus dans le détail mais lui retourne l’interrogation. « Et toi, fille unique ? » Lui-même a connu une vie de fils unique pendant de nombreuses années avant que les deux monstres ne viennent se succéder et faire de lui un grand frère.

En bon chef d’entreprise qui vit pour le bébé qu’il a monté de toutes pièces, il prend toujours un grand plaisir à échanger sur le travail. Il faut parfois l’arrêter, il est bien capable de se lancer dans des monologues sur le sujet, lui qui n’est pas toujours bavard, il peut surprendre si on le lance sur le sujet. Aussi, pour éviter de monopoliser la conversation autour de la boxe, il ajoute des questions concernant le travail de Mila, intéressé également par ce qu’elle peut faire. « J’adore mon job, et je suis douée ! C’est plutôt l’ambiance qui devient compliquée à gérer … » Il ne manque pas les hésitations qui peuplent les phrases de la jeune femme. Cessant de s’occuper de ses légumes pendant quelques secondes, il relève les yeux vers elle, un air un peu interrogatif sur le visage. Il n’ose pas pour le moment trop creuser, après tout ils viennent tout juste de se rencontrer mais il garde ces informations dans un coin de la tête ; il saura être une oreille attentive si elle en ressent le besoin un jour mais il n’a pas l’intention de lui tirer les vers du nez quand il semble y avoir quelque chose dessous ; lui en tous cas n’apprécierait pas du tout. « Je commence à regarder les petites annonces, mais je n’ai pas de diplôme, alors je ne sais pas trop ce que je pourrai trouver. Et puis, j'ai un salaire plus que correct, et j'en ai besoin pour payer le loyer ! » Il a longtemps connu ça, avant de pouvoir monter son école. N’ayant pas de diplôme en poche, Cody a passé de nombreuses années à enchaîner les petits boulots alimentaires dans l’unique but de pouvoir mettre un repas sur la table, acheter des vêtements aux jeunes, leur permettre d’être comme les autres enfants, puis adolescents. « Je connais ça. » qu’il lui avoue alors, tout à fait transparent alors qu’il passe les légumes dans la marmite, enchaînant sur le repas qui commence à sentir dans toute la pièce. « Si t’as besoin d’aide, je peux peut-être t’aider ; j’ai pas fini la fac moi non plus, je sais que ça peut être galère des fois. Mais ça veut pas dire que tu peux pas trouver ce qui va te faire vibrer. Faut juste s’accrocher un peu plus. » Il fronce les sourcils. « J’ai l’air d’un vieux con qui connaît tout à la vie avec mes conseils à deux balles. » Lâchant un petit rire et tentant d’échapper aux gestes de la jeune femme - il essaie également de les ignorer afin de ne pas mettre qui que ce soit mal à l’aise -, il termine le repas en même temps que Mila fait référence à l’odeur qui se fait de plus en plus sentir. « J’espère bien ! » qu’il lance alors en transvasant le repas dans des plats qu’il vient apporter sur la table de la cuisine. Il pose le tout et s’assied directement à table, bien content d’enfin manger. Sans un mot, il prend l’assiette de Mila et vient la remplir de légumes en tous genres. Il repose l’assiette devant elle et vient faire de même de son côté, ajoutant un bout de viande. Puis, il prend la carafe et remplit directement les verres d’eau. « Tu as un petit accent je crois entendre ? » Il demande, un peu curieux mais pas complètement sûr de lui ; c’est léger mais il semble que c’est là, et le nom de famille de la jeune femme peut venir confirmer un peu ses pensées.

Petit à petit, pendant que Cody cuisine le dîner, la conversation s’engage et chacun commence à apprendre des choses sur l’autre. Mila est plutôt douée pour sociabiliser et se faire des amis. Elle brille en soirée, est celle dont on s’arrache la présence. Elle est agréable, solaire, drôle, intelligente … en apparence. En réalité, la brunette est égoïste, ne pense qu’à son propre intérêt, et c’est pour cette raison qu’elle fuit habituellement la colocation. Elle est mieux seule, là où personne ne risque de se mettre en travers de son chemin, et là où elle n’aura à écraser personne. Mais son studio minable a eu raison d’elle, et elle se promet intérieurement de tenter de faire des efforts pour que Cody ne la fiche pas dehors au bout d’un seul petit mois de cohabitation. Elle se promet de ne pas monopoliser la salle-de-bains – du moins, pas à l’heure de partir au boulot. Elle se promet de ne pas utiliser toute l’eau chaude de la maison – du moins pas tous les jours. Et elle se promet d’essayer d’aider un peu la communauté – en mettant la table un jour sur deux.

« Je réalise maintenant que j’aurais très certainement dû mettre un coup de neuf avant de t’accueillir. Désolé, je suis tout nouveau à la colocation comme tu dois t’en rendre compte ! »

La brunette rit en secouant la tête : il était décidément trop gentil, et elle essaie de se faire une nouvelle promesse – ne pas le manger tout cru.

« Pour que ça ne me plaise pas et que je repeigne une semaine après mon arrivée ? Ne te stresse pas, c’est parfait comme ça ! »

Il l’accueillait déjà dans une grande maison, dans laquelle elle avait sa propre chambre, une salle-de-bains qui lui était pour l’instant réservée, un jardin, des espaces communs plutôt grands ! Le tout pour un loyer plus que correct, un loyer qu’elle pouvait en tout cas se permettre de payer, ou presque. Alors, réellement, même pour Mila, qui avait tendance à faire la fine bouche, c’était parfait.

« Un samedi, on ira faire un tour au magasin pour acheter de la peinture, des rideaux ; enfin refaire la décoration quoi ! J’aurais dû le faire avant. »

L’italienne observe son nouveau colocataire, dubitative, un sourcil haussé.

« Je vais me débrouiller, Cody. »

Pas qu’elle ne souhaite pas sa présence, mais il n’avait pas à culpabiliser alors qu’il lui mettait un toit sur la tête. Elle saurait aller faire du shopping, quand elle en aurait le temps. L’échange se poursuit, les questions fusent et pourtant, Mila sent qu’elle touche un point sensible en parlant de la famille de Cody.

« Oui on a grandi ici avec ma sœur et mon frère. »

Une dizaine de questions supplémentaires lui viennent en tête, comme savoir où sont sa sœur et son frère, où sont leurs parents, que sont-ils devenus, mais le brin de nostalgie qu’elle a senti dans la voix du boxeur la freine, et Mila parvient à contenir sa curiosité.

« Et toi, fille unique ? »

Elle laisse échapper un rire spontané à cette question : c’est vrai qu’on pourrait le croire, avec ses airs de princesse. Pourtant, ça ne pouvait être plus éloigné de la réalité.

« Non, on est une fratrie de six, et je suis la petite dernière ! J’ai une sœur et quatre frères. »

Alors les grandes maisons, les grandes tablées, le chahut, la bagarre pour obtenir l’attention de l’un et de l’autre, elle connaît. Après la parenthèse sur leurs familles respectives, une parenthèse rapidement refermée pour tous les deux, la conservation s’enchaîne sur le métier exercé par chacun. Et si Mila ne rentre une nouvelle fois pas dans les détails, elle concède pourtant chercher un autre emploi, même si elle adore son job actuel.

« Je connais ça. Si t’as besoin d’aide, je peux peut-être t’aider ; j’ai pas fini la fac moi non plus, je sais que ça peut être galère des fois. Mais ça veut pas dire que tu peux pas trouver ce qui va te faire vibrer. Faut juste s’accrocher un peu plus. J’ai l’air d’un vieux con qui connaît tout à la vie avec mes conseils à deux balles. »

La brunette éclate de rire, ce son cristallin se mêlant également à la bonne humeur de Cody. Elle en profite pour sauter sur l’occasion et le taquiner une nouvelle fois, mais chastement, cette fois-ci.

« Fais attention à ne pas te transformer en papy ! Je crois déjà voir arriver un cheveu blanc par ici ! »

Et elle pointe du doigt un endroit sur la tête de Cody, riant de plus belle, avant de reprendre plus sérieusement.

« Je crois que j’aime ça, aider le boss, avoir un regard sur tout, ce sentiment d’être indispensable. Je gère son agenda, le pressing, j’organise les réunions, je fais le lien avec les services … Ca n’a pas l’air forcément gratifiant dit comme ça, mais c’est très intéressant. Et il a besoin de moi. »

Son sourire se fait plus triste alors que son regard bleuté fuit celui de Cody : Chan a besoin d’elle, sur le plan professionnel, et uniquement sur ce plan-là. Et quand elle démissionnera, il trouvera une autre jeune femme pour la remplacer, sans aucun doute. Bien décidée à changer de sujet, Mila commente l’odeur délicieuse qui émane des préparations de son nouveau colocataire, et entreprend de mettre la table. Cody lui sert même son assiette, alors qu’elle s’installe en face de lui, goûtant le plat cuisiné avec soin.

« Huuuum, délicieux ! Je crois que je te laisserai cuisiner, la plupart du temps ! »

Un sourire malicieux apparait sur le visage de la brunette alors qu’elle boit quelques gorgées de son verre d’eau. En réalité, elle n’a pas l’intention d’aider sur beaucoup de sujets dans cette maison, espérant tester petit à petit les limites de la gentillesse de Cody sans jamais les dépasser.

« Tu as un petit accent je crois entendre ? »

Elle hoche la tête, prenant le temps de mâcher sa bouchée et d’avaler avant de répondre.

« Je viens d’Italie, Sorrento. Mes parents ont un vignoble là-bas, ils font du vin et du limoncello. Et si je suis en colère, tu entendras l’accent plus nettement. Ho, et je jure en italien ! »

Elle laisse échapper un petit rire avant de se concentrer à nouveau sur son assiette. C’était assez agréable, finalement, de ne pas être seule, et dîner avec quelqu’un, en parlant de tout et de rien.