A la seule différence qu’ils portent désormais leurs bagues, ce voyage ressemble à s’y méprendre à bien d’autres qu’ils ont pu connaître auparavant. Leurs matinées s’étirent jusqu’à midi et les maigres habits qu’ils gardent - parfois - pendant la nuit ne sont troqués que pour des maillots de bain le moment venu. La peau de Swann passe souvent du blanc au rouge et c’est ce qu’il lui arrive de plus terrible, alors qu’il retrouve les bras de l’homme qu’il aime dès qu’il en ressent l’envie. Ce matin là ne fait pas exception, sous le soleil de Cuba mais surtout sous la climatisation leur permettant de ne pas mourir de chaud. Swann est à moitié allongé sur Rory, un bras passé autour de son torse, une jambe enroulée contre la sienne. Sa main joue avec ses longueurs brunes et ses lèvres embrassent tantôt son épaule, tantôt sa mâchoire, tantôt n’importe quel bout de peau qui se trouve à sa portée. Ils sont mariés depuis trois mois déjà, bientôt quatre, et le temps file à une vitesse qui n’a jamais semblée aussi douce aux yeux de l’anglais.

Tous les jours ne sont pas parfaits et simples mais l’immense majorité peuvent être qualifiés ainsi, en témoigne leur fille qui grandit à vue d'œil, sous leurs yeux aussi brillants qu’ébahis. « C’est toujours pas ce matin qu’on va se passer du service d’étage. » Il murmure dans un sourire, son avant-bras désormais encré toujours posé contre le torse de Rory. Seul son pouce bouge pour caresser sa peau alors que Swann tente de trouver la parfaite position pour poser sa tête dans le creux de l’épaule de son mari. Le but d’un voyage de noces est de profiter au maximum de l’un l’autre, non ? Et quand bien même, Swann n’aura jamais honte de vouloir profiter de chaque instant passé auprès de l’homme qu’il aime. Il a toujours été tactile envers Rory - du moins autant que le contexte lui permettait à l’époque - et cela n’a rien d’une surprise. « Mais là, maintenant, même ouvrir la porte me semble difficile. » Il souffle dans un sourire, avant de se lover un peu plus encore contre lui, ramenant le bras de Rory pour qu’il entoure ses épaules. Ses doigts se nouent contre les siens. « Je suis convaincu que je pourrais vivre n’importe où si t’y étais aussi. » La vie du quotidien est loin de celle dans un hôtel tout confort, il le sait bien, mais ce n’est pas son point. Il sait simplement qu’il pourrait s’accommoder à n’importe quel endroit si Rory est auprès de lui, parce que la chaleur de sa présence pourrait apaiser les autres maux. « Mais je suis heureux qu’on soit ici, aujourd’hui. » Cuba est une destination lourde de sens pour lui et il ne vit pas chaque journée avec le poids du fantôme de son frère. Au contraire, cela lui donne de la force et du courage plutôt qu’une quelconque forme de tristesse. Matt restera toujours un exemple pour lui, sauf sur la façon singulière qu’il a eu de terminer sa vie bien trop tôt. Swann ne veut pas de ça, et il veut encore moins de ça pour son mari ou pour sa fille.

Son humeur change seulement lorsqu’il entend son téléphone grogner et il se penche sur ce dernier uniquement parce que cela pourrait concerner Robin et qu’il se doit de vérifier. Au lieu de ça, c’est un numéro inconnu et portant l’indicatif de l’Angleterre qui se présente sous ses yeux, le faisant mettre en silencieux l’appel sans se poser davantage de questions. « Aucune distraction pendant notre lune de miel. » La règle ne contient aucune exception, d’un côté comme de l’autre. Ils veulent profiter de l’un l’autre autant que possible, et cela implique de ne pas penser au travail. Ils auront le temps de ça après, comme le prouve la longue inspiration qu’il prend déjà à nouveau et les yeux qu’il clôt, son visage posé contre le torse de Rory.

Lorsque son téléphone se fait entendre une seconde fois, il est déjà prêt à l’éteindre une bonne fois pour toutes, et pourtant sa surprise est réelle alors qu’il se rend compte que ce n’est cette fois-ci pas un appel entrant mais bien une alarme qui s’est enclenchée. Surf. Un petit smiley qui rend le tout un peu plus amusant, un peu moins paralysant. « J’avais oublié que c’était aujourd’hui. » Il souffle, arrêtant ladite alarme avec un sourire en demi-teinte.

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Il pourrait rester comme ça des heures, probablement des jours, probablement une éternité entière sans même se plaindre. Simplement dans cette chambre avec vue sur Cuba, entre les bras de Swann qu'il n'avait presque pas quitté depuis leur arrivée et où il se verrait bien se blottir encore un long moment, à repousser le reste de leur journée et à prétendre qu'ils avaient tout le temps – parce qu'ils l'avaient, qu'ils n'étaient pas partis en voyage de noces pour laisser quoi que ce soit les presser. « C’est toujours pas ce matin qu’on va se passer du service d’étage. » A ces mots, un petit sourire amusé fendit le coin de ses lèvres tandis que de sa main posée contre le dos de son mari, il caressa sa peau de longues secondes avant de souffler. « C'est pas de notre faute si leurs matelas sont aussi confortables. » Un critère forcément non négligeable lorsqu'on était un jeune couple marié avec une certaine propension à rester au lit sans trop d'épaisseurs sur le dos et avec trop peu de volonté pour faire quoi que ce soit d'autre que profiter comme il se doit de cette intimité. C'était la première fois qu'ils y goûtaient de cette façon depuis l'arrivée de leur fille, qui avait forcément bouleversé leur quotidien et le sens de leurs priorités, et même si Robin leur manquait plus que tout et qu'ils ne passaient jamais plus de quelques heures sans prendre de ses nouvelles, ça leur faisait aussi du bien de profiter l'un de l'autre. « Mais là, maintenant, même ouvrir la porte me semble difficile. » La porte qui se trouvait à plusieurs mètres du lit, autrement dit beaucoup trop loin. « En ce qui me concerne on peut repousser le déjeuner encore un peu et simplement rester là. C'est un programme encore plus séduisant que tous les Mojitos du monde. » Il glissa en même temps que ses lèvres apposèrent un baiser sur le bout de son nez, ses traits revêtant un petit air entendu. « Je suis convaincu que je pourrais vivre n’importe où si t’y étais aussi. » Une lueur infiniment attendrie fit briller son regard tandis qu'il le serra un peu plus fort contre lui, convaincu à son tour qu'aucun endroit au monde ne pourrait lui sembler hostile si Swann était à ses cotés. « Ça, mon chéri, je l'ai su le jour où j'ai compris que même ta phobie des araignées aurait pas pu te dissuader de rester vivre en Australie. » Une phobie qu'il n'aurait heureusement pas à combattre cette fois-ci, ce voyage de noces n'ayant pas vocation à les conduire en pleine nature – ils avaient largement eu leur compte la dernière fois. « Mais je suis heureux qu’on soit ici, aujourd’hui. » - « Moi aussi. J'aurais été heureux qu'on fasse ce voyage n'importe où ailleurs, mais je trouve qu'ici, ça a encore bien plus de sens. » Ils savaient tous les deux pourquoi ils avaient choisi Cuba pour ce voyage de noces et pourquoi c'était si symbolique, en particulier pour Swann. Ici, c'était comme s'ils pouvaient sentir un peu de la présence de Matt, honorer un peu de son souvenir, et finalement célébrer la personne qu'il était sans en oublier d'être simplement heureux et insouciants tel qu'il aurait voulu qu'ils le soient.

Rien n'aurait pu les sortir de leur bulle, si ce n'est peut être les vibrations du téléphone de l'anglais sur la table de nuit. Quelqu'un essayait semble-t-il de le joindre et si les parents qu'ils étaient pensèrent en premier lieu à Robin et à la possibilité d'une urgence, l'origine du numéro les rassura au moins rapidement sur ce point. « Aucune distraction pendant notre lune de miel. » Swann mit l'appareil en silencieux sans même se demander qui essayait de le joindre, incitant Rory à se redresser légèrement sur le matelas pour demander. « Tu es sûr que tu veux pas répondre ? » Il ne lui reprochait pas de vouloir profiter de la quiétude de leur séjour et était même le premier à avoir prévenu ses proches qu'il ne faudrait pas chercher à le joindre pour autre chose qu'une urgence, mais ça ne voulait pas dire qu'ils ne pouvaient pas s'autoriser une exception. « On a dit qu'on se couperait du reste du monde mais on sait jamais, c'est peut être important. » Ou peut être pas, mais il ne voulait pas que Swann s'empêche de répondre parce qu'ils avaient décidé que rien n'existerait en dehors de l'instant présent et de ce qu'ils vivraient ensemble durant les prochains jours. C'était leur lune de miel, mais il ne lui en voudrait pas s'il était rien qu'un tout petit peu curieux suite à ce coup de téléphone.

Rory fut pourtant loin de se plaindre lorsque son mari se blottit à nouveau contre lui, son bras retrouvant naturellement sa place autour de son buste qu'il étreignit un peu plus fort. L'instant fut toutefois à son tour interrompu par de nouvelles vibrations, valant au couple de s'interroger avant de comprendre, probablement au même instant, que cette notification là était un peu différente. « J’avais oublié que c’était aujourd’hui. » Le jour de leur cours de surf, un moment particulièrement symbolique pour les deux hommes mais plus encore pour Swann, qui n'avait pas touché à sa planche depuis le décès de son frère et qui comptait beaucoup sur cette session pour lui rendre un hommage, avec tout ce que ça avait pourtant d'inévitablement douloureux et difficile, Rory le savait parfaitement bien. « On peut annuler, si tu es plus sûr de vouloir le faire. » Il souffla alors tout doucement, ses doigts glissant tout contre sa joue pour redresser lentement son visage et retrouver son regard. « T'as le droit de changer d'avis. On peut trouver autre chose pour nous occuper, si jamais... » Si jamais tu faisais tout ça à contre-coeur. Son rapport au surf avait forcément changé depuis que Matt avait perdu la vie sur sa planche, et Swann était en droit de finalement réaliser que c'était au-dessus de ses forces, qu'il ne s'en sentait pas capable. Le regard de l'australien abritait autant de douceur que de tristesse, désormais, preuve que le sujet le touchait lui aussi tout particulièrement. Déposant un baiser contre la tempe de son mari, il souffla. « Il serait heureux de savoir qu'on a choisi cet endroit. Et il serait fier de toi quoi que tu décides. » Son frère serait fier de lui, même s'il ne montait pas sur sa planche, même s'il voulait lui rendre hommage d'une autre façon. Parce qu'il lui donnait tous les jours des centaines de raisons d'être fier et parce qu'il n'avait sans doute pas besoin de le voir surfer pour savoir qu'il pensait à lui.

Ils évoquent lentement les raisons qui pourraient les laisser se prélasser au lit encore longtemps et, sans surprise, ils tombent aisément d’accord. « En ce qui me concerne on peut repousser le déjeuner encore un peu et simplement rester là. C'est un programme encore plus séduisant que tous les Mojitos du monde. » Le baiser que Rory dépose sur le bout de son nez n’est pas la seule chose qui le fait sourire. Ses bras se serrent tendrement autour de son torse, en même temps que sa tête trouve sa place contre son épaule et que ses doigts, eux, caressent doucement tous les pans de peau à leur portée. Ils n’ont pas prévu un programme très large tant ils savaient déjà tous les deux à quoi allaient ressembler leurs journées. « Je suis heureux de savoir que je vaux un peu plus qu’un Mojito. » qu’il ajoute en rigolant, ses lèvres déposant un baiser dans le creux de son épaule avant qu’il ne relève son regard en direction du sien. Il a le sourire espiègle d’un enfant fier de sa blague. « Ça, mon chéri, je l'ai su le jour où j'ai compris que même ta phobie des araignées aurait pas pu te dissuader de rester vivre en Australie. » - « J’ai pas une phobie. » Il répond rapidement, un brin outré par ces mots bien qu’il surjoue toute sa réponse. Il n’en a pas la phobie, c’est un fait, tout comme l’idée qu’il aime les araignées de très très loin est un autre fait. Rory sait bien qu’il n’aime pas en rencontrer et Swann aurait bien du mal à le cacher, de toute façon. « Moi aussi. J'aurais été heureux qu'on fasse ce voyage n'importe où ailleurs, mais je trouve qu'ici, ça a encore bien plus de sens. » Il reprend avec plus de sérieux, et Swann hoche la tête dans la même optique. Aucun des deux ne prend la peine de souligner les raisons derrière l’aspect particulièrement symbolique de ce voyage et les souvenirs encore omniprésents de son frère. Swann se redresse sur ses coudes pour observer son mari d’un peu plus haut, toujours aussi étonné et heureux d’avoir la chance de partager la vie d’un homme tel que lui. Sans un mot, et dans un sourire empli de mélancolie, les doigts de l’anglais cherchent ceux de son mari pour s’y accrocher et s’occuper à leur toucher.

L’appel sur son téléphone le sort de ses pensées et le fait tendre le bras jusqu’à la table de chevet, d’où il vérifie rapidement le numéro entrant avant de mettre son téléphone en silencieux. Il ne veut pas donner du temps au moindre appel ne concernant pas leur fille durant cette lune de miel. « Tu es sûr que tu veux pas répondre ? » Il se redresse pour poser sa question, signe de son souci. « C’est un numéro inconnu. Il n’a qu’à laisser un message, je suis sûr que c’est pas un important. » Il aurait répondu pour un proche, mais ce n’est pas le cas pour l’appel en question. Il préfère infiniment profiter de Rory plutôt que de chercher à répondre à un inconnu: il n’aura pas d’autre lune de miel. « On a dit qu'on se couperait du reste du monde mais on sait jamais, c'est peut être important. » Il prend des pincettes, il rassure Swann et surtout il l’excuse de répondre à l’appel avant même que cela ne se passe. Le blond sourit face à tant de soin, mais il tient à son tour à le rassurer rapidement en précisant ses pensées. « C’est pas un problème, je te le promets. » Il n’est pas désolé de ne pas répondre à cet appel et il ne s’en fait pas le moins du monde non plus, de toute façon pas du genre à être collé à son téléphone le reste du temps non plus.

Les alarmes de leurs téléphones sonnent en même temps pour annoncer l’approche imminente de leurs cours de surf, ce que les deux hommes semblaient avoir parfaitement oublié - d’où l’initiative de créer un rappel, sans doute. « On peut annuler, si tu es plus sûr de vouloir le faire. » Les doigts de l’acteur trouvent place contre sa juste, geste que Swann laisse bien évidemment faire. Il pose sa propre main par-dessus pour ajouter un brin de douceur supplémentaire à cet échange. « T'as le droit de changer d'avis. On peut trouver autre chose pour nous occuper, si jamais... » Il aimait tendrement Matt, lui aussi, et cela ne fait aucun doute, surtout au travers du regard que Rory partage avec lui en cet instant. Swann ferme les yeux au moment où il dépose un baiser contre sa tempe, avant de reprendre ensuite. « J’ai pas changé d’avis. J’avais… J’avais sincèrement oublié, mais j’ai pas changé d’avis. » Il assure à sa manière, encore hésitant sur les mots exacts à poser sur la situation. Il ne saute pas de joie à l’idée de ce cours, mais il a sincèrement envie d’y participer. « Il serait heureux de savoir qu'on a choisi cet endroit. Et il serait fier de toi quoi que tu décides. » Les yeux de l’anglais brillent d’une lueur bien différente, infiniment touché dès qu’il est question de son frère décédé mais d’autant plus ému alors qu’il précise qu’il aurait été fier de lui. Son avis a toujours énormément compté. Swann reniffle rapidement et assèche ses yeux d’un simple geste du pouce par-dessus ces derniers, avant de se placer à califourchon sur Rory pour l’observer dans les yeux, avec le même sourire. Il ramène la couette par-dessus eux, leur crée un dôme à l’image d’enfants cachés dans leur monde. Il se penche brièvement pour trouver ses lèvres avec douceur. « J’ai envie de faire ça avec toi. Ca sera amusant. » Et il le pense sincèrement, autant qu’il a encore un peu besoin de se rassurer au passage. Ce sera amusant, mais les souvenirs sont encore douloureux. « Je veux pas rester sur cette crainte toute ma vie. » Il ne veut pas être le papa qui a trop peur de l’océan et qui apprend malgré lui cette peur à son enfant, pas alors que cela représente justement un petit bout de paradis pour Rory et qu’il s’en voudrait terriblement de le lui enlever. Sa peur est particulièrement ancrée sur le surf mais ça aussi, il rêve un jour de ne plus rien en avoir à faire et de partager des moments à trois avec leur fille. Cela doit commencer quelque part. « Et s’il y a bien une personne avec qui j’ai pas peur d’y aller pas à pas, c’est toi. » Les confessions prennent fin lorsqu’il relève la couverture, bien plus à cause du manque d’air que par envie de bouger de sa position. Il se penche une dernière fois pour que ses lèvres trouvent place contre son oreille. « Et on pourra s’occuper autrement une fois rentrés. Je suis sûr qu’on trouvera. » avant d’embrasser sa nuque et de se laisser retomber sur le côté, ses pas marquant le chemin jusqu’à la salle de bain. « On va trouver le moyen d’être en retard. » Il annonce avec amusement, avant de prendre place sous la douche, enfin motivé à se préparer rapidement pour entamer la journée.

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« Je suis heureux de savoir que je vaux un peu plus qu’un Mojito. » Un sourire mutin s'étira de part et d'autre de son visage, tandis qu'il fronça les sourcils d'un air faussement pensif. « Je vais quand même devoir tester tous les bars aux alentours pour en être absolument certain. » Bien sûr, ça n'était pas comme s'il venait de l'épouser après sept années à avoir nourri l'absolue certitude que rien ni personne ne lui arrivait non seulement à la cheville, mais qu'il était aussi et surtout ce qu'il avait de plus précieux. « J’ai pas une phobie. » Oh, Rory aurait du savoir que le sujet restait un tout petit peu sensible depuis leur excursion en pleine nature qui avait valu à son mari de croiser plus d'araignées en une journée qu'au cours des derniers mois. « D'accord, alors disons juste que moins tu en côtoies et mieux tu te portes. » Il se contentait de le taquiner gentiment sur la question, sachant qu'ici, de toute manière, ils ne devraient pas rencontrer ce genre de problèmes. Le seul minuscule imprévu venu bouleverser la quiétude de ce moment était cette sonnerie de téléphone qui leur rappela que le reste du monde continuait d'exister, pendant qu'eux étaient sur leur petit nuage. Rien qui semble être une urgence ou qui implique leur fille, et c'était là les deux seuls points qui importaient vraiment. « C’est un numéro inconnu. Il n’a qu’à laisser un message, je suis sûr que c’est pas un important. » Rory ne lui en aurait pas voulu de décrocher, ne serait-ce que pour en avoir le cœur net, mais comprit que Swann ne tenait pas à quitter leur bulle pour répondre à un appel qui pouvait certainement attendre. « C'est peut être simplement un démarcheur, le pauvre se doute pas que tu es parti en voyage de noces et que tu as beaucoup mieux à faire que de répondre. » Il glissa du bout des lèvres, celles-ci s'empressant de retrouver les siennes le temps d'un baiser au goût d'insouciance. « C’est pas un problème, je te le promets. » Acquiesçant doucement, Rory décida à son tour de ne pas s'attarder plus longtemps sur le sujet. Ils auraient oublié ce coup de fil d'ici quelques minutes, à n'en pas douter.

L'alarme venue leur rappeler l'imminence de leur cours de surf valut à Swann de changer quelques peu d'expression, sous le regard inévitablement soucieux d'un Rory bien conscient que l'idée même de ce cours devait réveiller des souvenirs particulièrement douloureux. Et parce qu'il ne comptait l'obliger à rien, surtout si ça devait être une épreuve, il s'empressa de le rassurer : rien ne les forçait à s'en tenir à leur programme et ils pouvaient tout aussi bien s'occuper autrement. « J’ai pas changé d’avis. J’avais… J’avais sincèrement oublié, mais j’ai pas changé d’avis. » Secouant doucement la tête, Rory souffla. « D'accord. Il faut dire qu'on a la tête un peu ailleurs, depuis qu'on est là. » Ses lèvres formèrent une petite moue amusée, comme une manière de détendre l'atmosphère et de lui rappeler qu'ils étaient là pour célébrer leur amour et le fait que leurs alliances symbolisaient l'avenir qu'ils bâtiraient ensemble, que ce voyage avait vocation à être source de joie et d'insouciance. Une réalité qui n'en effaçait pourtant pas une autre : le souvenir de Matt était forcément présent, en ces lieux qu'ils n'avaient pas choisi au hasard mais bel et bien pour cette raison, et ils n'avaient pas besoin d'un cours de surf pour lui rendre un hommage. Tout ce que Rory voulait, c'est que Swann ne se sente obligé de rien. Son mari se plaça bientôt à califourchon sur ses genoux, tirant un rire attendri à l'australien qui passa ses deux bras autour de sa taille lorsque Swann remonta la couette sur eux. Ainsi, ils étaient comme protégés du reste du monde. « J’ai envie de faire ça avec toi. Ça sera amusant. » Répondant à son baiser avec douceur, il se redressa un peu plus de façon à pouvoir le serrer contre lui. « J'en suis sûr. Et on pourra dire qu'on a pas passé tout le séjour dans notre chambre, au moins. » L'idée lui valut d'afficher un petit air malicieux, ce séjour étant en tous points ce qu'il espérait pour leur voyage de noces. Une vraie intimité, une pleine insouciance et beaucoup, beaucoup de câlins. « Je veux pas rester sur cette crainte toute ma vie. » Ses mains caressèrent tendrement son dos. « Je sais, mon cœur. C'est une belle manière de la dompter, je trouve. » Rien ne l'y obligeait et il ne serait pas celui qui l'inciterait à le faire s'il n'y était pas prêt, mais il pouvait voir que ça tenait véritablement à cœur à Swann de dépasser le traumatisme que la mort de son frère avait inévitablement créé chez lui. Il voulait aller de l'avant et transformer cette douleur en des souvenirs plus doux, et ça lui donnait assurément un courage pour lequel Rory était encore plus fier de lui. « Et s’il y a bien une personne avec qui j’ai pas peur d’y aller pas à pas, c’est toi. » – « On ira doucement, oui. On vise aucun record, et j'ai eu le coup de foudre pour toi il y a des années alors t'as pas besoin de m'en mettre plein la vue. » Il précisa ces mots-là d'un petit air entendu avant qu'ils ne s'extraient finalement de sous la couette, prêts à vaincre leur flemme pour la première fois de la journée. « Et on pourra s’occuper autrement une fois rentrés. Je suis sûr qu’on trouvera. » Le contact de ses lèvres contre son cou lui arracha un frisson mais Rory tâcha de se contrôler, la pire idée qu'il puisse avoir à cet instant étant de surenchérir et de prendre le risque d'arriver en retard à leur cours. « Oh, j'en suis certain. » Il avait déjà un tas d'idées en tête, bien sûr, sur la façon dont ils pourraient bien reprendre des forces en rentrant. Pour l'heure, ils restaient raisonnables. « On va trouver le moyen d’être en retard. » Et parce qu'économiser l'eau était important et qu'ils cherchaient à gagner du temps, Rory ne mit qu'une seconde à le rejoindre sous la douche – y voyant aussi une perspective plus qu’agréable.

Ils n'avaient mis que quelques minutes à se préparer, subitement motivés par ce cours de surf qui leur offrirait non seulement de bons moments mais serait surtout riche d'un vrai symbolisme pour Swann, sur qui Rory avait bien l'intention de veiller pour pouvoir réagir si son mari montrait des signes d'inconfort pendant le cours. Il préférerait laisser tomber leur leçon plutôt que de le voir subir cette leçon, même s'il voulait croire que tout irait bien et que tout ça aurait des effets salvateurs sur lui. « Le prof nous a donné rendez-vous de ce coté-ci de la plage. » Sa main glissée dans la sienne, il arpenta à ses cotés les quelques dizaines de mètres séparant leur hôtel de la plage la plus proche – une proximité qui avait forcément joué dans leur choix – avant de plisser les yeux pour observer un groupe formé un peu plus loin. « Il y a un petit groupe là-bas, on devrait aller voir si c'est notre cours. » Plusieurs écoles de surf avaient probablement élu domicile sur ces longues plages très fréquentées mais on leur avait dit de rejoindre ce point bien précis, ainsi ils ne furent pas surpris qu'un homme s'avance déjà dans leur direction. « Bonjour, je suis Carlos. Vous venez pour le cours de surf ? » Rory échangea un regard rassurant avec Swann, avant d'acquiescer. « Oui, on s'est inscrits sous les noms de Swann et Rory Craine. » L'instructeur vérifia sur sa liste avant de pointer leurs noms et de relever la tête, poursuivant dans un sourire engageant. « Bien, vous pouvez aller choisir une combi. Pour les planches, j'aurais besoin de connaître votre niveau, à peu près. »

« Je vais quand même devoir tester tous les bars aux alentours pour en être absolument certain. »
« Evidemment, oui. »

Dans leur chambre, l’insouciance est de mise, les blagues sans conséquences le sont tout autant. Ils profitent de chaque secondes à ne rien faire, plus que jamais conscients d’à quel point la vie reprendra un rythme effréné à la seconde même où ils seront de retour à Brisbane. Le téléphone est bien le cadet des soucis de l’anglais, qui le remet rapidement en silencieux pour ne pas davantage troubler la quiétude de l’instant. « C'est peut être simplement un démarcheur, le pauvre se doute pas que tu es parti en voyage de noces et que tu as beaucoup mieux à faire que de répondre. » Le baiser qu’ils partagent est un bref aperçu de ce qu’ils ont de mieux à faire mais, comme à chaque fois, Swann partage ce genre de moment avec son mari avec un plaisir non dissimulé. Depuis longtemps déjà, il estime que ses lèvres sont particulièrement à leur place contre les siennes ou, au pire, contre sa peau.

En réalité, ce n’est que la seconde sonnerie de son téléphone qui le sort quelque peu de son rêve éveillé. Il savait qu’ils avaient prévu un cours de surf, évidemment, mais il s’était sans doute protégé sans même s’en rendre compte en omettant de se souvenir du jour ou de l’heure exacte de ce dernier. Et il est venu. L’anglais se dissocie un instant de la réalité pour respirer lentement mais, face aux craintes de son mari, il souligne son point: il ne veut pas faire machine arrière. Il ne veut pas vivre avec la crainte éternelle de remonter sur une planche, lui qui aimait pourtant tellement ça. « Je sais, mon cœur. C'est une belle manière de la dompter, je trouve. » Assis à califourchon sur lui, Swann profite des caresses qu’il distille naturellement contre son dos. Il en profite pour hocher la tête, rassuré par ses mots et son éternelle patience. Ils ont traversé beaucoup d’épreuves et d’obstacles ensemble, celui-ci semble bien ridicule par rapport à leur histoire et Swann ne doute pas qu’il arrivera à prendre sur lui, surtout en la présence de son mari. « On ira doucement, oui. On vise aucun record, et j'ai eu le coup de foudre pour toi il y a des années alors t'as pas besoin de m'en mettre plein la vue. » La remarque lui arrache un sourire sincère bien qu’inattendu. « Si j’avais su ça, je serais resté à traîner en pyjama bien plus tôt dans notre relation. » Il répond par l’ironie à son tour, sa main caressant ses cheveux tout du long de son crâne. A l’abri sous la couverture, il n’y a qu’eux, et il se permet d’observer Rory avec un sourire plus tendre que jamais. Le blond finit par lâchement jouer avec la patience et les limites de son mari lorsqu’il finit par déposer un baiser particulièrement tendre contre sa nuque, évoquant d’autres idées qui pourraient ponctuer le reste de leur journée lorsqu’ils reviendront de ce cours. La seconde d’après, c’est avec un sourire particulièrement amusé qu’il souligne leur retard à venir et leur besoin de se préparer pour la séance.

* * *

Il s’est montré bien moins amusé et insouciant sur le trajet les menant à la plage mais à aucun moment Swann n’a pensé à revenir sur leur idée. Le bruit de la mer lui rappelle tous les souvenirs avec son mari et leur fille. Il lui rappelle tous ces dîners aux chandelles, toutes ces sorties en bateau, toutes ces discussions allongées sur la plage à observer le soleil se coucher et la lune apparaître sans jamais penser à rentrer se mettre au chaud. Rory a fait de l’océan le rêve de Swann par extension, plutôt que de laisser toute cette étendue d’eau devenir le cauchemar dans lequel il a perdu son frère. Il y a ça, oui, mais il y aura toujours tout le reste. Rory les guide jusqu’à leur groupe alors que le blond l’écoute d’une oreille distraite, lui faisant bien assez confiance sur ce point pour ne même pas penser à souligner ce qu’il en pense personnellement. « Bonjour, je suis Carlos. Vous venez pour le cours de surf ? » Les nouveaux mariés échangent un dernier regard, l’anglais acquiescent une première fois en direction de son mari avant que ce dernier prenne le relai. « Oui, on s'est inscrits sous les noms de Swann et Rory Craine. » Il n’a pas encore l’habitude d’entendre leurs deux noms se confondre aussi naturellement, ce qui provoque toujours une certaine fierté en son cœur. Ils sont mariés, enfin. « Bien, vous pouvez aller choisir une combi. Pour les planches, j'aurais besoin de connaître votre niveau, à peu près. » La bouche de l’anglais s’ouvre et se referme. Il avait un bon niveau, vraiment bon, mais il doute avoir les mêmes capacités qu’avant et surtout le mental nécessaire pour reprendre comme si de rien n’était. « Choisis le niveau que tu sens le mieux pour toi. » Il assure à Rory après avoir pris un peu de recul face à l’instructeur, déjà occupé avec de nouveaux arrivants. Il préfère que Rory fasse son propre choix et qu’il le suive ensuite, parce que de cette façon au moins ils seront dans le même groupe et tout se passerra bien. « Je te suivrai, t’en fais pas. » Qu’il prenne débutant, intermédiaire ou avancé, Swann s’adaptera sans mal au reste du groupe et, surtout, au choix qui mettra le plus Rory à l’aise.

Il s’humecte les lèvres et dégage brièvement son regard du sien pour se focaliser sur le cabanon où sont rangés les différentes combinaisons. « Vous connaissez votre taille ? » - « Oui merci, ça ira. » Il rétorque avec son éternel même sourire poli et parfois quelque peu enfantin.  « C’est pas exactement pareil que pour les habits, si jamais… - » - « Je sais, oui, merci. Ça ira. » Il répète, un brin moins patient qu’il y a dix secondes. Aujourd’hui plus que jamais, il n’a pas envie qu’on le prenne par la main, et c’est pour cette raison qu’il ne tarde pas davantage avant de trouver une première combinaison à sa taille et une autre pour Rory, qu’il lui tend tout en revenant vers lui. « On a nos planches ? » Il revient demander, soucieux de connaître le niveau qu’il aura décidé pour eux. Non qu’il se fasse du souci, simplement que la question l’intéresse, à commencer parce qu’elle le concerne tout particulièrement. « Les vagues sont calmes. Ça va le faire. » Il ajoute, pour Rory mais surtout pour lui. « Peut-être qu’on pourra acheter nos propres planches en rentrant. » Et c’est peut-être ça, finalement, ce petit quelque chose qu’il a l’impression de trouver manquante dans leur maison.

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Ce n'est pas qu'ils avaient oublié ce cours de surf, surtout alors qu'ils étaient autant emballés l'un que l'autre par l'idée au départ, c'est qu'ils avaient eu bien d'autres choses auxquelles penser depuis leur arrivée à Cuba et parmi elles, bien sûr, le fait de profiter comme il se doit de leur voyage de noces. Et par là, il est certain qu'ils avaient passé le plus clair de leur temps enfermés dans leur chambre à profiter de cette intimité totale, sans la moindre obligation pour les empêcher de simplement rester dans les bras l'un de l'autre, comme un couple plongé en pleine insouciance. L'arrivée de leur fille avait forcément un peu changé la donne à ce niveau-là ces derniers mois, sans qu'ils s'en soient plaints un seul instant ni n'aient regretté une seule seconde d'avoir enfin concrétisé leur rêve de devenir parents, ainsi c'était particulièrement agréable de savourer chacun de ces instants rien qu'à eux. Rory, lui, tenait à rassurer Swann sur un point important : même s'ils se rendaient à ce cours, ils iraient en douceur et personne n'aurait à impressionner personne. « Si j’avais su ça, je serais resté à traîner en pyjama bien plus tôt dans notre relation. » Un rire doux filtra d'entre ses lèvres tandis qu'il se blottit un peu plus fort contre lui, heureux de voir qu'il réussissait à en rire malgré l'appréhension qui devait être la sienne et qui se comprenait parfaitement. « Une chance que tu aies toute la vie pour compenser et traîner aussi souvent en pyjama que tu en auras envie. » Il savait déjà qu'il l'aimait et le trouvait profondément séduisant quel que soit son accoutrement, c'était presque une chose qui aurait pu figurer dans ses vœux tant ces sept dernières années leur avaient aussi prouvé que ce quotidien fait de petits plaisirs et d'une douce normalité étaient ce qu'ils recherchaient tous les deux, tant dans leur couple que dans la vie en général. Ils ne s'étaient pas trouvés pour rien.

* * *

Ce serait mentir que de prétendre qu'il n'avait pas perçu la nervosité de Swann le long du trajet jusqu'à la plage, raison pour laquelle Rory avait tâché d'alléger l'atmosphère à plusieurs reprises, espérant qu'à défaut de lui arracher un rire sincère il parviendrait au moins à lui faire oublier quelques instants que la mer n'était pas uniquement synonyme d'insouciants et joyeux souvenirs pour lui, mais aussi de la pire tragédie qu'il ait vécu. C'est aussi pour ça qu'ils étaient ici, pour l'aider à faire de ce souvenir douloureux quelque chose de plus léger et de salvateur, pour que plus jamais l'idée de monter sur une planche de surf – une activité que son mari avait toujours beaucoup aimé, il le savait – ne soit associée à quelque chose d'aussi difficile. Ils n'étaient pas là pour oublier Matt et bien loin de là : ils étaient ici pour célébrer son souvenir de la façon dont il l'aurait probablement voulu, pour que ce dernier voit naître des sourires et des rires, plutôt que des larmes. Leur professeur semblait quant à lui d'un abord engageant, un premier contact plutôt rassurant. « Choisis le niveau que tu sens le mieux pour toi. » - « Tu es sûr ?  » Son mari lui laissait les commandes et bien que Rory comprenne pourquoi, il ne voulait pas risquer de choisir un niveau qui lui en demanderait trop d'un seul coup. Swann était loin d'être un novice, à l'époque où il pratiquait le surf à un bon niveau, mais à la manière d'une blessure physique le traumatisme psychologique qu'il avait subi des années plus tôt l'incitait à vouloir qu'il se ménage. Il le lui avait dit : il n'avait rien à prouver à personne, il faisait avant tout ça pour lui. « Je te suivrai, t’en fais pas. » Ses lèvres étirèrent finalement un sourire plus doux. « D'accord. On pourra toujours l'ajuster plus tard de toute façon. » S'ils se rendaient compte que ça n'était pas l'idée qu'ils se faisaient de cette journée et que l'effort demandé était trop important compte tenu des circonstances. Rory s'employa ainsi à faire son choix tandis que Swann s'éloigna un court instant, l'acteur percevant brièvement l'échange qui se tenait à quelques mètres de là entre son mari et l'instructeur. « C’est pas exactement pareil que pour les habits, si jamais… - » - « Je sais, oui, merci. Ça ira. » Couvant son mari d'un regard quelques peu soucieux, Rory se rassura en se disant qu'il n'y avait rien d'anormal à ce que Swann soit nerveux et sur la défensive. Ce cours représentait forcément une étape symbolique et légèrement intimidante, expliquant qu'il ne soit sans doute pas encore tout à fait sûr de comment il se sentait.

« On a nos planches ? » C'est donc un sourire rassurant qu'il lui adressa lorsque Swann revint finalement vers lui pour lui tendre une des deux combinaisons qu'il avait récupéré pour eux, et dont il savait déjà que la taille ne serait pas un problème – personne mieux que Swann n'était sans doute capable de veiller à ce genre de détails à sa place, c'est bien la raison pour laquelle il ne s'en était même pas inquiété. « Oui, elles sont juste là. » Il désigna les planches en question, détail dont il s'était volontiers occupé pour sa part. « J'ai choisi le niveau intermédiaire, je me suis dit que ça devrait bien nous réussir. Je sais que tu pratiquais à un meilleur niveau que moi, mais je sais aussi que tu veux reprendre en douceur. Ça me semblait un bon compromis. » Il s'était dit que puisque lui était un assez bon surfeur sans être un expert pour autant et que Swann ne voulait pas voir trop grand pour ce premier cours, c'était encore le meilleur choix à faire. Ainsi ils pourraient entrer dans le vif du sujet sans sortir de leur zone de confort plus qu'ils n'y étaient prêts. « Les vagues sont calmes. Ça va le faire. » Son regard se reposa tendrement dans celui de son époux. « J'en suis sûr. » Il semblerait qu'ils aient bien choisi leur jour pour surfer, la météo étant propice à se mesurer aux vagues de Cuba. « Mais tu me le dis, d'accord, si c'est trop intense ? » Ils pourraient interrompre le cours et s'isoler s'il en éprouvait le besoin, et ce à tout moment. Rory souhaitant moins que quoi que ce soit d'autre que Swann y participe à contre-coeur. Il n'oubliait pas tout ce que ça représentait pour lui, d'être là aujourd'hui. « Peut-être qu’on pourra acheter nos propres planches en rentrant. » Finalement, son regard clair s'illumina à cette seule pensée, et pas juste parce qu'il les imaginait parfaitement entreposer leurs planches de surf sous la pergola donnant presque directement sur la plage. « Ça veut dire que tu serais d'accord pour qu'on remette ça plus souvent, à l'avenir ? » Il demanda doucement, sans vouloir lui forcer la main, juste désireux de lui faire comprendre que lui en serait ravi si c'était le cas. « En tout cas j'adore l'idée. » Ce qu'il souligna au moment de venir déposer ses lèvres contre sa tempe, dans un baiser porteur de tout son soutien et de son amour.

« Bien, vous devriez tous être équipés à présent. Mais avant de commencer ce cours, j'aimerais que vous preniez quelques minutes pour vous échauffer. » Le professeur en charge du cours leur fit signe de se disperser le long de la plage pour procéder à quelques échauffements censés préparer leurs muscles à l'effort qu'ils auraient bientôt à faire. « Il a l'air de savoir ce qu'il fait. » Rory souffla à l'attention de son mari, échangea avec Swann un regard entendu et complice. Les échauffements en question n'étaient rien de bien sorcier mais c'était suffisant pour qu'ils aient l'impression d'être entre de bonnes mains, un sentiment d'autant plus important alors que Swann renouait avec cette activité pour la première fois depuis des années et avait besoin d'être mis en confiance, Rory le savait mieux que personne. « Je sais que ce cours était très bien noté sur internet, mais je trouve ça rassurant. » Parce qu'on ne pouvait jamais savoir, qu'une note donnée sur la toile n'était jamais entièrement représentative de l'expérience que l'on pouvait avoir une fois dans ce genre de cours et que c'était plus important que tout à ses yeux, que Swann puisse passer un bon moment. Qu'il puisse se détendre et se concentrer sur tous les aspects positifs de cette journée, surtout. « Maintenant que tout le monde a enfilé sa combinaison, je vais vous demander de vous mettre en binôme et d'aller vous positionner là où vous repérez des vagues intéressantes. Ne voyez pas trop grand pour commencer et ne vous éloignez pas trop. » Le niveau intermédiaire ne leur permettrait pas de se mesurer à des vagues trop impressionnantes et c'était sans doute mieux ainsi, ni Swann ni lui ne voulant griller les étapes et prendre des risques. Se rapprochant de l'anglais, ses doigts venant jouer avec les siens puis s'y entremêler après plusieurs secondes, c'est dans un petit sourire que Rory demanda. « Mon mari accepterait-il d'être mon binôme ? » Il lui ferait bien croire que dans le cas contraire, il pourrait toujours aller demander à l'une de ces jeunes femmes venues entre amies et qui à en juger par les regard qu'elles lui lançaient l'avaient vraisemblablement reconnu, mais Swann n'en croirait sans doute pas un mot. L'anglais était sans doute trop conscient qu'il désirait autant que lui qu'ils partagent chaque instant de ce cours et de cette journée riche de symbolisme.

Parfois, il oublie qu’ils sont au bout du monde en train de profiter de leur lune de miel. Après tout, profiter d’éternelles minutes supplémentaires à ses côtés est une habitude qui est la sienne et dont il profite dès qu’il le peut. Leur travail respectif les rappelle parfois à l’ordre et leur impose des impératifs horaires mais quand ce n’est pas le cas, et quand Robin accepte aussi de leur laisser un peu de temps, alors ils en profitent toujours pour profiter de l’un l’autre, nourrissant éternellement le besoin de rattraper les années perdues et de profiter au mieux de toutes celles à venir ensuite. « Une chance que tu aies toute la vie pour compenser et traîner aussi souvent en pyjama que tu en auras envie. » Toute la vie, ce n’est pas moins qu’il désire passer auprès de Rory, son sourire étant le témoin de ce désir qu’il n’a jamais caché à ses côtés.

* * *

Une fois sur la plage, l’ambiance est différente et bien moins légère mais Swann ne regrette pas pour autant leur choix de participer à ce cours de surf. Il veut le faire, plus que jamais. Cuba est l’endroit parfait pour ça, Rory est la meilleure personne auprès de qui le faire. Et c’est justement parce qu’il est avec son mari qu’il a à cœur de s’adapter à ce qu’il désire, ce qui commence par le niveau du cours auquel ils souhaitent assister. De son côté, Swann sait qu’il saura s’adapter au moindre de ses choix, ce dont il le rassure d’un simple sourire avant de partir en quête des tenues de son côté, le couple ne se séparant que pour quelques instants. Preuve en est, il revient vers lui dès la seconde suivante, Rory ayant leurs planches et Swann, de son côté, leurs combinaisons. « J'ai choisi le niveau intermédiaire, je me suis dit que ça devrait bien nous réussir. Je sais que tu pratiquais à un meilleur niveau que moi, mais je sais aussi que tu veux reprendre en douceur. Ça me semblait un bon compromis. » Sans que ce soit par pure politesse, Swann hoche la tête et tombe rapidement d’accord avec les mots de son mari. Il est du genre à ne pas connaître ses propres limites mais à toujours réprimander ses proches dépassant les leurs, alors le choix de Rory est sûrement bien plus éveillé que n’importe lequel qu’il aurait pu avoir de son côté. Le niveau intermédiaire est un juste compromis pour tous les deux, et rien ne les empêche de prendre d’autres cours à l’avenir si le coeur leur en dit, que ce soit à Cuba ou à Brisbane. « C’est parfait. J’en ai pas fait depuis longtemps, de toute façon, je suis sans doute rouillé. Et je crois que je serais devenu fou si on avait passé notre temps à apprendre à se relever en restant sur le sable. » Il avoue néanmoins en même temps qu’il commente la situation dans un sourire simple qui tend à prouver qu’il n’est plus aussi anxieux qu’il avait pu l’être en pensant à ce moment. « Mais tu me le dis, d'accord, si c'est trop intense ? » Le blond pose un regard en biais sur le profil de son mari avant d’hocher la tête. Il apprend à accepter d’avouer qu’il va mal lorsque le sentiment devient omniprésent plutôt que de le laisser le ronger et agir une fois qu’il est déjà trop tard. Il s’en voudrait bien trop de gâcher leur sortie du jour parce qu’il n’aurait pas su gérer ses limites, et c’est donc avec un air particulièrement résolu qu’il confirme à Rory qu’il lui parlera si le besoin se fait ressentir.

Plutôt que de se focaliser sur l’instant présent et les quelques doutes et frayeurs qui persistent, Swann préfère penser à leur retour chez eux, où ils retrouveront rapidement le bonheur de leurs habitudes quotidiennes autant que la présence de la parfaite Robin. « Ça veut dire que tu serais d'accord pour qu'on remette ça plus souvent, à l'avenir ? » Le sourire de l’anglais s’élève en même temps que celui de Rory. « Ça veut dire qu’on pourrait sérieusement en discuter dans un avenir proche, oui. » Et si jamais il éprouvait le besoin de prendre encore un peu de temps de son côté, il serait toujours heureux d’accompagner Rory et même d’apprendre à Robin les bases, quand elle sera en âge d’essayer à son tour. « En tout cas j'adore l'idée. » Il ajoute ces mots en même temps qu’un baiser contre sa tempe, lequel Swann pousse à éterniser quelques secondes de plus en faisant passer son bras libre dans le dos de Rory, pour mieux déposer sa main contre sa hanche. Il caresse doucement son t-shirt du bout de son pouce, et tourne doucement sa tête en sa direction. « Je t’aime. » Il se retient de l’embrasser, conscient qu’ils doivent encore enfiler leurs tenues avant le début du cours, mais c’est au moins sa manière de le remercier pour sa patience et toute la douceur dont il fait preuve à son égard. Jamais il n’aurait voulu vivre cette expérience avec quelqu’un d’autre.

L’instructeur leur demande de s’échauffer avant de commencer à monter sur les planches et surtout de s’aventurer sur l’eau, ce qui est une idée que Swann comprend parfaitement, surtout alors qu’elle lui rappelle le temps où il entraînait encore les Juniors au football. « Il a l'air de savoir ce qu'il fait. Je sais que ce cours était très bien noté sur internet, mais je trouve ça rassurant. » Il voit ce qu’il fait, Rory, à commenter les moindres actions et idées de l’instructeur et à en profiter pour souligner qu’il est compétent. Swann l’observe sans rien dire pendant un temps, avec un simple sourire chaque jour un peu plus amoureux. « Je doute pas un seul instant qu’il soit très qualifié, tu sais. » Parce qu’il ne doute pas du choix qu’a été celui de Rory, tout comme il ne remet pas en question les capacités d’un inconnu à être doué dans son domaine, parce que Swann n’a pas les compétences nécessaires pour statuer le contraire. Et fort heureusement pour la patience parfois très hasardeuse de l’anglais, l’échauffement ne s’éternise pas et ils gagnent rapidement le droit de se placer face aux vagues. Rory en profite pour se rapprocher à nouveau de lui et enrouler ses doigts autour des siens, geste que l’anglais ne risque pas de repousser et bien au contraire. « Mon mari accepterait-il d'être mon binôme ? » - « Je suis à peu près certain d’avoir juré de toujours être ton binôme y’a pas si longtemps. » Binôme de vie, binôme de surf, il n’y a sans doute pas tant de différence, si ? Swann ne laisse de toute façon pas la moindre once de doute s’installer dans l’esprit de celui qu’il aime, déjà un peu trop occupé à les placer un petit peu à l’écart du groupe principal pour qu’ils puissent profiter au mieux de l’instant. Et finalement, il se contente d’inspirer une dernière fois avant de se lancer dans les vagues, sous le regard bienveillant de son mari qu’il lui renvoie volontiers autant que sous les ordres de leur instructeur pour assurer la sécurité de l’activité.

* * *

Le souffle encore court à cause de l’effort physique, c’est néanmoins avec le cœur gonflé de bonheur que Swann retrouve la plage, d’où il enlève le câble accroché à sa cheville et le reliant à sa planche. « Je vais avoir plein de bleus et je compte t’accuser de bouger quand tu dors. » Il commente avec un sourire trahissant sa joie autant que l’absence totale de reproches derrière ces mots. La planche n’a pas arrêté de lui revenir dans les côtes tout du long, mais cela représente bien le cadet de ses soucis. « Toi ? Ca va ? On le faisait surtout pour moi, je sais, mais… ça n’empêche. » Il n’a pas de deuil à faire de son côté, certes, mais cela n’empêche pas Swann de se soucier de son bonheur et du fait qu’il ait à son tour un bon souvenir de cette expérience. Dans l’attente de sa réponse, et désormais libéré de toute planche parfois quelque peu incommodante, Swann se rapproche de son mari pour dompter quelques-unes de ses mèches mouillées et dégager son visage. Il ne reste pas dans autant de retenue plus longtemps, faisant reposer ses avant-bras sur les épaules de son mari pour mieux jouer avec ses cheveux du bout des doigts ensuite, et lui murmurer des secrets à l’oreille. « Ils devraient ajouter une scène de Kennedy en train de surfer. » Son sourire est fier, doux, amusé. Heureux, terriblement heureux. « Je suis content d’avoir fait ça avec toi. T'es le seul avec qui j'en aurais été capable, je crois. » Avec un peu plus de sérieux, il se reprend et ajoute à ses mots un hochement de tête pour souligner leur véracité.

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Le milieu intermédiaire leur conviendrait certainement à tous les deux, réunissant des surfeurs juste assez expérimentés pour avoir l'habitude de tenir sur une planche, ce qui résumerait sans doute à peu près leur niveau d'aujourd'hui. Swann et lui avaient besoin de retrouver certains repères et ils ne sauraient le faire autrement qu'en douceur, alors que le dernier de ses souhaits était que son mari se retrouve sous pression. Ils n'étaient pas là pour battre des records, il le lui avait dit, et personne ne pourrait le forcer à repousser ses limites plus loin qu'il ne le souhaitait. Tout du moins, Rory s'assurerait que personne ne s'accorderait ce droit-là avec lui. « C’est parfait. J’en ai pas fait depuis longtemps, de toute façon, je suis sans doute rouillé. Et je crois que je serais devenu fou si on avait passé notre temps à apprendre à se relever en restant sur le sable. » L'idée n'était pas non plus que ce cours soit synonyme de frustration pour Swann, Rory savait combien il voulait relever le défi et se mesurer à ces vagues, sans même nécessairement trop s'éloigner du bord. C'était une chose qu'il avait besoin d'accomplir pour aller véritablement de l'avant, et de ça l'acteur en était pleinement conscient. « Ça va aller, j'ai pas pratiqué depuis un certain temps non plus, de toute manière. Mais Donna m'a suggéré de faire le plus d'activité physique possible d'ici le début du tournage, sachant à quel point John était sportif, alors je crois qu'elle validerait. » Elle savait qu'il en était plus que capable puisqu'elle lui avait donné sa chance à l'époque où il suivait des cours d'art dramatique peu de temps après avoir du renoncer à une carrière sportive pour cause de blessure au genou. Elle connaissait son parcours et savait qu'il partageait en réalité un certain nombre de points communs avec l'homme qu'il incarnerait sous peu à l'écran, lui aussi sportif et même autrefois acteur à ses heures perdues. « On s'est entendus pour que je force pas trop sur mon genou, ne t'inquiète pas. » Il assura à son mari, sachant déjà qu'il voudrait sans doute s'assurer de ce détail et ce malgré toute la confiance qu'il plaçait en Donna. Il n'avait pas besoin de formuler ses craintes pour que Rory veuille les apaiser, c'était aussi ça le mariage.

S'étant toujours imaginé vivre au bord de l'eau et associer un cadre magnifique avec des activités de plein air dont il pourrait jouir auprès de l'homme qu'il aimait et de leur fille, la seule perspective de posséder un jour leurs propres planches de surf pour s’entraîner non loin de chez eux l’enchantait tout particulièrement. Et Swann s'en doutait probablement lorsqu'il avait suggéré l'idée, personne ne le connaissant mieux que lui. « Ça veut dire qu’on pourrait sérieusement en discuter dans un avenir proche, oui. » Une idée à laquelle Rory ne pouvait encore qu'adhérer, impatient à l'idée de voir Swann s'épanouir chaque fois un peu plus dans cette activité qui autrement fois lui insufflait tellement de joie. Ils savaient que ça ne se ferait pas en quelques jours, qu'aujourd'hui n'était qu'un premier pas vers cette résolution, mais inclure le surf aux activités qu'ils pratiquaient régulièrement ne pourrait que grandement l'aider, l'australien le savait. « Je m'en réjouis d'avance, alors. » Et il n'avait pas le moindre mal à se projeter non plus, tout comme à les imaginer être rejoints un jour par leur fille, qui du haut de ses quelques mois ne convoitait pas encore l'idée de monter un jour sur sa proche planche de surf mais chez qui l'idée fleurirait sans doute bien assez tôt. « Je t’aime. » - « Moi aussi, je t'aime. » Et il le lui répéterait sans doute un millier de fois avant même qu'ils n'aient sans doute quitté Cuba pour retrouver leur quotidien à Brisbane, ne pouvant peut être pas fondre sur ses lèvres comme il en avait envie mais comptant fermement se rattraper une fois qu'ils seraient à nouveau seuls. Oh ça oui, il ne s'en priverait pas.

La séance se profilait bien et ça suffisait à apaiser les quelques craintes que Rory pouvait encore nourrir maintenant qu'ils étaient plus proches que jamais de se lancer. Tout ce qu'il voulait, c'était éviter de brusquer Swann ou voir remonter des souvenirs trop éprouvants lorsqu'il serait monté sur sa planche, s'étant promis qu'ils arrêteraient tout à la seconde où ça deviendrait trop éprouvant pour lui. « Je doute pas un seul instant qu’il soit très qualifié, tu sais. » Il le savait, bien sûr, tel que son petit sourire le lui ferait comprendre. C'était simplement sa manière de balayer les potentielles appréhensions qu'il pourrait encore nourrir, s'il y avait le moindre risque qu'il soit lui-même rattrapé par la peur ou par les doutes. Il le voyait pourtant, que Swann était plus que jamais décidé, et c'est un regard infiniment fier et attendri qu'il reposa sur lui. A présent, il ne restait plus au groupe qu'à constituer des binômes, le leur ne faisant pas vraiment de doute même s'ils se plaisaient à plaisanter sur la question. « Je suis à peu près certain d’avoir juré de toujours être ton binôme y’a pas si longtemps. » - « Oh, vraiment ? » Il prit un petit air innocent, glissant à son mari un regard en coin qui ne mit qu'un court instant à devenir plus rieur. « Ah oui, maintenant que tu m'en parles, je crois que ça me revient. » Leurs vœux de mariage, où il n'était peut être pas exactement question de surfer tous les deux mais où ils s'étaient bel et bien promis de rester aux cotés l'un de l'autre dans toutes les situations de la vie, des plus belles aux plus difficiles, en passant par celles auxquelles ils seraient particulièrement heureux de repenser après coup. Cette journée était l'une d'elles, Rory en était convaincu. « On partage tout, même les plâtres si jamais ça tourne mal. » Il s'amusa pourtant, tentant de détendre l'atmosphère avant qu'ils se lancent enfin, glissant tout de même à son oreille. « Non, tout ira bien. » Avant de le couver d'un regard protecteur, les deux hommes finissant par s'élancer en direction des vagues, prêts à écrire cette page si symbolique de l'histoire de Swann.

* * *

Le couple regagna finalement la plage après cet effort intense et c'est un regard brillant de fierté que Rory reposa aussitôt sur son mari, alors que les deux hommes reposaient leurs planches à même le sable et s'accordaient un instant pour souffler. Ils l'avaient fait. Swann l'avait fait. Et dire que tout s'était encore mieux passé que ce qu'il espérait serait même un euphémisme : l'anglais semblait aller bien et c'était là le plus important pour lui. « Je vais avoir plein de bleus et je compte t’accuser de bouger quand tu dors. » Son sourire s'étira avec malice tandis qu'il déposa ses doigts à hauteur de ses côtes, il est vrai quelques peu malmenées par la force des vagues et le poids de sa planche durant la séance. « Ça me va, du moment que tu me menaces pas de faire lits séparés. » Parce que ça n'était pas tellement un programme envisageable, évidemment, et encore moins cette semaine alors qu'ils étaient tout de même ici pour leur voyage de noces. Sous-entendre qu'ils avaient passé le plus clair de leur temps dans leur chambre d'hôtel à profiter des joies de leur nouvelle vie de jeunes mariés serait à peine exagéré, mais qui pourrait vraiment le leur reprocher ? « Toi ? Ça va ? On le faisait surtout pour moi, je sais, mais… ça n’empêche. » Ils le faisaient surtout pour lui, c'est vrai, aucune autre activité ne paraissant plus symbolique que celle-ci quand on savait tout ce que ça symbolisait pour Swann. Et plus que jamais maintenant que la séance touchait à sa fin, Rory se félicitait qu'ils aient eu cette idée. « Oui, tout va bien. C'était assez intense mais ça m'a fait du bien de me dépenser. » Il n'en avait pas autant eu l'occasion que d'ordinaire depuis l'arrivée de Robin, quand bien même la vie de jeunes pères leur imposait aussi une cadence particulièrement soutenue. Rory n'avait jamais été du genre à tenir en place et pouvoir de temps en temps repousser ses limites lui rappelait combien il avait toujours aimé ça, peu importe la forme que ça pouvait bien prendre. Son sourire s'étira encore un peu plus lorsque Swann s'approcha pour glisser ses doigts dans ses cheveux et dompter ses boucles humides, son cœur bondissant encore et toujours dans sa poitrine lorsqu'il pouvait comme maintenant songer à combien il était chanceux de partager sa vie.

« Ils devraient ajouter une scène de Kennedy en train de surfer. » Si le script n'en mentionnait pas, il y était pourtant question des nombreuses autres activités sportives couramment pratiquées par John, de son adolescence jusqu'à la fin de sa vie. Différents chapitres de sa vie que les scénaristes s'étaient attelés à retracer avec beaucoup de justesse et de pudeur, expliquant l'enthousiasme de l'acteur à l'idée de débuter le tournage. « Compte sur moi pour leur soumettre l'idée et leur dire qu'elle vient de toi. » Oh, il en serait capable et ça Swann le savait, quand bien même il le glissait ici surtout sur le ton de la plaisanterie, approchant son visage du sien pour coller leurs deux fronts l'un à l'autre un instant. « Je suis content d’avoir fait ça avec toi. T'es le seul avec qui j'en aurais été capable, je crois. » Et de tels mots n'auraient pas pu le toucher davantage, alors que lui aussi se sentait incroyablement chanceux que Swann ait voulu partager ces moments-là avec lui, avec toute la symbolique qu'ils avaient. « Je suis tellement fier de toi. J'imagine combien ça a du être paralysant, et pourtant tu l'as fait. Pour Matt, mais aussi et surtout pour toi. » Parce qu'il avait besoin d'aller de l'avant et de transformer des souvenirs douloureux en quelque chose de plus positif, que c'était probablement un objectif qu'il s'était fixé maintenant qu'il était marié et père, à l'aube d'un tout nouveau chapitre de son existence. « Quand on a choisi cet endroit, j'espérais vraiment qu'on en repartirait avec de précieux souvenirs et que toi, tu aurais pu y faire la paix avec tout ce que le surf représente à tes yeux. » Parce que ça n'était pas seulement une planche et des vagues, ils le savaient l'un comme l'autre. « J'ai l'impression que c'est le cas, ou que c'est un bon début du moins, et ça me rend tellement heureux pour toi. » Il avait assisté à ses efforts, il avait vu combien l'idée de monter sur une planche le terrifiait encore quelques heures plus tôt. A présent, Swann avait mille raisons d'être fier de lui-même : il avait réussi. « Et je pensais ce que je t'ai dit, tout à l'heure. Ton frère aussi serait très fier de toi, je le sais. » Il souffla, cette fois un peu plus bas, ses lèvres se déposant amoureusement contre sa tempe avant qu'il ne glisse finalement sa main dans la sienne pour repartir avec lui vers l'autre bout de la plage. Son frère n'était peut être plus là pour lui souffler ces mots, mais Rory était absolument certain que quelque part, il veillait sur lui et ne ratait rien de ses efforts et de ses exploits. Ce voyage, lui, s'achèverait d'ici quelques jours sur une note particulièrement douce et c'est bientôt leur fille – à qui le couple ne cessait de penser depuis leur arrivée – qu'ils retrouveraient.