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@ethel hartfield

lieu: st vincent's hospital, toowong.
(c): green-ajah (gif), luleaby (codage).

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« Ruben ? Euh… Je crois que y’a ta soeur qui te cherche. » Alors qu’il s’apprêtait à enfoncer l’aiguille, le médecin interpellé en question s’arrêta à quelque millimètres de la peau de la patiente. S’il y avait bien des phrases qu’il ne supportait pas entendre, c’était bien l’une comme celle que l’infirmière venait de lui adresser; elle pouvait être le début d’un quelque-chose bien plus grave - et il ne connaissait que trop bien la suite si c’était ce type de situation là. « Elle t’a dit pourquoi ? » Il avait la voix sérieuse, celle du médecin. Sa main toujours stabilisée à hauteur des lombaires alors qu’il s’apprêtait initialement à ponctionner la patiente - mais s’était habillé, matériel stérile déjà en place, il n’allait pas tout défaire. « Non, juste qu’elle voulait te voir mais elle a l’air particulièrement énervée. » Ca, c’était nouveau; ça ne lui plaisait pas plus que cela, qu’elle soit énervée surtout si c’était après lui, mais ça avait au moins ça n’annonçait pas de mauvaise nouvelle à l’horizon. Ses épaules se décontractèrent un brin, là où il ne s’était même pas aperçue qu’elles s’étaient involontairement tendues. « Dis lui d’attendre, je termine ma ponction lombaire et j’arrive la voir. » Et déjà, l’attention du jeune chirurgien n’était plus à ce qu’il se passait en dehors de la chambre de la patiente, mais bien avec son attention totalement focalisée sur cette dernière. « Respirez à fond et souffler lentement ensuite, je vais introduire l’aiguille. »

Jetant ses affaires à usage unique en sortant de la chambre, il fit les gros yeux à l’infirmière qui était venue le prévenir. « Je l’ai mise dans le bureau d’accueil des familles au bout du couloir, et je lui ai offert un café, t’en fais pas pour ça. Par contre, elle a l’air très remontée contre toi, je sais pas ce que t’as fait mais… » Ce n’était pas pour le rassurer: il n’avait rien fait, justement. Ou plutôt disons rien qui la concernait elle directement. « Merci Jen. » Et inspirant longuement, il parcourut le couloir pour arriver jusqu’au dit-bureau, duquel il ouvrit la porte sans frapper - après tout, Ethel l’attendait apparemment, alors ça n’allait pas être une surprise pour elle de le voir débarquer. « Rhett arrive par les urgences d’habitude, toi c’est directement dans le service alors. Au moins, tu te fais pas hospitaliser, c’est mieux que lui. » Il tentait une touche d’humour, mais bien sur que cette dernière n’allait pas être miraculeuse. Simplement, il n’existait que deux personnes dans ce monde par qui Ruben avait peur de se faire remonter les bretelles: sa mère, et sa soeur. Et de la voir bouillonner même à distance de la pièce n’indiquait rien de bon - alors bien sur qu’il n’était plus en rien assuré, bien sur que la prestance du docteur Hartfield était restée de l’autre côté de la porte qu’il avait refermé sur son passage. « L’infirmière m’a dit que t’étais énervée par contre. » Et bien sur que cette phrase serait d’interrogation quand au pourquoi c’était effectivement le cas.

En sortant de l’appartement de Ruben et Nina, tu étais en colère contre ton frère. Tu n’avais qu’une idée en tête et c’était de le confronter. Tu ne pouvais pas envisager de rentrer chez toi sans aller le voir et lui dire le fond de ta pensée. Tu pris donc le chemin de l’hôpital à pied, en espérant que cette marche te calmerais, mais au contraire. Tu avais plutôt eût tout le temps qui te fallait pour te faire des scénarios qui augmentaient plutôt ta colère à la place de l’apaiser. Arrivé sur le lieu de travail de Ruben, tu te dirigeas directement sur l’étage où il exerçait. Il t’avait fait visiter une fois et tu te souvenais exactement par où passer pour y accéder. Alors que tu avançais dans le corridor en tentant de prendre des grandes inspirations pour te calmer, une infirmière arriva derrière toi. « Madame ! Madame ! Je peux vous aider ? Vous ne pouvez pas vous promener dans le service comme ça. » Tu fis volte face et la regarda avec des couteaux dans les yeux. Il n’y aurait personne qui t’empêcherais de voir Ruben à ce moment-même. « Je dois voir Ruben Hartfield. Maintenant. » Le ton de ta voix était sec. Tu faisais peur à cette pauvre infirmière, tu le voyais bien dans ses yeux, mais tu t’en foutais. Tu devais voir Ruben. « Il est occupé, vous allez devoir…» Avec le regard que tu lui lanças, elle n’osa même pas te contredire. « Dites-lui que c’est sa soeur. Je dois le voir. » Elle disparut dans une salle et revint quelques secondes à peine plus tard en te disant qu’il allait venir te voir aussitôt qu’il allait avoir terminé avec sa patiente. Tu n’était tout de même pas assez sans coeur pour rentrer dans la salle et lui exposer ta colère devant tout le monde. Tu la suivis donc dans une salle isolée et accepta le café qu’elle t’offrit.
Tu faisais les cents pas dans la pièce des familles selon ce que tu avais vu comme indication sur la porte lorsque tu entendis celle-ci s’ouvrir. « Rhett arrive par les urgences d’habitude, toi c’est directement dans le service alors. Au moins, tu te fais pas hospitaliser, c’est mieux que lui. » Tu lui lanças un regard noir. Tu n’avais pas le goût de rigoler du tout. Surtout avec ce sujet de conversation. Tu trouvais la blague sur l’hospitalisation de Rhett de très mauvais goût. « L’infirmière m’a dit que t’étais énervée par contre. » Ça ne t’en prenait pas plus pour que ta colère fasse surface. Tu tiras sur ton chandail qui était beaucoup trop grand par réflexe. Tes joues étaient rougies par la colère. Au moins ça te donnait un peu plus de couleur et tes cernes resortaient moins sur tes joues creusées. « Si je suis en colère ? Oui je le suis ! Et je suis également déçue de toi Ruben ! Je pensais que je pouvais te faire confiance. » Tu le regardais dans les yeux, ne cillait pas du tout. Tu voulais qu’il comprenne la douleur que tu ressentais depuis que tu savais qu’il avait dit ton secret à Nina. « J’arrive de chez toi. J’ai eût une discussion avec Nina. En fait, elle m’a prit au piège avec sa discussion. » Tu arrêtas quelques instants, lui laissant le temps de comprendre par lui-même qu’est-ce que tu sous-entendais et pourquoi tu étais si en colère. « Tu m’avais promis de rien dire à personne Ruben. Et toi, quand tu en as eût l’occasion, tu lui en a parlé. Est-ce que tout Brisbane est au courant tant qu’à y être ? » Tu n’arrêtais pas de tirer sur ce pauvre chandail qui n’avait pas demandé d’être aussi étirer et maltraiter. Tu ne pouvais par contre pas t’en empêcher. C’était un tic qui t’apaisait, mais il fallait avouer qu’en ce moment-même, il n’y avait pas grand chose qui pouvait te calmer.

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Le regard que lui lança Ethel à peine la porte refermée à sa suite et les quelques pas faits de son côté pour s’avancer dans la pièce n’annonçait rien de bon. Ruben avait beau cependant refaire les deux derniers jours dans son esprit, rien ne lui venait - et même depuis leur dernière discussion, il n’avait aucun indice sur le pourquoi sa soeur pouvait le regarder de cette façon là. Face à d’autres, il aurait surement ajouté un nouveau commentaire tourné humoristique; face à elle, il se faisait petit sans savoir pourquoi il devait agir de cette sorte. « Si je suis en colère ? Oui je le suis ! Et je suis également déçue de toi Ruben ! Je pensais que je pouvais te faire confiance. » D’instinct, Ben fronça les sourcils. Elle l’appelait Ruben: mauvais signe. Elle était en colère et déçue - et bien sur que son coeur à lui se mit à faire des bonds dans sa poitrine: oh, la seule raison qui traversait son esprit de pourquoi elle était déçue, il ne voulait pas qu’Ethel soit au courant et encore moins qu’ils en parlaient au sein de l’hôpital. Il ne voyait pas comment elle pouvait être au courant cependant, ni pourquoi cela pouvait la rendre dans cet état.

« J’arrive de chez toi. J’ai eût une discussion avec Nina. En fait, elle m’a prit au piège avec sa discussion. » Nina n’était pas au courant de ce qu’il faisait derrière les portes closes, c’était justement tout le but de cet exercice. En revanche, bien sur qu’elle était au courant de bien d’autres choses et oh - oh. Ethel dut voir dans ses yeux à lui que cela venait de cliquer et d’allumer une ampoule; il ne s’était jamais dit que cela poserait un problème puisqu’il s’attendait pas à ce que les deux jeunes femmes se mettent à en parler alors que sa soeur était dans en période fragile. D’instinct, il retira sa blouse pour la poser sur l’une des chaises disponibles, afin d’ensuite réduire la distance entre Ethel et lui mais sans porter la tenue du docteur Hartfield: il se devait d’être Ben et simplement Ben là. « Ethel… » - « Tu m’avais promis de rien dire à personne Ruben. Et toi, quand tu en as eût l’occasion, tu lui en a parlé. Est-ce que tout Brisbane est au courant tant qu’à y être ? » - « Non bien sur que non. » Faisant les deux pas qui manquait pour être posté face à sa soeur, il leva doucement les mains pour les poser sur le haut de ses bras, apposant ses mains pour canaliser physiquement sa soeur. « Lâche ton tee-shirt Ethel, il t'a rien fait lui. Concentre toi sur moi. » Parce-qu’il savait parfaitement pourquoi elle le martyriser de la sorte, et ce à quoi ce type de réflexe faisait référence. « Nina ne fait pas partie des personnes à qui je parle pas, Ettie. Elle est au courant de tout dans ma vie, j'ai rien à lui cacher. » Faux, mais les détails de cette partie là de sa vie n’avaient rien à faire dans cette conversation.

« Je peux te serrer dans mes bras ? » Car en réalité, c’était ce qu’il avait eu envie de faire à partir du moment où au delà de la colère dans le regard de sa soeur, il avait vu la peine qu’elle portait en cet instant - il comprenait maintenant la source de cette dernière, et ce n’était pas pour lui plaire bien sur mais ce n’était pas pour autant qu’il allait reculer et faire demi-tour face à la situation. Il avait connu, il connaîtrait surement pire, et il n’était pas lâche. Il n’était pas Rhett. Si Ben ne s’était pas encore permis de la prendre dans ses bras, c’était tout simplement parce-qu’il ne voulait pas s’imposer plus qu’il n’était déjà en train de le faire à la jeune femme: elle était envahie d’émotions qu’elle peinait à contrôler, il reconnaissait tous les signes qu’il avait vu plus d’une fois auparavant; il ne voulait que son bien et en rien être une couche de stress ajoutée à tout le reste.

Lorsque tu vis ton frère rentrer dans la pièce, tu n’hésita pas à déverser sur lui toute la colère et la tristesse que tu portais en toi. Normalement sa présence suffisant à t’apaiser, mais pas à ce moment. Tu devais lui faire comprendre que tu te sentais trahi et qu’il n’avait pas le droit de dévoiler ton secret à qui que ce soit. Et pas à Nina. Tu l’aimais bien, mais votre relation était encore un peu en surface. Tu ne savais pas comment la lire adéquatement et ça te stressais de savoir qu’elle était au courant de ton trouble alimentaire et qu’elle pourrait utiliser cela contre toi à tout moment, même si tu devais être honnête avec toi-même et tu savais pertinemment qu’elle ne chercherait pas à te faire du mal avec cette information. Lorsque tu commenças à lui parler et à lui dire ce que tu avais sur le coeur, tu voyais dans ses yeux qu’il ne comprenait pas ce que tu lui reprochais. Tu voulais qu’il comprenne par lui-même. Tu n’avais pas envie de dire le nom de ta maladie, ça la rendait trop réelle. Puis, tu vis le déclic se faire dans ses yeux. « Ethel… » Tu ne lui laissas pas le temps de former une phrase avant de continuer avec tes reproches. C’était plus facile de formuler tes reproches quand il ne tentait pas de t’appaiser avec ses mots ou ses gestes. Il enleva alors sa blouse et tu lui en fut reconnaissante. Tu n’étais pas sa patiente, tu étais sa soeur. Et tu ne voulais pas te sentir écrasé par le statut social que lui donnait son métier. Il mit alors ses mains sur tes épaules pour t’aider à te calmer. Tu pouvais sentir son odeur, une odeur que tu reconnaîtrais parmi des milliers. « Lâche ton tee-shirt Ethel, il t'a rien fait lui. Concentre toi sur moi. » Ce tic avait pour but de t’aider à garder pied, à te concentrer sur tes paroles et inconsciemment, à cacher à Ruben que tu avais encore perdu du poids depuis votre dernière rencontre. « Tu ne me diras pas ce que je peux faire ou non ! » Ta réaction était vive, intense et ne te ressemblait pas pas. Normalement tu aurais apprécié que ton frère tente de t’aider à reprendre pied, mais il t’avait imposer sa décision de parler de ton secret à sa fiancée et tu ne voulais pas sentir qu’il t’imposait encore une fois sa manière de faire. « Nina ne fait pas partie des personnes à qui je parle pas, Ettie. Elle est au courant de tout dans ma vie, j'ai rien à lui cacher. » Tu fis alors quelques pas rapide vers l’arrière pour mettre une distance entre vous deux et l’empêcher de te toucher. Tu ne te souvenais pas d’avoir été aussi en colère contre lui qu’à ce moment-même. « Il est là le problème ! Ce n’est pas ta vie, c’est la mienne. Je veux pouvoir décider moi-même de qui est au courant de mes secrets. Tu m’as imposé ta décision. » Tes mots étaient dures, mais tu voulais qu’il comprenne la douleur que ça te créait.
« Je peux te serrer dans mes bras ? » Tu reculas encore un peu plus. « Non ! » Ta tête criait non, ton coeur criait oui. Tu aurais voulu qu’il te serre contre lui pour t’apaiser puisque ton frère était probablement la personne qui réussissait le mieux à te faire reprendre le contrôle de tes émotions, mais en même temps, c’était aussi la personne qui t’avait mis dans cet état. Tu te sentais seule et abandonnée. Tu serra tes bras contre toi-même, essayant de te protéger contre l’univers entier. Tes cernes et tes joues creuses accentuaient encore plus la détresse dans ton visage. « Elle m’a proposé un psychologue, tu te rends compte ?! Je ne suis pas folle et personne va me dire ce que je dois faire. » Même si tu avais réussis à garder un peu le contrôle face à Nina lorsqu’elle t’en avait parlé, tu n’y parvenais plus face à Ruben. « Je ne voulais pas que personne le sache pour avoir à éviter justement d’avoir à justifier quoi que ce soit. J’ai eût l’impression d’être un enfant qui a fait un mauvais coup et qui se fait prendre par ses parents. »

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« Tu ne me diras pas ce que je peux faire ou non ! » En cet instant, il dut se retenir de ne pas pousser un petit soupire; ce n’était pas pour lui dire quoi faire ou non au premier degré du terme qu’il lui demandait d’agir de la sorte, c’était surtout pour lui souligner qu’il comprenait même sans qu’elle ne lui ait précisé ce pourquoi elle agissait de la sorte. Cela faisait des années qu’il était dans la confidence de ce secret, et il avait appris autant par son métier que par son statut de frère inquiet pour sa soeur à repérer les signes. Ben savait pertinemment qu’en cet instant, c’était là un réflexe du corps d’Ethel pour ne pas qu’il puisse repérer plus facilement que ce n’était déjà le cas les signes de la rechute dans laquelle elle se trouvait. Il pinça les lèvres: il aurait beau à partir de ce moment là lui donner tous les arguments dont il disposait en en lesquels lui croyait, elle ne serait pas du même avis que lui il pouvait le prédire. « Il est là le problème ! Ce n’est pas ta vie, c’est la mienne. Je veux pouvoir décider moi-même de qui est au courant de mes secrets. Tu m’as imposé ta décision. » Plus il avançait vers elle, plus elle se reculait - comme si elle avait peur de lui. Et ce détail là n’échappa pas au jeune homme, lui brisa le coeur même d’une centaine façon. S’il existait bien quelque-chose sur laquelle il avait toujours mis un point d’honneur, c’était d’être un refuge pour Ethel et non un endroit qu’elle se mettrait à fuir comme elle le faisait en cet instant. « Tu fais partie de ma vie Ethel. A aucun moment je me serais empêché de le mentionner à Nina. » Parce-que pour lui, discuter avec elle de toutes les composantes de son quotidien était important - il mettait à part dans une catégorie spéciale ses agissements auprès d’autres personnes, ce n’était pas la peine de soulever ces agissements là -, et qu’il ne lui était même pas passé à l’esprit d’omettre les troubles qui sommeillaient en sa soeur. Pour lui, c’était là une normalité que d’en discuter aussi avec celle qui partageait son quotidien; plus d’une fois, la blonde l’avait vu être inquiet pour sa soeur, se faisant du soucis jusqu’à trouver même les plus infimes des solutions. Ce n’était pas dans l’idée de lui imposer la moindre décision qu’il avait partagé ces informations là, mais simplement parce-que c’était un besoin qu’il ressentait de son côté. Jamais il n’avait pu envisager que cela se trouverait être un problème.

Et il n’avait pas l’intention que ça en reste un. La première étape à ses yeux c’était de savoir à quel point sa soeur tentait en cet instant de le fuir, savoir à quel point elle pouvait se trouver être en colère après lui. Il savait que d’ordinaire, la prendre dan ses bras était la première étape pour qu’elle puisse se sentir mieux et en sécurité - mais rien qu’au regard qu’elle lui lança, il anticipait la réponse à sa question. « Non ! » Il pinça ses lèvres, lançant un regard peiné en direction de sa soeur. « Elle m’a proposé un psychologue, tu te rends compte ?! Je ne suis pas folle et personne va me dire ce que je dois faire. » - « Ce n’est pas pour dire que tu es folle Ethel, tu n’es pas folle. Les psychologues ne sont pas là pour ça. » Il voyait bien que ses paroles n’étaient cependant pas à portée d’esprit pour sa soeur pour le moment, cette derrière bien trop focalisée sur l’idée de montrer à son frère ce qu’elle avait ressenti face à la discussion qu’elle avait eu avec sa fiancée. « Je ne voulais pas que personne le sache pour avoir à éviter justement d’avoir à justifier quoi que ce soit. J’ai eût l’impression d’être un enfant qui a fait un mauvais coup et qui se fait prendre par ses parents. » - « Depuis quand, Ethel ? » Le regard qu’il releva dans sa direction était de ceux qui se souciaient de la prochaine réponse de sa soeur, mais qui dévoilaient bien plus: il n’était pas dupe. Et la question, bien sur, n’avait rien à voir avec la discussion que Nina et elle avaient eu, mais portait bien entendu sur la durée de la crise que la brune était en train de traverser. « J’ai fermé les yeux la dernière fois, toi et moi on le sait tous les deux. Mais depuis quand, Ethel ? » Parce-qu’il pouvait déceler dans son comportent tous les détails qu’il avait déjà vu de trop nombreuses fois, malheureusement. Il n’avait pas voulu en arriver là, à aucun moment parce-qu’il savait à quel point cela blessait sa soeur que d’en parler et d’être mise face à ce qui la rongeait de l’intérieur - il n’y avait qu’à voir la réaction qu’elle avait en cet instant. Mais il savait aussi parfaitement à quel point elle n’en parlerait à personne d’autre, et donc qu’il se devait de mettre le doigt dessus. Ce n’était pas leur premier tour de piste, il y était habitué. « Alors depuis quand, dis moi. » Sa voix restait douce, en rien accusatrice: Ruben savait à quel point elle n’était pas maitre de ce qu’elle ressentait et des actions qu’elle se laissait avoir par la suite. « T’es pas une enfant qui se fait prendre par ses parents parce-qu’elle a fait un mauvais coup. On s’inquiète pour toi. » Ou plutôt, Nina s’inquiétait pour Ben qui s’inquiétait lui pour Ethel. « Je m’inquiète pour toi, Ettie. »

Tu ne comprenais plus toi-même comment tu devais agir face à Ruben. Vaciller entre la colère et la tristesse envers lui t’étais difficile puisque vous n’aviez pas souvent des différends aussi marqués. Tu ne te souvenais pas la dernière fois que tu t’étais fâchée contre lui. Ne pas pouvoir le laisser te réconforter ne faisait qu’accentuer ta douleur. « Tu fais partie de ma vie Ethel. A aucun moment je me serais empêché de le mentionner à Nina. » Et si tu avais été en état de réfléchir adéquatement, tu aurais compris que c’était logique qu’il en parle à sa petite amie. Mais tu étais beaucoup trop occupée à avoir peur d’être poussée à te faire soigner par tous les moyens qui existaient pour l’accepter. Nina t’avait dit qu’elle n’était pas d’accord avec les méthodes barbares de certains médecins pour traiter les TCA, mais tu n’étais sûre de rien. Est-ce qu’elle t’avait dit ça seulement pour te calmer et gagner ta confiance ? Tu ne pouvais pas en être sûre. « M’avertir aurait été la moins des choses ! » Tu aurais pu l’éviter. Ou du moins, éviter de te retrouver seule avec elle. Tu n’aurais pas eût à avoir cette conversation puisque tu ne pouvais pas croire qu’elle t’aurait confronté en avant de quelqu’un d’autre.
« Ce n’est pas pour dire que tu es folle Ethel, tu n’es pas folle. Les psychologues ne sont pas là pour ça. » Tu le savais bien que ce n’était pas pour les fous. Et tu savais aussi que ça aurait pu te faire du bien d’aller consulter, mais le faire serait d’avouer que tu étais faible et que tu n'étais pas capable de t’en sortir toute seule alors que tu voulais montrer à tes frères que tu étais forte. Enfin… À Ruben puisque Rhett n’était pas au courant de ce qui se passait dans ta tête et ton corps. « De toute manière, il est hors de question que j’aille voir qui que ce soit. Ce n’est qu’un moment difficile. Je vais me relever toute seule. » Tu savais au fond de toi que tu avais besoin d’aide, que ta rechute était beaucoup trop grosse pour t’en sortir sans au moins l'appui de tes proches. Mais tu avais honte de toi. Et tu savais que cette émotion ne ferait que t’entraîner vers le bas. « Depuis quand, Ethel ? » Tu figeas. Tu ne t’attendais pas à ce que Ruben aborde ta rechute aussi directement. Si cette idée t’avait traversé la tête, tu ne te serais même pas pointé à l’hôpital pour le confronter. « J’ai fermé les yeux la dernière fois, toi et moi on le sait tous les deux. Mais depuis quand, Ethel ? » Et tu lui en avais été reconnaissante. Tu attrapas une cigarette dans ton paquet et commença à la faire tourner entre tes doigts. Tu savais que tu ne pouvais pas l’allumer dans l’hôpital, mais ce n’était pas l’envie qui manquait pour faire passer ton stress. « Je… Je ne sais plus… » Mensonge. Tu pouvais dire exactement l’élément déclencheur. Tu ne savais peut-être pas la date exacte, mais tu en avais une bonne idée. « Alors depuis quand, dis moi. » Tu baissas les yeux. La honte faisait place à la colère. Tu savais qu’il ne souhaitait que t’aider, mais tu échouais encore à t’occuper de toi seule comme tu le souhaitais tellement fort depuis longtemps. « Depuis que je suis chez Rhett… » L’éventualité de ne pas voir une potentielle rechute chez ton frère aîné te rongeait. C’était plus difficile depuis le décès de Jackson, mais tu avais réussis à limiter les dégâts. Par contre, tu avais perdu le contrôle depuis que tu t’étais mise sur les épaules de réussir à aider Garhett.  « T’es pas une enfant qui se fait prendre par ses parents parce-qu’elle a fait un mauvais coup. On s’inquiète pour toi. Je m’inquiète pour toi, Ettie. » C’était exactement ce que tu ne voulais pas. Il avait tellement à faire, il n’avait pas le temps de s’inquiéter pour toi. « Je ne veux pas que tu t’inquiète. C’est juste une mauvaise passe. Je vais m’en sortir par moi-même. » Un beau mensonge encore une fois. Tu avais besoin d’aide et tu le savais, mais tu ne savais pas qu’elle aide accepter. Tu ne savais plus par quel côté prendre ton problème. « Je ne laisserai pas Anna gagner encore une fois. Mais il faut me laisser faire. Je vais y arriver moi-même. » La colère dans ton regard avait laissé place à la détresse. Le ton de ta voix s’était adouci. Tu menaçais de craquer à tout moment. La cigarette virevoltait entre tes doigts sans arrêt et tes épaule étaient recourber vers l’avant, comme si tu portais tout le poids du monde sur celles-ci.

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« M’avertir aurait été la moins des choses ! » Il ouvrit la bouche pour la refermer aussitôt, retenant un soupire par la même occasion. Qu’importe la façon dont la nouvelle lui serait parvenue, elle aurait réagi de cette façon il en était persuadé - et c’était surement la raison pour laquelle il s’était inconsciemment abstenu de lui en parler plus tôt. Il aurait aimé échanger avec elle sur ce point, connaitre son avis et son ressenti; mais il était plutôt au fait qu’elle risquait de ne pas bien prendre la nouvelle et la réaction qu’avait Ethel en cet instant en était la preuve vivante. « Qu’est-ce que tu aurais dit, si je t’avais prévenue ? » Il haussa légèrement un sourcil, gardant une voix douce et calme. Ben ne reprochait pas les choses, il cherchait les solutions dès qu’il le pouvait. Il ne fuyait pas non plus le conflit, parce-qu’il savait qu’il possédait les armes pour les affronter - et ce qu’importe la situation en règle générale. L’idée actuellement était désormais de faire comprendre que ce n’était pas forcément une mauvaise chose que Nina soit au courant de la situation, et qu’elle avait peut-être effectivement des solutions elle aussi à apporter; surement de celles auxquelles Ruben avait déjà pensé mais qu’il n’avait pas mentionné à haute voix pour ne pas froisser Ethel. Car elle l’était, froissée, en cet instant. « De toute manière, il est hors de question que j’aille voir qui que ce soit. Ce n’est qu’un moment difficile. Je vais me relever toute seule. » Elle vivait dans un illusion, mais de celle qui ne prenait pas auprès de son frère. Il savait trop, connaissait trop pour se laisser berner aussi facilement.

Et pour ne pas qu’elle pense qu’elle avait réussi à lui cacher quoi que ce soit jusque maintenant, il mit les deux pieds dans le plat. Il s’aperçut rapidement de la surprise dans le regard de sa soeur, et des maigres changements dans son comportement: elle ne s’était pas attendue à un revirement de situation de la sorte, et il mettait sa main à couper qu’elle n’avait pas pensé le voir oser aborder son trouble de la sorte. Pourtant, Ruben n’était pas de ceux ayant peur de prendre le taureau par les cornes, et ce n’était pas avec Ethel qu’il changerait sa façon de faire. D’ordinaire, il enveloppait un peu plus les choses pour que ce soit plus facile pour elle de les entendre - mais aujourd’hui il était fatigué, elle était venue sur son territoire et de surcroît en mettant sa fiancée au milieu du champ de bataille. Alors peut-être qu’il se montrait un peu plus indulgent et bien sur qu’il s’en voudrait plus tard, mais il avait aussi besoin de souligner de façon significative à Ethel qu’il était loin d’être dupe. Alors, depuis quand ? « Je… Je ne sais plus… » Il insista parce-qu’il savait parfaitement qu’elle lui mentait, il connaissait le schéma. « Depuis que je suis chez Rhett… » A cette révélation, Ruben ferma les yeux. Cet abruti n’était pas capable de voir lorsque sa propre soeur avait besoin d’aide, alors qu’elle habitait sous son toit. Oh, il faisait le fier et bombait le torse quand il soulignait la vie personnelle désastreuse de son petite frère, et qu’il arrivait à faire un plus un. Mais lorsqu’il s’agissait de la santé d’Ethel, les choses étaient bien plus compliquées à voir, apparemment. Il avait envie d’aller lui éclater les dents une par une - et très honnêtement, s’il n’était pas déjà en chemin, c’était uniquement parce-que sa soeur ne voulait pas en parler à leur ainé. Rhett aurait su maîtriser Ruben rapidement, mais il aurait tout de même été à la confrontation.

« Je ne veux pas que tu t’inquiète. C’est juste une mauvaise passe. Je vais m’en sortir par moi-même. » - « Je m’inquiète et m’inquièterai toujours pour toi Ethel, n’essaie pas de changer ça tu réussiras pas. » Il savait que cela ne partait pas d’un mauvais sentiment et qu’elle souhaitait simplement prendre davantage son rôle de grande soeur, mais parfois ce n’était pas possible comme elle le souhaiterait. Et c’était pour ça qu’ils étaient plusieurs dans la fratrie: pour se soutenir les uns et les autres, même si parfois cela n’était pas tout à fait correctement effectué. « Je ne laisserai pas Anna gagner encore une fois. Mais il faut me laisser faire. Je vais y arriver moi-même. » Il soupira, serra les mâchoires encore un instant. « On sait tous les deux que ça commence comme ça mais que t’arriveras pas à t’en sortir seule Ethel. » Rouvrant les yeux et voyant la détresse dans ceux de sa soeur désormais, une partie de son agacement de son côté se fit la malle: il n’aimait pas la voir dans cet état là. Ce n’était pas le but de cette discussion, bien au contraire - le but était qu’elle s’en sorte. Il fit une petite moue désolé de son côté. « Ai pas peur de me dire que ça va pas. » Il la regardait dans les yeux, soutenait son regard; c’était peut-être en détail mais en réalité cela voulait dire beaucoup, parce-que c’était là le parfait reflet de son attitude avec sa soeur: il ne la laisserait pas tomber. « C’est pas grave si ça va pas Ethel. Mais laisse moi t’aider. » Elle s’était pourtant extirpée de son semblant d’étreinte lorsqu’il était arrivé dans la pièce, mais il ne savait faire autrement en cet instant que de refaire quelques pas dans sa direction pour arriver à sa hauteur. « Tu sais très bien que je ferais n’importe quoi pour t’aider, et que je te laisserais pas toute seule affronter ça. Y’a pas de mal à demander de l’aide. » Il leva sa main doucement pour la tendre devant elle: elle n’avait plus qu’à la saisir, elle n’avait même pas besoin de parler. « On peut trouver des solutions, on a toujours trouvé des solutions. » Sa tonalité de parole avait changé du tout au tout, alors qu’il se rendait compte au fil des minutes écoulées et des mots prononcés par sa soeur à quel point elle était enfoncée dans son trouble et qu’elle ne saurait retrouver l’air à la surface de l’eau si personne n’était là pour la sortir de cette dernière. D’accord, Ben n’était pas le meilleur exemple dans ce domaine, à toujours se débrouiller seul pour tout - et à toujours montrer uniquement le meilleur de lui-même face aux autres. Mais il savait être d’excellents conseils, et dans le cas d’Ethel qui plus était il l'avait déjà aidé à traverser plusieurs fois ce type de période difficile. Il recommencerait aujourd’hui si elle désirait que ce soit le cas - il ferait ce qu’il pourrait en tous cas pour qu’elle aille mieux que ce qu’elle laissait entrevoir en cet instant.

« Qu’est-ce que tu aurais dit, si je t’avais prévenue ? » Il marquait un point. Tu n’aurais pas été d’accord pour qu’il en parle à Nina et tu aurais probablement argumenté pour qu’il ne lui dise pas et il l’aurait fait quand même. Tu aurais probablement évité sa fiancée. En même temps, ce n’était pas comme si vous étiez proche l’une de l’autre et que ça aurait été difficile de le plus la voir. « Probablement que je ne voulais pas que tu le fasses. Tu l’aurais fait quand même et j’aurais été prête pour lorsqu’elle m’en aurait parlé. Je n’aurais pas été mise au pied du mur. » Tu aurais aussi fait plus attention à tes agissements en sa présence, quitte à accepter ses fichus biscuits et aller faire ce que tu avais à faire dans la salle de bain par la suite. Tu n’aimais pas ça faire ça, préférant ne pas manger à la place, mais quand tu ne voyais pas d’autre solution, tu n’avais pas peur d’y avoir recours. Le ton calme et doux de ton frère commençait à t’apaiser. Tu t’en voulais de ne pas être capable de lui tenir tête aussi longtemps que tu le voudrais. Ça avait toujours été comme ça entre toi et Ruben. Tu n’étais pas capable d’être fâché bien longtemps contre ton cadet. Vous auriez été jumeau que vous n’auriez pas eu un lien plus fort. Tu restais toutefois sur ta position : Nina n’avait pas à être au courant de ton état de santé.
Lorsque tu annonças à Ruben que tu t’enfonçais de plus en plus depuis que tu habitais chez Rhett, tu vis immédiatement la colère passer dans ses yeux. Le poil se retroussa immédiatement sur tes bras. Tu n’avais pas pensé qu’il se mettrait dans un tel état sinon tu aurais fait attention pour nommer le mois où ça avait dégénéré à la place. Il aurait fait le lien, mais tu aurais eu moins l’impression de mettre de l’huile sur le feu. « Ne lui en veut pas. J’ai tout fait pour lui cacher. Il a ses problèmes à lui, c’est normal qu’il ne se rende pas compte des miens. » Vous étiez moins proche l’un de l'autre que toi et Ruben. Tu étais capable de mieux le berner que ton cadet. Après tout, quel homme portait une attention au physique de leur soeur ? Et toi, tu étais capable de te détendre un peu plus. C’était probablement pour ça que tu restais encore chez lui. Si tu avais su qu’il te surveillait, tu serais retourné chez toi. « Et je ne veux pas qu’il soit au courant Ruben. Promets-le moi. Et une vraie promesse cette fois-ci. »

« Je m’inquiète et m’inquièterai toujours pour toi Ethel, n’essaie pas de changer ça tu réussiras pas. » Tu étais déchirée entre être soulagé que quelqu’un voit ta détresse et être honteuse que Ruben ait à s’inquiéter pour toi. Tu te mettais dans un état impossible parce que tu avais toujours peur qu’il arrive quelque chose à l’un de tes proches et tu ne voulais pas que Ruben fasse la même chose. « On sait tous les deux que ça commence comme ça mais que t’arriveras pas à t’en sortir seule Ethel. Ai pas peur de me dire que ça va pas. » Cette idée que tu avais besoin d’aide commençait à te rentrer tranquillement dans la tête. En même temps, tu commencerais par où ? Tu avais l’impression qu’il n’y avait rien à dire sur tes états d’âme, mais aussi qu’il y en avait tellement à dire. Ruben ne se doutait probablement pas de l'étendue de ta peine. Tu n’avais jamais été capable de lui dire à quel point la perte de Jackson avait été douloureuse… Et qu’elle était encore douloureuse. « Je peux pas Ruben. Si j’en parle ça rend ça trop réel. Et tu en as déjà beaucoup à faire avec ton travail et avec ta vie à toi… » Encore cette peur de déranger. Tu te faisais toujours passer en dernier avec tes frères et tu ne savais pas d'où ça venait. Tu ne t’accordais même pas toi-même l’attention que tu méritais. Tu ne voulais donc pas que tes frères se sentent obligés de le faire. « Tu sais très bien que je ferais n’importe quoi pour t’aider, et que je te laisserais pas toute seule affronter ça. Y’a pas de mal à demander de l’aide. On peut trouver des solutions, on a toujours trouvé des solutions. » Tu leva les yeux vers lui. Tu avais peur de ses solutions. Il avait obligé Rhett a aller en désintoxication et tu savais que c’était nécessaire, mais tu avais peur qu’il t’oblige à aller dans un de ces centres pour la lutte des TCA qui mettait des sondes naso-gastriques sans se préoccuper des patients. Nina t’avait dit qu’elle n’était pas d’accord avec cette manière de fonctionner et tu savais que ton frère était fort probablement contre également, mais tu ne pouvais t’empêcher d’y penser. « Je veux pas être hospitalisé Ruben. Je ne veux pas de sonde, de peser à tous les jours… Je ne passerai pas au travers. » Il s’approcha de toi, te tendis la main. Tu aurais voulu tenir ton point, mais tu ne pouvais plus résister à un peu de réconfort. Tu allas te réfugier dans ses bras, tu te recroquevilla contre son torse, ferma les yeux. « Je suis désolé de ne pas être forte.» Tu avais chuchoté ces dernières paroles. Encore une fois, tu avais besoin de lui même si tu refusais de l’accepter.  

smiles hide what secrets keep

@ethel hartfield

lieu: st vincent's hospital, toowong.
(c): green-ajah (gif), luleaby (codage).

***
« Probablement que je ne voulais pas que tu le fasses. Tu l’aurais fait quand même et j’aurais été prête pour lorsqu’elle m’en aurait parlé. Je n’aurais pas été mise au pied du mur. » Peut-être était-ce effectivement le cas: elle n’aurait pas voulu qu'il en parle à Nina, ni avec Nina d’ailleurs, dans tous les cas. Elle aurait préféré qu’il garde cela pour lui, mais il n’aurait su agir de la sorte. Pas qu’il n’aurait pas voulu faire l’effort, mais simplement il avait besoin de discuter des choses qui pouvaient le tracasser avec celle qui partageait sa vie, aussi simplement que cela. Et promis il comprenait que c’était là quelque-chose qui posait soucis à Ethel, parce-qu’en cet instant elle se trouvait être dans une position qui la mettait en difficulté; mais dans d’autres temps, elle aurait été tout à fait capable de comprendre pourquoi son petit frère avait agi de cette sorte. Alors, aux mots que sa soeur lui adressait là en cet instant, il aurait bien voulu lui répondre qu’elle aurait du se douter qu’une telle chose se produisait, que ce n’était pas là une grande surprise qu’il partage ces informations et qu’elle n’aurait pas du être surprise de l’apprendre; mais il n’était pas là pour jeter de l’huile sur le feu mais pour chercher à apaiser ce dernier - donner à Ethel une raison supplémentaire de lui sauver à la gorge n’était pas nécessaire. Alors, il choisit un angle d’attaque différent. « Je suis désolé que ce soit ce que tu aies ressenti. » Et il était sincère, promis.

Ruben se trouvait également, dans un sens, être désolé que Rhett n’ait su remarquer quoi que ce soit concernant la santé de sa soeur - mais il était surtout et principalement énervé que ce soit le cas. Ce dernier n’était donc pas apte à faire attention à autre chose que ce qui le concernait, en permanence centré sur son propre nombril et ses propres problèmes. Ben n’était pas non plus tout à fait un exemple parfait, il le savait, mais lorsqu’il s’agissait d’Ethel il tentait plus que pour n’importe qui d’autre. « Ne lui en veut pas. J’ai tout fait pour lui cacher. Il a ses problèmes à lui, c’est normal qu’il ne se rende pas compte des miens. » Il secoua la tête, rouvrant ses yeux. « C’est jamais normal. » Il souffla un rire par le nez. « Mais je devrais plus être étonné à force. » Ses paroles accompagnées d’un long soupire, il pinça l’arête de son nez de son index et son pouce un instant supplémentaire. Il n’allait pas plus loin dans ses commentaires - oh, pas qu’il n’en aurait pas des choses à dire sur le comportement de son frère, mais plutôt que ce n’était pas nécessaire d’infliger de nouveau ça à Ethel alors qu’elle servait déjà assez de tampon être les deux depuis de nombreuses années. Pour le moment, il avait besoin de se concentrer sur elle et sur elle seule. « Et je ne veux pas qu’il soit au courant Ruben. Promets-le moi. Et une vraie promesse cette fois-ci. » Ben glissa son regard dans celui de sa soeur. « Je lui en parlerai pas à lui, t’en fais pas. » A quoi bon ? « Promis. » Parce-qu'il savait pertinemment que c’était le genre de chose qu’elle désirait entre en toute forme, alors il le lui donnait - ce n’était pas là une bataille nécessaire d’être menée.

Celle pour laquelle il était prêt à démontrer une fois de plus qu’il était présent, c’était celle que Ethel refusait de mener - seule ou accompagnée, apparemment. Ou tout du moins qu’il savait qu’elle n’était pas apte à mener seule, n’étant aujourd’hui pas la première fois qu’il se retrouvait aux premières loges. « Je peux pas Ruben. Si j’en parle ça rend ça trop réel. Et tu en as déjà beaucoup à faire avec ton travail et avec ta vie à toi… » Il secoua de façon franche la tête. « Me cherche pas de fausses excuses. » Il était vrai que ce n’était pas dans son planning à lui que du temps libre se faisait voir facilement, mais ce n’était pas pour autant qu’il laisserait l’occasion d’être présent aux côtés de sa soeur parce-qu’elle avait besoin de pouvoir compter sur les liens du sang pour s’en sortir. Il ferait en sorte de lui trouver des solutions, qu’importe le temps que ça lui prendrait de son côté. « Je veux pas être hospitalisé Ruben. Je ne veux pas de sonde, de peser à tous les jours… Je ne passerai pas au travers. » Doucement, lentement, il s’était avancé vers elle pendant leur discussion pour finalement tendre sa main vers Ethel. Il était là et il ne comptait pas la laisser seule - elle n’avait qu’à saisir sa main si elle souhaitait qu’il puisse le rester. Il ne lui fallut qu’une poignée de secondes pour venir se réfugier dans ses bras - Ruben resserra avec amour et tendresse ses bras autour du corps qu’il sentait fragilisé de sa soeur contre lui, déposant un baiser sur son crâne. « T’as pas besoin d’être hospitalisée, on se débrouillera autrement. Toi et moi. » Ils l’avaient déjà fait, pourraient le refaire - il suffisait juste qu’Ethel lui fasse confiance. Il ne savait pas dans quelles mesures cela serait faisable, mais il trouverait des solutions. Il avait l’habitude de trouver des solutions pour le reste du monde. « Je suis désolé de ne pas être forte. » - « T’excuse pas. » Il avait adapté également son ton, bien plus apaisé et rassurant. « Que tu veuilles combattre ça toute seule pour ne pas nous inquiéter montre à quel point tu es forte, Ethel. » L’une de ses mains frottait le dos de sa soeur doucement. « Et c’est pas une tare de pas réussir à combattre. C’est pas grave. C’est pour ça que y’a de l’aide qui existe. C’est pour ça que je suis là pour toi. » Il ne serait pas suffisant, Ruben n’était pas idiot et le savait parfaitement; mais pour commencer, pour stabiliser les choses, c’était déjà un premier pas. Il l’orienterait vers d’autres professionnels dès que l’idée germerait de façon prolifique dans l’esprit d’Ethel. « Je vais t’aider Ethel, je vais veiller sur toi. » Comme il l’avait toujours fait. « On va prendre le temps d’en discuter tous le deux, de voir ce qu’on peut faire. »

« Je suis désolé que ce soit ce que tu aies ressenti. » Au fond, tu avais seulement besoin qu’il valide tes sentiments face au fait qu’il ait dévoilé ton secret à Nina. Tu savais qu’il n’avait pas fait cela dans le but de te trahir, mais bien parce qu’il s’inquiétait pour toi. Et probablement même qu’il lui en avait parlé dans le but de peut-être avoir d’autre solution que ceux auxquelles il avait déjà pensé, mais tu étais encore trop sur le coup de l’émotion pour penser rationnellement et comprendre qu’il n’avait pas d’arrière pensée. Le fait qu’il soit désolé t’avais apaisé un peu. Tu réussissais déjà à mieux raisonner. Quoi que lorsqu’il était question de ta maladie, c’était dur pour toi d’être rationnel. Tu étais déjà un peu plus capable de la contrôler que lorsque tu étais adolescente, mais cette rechute était plus difficile à remonter que les autres. Tu avais trop combattu pendant les dernières années, tu te sentais maintenant épuisée…
Et la conversation se dirigea vers Rhett. Tu le voyais, Ruben était en colère qu’il n’ait pas réalisé que tu n’allais pas bien. En même temps, tu étais devenue une professionnelle dans l’art de cacher tes états d’âme aux autres. Tu étais capable d’avoir un masque de joie et de bonne humeur sur ton visage aussi longtemps que nécessaire. Et tu devais avouer que tu avais réintégré un peu plus souvent ton appartement dernièrement pour ne pas qu’il puisse s'apercevoir que tu avais maigris. « C’est jamais normal. Mais je devrais plus être étonné à force. » Tu soupira. Tu t’étais encore mise les pieds dans les plats en parlant de Rhett. Tu aurais dût trouver une autre manière de lui dire depuis quand tu n’avais plus le contrôle sur ton anorexie. Après, il s’étonnait que tu ne lui parlais pas de tout. Tu devais faire attention à la manière dont tu tournais tes phrases lorsqu’il s’agissait de votre grand frère et ça t’épuisais. Tu n’en pouvais plus de devoir jouer à la médiatrice entre les deux. Tu n’avais pas assez de force pour cela ces derniers temps. C’est pour ça que tu ne relevais pas ses paroles. Tu avais décidé de laisser glisser et tu constata par sa mimique que Ruben avait décidé de faire la même chose et de changer de sujet. Par contre, tu étais soulagée lorsqu’il te promit de ne pas lui parler de ce qui se passait de ton côté. Tu avais peur de la manière qu’il réagirait s’il l’apprenait. Il était du genre à te forcer à manger et tu ne voulais pas prendre la chance de faire des crises de boulimie devant lui. Tu savais que ça ne ferait qu’aggraver les choses. Son appartement était pour toi un lieu où tu te sentais bien. Tu ne voulais pas que ça devienne un lieu que tu fuyais comme la peste. Tu ne voulais pas que ton grand frère soit une personne que tu fuis coûte que coûte…

« Me cherche pas de fausses excuses. » Ce n’était pas comme si tu avais besoin de chercher longtemps pour lui trouver des excuses. Ce n’était que la vérité que tu lui exposais. Tu ne pouvais pas lui demander de passer tous ses moments libres avec toi. Il n’en avait déjà pas beaucoup et encore moins à passer avec Nina. « Je ne te cherche pas des fausses excuses. Je ne fais qu’exposer la vérité. Tu n’as déjà pas beaucoup de temps libre, j’ai peur que ta fiancée soit fâchée contre moi si je me mets à occuper une partie de ton horaire. » Et c’était la vérité. Déjà que le couple Rhett et Evelyn battait de l’aile, tu ne voulais pas que celui Nina et Ruben fasse la même chose par ta faute. Tu te sentais toutefois un peu plus apaisé que lorsque tu étais arrivé. Tu ne pouvais pas rester en colère bien longtemps contre ton cadet et c’était d’ailleurs pour cette raison que tu ne résista pas une deuxième fois à te blottir dans ses bras. Si quelqu’un vous voyait en ce moment, il aurait pensé que c’était toi la cadette et lui l’aîné. « T’as pas besoin d’être hospitalisée, on se débrouillera autrement. Toi et moi. » Tu fis un signe de oui de la tête, la frottant en même temps sur son torse. C’était les paroles que tu avais besoin d’entendre. En fait, c’était surtout pour cette raison que tu ne voulais pas qu’il soit au courant que tu n’allais pas bien : la peur d’être hospitalisée. Tu ne l’avais jamais été, mais peut-être qu’il pensait différemment depuis qu’il était médecin. « Je vais t’aider Ethel, je vais veiller sur toi. On va prendre le temps d’en discuter tous le deux, de voir ce qu’on peut faire. » Toi et lui contre le monde. Comme depuis toujours. À ce moment précis, tu ne te souvenais plus pourquoi tu avais refusé de demander de l’aide à Ruben. Il t’avait toujours montrer que tu pouvais t’appuyer sur son épaule lorsque tu n’allais pas bien. Et c’était encore le cas. « Merci… » Tu lui avais répondu en chuchotant. Est-ce que demain tu serais encore ouverte à entendre ses solutions ? Tu ne le savais pas. Et tu préférais ne pas y penser. Mais pour l’instant, tu entrevoyais de l’espoir et c’était l’important.