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Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/gifsbyant

« Je sais qu’on cible plutôt West End, mais Bayside était sur la liste aussi et y’a quelques maisons que l’agent immobilier a sélectionné dans ce quartier-là. » Bien sûr, nous ne sommes pas là pour visiter, pas sans la jeune femme qui organise pour nous plusieurs journées complètes de recherche, mais j’avais envie de m’immerger dans l’ambiance du quartier. « Je me suis dit qu’on pourrait faire un tour, aller jusqu’à la jetée, voir si on se projette à vivre ici. » Entre aimer une maison et s’y sentir bien, il y a un monde qui tient souvent aux alentours. Si l’ambiance de ces derniers ne nous plait pas ou ne convient pas à notre mode de vie, alors nous n’arriverons jamais à nous sentir chez nous et, pour cette recherche, je tiens à ce que tout soit fait selon les règles de l’art. La dernière fois, Damon a sélectionné seul un magnifique appartement que j’ai validé, et l’histoire s’est arrêtée là parce que nous n’étions pas complices et encore moins fous l’un de l’autre. Le choix de notre lieu de vie n’était qu’une transaction, une modalité à remplir pour rendre nos fiançailles crédibles et si l’endroit était fabuleux, s’il renferme aussi de beaux souvenirs, les mauvais ternissent tout sur leur passage. Oh nous nous disputerons dans cette nouvelle maison, c’est une certitude puisque c’est le cas de tous les couples, mais certainement plus de la même façon qu’avant. Et surtout, plus aucun homme ne viendra m’y agresser, tout comme elle ne sera plus témoin du retour de Damon le soir couvert de marques de coups.

La voiture garée, Bowie en laisse, je glisse ma main dans celle de Damon pour, je le crois encore, entamer une marche d’une heure ou deux dans les environs. Peut-être mangerons-nous au restaurant juste après, ou bien nous rendrons-nous au cinéma. Puisque nous nous sommes promis de vrais rencards pour rattraper le temps perdu ou, plutôt, pour valider les étapes du jeune couple même si tout est fait dans le désordre. « Ça a l’air super calme. » Trop ? Je n’en sais rien, je ne sais pas à quoi Damon aspire exactement. Moi, je suis persuadée de pouvoir être heureuse partout tant que lui l’est, même s’il est vrai que nous sommes peut-être un peu plus loin du centre-ville. « Comme on voulait pas trop s’éloigner du centre, faudra que je jette un œil aux transports en commun qui viennent jusqu’ici. Mais la plage est à quelques pas. » Je jette un coup d’œil à la dérobée à Damon, avant de lui adresser un sourire. « C’est comme ça que l’agent immobilier me l’a vendu. Je le vends bien ? » La vérité, c’est que j’ai envie de donner une chance à l’endroit, mais qu’il est peut-être un peu tôt dans notre vie pour nous exiler – c’est un bien grand mot – de la sorte au bord de l’Océan. J’aime pouvoir rejoindre mes amies en ville en quelques arrêts de tram. J’aime pouvoir tout faire ou presque sans avoir à sortir ma voiture du garage. Elle y prend la poussière depuis des mois, d’ailleurs.

« Ne te retourne pas, mais j’ai l’impression que ce type là-bas nous suit depuis quelques rues. » Peut-être suis paranoïaque, mais j’ai passé des années à tenter de me fondre dans la masse pour que personne n’aperçoive mon appareil photo, des années à approcher les célébrités, à me montrer amicale pour soutirer des informations et photos exclusives, trahissant ainsi leur confiance. Et ce type, il pue le photographe à la sauvette à plein nez, malgré son look passe partout.

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@megan williams

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(c): harley (gif), luleaby (codage).

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« Je sais qu’on cible plutôt West End, mais Bayside était sur la liste aussi et y’a quelques maisons que l’agent immobilier a sélectionné dans ce quartier-là. » Jetant un coup d’oeil de côté alors qu’il gardait son attention principalement concentrée sur la route, Damon esquissa un petit sourire. « Je me suis dit qu’on pourrait faire un tour, aller jusqu’à la jetée, voir si on se projette à vivre ici. » Glissant sa main dans celle de la jeune femme pour porter cette dernière contre ses lèvres pour y déposer un baiser, il hocha quelque peu la tête par la suite. « Tu as bien fait. C’est une bonne idée. » Ils avaient que des avantages pour eux: cette fois-ci, ils n’étaient pas pressés de trouver leur perle rare. Ils avaient tout le temps qu’ils désiraient devant eux pour visiter les quartier, visiter les biens et se rendre compte s’ils se voyaient y vivre dedans - et même plus que vivre: évoluer. Parce-que jusque maintenant, ils s’étaient contentés d’habiter dans l’appartement sans investir ce dernier d’une quelconque finalité particulière. Avec cette maison, ils évolueraient véritablement en tant que couple et c’était là le but principal de ces recherches. Pour se faire, ils avaient tout le temps du monde, et surtout le temps de trouver quelque-part où ils se sentiraient tous deux chez eux; c’était le plus important.

Bowie était content de découvrir de nouveaux endroits pour se balader, et l’air de la mer avait apparemment l’effet de le rendre guilleret, sa langue pendant de sa bouche alors qu’il trottait presque trop vite à leurs côtés. « Ça a l’air super calme. » Doucement, Damon hocha la tête. « C’est super calme, oui. » Ils entendaient un peu les voitures, mais même ces dernières semblaient aller au pas pour ne pas déranger une certaine quiétude mise en place de façon implicite dans l’air. « On entend plus le bruit de la ville tout en haut de notre tour qu’ici, et pourtant je trouvais qu’on entendait déjà pas grand chose chez nous. » Mais la différence entre un quartier en banlieue et en centre ville était inévitable, apparemment. « Comme on voulait pas trop s’éloigner du centre, faudra que je jette un œil aux transports en commun qui viennent jusqu’ici. Mais la plage est à quelques pas. C’est comme ça que l’agent immobilier me l’a vendu. Je le vends bien ? » Il tourna à son tour son regard vers Megan, alors qu’un petit sourire amusé étirait désormais ses lèvres. « Tu le vends super bien. » Il tira doucement sur sa main pour l’approcher de lui et lui voler un baiser. « On croirait que t’as fait ça toute ta vie. » Le jeune italien recentra son attention sur leur marche et sur les alentours. « Faudrait voir les transports, effectivement. J’aime bien l’idée de pas toujours avoir à prendre la voiture, surtout quand c’est tout proche. » Il s’était appliqué à prendre plus le temps ces derniers temps, et ne pas se rendre partout en voiture en faisait partie. « Ca me rappelle davantage New-York, où j’aimais bien me déplacer en métro. » Il tourna rapidement vers la jeune femme. « En métro, pas en bus, je sais que tu vas te moquer de moi à un moment donné de toutes façons sur ce point. » C’était ce qui lui semblait être une éternité, mais il se souvenait parfaitement bien.

« Ne te retourne pas, mais j’ai l’impression que ce type là-bas nous suit depuis quelques rues. » Elle avait à peine terminé de prononcer sa phrase que les fibres musculaires de Damon se tendirent. L’air enjoué qu’il portait jusqu’à alors, profitant de la balade et de la visite du quartier fut remise à plus tard et instinctivement, il tira doucement sur la main de Megan pour la rapprocher et lui - lâchant cette dernière pour passer son bras autour de ses épaules. « Si tu l’as vu aussi, c’est que je suis pas fou alors. » Il soupira. « J'ai cru voir qu’il nous observait quand on est descendus de la voiture, mais c’était pas une illusion alors. » Serrant les mâchoires quelque peu, son esprit se mit à penser à mille et une choses à la fois. Il n’aimait pas cette idée là, que justement il pourrait bien y avoir quelqu’un qui suivait leurs gestes depuis au moins le moment où ils étaient arrivés ici. Mais si la personne savait qu’ils étaient là, depuis où et depuis quand était-elle à leur suite ? « Je suppose que partir en courant n’est pas une solution ? » Et puis ce n’était pas avec tous les cigarettes qu’il s’enfilait encore qu’il allait être d’une réelle utilité dans une telle fuite.

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« Tu as bien fait. C’est une bonne idée. » Damon dépose un baiser sur mes lèvres et, alors que je glisse ma main dans la sienne, je me dis que tout compte fait, l’endroit n’est pas si déplaisant que ça. La rue est vide, les maisons qui nous entourent magnifiques, la golden hour rend le tout encore plus idyllique et j’ai l’impression d’être l’héroïne d’une comédie romantique où tout est simple et beau. Mais je ne suis pas certaine que nous ayons l’âge requis pour ce genre d’environnement, pour ces villas dans lesquelles j’imagine plus les femmes en train de préparer un petit plat pour leur mari qui ne devrait pas tarder à rentrer, le tout en s’occupant de deux ou trois enfants, qu’en train de tenter de trouver ce qu’elles veulent faire de leur vie sans en avoir la moindre petite idée. Sentimentalement, j’ai l’impression de trouver doucement un équilibre. Professionnellement, j’ai l’impression que tout n’est que flou artistique. « C’est super calme, oui. On entend plus le bruit de la ville tout en haut de notre tour qu’ici, et pourtant je trouvais qu’on entendait déjà pas grand-chose chez nous. » - « Calme, comme dans c’est une bonne chose ou trop calme ? » Moi, je ne sais pas encore où me situer, ou peut-être suis-je simplement trop influencée par le bruit des vagues qu’on entend d’ici pour admettre qu’il s’agit du genre d’endroit où je nous vois peut-être dans quelques années, mais pas tout de suite.

« Tu le vends super bien. On croirait que t’as fait ça toute ta vie. » - « Alors j’ajoute agent immobilier à la liste des jobs que je gèrerais haut la main et des pistes à explorer. » Il s’agit là d’une plaisanterie : si je songe à recommencer des études après le tournage du film, je n’envisage absolument pas ce domaine-là. De façon général, le commerce et la vente m’ennuient rien que d’y penser. « Faudrait voir les transports, effectivement. J’aime bien l’idée de pas toujours avoir à prendre la voiture, surtout quand c’est tout proche. » A entendre les mots de Damon, lui aussi a besoin d’un juste milieu et cela rejoint ce que je pense de mon côté : je n’aurais pas à faire de compromis pour le rendre heureux, je crois. « Ça me rappelle davantage New-York, où j’aimais bien me déplacer en métro » Amusée, j’écarquille les yeux et recule mon visage de quelques centimètres pour le dévisager de la façon la plus ostentatoire possible. « En métro, pas en bus, je sais que tu vas te moquer de moi à un moment donné de toutes façons sur ce point. » J’éclate de rire, avant de déposer un baiser sur sa joue. « Je t’imagine pas plus prendre le métro que le bus, c’est drôle hein ? » Peut-être est-ce que cela tient simplement au fait qu’à New York ou ailleurs, lorsqu’il ne conduit pas nous prenons un taxi. Je doute qu’il ait un jour possédé la moindre carte d’abonnement aux transports en commun. « Mais je suis d’accord avec toi. C’est peut-être un peu tôt pour la maison en face de la mer. » Quand nous aurons cinq ou dix ans de plus, pourquoi pas, où dès que l’agitation nous pèsera, mais je suis plutôt du genre à ne pas tenir en place et nous sommes tous les deux entre très jeunes. « Je pense qu’on peut visiter les maisons qu’elle nous propose - » Ne serait-ce que par courtoisie. « - et pas rester entièrement fermés, mais je suis d’accord. » De toute façon rien ne presse : nous avons tout le temps du monde et aucune raison de nous précipiter.

« Si tu l’as vu aussi, c’est que je suis pas fou alors. » - « Je pensais que t’allais me dire que je voyais le mal partout. » Et c’est loin de me rassurer que de constater que Damon a tiré les mêmes conclusions que moi et se méfie tout autant. « J'ai cru voir qu’il nous observait quand on est descendus de la voiture, mais c’était pas une illusion alors. » Je hoche la tête doucement. « Je crois que c’est un photographe, ou un journaliste. » Et je n’ai pas besoin de préciser d’où me vient cette intuition : il faut l’avoir été pour pouvoir les reconnaître au premier coup d’œil. « Je suppose que partir en courant n’est pas une solution ? » Je pousse un soupir, tentant de résister au besoin de tourner la tête pour confirmer qu’il est encore là. « Je veux pas donner l’impression qu’on a quelque chose à se reprocher. » Même si j’ignore encore ce qu’il peut bien faire ici. « On a qu’à retourner à la voiture, en marchant vite mais sans courir ? » Le tout, c’est de ne rien lui donner de croustillant à se mettre sous la dent. « Pourquoi on s’intéresserait à nous ? » La seule hypothèse qui me vient ne me plait pas du tout.

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« Calme, comme dans c’est une bonne chose ou trop calme ? » Il haussa quelque peu un sourcil alors qu’il tournait son regard en direction de la mer et du bruit des vagues. « Calme dans un peu trop calme, je crois. J’aime bien le bruit des vagues, c’est apaisant, mais je crois que je suis trop habitué au bruit de la ville. » Ce n’était pas une mauvaise chose; simplement que cela lui donnait l’impression que le type de quartier dans lequel ils se baladaient aujourd’hui était une étape un peu trop rapide pour lui. Il avait toujours vécu dans des endroits où l’agitation était quotidienne, et où le bruit des voitures se mêlaient aux balades en ville le dimanche. Le calme comme ils avaient autour d’eux, d’ordinaire, il en profitait quand il parait en vacances ou quand il rentrait chez lui en Italie. « Alors j’ajoute agent immobilier à la liste des jobs que je gèrerais haut la main et des pistes à explorer. » Il ajouta un petit rire aux paroles de la jeune femme; ce dernier n’était cependant pas moqueur, mais plutôt amusé - et s’il fallait, si jamais un jour c’était effectivement le type de carrière qu’elle voulait explorer, il pourrait être interprété comme encourageant. Après tout, si elle trouvait un quelconque intérêt dans l’idée d’envisager ce type carrière, il ne fallait pas qu’elle se prive.

Pour le moment, Megan était surtout bien occupée à laisser de son côté un rire éclater alors que Damon précisait qu’il appréciait avoir les transports à portée de main. Certes, il n’était pas celui qui les utilisait le plus dans cette ville, mais c’était là un avantage non négligeable dont il avait déjà profité ailleurs et qu’il appréciait malgré tout. « Je t’imagine pas plus prendre le métro que le bus, c’est drôle hein ? » Il lui tira la langue. « Pourtant promis c’est vrai. » Il fronça le bout du nez; il ne prenait pas mal la moquerie, il l'avait même vu venir. « Mais je suis d’accord avec toi. C’est peut-être un peu tôt pour la maison en face de la mer. » Retrouvant des traits du visage plus apaisés et surtout avec une touche de sérieux, il hocha quelque peu la tête. « Ca ferait une chouette vue, mais… Plus tard. » Il resserra doucement la main de la jeune femme dans la sienne, en déposant un regard amoureux sur elle. Cela lui faisait du bien de savoir qu’ils étaient sur la même longueur d’onde aussi rapidement concernant l’endroit où ils voulaient habiter pour la suite. «  Je pense qu’on peut visiter les maisons qu’elle nous propose et pas rester entièrement fermés, mais je suis d’accord. » - « Ca pourra toujours nous donner des idées décoration, de visiter d’autres maisons. »

Si leur conversation était agréable et légère jusque maintenant, cela ne dura pas longtemps alors que Megan lui souligna un élément dérangeant qu’il avait aussi repéré. « Je pensais que t’allais me dire que je voyais le mal partout. » Il soupira longuement. « J’aurais préféré. » Au moins, ils auraient pu en rire et continuer leur balade sans encombres. « Je crois que c’est un photographe, ou un journaliste. » Ce n’était pas là des éléments pour le rassurer, en réalité; si la possibilité avait été de mise, comme il le dit à Megan, il aurait préféré partir en courant. « Je veux pas donner l’impression qu’on a quelque chose à se reprocher. On a qu’à retourner à la voiture, en marchant vite mais sans courir ? » De sa main libre, il attrapa avec délicatesse la laisse de Bowie des mains de sa femme alors qu’ils ralentissaient leur pas. Le chien ne comprit pas pourquoi la balade se stoppait, et semblait même confus sur pourquoi ils repartaient de là où ils venaient: il avait du repéré l’eau et l’océan, en s’imaginant déjà jouer dans les vagues. « Et on va rentre à la maison. Juste au cas où. » Il ne savait pas au cas où de quoi, mais au cas où. « Pourquoi on s’intéresserait à nous ? » Lentement, et avec un certain voile de désolation, Damon tourna son regard vers elle. « J’ai pas envie que ce soit pour ça. » Oh, elle saurait très bien de quoi il parlait, ils savaient tous les deux ce à quoi ils référaient en silence.

Revenant d’un pas plus actif vers la voiture, il fit monter Bowie sur la banquette arrière pendant que Megan s’installait côté passager; il se glissa derrière le volant dans la foulée. Il regarda à travers le rétroviseurs, mais n’avait pas l’habitude de gérer ce genre de situation et il n’était en rien à l’aise - alors qu’il ne savait même pas exactement ce qu'il se passait dehors désormais. Simplement que cela le laissait mal à l’aise. « Trajet direct ou détour en ville ? » Il tourna son regard vers Megan, haussant un sourcil dans sa direction. C’était elle la professionnelle, il se remettait à son avis sur la question. Si elle lui indiquait de rentrer directement en appuyant sur le champignon, il s’exécuterait. Et si elle lui indiquait la route pendant une heure de balade supplémentaire, il agirait tout autant sous ses ordres.

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« Ça ferait une chouette vue, mais… Plus tard. » Nous sommes donc parfaitement d’accords sur les couleurs que prendront les prochaines années de notre vie ou, en tout cas, d’un point de vue immobilier. Si Bowie serait certainement ravi de pouvoir faire toutes ses balades sur la plage et de se baigner tous les jours ou presque, il n’est pas décisionnaire dans cette histoire et devra se contenter de passer d’une appartement à une jolie maison avec un extérieur. Moi, je glisse une main dans le dos du blondinet pour appuyer ma tête contre son torse et, puisqu’il est là et pas occupé et obligé de rester tard dans les bureau de la MHI j’entends bien profiter tout de même de cette parenthèse. « Ça pourra toujours nous donner des idées décoration, de visiter d’autres maisons. » - « Oui, c’est une bonne idée. » Et peut-être pourront nous alors discuter de petits détails qui n’en sont pas vraiment parce qu’ils en disent long sur l’avenir et le style de vie que nous souhaitons, comme le nombre de chambres par exemple, avant de nous lancer dans de vraies recherches et visites.

Quoi qu’il en soit et qu’importe notre décision, puisque nous sommes de toute façon interrompus par un intrus qui a tout du journaliste ou du photographe à la recherche de scandale. « J’aurais préféré. » Notre constat est le même et donc le tout laisse peu de place au doute : l’homme qui nous suit ne se trouve pas là par hasard. Il ne s’agit pas de quelqu’un effectuant simplement une petite balade dans la journée pour rejoindre l’océan non plus. Il claque bien trop son rythme sur le notre pour ça et, déjà, Damon récupère la laisse de Bowie d’entre mes mains pour la tenir fermement. En pressant tout de même le pas, je pose malgré tout une main sur l’épaule de Damon pour tenter de le rassurer. « Si c’est un journaliste ou un photographe, il a pas le droit de nous toucher, il s’y risquera pas. C’est oppressant, mais sans danger, respire un bon coup. » Moi, j’ai envie de réduire l’homme en bouillie, mais je vais tâcher de me canaliser et de contrôler également mes pulsions. « Et on va rentrer à la maison. Juste au cas où. » Je hoche la tête, regrettant déjà la douce soirée que j’imaginais avec lui et qui se dessinait, mais consciente que nous n’en profiterions de toute façon plus étant données les circonstances. « J’ai pas envie que ce soit pour ça. » Je sais à quoi il fait allusion, parce que j’y ai pensé aussi. Toutefois, l’article est sorti la veille, et j’aurais pensé qu’il faudrait un peu plus de temps aux vautours pour trouver notre adresse ou une façon de nous suivre. « Peut-être qu’il attendait devant la MHI et qu’il nous a suivis depuis là-bas. » Puisque c’est en bas des locaux de l’entreprise que je l’ai rejoint. « C’est pas important, on va le semer et ce sera de l’histoire ancienne. » Rapidement, j’aide notre chien à monter à l’arrière de la voiture, et je fais le tour de l’habitacle pour prendre place côté passager et m’attacher rapidement. « Trajet direct ou détour en ville ? » - « Trajet direct. » Je ne réfléchis même pas. « Ça sert à rien de tenter de le semer, notre adresse restera pas un secret bien longtemps de toute façon, crois-moi quand je te dis qu’il s’agit du genre d’information qui se trouve facilement, quand on est déterminé. » Moi je l’étais, et j’étais une spécialiste pour creuser sous la surface et trouver tout ce que mes cibles tentaient d’enterrer.

Le trajet est stressant et, comme si nous étions les stars d’un film d’action, je ne peux m’empêcher de jeter des coups d’œil en arrière. « Je crois pas qu’il nous ait suivi. » Ce qui, malheureusement ne change rien, puisqu’une fois arrivés devant notre immeuble et sortis de la voiture, nous sommes accueillis par un groupe bien plus conséquents de photographes et de journaliste. Mon regarde se décompose quand mes yeux se posent sur eux puisqu’ils se situent entre nous et l’entrée de l’immeuble. Aucun moyen de les éviter et, de toute façon, ils semblent déjà nous avons aperçus : deux ou trois malins se détachent de la foule pour venir à notre rencontre. « Megan, Damon, nos lecteurs aimeraient entendre votre point de vue, votre témoignage sur ce qui a été dit dans cet article. » Article qui, cette fois, semble être bien moins passé sous les radars. Un second reprend, son appareil photo envoyant un flash dans notre direction. « Tout ce qui a été dit est vrai ? Vous avez vous-même participé à tout ça ou bien est-ce qu’il s’agit de l’invention du jeune homme qui aurait été abusé par votre père ? » J’ignore quelle partie de cette phrase tendra le plus mon époux. Moi, je me sens déjà trop sollicité, oppressée par les journalistes dont nous sommes résolument la cible.

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« Oui, c’est une bonne idée. » Cela leur donnerait du temps supplémentaire pour voir plein de détails qu’ils n’avaient pas forcément abordé pour le moment, étant au tout début de leurs recherches; les idées avaient été lancées, mais rien n’était définitif pour le moment.

Et Damon aurait déjà eu hâte de commencer à discuter de certains d’eux, si leur sortie n'avait pas pris une tournure bien moins plaisante. L’homme qui les suivait, et bien les suivait bien et pour commencer ce n’était pas quelque-chose de normale ou rassurant. Megan partageait son avis, et bien sur que ne lui plaisait pas davantage - si elle soulignait qu’il s’agissait là d’un journaliste ou d’un photographe de presse, c’était que c’était le cas: elle avait assez d’expérience pour souligner que cela puisse être le cas. « Si c’est un journaliste ou un photographe, il a pas le droit de nous toucher, il s’y risquera pas. C’est oppressant, mais sans danger, respire un bon coup. » Il ne s’était même pas rendu compte qu’il s’était tendu de cette façon, et peut-être effectivement qu’il avait retenu un peu trop sa respiration ces dernières secondes. Il souffla lourdement. « C’est plus l’idée qu’il soit derrière nous qui me pose problème. Je sais qu’il nous fera rien. » Et puis, Damon pouvait se permettre de se dire de toutes façons que le photographe ne chercherait pas à faire un pas de travers avec une personne comme lui - il était de notoriété commune qu’avoir les moyens de porter plainte et d'avoir un bon avocat était assez dissuasif. Parce-qu’il les suivait comme ça, l’homme savait qui ils étaient, c’était évident. « Peut-être qu’il attendait devant la MHI et qu’il nous a suivis depuis là-bas. C’est pas important, on va le semer et ce sera de l’histoire ancienne. » - « Peut-être oui. » Il espérait qu’elle avait raison.

Ils remontèrent rapidement en voiture. « Trajet direct. Ça sert à rien de tenter de le semer, notre adresse restera pas un secret bien longtemps de toute façon, crois-moi quand je te dis qu’il s’agit du genre d’information qui se trouve facilement, quand on est déterminé. » Encore une fois, il ne pouvait pas lui en vouloir mais il aurait préféré qu'elle lui donne une réponse différente. Il appuya sur la pédale d’accélération. « Je crois pas qu’il nous ait suivi. » - « C’est toujours ça de pris. » Il ne pouvait pas savoir à quel point il avait raison.

Car lorsqu’ils arrivèrent à leur appartement, ce n’était pas le même spectacle qui les attendait et finalement un journaliste sur le chemin de leur balade au bord de mer était une promenade de santé. Ils étaient plusieurs; Damon n’aurait su dire combien exactement mais assez pour qu’il n’ait pas envie de perdre le moindre temps à les compter. « Megan, Damon, nos lecteurs aimeraient entendre votre point de vue, votre témoignage sur ce qui a été dit dans cet article. » Ils avaient donc eu malheureusement raison tous les deux: c’était bien pour cette raison là qu’ils étaient devenus un centre d’attention. C’était tout ce que Damon n’avait pas voulu, justement, tout ça. « Tout ce qui a été dit est vrai ? Vous avez vous-même participé à tout ça ou bien est-ce qu’il s’agit de l’invention du jeune homme qui aurait été abusé par votre père ? » Damon resserra la main de Megan dans la sienne - il s’excuserait plus tard si ce réflexe lui provoqua une quelconque douleur, mais il devait se raccrocher à quelque-chose pour se rappeler malheureusement de bien des chose que Saül en personne lui avait appris: il ne pouvait exposer son linge sale en public. En grandissant, Damon avait appris à garder une certaine consistance devant des provocations de ce genre; il n’avait cependant jamais imaginé être mis au centre d’une telle attention en tant qu’adulte, pensant que les dires de ses parents n’avaient été là que pour couvrir les événements auxquels il se devait d’assister. « Laissez-nous passer, s’il vous plait. » Les journalistes s’étant mis entre eux et la porte de leur immeuble. Toute personne ne connaissant pas Damon pouvait penser qu’il était simplement trop poli; Megan pourrait sentir qu’il ne savait simplement pas de quel côté déverser ses émotions et ses ressentis tant ces derniers étaient trop nombreux face à la situation. « On répondra pas aux questions, vous pouvez circuler. » - « Qui essayez-vous de protéger dans cette histoire, Damon, en repoussant les questions ? Votre père ou l’autre homme, Constantine ? » Il essayait simplement de sortir de cette petite foule et de rentrer chez lui pour avoir un peu de tranquillité.

Se retournant, il fit face au journaliste qui avait posé la dernière question. Soupirant, cherchant dans le regard de ce dernier le moindre remord qui ne viendrait bien sur pas, il secoua quelque-peu la tête. « Laissez nous tranquilles s’il vous plait. On veut juste rentrer chez nous. » Un chez-eux qui apparemment n’était plus un endroit isolé du reste du monde, puisque Megan avait eu raison avant même de voir les dégâts: une adresse n’était pas chasse-gardée. Un chez-eux où Damon avait besoin de se rendre parce-qu’il ne savait pas gérer des émotions imprévues et que c’était exactement ce qu’il ressentait en ce moment - ou tout du moins, il avait appris à ne pas laisser ces dernières être des armes pour les autres face à lui, et s’il n’en avait que peu faire de ce conseil là en temps normal et qu’il passait souvent outre, aujourd’hui il savait que c’était important malheureusement de s’y tenir. Il n’aurait jamais pensé qu’il en viendrait effectivement à appliquer les conseils de son père et cela lui donnait envie de vomir que de s’en rendre compte.

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Face aux photographes amassés devant la porte de notre immeuble, je suis prise d’une bouffée d’angoisse. Tout ça me rappelle qu’en m’en prenant à Saül il y a plus de deux ans, j’ai mis la main dans un engrenage qui me dépasse. Raconter ce qu’il nous a fait à tous les deux était ma façon de tenter d’en sortir, mais je ne suis plus certaine que nous ayons fait le bon choix, face aux vautours venus se repaître de notre malheur. Impossible de nous frayer un chemin jusqu’à chez nous. Impossible de nous enfuir puisqu’ils nous fuiraient certainement. Impossible aussi d’appeler la police puisque la loi est faite de façon à ce qu’ils soient dans leur bon droit : ils ne sont pas sur une propriété privée et aucune agression n’a eu lieu, ou en tout cas pas aux yeux des règles. Moi, je me sens réellement agressée, et Damon n’est pas en reste si j’en crois la pression de sa main sur la mienne. Il la serre de toutes ses forces, au point que mes doigts s’engourdissent, mais je ne cherche pas à le lui signifier où à retirer ma main de la sienne pour que le sang puisse y circuler à nouveau convenablement. Je suis rassurée parce qu’il me tient et, instinctivement, je me rapproche un peu plus de lui. « Laissez-nous passer, s’il vous plait. » Damon est bien trop gentil pour ce monde : moi, si j’ouvre les lèvres, ce sera pour les insulter. Et consciente que cela ne nous aidera pas, je me tais et le laisse pour l’instant gérer les choses et tenter de les régler à sa façon, bien que n’étant pas assez naïve pour penser qu’il suffira de demander gentiment aux journalistes de s’écarter pour qu’ils s’exécutent. « On répondra pas aux questions, vous pouvez circuler. » - « Qui essayez-vous de protéger dans cette histoire, Damon, en repoussant les questions ? Votre père ou l’autre homme, Constantine ? » L’un des journalistes se place face à lui pour l’attaquer de front et, face à cette question, ma mâchoire se contracte. Ne leur avons-nous pas donné ce qu’ils veulent ? N’avons-nous pas prouvé que nous ne cherchons pas à excuser ou défendre l’homme d’affaires ? Cet article ne nous présente-t-il pas comme des victimes, nous aussi ? « Laissez nous tranquilles s’il vous plait. On veut juste rentrer chez nous. » Mes doigts quittent la main de Damon pour s’enrouler autour de son bras. De ma main libre, j’ajuste mes lunettes de soleil sur mes yeux et je me presse contre Damon. « On a pas de commentaire à faire sur l’article. Tout y est raconté. » Et nous ne révèlerons rien de plus.

« A quel moment avez-vous pris contact avec Ambrose Constantine ? »
« Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour dire la vérité au sujet de votre père ? »
« Continuez-vous à travailler chez Michael Hills Damon ? »
« Megan, avez-vous songé à quitter Damon à cause de ce qu’a fait son père ? »

Les questions s’enchaînent et deviennent de plus en plus sans aucun rapport avec toute cette situation : la parfaite illustration des dérives journalistiques. Chacun espère nous faire dire une chose, ne serait-ce que quelques mots susceptibles d’être inédits et donc repris, altérés, amplifiés et publiés simplement pour satisfaire l’avidité des lecteurs. « Il faut qu’on se fraye un chemin. » Je m’adresse à voix basse à Damon et, en tentant de garder le regard baissé et donc de ne pas accorder ne serait-ce qu’un regard aux journalistes, nous progressons lentement pour nous rapprocher de la porte. J’ai l’impression que cela prend une éternité mais, une fois dans le lobby, j’ai l’impression que ma tête va exploser. J’ai envie d’hurler, d’écraser mon poing contre les panneaux de l’ascenseur dans lequel nous montons pour rejoindre notre appartement. Mon cœur bat la chamade et je lâche finalement la main de Damon, pour passer les miennes dans mes cheveux et respirer bruyamment, tentant de calmer le rythme des battements de mon cœur. « Tu crois toujours qu’on a pris la bonne décision ? » Moi, je ne suis plus sûre de rien. J’ai l’impression d’avoir eu à faire à une bande de chiens enragés et à la recherche du moindre scoop, et j’ai peur qu’ils ne s’arrêtent pas là, que notre vie soit à présent décortiqués pour nous causer du tort au soit disant au nom de la vérité.

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Toute cette situation était en train de les dépasser. Peut-être que Megan avait anticipé qu’ils se retrouveraient dans une telle pagaille, parce-que bien plus habituée que lui à ce monde là, mais Damon n’avait pas pensé que cela pourrait leur arriver; pas à eux, pas à lui qui avait toujours eu l’habitude d’être protégé de part son statut de fils de depuis tout petit - il s’était avéré finalement que c’était d’être le fils de qui le faisait se retrouver dans cette pagaille aujourd’hui. L’ironie du sort était amère, sur ses papilles, alors qu’il se rendait compte d'une telle chose tout en tentant d’apaiser les journalistes face à eux pour se frayer un chemin à travers la foule et réussir à traverser pour rejoindre l’entrée de leur immeuble. Malheureusement, il était le moins acharné de toutes les personnes présentes sur le parvis, et cela se fit rapidement voir alors qu’une seule question finit par lui souligner avec peu de délicatesse qu’il ne faisait pas le poids dans cette histoire. Si ce n’était pas pour les doigts de Megan pressant désormais son bras, pour Bowie tirant sur sa laisse se trouvant débordé à son tour au milieu de la foule, il aurait surement déjà succombé à la pression extérieure. « On a pas de commentaire à faire sur l’article. Tout y est raconté. »

« A quel moment avez-vous pris contact avec Ambrose Constantine ? » - « Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour dire la vérité au sujet de votre père ? » - « Continuez-vous à travailler chez Michael Hills Damon ? » - « Megan, avez-vous songé à quitter Damon à cause de ce qu’a fait son père ? »

Sa tête lui tournait, il avait envie de vomir, de partir en courant, de beaucoup de choses sauf d’être ici. « Il faut qu’on se fraye un chemin. » Il hocha quelque peu la tête, mais malheureusement il n’était plus apte de plus; heureusement que Megan sût reprendre le dessus pour eux sur la situation et les tirer jusqu’au hall de leur immeuble. Rapidement, ils furent dans l’ascenseur et ce dernier les emportait loin de la cohue se déchainant dehors. Damon sentit à peine que la main de Megan lâchait la sienne, alors qu'il s’accroupissait pour venir prendre Bowie contre lui un instant, flattant avec douceur le flanc de l’animal. « Tu crois toujours qu’on a pris la bonne décision ? » Il ne croyait plus grand chose, l’italien, alors qu’il n'aurait jamais pensé qu’une telle ampleur pourrait se décliner sur eux. Il était naïf, il le savait - et toute personne l’ayant côtoyé de près ou de loin pouvait être au courant de cette information là aussi. Mais cela lui faisait mal de constater à quel point c’était le cas. Lorsqu’il avait dit à Ambrose ne pas désirer avoir l'attention sur lui, il parlait de ça, de ce qu’il venait de se passer dehors - mais il n’avait jamais imaginé que cela soit avec une telle force de percussion que ça pourrait arriver.

Il ne répondit pas de suite à la question de Megan, alors que les portes de l’ascenseur s’ouvraient sous leurs yeux. Il se remit sur ses deux jambes rapidement, sortant les clefs de sa poche pour ouvrir la porte d’entrée de l’appartement - il se dirigea de suite vers l’évier de la cuisine, l’endroit potentiellement le plus adapté mais surtout le plus proche. Dans la seconde qui suivit, Damon rendit le contenu de son estomac. Ce n’était pas de cette façon là qu’il aurait envisagé les choses un seul instant, mais pour sur également il ne pensait pas qu’il aurait ce type de réaction. Au moins, il avait su attendre d’être au sein de leur appartement pour agir de la sorte plutôt que de se donner en spectacle devant la foule enragée. Ouvrant à fond le robinet d’eau froide, il passa cette dernière en grande quantité sur son visage, avant de couper l’eau et de laisser les gouttes couler de son visage dans le fond du bac pendant de longues secondes. Ce ne fut qu’à ce moment là qu’il réussit à reprendre faiblement la parole. « Je sais qu’on a pris la bonne décision. » Il avait parfaitement entendu la question de Megan, quelques minutes plus tôt dans l’ascenseur - Damon n’avait juste pas été en état de répondre à cette dernière de suite. « Je pensais pas que le retour de bâton serait aussi violent. » Psychologiquement, il l’avait anticipé mais savait endurer; en revanche il ne s’était pas attendu que ce soit physiquement et visuellement si violent d’affronter les conséquences d’actions dont ils avaient déjà tous deux étaient victimes. N’était-ce pas censé être plus simple par la suite ?

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Le chien est agité. Occupée à tenter de fuir les journalistes et à nous frayer un chemin jusqu’à la porte d’entrée de l’immeuble, j’en ai oublié que le pauvre animal, tenu en laisse par Damon, devait être encore plus effrayé que nous par tout ça. Arrivant au niveau des genoux ou cuisses de nos "assaillants" , pris en étau dans la foule, il a laissé échapper quelques aboiements plaintifs alors que nous traversions cette marée humaine. Dans l’ascenseur, Damon s’agenouille aux côtés du canidé pendant que je retrouve mes esprits. Le chien halète, jette quelques regards apeurés autour de lui et semble finalement comprendre qu’il est à nouveau en sécurité. Sa queue commence à remuer doucement alors que son maître lui flatte les flancs et, finalement, il se redresse et retrouve son attitude affectueuse et joyeuse habituelle. Tout le monde a passé un sale moment, de toute évidence.

Dans l’ascenseur, Damon ne dit rien. Il ne répond pas à mes questions, et je me demande s’il est bouleversé ou si c’est parce qu’il ne sait pas, si nous avons bien fait, s’il se pose lui aussi des questions au sujet de bien fondé de notre démarche. Saül a pris la fuite, de toute façon. Il a quitté l’Australie et maintenant que le coup fatal lui a été porté, je doute qu’il revienne de sitôt. Nos allégations portent préjudice à sa réputation et c’est déjà certainement suffisant pour qu’un homme comme mon beau-père soit déstabilisé, mais les preuves apportées par mes soins de détournement de fond de son entreprise lui font risquer une procédure judiciaire, si d’aventure il revenait dans le pays. Certainement finira-t-il ses jours dans un paradis fiscal avec de l’argent à profusion. C’est une victoire douce-amère que nous avons emportée. Saül ne nous fera plus jamais de mal, mais personne ne l’empêchera de continuer à en faire à autrui ailleurs pour autant. Et surtout, il ne sera jamais réellement puni : je suis certaine qu’il a, sur des comptes cachés, de quoi vivre confortablement avec son argent sale jusqu’à la fin de ses jours.

Le jeune italien déverrouille finalement la porte de l’appartement – lorsqu’il la referme, je ne peux m’empêcher de vérifier qu’elle est fermée à double tour et d’ajouter un coup de clé quand je me rends compte que non – et se précipite directement vers l’évier dans lequel il rend le contenu de son estomac. Silencieuse, je m’accroupis au niveau de notre chien pour détacher son harnais, essuyer ses pattes et le caresser entre les deux oreilles, avant de m’approcher doucement de mon mari, occupé à nettoyer son visage. « Je sais qu’on a pris la bonne décision. » Je le pensais aussi. Mais je commence à me dire que le prix à payer est peut-être trop cher. Les journalistes ont l’air motivés à nous pourrir la vie pour notre simple lien avec Saül. Qu’un inconnu comme Constantine accuse l’homme d’affaires de violences est une chose, mais que son propre fils et sa belle-fille apportent à leur tour des preuves de ses agissements et se désignent eux-mêmes comme victimes en est une autre. La différence entre ces deux cas de figure, c’est que le second a l’odeur du scandale, délicieux fumet pour les journalistes. « Je pensais pas que le retour de baton serait aussi violent. » - « C’est que le début de tout ça. » L’article vient de sortir, et je doute que les gratte-papiers en restent là. Bientôt, certains se mettront à fouiller nos poubelles à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. « Et avec l’attention que risque d’attirer sur moi le film - » Et par conséquent, sur lui et le couple que nous formons également. « Ça se calmera pas tout de suite. » Cela risque au contraire de durer plusieurs mois. Notre déménagement nous pouvait pas mieux tomber finalement, mais encore faut-il que nous parvenions à garder notre nouvelle adresse secrète. « Damon… » Mes doigts s’accrochent au plan de travail de l’ilot central de la cuisine et, nerveuse, j’ajoute. « Qu’est-ce qu’on fera si quelqu’un découvre la vérité ? A notre sujet ? » Au sujet de notre mariage et des fondements de notre couples. Comme je l’ai dit à Jo, cela me terrorise. Je n’ai pas envie que ses ex, ses amis bien-pensants ou quiconque ne vienne essayer de lui "ouvrir les yeux" ou le "tirer des griffes" de la sorcière que je représenterai à leurs yeux. J’ai peur de le perdre à cause du regard des autres. « Je veux pas que ça arrive, ça me terrifie. Mais faut qu’on soit prêts si jamais ça arrive. » Il faudra alors que nous fassions front uni, si nous ne voulons pas que la tempête soit trop violente pour notre jeune couple. « Et je sais que t’es persuadé que Constantine ne parlera pas. » Je n’aime pas aborder son sujet, l’homme est encore un sujet de tensions entre nous. « Mais si jamais il le fait, il nous faut un plan d’action.  » Moi, je veux l’autorisation de faire des recherches à son sujet pour avoir des armes contre lui, le cas échéant, mais chaque chose en son temps et j’amorce le sujet avec plus de tempérance.

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Il aurait voulu être plus fort, et plus résistant. Il aurait voulu ne pas être celui qui flanche à la moindre parole prononcée un peu plus haute que les autres à son encore au détour d’une conversation mouvementée. Il aurait voulu réussir à faire face et à maintenir contenance lorsque les choses se compliquaient et qu’une certaine stabilité était attendue afin que les contours du décor ne s’effondrent pas. Malheureusement pour lui, Damon n’était pas tout ce la - et cela se témoignait encore une fois aujourd’hui par le réflexe qu’il eut lorsqu’ils arrivèrent à l’intérieur de leur appartement. L’évier était désormais rebaptisé et l’eau qu’il se faisait couler sur le visage n’était peut être pas autant efficace qu’il l’aurait espéré.

Il ne regrettait rien cependant; telle avait l’inquiétude de Megan lorsqu’ils s’étaient trouvés dans l’ascenseur. Même si cela le rendait physiquement malade et que toutes les cellules de son corps lui hurlaient que ce n’était pas la bonne chose à faire, il savait que ce n’était là que son instinct de préservation perverti par son propre soit-disant père pendant des années, entraîné à avoir peur d’aller à l’encontre de ce dernier, qui parlait. Dans la réalité, ils avaient pris la bonne décision. « C’est que le début de tout ça. » Le soupire de l’italien se fit long et appuyé. « C’est bien ce qui me rend malade. » Ils auraient besoin de tenir tête une seule fois pour que les choses disparaissent ensuite et ce serait presque du gâteau; Damon savait bien que ce n’était là qu’un aperçu de ce qu’il pourrait se passer par la suite. « Et avec l’attention que risque d’attirer sur moi le film - ça se calmera pas tout de suite. » Toute autre fois il en aurait ricané - il n’avait pas l’énergie nécessaire pour réagir de cette sorte en cet instant. « Moi qui avais hâte de te voir être mise en lumière grâce au film, ça va me rendre encore plus malade je crois. » Pas parce-qu’elle allait recevoir d’autant plus d’attention, mais parce-qu’il savait d’avance que ce n’était pas de l’attention saine qui allait être dirigée vers elle, de celle même qui pourrait lui être dangereuse.

Attrapant une serviette, Damon s’épongea le visage avant de reporter son regard sur Megan qui reprit la parole rapidement. « Damon… » Il haussa un sourcil. « Qu’est-ce qu’on fera si quelqu’un découvre la vérité ? A notre sujet ? » De suite, sans même y réfléchir, il secoua vivement la tête. « Personne ne découvrira la vérité. » Deux ans plus tôt, il aurait apprécié que quelqu’un le fasse pour mettre toute cette histoire à disposition de la vue de tous, pour qu’il ne se retrouve pas mêlé à des agissements qui ne le concernaient en rien et desquels il s’apprêtait à seulement subir les conséquences. Aujourd’hui, il n’était pas question à ses yeux que cela arrive. « Je veux pas que ça arrive, ça me terrifie. Mais faut qu’on soit prêts si jamais ça arrive. » - « Ca n’arrivera pas. » - « Et je sais que t’es persuadé que Constantine ne parlera pas. Mais si jamais il le fait, il nous faut un plan d’action. » - « Megan regarde moi. » Faisant un pas vers elle, il posa doucement ses mains contre ses épaules pour diriger l’attention de la jeune femme sur lui. S’il était encore fébrile, cela ne l’empêcherait pas de la rassurer elle et de faire en sorte qu’elle se sente en sécurité. Son malaise et bien-être à lui passait depuis bien longtemps désormais au second plan face à sa femme. « Ça n’arrivera pas. Il ne le sait pas il peut pas en parler. » Ce n’était pas l’envie qui avait manqué à Damon que ce soit le cas, effectivement, mais la réalité était toute autre.

« Et y’a aucune preuve comme quoi c’était pas prévu, toi et moi. Que ça a été arrangé. » Il n’appréciait pas spécialement remuer le couteau dans cette plaie là, remettre sur le tapis le fait que leur couple avaient effectivement des fondations bancales surtout en mettant des mots justes sur les maux, mais ils ne pouvaient se permettre de faire dans la dentelle alors qu’effectivement, certaines conséquences pourraient être désastreuses pour eux. Megan avait raison sur un point: ils se devaient d’être prêts. L’idée ferait lentement son chemin dans l’esprit de Damon avec le temps - lui qui avait pensé pendant bien longtemps qu’ils seraient en permanence à l’abris de leur mensonge face au reste du monde, des arrangements et manigances de sa famille aussi -, pour le moment il n’envisageait pas la totalité des dégâts qui pourraient leur retomber dessus. Il préférait se concentrer sur les faits: ils n’avaient pas grand chose à se reprocher d’un point de vue légal en tous cas. « Ils peuvent chercher, ça leur donnera rien. » Il y croyait.

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« Moi qui avais hâte de te voir être mise en lumière grâce au film, ça va me rendre encore plus malade je crois. » Je fais la grimace, consciente que je ne peux rien faire pour empêcher ce qui va nous tomber dessus ces prochaines semaines voire ces prochains mois, plus maintenant en tout cas. Le tournage du film a commencé, et l’annonce du casting du film a commencé à attirer l’attention sur moi. Ce n’est pas sans précédent, de voir une jeune actrice obtenir un rôle comme celui-là, mais ça l’est que cela se fasse dans un contexte ou pour, lui offrir le rôle le réalisateur bouleverse tous ses plans. Nul doute que cela fera du bruit. « Je suis désolée. Je sais que ça tombe mal. » Et ce n’était pas volontaire de ma part, Constantine a tout bouleversé. S’il a permis de mettre Saül en fuite, il a aussi secoué nos vies et j’ignore quand les choses rentreront à la normale. A ce rythme, une fois le film terminé, je désirerais retomber dans l’anonymat avant même d’avoir été réellement révélée.

« Personne ne découvrira la vérité. » Je secoue la tête. Je veux conserver le même optimiste, et cette réponse est même exactement la même que j’ai faite à Jo lorsqu’elle m’a dit que nous ferions mieux de nous préparer au pire, mais ne devrions-nous pas être capable de nous confier nos peurs sans qu’elles ne soient ignorées ? « J’ai pas envie que ça arrive. Comme toi, je veux croire que c’est impossible Mais j’ai besoin qu’on parle de ce qu’on fera si jamais on a tort. » Nous ne pouvons rien nous assurer l’un à l’autre. Après tout, les personnes au courant sont rares, mais elles existent et le passé nous a prouvé que nous ne pouvions faire confiance qu’à nous. Troublée, agitée, je ronge les ongles de ma main droite tandis que, de l’autre, je joue nerveusement avec un post-it abandonné sur l’ilot de la cuisine. « Ça n’arrivera pas » Il s’approche et ses mains se posent sur mes épaules. Mes doigts se desserrent de l’innocent morceau de papier que je froisse et déchire, signe de ma nervosité. « Megan regarde-moi. » J’ôte mes doigts de ma bouche pour me concentrer sur le regard bleu de mon époux. Me calquant sur le rythme de sa respiration, je tente de calmer la mienne. « Ça n’arrivera pas. Il ne le sait pas il peut pas en parler. » Je secoue la tête. Il ne sait peut-être pas tout, mais il en sait assez pour nous mettre dans une situation délicate. Damon a-t-il envie d’être accusé d’adultère et de devoir se justifier ? Desire-t-il réellement que le monde entier le voit comme le genre d’homme qui va voir ailleurs, et moi comme une pauvre idiote cocue ? Moi, cela me donne des envies de meurtre, rien que d’y penser. « Et y’a aucune preuve comme quoi c’était pas prévu, toi et moi. Que ça a été arrangé. Ils peuvent chercher, ça leur donnera rien. » Je n’ai pas besoin d’être rassurée. Si parfois, j’ai besoin de la douceur de Damon et de sa foi en l’humanité, cette fois ce n’est pas le cas. J’ai besoin que nous soyons rationnels. J’ai besoin de poser le problème dans son entièreté et de trouver des solutions. J’ai besoin de savoir ce que je dois répondre à un journaliste si d’aventure j’étais interrogée sur les "infidélités" de mon mari.

« Il ne sait pas pour notre mariage, mais ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas nous nuire. Lui ou un autre, d’ailleurs. » Sans m’éloigner de lui, je porte à nouveau mes doigts à mes lèvres pour les ronger, ruinant ainsi ma manucure hors de prix. « Qu’est-ce que tu feras, si quelqu’un vient témoigner et t’accuser d’adultère ? » Si l’une de ses conquêtes qu’il a fréquentée pendant notre mariage et nos fiançailles décide de donner des détails croustillants à la presse. « S’il dit que pendant je ne sais pas combien de temps et alors qu’on était mariés, vous aviez des relations sexuelles ? » Je ne suis pas en train de demander des comptes à Damon. Cette discussion sur nos activités de l’époque, nous l’avons déjà eue. « Qu’est-ce que moi je dois faire si un journaliste vient me coller des preuves de ça sous le nez en me prenant par surprise ? Je vais passer pour une conne. » Et si l’image n’est pas plus importante que ce que nous partageons lui et moi, cela reste important, il est bien placé pour le savoir. « Je veux qu’on s’y prépare, au cas où ça arrive. Peut-être que ça servira à rien, et tant mieux dans ce cas. Mais je veux qu’on soit prêts, au cas où, parce qu’on peut pas juste espérer et faire confiance, ça nous dépasse. » Et je sais de quoi je parle. La folie journalistique est capable de prendre des proportions qu’il n'anticipe certainement pas.

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« Je suis désolée. Je sais que ça tombe mal. » Damon secoua quelque peu la tête, autant en tous cas que ses nausées lui permettaient de le faire. « T’excuses pas. » Il n’y avait aucune faute à porter pour elle: la coïncidente tombait simplement on ne pouvait plus mal que les deux événements se retrouvent à s’enchainer dans le calendrier. « J’aurais préféré qu’on puisse en profiter tranquillement, que tu puisses en profiter tranquillement. C’est un moment important pour toi. » C’était là ses premiers pas dans le monde du cinéma, avec un film qui allait faire parler de lui et qui pourrait lui rapport une certaine notoriété. Le jeune homme aurait simplement voulu qu’elle puisse profiter de tous les moments associés à cet événements de façon bien plus sereine.

Aux autres questions que souleva Megan, Damon restait peut-être de trop dans le déni mais il ne désirait pas se défaire de son optimiste sur la question; à ses yeux, il n’était pas question que quiconque apprenne l’origine de leur union. « J’ai pas envie que ça arrive. Comme toi, je veux croire que c’est impossible Mais j’ai besoin qu’on parle de ce qu’on fera si jamais on a tort. » Ce n’était pas une idée qui lui convenait à lui, qu’ils aient tort sur ce point là. Parce-que si quelqu’un en venait à apprendre que leur mariage n’était à la base qu’une union arrangée, cela voulait dire que des langues s’étaient déliées - et trop peu nombreuses étaient les personnes au courant de la supercherie. Saül était le premier concerné par cette dernière, serait-il capable de souligner jusqu’à où il avait été prêt à aller pour préserver ses secrets maintenant que ces derniers se retournaient exposés aux yeux de tous ? Ce n’était pas de lui qu’apparement Megan se méfiait dans cette conversation, mais c’était également une des options qu’ils auraient besoin d’envisager s’ils discutaient avec plus d’attention de ce sujet - ce que la blonde semblait être prête à faire en cet instant, là où son mari campait sur l’idée qu’ils ne seraient pas amenés à affronter ce type de questionnements. « Il ne sait pas pour notre mariage, mais ça ne veut pas dire qu’il ne peut pas nous nuire. Lui ou un autre, d’ailleurs. » Alors qu’elle portrait sa main à ses lèvres pour ronger ses ongles de nervosité, Damon attrapa cette dernière quelques secondes après pour qu’elle ne se fasse pas du mal de cette sorte, gardant sa main dans la sienne.

« Qu’est-ce que tu feras, si quelqu’un vient témoigner et t’accuser d’adultère ? » Penchant légèrement et lentement la tête sur le côté, il restait pour le moment silencieux: il n’avait pas pensé à cela. Et maintenant que les choses étaient bien différentes entre eux et de façon générale, il comprenait à quel point il n’avis pas été malin. Pour sa défense, il ne portait pas véritablement Megan dans son coeur lorsqu’il avait agi de la sorte. « S’il dit que pendant je ne sais pas combien de temps et alors qu’on était mariés, vous aviez des relations sexuelles ? » - « J’ai pas pensé à cette partie là. » Qu’il avoua à demi-mots, avec un ton qui ne se voulait en rien fier de ce que tout cela soulignait. « Qu’est-ce que moi je dois faire si un journaliste vient me coller des preuves de ça sous le nez en me prenant par surprise ? Je vais passer pour une conne. » Il se serait bien excusé d’avance, mais il avait appris avec le temps et les discussions avec la jeune femme que ce n’était pas le genre de comportement qui pouvait tout sauver - et que s’excuser à tort et à travers n’était pas autant une qualité qu’il l’aurait pensé. « Je veux qu’on s’y prépare, au cas où ça arrive. Peut-être que ça servira à rien, et tant mieux dans ce cas. Mais je veux qu’on soit prêts, au cas où, parce qu’on peut pas juste espérer et faire confiance, ça nous dépasse. »

Soupirant, Damon passa sa main libre sur son visage jusque dans ses cheveux. Ce n’était pas de discuter de tout cela avec sa femme qui le dérangeait - tous les sujets qu’ils abordaient, ils les connaissaient et il n’avait pas de secret pour elle sur cette partie là de sa vie -, c’était quelque-chose de bien plus simple. « C’est moi qui me sens con pour le moment. » Il avait l’air qui s’accordait au ressenti accroché à son visage. « Quand c’est arrivé à l’époque je pensais pas que j’aurais surement besoin un jour de répondre aux conséquences de mes actes. » Et ce n’était pas le seul exemple dans sa vie malheureusement: il n’avait pas été habitué à ce que ce soit le cas. Depuis tout petit, tout lui avait toujours été prémâché et il lui avait été enseigné que tout pouvait se résoudre avec de l’argent ou du pouvoir. Il comprenait malheureusement un peu trop en retard aujourd’hui que ce n’était pas véritablement le cas.

« C’est simple: si on te demande si j’ai été infidèle, t’auras qu’à dire que c’est effectivement le cas. S’ils ont des preuves. » Damon avait laissé peut-être une minute de silence s’installer entre eux. « Toi et moi on sait que c’est pas le cas, mais on va pas avoir le choix que de mentir sur cette partie là aussi. » Il lui semblait que certaines parties de son esprit se mettaient à accepter de voir certaines choses que Megan tentait de lui faire comprendre dans son discours depuis ces dernières minutes. Soufflant un rire en rien amuser par le nez, il secoua quelque peu la tête. « Je me suis jamais imaginé que ça pourrait me revenir dessus comme ça. Et nous revenir dessus ensuite. » Par extension, maintenant qu’ils formaient une équipe. Il rabaissa son regard pour ancrer ce dernier dans celui de sa femme. « Mais je vois pas d’autre façon que ce soit convainquant. »

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« J’aurais préféré qu’on puisse en profiter tranquillement, que tu puisses en profiter tranquillement. C’est un moment important pour toi. » Je hausse les épaules, peu touché à l’idée que cette attention non désirée ne gâche ma première expérience dans le monde du cinéma puisque rien de tout ça n’a jamais été mon rêve. Je ne suis pas Jo, je n’ai pas grandi avec la certitude que j’étais faite pour une certaine chose, je n’ai pas sué sang et eau pour parvenir à décrocher ce premier rôle. C’est une passade, un caprice, un moyen d’accéder à cette reconnaissance que j’ai toujours voulue et, surtout, remplir mon besoin maladif de recevoir de l’attention de tous et de toutes. Ceux qui regardent m’importent peu, tant que l’on me regarde, tant que l’on parle de moi. « Ça l’est pas tant que ça. C’est pas grave, vraiment. » Je ne l’affirme donc pas que pour le rassurer ou pour qu’il se sente mieux à ce sujet. Ça n’a tout simplement pas la moindre importance à mes yeux.

« J’ai pas pensé à cette partie-là. » Même en aimant Damon de tout mon cœur, j’ai envie de lui arracher les yeux lorsqu’il s’agit de sa réponse. Il faut bien être un homme pour ne pas s’appesantir sur ce genre de chose, il faut bien être une personne privilégier pour ne pas réaliser non plus que tout acte à ses conséquences et qu’il ne sera pas intouchable tout sa vie, certainement pas s’il s’en prend à son père. Saül est beaucoup de choses, mais il est aussi la raison derrière le sentiment d’impunité de Damon qui, sans la protection de son paternel, risque d’apprendre que tout n’est pas toujours aussi facile qu’il le croyait. Légèrement excédée, je lève les yeux au ciel, sans rien ajouter pour autant pour l’instant. « C’est moi qui me sens con pour le moment. » Une part de moi est satisfaite par cet aveu. Il peut se sentir con, certes nous n’étions pas ensemble et ne nous devions pas de compte à l’époque, mais s’il avait su garder son pénis dans son pantalon plutôt que de fricoter avec tout Brisbane, nous n’en serions pas là, et nous n’aurions pas à nous poser ce genre de questions aujourd’hui. Alors s’il se sent idiot, ce n’est à mon sens pas vraiment cher payé. « Quand c’est arrivé à l’époque je pensais pas que j’aurais surement besoin un jour de répondre aux conséquences de mes actes. » - « C’est le cas pour la plupart des gens qui vivent pas dans un autre monde. » Je suis peut-être un peu plus amère que je ne le voudrais, tant la naïveté de Damon a parfois le don de m’agacer, quand elle l’empêche de comprendre qu’il ne peut pas faire tout ce qu’il veut quand il en envie en pensant que jamais au grand jamais ses actes n’auront de conséquence sur quelqu’un d’autre. J’ai un plan d’action. J’ai déjà réfléchi à ce sujet, en silence et sans m’ouvrir à lui, considérant qu’il n’était pas encore prêt. Aujourd’hui, j’espère qu’il l’est, que les choses sont différentes maintenant qu’il comprends que les choses le dépassent et que l’avidité des journalistes pour le sensationnel n’a pas de limite.

« C’est simple: si on te demande si j’ai été infidèle, t’auras qu’à dire que c’est effectivement le cas. S’ils ont des preuves. » J’écarquille les yeux et je garde la bouche entrouverte. Et puis quoi encore ? « Toi et moi on sait que c’est pas le cas, mais on va pas avoir le choix que de mentir sur cette partie-là aussi. » Oh, moi j’en vois d’autres des choix, des bien plus acceptable que de me faire passer comme une femme que son mari a rendu cocu avec toute la ville alors qu’ils n’étaient mariés que depuis quelques mois. « Je me suis jamais imaginé que ça pourrait me revenir dessus comme ça. Et nous revenir dessus ensuite. Mais je vois pas d’autre façon que ce soit convainquant. » - « Hors de question. » Je n’accepterais pas que ma fierté et mon honneur soient ainsi piétinés : Jo avait raison, lorsqu’elle m’a soufflé l’idée d’en parler avec Damon pour accorder nos violons. Il est me semble nécessaire d’accorder le sien au mien, et certainement pas l’inverse, de toute évidence. « Me faire passer pour la femme la plus cocue de Brisbane alors qu’on était même pas mariés depuis un an, c’est ça ta solution ? » Evidemment qu’il ne comprends pas à quel point la honte que je pourrais ressentir serait cuisante. Dans cette situation il est l’homme, personne n’attend de l’homme qu’il sache garder son engin dans son pantalon, et tout le monde me pointera du doigt moi, la jeune idiote qui n’a même pas su faire ce qu’il faut pour garder son conjoint plus d’un an. « Toi on dira que t’es un Don Juan, et moi on dira que j’ai un problème, parce que forcément, ce sera ça l’explication aux yeux des gens. Dans le pire des cas, je serai frigide et dans le meilleur on me prendra en pitié et ça aussi c’est hors de question. » Surtout pour ceux qui connaissent de Damon sa gentillesse et son cœur fragile. Je n’ai pas tout fait toute ma vie pour cacher mon origine et mon histoire de famille pour éviter justement de susciter la pitié des gens pour aujourd’hui me la prendre en plein visage à cause de tout ça. « On s’en protège, c’est ça la solution. Et pas juste en s’assurant qu’il parle pas. » Ambrose, bien sûr que c’est de lui qu’il est question. « J’ai des contacts. Je sais déterrer les secrets. Je peux monter un dossier sur lui pour pouvoir lui rendre la pareille s’il nous menace ou s’il fait mine de vouloir parler. » Il sait que je sais le faire : après tout, j’ai découvert des choses sur Saül sans appartenir à leur monde. Qui sait ce que je peux faire, maintenant que j’y ai mes entrées. « S’il est aussi honnête que tu le crois, alors on aura jamais à l’utiliser et ce sera tant mieux. » Et s’il ne l’est pas… Et bien je hausse les épaules, je n’ai pas à finir ma phrase pour qu’il en connaisse la conclusion. Sinon, nous aurons les armes pour l’enterrer, lui aussi. Ne m’a-t-il pas promis qu’il était prêt à le faire, s’il s’en prenait à nous ? « Tu m’as promis que tu serais prêt à le détruire, s’il s’en prenait à nous. Je te propose juste de s’y préparer. » Il me fait confiance, non ? Il sait que je n’utiliserai pas mes découvertes si ce n’est pas strictement nécessaire, non ?

« Et si jamais tout sort quand même… » Si cela ne suffit pas à dissuader Constantine ou qui que ce soit d’autre de nous exposer, et en plus de briser la vie du coupable à son tour. « On dit qu’on se cherchait encore, qu’on explorait diverses options moins conventionnelles que le mariage exclusif parce qu’on est jeunes et passionnés. Qu’on a tenté la relation libre un temps, puis qu’on s’est rendu compte qu’on s’aimait beaucoup trop pour ça, que ça nous convenait pas. » Ainsi, je devient actrice, et plus la pauvre victime d’une situation injuste pour moi.

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« Ça l’est pas tant que ça. C’est pas grave, vraiment. » C'était sa carrière après tout, et ce qu’elle ressentait a propos de cette dernière était son soucis à elle - si elle lui disait de ne pas s’en inquiéter, il ne devrait pas avoir besoin de s’en inquiéter alors.

Bien sûr qu’il n’avait pas pensé à toute cette partie là de leur histoire: à ses yeux, il n’existait pas une seule version où il aurait besoin d’expliquer ses choix et sa vision d’avoir vu les choses. Si Damon avait eu envie d’aller soit-disait voir ailleurs alors qu’ils étaient à peine mariés, ce n’était que leur problème à tous les deux. Et encore: ce n’était pas une période de leur relation où il avait besoin de rendre des comptes à qui que ce soit. Cependant, les choses avaient changé et le vent avait soufflé dans leur direction de nouvelles difficultés, si bien qu’aujourd’hui ils devaient se préparer à composer différemment. « C’est le cas pour la plupart des gens qui vivent pas dans un autre monde. » Il inspira longuement, dodelinant quelque peu sa tête de droite à gauche. « Et puis je pensais pas m’attacher a toi. Pas avec amour. » Il ne s’était jamais dit que tout cela deviendrait quelque-chose de réel et qu’il aurait à ramasser les pots cassés pour recoller correctement les morceaux ensemble si quelque-chose arrivait. Il savait qu’il approuverait une affection certaine pour Megan, qu’ils finiraient par trouver un terrain d’entente et des buts communs, de se soutenir d’une façon ou d’une autre - mais il était longtemps resté dans le début quant à l’idée de tomber amoureux d’elle. Ce qui avait retardé le moment où il s’en était rendu compte, où il l’avait compris et qui avait fait surtout qu’aujourd’hui ils se retrouvaient devant ces fameuses conséquences d’actes.

Aux yeux de Damon, les choses étaient pourtant simple: si quiconque venait à avoir des preuves pour appuyer un quelconque comportement de sa part, ils n’auraient pas besoin de nier. Il saurait être pointé du doigt comme celui ayant fauté, il supporterait les regards et les commentaires - ce n’était la que des choses qui aux yeux du monde et de la loi étaient vraies. S’il ne fallait que ça pour que le reste puisse se remettre à fonctionner correctement, ce n’était pas cher payé: ils savaient tous les deux que ce n’était pas vrai. Les apparences étaient importantes, surtout maintenant qu’ils étaient engagés tous deux jusqu’au cou et plus encore dans cette histoire mais être vu comme un infidèle ne faisait pas partie des choses qui dérangeait ou inquiétait le jeune italien. Apparemment en revanche, ce n’était pas là un avis partagé par sa femme, donc les yeux s’étaient écarquillé quelques instants auparavant. « Hors de question. » Son ton était sans appel - lentement il se mit à ouvrir les yeux, à rehausser un de ses sourcils tant la surpris était bien présente. « Comment ça hors de question ? » Oh, il lui manquait plus d’un élément, ce n’était pas cette partie là qu’il n’intégrait pas. « Me faire passer pour la femme la plus cocue de Brisbane alors qu’on était même pas mariés depuis un an, c’est ça ta solution ? » Il fronça les sourcils. « Me faire passer moi pour l’infidèle, pas pour te pointer toi du doigt. » Le but de l’exercice n’était pas de tourner la situation en sa défaveur à elle alors qu’il n’y avait pas de raison de le faire. Il était celui ayant commis une erreur pour les autres, pas le contraire. « Toi on dira que t’es un Don Juan, et moi on dira que j’ai un problème, parce que forcément, ce sera ça l’explication aux yeux des gens. Dans le pire des cas, je serai frigide et dans le meilleur on me prendra en pitié et ça aussi c’est hors de question. » - « Mais c’est pas le but, c’est pas ça que je disais. » Bien sur que ce n’était pas cela, que ce n’était pas avec cette intention la en tête qu’il étalait devant eux cette solution là. Simplement parce-que c’était ce qui était le plus facile à rattacher à la réalité: lui dépeint en tant qu’homme infidèle. Megan n’avait pas de problème, et il n’était pas un Don Juan - simplement quelqu’un en manque d’amour et d’amour propre aussi, lors des faits et même encore aujourd’hui. « C’est moi qui suis responsable dans cette histoire, c’est pas toi. » Il ne cherchait pas à se dédouaner, en aucun cas.

« On s’en protège, c’est ça la solution. Et pas juste en s’assurant qu’il parle pas. » Peut-être que cela prenait un peu de temps, et peut-être particulièrement aujourd’hui parce-qu’il était toujours sous le contre-coup de la meute de journalistes venus envahir leur espace privé, mais il savait très bien à quoi elle pensait désormais en prononçant ces mots. « Megan… » Il savait très bien qu’il n’y avait pas de Megan qui allait: il lui avait promis la dernière fois qu’ils en avaient discuté, qu’il ferait ce qu’il fallait pour réussir à la soutenir dans cette affaire. Pour faire en sorte que cela soit eux contre le reste du monde et rien d’autre, parce-que c’était la là réalité à laquelle il avait envie de s’accrocher; simplement, c’était plus simple de le faire dans l’intimité et en secret que de le faire quand les yeux et les caméras étaient braqués sur votre entrée d’immeuble. « J’ai des contacts. Je sais déterrer les secrets. Je peux monter un dossier sur lui pour pouvoir lui rendre la pareille s’il nous menace ou s’il fait mine de vouloir parler. » Fermant les yeux, Damon frotta ces derniers de l’index et du pouce: c’était exactement ça qu'il s’attendait à entendre de sa part à elle. « Je sais que tu sais faire. » Il souffla un instant, avant de rouvrir les yeux et de les reposer sur le visage de la jeune femme. « S’il est aussi honnête que tu le crois, alors on aura jamais à l’utiliser et ce sera tant mieux. » - « On aura pas à utiliser ce genre de choses. » Parce-que Damon restait persuadé et le resterait tout du long qu’Ambrose n’irait pas jusque parler des vraies choses qui fâchaient pour lui. Il en voulait à Saül, pas à son fils: la nuance était importante. Et pourtant, il avait répondu à Megan en parlant au futur et non au conditionnel: parce-qu’il se rendait bien compte qu’ils étaient malheureusement désarmés et qu’ils se devaient d’être aptes à se défendre au cas où des coups leur étaient portés. « Tu m’as promis que tu serais prêt à le détruire, s’il s’en prenait à nous. Je te propose juste de s’y préparer. » - « Je sais je sais. » Il inspira longuement: il était énervé contre sa propre réponse qui s’en suivit, parce-qu’elle impliquait qu’il était d’accord avec elle et qu’il cautionnait cette guerre qui se tramait en secret. « C’est juste pas comme ça que j’avais imaginé les choses et ça me fait chier d’en arriver là. » C’était un peu le constat général qu’il faisait à chaque étape de cette situation, mais parce-que cela était malheureusement on ne pouvait plus vrai. Il inspira, soupira deux fois plus longtemps. « Mais je l’ai promis, oui. Et c’est pas une promesse en l’air que je t’ai faite. » Et il n’avait pas peur de le lui dire les yeux dans les yeux, parce-que personne n’avait à douter de sa sincérité.

« Et si jamais tout sort quand même… » S’il avait naturellement être doué pour le sarcasme, Damon aurait sûrement eu un petit rire en cet instant - il n’en fit rien. « On dit qu’on se cherchait encore, qu’on explorait diverses options moins conventionnelles que le mariage exclusif parce qu’on est jeunes et passionnés. Qu’on a tenté la relation libre un temps, puis qu’on s’est rendu compte qu’on s’aimait beaucoup trop pour ça, que ça nous convenait pas. » Damon serra quelque peu les mâchoires. Il pourrait bien souligner que c’était là une solution qu’ils pourraient utiliser dès le début, que ce serait une explication tout à fait raisonnable et entendable. Mais cela voulait aussi dire autre chose: laisser Constantine gagner sur un point. Et si elle ne pouvait pas gagner contre lui, Megan l’entraînerait dans sa chute - elle ne lui laisserait pas l’occasion de marquer le moindre point. Et ce n’était pas là une façon de réagir naturelle pour le jeune italien, lui qui prenait le parti d’être vu comme la victime de l’histoire sans même se demander si d’autres options existaient. « Faudra que ce soit toi qui expose tout ça, si on en vient là. Les informations récoltées, la fausse histoire du mariage ouvert, tout. » Il déglutit, pinça les lèvres. « Parce-que je serais pas capable de si bien mentir si on me pose la question. Surtout pas dans des circonstances comme qu’on a eu en bas là en arrivant. » Il n’était pas taillé pour ce monde de brutes, Damon. Lui avait été fait pour rester dans l’ombre sans jamais connaître la lumière - et c’était une idée qui lui plaisait sans qu’il n’ait besoin de se poser la moindre question. « J’aime pas ça, tout ça. » Mentir, manipuler, jouer des autre et des circonstances d’une situation. « J’ai pas été fait pour ça. » Malgré toute l’énergie qu’avait pu dépenser Saül pour que cela arrive: c’était un échec cuisant sur toute la ligne.

Pretty will be the photograph I leave
Megan Williams & @Damon Williams ☆ crédit/gifsbyant

« Et puis je pensais pas m’attacher a toi. Pas avec amour. » - « Je sais Damon. C’est pas ça le sujet, pas cette fois. » Il n’est pas question de lui demander des comptes pour cette "infidélité qui n’en est pas réellement une au regard de notre arrangement secret. Aurais-je préféré qu’il soit plus prudent ? Ne pas avoir à me demander combien d’autres personnes il a pu fréquenter charnellement pendant l’année et demie qui s’est écoulée entre notre rencontre et l’instant où nous nous sommes réellement mis ensemble ? Bien sûr que oui. Au-delà de mon cœur et de ma possessivité, mon orgueil souffre de me dire qu’avec deux liaisons – je ne suis pas assez idiote pour penser qu’il a tout stoppé avec Angus sur le champ – il a déjà un palmarès "d’adultère" deux fois plus important que le mien. Moi, pathétique, je n’ai été bonne qu’à retomber dans les travers d’une relation toxique pour avoir l’impression que quelqu’un, n’importe qui, s’intéressait à mon existence.

« Me faire passer moi pour l’infidèle, pas pour te pointer toi du doigt. » Je sais qu’il n’y avait pas la moindre intention malhonnête dans la proposition de Damon, et je ne suis pas en colère ou, plutôt, pas directement contre lui. Je suis en colère contre sa naïveté mais, surtout, je suis en colère contre la place des femmes dans ce genre de débat qui, quelle que soit la situation, ne se retrouvent jamais avec le beau rôle. « Mais c’est pas le but, c’est pas ça que je disais. C’est moi qui suis responsable dans cette histoire, c’est pas toi. » - « Je suis pas en train de te dire que c’est comme ça que toi tu verras les choses. » Je secoue la tête, avant de pousser un soupir désabusé. « Je te dis comment tout le reste du monde verra les choses. Comment tout le monde me jugera moi. » Et je ne sais pas me moquer du regard du monde entier, même d’inconnus. Je ne pense qu’à ça en permanence, la façon dont je vais être perçue. Tout est une question d’image, celle que je renvoie, et si mes sentiments pour Damon sont authentiques et vont bien au-delà de ça, il n’en reste pas moins vrai que je veux contrôler l’image que nous renvoyons en tant que couple marié, que j’ai à cœur que nous nous forgions une bonne réputation, et la réputation d’un couple uni et solide. « C’est moi qui suis responsable dans cette histoire, c’est pas toi. » - « Je suis pas en train de te faire des reproches, Dam’. » Je relâche mes épaules, prenant conscience d’un coup d’un seul d’à quel point je peux sembler sur la défensive et presque agressive. « On peut pas faire n’importe quoi. Pas uniquement parce qu’on a signé un contrat de mariage… » Et que les infidélités l’enfreignent. « Mais parce que je veux pas que les gens nous voient autrement que comme un couple solide juste parce qu’ils ont pas tous les tenants et les aboutissants. » Et ces derniers, je ne veux pas qu’ils les obtiennent, pour rien au monde ; ce serait pire, je deviendrais alors la sorcière qui a pris Damon au piège et des griffes de laquelle il faut le libérer.

« Megan… »
« Me Megan pas s’il te plait. Tu as promis. »

Il a promis que je me sentirais comme sa priorité désormais, que nous serions sa priorité et pas son empathie pour tous les gens qui lui on un jour fait un jour ou offert un peu d’attention. Il a promis de nous protéger, et c’est comme ça que nous devons le faire, parce que quoi qu’il en pense, Constantine évolue dans un monde de requin où tous les coups sont permis, que Constantine est un requin et que je reste persuadée que pour mettre Saül à terre, s’il doit nous jeter sous les roues, il n’hésitera pas plus d’une minute. « Je sais que tu sais faire. » Oui il sait. Je l’ai fait pour Saül, je suis capable d’être impitoyable pour protéger les gens que j’aime et les choses qui me tiennent à cœur. « On aura pas à utiliser ce genre de choses. » - « Alors dans ce cas, tant mieux. Il vaut mieux qu’on l’ait fait pour rien plutôt que d’être au pied du mur. » Mes arguments sont imparables, j’en suis persuadée. Il ne peut plus me parler de valeurs morales et de principes, pas étant donné là où nous en sommes. « Je sais je sais. C’est juste pas comme ça que j’avais imaginé les choses et ça me fait chier d’en arriver là. » Je ne suis pas surprise, moi. Je ne pensais simplement pas que ce serait aussi rapide, que nous attirerions si vite l’attention des médias puisqu’Ambrose reste le témoignage principal de l’article. Mais à côté du sort que l’homme d’affaires à réservé à son fils et à sa belle-fille, tout le monde se moque bien de ce qu’il a infligé à un inconnu. L’histoire est bien plus sensationnelle dès lors qu’elle nous concerne. « Mais je l’ai promis, oui. Et c’est pas une promesse en l’air que je t’ai faite. » Je prends ça pour un oui, et je hoche la tête. « Je te dirais ce que je trouve. » Je n’ai pas l’intention d’avancer autrement que main dans la main avec lui ; je ne lui ferai pas de cachoteries.

Quand à l’infidélité et ce que nous dirions si tout était exposé, je crois avoir trouvé le moyen de sauver les apparences. « Faudra que ce soit toi qui expose tout ça, si on en vient là. Les informations récoltées, la fausse histoire du mariage ouvert, tout. » Mon visage reste neutre, je l’observe en retenant ma respiration. C’est injuste, que tout repose sur mes épaules à moi. Mais je suis prête à nous porter tous les deux pour notre bien et le bien de notre relation. « Parce-que je serais pas capable de si bien mentir si on me pose la question. Surtout pas dans des circonstances comme qu’on a eu en bas là en arrivant. » Il tremble, il est encore bouleversé et, l’espace d’un instant, je m’en veux de ne pas l’avoir remarqué et d’avoir d’abord eu besoin de mettre les choses à plat concernant notre stratégie. A présent, je tends une main en direction de Damon et je caresse ses doigts du bout des miens. « J’aime pas ça, tout ça. J’ai pas été fait pour ça. » Il aurait peut-être fallu y penser avant mais chaque chose en son temps. J’attire Damon pour le prendre dans mes bras, et je glisse les doigts de ma main droite dans sa nuque, au contact de sa peau. « On s’entrainera. » Il faudra qu’il soit prêt à toute éventualité, malgré tout. « Je t’entrainerai, d’accord ? » Avec un peu de chance, il n’a pas été trop bavard avec les gens qu’il a fréquenté et ceux-là aussi, il pourra leur faire avaler ce mensonge. « Il fallait qu’on trouve une version officielle de toute façon, ça nous pendait au nez. » Si pas Ambrose, Scott, Angus ou je ne sais pas qui encore aurait fini par menacer notre tranquillité et notre équilibre. L’argent attire la convoitise. « Quelqu’un aurait fini par nous chercher des problèmes, c’est pour ça qu’il faut qu’on soit prêts à répondre dans ce cas-là, je veux pas qu’on nous colle des horribles étiquettes sur le front. » Je prends son visage entre mes mains, déglutis difficilement, et caresse ses lèvres des miennes. Doucement, je les flatte d’un baiser, avant de reculer mon visage. « Y’a une question que j’aurais dû te poser avant. Qu’on aurait dû se poser avant pour savoir, pour pas être pris au dépourvu. » Je laisse mes mains glisser le long de ses épaules, ses bras, ses avants bras et je me saisis de ses mains. « Combien y’a eu de personnes, depuis qu’on se connaît ? Depuis qu’on est mariés ? » J’ai peur de la réponse à cette question, mais il s’agit d’un pansement qu’il faut arracher d’un coup. J’aimerais que la réponse soit que je les connais toutes. J’ai peur toutefois de tomber des nues. « On se disputera pas quelle que soit la réponse. Mais faut que je sache… » J’espère qu’il comprendra.