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@Midas Sterling ☆ crédit/ssoveia

Jo ignorait qui avait eu la putain de bonne idée de lui caler une interview radio à la sortie de l’avion qui la ramenait de Paris, mais personne ne serait vraiment surpris de la finalité de cette mauvaise organisation dans son planning. Atrocement en retard, elle arriverait dans les locaux alors que l’enregistrement avait déjà commencé depuis un moment, offrant une perche à l’animatrice qui n’attendrait pas un instant pour la faire passer en direct pour la diva qu’elle était habituellement et ce sans que Jo ne prévoit de s’en offusquer. Comme entrée en matière, elle avait connu mieux à dire vrai, mais ce n’était pas si grave. L’enchaînement des choses après son atterrissage avait été brusque, presque violent, même pour elle qui ne craignait pas d’être bousculée. Se changer, se faire maquiller, coiffer à l’arrière d’une voiture en marche, ce n’était pas la chose la plus agréable qu’elle avait faite, mais annuler sa venue alors qu’au travers de la radio mise en route à l’avant de la voiture, elle entendait son nom être prononcé toutes les dix secondes pour annoncer son arrivée, c’était exclu. Ce qui l’apaisa, c’est d’entendre Midas combler les trous en attendant qu’elle arrive, de l’entendre tout court d’ailleurs, l’enthousiasme de le retrouver balayant presque l’impression qu’elle avait qu’on ne lui laissait aucun répit, essorant les dernières gouttes de son énergie pour se tenir à des plans établis en avance. C’était parfaitement représentatif du mois qui venait de s’écouler, entre le festival de jazz, la sortie We Don’t Talk Anymore et de son entrée en studio, le rythme de ce matin restait encore le moins effréné qu’elle avait accusé ces derniers temps, alors elle s’en sortirait malgré la sensation de déséquilibre qu’elle ressentait quand elle arriva enfin sur place.

L’acclamation surjouée qu’elle reçut en passant les portes du studio, elle l’agaça, mais sans plus. Elle s’astreignit néanmoins à une petite révérence et à un port de tête altier pour mieux supporter la clameur générale qui se moquait de son gros retard, et distribua des sourires à l’assemblée en se faisant équiper sans rechigner. Elle souffrait du jet-lag Jo, plus globalement des quelques 20 heures d’avion qu’elle venait de faire et qui étaient bien dissimulées derrière son maquillage et sa tenue impeccable. Dans le fond, ce qui la contrariait le plus sur le moment, c’était de ne pas avoir eu le temps de voir Midas avant de se relancer dans ce jeu avec les médias. Il était déjà là quand elle prit enfin place à ses côtés, n’eut pas l’opportunité de lui dire bonjour autrement qu’en le regardant étant donné qu’elle se fit alpaguer directement par l’animatrice. Elle enfila le casque-retour sur sa tête, lança un regard au jeune homme qui voulait à peu près dire tout et son contraire, mais surtout qu’elle était contente de le voir, frustrée de ne pas pouvoir l’embrasser tout de suite, après une semaine à se la donner dans la capitale française "Elle est enfin là, la fameuse Jo Carter, et je vais vous demander de patienter encore quelques minutes avant d’entendre le son de sa jolie voix, puisque c’est le moment de la pause publicitaire." La chanteuse ferma son attention immédiate aux annonces faites par la jeune femme, décala un côté de son casque de son oreille pour se pencher sur Midas, lui offrant absolument toute son attention, et lui dire "Est-ce que ça va ? Mon avion a eu du retard, mais je voulais pas annuler." L’assistante de Jo avait sûrement fait son boulot pour prévenir l’équipe de Midas entre temps, ce dernier lui étant compté pour qu’elle ne réussisse à empoigner son téléphone pour le prévenir elle-même. Elle le dévisagea comme si sa vie en dépendait pendant un instant, repoussa l’idée qui lui traversa l’esprit quand ses yeux s’arrêtèrent sur sa bouche, et trouva très rapidement une parade à son envie instantanée de le serrer contre elle, de l’embrasser, de le toucher en faisant mine de remettre en place le bracelet de la montre qu’il portait au poignet. La sortie de son album n’avait fait qu’accentuer ce qu’elle ressentait pour lui, n’ayant jamais été autant attentive à des textes qu’à ceux qu’elle avait enfin pu entendre après des mois à se demander ce qu'il avait pu raconter à son sujet, à leur sujet dans ses chansons. Ses doigts glissèrent de son poignet pour brièvement caresser les siens pendant qu’elle lui demandait "J’ai raté quelque chose ?" "J'ai cru que vous n’alliez jamais arriver." Elle n’eut pas le temps de s’attarder sur la réponse de Midas ni même sur ses doigts effleurant les siens puisque, sollicitée de nouveau par l’animatrice, elle se contraignit à rompre le contact en récupérant sa main pour la poser sagement sur ses propres genoux en tournant la tête vers elle pour lui donner un sourire et lui expliquer dans la foulée "Mon équipe a surestimé la fiabilité des horaires de vol. Promis, c’est pas un caprice de star, c’est un vrai retard." Ça fit rire la jeune femme de l’autre côte qui pendant toute la durée de la pause pub, posa des questions à Jo à propos de Paris, de ce qu’elle avait porté, en la caressant surement dans le sens du poil, lui volant les quelques minutes qu’elle espérait avoir pour de nouveau accorder toute son attention à Midas. Le déséquilibre qu’elle ressentait était toujours là, et sa fatigue la rendait moins alerte, alors elle n’eut pas le réflexe de l’envoyer sur les roses comme elle l’aurait fait d’ordinaire, se contentant de demander discrètement quand le jingle annonçant le retour de l’émission joua dans son casque qu’elle portait toujours de travers sur le moment "Je voudrais un truc à boire. Je m’en fiche quoi, mais rien de froid." Pas de s’il vous plaît simplement parce qu’on lui demanda de mettre son casque sur ses deux oreilles, et que l’entame de la présentation de l’animatrice se fit entendre au travers des micros pour annoncer Midas d’abord, elle ensuite.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveia

Mon téléphone vibre et, lorsque le prénom de Cassie s’affiche à l’écran, je m’attends à tout sauf à ce que ce soit pour me parler de Jo. Sauf que c’est le cas, que son assistante a prévenu la mienne qu’elle aurait du retard pour l’émission que nous devons enregistrer ensemble et, sans avoir besoin d’y réfléchir à deux fois, je décide de tout faire pour pallier l’absence de la brune tout en l’excusant auprès de la production. Des excuses, je lui en trouve même une palanquée, refusant même d’entendre la moindre critique ou le moindre sous-entendu concernant la ponctualité de la jeune femme. Je ne suis pas un poète, mais je n’en reste pas moins naturel lorsque l’on me demande de parler de ce qui me tient le plus à cœur : ma musique. Sans Jo, c’est naturellement sur mon dernier album que la conversation s’oriente, et ma langue se délie sans que je ne sois mal à l’aise une seule seconde parce que les questions n’ont pas été préparées et validées par mon équipe. Je ne suis pas un enfant : je peux réussir à tenir une conversation à l’antenne et en direct pendant une petite demi-heure sans craindre de dire quelque chose qui n’aurait pas dû m’échapper.

« Elle est enfin là, la fameuse Jo Carter, et je vais vous demander de patienter encore quelques minutes avant d’entendre le son de sa jolie voix, puisque c’est le moment de la pause publicitaire. » C’est la présentatrice qui m’apprend l’arrivée de la brune puisque, dos à la porte d’entrée du "plateau" d’enregistrement, je ne la vois pas arriver. Pourtant, dès qu’elle prononce ces mots, mon corps se tourne tout naturellement en direction de celle que j’ignore si j’ai le droit de qualifier de petite amie. Je contrôle mes paroles, mais plus difficilement mon corps : un immense sourire étire mes lèvres à peine je pose mon regard sur la petite brune. « Est-ce que ça va ? Mon avion a eu du retard, mais je voulais pas annuler. » Je retire mon casque et, me penchant vers Jo, je tends ma main pour effleurer son genou sous la table à peine une seconde, pour lui témoigner à quel point je suis heureux de la retrouver. Elle n’est pas en reste : certainement mue par une envie irrépressible de me toucher, elle joue avec le bracelet de ma montre qu’elle feint remettre en place. « Tout va bien. J’ai fait l’animation en t’attendant. » Je feins souvent être cet idiot, le genre comique du groupe, pour masquer ma timidité et ma sensibilité. Je ne peux pas tromper Jo, cependant.

« J’ai raté quelque chose ? » - « J'ai cru que vous n’alliez jamais arriver. » L’amertume de la présentatrice est trahie par ces quelques mots, quand elle m’a assurée à moi il y a quelques minutes – nous étions alors à l’antenne – que ce n’était pas grave et qu’elle était satisfaite de me tenir pour parler un peu de mon album. « Mon équipe a surestimé la fiabilité des horaires de vol. Promis, c’est pas un caprice de star, c’est un vrai retard. » Je hoche la tête, avant de préciser. « Jo n’a rien d’une diva, vous verrez vite que son sens du professionnalisme est impeccable. C’est une des premières choses que l’on réalise en travaillant avec elle. » Je n’ai pas besoin de forcer pour lancer des fleurs à la brune. Peut-être n’est-ce pas LA première chose que j’ai réalisé en me rapprochant d’elle – celle là n’est pas énonçable à la radio ou avec le moindre public – mais je le pense malgré tout entièrement. « Je voudrais un truc à boire. Je m’en fiche quoi, mais rien de froid. » Incapable de m’empêcher de m’en faire pour elle, je penche la tête et l’observe avant de demander. « La clim de l’avion ? » La présentatrice de nous laisse pas le temps de converser bien longtemps avant de remettre son casque, et de nous faire signe que le direct va reprendre. A mon tour, je l’imite. « Et je suis de retour avec, pour vous en exclusivité, Jo Carter et Midas Sterling. » Je laisse la brune saluer le public puisque de mon côté, je converse avec la jeune femme et les auditeurs depuis quelques minutes déjà. « Je vais poser l’une des questions que tout le monde se pose, à quel moment l’idée d’enregistrer un duo vous est-elle venue à tous les deux ? Pourquoi maintenant ? » Un sourire charmeur sur le visage, je me penche vers mon micro pour répondre le premier. Rien de compliqué ou de délicat, pour l’instant. « Dès que je l'ai rencontrée, pour ma part. » Je laisse échapper un rire que la présentatrice me rend, certainement par sens de l’étiquette. « Je ne plaisante pas. J’ai eu un coup de cœur pour sa voix en 2016, ce n’est un secret pour personne. Mais elle est dure à convaincre, Jo. » J’échange un sourire avec la brune, un regard qui semble lui demander si pour l’instant je ne dis pas de bêtise et me comporte comme elle l’attend de moi pour garder notre secret.

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@Midas Sterling ☆ crédit/ssoveia

Jo aurait aimé avoir plus de temps pour parler à Midas avant de s’adresser au pays entier au travers du micro qui était posé sous son nez. Elle aurait aussi aimé avoir le temps de prendre une respiration pour se remettre du long trajet qu’elle venait de faire et des quelques jours qu’elle venait de passer dans un autre pays qui n’était pas le sien, à vivre des choses qu’elle savait avoir la chance de découvrir, même si la partie la plus orgueilleuse d’elle-même campait sur le fait qu’elle le méritait plus que quiconque. Son album n’était pas encore enregistré, ce n’était que le début pour elle, pourtant elle n’ignorait pas que sa vie allait changer et c’était déjà le cas, la forçant à supporter un rythme effréné sans pour autant ne pas faire valoir son avis tranché sur la manière d’envisager son planning. Pour l’heure, on lui coupait l’herbe sous le pied en ne lui laissant pas le temps de ne serait-ce que profiter d’un moment d’intimité avec Midas. Peut-être que si leur secret était connu de tous, on leur aurait laissé un moment pour se retrouver. C’était la rançon de vouloir rester discrète. Elle ne s’en plaindrait pas. C’était elle, et pas Midas, qui y tenait pour quelques temps encore.

À l’entendre défendre son éthique de travail, personne ne mettrait bien longtemps à découvrir le pot aux roses, comme si le secret était vraiment aussi bien gardé que ça de toute façon. Il avait des travers de chevalier servant qui se dresse vaillant pour préserver la dignité de sa belle Midas, et c’était adorable la plupart du temps, mais pas tellement utile sur le moment. Sa réputation la précédait, elle s’y faisait puisqu’elle l’avait cultivée, et puis en vérité, dans les yeux de l’animatrice qui était installée de l’autre côté de la grande table qui les séparait, elle voyait que les louanges qu’il lui faisait, elle n’y croyait qu’à moitié. Elle s’en foutait, elle avait juste envie qu’elle leur foute la paix le temps de la pause pub qui se termina trop rapidement à son goût, ne laissant que le temps de glisser à Midas qui s’inquiétait de sa requête de breuvage auprès d’un des assistants de la station de radio "Je vais très bien, t’inquiète pas. Je suis contente de te voir." Elle glissa de nouveau ses doigts à l’intérieur de son poignet pour exercer une légère pression rassurante, son regard ne quittant pas le sien jusqu’à ce qu’elle perçoive son nom prononcé par l’animatrice qui enchaîna sans délai.

On lui apporta un thé qu’elle regretta ne pas avoir le temps de boire pour s’éclaircir la voix et laissa un sourire filer en disant bonjour et en présentant ses excuses aux auditeurs qui la trouveraient sûrement charmante à expliquer rapidement pourquoi son apparition avait été aussi longue. Elle savait être aimable lors de ce genre d’obligation, et ce malgré l’impétuosité de ses paroles qui dérapaient parfois pour le pire, mais aussi pour le meilleur. On la pensait maladroite quand elle laissait un gros juron lui échapper quand en vérité, elle passait sa vie à jurer comme un  charretier. Ça la rendait amusante, bonne cliente des talk-show où elle donnait son avis sans qu’on ne lui demande, personne ne prétendrait le contraire. Pour l’instant, aucune bévue à recenser ; elle sentait le regard de Midas posé sur elle, c’était une ancre à laquelle elle se fiait pour rester là où on attendait qu’elle soit, les questions de l’animatrice s’enchaînant pour soulever celle à laquelle Midas répondit comme il savait bien le faire : aussi factuellement que possible, la complimentant au passage. Elle opina du chef, assentiment silencieux quant à la manière dont il présentait les choses, et qui lui fit compléter avec d’autres éléments de la genèse de cette chanson "Je suis dure à convaincre, mais je tiens mes promesses. On en a beaucoup parlé dans les coulisses de notre première participation commune à The X Factor, c’était un but à atteindre à l’époque." Le rauque dans sa voix était du à son manque de sommeil, mais ça ajouterait quelque chose au récit qu’elle faisait d’une voix posée, la tête tournée vers Midas qui partageait de toute façon les mêmes souvenirs qu’elle "On s’est perdus de vue pendant des années, mais l’idée est restée, et elle est rapidement revenue sur le tapis quand il est venu me parler d’un Revival." Relater ces faits-là n’était pas gênant outre mesure, c’était comme ça que ça s’était passé, ils n’avaient pas besoin de tirer sur les fils de ce que sous-entendait l’idée qu'ils s’étaient perdus de vue ni pourquoi elle avait accepté de l’écouter lui plutôt que la production quand il avait fallu prendre une décision et accepter. Ça lui fit juste ajouter, un sourire malicieux fendant ses lèvres, sa tête se tournant vers l’animatrice en même temps, rompant le contact de ses yeux avec ceux du chanteur pour reprendre sur elle et cesser de penser au fait qu’il lui avait terriblement manqué — pendant son séjour à Paris, mais pendant sept longues années aussi "Midas est persuasif. C’est pas toujours facile de lui refuser ce qu'il demande. Il est plutôt habitué à obtenir ce qu'il veut alors il s’accroche, et c’est en partie pour ça que sa carrière en est où elle est aujourd’hui. J’ai beaucoup de chance de pouvoir travailler avec lui." Et là, pour alléger un peu l’impression qu’elle avait de le caresser dans le sens du poil, à l’image d’une collège de travail reconnaissante, elle aurait pu parler de ses grands yeux bleus, de ses longs cils et du sourire qu’il accordait sans prétendre vouloir charmer qui que ce soit, ou elle aurait pu pencher vers le grivois, ses pensées se mettant déjà en route à ce sujet-là, sauf qu’elle n’eut pas le temps de choisir sa bataille.

L’animatrice rebondit immédiatement, et non sur ce que Jo avait dit, mais bien sur ce que Midas lui avait avoué "En parlant de coup de coeur. J’imagine que vous êtes conscients de tout ce qu’on raconte à votre sujet. Ce duo, certains l’ont pris comme une confirmation qu’il se passe quelque chose entre vous." Midas lui avait dit, il lui laissait le champ quand il s’agissait de ce genre de questions parce que son désir, c’était de préserver leur relation qui dans le fond, n’était pas naissante, mais qui méritait qu’on la dorlote avant de la jeter en pâture. Restait que ça l’emmerdait royalement de devoir composer avec ce genre de cancans de bonne femme frustrée plus souvent qu’à son tour, et que gérer les hormones des ados qui se touchaient en pensant à eux, les fantasmes des femmes au foyer qui passaient à la casserole qu’une fois tous les huit mois, ce n’était pas pourquoi elle avait signé. Elle eut un léger rire, ses sourcils se haussant quand elle tourna la tête vers Midas pour obtenir son adhésion à ce qu’elle répondit dans la foulée "C’est tellement 2010 de s’intéresser autant à la vie privée des célébrités." "Faux. Vous êtes très active sur Instagram Jo, vous savez que ça reste dans le classement des intérêts de votre public de connaître le moindre détails de votre vie, surtout de votre vie amoureuse. Et d’ailleurs, j’ai l’impression que vous en jouez beaucoup." Putain, elle était à son procès, ou comment ça se passe ? Elle ne se sentait pas acculée, mais peut-être un peu attaquée par le ton emprunté par l’animatrice ; et elle sut avant même qu’elle ne rouvre la bouche vers où la conversation allait. Son regard avec quitté Midas pour la fixer, davantage quand son interlocutrice ajouta avec un sourire presque carnassier, rapprochant sa bouche de son micro pour faire à Jo "Vous savez bien vous entourer, et une autre rumeur circule à propos de vous et d’un autre homme célèbre. À croire que vous les enchainez." Du slut-shaming en 2023 ? Jo laissa un nouveau rire lui échapper, sa bouche très légèrement ouverte tant elle ne s’était pas attendue à ça. Il était à peine 10h du matin, putain de bordel de merde.

La redondance de ce sujet dans ses disputes avec Midas, elle la contraignit à la tempérance. De fait, elle ne rétorqua rien sur l’instant. Curieux, mais judicieux, surtout quand l’animatrice continua avec délectation "Il y a des chances que vous parliez de lui dans votre premier album ? Vous étiez ensemble à un moment de votre vie, je me trompe ?" Ça n’avait jamais été un secret. Jo ne vit pas le mal à le confirmer, reprenant sur elle pour répondre sans faire de détour "Non, c’est vrai. Mais ensemble, c’est peut-être un grand mot. Disons qu’on s’est côtoyés quelques temps avant que sa carrière ne décolle en 2015. C’est un très bon ami aujourd’hui, et je voudrais profiter de mon passage ici pour que ce soit clair pour tout le monde." Espèce de salope, voilà ce qui se lisait dans les yeux de Jo qui n’avait ressenti le besoin quelconque de se justifier de ses accointances. Mais naïvement, elle pensait que remettre les choses sans leur contexte, ça permettrait peut-être à Midas de se détendre au sujet de Micah. Ouais finalement, ce n’était pas une mauvaise chose d’avoir soulevé ce sujet. Délicatement, mais non moins soudainement, elle attrapa sa tasse de thé pour en boire une gorgée, c’est presque en s’attendant à ce qu’il partage son avis et qu'il se satisfasse du caractère officiel de l’amitié qu’elle réservait à Micah qu’elle retourna en même temps la tête vers lui pour capter son regard.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveia

« Je vais très bien, t’inquiète pas. Je suis contente de te voir. » - « Je suis heureux que tu sois rentrée. » Cet échange à voix-basse, quasi intime et assurément secret, c’est tout ce que nous pouvons nous permettre sans risquer d’éveiller les soupçons et je regrette de ne pas pouvoir la serrer dans mes bras et l’embrasser pour prouver qu’il ne s’agit pas simplement d’une formule de politesse, qu’elle m’a réellement manqué et que je suis sincèrement heureux de la retrouver après ces quelques jours qu’elle a passé à l’autre bout du monde. Bien sûr, je me dis que dans quelques minutes voire quelques heures, nous nous retrouverons seuls et je pourrai faire tout ça.

Alors, lorsque l’interview reprend, je prie pour qu’elle passe le plus vite possible et que toutes les questions de l’animatrice soient classiques, sans danger et que nous en ayant vite fini avec tout ça. C’est agréable de l’avoir à mes côtés pour la promotion du single. Mais ce serait mentir que de prétendre que je ne crains pas de dire quelque chose qui ne faut pas, ou qui froisserait la piquante brune. Les secrets ne sont pas de tout repos pour les hommes comme moi qui préfèrent les choses simples et naturelles. « Je suis dure à convaincre, mais je tiens mes promesses. On en a beaucoup parlé dans les coulisses de notre première participation commune à The X Factor, c’était un but à atteindre à l’époque. » Elle enchaîne sans que je n’ai le droit à un regard noir effrayant, et j’en conclus que je n’ai pas dit quelque chose qu’il aurait mieux valu que je taise. Nous ne nous sommes jamais interdits de laisser planer des sous-entendus concernant notre relation, Jo et moi. A l’époque, c’était principalement parce que nous étions nous-même bien incapable de la définir et changer d’attitude aujourd’hui, c’est ça qui deviendrait suspect. Alors, je n’ai pas honte de d’affirmer que cette collaboration est le résultat de beaucoup d’année à souhaiter qu’elle se réalise. « On s’est perdus de vue pendant des années, mais l’idée est restée, et elle est rapidement revenue sur le tapis quand il est venu me parler d’un Revival. » Jusque-là, Jo ne sort pas des clous de la vérité et je suis bien plus à l’aise à l’idée de broder autour d’elle que d’inventer un mensonge éhonté. « Midas est persuasif. C’est pas toujours facile de lui refuser ce qu'il demande. Il est plutôt habitué à obtenir ce qu'il veut alors il s’accroche, et c’est en partie pour ça que sa carrière en est où elle est aujourd’hui. J’ai beaucoup de chance de pouvoir travailler avec lui. » - « Je voulais vraiment pouvoir travailler sur un titre avec elle. Comprenez bien que je n’avais pas l’intention d’accepter un non comme réponse. » Sous-entendu : je l’ai travaillée au corps. Elle ne veut pas que les gens pensent qu’elle profite de moi ? Bien, je n’ai aucun problème à admettre que c’est moi qui lui ai couru après, quel que soit le domaine d’ailleurs.

« En parlant de coup de coeur. J’imagine que vous êtes conscients de tout ce qu’on raconte à votre sujet. Ce duo, certains l’ont pris comme une confirmation qu’il se passe quelque chose entre vous. » Je n’ai pas besoin de couler de regard à Jo pour l’inciter à répondre à ma place. J’étais sérieux, quand je lui ai dit que je la laissais à la barre en ce qui concerne les questions relatives à notre vie privée, et pas uniquement parce que je dirais la vérité si cela ne tenait qu’à moi. A l’aise face à un public, je le suis bien moins lorsque je dois mentir. Si ma communication a toujours été géré par des assistants ou agents bien plus compétents que moi, c’est probablement parce que je suis capable de faire preuve d’une maladresse sans précédent. « C’est tellement 2010 de s’intéresser autant à la vie privée des célébrités. » Cette fois, même moi je peux deviner que l’animatrice radio ne laissera pas Jo s’en tirer à si bon compte. Je décèle même du malaise chez la brune, et c’est surprenant : elle est en temps normal toujours si sûre d’elle je ne nage pas en eaux connue. D’ailleurs, la présentatrice ne la rate pas et rétorque sans que je n’ai le temps d’ouvrir la bouche et de formuler la moindre réponse : preuve que c’est la réaction de la chanteuse qui l’intéressait, pas la mienne. « Faux. Vous êtes très active sur Instagram Jo, vous savez que ça reste dans le classement des intérêts de votre public de connaître le moindre détail de votre vie, surtout de votre vie amoureuse. Et d’ailleurs, j’ai l’impression que vous en jouez beaucoup. » J’aimerais pouvoir enrouler mes doigts autour du genou de Jo que je sens se tendre à mes côtés. Elle déteste ce genre d’insinuation, c’est tout ce qu’elle cherche à éviter en prenant la décision de garder notre relation secrète pour l’instant. Force est de constater qu’elle a peut-être raison, que les gens remettront toujours en questions ses motivations et que je suis peut-être plus naïf que je ne veux bien l’admettre. « Vous savez bien vous entourer, et une autre rumeur circule à propos de vous et d’un autre homme célèbre. À croire que vous les enchainez. » Oh, cette fois c’est à mon tour de me tendre comme un ressort. Il est question de Tomlinson – je suis naïf mais pas complètement idiot – et je n’aime pas ce que j’entends : à mes yeux, il s’agit de la confirmation qu’il y a quelque-chose de louche là-dedans puisque je ne suis pas le seul à me poser des questions. « Il y a des chances que vous parliez de lui dans votre premier album ? Vous étiez ensemble à un moment de votre vie, je me trompe ? » Si la question me hérisse le poil, ce n’est rien en comparaison de la réponse de la brune qui vient sans tarder, ou sans même me laisser le temps de reprendre mon souffle. « Non, c’est vrai. Mais ensemble, c’est peut-être un grand mot. Disons qu’on s’est côtoyés quelques temps avant que sa carrière ne décolle en 2015. C’est un très bon ami aujourd’hui, et je voudrais profiter de mon passage ici pour que ce soit clair pour tout le monde. »

Je crois que je blêmis instantanément et, cette fois, l’envie de lui attraper la main ou de serrer sa cuisse entre mes doigts pour la détendre ou la rassurer s’évanouit. Pour ne pas rester la bouche ouverte comme un idiot incapable de faire autre chose que de la dévisager, j’attraper la canette de boisson énergétique posée devant moi et je la porte à mes lèvres. Ce n’est rien de plus qu’une tentative de retrouver un peu de contenance, et elle est grossière puisque, du coin de l’œil, je n’arrive pas à lâcher Jo. A mes yeux, elle a au moins menti par omission. Des discussions au sujet de l’acteur, nous en avons eues assez pour qu’elle ait l’occasion de me confier leur passé commun. Pensait-elle que je le savais ? Je n’y crois pas, elle est intelligente, Jo. Beaucoup trop pour ne pas être parfaitement consciente que je ne savais rien, sans quoi nos discussions auraient été différentes. « Qu’est-ce que vous en pensez Midas ? Vous êtes bien silencieux ? » Cette fois, j’en veux à l’animatrice de me prendre à parti. Elle joue avec nos nerfs ou, en tout cas, c’est l’impression que j’en ai. « Je… » Mon regard alterne entre Jo – je n’arrive pas à croire qu’elle m’ait pris pour le dernier des imbéciles – et la jeune femme qui attend une réponse de ma part. Bégayer comme un adolescent, c’est confirmer toutes ses suppositions nous concernant, Jo et moi. « Je n’ai pas mon mot à dire concernant la vie privée de Jo, vous savez. » Je tente de répondre avec humour et de façon affable, mais il est évident pour quiconque me connaît un peu que la pilule a du mal à passer. « C’est une personne privée, et qui préfèrerait et qui mérite qu’on se concentre sur son travail et son album à venir plutôt que sur ses relations amoureuses. » Et moi, je préfèrerais ne rien avoir entendu de tout ça, finalement. Savoir qu’ils ont été ensemble – même si Jo minimise – apporte une lumière nouvelle sur nos différents accrochages au sujet de l’acteur. Ce n’est pas avec un "ami" qu’elle est partie à Los Angeles pour raisons professionnelles, c’est avec son ex. Suis-je censé croire qu’à situation inversées, elle prendrait la chose avec calme et tranquillité d’esprit ? « Et moi aussi d’ailleurs. Vous avez de vraies questions concernant la chanson ? » La présentatrice est mal à l’aise et déstabilisée, je peux le voir sans grand mal.

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Parce que c’était bizarre de parler à la troisième personne de quelqu’un assit juste à côté de soi, Jo se tourna vers Midas pour passer au-delà la barrière invisible qui les séparait et lui dire, reprenant à la suite de sa confirmation à propos de la genèse de leur titre "Tu sais comment t’y prendre pour que les autres se sentent désirés et j’aime me faire désirer. J’ai largement abusé de mon pouvoir à un moment donné." Et ça, elle le dit à l’animatrice sur qui elle reposa son regard avant de faire l’aller-retour pour de nouveau accorder son attention à Midas "Ça a été long, mais ça valait le coup, non ?" Et le sous-entendu était gros comme une maison, surtout qu’un regard fixe suivit. Ils étaient à la radio et l’enregistrement n’était pas filmé. Il n’y avait aucun problème pour l’heure à s’amuser un peu de ça, ils l’avaient toujours plus ou moins fait, c’était bien pour ça que leur relation faisait tant parler. Si soudainement, ils se montraient froids l’un envers l’autre, les soupçons alimenteraient la rumeur, alors leur ligne de conduite restait plus ou moins la même. Ils auraient droit à leur debunking juste après cet interview et leurs fans se désoleraient d’avoir manqués les regards qu’il devaient se lancer, mais il y avait des tas de vidéos qui tournaient en boucle sur TikTok pour pointer du doigt leur langage corporel, gros plans à l’appui, ça ne manquerait surement à personne cette fois. La routine en somme, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat.

Ça aurait pu continuer comme ça, sur un ton bon enfant, sauf que l’animatrice du talk-show radiophonique auquel ils participaient en avait décidé autrement. Jo ne savait pas à quel moment elle était devenue sa cible. Est-ce que c’était du fait de son retard ? Elle s’était excusée de bonne foi et avec une déférence rare due au décalage horaire, elle n’allait surement pas se prosterner à ses pieds et lui promettre de ne plus recommencer. Encore une mal baisée qui ne supportait pas le succès d’une toute jeune femme. Elle devait certainement se cacher derrière des valeurs féministes à la con tout en écumant de rage en voyant que le monde tournait mieux pour celles qui avait la chance d’être plus jolies quelle ne l’était, cette pute. C’est que les insultes défilèrent dans le fil de pensées de Jo qui se tendait évidemment, comment pouvait-il en être autrement ? Elle était au bas mot en train de se faire traiter de salope en direct à la radio, alors d’accord, elle avait le chic pour monter sur ses grands chevaux, mais il y avait des fois où sa grande gueule était quand même bien pratique pour remettre à sa place les pétasses dans le genre de celle qui se cacherait derrière son pseudo-boulot pour expliquer ses questions incisives. Elle n’avait peut-être que la monnaie de sa pièce finalement Jo, à vouloir faire un grand mystère du couple qu’elle formait avec Midas : si les gens savaient, elle aurait droit à un autre couplet, une certitude qui ne la faisait pas déroger de son envie de préserver encore un peu ce qu’ils vivaient parce qu’elle avait les épaules pour supporter ce genre de trucs. D’ordinaire. Là, elle devait admettre qu’elle n’était pas dans les bonnes conditions. Et la proximité de Midas, si elle était rassurante bien sûr, elle ne l’aidait pas à penser droit ni à se dire que réfléchir un peu à ce qu’elle répondait à l’animatrice, c’était une option logique pour éviter de dire des conneries plus grosses qu’elle.

Et elle ne se rendit compte qu’elle avait dit quelque chose de mal que quand elle croisa son regard de toute façon. Le duel de regards qui se joua juste là, alors qu’elle cherchait comme une conne l’assentiment de Midas qui ne la lâchait pas des yeux, il la mit sur la piste de la suite des événements. Elle aurait dû rester à Paris, à bouffer des pains au chocolat et à se pâmer devant la beauté des danseuses du Crazy Horse au lieu de rentrer pour répondre à des questions de merde sur une histoire qui datait de presque dix ans. Elle aurait voulu être incapable de lire ce qu’il y avait dans les yeux de Midas, mais elle avait passé trop de temps à se perdre dedans pour passer à côté de ce qui brillait au fond du bleu soudain glacial de ses iris. Elle s’y déroba lâchement quand l’animatrice s’adressa de nouveau à lui et que, charmant comme il en avait l’habitude malgré l’agressivité subtile de son ton, il se chargea de remettre les choses à leur place. Elle, elle ne put s’empêcher de glisser entre deux de ses phrases "Et puis c’est quel genre d’attitude de demander son avis à quelqu’un au sujet de la vie privée de quelqu’un d’autre ? Je sais ce qu’on raconte sur notre mariage, mais vous savez quoi ? J’ai jamais vu la couleur de la bague." Elle pouvait fanfaronner encore un peu, sachant que dans quelques minutes à peine, elle le ferait moins.

Vite, Jo s’astreignit à se repasser les dizaines de coups de gueule — sans exagération — qu’ils avaient eu à propos de Micah. La vérité, c’était qu’elle était capable de se souvenir que jamais, elle n’avait dit à Midas qu’il était un ancien amant. Elle lui avait dit qu’il ne se passait rien entre eux parce que c’était la vérité, mais elle n’avait pas jugé nécessaire de remonter plus loin dans l’historique qui était celui de leur histoire tant c’était clair pour chacun d’eux, que leur semblant d’idylle était terminée depuis bien longtemps. Repoussant rageusement sa tasse, Jo dévisagea l’animatrice qui donnait l’impression d’être moins à l’aise quand Midas la somma de reprendre le cours de l’émission en se concentrant sur leur collaboration "Je n’en ai plus, non. La seule chose à faire maintenant c’est de l’écouter après vous avoir dit merci et au revoir à tous les deux. On se retrouve demain à la même heu…" Dans son casque, Jo entendit les premiers accords de leur chanson, faisant abstraction du reste des paroles de la jeune femme, et releva la tête quand on se pencha sur elle "C’est ma méthode de travail, je suis un peu rentre-dedans." Putain, tous prévisibles ces bâtards. Jo se leva de son siège pour de bon, lourda son casque sur la table en répondant à la jeune femme "Je vous conseille d’être encore plus insultante la prochaine fois avec vos invités, ça pousse à la confiance. Je me suis sentie vachement bien accueillie, j’ai vraiment trop hâte de revenir." L’ironie dans sa voix légèrement éraillée, résultat de la climatisation de l’avion, fit sourire l’animatrice qui leva ses mains devant elle comme une malfrat pris sur le fait pendant qu’un employé de la station vint se dresser entre Jo et Midas pour leur dire sans qu’ils ne puissent se parler, encore une fois "On va encore avoir besoin d’un peu de votre temps, c’est pour trois ou quatre photos pour nos réseaux sociaux. Suivez-moi tous les deux, c’est à l’étage." Graduellement, Jo sentit son visage lui picoter, une bouffée de chaleur incontrôlable la prenant quand elle s’engagea pour sortir de là et suivre le jeune homme en s’assurant que Midas la suivait. Elle essaya de capter son regard, ne sut dire s’il l’évitait où si ce n’était qu’une coïncidence, et se risqua simplement à crocheter le creux de son bras lorsqu’il arriva à sa hauteur ; geste pas si intime que ça, qui ne leur vaudrait pas d’être questionnés. Elle le lâcha seulement lorsqu’ils arrivèrent devant les portes de l’ascenseur qui ne s’ouvrirent pas tout de suite, et chercha quelque chose d’intelligent à dire, consciente dans le fond que ce qu’elle avait eu envie de faire tout à l’heure, le prendre dans ses bras, le toucher vraiment, l’embrasser, n’était toujours pas envisageable étant donné la présence de leur accompagnateur — aussi parce que franchement, elle était inquiétée par ce qu’elle avait aperçu dans son regard, mais aussi par l’éventualité que c’était sa réponse à l’animatrice qui l’avait provoqué. Finalement, ne manquant jamais de courage pour mettre les pieds dans le plat, elle osa lui demander en tournant la tête dans sa direction "J’ai dit un truc qui fallait pas ?"

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveia

« Tu sais comment t’y prendre pour que les autres se sentent désirés et j’aime me faire désirer. J’ai largement abusé de mon pouvoir à un moment donné. » Jo flirte avec les limites entre le sous-entendu et des déclarations bien plus limpide pour un public qui a l’habitude de décortiquer chacune de nos paroles, et je me demande si elle en a conscience. Elle sait ce qu’un simple regard entre nous peut provoquer en émoi chez nos jeunes fans et en théorie sur les réseaux sociaux. Jouer la froideur serait tout aussi suspect, mais n’est-elle pas en train de jouer avec le feu ? A-t-elle conscience de ce qu’elle fait ? Suis-je au contraire en train de m’imaginer des choses parce que garder un secret trop lourd pour moi me rend paranoïaque ? Je ne sais à quel Saint me vouer. « Ça a été long, mais ça valait le coup, non ? » Je fais ce que l’on attend de moi dans ces circonstances, mais pas plus : j’ai peur d’être maladroit et de ne pas maîtriser ma communication, aussi bien orale que non verbale. Je lui adresse un sourire charmeur – ils sont ma marque de fabrique – avant de confirmer en hochant la tête, une main accrochée à mon menton me conférant ainsi un air résolument pensif. « Bien sûr que ça valait le coup. » A tous les égards. Maintenant, je me reconcentre sur la chanson puisque le reste ne regarde que nous. « Et les performances du single le confirment. » L’animatrice m’agace, pourtant c’est à elle que j’adresse un clin d’œil amusé, parfait dans mon rôle.

Oh, après sa nouvelle bombe, l’envie me passe cependant. Elle jette sur la table quelque chose que tout le monde semble savoir – étant donné la façon dont cette inconnue aborde le sujet sans prendre de pincette – sauf moi. J’ai la sensation d’être le dindon de la farce et mon sourire s’efface en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. « Et puis c’est quel genre d’attitude de demander son avis à quelqu’un au sujet de la vie privée de quelqu’un d’autre ? Je sais ce qu’on raconte sur notre mariage, mais vous savez quoi ? J’ai jamais vu la couleur de la bague. » L’humour de la brune ne fonctionne plus pour me détendre, à présent. Elle plaisante, mais moi je n’arrive plus à la lâcher des yeux, et cette fois je ne la dévore plus du regard avec tendresse et convoitise. Non, je l’observe comme un homme qui se sent trahi. « Je n’en ai plus, non. La seule chose à faire maintenant c’est de l’écouter après vous avoir dit merci et au revoir à tous les deux. On se retrouve demain à la même heu… » Le démarrage du single et donc ma voix coupent la jeune femme, qui enlève son casque et, presque en pilote automatique, je l’imite sans pour autant être capable de m’empêcher de jeter des coups d’œil à la dérobée à Jo, pour voir si à minima elle se sent coupable ou honteuse. Elle m’a menti, n’est-ce pas son tour de ressentir ce genre de chose ? Mais non, elle est fidèle à elle-même, toujours aussi vindicative et moi je ne sais pas sur quel pied danser. Exit les jeux de séduction : elle me donne l’air d’être parfaitement à l’aise avec sa déclaration, et je me demande à quel point pense-t-elle que je suis naïf et con. « On va encore avoir besoin d’un peu de votre temps, c’est pour trois ou quatre photos pour nos réseaux sociaux. Suivez-moi tous les deux, c’est à l’étage. » - « Hum ? Ah oui, les photos. Okay. » Je respire un grand coup avant de me redresser et de suivre la jeune femme au travers des couloirs de la station radio.

J’évite le regard de Jo, à présent, de peur que mes yeux trahissent l’étendue de ma blessure face à des personnes qu’elle ne regarde pas. Dans l’ascenseur, je m’applique à avancer jusqu’au font de la cabine, rangé dans un angle, les bras croisés sur mon torse dans une posture qui ne me rend guère approchable. Pourtant, Jo ose ; et je ne suis même pas surpris. Il n’y a rien qui l’effraye, la brune. « J’ai dit un truc qui fallait pas ? » Nous ne sommes pas seuls, si bien que je laisse échapper ce qui ressemble à une grognement réprobateur faible, avant de secouer la tête. « Pas maintenant. » Je n’ai pas envie que cette bonne femme puisse se nourrir de ma colère et de ma peine, s’enorgueillir de nous avoir poussé à la dispute de couple. Elle n’attendait certainement que ça, de nous faire sortir de nos gonds. Et ce n’est pas bien compliqué en nous observant fonctionner un peu de deviner que je suis la cible la plus facile de nous deux.

Pour les photos, je glisse mon bras au creux des reins de la chanteuse, mais mon sourire est dénué de ma chaleur habituelle. Tant pis ; de toute façon, ma mine renfrognée me donnera l’air mystérieux. Jo est splendide, comme toujours, mais je suis plus habité par mon sentiment de trahison que par le désir, et c’est rare la concernant. J’ouvre à peine la bouche, et me contente de réponses monosyllabiques lorsque c’est nécessaire. J’ai envie de frapper dans le mur et de démonter l’appareil photo qui émet des flashs nous capturant pour la postérité, Jo et moi. « C’est bon ? » Une fois que le photographe me confirme qu’il a ce qu’il faut, je hoche la tête, lui serre la main – le pauvre homme n’est fautif de rien jusqu’à preuve du contraire – avant de reprendre l’ascenseur en direction du parking où ma voiture m’attend. « Madame rentre avec son chauffeur, ou bien je te ramène ? » Même en colère, je reste un gentleman. Pourtant, maintenant que nous ne sommes plus que deux dans la cabine, j’ajoute. « T’aurais fini par me le dire un jour où c’était plus drôle de me faire passer pour un idiot paranoïaque ? » Ou plus facile de me faire passer pour le méchant et fautif de chacune de nos disputes concernant l’acteur.

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Pas maintenant. Et il était là, le petit ton condescendant de l’homme qui pense être trahi. Si elle ne se savait pas en tort, Jo aurait dégainé sa mauvaise foi pour lui renvoyer un ça fait drôle comme sensation ?, seulement elle était gênée et affairée à faire ce qu’on lui demandait pour ne pas vouloir envenimer les choses. Elle était déjà persuadée que rien ne ressortirait de bon de la conversation qu’ils auraient après la petite séance-photo qui les attendait. Au fond d’elle, derrière les sourires et les regards vers l’objectif, ça la gonflait de penser que pour la énième fois en près d’un an, elle allait devoir se justifier sur ce qui la liait à Micah. A croire que c’était l’obsession de Midas qu’elle sentait tendu, fermé à ce qu’elle lui quémandait comme une conne par le biais de regards et de main posée sur l’épaule. D’un point de vue extérieur, c’était sûrement jouissif de la voir dans le rôle de l’arroseur-arrosé, sauf que c’était typiquement ce qui lui faisait regretter d’être celle qu’elle était parfois, pas la dernière à savoir user d’autant d’immaturité. Y être confrontée de la part de quelqu’un d’autre, ça la remettait à sa place.

Midas ne montait pas dans les tours, il restait relativement calme et poli, cependant elle savait très bien quel sentiment l’animait. Quoiqu’elle dirait, il prendrait la mouche en tachant de détourner sa parole pour lui coller le nez sur ce qu’elle ne lui avait pas dit. Elle ne savait pas d’où lui venait sa paranoïa — c’en était, pour craindre une histoire vieille de dix ans, ça ne pouvait être que ça — mais elle était malvenue pour tout un tas de raisons. Qu’il l’appelle Madame, ça lui fit relever le menton, serrer les dents et le fixer sans ciller. Le bout de sa langue finit par balayer sa rangée de dents du haut alors qu’elle gardait la bouche fermée, conservant sur l’instant sa volonté de ne pas faire ce qu’elle faisait d’habitude en s’agaçant d’entrée de jeu. La fatigue ne jouerait pas en sa faveur. Elle le détestait de profiter de ça pour entamer un sujet pareil quand elle n’avait fait que répondre à une putain de question sans mentir. Il n’était pas coutumier du fait vu qu’il trimballait des bobards derrière lieu comme une batterie de cuisine, mais quand même. Être sincère, ce n’était pas la dernière chose qu’elle, elle savait faire malgré ce qu’il lui dirait bientôt.

"Et c’est chez moi tu vas me ramener j’imagine ?" Elle qui s’était languis d’un moment seule avec lui, elle pouvait se la coller derrière l’oreille. Ça lui fit libérer un très léger rire en rentrant de nouveau dans l’ascenseur pour se positionner en parfaite opposition à Midas. Ne le quittant pas des yeux, c’est en étant sarcastique qu’elle ajouta "Bienvenue à la maison, Jo. Paris était pas si mal, puisque tu me poses la question." Il enchaîna sans délai. Jo eut l’impression désagréable d’être agressée "Wouah. Pas même un baiser ? On rentre directement dans le vif du sujet ?" Elle était à ça de lui faire remarquer que c’était bien une première, mais rongea son frein en lui faisant simplement "OK." Il voulait des explications, il en aurait ; et quelque chose lui disait que ça allait lui déplaire, mais ce que le roi Midas voulait, il l’obtenait. À croire que son prénom lui conférait le droit d’exiger sans en avoir l’air. Il y avait une barre qui faisait le tour des parois de l’ascenseur, aussi les reins posés contre celle-ci, Jo s’y accrocha du bout des doigts en n’attendant pas pour lui répondre, et ce pas avec sa superbe de d’habitude, épuisée, mais surtout consciente d’avoir fait une erreur. Et encore, tout est relatif "Tu m’as jamais posé la question. Tu m’as demandé si pendant qu’on était ensemble, je couchais avec lui, c’est tout ce que t’as fait." Et la si bonne opinion qu’il disait avoir d’elle, elle en prenait un coup dans l’aile quand il la croyait capable de prendre du bon temps avec quelqu’un d’autre quand il avait le dos tourné. Elle explicita, aussi clairement que possible "C’est plus le cas depuis presque dix ans. Dix ans, Midas." Si elle avait voulu mettre de l’huile sur le feu, elle aurait ajouté que son passé avec Micah, il était plus vieux que sa fille. C’est vrai à sa place, elle n’aurait pas été aussi à l’aise de lui reprocher ce genre de choses si elle avait eu un enfant durant l’intervalle de six années qu'ils avaient passé loin de l’autre "J’ai pas jugé nécessaire de te parler de ça parce qu’on était pas un vrai couple, lui et moi. Et puis c’était avant qu’on se rencontre, et c’est toi qui l’as dit : on a pas de comptes à se rendre au sujet des périodes où on était pas ensemble." Elle ne baissa pas les yeux, droite sur ses appuis lorsqu’elle lui demanda "Ou ça vaut que pour toi ?" Et elle ne comptait pas le faire, baisser les yeux. Si elle avait eu tort de ne pas se montrer limpide, elle n’avait pour autant rien fait de mal, et elle avait encore moins menti. Elle n’avait juste rien dit "Je te prends pas pour un idiot. C’est ton interprétation, et je suis désolée si t’as cette impression." Mais "Mais par contre ouais, t’es parano." Et jaloux par-dessus le marché. Sauf que lui faire remarquer à ce moment-là,  ça ne serait certainement pas son meilleur move. Elle lâcha la barre de l’ascenseur pour croiser les bras sur sa poitrine, et choisit de lui faire après une pause durant laquelle elle consentit à rompre le contact visuel juste pour regarder le plafond, un sourire sans joie effilant ses lèvres "Est-ce qu’au moins tu te rends compte que t’es le seul de nous deux à constamment le ramener dans nos discussions ?"

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« Et c’est chez moi tu vas me ramener j’imagine ? » Je n’en ai pas la moindre foutue idée, pour ce que ça vaut, puisque je suis tiraillé entre l’envie de l’embrasser et de lui montrer à quel point elle m’a manqué et celle de lui faire comprendre qu’elle ne peut pas agir comme si ce n’était rien, comme si ce n’était pas grave de m’avoir laissé me faire des films pendant des mois en passant pour un fou qui imagine des choses alors que choses il y a eues, que ce soit le cas à l’heure actuelle ou pas ne change rien à ce simple fait. Et puisque je n’en sais rien, je préfère ne pas répondre plutôt que d’affirmer une chose que je pourrais regretter par la suite. Dans les moments comment celui-là, je ressemble bien plus au reste de ma famille : des hommes taiseux et renfermés, dans l’ensemble. « Bienvenue à la maison, Jo. Paris était pas si mal, puisque tu me poses la question. » - « Joue pas à ça Jo. » J’ai parfaitement le droit d’être en colère, et je n’aime pas la façon dont elle change la critique de camp. Je deviens le méchant qui la brusque alors qu’elle vient de rentrer dans sa fabuleuse semaine à Paris, le casse couilles qui fait une montagne à partir de rien.

« Wouah. Pas même un baiser ? On rentre directement dans le vif du sujet ? » Je ne suis pas d’humeur à l’embrasser tout en ayant terriblement envie, et le fait qu’elle monte sur ses grands chevaux plutôt que d’admettre qu’elle a merdé à un moment et qu’elle aurait dû me dire la vérité fait malheureusement pencher la balance du mauvais côté. Pourquoi serais-je toujours celui qui admet ses torts quand elle manque de capacité de remise en question ? « Tu m’as jamais posé la question. Tu m’as demandé si pendant qu’on était ensemble, je couchais avec lui, c’est tout ce que t’as fait. » - « Tu te fous de ma gueule ? » Toutes les fois après ça où je lui ai fait part de mon inconfort – le mot est faible – à l’idée de la présence de l’acteur autour d’elle, elle n’a pas jugé pertinent de me parler de leur passé commun ? Elle ne s’est pas dit qu’il s’agissait d’une carte que je méritais d’avoir en ma possession ? « C’est plus le cas depuis presque dix ans. Dix ans, Midas. » - « Et c’est censé vouloir dire quoi ça, que je méritais même pas d’être au courant alors que je me faisais des nœuds au ventre à propos de lui et toi ? » Je ne lui aurait même pas demandé de se justifier, c’était avant même que nous nous connaissions, mais bon sang, au courant, ça j’aurais voulu l’être. « J’ai pas jugé nécessaire de te parler de ça parce qu’on était pas un vrai couple, lui et moi. Et puis c’était avant qu’on se rencontre, et c’est toi qui l’as dit : on a pas de comptes à se rendre au sujet des périodes où on était pas ensemble. Ou ça vaut que pour toi ? » Je secoue la tête. « Je t’ai dit que je m’étais mal exprimé, que c’était pas ce que je voulais dire. » Quand je lui ai dit que je ne lui devais rien, c’est parce qu’elle m’avait mis au pied du mur. Quand nous avions réussi à reparler, je lui ai dit que je regrettais la formulation, que si le fond était vrai, la forme avait été terriblement maladroite. Quand les choses qui sont arrivées pendant la période où nous n’étions pas ensemble ont encore un impact sur ce qu’il se passe aujourd’hui, ne méritons-nous pas d’avoir toutes les cartes en main ? N’était-elle pas heureuse que je m’empresse de lui expliquer que si certes, Harleen était la mère de ma fille, notre relation n’avait duré que quelques mois et que je ne ressentais plus rien pour elle aujourd’hui ? N’ai-je pas été transparent à ce sujet ? L’ai-je fait avec aigreur et ressentiment, sous prétexte que je ne lui devais rien ? Si nous voulons construire quelque chose elle et moi, ne sommes-nous pas supposés être honnête l’un envers l’autre sur ce genre de chose ? Mes mensonges ne nous ont-ils pas prouvé qu’il valait mieux toujours dire la vérité ?  

« Je te prends pas pour un idiot. C’est ton interprétation, et je suis désolée si t’as cette impression. Mais par contre ouais, t’es parano. » Comment suis-je censé le penser alors que j’apprends aujourd’hui qu’elle m’a menti par omission ? Elle se doutait forcément que ma réaction, en apprenant ce fait, ne serait pas franchement positive. Il a dû exister ce moment où elle craignait que je l’apprenne et que je m’énerve. « Est-ce qu’au moins tu te rends compte que t’es le seul de nous deux à constamment le ramener dans nos discussions ? » - « Le seul à le ramener dans nos discussions ? » J’écarquille les yeux, touché qu’elle me fasse passer pour le coupable quand je n’aurais pas besoin de le ramener dans nos discussions, comme elle le dit, s’il n’était pas omniprésent dès qu’il est question d’elle. « Parfait, dis-moi Jo. Dis-moi comment tu réagirais si je passais mon temps à échanger sur les réseaux sociaux avec mon ex le même genre de message que vous échangez, lui et toi. Comment tu réagirais si toute la presse me prêtait une relation avec elle, ou avec Charlie ou n’importe qui d’autre, et que je partais pendant plusieurs semaines à l’autre bout du monde dans un hôtel avec elle, que je vantais sa plastique sous chacune de ses photos en ligne. » Pour une photo prise par un paparazzi avec une ancienne amie au restaurant, elle a complètement pêté les plombs. « Et comment tu réagirais si après tout ça, t’apprenais plusieurs mois après qu’on a été ensemble et couché ensemble dans le passé ? » Elle est aussi possessive lorsqu’il est question de moi que l’inverse, j’aurais du mal à croire si elle affirmait qu’elle s’en moquerait. « Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que t’en aurais rien à faire, que tu serais pas parano toi aussi, et très bien, la conversation s’arrête là. »

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"C’est censé vouloir rien dire, tu le comprendrais si t’étais pas aussi borné." C’était l’hôpital qui se fout de la charité. Jo ne s’était pas soudainement fait pousser une bonne foi pour trouver grâce aux beaux yeux de Midas. Il la mettait au pied du mur, et sa seule défense, c’était l’attaque. Elle avait été apprise comme ça, s’éloigner de ses parents n’avait pas déréglé les mécanismes de défense qu’ils avaient implanté à l’époque, ils avaient même pris de l’ampleur au plus le temps avait passé et qu’elle avait essuyé abandons et déceptions. Elle avait tort, elle le savait, elle ne se mettrait pas à genoux pour autant, elle estimait l’avoir bien assez fait ces derniers temps "J’ai pas dit que tu méritais pas d’être au courant, j’ai dit que c’était pas utile que tu le sois. Ça aurait changé quoi ? Tu te serais fait moins de noeuds au ventre, tu m’aurais cru quand je t’aurais dit que c’est du passé ?" Midas, il voyait ses bons côtés que quand ça l’arrangeait. La plupart du temps, il faisait comme les autres : il sous-estimait ses qualités pour ne s’arrêter que sur ses défauts et ne retenait que ça. C’était beau de chanter ses louanges, c’était beau de lui promettre de lui faire vivre son rêve en décidant à sa place, mais croyait-il seulement ce qu’il disait quand il lui affirmait ne pas douter qu’elle soit quelqu’un de bien ? Elle ne lui poserait pas la question, le sujet n’était pas là, et elle pouvait presque anticiper sa réaction si elle faisait dériver cette discussion, aussi elle se recentra vite pour lui faire à la place, ne laissant pas l’occasion au doute de s’installer alors que ses yeux ne se dérobaient pas des siens "Tu me crois maintenant alors que je te l’affirme sans ciller ?" Qu’il ne se passerait plus jamais rien avec Micah ? Ce n’était pas une façon de parler, Jo n’avait aucun doute à ce sujet. Elle pouvait remonter assez loin dans ses souvenirs pour faire la focale sur toutes les fois où elle lui avait dit de ne pas être amoureuse de lui, toutes les fois où elle lui avait conseillé de ne pas tomber amoureux d’elle non plus, n’ignorant pas que l’un de ses plus grands talents, c’était de briser des coeurs. Elle croyait peut-être que dans une autre réalité, ils se seraient mariés par défaut, mais ça n’aurait été que le fruit d’un désespoir causé par leurs traumas d’enfance, certainement pas parce qu’ils se pensaient faits l’un pour l’autre. Inutile d’essayer d’expliquer la nuance à Midas puisqu’il ne la maîtrisait pas, aussi maladroit qu’elle l’était lorsqu’elle dégueulait ses sentiments et sa colère sans penser une seconde à ce qu’elle disait — preuve était la défense qu’il lui servit quand elle lui rappela ce qu’il lui avait dit à l’époque concernant cette vie qu’il menait sans qu’elle ne soit légitime à y accorder ne serait-ce qu’un avis. Elle n’avait pas envie de rétorquer, alors elle ne le fit pas. Pour quoi faire ? Pour lui faire remarquer qu’il l’avait dit dans tous les cas, qu’elle l’avait entendu, et que malgré ce qu’il pensait, elle l’écoutait plus que n’importe qui quand il ouvrait la bouche, constamment pendue à ses lèvres ?

Elle reporta ses yeux sur le plafond, regrettant amèrement cette putain d’interview et plus encore son retour en ville. Elle posa l’arrière de sa tête contre le miroir auquel elle faisait dos, serra les dents si fort qu’elle les sentit grincer sous la volonté qu’elle mettait à ne pas sortir de ses gonds, ou à faire un geste de trop. Pourquoi l’ascenseur mettait-il autant de temps à arriver ? Elle se posa la question en boucle quand elle entendit Midas reprendre la parole sans s’arrêter. Elle baissa de nouveau la tête pour affronter sa colère, ne prit pas la peine de réfléchir à quoi répondre à ses questions "Exactement comme quand j’ai appris que tu t’étais tapé ma copine et que quand tu m’as dit t’être cru amoureux d’une autre au point de lui faire une gamine, c’est ça que tu veux entendre ? C’est quoi, un putain de concours de celui qui aime le plus l’autre en fonction de sa jalousie ?" Elle continua de le fixer, puis croisa les bras sur sa poitrine en signe défensif "Et laisse Charlie là où elle est. Elle a rien à foutre dans cette conversation, c’est entre toi et moi." Et Micah en l’occurence "Tu me connais vraiment mal si tu crois que ces échanges de commentaires veulent dire quelque chose. Je te l’ai déjà dit : c’est que ça, des commentaires entre deux personnes qui se connaissent depuis des lustres. Tu choisis de pas le croire parce que tu me fais pas confiance, mais tu sais quoi ? J’ai la conscience tranquille, essaye pas de me faire dire le contraire parce que ça t’arrangerait que je te confirme qu’il me saute chaque fois que t’as le dos tourné." Serrant un peu plus ses bras sur sa poitrine, elle ne baissa pas les yeux cependant, le défiant presque silencieusement pendant qu’elle le laissait terminer sa tirade. Jo ne fuirait pas, elle n’était pas lâche, mais elle espérait qu’à un moment où un autre, l’ascenseur finirait par s’arrêter et ses portes par s’ouvrir. Elle sentait une angoisse monter en se rendant compte que dans tous les cas, elle était piégée et qu’il ne lui restait plus qu’une chose à faire pour prouver sa bonne foi. Alors elle se ranima, décroisa les bras en clignant enfin des yeux, mais en ne les détournant pas pour faire à Midas, assurément agacée, ce qui avant toute chose la força à prendre une inspiration si profonde qu’elle en fût douloureuse "J’ai mal jugé la situation et j’ai fait une erreur, d’accord ? Ça veut pas dire que j’essayais de te cacher quelque chose, ou que je crois pas ce que je dis quand je t’affirme que c’est pas important. Tu te dis pas que si ça l’était, ce serait pas avec toi que je serais aujourd’hui ?" Un peu de bon sens putain, ça aiderait au moins un peu à ne pas faire un drame de toute cette putain d'histoire. De nouveau, elle cogna l’arrière de sa tête contre le miroir derrière elle, et là ses yeux se détournèrent de ceux de Midas. Laissant un très léger rire lui échapper, elle reprit après avoir brièvement fermé les yeux, son jet-lag se rappelant à elle au mauvais moment "Qu’est-ce que ça va changer d’admettre que je me suis trompée et de m’excuser de toute façon ? J’aurais beau te dire tout ce que je veux au fond, t’es déjà persuadé que j’attends qu’une chose." Et c’était de remettre le couvert avec Micah.

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« J’ai pas dit que tu méritais pas d’être au courant, j’ai dit que c’était pas utile que tu le sois. Ça aurait changé quoi ? Tu te serais fait moins de nœuds au ventre, tu m’aurais cru quand je t’aurais dit que c’est du passé ? » Réalise-t-elle qu’elle joue avec les mots ? Que tout ce qu’elle est en train de faire, c’est de tenter de trouver une façon de tourner les choses pour ne pas avoir à admettre qu’elle a eu tort, pour ne pas simplement avoir à demander pardon ? Ne l’ai-je pourtant pas fait moi-même à chaque fois que c’était nécessaire, et peut-être même plus ? N’est-ce pas vrai que je passe mon temps à tenter de comprendre où j’ai foiré pour l’admettre, me vautrer à ses genoux en lui demandant de me pardonner, et faire mieux ? Bon sang, sa foutue fierté est-elle telle qu’elle n’est même pas capable de reconnaître que je mérite mieux que les compliments qu’elle adresses aux abdominaux de Tomlinson dès qu’elle en a l’occasion ? « Tu me crois maintenant alors que je te l’affirme sans ciller ? » - « Bien sûr que je te crois Jo. » Je ne suis pas en train de l’accuser de me tromper ou même d’y songer, ce dont je l’accuse, c’est de ne pas savoir s’appliquer ses propres règles de transparence. Moi aussi, je pourrais lui rétorquer des grands mais ça ne vaut que pour moi ? sauf que je n’aurais pas l’impression de faire avancer le débat. « C’est pas ça la question. Putain t’es même pas capable d’admettre que, oui, t’aurais dû me le dire. » Parce qu’il y a une grande différence entre se méfier d’un bellâtre et se méfier d’un ex petit copain.

« Exactement comme quand j’ai appris que tu t’étais tapé ma copine et que quand tu m’as dit t’être cru amoureux d’une autre au point de lui faire une gamine, c’est ça que tu veux entendre ? C’est quoi, un putain de concours de celui qui aime le plus l’autre en fonction de sa jalousie ? » - « Non c’est pas un concours. C’est juste ma façon de te dire que c’est facile de gérer la situation comme si c’était moi qui débloquais quand t’aurais réagi juste pareil. » Je n’ai pas envie d’envenimer une situation qui n’a pas besoin de l’être. Je ne monte pas dans les tours et je fais même de mon mieux pour ne pas répondre à ses provocations par des semblables. Mais je n’ai pas envie de m’écraser parce qu’elle compte pour moi, parce que je l’aime comme un fou et depuis des années dans le fond, et parce que j’ai peur de la perdre. Je l’ai trop fait et si, la majorité du temps, j’étais en tort et n’avais rien d’autre à faire, je n’ai pas envie de toujours être celui qui demande pardon. « Et laisse Charlie là où elle est. Elle a rien à foutre dans cette conversation, c’est entre toi et moi. » Entre elle et moi, ou entre elle, moi et son ex ? Jo a l’art et la manière de diriger son monde à la baguette. Mais soit, je n’ai pas de grief envers la brune concernant toute cette histoire, pas plus que je ne nourris de regrets à l’idée de m’être tenu éloigné de la blonde. La seule chose que je cherchais à faire, c’est ouvrir les yeux la demoiselle, lui faire prendre conscience qu’elle s’autorise des choses qui, si je l’imitais, me vaudrait certainement de recevoir moi aussi les foudres de sa jalousie. « Tu me connais vraiment mal si tu crois que ces échanges de commentaires veulent dire quelque chose. Je te l’ai déjà dit : c’est que ça, des commentaires entre deux personnes qui se connaissent depuis des lustres. Tu choisis de pas le croire parce que tu me fais pas confiance, mais tu sais quoi ? J’ai la conscience tranquille, essaye pas de me faire dire le contraire parce que ça t’arrangerait que je te confirme qu’il me saute chaque fois que t’as le dos tourné. » - « Mais tu comprends pas que c’est pas une question de confiance ? Que ça me rend juste malade de te voir échanger ce genre de truc avec un type qui lui, a manifestement envie de te sauter, ouais ? » On ne me fera pas croire qu’un homme capable de dire ce genre de chose à Jo ne remettrait pas le couvert s’il en avait l’occasion. Si Jo le pense, alors soit elle sous-estime son charme – j’en doute – soit elle surestime les hommes de façon générale. Moi, je reste persuadé que tous mes congénères en posant les yeux sur elle n’ont qu’une seule idée en tête, et je n’en démordrais pas. Il suffit de la regarder pour s’en rendre compte : elle est un appel parangon de désir et de sensualité, Jo. « Ce que tu comprends pas c’est que j’ai beau te faire confiance, j’ai beau savoir que tu feras rien avec ce type, ça me fait pas plaisir pour autant de voir ça. Surtout en sachant que c’est ton ex avec qui t’échange ce genre de chose. Mais fais ce que tu veux, t’es une grande fille. » Et surtout, personne ne l’empêchera d’agir comme bon elle le souhaite, je la connais assez pour savoir ça. Certes, cette discussion a des allures de réchauffé. Ce n’est pas la première fois que nous nous disputons au sujet de l’acteur mais comment suis-je censé prendre le fait que, pour moi, elle ne soit pas prête au moindre compromis à ce sujet ? Je n’ambitionne pas de la changer. Je serais le premier déçu si elle perdait son mordant et devenait sage. Mais n’y a-t-il pas une limite à ce qu’il est convenable de faire lorsque l’on est en couple ?

« J’ai mal jugé la situation et j’ai fait une erreur, d’accord ? Ça veut pas dire que j’essayais de te cacher quelque chose, ou que je crois pas ce que je dis quand je t’affirme que c’est pas important. Tu te dis pas que si ça l’était, ce serait pas avec toi que je serais aujourd’hui ? » La porte de l’ascenseur s’ouvre et, si je n’en descends pas tout de suite, je me place dans l’entrebâillement pour qu’il ne reparte pas. Nous descendrons lorsque Jo fera le premier pas et sera prête à le faire : je suis suspendu à ses lèvres. « Tu comprends pas que c’est pas de ça qu’il est question, mais de respect. » Suis-je idiot et très fier de considérer que c’est important ? Ne devrais-je pas me contenter d’être enfin avec la fille de mes rêves, et de l’avoir uniquement pour moi ? « Qu’est-ce que ça va changer d’admettre que je me suis trompée et de m’excuser de toute façon ? J’aurais beau te dire tout ce que je veux au fond, t’es déjà persuadé que j’attends qu’une chose. » - « Qu’est-ce que ça change ? » Hébété par sa réponse, je l’observe avec deux grands yeux ronds. « Ça montrera que t’es capable de le faire déjà, parce que tu sais que c’est important pour moi. » N’est-ce pas suffisant ? Cela devrait à mon sens l’être, puisqu’elle admet déjà à demi-mot qu’elle sait qu’elle a fait erreur. « Pourquoi c’est si compliqué à admettre ? »

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Elle lui aurait bien rétorqué qu’il avait à peine l’air de la croire, mais ça ne serait soufflé que par sa mauvaise foi. Si elle savait rarement la faire taire, il y avait des moments où elle parvenait toutefois à la contenir pour ne pas envenimer une situation qui n’avait pas besoin de l’être. C’était ridicule, voilà ce qu’elle pensa en en ayant conscience bien sûr, qu’elle avait fait une erreur, et elle l’admettrait de moitié quelques instants plus tard, mais l’impression d’être de nouveau acculée à propos d’une histoire qui tournait en boucle depuis des mois alors qu’elle était prête à jurer que, de son côté en tout cas, rien de plus que ces putains de commentaires ne lui traversaient l’esprit quand elle tapotait sur l’écran de son téléphone portable pour en rédiger un nouveau à l’intention de Micah, elle n’était pas agréable et donnait un goût amer à ce retour en ville qu’elle avait attendu avec impatience.

Elle leva les yeux en l’air, elle avait de toute façon le sentiment que tout ce qu’elle dirait lui serait retourné à la figure, que chaque chose qu’elle prononcerait pour tenter d’apaiser la tension serait pris de la mauvaise manière. Elle maniait les mots d’une façon particulière Jo, et c’était pour blesser, de fait quand elle tombait sur quelqu’un qui savait faire la même chose, elle était déstabilisée de trouver un adversaire à sa taille, pas habituée à ce qu’on la mette devant le fait accompli. Midas avait plus d’aptitude qu’il ne l’imaginait en la matière, lui qui se voyait comme un gentil garçon, incapable du pire. Il parvenait pourtant à viser si juste pour l’achever, ou bien c’était parce que c’était lui, et que tout ce qu'il était susceptible de penser à son sujet avait une importance capitale à ses yeux. Les mots, elle les maniait différemment uniquement quand elle écrivait des chansons. Elle n’avait pas encore trouvé le moyen de transposer ça de façon à se sentir moins humiliée quand elle était un tant soi peu fragile pour exprimer ce qu’elle ressentait, ses maladresses et ses blessures. C’était un problème qu’elle imposait aux autres, et personne n’en était responsable. Elle n’avait pas d’autres méthodes pour faire passer ses messages, et elle préférait cent fois se barricader derrière sa fierté que d’être obligée de montrer ses failles, c’était comme ça. Elle avait failli là, Jo, et ce n’était pas facile à avaler, pas seulement parce que Midas avait entièrement raison, mais aussi parce que chaque fois qu’ils se disputaient, elle comprenait à quel point elle réagissait de façon bancale sans réussir à rectifier le tir étant donné qu’absolument personne ne voulait lui apprendre à voir les choses sous un autre prisme — lui le premier, il avait textuellement refusé de le faire. Les bras croisés, elle resta muette un temps infini, encaissant les réponses de Midas en le regardant sans se dérober, sans même objecter à ce qu’il racontait à propos de Micah et de l’éventualité que lui, il voyait les choses autrement quand il la regardait. Elle n’était pas assez naïve pour aller au-delà de ce soupçon là, elle avait déjà vu passer des choses dans les yeux de Micah qui rendaient légitime la jalousie de Midas et c’était bien pour ça qu’elle tachait toujours de recadrer les choses avant de faire naître des espoirs chez son ex-petit ami — et ça rejoignait sans doute ce que lui disait Megan à propos de son besoin compulsif de s’entourer de gens qui la désiraient, qu’elle traitait mieux que les autres puisque que ça l’arrangeait, qu’elle en avait besoin. Elle ne faisait pas miroiter l’espoir d’un plus, mais elle ne l’éteignait jamais vraiment non plus. On lui avait appris qu’être désirée, c’était exister, et elle avait besoin d’exister pour survivre, c’était aussi primitif que ça.

"Je comprends que ça te plaît pas, putain, c’est pas ça que je remets en cause, c’est tout le reste. Tu sous-entends que je t’ai sciemment caché qu’il s’est passé quelque chose avec lui, et c’est faux. Je te l’ai juste pas dit et j’ai eu tort, ça aussi je comprends, mais je veux pas que tu me prêtes des mauvaises intentions, ça va pas aussi loin que ça." Elle ne réussissait pas à se faire comprendre, et ça la frustrait. Elle émit un léger souffle par le nez qui se transforma en rire mécanique quand elle rétorqua à sa suite "Fais ce que tu veux, t’es une grande fille ? Après m’avoir fait une scène pour me faire enregistrer pour de bon que la manière dont on communique te déplaît, je vais me précipiter sur mon téléphone, t’as raison. T’en as encore des comme ça pour me faire passer pour celle qui cherche à tout prix à emmerder le monde ? Si tu crois vraiment que je vais continuer tout ce cirque après cette discussion." S’il était de bonne foi, il admettrait que depuis Adélaïde Hills, elle n’avait pas commenté une seule fois un post de Micah sur les réseaux sociaux. Elle soutint son regard jusqu’à ce que ses yeux se remettent à ciller d’eux-mêmes, un picotement les y efforçant. Elle voulait que ce putain d’ascenseur s’arrête, c’était à peu près à tout ce qu’elle aspirait pour le moment étant donné qu’elle ne réussissait pas à marquer son point. Elle commençait à sentir l’angoisse monter. L’espace étriqué dans lequel ils se trouvaient, il la mettait mal à l’aise — certainement pas autant que la manière dont Midas se dressa devant les portes une fois que la cabine s’arrêta enfin, et qu’elle se sentit encore plus acculée. Elle le fixa encore un instant, ne bougeant pas de là où elle se trouvait encore, vieux réflexe de guet-apens paternel qu’elle sentait tourner en boucle à l’arrière de son cerveau. Ses bras décroisés pendant le long de son corps, Jo serra les poings sans vraiment s’en rendre compte, et se concentra sur la voix de Midas pour se contraindre à rien d’autre que rester ancrée dans la réalité, et surtout pour mieux lui répondre en secouant la tête "Je te respecte, et tu le sais. Quand on a parlé de Micah la première fois, j’ai voulu remettre les points sur les i avec la prod, et t’as cru que je le faisais à contre-coeur, alors qu’est-ce que je dois faire maintenant pour que toi tu comprennes que je me suis juste trompée et que je l’admets parce que je le sais, pas pour abonder dans ton sens ?" Elle s’arrêta très brièvement, et puis elle répéta, gênée qu’il puisse envisager qu’elle piétinait son ressenti, sa tête se secouant de droite à gauche en même temps "Je te respecte, je te l’ai déjà montré. Sois honnête, et ose me dire en me regardant dans les yeux qu’après cette première discussion, quand on était ensemble, j’ai adressé le moindre commentaire graveleux à qui que ce soit sur les réseaux sociaux." Elle le fixa un air de dire dis-le, vas-y. Sauf qu’il ne pourrait pas, parce qu’elle avait respecté ses sentiments, qu’elle avait repris ses habitudes bien plus tard, décontenancée et perdue sur bien des plans.

Elle affronta son regard une poignée de secondes encore, et puis finalement, elle s’approcha de lui dans l’espoir que remuer lui donnerait l’idée de faire la même chose pour la laisser passer pendant qu’elle murmurait presque "Tu retiens que ce que je fais de mal — laisse-moi passer." Elle n’attendit pas qu’il réponde à sa requête, elle se faufila dans l’espace le séparant des portes pour pouvoir sortir alors qu’il répondait à la question qu’elle lui avait posé quelques instants plus tôt. Elle se stoppa une fois qu’elle fut à l’extérieur de l’ascenseur juste pour se retourner dans sa direction et écarter les bras en lui faisant, sa bouche s’ouvrant avant que le moindre son n’en sorte, la frustration l’emportant sur la reste "Je viens de te dire que j’avais fait une erreur et que je m’en rendais compte. J’ai compris que j’aurais dû te le dire la première fois qu’on en a discuté." Ça avait beau l’ennuyer, les faits étaient là : elle s’était trompée, point final — et le reste de sa phrase coula de source, ça flottait dans l’air de la cabine d’ascenseur depuis tout à l’heure, pesant si fort sur sa conscience que ça avait fait monter l’angoisse qu’elle sentait encore gonfler dans sa poitrine, dans sa gorge aussi, au point que sa voix sembla un peu étouffée quand elle ajouta, ses bras retombant le long de son corps et ses épaules en même temps "Je suis désolée." Et elle ne voulait pas avoir la preuve que quoi qu’elle disait, Midas remettrait toujours sa parole en doute, exactement comme la première fois qu’ils avaient eu cette même conversation. Alors en plus de ne pas oser affronter son regard, peut-être bien pour la première fois depuis toujours, elle jugea bon en plus de tourner les talons.

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« Je comprends que ça te plaît pas, putain, c’est pas ça que je remets en cause, c’est tout le reste. Tu sous-entends que je t’ai sciemment caché qu’il s’est passé quelque chose avec lui, et c’est faux. Je te l’ai juste pas dit et j’ai eu tort, ça aussi je comprends, mais je veux pas que tu me prêtes des mauvaises intentions, ça va pas aussi loin que ça. » - « Ok. » Que répondre à ça ? Qu’elle est de mauvaise foi ? Que je la soupçonne d’aimer l’attention que l’acteur lui donne ? Que cela me met hors de moi, parce que de mon côté, la sienne me suffit et que je voudrais que ce soit la même chose pour elle ? Qu’à mon sens, la fidélité englobe plus que les plaisirs de la chair, mais tout un tas d'autres subtilités ? « Je veux pas te partager c’est tout. Et ça va plus loin que juste pas coucher avec d'autres personnes. » Considérant que j’en ai déjà bien assez dit et que je me suis assez donné en spectacle, je fourre mes mains dans les poches de mon jean noir. Il n’est pas question de son public : elle est une artiste et je sais tout ce que cela implique. Je sais que pour vendre, pour les magazines et pour les fans elle doit être désirable et laisser croire à tout un chacun lorsqu’elle chante sur scène qu’elle ne le fait que pour lui et uniquement pour lui. Je suis le plus à même de comprendre ce que cela implique, un statut d’icône, celui auquel elle aspire et qu’elle mérite. Je sais aussi parfaitement que ce n’est pas réel, que ce n’est qu’un masque pour la scène et le public mais, en privé, je suis un cœur fidèle et exclusif. Jamais je ne m’engagerai dans des petits jeux de provocation avec qui que ce soit et de quelque manière que ce soit si je partage ma vie avec quelqu’un, et c’est peut-être ça la racine du problème, ou l’une d’entre elles en tout cas, c’est qu’il est difficile de se situer dans la vie de quelqu’un qui aime être flattée par l’attention et le désir tout en n’ayant droit qu’à un statut de vilain petit secret. A ce rythme là, la situation me rendra fou en moins de quelques mois. « Fais ce que tu veux, t’es une grande fille ? Après m’avoir fait une scène pour me faire enregistrer pour de bon que la manière dont on communique te déplaît, je vais me précipiter sur mon téléphone, t’as raison. T’en as encore des comme ça pour me faire passer pour celle qui cherche à tout prix à emmerder le monde ? Si tu crois vraiment que je vais continuer tout ce cirque après cette discussion. » Que suis-je supposé faire ? La remercier pour sa décision ? Pas quand elle la présente comme un choix par dépit pour avoir la paix, comme un sacrifice qu’elle fait parce que j’exagère. « Me fais pas passer pour un tyran qui t’empêche de faire ce que tu veux alors que je crois pas que ce soit anormal, que ça me dérange. » Elle ne peut pas tout avoir Jo, le comprend-t-elle ? Le petit ami et l’ex qu’elle garde à portée de main, ce n’est pas compatible.

« Je te respecte, et tu le sais. Quand on a parlé de Micah la première fois, j’ai voulu remettre les points sur les i avec la prod, et t’as cru que je le faisais à contre-coeur, alors qu’est-ce que je dois faire maintenant pour que toi tu comprennes que je me suis juste trompée et que je l’admets parce que je le sais, pas pour abonder dans ton sens ? » Je pousse un long soupir avant de passer ma main dans ma nuque, le regard rivé sur le sol de la cabine d’ascenseur. Peut-être que ce qu’elle devrait faire, c’est ne pas donner l’impression que chaque chose que j’obtiens d’elle, je l’obtiens au terme d’un combat long et douloureux. « Je te respecte, je te l’ai déjà montré. Sois honnête, et ose me dire en me regardant dans les yeux qu’après cette première discussion, quand on était ensemble, j’ai adressé le moindre commentaire graveleux à qui que ce soit sur les réseaux sociaux. » - « Jo… T’as recommencé à la seconde où on s’est séparés, toi et moi, comment tu pensais que j'allais réagir ? Ça donne juste l’impression que j’étais la seule chose qui te retenait. » Je l’ai déjà évoqué, ce point-là. Mais je l’ai fait à demi-mot, en passant rapidement à autre chose comme si ce n’était pas important, parce que l’heure n’était pas à nous disputer à ce sujet là, mais à nous retrouver. Parce que je l’aime comme un fou, bien plus que ce qu’elle me donne parfois le sentiment qu’elle va me rendre dingue.

« Tu retiens que ce que je fais de mal — laisse-moi passer. » Je l’observe se frayer un passage, ahuri qu’elle me bouscule pour tenter de quitter l’ascenseur. Je n’avais pas l’intention de l’y enfermer. Je ne faisais que maintenir la porte ouverte pour nous épargner un nouveau trajet et qu’elle se méprenne sur mes intentions en dit long sur ce que je constitue l’ennemi à ses yeux, ou en tout cas le temps de cette discussion qui prend rapidement des allures de dispute. « Je viens de te dire que j’avais fait une erreur et que je m’en rendais compte. J’ai compris que j’aurais dû te le dire la première fois qu’on en a discuté. » Elle a donc parcouru la moitié du chemin, mais c’est la dernière qui m’intéresse, parce que j’ai besoin qu’elle me prouve qu’elle en est capable au moins pour moi. Reconnaître que l’on s’est trompé est compliqué, le plus compliqué à mes yeux, pourquoi est-ce que présenter des excuses me semble alors être ce qui reste impossible à faire aux siens ? « Je suis désolée. » C’est peut-être bien un soupir de soulagement qui m’échappe, alors qu’elle prononce ces trois petits mots. C’en est un, et puisqu’elle fuit mon regard, puisqu’elle semble hésiter entre rester là et faire demi tour pour ne pas avoir à affronter le mien, je ne fais pas la moindre remarque. Je suis trop doux et conciliant pour laisser échapper un c’était si dur que ça ? qui ne ferait pas avancer le débat. Jo s’est excusée, et je ne remets pas en cause la sincérité de sa démarche. Elle a reconnu qu’elle avait tort, elle m’a demandé pardon, alors je jette les armes. Loin d’être tranquillisé au sujet de Micah - je ne peux m’empêcher de penser que ses intentions à lui sont limpides, et il est désagréable de savoir que votre petite amie est convoité par quelqu’un qui lui est proche - je choisis de ne pas plus faire reposer ce poids sur les épaules de Jo, pas pour l’instant. Tout ce que je voudrais, c’est qu’elle soit claire avec lui, mais qui suis-je pour avancer qu’elle ne l’est pas ? Que ce n’est pas cet enfoiré qui, charmé par sa beauté incandescente et son charisme sans égal, refuse tout simplement de lâcher l’affaire ? Je m’approche de Jo, doucement et, sans rien lui imposer, je lui ouvre mes bras. J’écarte le gauche pour qu’elle se blottisse contre moi si l’envie lui prend et, de ma main droite, j’effleure doucement ses doigts à elle. « Merci Jo. » Je prends une inspiration profonde avant d’ajouter. « Je suis content que tu sois rentrée, vraiment, et tu m’as manqué. » A en crever, même. Mais je suis un homme peu habitué aux grandes déclarations. « Tu veux que je te ramène chez toi ou tu veux rentrer avec moi ? » Mon immense maison me semble moins vide lorsque je me réveille à ses côtés. « Je te crois, vraiment. »

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"Il restera mon ami." Midas ne voulait pas la partager, très bien. Elle comprenait le sentiment, elle était autant possessive qu’elle entendait qu’il l’était lui aussi, elle mettrait toutefois un point d’honneur à bien se faire comprendre sur un point sur lequel elle serait intransigeante, qu’importe comment il le prendrait pas "Je vais faire ce qu’il faut pour que cette histoire ne soit plus un problème, je te le promets. Mais il restera mon ami." Elle n’était pas désolée de le lui dire de cette manière, elle n’avait même pas envie de se justifier sur cette question-ci. Elle savait que Midas se demandait ce qu’elle lui trouvait à Micah, et il serait surement surpris de savoir que ça n’avait absolument rien à voir avec son physique plus qu’avantageux. C’était encore le seul de ses amis à n’avoir jamais rien attendu d’elle, qui n’avait pas compté sur son rayonnement pour en profiter et en jouir, restant dans son sillage uniquement parce qu’il l’appréciait et pas parce qu’il y avait quelque chose à la clef. Et puis il y avait autre chose de non-négligeable à soulever et qu’elle ne tarda pas à faire, ses yeux trouvant ceux de Midas en même temps "Je l’abandonnerai pas. Il l’a jamais fait." Lui, aurait-elle ajouté dans un passé pas si lointain, seulement elle était sûre que ça remettrait le feu aux poudres si elle faisait maintenant ce petit rappel à l’historique des erreurs de Midas qui ne pouvait certainement pas prétendre la même chose que Micah. Malheureux comparatif à faire alors qu’elle s’obstinait à les traiter tous les deux de façons bien distinctes, elle disait la vérité à propos de la loyauté de l’acteur : même quand sa carrière avait pris de l’élan, quand il avait décidé de partir et de s’occuper de lui, il ne l’avait pas laissée de côté. Il avait été moins présent, il l’avait été tout de même, gardant toujours un oeil sur elle en s’assurant que les promesses qu’ils s’étaient faites à propos de leurs rêves respectifs tenaient toujours et que Jo se donnait les moyens de les réaliser, même si c’était moins rapidement que lui. Elle ne l’avait jamais oubliée, et elle ne l’oublierait pas aujourd’hui alors que leur relation semblait être un problème à éradiquer pour Midas qui se sentait tout bonnement menacé par lui. Il disait souvent que Jo n’avait rien à prouver à personne, mais c’était quoi ça alors ? Elle devait constamment lui prouver qu’il n’avait rien à craindre et qu’elle l’aimait. Elle n’était même pas sûre qu’il se rendait compte à quel point ça pouvait être blessant quand elle avait passé des mois à trouver le meilleur moyen de lui pardonner ses erreurs pour ne pas tirer un trait sur eux justement parce qu’elle en était raide amoureuse. Il n’avait pas le monopole des sentiments Midas, et si elle avait été à sa place, ça aurait été la seule preuve d’amour qui aurait compté. De nouveau, elle se rendait compte de quelque chose, et c’était qu’ils voyaient tout très différemment à ce sujet.

Autre chose dont elle se rendait compte, c’était qu’alors qu’elle lui demandait encore une fois de la guider, il passait outre pour s’arrêter sur ce qui l’arrangeait et remettre en avant la manière dont elle s’était soi disant précipitée pour reprendre son train-train de commentaires sur les réseaux sociaux à la seconde où ils s’étaient séparés. Elle aurait aimé lui dire qu’à la seconde où ils s’étaient séparés, elle n’avait rien d’autre que de se morfondre et de se bourrer d’anxiolytiques, mais la mauvaise foi de Midas ne valait pas non plus qu’elle le blesse gratuitement en appuyant sur un nerf encore à vif, de fait elle se contenta de la fixer en nourrissant une aversion profonde pour ce qu’il sous-entendait. Elle aurait tous les torts dans tous les cas, ce n’était pas difficile à comprendre ça non plus, et peut-être qu’elle devait l’accepter pour que cette page soit enfin tournée et qu’ils puissent se concentrer sur autre chose. C’était dur, elle avait une liste longue comme le bras de choses qu’elle aurait aimé lui retourner pour que lui réalise à quel point tout ça été ridicule, mais battre en retraite, ce n’était pas forcément un signe de faiblesse et si c’était compliqué à avaler, ça ne restait pas impossible à faire. Elle avait mal jugé la situation, elle avait cru pouvoir faire cohabiter son attitude avec son histoire avec Midas, mais elle réalisait qu’à un certain point, elle devrait faire un travail sur elle-même et changer certaines de ses habitudes.

A commencer par son refus catégorique de s’excuser. Elle le fit là, et ce n’était peut-être pas naturel, mais ça restait sincère, alors quand elle vit passer la rebuffade, le c’était si dur que ça ? dans le regard de Midas qu’elle ne soutint pas plus longtemps après ça, elle laissa une légère secousse de la tête lui échapper en sentant sa gorge se serrer et ses yeux se mouiller. Ça aussi c’était ridicule, d’avoir envie de pleurer parce qu’on se sent idiot de réagir comme une gamine prise sur le fait à propos de quelque chose qui ne découlait même pas de mauvaises intentions. Ça ne lui semblait pas anormal, la réaction de Midas — elle n’avait pas menti en disant qu’elle comprenait, qu’elle réagirait pareil, si ce n’était pire encore —, pour autant ça lui semblait injuste de se sentir aussi humiliée de devoir se justifier, et ça l’était sans doute dans une certaine mesure. Elle jugeait que dans l’immédiat, elle avait fait tout ce qu’elle pouvait pour désamorcer quelque chose et prouver sa bonne foi sans pour autant avoir l’impression que ça avait été probant, et c’était ça aussi qui lui faisait de la peine sur le moment, la frustrant de ne pas réussir à démontrer qu’elle ne pensait pas à mal, qu’elle était juste comme ça. Midas acceptait ses excuses, elle doutait néanmoins toujours qu’il croit en sa sincérité ; nul doute qu’à un moment donné, elle aurait de nouveau droit à ce couplet. C’était elle qui se ferait des noeuds au ventre désormais, à cause de tout ça, et elle détestait cette idée qu’elle tenta de rejeter en détournant la tête quand Midas s’approcha d’elle sans réelle intention de le repousser. Elle ne le fit pas d’ailleurs, acceptant de se blottir contre lui, d’écraser son nez et sa bouche contre le tissu de son t-shirt dont elle respira l’odeur en une inspiration profonde, une main se faufilant sur son flanc situé à l’opposé de sa position alors qu’elle se serrait contre lui en assouvissant ce besoin qu’elle avait de le retrouver malgré tout. Elle l’écouta lui parler sans juger nécessaire de le regarder quand elle lui répondit "Je veux que tu viennes avec moi la prochaine fois que je partirai loin d’ici." L’inverse se valait, elle voulait le suivre la prochaine fois qu’il partirait loin d’ici, mais elle choisissait l’économie de mots sur l’instant, trop consciente d’être émotive pour pas grand-chose, et ne voulant pas de nouveau être considérée comme une gamine capricieuse. Elle décolla son visage du torse de Midas, leva enfin la tête pour pouvoir le regarder à nouveau, et balaya du regard tous ses traits avant de pencher la tête pour s’apprêter à l’embrasser sans trop se soucier de qui était susceptible de passer une tête dans ce couloir, lui disant avant toute chose "Je veux juste dormir." Elle lui laissait donc la décision de la ramener là où il voulait, déjà occupée à lui montrer qu’à elle aussi, il lui avait manqué en l’embrassant une fois de plus pour ne pas s’arrêter davantage sur la sensation désagréable qu’elle avait que, malgré ce qu’il lui disait, il ne la croyait pas vraiment à propos de tout ça.

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Midas Sterling & @Jo Carter ☆ crédit/ssoveia

« Il restera mon ami. » Je n’ai pas le moindre problème avec ça, et j’ai un pincement au cœur face à ce que sa réaction me renvoie. Elle me donne l’impression qu’à ses yeux, je suis un petit ami possessif et même plus, un conjoint abusif capable de tenter de régir ses fréquentations en lui disant qui elle a le droit de fréquenter et qui avec qui j’interdis toute interaction. Ce n’est pas ça, le sujet. Ce n’a jamais été ça, et si les amis que je connais à Jo – Micah, Nicholas – n’étaient pas de ceux qui rêvent de la mettre ou remettre dans son lit, nous n’aurions jamais eu la moindre discussion à ce sujet. Est-ce conscient de sa part, cette façon de s’entourer d’homme dont elle suscite le désir ? Est-ce qu’à travers la façon dont elle se réfléchit dans leurs yeux, elle se sent elle-même plus désirable et intéressante ? Ce qu’elle lit dans le miens ne suffit donc pas ? « Je vais faire ce qu’il faut pour que cette histoire ne soit plus un problème, je te le promets. Mais il restera mon ami. » Jo ne fait pas de promesses à la légère, je le sais et je prends la mesure de son serment. Du reste, je suis un peu plus blessé qu’elle ressente le besoin de réaffirmer ses prises de positions comme si je cherchais à gagner du terrain de façon abusive et contrôlante. « Je l’abandonnerai pas. Il l’a jamais fait. » Elle ne précise pas que ce n’est pas mon cas, mais le message est aussi clair que si elle l’avait fait, et toute trace d’un sourire, même mince, s’efface de mon visage. Est-ce là la monnaie de ma pièce pour ces années d’éloignement ? Est-ce sa façon de me faire payer, même si elle prétend avoir pardonné, de ne pas avoir été présent comme j’aurais dû l’être après ma victoire ? Si oui, est-ce que je le mérite, compte tenu de la façon dont j’ai eu de cesse de lui demander pardon pour toutes mes erreurs, depuis plus d’un an ? Face à son affront, je secoue la tête. « C’est pas ce que je te demande. De plus le fréquenter, je te demanderais jamais ça. » Même si j’étais persuadé qu’elle partage son envie de ranimer une vieille flamme éteinte. Ce n’est simplement pas qui je suis, je la quitterais peut-être, mais je ne deviendrais pas le genre d’homme qui me débecte. « Ce que je te demande, c’est de poser des limites claires. » Et de ne pas jouer avec des qui sont floues : je suppose qu’elle en a conscience au fond, même si elle ne l’avouera pas à voix haute.

Du reste, je ne précise pas que je ne suis pas ce genre d’homme : si elle ne le sait pas déjà, il n’y a rien que je puisse dire pour l’en convaincre mieux que devrait déjà l’avoir fait ma façon d’être. Elle s’excuse et elle baisse les armes, Jo, et pour l’instant c’est tout ce qui compte à mes yeux. J’aurais préféré ne pas avoir à me battre contre elle pour qu’elle reconnaisse qu’elle a merdé – ne l’ai-je pas fait bon nombre de fois, de mon côté ? – parce que j’aime notre relation dans ses moments simples et beaux, mais contrairement à mon cousin, je ne suis pas taillé pour trouver les disputes distrayantes. Lorsque je lui ouvre les bras, je suis soulagé qu’elle accepte mon étreinte et qu’elle enroule les siens autour de mon torse. Elle niche son visage dans mon t-shirt, et je ressers mes bras autour de son corps fin. « Je veux que tu viennes avec moi la prochaine fois que je partirai loin d’ici. » Doucement, j’acquiesce d’un hochement de tête, rassuré qu’elle veuille me garder près d’elle et déterminé à en faire tout autant. Je sais qu’avec nos emplois du temps respectifs et nos obligations, nous ne pouvons pas vraiment nous faire ce genre de promesses, mais je sais aussi que pour ses beaux yeux, je suis prêt à me plier en quatre et à torde le cou à mes autres engagements. Elle pourrait me balader jusqu’au bout du monde sans que je n’y voie le moindre inconvénient, tant qu’elle rassure mes instincts les plus possessifs. La moitié de ses auditeurs – si ce n’est plus – la déshabille déjà du regard lorsqu’elle se produit sur scène. A quel point la situation m’atteindra-t-elle quand ils ne se compteront plus par milliers, mais par millions ? Je n’ai pas envie d’y penser. « Je veux juste dormir. » Je la resserre, et je lui rends son baiser avec la même intensité. Qu’elle le fasse sans se soucier de l’endroit où nous nous trouvons – le risque est relatif, puisque nous sommes à l’entrée du parking souterrain – panse mon cœur pour ce soir au moins. « On rentre. » Il n’est pas question de la déposer chez elle, pas alors qu’elle s’est montrée plus vulnérable que bien des fois. Non, ce soir c’est chez moi qu’elle rentrera et tous les suivants également si elle le désire, et j’ambitionne de lui montrer à quel point elle m’a manqué.

rp terminé