@Ezra Beauregard

(masquerade ball ; octopus) Ils ne resteront pas longtemps, elle le sait déjà. Le septième mois de grossesse approche et son état n’est plus un secret pour quiconque, encore moins sous une robe qu’elle a tout de même pris le temps d’accorder à l’événement. Elle n’est pas aussi belle qu’elle le voudrait, elle n’est pas autant en forme qu’elle se l’exigeait. Ses talons sont un cran plus bas que ce dont elle a l’habitude, aussi, et elle déteste tout ce que cette grossesse la force à faire, surtout alors qu’elle n’en voulait pas en premier lieu. Mais elle se dit qu’elle approche bien plus de la fin que du début, Lily, et cela lui donne une motivation nécessaire pour continuer à donner le change, à sourire, à maquiller ses lèvres d’un rouge parfait. Cela la pousse aussi à faire des efforts pour son couple, largement entaché de la présence du prénom d’Alfie entre eux. Ezra a cru bon de s’en mêler, elle lui a rappelé que leurs statuts de mari et femme ne signifie pas pour autant qu’il peut tout se permettre. Elle a des limites, nombreuses et variées, et le prénom de cet homme, qui sera aussi le prénom d’un de leurs garçons, en est un particulièrement coriace.

Alors, elle rattrape leur discussion aux allures de dispute d’une manière différente. Elle ne compte pas s’excuser, ça non, mais ils peuvent au moins montrer leur bonheur face au reste du monde. Le bal a attiré la curiosité de toute la ville et ils s’y sont difficilement fait une place, surtout sans chercher à jouer au jeu des paires mystères, mais les y voilà. La robe de Lily épouse ses formes et elle a parié sur la matière de cette dernière bien plus que sur sa forme: les robes pour femme enceinte dans le style années folles n’a pas été une recherche facile à faire. « Mets ton masque, on va quand même jouer le jeu. » Elle lui demande doucement, tout en remettant parfaitement le col de sa chemise pour qu’il ne lui fasse pas honte. Ils seront sûrement rapidement reconnus avec l’état même de Lily et il n’y aura pas de suspens, mais elle souhaite tout de même qu’ils suivent les règles et se fondent dans la masse autant que possible. « Tu aurais fait tomber toutes les filles il y a cent ans. » Elle ajoute dans un sourie, sa tenue lui allant plus que jamais au teint. Nul besoin de souligner qu’elle est bien heureuse qu’il ne soit pas né cent ans plus tôt, ni même qu’il ait fait tomber d’autres filles. Sa place unique lui plaît bien. « Tu m’emmènes danser ? Je suis pas certaine qu’on reste jusqu’à minuit. » La fatigue arrive vite et a toujours le don de la surprendre malgré sa seconde grossesse en deux ans, raison pour laquelle Lily souhaite profiter autant que possible de la soirée dès son lancement. Ils sont un couple comme un autre et tout se passe pour le mieux. Ils sont heureux, mariés, comblés.

Il n’avait pas envie de se rendre à cette soirée - c’était surement le meilleur résumé qu’il aurait pu faire en cet instant. Le costume qu’il avait enfilé était étriqué, et lui donnait l’impression qu’il allait étouffer d’un moment à l’autre. Il y avait beaucoup de monde, aussi, et si le Ezra de plusieurs années en arrière adorait ce type d’endroit et d’ambiance, il s’apercevait qu’en vieillissant il se mettait davantage à chérir la quiétude de son foyer. Les sons étaient trop forts, les odeurs trop prenant; bref: il ne désirait pas être ici ce soir. Mais lorsque Lily lui avait proposé - lire ici tout un autre verbe qui n’impliquait pas vraiment qu’il ait son mot à dire -, il n’avait pas montré de résistance. Pas parce-qu’elle désire de se rendre sur place avait changé quelque-chose, mais simplement parce-qu’ils n’étaient pas sortis rien que tous les deux depuis bien trop longtemps. L’occasion était toute trouvée, ils auraient juste à profiter de la soirée et comme cette dernière risquait d’être courte, Katherine pourrait rentrer chez elle rapidement et n’aurait pas à se déranger trop longtemps. L’occasion était apportée sur un plateau d’argent et surtout, de ce type elle se présenterait pas de si tôt: les sept mois de grossesse de Lily se faisaient on ne pouvait plus voir désormais. Ses formes avaient déjà été facilement de mises lorsqu’elle portait Alice, mais avec deux garçons en cours de fabrication depuis de longues semaines déjà, la grossesse ne passait plus inaperçue depuis un bout de temps déjà. Bientôt, leur nombre d’enfant doublerait et ils n’auraient plus aussi facilement de temps tous les deux, rien que tous les deux.

« Mets ton masque, on va quand même jouer le jeu. » Faisant une petite moue, Ezra finit par passer son loup sur ses yeux, pour jouer le jeu. Elle aurait pu choisir une occasion qui demandait pas de se déguiser, au moins. Les doigts de Lily glissaient le long de son col désormais, remettant ce dernier en place - il avait encore du tout défaire dans la voiture pour venir jusqu’ici. « Tu aurais fait tomber toutes les filles il y a cent ans. » Bien sur en revanche que ce commentaire là le fit sourire. « Pas besoin de remonter si loin pour savoir ça, tu sais. » Il savait qu’elle faisait référence aux tenues et à l’époque du thème de la soirée, mais il aimait apparemment jouer avec le feu et n’appréciait pas tant que ça l’idée de rester en vie. Ayant laissé le silence s’installer entre eux une poignée de secondes supplémentaires, il finit par rajouter: « Du moment que toi tu me trouves beau, les autres je m’en fous. » Ce n’était pas ça, l’important finalement. Attrapant l’une de ses mains qui terminaient de remettre son col, il déposa un baiser sur le dos de cette dernière. « T’es rayonnante. » Et c’était sincère, malgré tout.

« Tu m’emmènes danser ? Je suis pas certaine qu’on reste jusqu’à minuit. » Ezra ne lâcha donc pas la main de la brune. « Direction la piste de danse, alors. » Il garderait ses commentaires bougons pour lui encore une poignée de minutes de plus; il pouvait le faire, c’était pas si difficile. Sur le chemin, bien sur que les personnes croisées leur faisaient place - certains portaient des regards étonnés au ventre de Lily, d’autres semblaient porter une expression de… réjouissances ? Il fronça les sourcils. « Y’en a ils sont pas discrets c’est incroyable. » Il secoua quelque peu la tête, atteignant finalement la piste de danse. Avec douceur, il glissa l’une de ses mais le long de la taille de Lily, pour l’attirer davantage vers lui. « Je te laisse donner le rythme, si t’es déjà fatiguée. » Ce n’était pas un reproche - pas sur son état de fatigue, en tous cas, mais plutôt une attaque sous-entendue car de toutes façons, c’était elle qui menait la danse dans tous les cas et il n’aurait pas son mot à dire sur le rythme à suivre.

« Pas besoin de remonter si loin pour savoir ça, tu sais. » Et bien qu’elle soit du genre territoriale, cette remarque la fait sourire. Elle peut reprocher certaines choses à Ezra (elle l’a décrété elle-même), mais pas sa fidélité. Il ne regarde pas d’autres femmes même alors que Lily avoue elle-même ressembler à une espèce de baleine toute particulière, et de ça elle le remercie, parce qu’elle aurait sûrement perdu ses nerfs si elle avait dû se battre sur absolument tous les fronts à la fois. « Du moment que toi tu me trouves beau, les autres je m’en fous. » Il dépose un baiser sur sa main après qu’elle ait terminé d’arranger le col de sa chemise, ce qui fait persister quelques secondes supplémentaires encore le sourire de la brune. A défaut de l’embrasser, parce qu’elle risquerait de peindre son visage de rouge, elle enroule rapidement ses doigts autour des siens en signe de son affection. « Alors tu n’as rien à craindre. » Ajoute-t-elle simplement, impunément. « T’es rayonnante. » A ces mots-là, cependant, elle ne répond rien. Son sourire arrive et repart dans le même élan, preuve qu’elle n’y croit pas elle-même. Lily n’est pas du genre à se déprécier en temps normal, mais à sept mois de grossesses, tout est bien différent. Dans un an, quand son corps aura retrouvé ses formes habituelles, elle acceptera de nouveau ses compliments tels qu’ils viennent.

Sa main s’accroche doucement à celle d’Ezra en même temps qu’elle lui demande à aller danser, oubliant momentanément son désir qu’il soit le premier à lui faire la proposition. Ce soir, elle passe volontiers outre l’étiquette, parce qu’elle sait que sa fatigue arrivera d’un seul coup et qu’elle ne pourra plus lutter le moment venu. « Direction la piste de danse, alors. » Il a du mal à cacher ses véritables sentiments mais elle note tout de même les efforts qu’il semble faire pour le bien de leur couple, de leur mariage, et même de leur famille. Lui et son masque sur le visage jouent parfaitement le jeu, si bien qu’elle le suit sur la piste de danse avec un sourire en grande partie sincère. Elle aime tout ça, Lily, évidemment. Elle adore l’idée de se plonger dans le passé et de passer un peu de temps à ses côtés sur la piste de danse. Elle ne suivra pas le rythme endiablé des années folles dans son état, mais ils peuvent s’adapter d’une manière différente. « Y’en a ils sont pas discrets c’est incroyable. » Il s’énerve face à des inconnus mais Lily ralentit le pas pour passer sa main contre sa joue et le forcer à la regarder elle ; seulement elle. « N’y prête pas attention. » Il ne l’aurait pas fait en temps normal, elle en est certaine. Il est simplement à cran et tout sauf dans son élément.

Une fois sur la piste de danse, il la rapproche doucement de lui en posant une main contre sa hanche. « Je te laisse donner le rythme, si t’es déjà fatiguée. » - « Je ne suis pas fatiguée. » Elle le souligne rapidement, avec une certaine véhémence qu’elle n’a pas su cacher. Elle sait qu’elle ne peut pas prétendre à grand-chose dans son état mais elle ne veut pas être vue comme une chose fragile. Elle l’interdit, mais elle n’entame pas pour autant la danse avec un rythme endiablé, le rythme se rapprochant bien plus d’un slow que de quoi que ce soit d’autre. « Tu te rends compte que la prochaine fois qu’on dansera ensemble, ce sera sûrement à notre mariage ? » Elle lui demande avec un regard brillant. Ils n’ont pas discuté d’une quelconque danse au mariage, évidemment, mais Lily part du principe qu’il y en aura une. Evidemment. « J’ai pensé que Noah pourrait m’accompagner sur l’autel, d’ailleurs. » Elle argumente en même temps que ses pas font leur chemin sur la piste de danse avec une certaine minutie. Elle a pensé à Noah parce que son père n’est plus des leurs, parce qu’elle n’invitera pas son frère, parce que James Beauregard est son patron et parce que Thomas n’est pas envisageable. Alors Noah, au moins, serait une alternative adorable à tout cela.

« Alors tu n’as rien à craindre. » C’était peut-être l'échange le plus normal qu’il avait eu depuis des semaines, le plus anodin aussi et pourtant Ezra avait maintenant  l’impression qu’il y avait des sous-entendus et des doubles sens dans toutes les paroles de Lily. Il n’avait rien à craindre, parce-qu’elle le trouvait effectivement beau ou parce-qu’il ne faisait pas tomber d’autres femmes dans son sillage ? Même s’il n’aurait pas été responsable dans le second cas, il savait qu’il aurait été tenu responsable dans tous les cas. A défaut d’avoir la réponse à cette question là, il pouvait toujours lui souligner que lui la trouvait elle rayonnante, qu’importe le nombre de centimètres qui s’ajoutait à son tour de taille de jour en jour. Elle ne fit aucun commentaire de son côté non plus sur cette phrase là, un sourire réussissant à peine à percer sur ses lèvres; il avait embrassé sa main l’instant d’avant, il se penchant pour embrasser sa joue cette fois-ci; elle n’y croyait pas, mais lui y croyait pour deux, car bien sur qu’elle était toujours magnifique - mais il préférait la version de Lily qui portait en l’occurence cette fois-ci leur deux prochains enfants. C’était la version de la vie qu’il préférait de façon générale, même s’il n’avait que trop peu l’occasion d’en profiter ces derniers temps.

Danser n’était pas sa priorité ce soir - aucune des activités proposées par cette soirée ne l’était en réalité -, mais il ferait les efforts nécessaires pour que la soirée se passe pour le mieux et continue à avoir ces touches de normalité qui avaient manqué à leur équilibre. S’il ne pouvait commenter sur les détails de leur vie à eux, il pouvait en revanche se permettre de relever ce qu’il voyait sur le chemin - des personnes aux regards un peu trop appuyés et un brin dérangeants surtout. « N’y prête pas attention. » Elle l’avait arrêté dans sa course pour lui faire face avant de prononcer ces mots, et peut-être qu’il pencha quelque peu sa tête sur le côté pour appuyer son regard dans le sien; oh, il était facile d’y lire qu’il n'était pas spécialement d’accord avec elle. « C’est difficile de pas le faire. » Qu’il souffla finalement. Il ne se serait pas énervé si facilement, d’ordinaire - mais rien ne tournait rond ce soir de toutes façons, alors qu’Ezra s’indigne pour des choses qu’il n’aurait même pas vu avant, ce n’était qu’un ajout à la liste.

« Je ne suis pas fatiguée. » Commençant doucement à se balancer de gauche à droite, il serra quelque peu les mâchoires. « Je dis pas que t'es fatiguée, je dis juste que c’est plus simple si c’est toi qui donne le rythme. » Il lui donnait sur un plateau d’argent l’occasion pour une fois de prendre les rênes sur une situation et elle refusait ? Oh non, ça ne se passerait pas comme ça - il pinçait les lèvres pour ne pas faire de commentaire supplémentaire, ce n’était ni le lieu, ni le moment, et qui plus était ce ne serait pas véritablement utile. Mais elle serait celle donnant le rythme, il ne lui laisserait pas le choix de ce côté là car de toutes façons, si elle ne le faisait pas ils ne danseraient pas longtemps car lui n’avait pas particulièrement envie de se dandiner sur la piste.

« Tu te rends compte que la prochaine fois qu’on dansera ensemble, ce sera sûrement à notre mariage ? » Bon, quand elle lançait des sujets de cette sorte, il lui était beaucoup plus difficile de lui en vouloir finalement - qui plus était lorsque le sujet était couplé au regard qu’elle lui adressait présentement. « J’ai pensé que Noah pourrait m’accompagner sur l’autel, d’ailleurs. » D’accord: il n’était plus du tout fâché, grand garçon qui avait un certain coeur tendre et qui pouvait se montrer fleur bleue de temps à autres. « T’es sure de toi ? » Il posait la question, mais si elle avançait l’idée c’était qu’elle avait déjà pesé mille fois le pour et le contre avant de lui en parler. Il reprit rapidement. « Je crois que ça lui ferait super plaisir. » Il n’aurait peut-être pas toutes les références de ce choix - Ezra les avait mais c’était parce-qu’il connaissait Lily, sa famille à elle et ses choix à elle concernant la sienne à lui -; ce ne serait pas le cas pour Noah mais rien qu’à l’idée de l’imaginer endosser un rôle aussi important dans une étape aussi importante pour eux deux, ses muscles se détendirent un peu. « Il saura faire ça comme un chef, et il est possible qu'il prenne ce rôle même très très au sérieux. » Il aimait déjà Lily, ce n’était plus à prouver; mais étant donné que sa propre mère n’était plus dans le tableau pour une raison que le gamin ne pouvait pas expliquer - que les adultes avaient du mal à comprendre comme ils n’avaient rien à se mettre sous la dent, aussi -, faire partie de la vie de Lily de cette façon là ne serait pas anodin pour lui. « Merci. » D’y avoir songé, mais plus généralement de faire autant d’efforts de son côté à elle par rapport à son fils à lui. Ezra savait aussi à quel point elle ne s’était surement jamais imaginé la belle-mère de quiconque dans les plans de vie préparés en avance.

« Je dis pas que t'es fatiguée, je dis juste que c’est plus simple si c’est toi qui donne le rythme. » Elle sait très bien ce qu’il dit et, d’un geste de la main, elle lui fait comprendre que cette discussion est déjà terminée et qu’il n’y a rien de plus à en dire. Lily est trop fière pour accepter qu’ils puissent s’accorder sur son rythme uniquement parce qu’il est différent, quand bien même elle a une plutôt bonne excuse, à être à l’aube de son dernier trimestre d’une grossesse gémellaire. Même avec ça, elle ne veut rien entendre.

Sans doute aidée par la culpabilité, Lily fait finalement un effort pour changer de sujet et en trouve un bien plus doux pour leurs deux paires d’oreilles: le mariage. Ils sont mariés aux yeux de la loi mais n’ont pas encore eu de cérémonie entourés de leurs plus proches amis, ce qui reste important aux yeux de Lily. Elle veut prouver à quel point son mariage est parfait. « T’es sure de toi ? » Il demande si elle veut réellement que son fils l’accompagne jusqu’à l’autel et elle hoche la tête avec délicatesse. « Oui, bien sûr. » Il n’est pas de son sang mais elle fait de son mieux pour élever le garçon avec amour, surtout alors qu’elle peut comprendre qu’il n’a jamais eu le droit à une vie simple jusqu’à maintenant. « Je crois que ça lui ferait super plaisir. » Elle sourit déjà face à cette idée, soulagée qu’Ezra n’ait pas une raison ou une autre de s’y opposer. Noah est un bon garçon et elle sait déjà qu’il prendra ce rôle à cœur. « Merci. » Ses remerciements n’ont pas besoin d’être expliqués pour qu’elle en comprenne aisément le fond de sa pensée, raison pour laquelle elle ose un sourire timide mais sincère. Grâce au pas lent de leur danse, elle se permet de poser brièvement sa main contre son bras, signe de son soutien. « Je veux qu’il sache qu’il fait autant partie de la famille qu’Alice et les jumeaux. » Il est épargné de tous ses projets intérieurs, de tout ce qu’elle peut penser du reste du monde et de tout ce qu’elle souhaite insuffler comme image. Il n’est qu’un enfant, et elle compte bien le préserver comme s’il était son fils.

Elle pince les lèvres un instant et s’entoure d’un silence de circonstance, jugé nécessaire alors qu’elle pèse longuement le pour et le contre avant d’oser retrouver la parole. « Il faudra lui expliquer que sa mère ne reviendra sûrement pas. » Et elle est désolée de ce fait, sincèrement. Elle est désolée pour Noah, mais elle est aussi désolée pour Ezra, qui n’a jamais cessé de l’aimer affectueusement. Elle ne remplacera jamais Ginny, et elle n’essayera pas de faire cette chose impossible, mais il est sans doute temps que père et fils acceptent l’idée de son départ définitif et, surtout, qu’ils commencent à guérir du manque. Le processus sera long, pour l’un comme pour l’autre, et l’arrivée des jumeaux ne leur fera pas oublier l’absence d’une autre personne - elle en sait quelque chose, de ça.

La proposition de Lily concernant Noah et leur cérémonie de mariage qui n’avait pas encore eu lieu toucha bien sur Ezra en plein coeur; il n’y avait pour lui rien de plus important que la famille, et le fait que la brune accepte au coeur de la sienne un enfant qui n’était pourtant pas d’elle était surement la façon la plus complète à ses yeux d’honorer le sens du mot famille. « Oui, bien sûr. » Elle était sure d’elle - elle n’aurait de toutes façons pas proposé si ça n’avait pas été le cas, mais Ezra ne pouvait s’empêcher de vérifier auprès d’elle que c’était effectivement le cas. Noah allait être ravi à l’idée, mais il n’était pas question de lui faire le moindre faux espoir pour quoi que ce soit. « Je veux qu’il sache qu’il fait autant partie de la famille qu’Alice et les jumeaux. » Et s’il y avait eu le moindre sujet de conversation qui avait pu l’énerver depuis qu’ils étaient arrivés sur place, ou le moindre détail qui traînait dans le fond de son esprit et sur lequel il ne savait faire autre chose que de buter ces dernières semaines, en cet instant tous ces points là s’envolaient parce-qu’il pouvait se concentrer sur quelque-chose de bien plus important à ses yeux: le bonheur de ses enfants. Ezra savait que d’avoir ce statut là, cette même place que les autres était un élément important pour Noah et qu’il allait d'autant plus sentir que c’était effectivement le cas avec la proposition de Lily. Peut-être même que le tableau attendrit assez Beauregard en cet instant pour le pousser à voler un baiser rapide à Lily; chose qu’il ne faisait pas aussi facilement d’ordinaire, bien que ce ne soit pas l’envie qui lui manquait.

Discuter de la place de Noah dans leur nouvelle famille soulevait forcément d’autres questionnements, d’autres points; dont un duquel Ezra était on ne pouvait plus au courant, aux premières loges depuis que la réalité était devenue tragédie. « Il faudra lui expliquer que sa mère ne reviendra sûrement pas. » Lentement, le sourire qui avait réussi à se glisser sur le visage du père s’effaça pour laisser place à ce masque d’inquiétude qu’il réussissait à camoufler parfaitement bien le reste du temps. Il soupira, quelque peu lassement. « Je sais. » Il répondait autant réellement à la suggestion de Lily que ce à quoi cette dernière faisait allusion: il devait lui aussi surement se faire définitivement une raison et se dire que garder des espoirs si grands encore maintenant n’était plus possible. « Je crois en vrai qu’il le sait aussi. » Noah avait toujours été un enfant intelligent et plus malin que la moitié des congénères de son âge; ce n’était là plus quelque-chose à démontrer et s’il n’avait pas été obligé de passer trop de temps dans des lits d’hôpitaux, cela se serait surement vu sur ses résultats scolaires aussi, qu’il était bien malin. A défaut, il avait acquis depuis tout petit cet espèce de sixième sens qui lui permettait de réussir à comprendre lorsque les situations étaient plus graves que tout ce que les adultes laissaient supposer. Il n’avait jamais été possible de le tenir loin de la vérité bien longtemps, surtout alors qu’il la devinait tout seul. « Il en parle pas beaucoup, mais j’ai vu des changements dans ce qu’il dit. Qui laisse supposer qu’il a bien compris. » Peut-être qu’instinctivement, Ezra fit en sorte de rapprocher Lily de lui, toujours en dansant, à l’évocation de ce sujet. Il avait déjà perdu trop de personnes qui lui étaient chères pour ne pas s’accrocher à celles qui restaient encore. « Je vais devoir l’emmener à Sydney pour aller récupérer ses affaires de toutes façons. Mon père les avait récupéré, comme la maison où Ginny et Noah vivait a été vidée. Mais je sais que Noah veut récupérer ses affaires. » Le regard de Beauregard père se déporta quelque peu sur le ventre de sa compagne, au fil de ses mots. « J’avais prévu qu’on en profite pour passer un weekend tous ensemble chez mon père, mais ça va être compromis. »

C’est avec autant de délicatesse que possible que Lily aborde le sujet de Ginny. Elle sait bien qu’elle restera toujours le premier amour d’Ezra et la mère de son enfant, quoi qu’elle dise et quoi qu’elle fasse. C’est immuable, ça le restera. Lily n’a pas à cœur de prendre ces rôles, ou tout du moins elle sait déjà que ce serait une quête vaine. Elle est aujourd’hui celle qui porte son nom et qui s’endort à ses côtés. Elle est celle qui prépare les goûters de Noah, celle qui lui fait penser de signer les papiers relatifs à son école lorsqu’Ezra doit appuyer un fait ou un autre. Et dans ces rôles-là, il n’a plus personne d’autre. Ce n’est pas pour devenir la belle-mère de Noah qu’elle s’est d’abord rapproché d’Ezra, mais c’est un rôle qu’elle accepte sans jamais se plaindre, parce qu’elle sait que le gamin n’a rien choisi de toute cette histoire. Et aujourd’hui, elle adopte une casquette moins plaisante maintenant qu’elle évoque l’éléphant au milieu de la pièce: Ginny ne reviendra pas et près de deux ans plus tard, est temps de l’accepter. « Je sais. » Il ne sourit plus, alors elle troque une main contre son épaule pour une autre plutôt posée contre sa joue. « Je crois en vrai qu’il le sait aussi. » Elle se pince brièvement les lèvres avant d’ajouter. « Et toi ? » Lily ose plonger son regard dans le sien sans que ce soit le synonyme d’une confrontation. Elle cherche à savoir où il se situe dans toute cette histoire mais aussi comment il se porte. Elle lui était chère, elle l’est toujours, alors est-ce qu’il sait lui aussi qu’elle ne reviendra pas ?

Parfois, elle oublie qu’il est père tant il a tendance à éternellement agir comme un enfant. Il a ça en commun avec Matt, et c’est sans doute pour ça qu’ils se sont si bien entendus, les gamins jamais devenus adulte. Ainsi, quand il parle de Noah comme de son fils, elle accuse toujours une seconde de réalisation. Il est le père de deux enfants et bientôt de quatre, sans que l’accumulation des différends chiffres n’arrive à faire le moindre sens. « Il en parle pas beaucoup, mais j’ai vu des changements dans ce qu’il dit. Qui laisse supposer qu’il a bien compris. » Elle hoche la tête à son tour, certaine d’avoir observé les mêmes genres de changements dont il parle. Simplement, elle sait où est sa place dans cette histoire et elle n’aurait pas osé l’insinuer par elle-même. « Je vais devoir l’emmener à Sydney pour aller récupérer ses affaires de toutes façons. Mon père les avait récupéré, comme la maison où Ginny et Noah vivait a été vidée. Mais je sais que Noah veut récupérer ses affaires. » Et quand bien même elle s’apprêtait à ajouter que c’est une bonne idée, Ezra lui-même semble avoir un avis différent sur la question, en témoigne le regard qu’il dépose contre son ventre arrondi. « J’avais prévu qu’on en profite pour passer un weekend tous ensemble chez mon père, mais ça va être compromis. » - « Tu peux y aller sans moi pour le moment. Noah sera content de passer un peu de temps juste avec toi. » Il n’en a plus réellement l’occasion, maintenant, et elle ne peut que se dire que cela lui manque au moins un minimum. Il a grandi en tant que fils unique d’un père n’ayant jamais eu de véritable petite-amie en dehors de sa mère. Et maintenant, tout a changé.

Appuyant le souci d’Ezra sans même le vouloir, elle porte une main contre son ventre et sonne le glas de fin de leur petite danse. Ils y retourneront ensuite, peut-être, mais elle accuse le besoin d’une pause - comme il l’avait prévu et anticipé. « Je resterai avec Alice à la maison. Pour un week-end, ça ne va pas me tuer. » Ils auront tôt fait de faire l’aller-retour en avion, et Lily n’aura pas le temps de s’arracher les cheveux avant qu’ils reviennent. Ses explications se voient affublées d’un doux sourire, pour persuader Ezra qu’il s’agit là de la meilleur chose à faire. « Et on ira tous les cinq à Sydney l’année prochaine, hm ? » Quand la famille sera au complet et qu’elle jure par tous les Dieux qu’elle ne tombera plus jamais ô grand jamais enceinte, alors ils pourront se permettre de prendre un peu de temps pour visiter la famille d’Ezra. « On pourrait partir quelques jours de plus, même. » Ils aviseront sans doute le moment venu mais elle veut au moins qu’il sache que sur ce sujet au moins, Lily est ouverte à la discussion. « Mais tu devrais profiter de Noah avant que les jumeaux arrivent. » qu’elle lui conseille et lui demande presque, avant de se surélever doucement pour l’embrasser, et mieux retirer la teinte rosée qu’elle a laissé sur les lèvres d’Ezra bien malgré elle.

Le sujet qu’abordait Lily n’était pas des plus simples, et n’était pas le plus plaisant non plus. Et puis surtout: dans l’histoire d’Ezra, c’était là la seconde fois que les choses lui étaient présentées de la sorte. La brune avait déjà été là à ses côtés lorsque Ginny avait disparu de sa vie la première fois - sauf que cette fois ci, elle avait disparu tout court et pas seulement de ses radars à lui. Personne n’était là pour lui apporter des nouvelles en douce là où pourtant la chose n’avait pas été souhaité par d’autres McGrath, il n’avait pas l’espoir de la voir un jour se pointer au garage comme un fleur et comme elle lui avait déjà fait. Cette fois-ci, Ginny avait disparu et non, elle ne reviendrait pas: c’était la réalité à travers laquelle l’un de ses fils, celui qui était également le fils d’Ezra, devait naviguer malgré lui. Bien sur que Noah était assez malin et intelligent pour avoir déjà compris depuis bien longtemps que sa mère ne reviendrait pas - il n’avait pas besoin que son père lui confirme pour avoir déjà intégré l’idée. « Et toi ? » La question de Lily tombait sous le sens, il ne mimerait pas la moindre surprise alors que cette dernière n’était pas légitime dans cette situation. Il pinça les lèvres un instant. « Je sais aussi. » Même si cela lui déchirait le coeur de l’avouer, il savait depuis bien longtemps que c’était le cas. « Je sais depuis le jour où Auden m’a dit qu’il avait plus de nouvelles. » C’était étrange comme situation à expliquer, mais c’était pourtant l’entière vérité: il avait toujours, au fond de lui, su qu’elle ne reviendrait pas. « Et je sais aussi que m’inquiéter pour quelqu’un qui reviendra pas, alors que j’ai d’autres priorités… Je peux pas me permettre de faire ça. » Sous son comportement enfantin et ses réactions parfois un brin pas assez mures, la priorité d’Ezra avait toujours été ses enfants - et il savait que c’était par rapport à eux désormais qu’il se devait d’orienter sa vie et ses réactions.

C’était d’ailleurs pour cette raison là que c’était sur les réactions de Noah qu'il avait concentré son attention, que c’était sur la façon de réagir du gamin dans cette situation on ne pouvait plus étrange qu’il s’était concentré. Le fait que Noah soit tout à fait au courant de ce qu’il se passait s’était confirmé quelques semaines auparavant lorsqu’il avait demandé à récupérer ses affaires chez son grand-père - endroit où ces dernières étaient stockées jusqu’à temps qu’Ezra ait du temps pour les récupérer. David n’avait pas toujours tout le temps approuvé la façon de gérer sa vie personnelle, mais il s’était montré bien plus présent qu’Ezra ne l’aurait jamais cru ces dernières années pour son petit-fils et même pour son fils. « Tu peux y aller sans moi pour le moment. Noah sera content de passer un peu de temps juste avec toi. » Il pinça les lèvres, se permit un petit soupire. « Je sais, je sais. » Sa réponse était quelque peu distraite, parce-que ce n’était pas là pour lui le point le plus inquiétant: il n’avait pas envie de laisser Lily seule à Brisbane. Elle dut comprendre que ses pensées convergeaient vers ce point là. « Je resterai avec Alice à la maison. Pour un week-end, ça ne va pas me tuer. » Il porta son regard sur son ventre très arrondi, puis sur son visage. « T’es sure ? » Ce n’était pas un reproche, promis; simplement cette seconde grossesse était bien différente de la première, et Alice avait toujours un comportement qui différait selon si elle se trouvait avec sa mère ou son père. Ezra était bien au courant de cela, même s’il ne le mentionnerait pas à haute voix. « J'aime pas l’idée de te laisser toute seule tout un weekend. » Il plissa le bout de son nez. « Tu veux pas voir si Corey est dans le coin, pour que je parte un weekend où c’est le cas ? Ou si ma soeur est pas dispo non plus ? »

« Et on ira tous les cinq à Sydney l’année prochaine, hm ? On pourrait partir quelques jours de plus, même. » Soupirant quelque peu, il finit par hocher la tête. Il savait que cela ferait plaisir à son père, qui plus était, d’avoir toute la petite famille chez lui alors que ce n’était pas encore arrivé depuis que Alice était née. « Ca pourra nous faire de chouettes vacances. » Sydney, ce n’était pas la mer et les plages comme cela pouvait être le cas autour de Brisbane, mais une escapade en ville serait l’occasion de se changer les idées. Ils pourraient même se payer le luxe de voir s’il n’y avait pas un opéra à aller voir au moment où ils décideraient d’aller sur place - il avait beau avoir grandi là-bas, Ezra ne s’y était jamais rendu et cela ne pouvait qu’être une bonne idée après tout, non ? « Mais tu devrais profiter de Noah avant que les jumeaux arrivent. » Il savait qu’elle avait raison, il savait que c’était là la bonne chose à faire. Avec tendresse, il accueillit le léger baiser qu’elle lui donna, passant sa main dans son dos. « De ça il m’en parle pas trop par contre. » De l’arrivée d’autres enfants dans le foyer. Autant lorsqu’il avait s’agi d’Alice, père et fils en avaient longuement discuté, autant pour les jumeaux il n’avait presque pas donné son avis sur la question - tout, absolument tout dans cette grossesse était différent. « Peut-être que d’être loin de la maison et que tous les deux, ça lui donnera envie de le faire. » Il soupira quelque peu. « J’aimerais bien qu’il le fasse. » Parce-que l’avis de son fils ainé était quelque chose d’important pour lui. « ll t’en a parlé, à toi ? » Etant donné qu’ils avaient arrêté de danser, et qu’ils prenaient de la place inutilement sur la piste, ce fut à ce moment là qu’il attrapa la main de Lily pour la tirer gentiment avec lui en dehors de cette dernière, tirant l’une des premières chaises à disposition pour qu’elle puisse s'y asseoir.

« Je sais aussi. » Tant mieux, parce que c’est la seule réponse à trouver à toute cette histoire. « Je sais depuis le jour où Auden m’a dit qu’il avait plus de nouvelles. Et je sais aussi que m’inquiéter pour quelqu’un qui reviendra pas, alors que j’ai d’autres priorités… Je peux pas me permettre de faire ça. » Elle comprend l’argument derrière ses propos, mais elle ressent surtout le besoin d’y apporter des nuances ainsi que sa propre vision des choses. « Tu ne peux pas choisir pour qui tu t’inquiètes, Ez. Personne t’en voudrait de ça. Et certainement pas moi. » Il n’existe aucune sorte de jalousie possible dans un tel contexte et si elle en parle, c’est pour qu’il sache qu’il peut tout lui dire et libérer ses mots autant que son coeur, pas pour lui demander de cadenasser ses émotions. Ginny n’est officiellement rien d’autre que disparue et il continuera toujours d’exister un doute raisonnable créant un mélange d’inquiétude et d’espoir. Cela ne l’empêche pas de prendre soin de Noah, ni d’Alice, ni des jumeaux à venir elle en est certaine. Il fait son deuil tout en continuant à vivre.

Ses conseils se portent sur Noah et sur le temps qu’elle lui conseille de parler avec, parce que le garçon a sans doute envie de profiter un peu plus de son père, surtout alors que deux nouveaux petits frères s’apprêtent à pointer le bout de leurs nez à leur tour. Elle ne veut pas qu’il pense qu’il soit question d’une quelconque compétition. « T’es sure ? » Elle hoche la tête et sourit doucement. Passer tout un week-end seule avec Alice ne l’enchante pas, mais elle sait qu’elle peut le faire. Elle est sa fille, après tout, et Lily sait comment prendre soin d’elle. Pour ça, elle n’a besoin d’Ezra ni de personne. « J'aime pas l’idée de te laisser toute seule tout un weekend. » Et cette fois-ci, elle penche doucement la tête et plonge son regard dans le sien, l’air de dire “vraiment ?”. « Ez… » Elle est enceinte, pas en sucre, et il semble un peu trop souvent l’oublier (et elle, selon sa propre idée, passer un peu trop de temps enceinte dernièrement). « Tu veux pas voir si Corey est dans le coin, pour que je parte un weekend où c’est le cas ? Ou si ma soeur est pas dispo non plus ? » L’idée de devoir dépendre de quelqu’un la met en colère et le fait qu’il ne fasse pas d’efforts pour cacher le fond de sa pensée ne l’enchante pas mais elle doit bien avouer qu’il vise plutôt juste, tout de même. « Je demanderai à Corey d’abord, à ta soeur ensuite. » Parce qu’elle les apprécie tous les deux, alors cela ne ressemble finalement pas à une punition. Et il est vrai qu’elle serait elle-même rassurée que de les savoir dans le coin, parce qu’elle n’est effectivement pas en sucre mais elle n’en est pas moins terriblement fatiguée et à bout de nerfs. Elle ne voudrait pas qu’il arrive quoi que ce soit à Alice.

D’un enfant à l’autre, c’est à propos de Noah qu’elle finit par le conseiller à son niveau. « De ça il m’en parle pas trop par contre. Peut-être que d’être loin de la maison et que tous les deux, ça lui donnera envie de le faire. J’aimerais bien qu’il le fasse. » Il est un père attentif, elle l’a toujours su. Elle l’a souvent vu, aussi. Il est un homme patient et doux, il a toujours eu une fibre paternelle et Noah en profite allègrement depuis son arrivée à Brisbane. « ll t’en a parlé, à toi ? » La danse prend fin sans un mot et il ménage Lily en lui proposant une chaise, ce qui ne sera sûrement pas utile bien longtemps tant elle envisage déjà de rentrer chez eux pour retrouver leur petite famille. « Non plus. Mais si tu abordes le sujet à Sydney, je pense pas qu’il garderait ses sentiments pour lui. » Il n’ose sans doute pas parler lorsqu’ils sont à Brisbane puisqu’il est entouré de cette nouvelle famille et des autres enfants, et elle n’a aucun mal à penser qu’il pourrait se sentir quelque peu étouffé et forcé d’agir en tant que grand frère fort et invincible. Quand il ne sera plus qu’avec son père, la donne sera différente et tout sera un peu plus simple, le temps d’un week-end. « On peut rentrer et lui dire que tu as une surprise pour lui. Je pense pas qu’il dorme, tu le connais. » Elle tire doucement sur le bras de son mari pour l’attirer près d’elle et l’embrasser sans avoir à se relever mais simplement arquer la nuque en sa direction. « Je parlerai à Corey demain. » Elle n’a pas oublié, elle le jure, mais le voyage des deux garçons est déjà acté dans son esprit.