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@Ruben Hartfield (crédit gif/harley)

Ça ira pour toi ? Comme si Mavis était du genre à se laisser abattre, comme si conseiller à Ruben d’accepter de participer à ce dîner avec ses collègues n’avait pas été rapidement réfléchi pour répondre à un besoin vital de sauver les apparences, que ce soit pour elle comme pour lui. Bien sûr que ça irait pour Mavis, elle n’avait pas besoin d’être chaperonnée. Elle avait préféré que le jeune homme fasse ce qu’il avait à faire plutôt que de la suivre dans les dernières heures de la conférence à laquelle ils participeraient encore demain toute la journée, s’en référant à son flair pour assister au bon plateau et se placer au bon endroit, en quête d’un savoir que n’avait pas éclipsé son envie d’être avec Ruben dont les connaissances étaient de rares alliées, mais dont elle était obligée de se passer pour mieux mener à bien le projet qu'ils avaient de faire profil bas. Il fallait qu’elle se recentre, et elle s’était recentrée à une vitesse ahurissante, tout de même un peu contrariée qu’on puisse émettre des commentaires déplacés sur sa présence ici avec lui. C’est vrai qu’elle avait finalement dégainé son nom, mais ça n’avait été que pour assurer leurs arrières, pas pour jouir d’une quelconque facilité d’accès à ce qu’elle avait fini par quitter de toute façon, se calant sur le besoin de Ruben de se rafraîchir et de se changer pour rejoindre le dîner auquel elle ne participerait pas de son côté. Elle n’était pas amère, elle préférait être seule ce soir, et elle le fut plus que jamais.

Elle en profita pour travailler un peu, lister ce qu’elle avait goulument ingurgité l’après-midi même dans ses notes de cours, et étudiée le planning du lendemain en vérifiant de temps en temps son téléphone pour s’assurer de l’heure, mais aussi des notifications qu’elle recevait par intervalles réguliers, messages de Dan qui lui demandait comment elle allait, ce qu’elle faisait. Pour la première fois, elle ne se sentit pas enthousiaste à l’idée de lui répondre, et elle ne le fit pas pour  à la place profiter de la baignoire de sa chambre et prendre un bain qui se prolongea alors qu’elle songeait au scandale induit par l’idée qu'ils avaient joué avec le feu aujourd’hui, Ruben et elle. Pas volontairement à dire vrai, mais il y avait eu quelque chose qui avait forcé les gens qui s’étaient dressés sur leur chemin à les considérer d’une façon étrange qui ne lui déplaisait pas, peut-être parce que dans le fond d’elle-même, elle savait que là où ils se trouvaient, à proximité l’un de l’autre, il y avait souvent de la tension. C’était chimique, elle le savait d’autant plus qu’elle était une fière scientifique qui savait comment fonctionnaient les humains, et qui connaissaient les rapports intraduisibles entre les corps sans qu’aucun contact ne soient établis. D’ordinaire, ça ne manquait pas de subtilité, mais le champ autour d’eux devait être plus magnétique qu’elle ne l’avait imaginé. Ça ne l’effrayait pas, mais ça l’alarmait au point d’être celle qui avait mis sur pied un plan rapide pour calmer les esprits, et forcer Ruben à faire ce qu’il savait faire de mieux : briller. Elle se demandait comment il gérait maintenant, s’il se sentait plus à l’aise que tout à l’heure, quand Nina avait été mentionnée alors qu’elle n’était pas là, Mavis la remplaçant à ses côtés. D’accord pas vraiment, mais à en juger par le regard que ses collègues avaient posé sur elle, elle avait l’étoffe d’une future épouse. Ça la fit ricaner, plonger sa tête sous l’eau, et y rester un instant jusqu’à sentir des petites bulles s’échapper de sa bouche et son nez pour enfin remonter à la surface, et sortir de son bain à l’instant où elle entendit du bruit dans la chambre d’à côté.

Elle se sécha rapidement, enfila sa tenue de nuit qui se résumait à un sweatshirt de sa fac bien trop grand pour elle, puis elle se posa au bout de son lit pour retirer la serviette qui maintenait ses cheveux pendant que son regard, lui, se posa presque de lui-même sur la porte qui communiquait avec la chambre de Ruben. Elle la tentait depuis la veille sans qu’elle n’eut le loisir de trouver le prétexte le plus opportun pour la dépasser, cette foutue porte, mais maintenant elle pouvait se le permettre parce qu’il fallait bien qu’elle vérifie si tout s’était bien passé, non ? Elle n’hésita pas vraiment, elle resta pourtant un moment à passer et repasser sa serviette dans ses cheveux légèrement ondulés par l’eau de son bain, à entendre les bruits feutrés dans la chambre de Ben se répercuter doucement dans sa poitrine qui se souleva quand enfin, elle se décida à se lever de là. Elle coinça un côté de ses cheveux humides derrière une oreille, abandonna sa serviette derrière elle, et se demanda si elle devait frapper à cette stupide porte avant d’en actionner la poignée. Elle ne le fit pas seulement parce que de l’autre côté, on le fit à sa place. Elle fit un pas de recul, laissa la porte s’ouvrir, et presque sur la défensive, alors qu’elle avait l’air d’une biche prise dans les phares d’une voiture, elle fit à Ruben avant même que le bout de son nez ne soit visible dans l’éclairage feutré qui provenait de sa lampe de chevet "J’allais venir te demander comment ça s’est passé." Elle garda le menton levé, capta enfin ses yeux pour prendre la température et anticiper son récit sans réussir à rester suffisamment patiente pour ne pas lui demander, finalement, suspendue à ses lèvres "Comment ça s’est passé ?"

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« Tu viens finalement ? » Apposant sa main sur l’épaule de Chris, Ruben lui adressa son plus beau sourire. « Ton plan à toi avait l’air plus amusant que ce que j’avais de prévu initialement. » Pas véritablement, mais il se devait de vendre un minimum le truc pour qu’il y croit assez fort pour le laisser venir avec eux. Parce-qu’en réalité, Ben n’avait pas plus envie que cela de passer la soirée avec un groupe de médecins qui passeraient bien trop de temps à faire des blagues un brin douteuses parce-que leurs compagnes n’étaient pas présentes; dans un autre monde où il n’aurait pas eu d’autres idées en tête, cela lui aurait semblé être une bonne idée mais aujourd’hui il aurait préféré avoir un autre choix. Sauf que Christopher avait été trop insistant à leurs côtés et surtout auprès de Mavis lorsque leurs chemins s’étaient croisés plus tôt, et ce n’était pas quelque-chose qui plaisait réellement à Ruben - pour mille et une raison. La principale étant malheureusement qu’il se devait de s’assurer qu’il n’allait pas se mettre à parler à tort et à travers de choses qui ne le regardaient en rien, comme il avait sans ménagement commencé à le faire plus tôt dans la journée. Alors s’il devait se farcir un diner auprès de collègues qu’il n’appréciait qu’à moitié, il se farcirait le diner auprès des dits-collègues. Et s’il devait rire un brin trop fort aux blagues douteuses pour cacher son agacement, qu’il en soit ainsi: il savait parfaitement ce qui était en jeu en ces circonstances.

Sa montre affichait une heure déjà assez avancée du début de nuit lorsqu’il glissa la carte de sa chambre d’hôtel dans la fente pour ouvrir la porte. Claquant en douceur cette dernière derrière lui, il soupira longuement: il avait détesté chaque seconde, et ce deuxième whisky de fin de soirée était clairement de trop. Trois verres - deux coupes de champagne et un fond de whisky -, il s’était contenté de trois verres mais le dernier avait été de trop et il s’en serait bien passé. Mais Chris avait insisté lourdement après ses six coupes de champagne et voulant s’en débarrasser le plus rapidement possible pour regagner ses pénates, Ben avait accepté le verre. Il le regretterait d’autant plus demain matin, mais pour le moment il avait autre chose sur laquelle se concentrer: la porte entre sa chambre et celle de Mavis. Parcourant sa chambre d’un côté à l’autre, il alla accrocher sa veste de costume dans le placard, avant de faire volte face et de rester quelques secondes avec le regard planté sur le bois. Il se mordit l’intérieur de la joue: il se devait de rester au plus proche d’un comportement strictement professionnel, c’était ce qu’elle avait demandé et c’était ce à quoi il s’attelait aussi bien que possible depuis qu’ils étaient arrivés sur place. Avec peine, mais il me faisait. Il retira ses chaussures pour les glisser dans le bas de l’armoire avant de refermer la porte de cette dernière. Tout en traversant une nouvelle fois la chambre pour atteindre l’autre table de nuit, Ruben vérifia son téléphone: pas de nouvelles. Ce n’était pas trop étonnant, mais cela n’était pas pour arranger sa vision des choses en ce moment; surtout que l’oreille en permanence tendue au-delà des murs en papier mâché, il avait entendu les pas feutrés de la jeune femme se glisser jusque la porte intermédiaire. Ou imaginait-il que c’était le cas ? Cela pourrait être son imagination - mais ce qui était on ne pouvait plus vrai, c’était ses pas à lui qui s’avançait vers le point de jonction. Et il ne rêvait pas: il entendait bien des petits coups portés sur le parquet de l’autre côté. Alors, sans attendre quoi que ce soit, il saisit la poignée pour ouvrir la porte.

Mavis se tenait derrière cette dernière, et en rien de façon hasardeuse il y mettrait sa main à couper. « J’allais venir te demander comment ça s’est passé » Si le regard de Ben attrapa au vol un instant celui de la blonde - dans lequel il décela une pointe de surprise, surement de s’être retrouvée si rapidement face à lui et qu’il lui ait coupé l’herbe sous le pied -, il ne fit rien pour retenir ses yeux par la suite pour glisser sur le reste de sa silhouette par la suite. Elle sortait de la douche, dommage. « Comment ça s’est passé ? » Ses pupilles firent le chemin inverse, s’arrêtèrent sur les traits de son visage un instant avant qu’il ne fasse demi-tour pour se diriger vers le bureau présent dans sa chambre à lui; comme si la présence de Mavis n’était pas en train de le troubler au plus haut point et qu’il ne devait pas se mordre encore et encore l’intérieur de la joue pour se rappeler de ne pas déraper. « C’était affreusement ennuyant. » Détachant sa montre de son poignet, reportant son attention sur ses gestes, il la déposa sur le bureau. « J’ai eu envie de partir en courant la moitié du diner. » Il n’exagérait même pas, qui plus était; il défit les boutons des manches de sa chemise. « Mais Chris n’a pas dit un mot déplacé, si c’est ce que tu veux savoir. » Relevant son regard vers Mavis, il lui fit une petite moue; parce-que c’était pour ça aussi qu’elle voulait savoir comment s’était passée la soirée, non ? S’attaquant aux boutons de sa chemise qu’il laissa tomber sur le lit sur son trajet entre le bureau et la salle de bain de sa chambre, il haussa un sourcil en direction de la jeune femme - mais laissa un silence presque de trop s’installer entre eux. « Et toi alors ? Comment s’est passée ta soirée ? » Mais là où dans toute conversation normale, il serait resté habillé et dans la même pièce qu’elle pour écouter sa réponse, Ruben n’avait que faire en ce moment des conventions classiques: il défit sa ceinture pour faire glisser son pantalon en même temps qu’il entrait dans la salle de bain - en faisant en sorte de laisser la porte ouverte, bien sur. Elle avait désormais toutes les cartes dans ses mains: si elle souhaitait continuer réellement cette discussion, elle allait devoir le suivre. C’était petit, c’était manipulateur un brin aussi, mais il voulait savoir jusqu’où la ligne invisible qu’elle avait tracé allait en cet instant.

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La surprise de Mavis était authentique, mais elle ne la tétanisa que l’espace d’un instant et c’était celui dont Ruben eut besoin pour la toiser. Il était prévisible le docteur, et Mavis n’était pas née de la dernière pluie. Elle savait à quoi il pensait, c’est d’ailleurs ce qui lui fit arquer un sourcil, très légèrement incliner la tête sur le côté, et puis croiser les bras sur sa poitrine barrée du sigle de son université comme pour faire mine de contrer les pensées qu’elle voyait tourner à plein régime sous la protection offerte par sa boîte crânienne. A d’autres, Barnes. Elle pensait au moins à la même chose que lui, sinon pourquoi faire toute une histoire de cette satanée porte qu’elle venait enfin de franchir comme un palier à une félicité qui n’était pas encore venue, mais qui certifiait son approche par une tension épaisse, à couper au couteau ? Parce que c’était elle qui avait mis un point d’honneur à garder ses distances avec Ruben. Maintenant qu’elle le regrettait, elle n’avait pas envie de se mettre à plat ventre pour lui dire qu’elle avait changé d’avis, emplie de fierté ; pas seulement à cause de la conversation qu’ils avaient eu il y avait quelques jours de ça chez ses parents, encore que ça aurait dû la vacciner de se laisser à nouveau empoisonner par tout ce que le jeune homme avait à lui offrir, mais parce qu’au fond, il lui manquait d’une façon qu’elle n’expliquait que part le besoin ressenti d’être proche de lui. Physiquement bien sûr, il y avait une partie de leur histoire qui se basait entièrement sur cet aspect-ci, mais pas seulement. Aussi, pour cette partie là, la distance avait été gommée l’après-midi-même, quand Ben avait repris son rôle d’enseignant à ses côtés, lui expliquant patiemment les notions sur lesquelles elle semblait buter, lui posant des questions et s’assurant qu’elle avait bien tout assimilé. Alors il ne restait plus qu’une partie à combler, non ? Elle pinça fort les lèvres, affronta le regard du jeune homme avant qu’il ne cède au mouvement et retourne dans sa chambre après un aller-retour sur sa silhouette enveloppée dans ce sweat qu’elle jugea bon de ne baisser plus bas sur ses jambes, le suivant plutôt avec une précaution inutile tant il était clair que son attitude était une invitation silencieuse à ne pas rester plantée là.

Derrière elle, Mavis ferma la porte, puis elle s’y accola en cherchant Ruben du regard pour mieux enregistrer ce qu’il avait à lui répondre, mais aussi pour le regarder s’affairer à se défaire des vestiges de la soirée qu’il venait de passer sans elle. Et c’était fascinant, le ballet qu’il mettait en place pour redevenir un homme comme les autres, son rituel la poussant à laisser un léger sourire lui échapper pendant qu’il lui expliquait comment tout s’était déroulé "Ça m’a paru bien trop long pour que t’y prennes aucun plaisir." Dire qu’elle ne savait pas ce qu’elle disait, ce serait prononcer un mensonge éhonté, mais elle avait eu le temps de se languir de son absence en s’occupant sans vraiment réussir à le faire, elle avait bien le droit de jouer, pas vrai ? Les mains croisées dans son dos toujours posé contre la porte fermée, elle ajouta dans la foulée "C’était qui, les autres invités ?" Qu’elle sache exactement quelles étaient ses chances d’essuyer les regards curieux dès le lendemain si jamais l’insupportable Chris avait un peu trop utilisé sa langue pour amuser la cantonade. Visiblement, ce n’était pas le cas, et ça la rassura dans une certaine mesure qu’elle partagea avec Ruben qu’elle regardait toujours se déshabiller sans se sentir gênée de le faire, plutôt coutumière du fait même si ça faisait un bon moment maintenant qu’ils ne s’étaient pas trouvés dans cette conjoncture "Tant mieux. Je le craignais pas vraiment, mais j’aurais pas voulu que ça continue à tourner à l’arrière de mon cerveau pendant la durée du séjour." Une confession qui ne partait d’aucune angoisse particulière en vérité, plutôt confiante quant à sa capacité à faire profil-bas, mais ce type avait l’air d’une petite fouine malsaine qu’elle ne voulait plus jamais côtoyer, et pas seulement parce qu’il l’avait touchée sans lui demander la permission.

Un court silence s’installa avant que Ruben ne le rompe en continuant de se déshabiller. Elle tacha de garder un regard fixe quand elle comprit ce qu’il était en train de faire, ne cédant pas à la tentation de lui proposer son aide pour défaire sa ceinture, et le défia presque des yeux de le lui demander en retour ; il ne le fit pas, préférant d’autres questions auxquelles elle n’eut pas tellement le temps de répondre en vérité puisqu’il lui tourna le dos pour s’avancer dans la salle de bain. Là encore, Mavis savait très bien ce que ça voulait dire, et elle eut besoin d’un instant de réflexion feint pour ne pas lui laisser l’impression qu’elle n’attendait que ça en vérité. C’était peut-être un piège, c’en était assurément un d’ailleurs, mais elle sentait l’envie en elle de pousser le jeu un peu plus loin pour tacher de remporter cette partie qu’il initiait en toutes connaissances de cause, ayant toujours été celui qui avait le plus de mal à accepter qu’elle puisse le repousser. Elle ne comptait pas le faire, mais elle ne comptait pas se jeter dans ses bras non plus. Pas trop vite, en tout cas. Prenant une profonde inspiration après avoir fermé les yeux, elle se décolla  enfin de la porte pour s’avancer elle aussi dans la salle de bain, et s’appuya par la hanche contre le chambranle de la porte pour lui faire, un sourire en coin affiché sur son visage "Ça t’intéresse vraiment, ou t’essaies juste de meubler la conversation avant de me proposer de te rejoindre sous la douche ?" Ses yeux scannèrent la silhouette de Ruben de haut en bas pour enfin s’arrêter dans ses yeux qu’elle affronta avec l’aplomb qui était le sien, pas impressionnée par sa nudité, ou par le certitude qu’elle avait qu’il savait de toute façon très bien ce qu’il faisait. Elle lui demanda, restant à sa place une seconde, avant de se mettre à bouger celle d’après pour s’approcher du meuble de la vasque sur lequel elle se hissa en ne le lâchant pas des yeux "Pourquoi t’as pris une chambre avec une porte communicante quand je t’ai explicitement demandé de rester à ta place ? J’aurais aussi bien dormi dans une chambre située à un autre étage que la tienne." Elle savait pourquoi, mais c’était jouissif d’entendre Ruben lui répéter encore et encore que, malgré les dernières semaines qu’elle avait passé à ne pas vouloir qu’il l’approche, il continuait de bouillir de la même envie qu’elle de rester proche.

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Elle avait refermé la porte derrière elle - bien sur qu’elle l’avait fait. Pas que cela avait été facile à anticiper, mais presque. Ou plutôt disons que les espérances de Ruben avaient su être comblées à peine quelques secondes après qu’il ait tourné le dos comme si de rien n’était et que Mavis avait décidé d’entrer à son tour dans sa chambre à lui, là où elle avait toutes les possibilités à portée de main pour fermer la porte pour avoir pris l’autre décision, celle de retourner d’où elle venait. Il se garda bien d’esquisser un petit sourire satisfait, parce-qu’il jouait déjà bien trop avec les limites de ce qui lui avait été imposé: il n’aurait même pas du lui laisser la possibilité de rentrer de ce côté là dans un premier temps. « Ça m’a paru bien trop long pour que t’y prennes aucun plaisir. » Il dodelina quelque peu de la tête, contenant de retirer les éléments de sa tenue qui n’allaient pas de paire avec l’idée de se glisser sous la douche dans les prochaines minutes. « C’était pas une soirée horrible, mais j’ai vraiment eu envie de partir pendant la majorité du temps. » Autant parce-que sauver les apparences n’était pas tant amusant que cela, faire attention à ses dires et à ceux de Christopher en permanence était plus fatiguant qu’il n’y paraissait, et parce-qu’il avait aussi hâte de rentrer à l’hôtel - il tairait les raisons de cette partie là. « C’était qui, les autres invités ? » - « Deux gars de neuro de Sydney, dont un que j’avais déjà croisé ici. Harper et Wolff, leurs noms. » Il savait parfaitement qu’elle préférait les avoir même si elle ne connaissait pas les personnes dont il parlait. « Et un interne de Perth qui a été envoyé par un mentor d’un deux gars de Sydney. » Lui était vraiment là juste pour profite de l’instant et rien d’autre; certes, quelques bonnes capacités mais rien d’autre à signaler. De façon générale, il n’y avait rien à signaler d’inquiétant sur la soirée puisque la seule personne qu’ils connaissaient était celui qui s'était imposé à eux plus tôt dans la soirée - et ce dernier n’avait pas pipé un mot plus haut que l’autre. « Tant mieux. Je le craignais pas vraiment, mais j’aurais pas voulu que ça continue à tourner à l’arrière de mon cerveau pendant la durée du séjour. » Ruben laissa échappé un soupire silencieux de son côté: ça continuerait à tourner à l’arrière de son cerveau le reste du séjour de son côté dans tous les cas.

Ce ne fut pas pour autant qu’il ne continua pas son petit manège: il voulait voir jusqu’à où il pouvait se permettre d‘aller avant qu’elle en fasse le moindre commentaire. Après tout, c’était elle qui était venue jusque sa porte et non l’inverse - elle aurait peut-être du mal à se rappeler de cette partie là de l’histoire si elle suivait son mouvement trop loin, mais il saurait lui rappeler sans hésiter. Alors bien sur qu’il fit abstraction de sa présence et continua son bout de chemin jusque la salle de bain, vêtements oubliés sur le sol de sa chambre, question laissée en suspens sur son chemin alors qu’il lui tournait le dos. Oh, elle mit un instant de trop peut-être à venir jusque lui, mais il savait que c’était quelque-chose de mesurée: il avait appris à reconnaitre certains détails à force. Lui se contentait de fourrer sa brosse à dents dans sa bouche, désireux de se débarrasser du gout du whisky sur son palais le plus rapidement possible. « Ça t’intéresse vraiment, ou t’essaies juste de meubler la conversation avant de me proposer de te rejoindre sous la douche ? » Il cracha dans le lavabo, ne daigna même pas tourné son regard vers elle. « Ca m’intéresse vraiment. » Il se rinça la bouche avant cette-fois de lui accorder un regard. « Et je t’inviterai pas sous la douche avec moi. » Il prononçait ses mots comme s’il s’agissait là d’une réponse logique et simple - parce-qu’il n’avait pas l’intention de le faire, aussi simplement que cela. Son comportement trompait, il le savait, mais il l’avait dit: il ne dépasserait pas la limite imposée.

Regarder n’était pas exclu des promesses en revanche, alors bien sur qu’il détailla chaque des gestes de Mavis lorsqu’elle s’approcha du meuble de salle de bain pour s’y retournée perchée la seconde suivante - il aurait préféré effectuer ce geste lui même, et se mordit l’intérieur de la bouche de penser ainsi. « Pourquoi t’as pris une chambre avec une porte communicante quand je t’ai explicitement demandé de rester à ta place ? J’aurais aussi bien dormi dans une chambre située à un autre étage que la tienne. » Son regard ne se délogeait pas pour autant de celui de la jeune femme. « C’est pas moi qui ai choisi. » Et promis: il ne mentait pas sur ce point là. « Mais je le savais avant d'arriver ici, c’est vrai. » Il pouvait au moins concéder cette partie là; l’employé de l’hôtel qu’il avait eu au téléphone avait précisé avec entrain avoir changé sa réservation inutile pour cette nouvelle, et Ruben n’avait pas tenté de modifier quoi que ce soit puisque cela ne changeait rien dans les faits. « Et je reste à ma place, je te fais remarquer. » Ce n’était pas un reproche, ni une remarque sur un ton défensif qu’il se permettait; il se contentait d’établir à haute voix la vérité. « Tu t’es invitée dans ma chambre alors que je m’apprêtais à aller prendre une douche, et je compte prendre une douche dans tous les cas avant de me coucher. » Donc qu’importe sa présence ou non ici, il aurait agi comme il le faisait en cet instant. Reculant de quelques pas, il ouvrit l’eau sous la douche pour faire chauffer cette dernière, croisant les bras sur son torse. « On peut quand même avoir cette discussion en parallèle, ça change rien. » Celle à propos de sa soirée à lui loin d’elle, il sous-entendait; la conversation qui importait pour la suite des événements au sein du séminaire. « Si ça te gène de trop, on peut la reporter à plus tard. » Oh, Ben savait que ce n’était pas le cas. Et il savait qu’il jouait aussi avec le feu, parce-que cela donnait sur un plateau d’argent à Mavis l’opportunité de regagner sa chambre en le laissant ici. Il n’aimait pas l’idée car s’il s’accrochait à celle de rester effectivement sage, il appréciait un peu trop l’idée qu’elle soit venue le retrouver ici. Haussant un sourcil, il finit par se glisser sous l’eau de la douche, gardant son regard tourné vers la jeune femme; il ne l’avait pas explicitement invitée à le rejoindre, mais si elle le faisait il ne l’enverrait pas voir s’il se trouvait ailleurs. « T’as pas répondu à ma question. Comment s’est passée ta soirée ? » Avait-elle attendu son retour malgré elle ?

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@Ruben Hartfield (crédit gif/harley)

Le préambule de leur conversation n’était que ça, un préambule ; inutile et creux, fait uniquement pour se rassurer sur la suite de quelque chose qui n’aurait qu’une moindre importance dans leur vie une fois qu’ils rentreraient à Brisbane. Mavis se fichait bien des noms de ceux avec qui Ruben s’était retrouvé ce soir tant qu’ils ne se sentaient pas l’âme de colporteurs qui suivraient la tendance en se référant aux soupçons de Chris, celui qui l’inquiétait plus que les autres. Du reste, elle imaginait au fond que ce dîner avait dû être barbant pour Ben.
D’où son besoin évident de reprendre les choses en mains, et de se montrer plus joueur maintenant qu’il avait retrouvé l’intimité de sa chambre d’hôtel, moyen comme un autre de faire passer la pilule des dernières heures passées à essuyer l’ennui des convenances. Mavis savait bien jouer, particulièrement avec lui, et elle ne mit pas bien longtemps à commencer la partie, suivant le mouvement d’un Ruben qu’elle ne quitta des yeux qu’une fois qu’il disparut de sa vue. Elle ne savait pas où ils allaient comme ça si elle devait être tout à fait honnête, mais l’attraction était forte, et l’envie de savoir exactement où Ben irait si elle lui en donnait l’occasion, elle l’était davantage. Rendue dans la salle de bain, restée à proximité de la porte pour le moment, elle laissa un léger rire lui échapper à ce que lui, il lui répondit à propos de ses véritables intentions concernant l’interrogatoire qu’il lui faisait subtilement passer. Est-ce que ça l’intéressait, est-ce que ça aussi, ce n’était pas qu’un préambule à quelque chose qui lui faisait envie ? Elle secoua la tête "Non, tu m’inviteras pas. Tu vas attendre que je le fasse toute seule comme une grande parce que t’es convaincu que j’en meurs d’envie." Et c’était presque un aveu qu’elle faisait sur le ton de la mauvaise foi, bien décidée à garder la face malgré les provocations du jeune homme qui s’affaira tandis qu’elle, elle rentrait plus loin dans la salle de bain.

Juchée sur son perchoir, elle continua à l’observer, aimantée par la manière qu'il avait de bouger et d’agir en laissant de côté toute forme de pudeur pour lui laisser croire que cette satanée porte, celle qui représentait une passerelle vers quelque chose qu’elle avait refusé d’envisager ces dernières semaines, ce n’était qu’une anecdote de moindre importance. Pourtant, elle l’avait trouvé derrière, et elle entendait bien le lui faire remarquer "Je dis juste que t’aurais pu me prévenir." Ça n’aurait rien changé, ils le savaient tous les deux. Elle arqua un sourcil, croisa lascivement ses jambes lorsqu’il souleva sa place, celle à laquelle il restait ; son créneau était là pour lui rappeler que c’était lui qui avait ouvert la porte, pas le contraire, alors elle ne s’en priva pas, son dos finissant par se coller contre le miroir pendant que lui, il filait enfin sous la douche "Je me suis pas invitée. Je m’apprêtais à entrer pour te demander comment ta soirée s’est passée, et tu te trouvais derrière." Il avait actionné la poignée de la porte, il l’avait laissé ouverte "T’aurais pu juste me répondre que tout s’est bien passé au lieu de chercher à me faire entrer. J’ai fait que suivre le mouvement pour avoir ma réponse, et tu le sais." Encore une fois, leur besoin maladif d’avoir le dessus sur l’autre, ils les amenaient à tourner autour du pot histoire de préserver leur ego, mais Mavis ne voulait pas que Ruben lui incombe la tension épaisse qui régnait entre eux. Il suffisait de le regarder pour se rendre compte qu’il l’alimentait, l’eau dévalant son corps de bas en haut, ses mains repoussant les trombes qui claquaient doucement sur ses muscles en la fixant comme il était en train de le faire. Si elle resserra un peu le croisement de ses jambes, ce n’était pas seulement pour affirmer l’idée qu’elle resterait droite sous ses appuis malgré les paroles du jeune homme, mais bien parce qu’elle n’était qu’une femme qui savait parfaitement quel genre de jouissance on gagnait à céder aux avances de Ruben Hartfield. Le tableau qu’il lui offrait là, ce n’était pas seulement une extension de la vie normale qu’il ne voulait pas bousculer pour sauver les apparences : c’était un appel qu’il rendait de plus en plus assourdissant à chaque fois que l’eau rentrait en contact avec sa peau.

Ça ne la gênait pas d’entretenir une conversation avec lui dans ses conditions, mais elle n’était pas infaillible, et elle n’avait au fond pas envie d’être celle qui céderait à quoi que ce soit, habituée à rester sur ses idées fixes. Curieusement, c’est elle qui rompit le contact visuel avec Ruben quand elle sentit la chaleur grimper de ses chevilles à son bas-ventre pendant qu’il faisait ses petites affaires avec l’insolence de ceux qui savent ce qu’ils provoquent. Mavis serra ses lèvres l’une contre l’autre, finit par descendre du meuble sur lequel elle était juchée en sautant très prudemment pour que ses pieds nus retrouvent le sol, et haussa les épaules en daignant enfin répondre à la question qu’il lui reposa dans la foulée "Comme toutes les autres, j’ai travaillé." lui répondit-elle sans donner plus détails, préférant se charger de déplier une serviette éponge qu’elle alla poser sur le sèche-serviette en route histoire qu’une fois que monsieur sorte, il se sente à l’aise enveloppé dans la douceur tiède de l’éponge plutôt que celle de ses bras qu’elle avait envie de lui offrir au point que ça lui faisait mal quelque part de lui dire ce qu’elle lui adressa en restant à bonne distance de la cabine de douche "La première conférence commence tôt demain, je vais pas m’attarder." Une annonce faite sur le ton usuel de la conversation alors que son regard restait fiché dans le sien, et qu’elle ajouta après une poignée de secondes à peser le pour et le contre "On reprendra cette discussion plus tard, ou on peut aussi faire en sorte que personne ne se pose plus de questions demain." En décidant de s’y rendre séparément, en décidant de se tenir plus à distance encore. Elle voulait s’en aller, mais elle resta flanquée là quelques secondes encore ; avant de reprendre vie, de secouer imperceptiblement la tête pour s’inciter à se remettre en mouvement, toupillant en même temps sur elle-même, alors qu’elle ajoutait avec la sagesse d’une adulte en construction "La nuit porte conseil, alors dors bien."

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« Non, tu m’inviteras pas. Tu vas attendre que je le fasse toute seule comme une grande parce que t’es convaincu que j’en meurs d’envie. » Lui en mourrait d’envie. Ce n’était pas la question posée ici, il n’y avait même pas de question posée en réalité, mais lui mourrait d’envie qu’elle prenne le gauche une fois de plus. Il savait parfaitement qu’elle jouait avec lui et qu’elle était celle ayant imposée les limites des actions autorisées ou non dans celle nouvelle danse, qu’elle possédait au creux de sa main bien plus de pouvoir qu’elle n’aurait du en avoir sur lui, mais ça n’importait plus depuis trop longtemps désormais: il en mourrait d’envie. Et s’il n’avait pas à coeur de lui prouver qu’il savait se tenir contrairement à la réalité, Il aurait prononcé ces mots là à haute voix - mais ils étaient au moins autant borné l’un et l’autre, c'était un fait qui dans d’autres circonstances l’aurait fait sourire. « Ou peut-être parce-que c’est toi qui fixe les limites à ne pas dépasser. » Ou peut-être parce-que lui en mourrait d’envie, que cela se voyait dans la brillance de son regard, dans la façon qu’il avait de restreindre ses gestes à une routine qui n’en avait que le nom afin de se préparer à aller se coucher.

« Je dis juste que t’aurais pu me prévenir. » - « J’aurais pu. Ca n’aurait rien changé. » L’aurait-elle cru, à ce moment là, si Ben l’avait prévenu en précisant que ce n’était pas lui qui avait choisi cette option ? Elle aurait remis sa parole en cause, c’était sur. Aurait-il changé la réservation si Mavis lui avait demandé de le faire à la suite ? Probablement,  toujours dans cet optique de se racheter à ses yeux - mais cela aurait été fait avec toute la mauvaise volonté du monde et sans de véritables efforts. « Je me suis pas invitée. Je m’apprêtais à entrer pour te demander comment ta soirée s’est passée, et tu te trouvais derrière. » - « Tu venais me voir. » C’était la seule partie qu’il retenait, et il ne le cachait même pas. « T’aurais pu juste me répondre que tout s’est bien passé au lieu de chercher à me faire entrer. J’ai fait que suivre le mouvement pour avoir ma réponse, et tu le sais. » - « Mais tu venais me voir. » Gardant une expression neutre sur le visage en toutes circonstances dans cette conversation, la malice de sa réponse pouvait être perçue uniquement à travers son regard - qu’il ne savait délogé de celui de la jeune femme, alors qu’il continuait pourtant de s’affairer ici et là afin de finalement se glisser sous la douche. Elle était venue le voir, là où elle aurait simplement pu attendre le lendemain pour lui demander comment c’était passé la soirée, là où elle aurait pu aller dormir bien plus tôt sans se soucier de quoi que ce soit. Elle était venue le voir - il restait en boucle sur cette idée, cela devenait presque embarrassant que d’être dans sa tête. Elle était venue le voir - et cela lui plaisait un brin de trop, plus qu’il n’aurait du y accorder d’importance.

L’eau ruisselait sur sa peau au fil des poignées de secondes qui défilaient, ses mains chassaient cette dernière de son regard de temps à autre pour qu’il puisse le laissé ancré dans celui de la blonde en tout temps. Et bien sur que pour le reste du processus, il aurait préféré sentir les mains de Mavis sur son épiderme plutôt que les siennes, sans restreindre le moindre effet que cela pouvait lui faire que d’apprécier cette pensée. Cela alimentait et épaississait la tension présente entre eux, bien sur il en était parfaitement conscient; mais il n’était pas dérangé par cette scène et ne comptait pas y mettre fin - alors si c’était son cas à elle, elle pouvait clairement le dire et revenir d’où elle venait. Ce n’était pas ce dont il avait envie, mais l’option existait malheureusement.

Une certaine satisfaction se saisit de lui lorsqu’il vit qu’elle fut la première à rompre le contact visuel; un rictus s’était dessiné au coin de ses lèvres, si fin et si rapide qu’elle n’eut le temps de le voir et c’était peut-être tant mieux de cette sorte. Par la suite, Ben observa en détail les mouvantes qu’elle fit pour descendre avec grâce du meuble sur lequel elle s’était perchée avant qu’il ne se glisse sous le jet d’eau chaude. « Comme toutes les autres, j’ai travaillé. » Dans un sens, lui aussi avait travaillé - ce n’était pas pour la même finalement en revanche. « Sur les conférences du jour ? » Avait-elle ressassé les choses qu’il lui avait appris entre deux phrases prononcées par les intervenants qui passaient sur scène, en contre bas de l’amphithéâtre ? Toujours dans un ensemble de gestes qui se moquaient presque d’une normalité dont ils ne bénéficieraient jamais, Mavis alla accrocher une serviette en sortie de douche pour que Ruben puisse se couvrir lorsqu’il aurait terminé. Le tissu était assez grand pour qu’ils se retrouvent tous les deux, si jamais elle décidait de changer d’avis dans les prochaines minutes. « La première conférence commence tôt demain, je vais pas m’attarder. » Ses noisettes avaient accroché de nouveaux ses émeraudes, et elle pourrait facilement y lire la déception autant que la frustration d’entendre de tels mots de sa part à elle dans son regard à lui. « Tu peux louper la première conférence, si jamais tu manques de sommeil. » Ce n’était pas dans cette optique là qu’ils étaient venus jusque Sydney, mais louper une présentation sur la totalité de leur présence sur place, ce n’était pas malheureux. Et surtout: elle ne manquait pas encore de sommeil, mais si c’était quelque-chose qu’elle souhaitait envisager les paroles de Ben étaient assez explicites en la matière. « On reprendra cette discussion plus tard, ou on peut aussi faire en sorte que personne ne se pose plus de questions demain. » Cette partie là était envisageable à part du reste et peut-être effectivement à considérer. Il n’avait pas encore envie de se pencher sur cette partie là - ils auraient tout le temps du monde le lendemain matin pour se poser ce type de questions là. « Y’a pas besoin d’attendre plus tard. »

« La nuit porte conseil, alors dors bien. » - « Je sais d’avance que je vais pas trouver le sommeil. »

Elle était déjà dos à lui, mais encore largement à portée de paroles alors elle entendrait ses mots sans effort. Coupant l’eau et s’extirpant de la douche, attrapant la serviette qu’elle avait mis à sa disposition quelques instants plus tôt, Ruben resta derrière elle encore un instant à l’observer. Il ne trouverait pas le sommeil en sachant qu’elle mettait un point d’honneur à rester dans la chambre de l’autre côté de la porte là où elle pourrait partager son lit. « Peut-être que tu auras plus de chance que moi et que tu réussiras à dormir, alors bonne nuit à toi. » Et ce fut avec une voix bien plus rauque et surtout chargée d’amertume qu’il avait prononcé ces derniers mots: il n’avait aucune envie qu’elle s’en aille, mais il se devait de rester dans le droit chemin. C’était Mavis lui-même qui lui avait demandé d’agir de la sorte, parce-qu’il avait été trop loin les fois précédentes. Bien sur Ben avait envie de tout envoyer valser et d’emporter la jeune femme avec lui jusque son lit - elle n’avait pas cédé à le rejoindre sous la douche, son égo était blessé mais il avait accepté dès qu’ils avaient commencé à se fréquenter plus régulièrement que son égo n’en ressortirait jamais réellement indemne. Se contentant de faire quelques pas en avant pour se retrouver derrière la blonde, son dos tourné dans la diction du chirurgien, la peau de Ruben s’électrisa seule à se trouver à une telle proximité de Mavis. Il n’avait plus besoin de forcer sur sa voix pour se faire entendre tant il n’y avait plus qu’une poignée de centimètres entre eux. « Fais de beaux rêves Mavis. » Il ne cherchait même pas à cacher le ton lascif qu’il souhaitait donner à ses paroles, alors qu’avec beaucoup d’efforts il fit en sorte de contourner la jeune femme pour rejoindre la partie chambre de la suite - laissant sa serviette choir sur le chemin, ajoutant de l’huile sur un feu qu’il aurait plutôt du éviter d’attiser s’il avait voulu être cohérent entre ses gestes et ses paroles. Mais Ruben n’avait pas envie de l’être, il prétendait que c’était là de sa volonté alors qu’il se consumait de l’intérieur au fil des secondes où ils se trouvaient dans la même pièce sans pouvoir laisser libre court à ses envies.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/harley)

Elle était venue le voir oui, elle n’était pas sotte au point de nier l’évidence. Une partie d’elle savait que si elle n’avait pas fait le premier pas, Ruben aurait été celui qui se serait présenté à elle. Elle aurait dû démontrer un peu plus de jugeote, mais son impatience s’était jouée d’elle, et voilà qu’elle se retrouvait à se battre avec les règles qu’elle avait imposé à quelqu’un qu’elle mourrait d’envie d’embrasser et de toucher. Ce serait si simple d’assouvir tout ce qui lui passait par la tête à chaque fois qu’elle posait son regard sur Ben, mais elle se souvenait que trop bien de la dernière fois, dans le dressing de ses parents ; c’était elle qui avait dépassé sa propre limite en l’embrassant après une conversation à coeur ouvert, et ça lui avait déjà donné bien trop de grain à moudre pour ne pas vouloir réitérer et se sentir obligée de comprendre pourquoi le docteur l’attirait autant alors qu’elle tenait à ce qu’il garde ses distances, trop prompt à la possessivité. Elle n’avait pas envie d’arriver à une conclusion évidente, elle n’avait pas envie d’admettre qu’en une année passée à se fréquenter, elle commençait à s’attacher autant à lui qu’à ce qu’il représentait. Pourtant c’était le cas dans une certaine mesure, et ça la dérangeait parce que ça allait à l’encontre du bon sens qu’elle avait d’ordinaire, maîtresse d’un jeu qu’elle avait initié par appât d’un avenir qui s’il lui était prospère par défaut, n’était pourtant pas si facile que ça à atteindre. Avec Ruben, ça le devenait, et cette constatation ne lui plaisait pas puisque ça ne voulait dire qu’une seule chose : elle dépendait de lui, et elle n’aimait pas ça.

Ils s’évertuaient à continuer de discuter alors que Mavis était sur le départ, prête à enfouir ses plus profondes frustrations pour ne pas offrir l’opportunité à Ruben de gagner. Il l’interrogea sur le fruit de son travail, celui qu’elle lui disait avoir accompli alors qu’elle pensait à lui, assit à une table où elle n’était pas, appliqué à sauver les apparences pour faire taire les racontars. Elle inclina la tête sur le côté, posa sur lui un dernier regard scrutateur, le galbe de ses muscles renforcé par le relief de l’eau qui coulait toujours sur lui "Pas seulement, non. J’ai des examens la semaine prochaine." Comme si ça l’intéressait vraiment, elle lui répondit, mais elle n’avait qu’une hâte, et c’était de sortir de cette salle de bain pour ne pas être tentée davantage. Mais Ben était malin, c’était encore ça qui était le plus attirant chez lui. Elle s’apprêtait à se retourner, sauf que ce qu’il lui dit, ça la força un instant à camper sur sa position, et à plonger ses yeux dans ceux du jeune homme qui lui, se préparait à sortir de la douche en lui rappelant qu’il y avait toujours une possibilité de rater une conférence pour rattraper ses heures de sommeil si elle en manquait quelques-unes. Elle le détestait tellement à ce moment-là, ce petit prince qui pensait que tout lui était dû parce qu’il avait du talent, du charisme et une intelligence à donner des complexes. La voix blanche malgré son regard fixe, elle lui fit sans manquer d’aplomb malgré le battement ininterrompu de son coeur dans sa poitrine "Il est à peine minuit, j’aurais mon compte, t’en fais pas pour moi." À moins qu’il avait d’autres projets pour elle ? Elle ne lui posa pas la question, se satisfaisant des mots qu’il accorda au conseil qu’elle lui donna, et sur lequel elle ne rebondit pas, prête à s’en aller pour de bon.

Mais de nouveau, il s’adressa à elle, et la tension qu’elle sentit émaner de son corps, même alors qu’elle lui tournait le dos, il la traversa comme un courant électrique qui la cloua sur place à la seconde où il la frôla pour s’en aller tout en lui souhaitant de bien dormir. C’était ridicule au fond de résister, non ? Jusqu’alors, aucun d’eux n’avait joué à l’effarouché. Mavis pouvait se targuer de connaître tout de Ruben, jusqu’au moindre de ses tatouages,  jusqu’au moindre souffle d’idée qui traversait son cerveau si brillant, alors à quoi ça servait de faire semblant que ce n’était pas quelque chose qui lui manquait, d’avoir la sensation d’être à lui tout en bravant un interdit puni par l’opprobre ? Elle le regarda partir en se débarrassant de sa serviette, convaincue elle aussi qu’elle ne réussirait pas à dormir de toute façon, s’imaginant déjà passer sa frustration sans son aide, juste en repensant à toutes les fois où ils s’étaient retrouvés ensemble en n’ignorant pas qu’ils jouaient un jeu dangereux, et que c’est parce qu’ils y prenaient goût que ça avait duré aussi longtemps. Elle bascula sa tête en arrière, elle voulut se donner bonne conscience en se disant qu’elle avait assez tenu la distance, à respecter ces foutues règles qu’elle voulait balayer d’un revers de main parce qu’elle n’était pas naïve, et qu’elle savait  exactement pourquoi Ruben avait voulu qu’elle se rende ici avec lui : pour la faire flancher, et il avait réussi.

Elle s’avouait vaincue, et tant pis si ça mettait en avant sa pauvre nature de créature terrestre : elle avait déjà fait bien pire que ça, elle saurait s’en relever "Ben." Elle s’entendit l’appeler pendant qu’elle le suivait hors de la salle de bain. Elle passa une main dans ses propres cheveux encore un peu humides, attendit qu’il se retourne pour s’approcher de lui sans attendre un instant de plus, et se hissa sur la pointe sur ses pieds nus pour que son visage soit à hauteur du sien sans avoir besoin de lever le menton. Ses deux mains, soignées et habiles, se saisirent de son visage, encerclant ses mâchoires, et son souffle chaud, elle le retint un instant pour le relâcher doucement quand elle lui dit, sérieuse "Je te déteste. Y a pas pire moment pour essayer de me mettre dans ton lit, j’espère que t’en as conscience ?" C’était un mensonge, qu’elle le détestait, si on s’arrêtait sur la manière qu’elle eut d’enfin l’embrasser à ce moment-là, son corps encore enveloppé dans son sweat se mouvant pour épouser le sien pendant que ses lèvres retrouvaient la sensation de celles de Ben contre les siennes. Elle l’embrassa avec avidité le temps de quelques secondes, et se recula juste assez pour ajouter dans un souffle entrecoupé par son désir "Tout l’étage est occupé par des médecins qu’on verra demain à la conférence." Et alors ? Les murs étaient épais, et ils avaient déjà assez de fois bravé les interdits pour ne pas redouter la sécurité d’une chambre d’hôtel, plus habitués à la dangerosité d’un bureau mal isolé. Mais c’était pour se donner bonne conscience qu’elle soulevait ce détail, ayant déjà envie de l’embrasser à nouveau, et plus encore. Il lui avait manqué, mais elle ne voulait pas le lui avouer maintenant. Sa langue mêlée à celle de Ruben, et le bout de ses doigts glissant le long de son torse parlaient pour elle de toute façon : ça lui avait manqué de le sentir aussi proche de lui, de sentir son désir l’envelopper alors que paradoxalement, elle se déshabillait en n’en pouvant plus que sa peau brûle sous l’expectative des caresses d’un Ruben qui l’avait à sa merci.

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@mavis barnes

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(c): summer (gif), luleaby (codage).

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« Pas seulement, non. J’ai des examens la semaine prochaine. » Hm. Pas que la réponse ne lui plaisait pas, mais disons qu’il aurait préféré entendre clairement qu’il avait au moins pris une petite place dans ses pensées à un moment donné - plutôt que de l'entendre mettre en avant des examens qu’ils savaient tous deux à portée de main de la jeune prodige qu'elle était. « C’est bien. » Il n’aurait pas été l’un de ses mentors, il n’aurait pas pris la peine d’ajouter cette remarque là - mais une partie de lui se devait bien d’agir de la sorte, non ? Car l’autre partie était clairement en train de laisser son regard glisser le long de la silhouette de Mavis alors qu’il se tenait nu sous la douche, alors ce moindre effort l’était justement, moindre. « Il est à peine minuit, j’aurais mon compte, t’en fais pas pour moi. » Oh, il s’en faisait pour elle, bien sur qu’il s’en faisait pour elle car le jeu qu’ils partageaient et la danse qu’ils menaient pouvaient ne pas terminer de la manière dont les limites avaient été érigées initialement. Si ces dernières étaient entièrement de la faute de Mavis - si c’était lui qui avait pris les décisions, il n’aurait pas existé de limite justement -, il ne mettrait qu’un temps à avouer qu’il participait à les faire tomber avec un peu trop d’assiduité pour que cela soit raisonnable. Bien sur que Ben avait fait en sorte que Mavis vienne avec lui jusque Sydney pour que les choses puissent s’arranger entre eux, parce-qu’il n’appréciait en rien ne pas savoir comment se tenir à ses côtés. Il n’avait pas anticipé cependant l’épisode chez les parents Barnes où les confidences avaient été de mises et où l’intimité entre eux avait été retrouvée le temps d’un baiser. Mais il n’allait pas s’en plaindre: cela rendait les choses plus intéressantes pour aujourd’hui, plus faciles aussi s’il était franc sur ce qu’il se passait entre eux, autour d’eux, dans cette chambre au sein de laquelle la tension était plus épaisse que l’air.

Contournant Mavis après lui avoir souhaité bonne nuit, il venait de jouer sa dernière carte - ou au pire, son avant-dernière. Si elle ne cédait pas maintenant, le dernier mouvement qu’il lui resterait à jouer serait de lui-même se rendre dans sa chambre à elle par la suite. Si elle ne cédait pas maintenant aussi, cela voudrait surement dire qu’ils avaient joué trop loin et que l’amusement n’était plus de mise - et il s’en mordrait les doigts. Parce-qu’au delà de ses envies plus qu’évidentes dressées à l’intention de Mavis, sa présence lui manquait. Son intellect lui manquait. Même sa façon de le remettre en place quand d’autres n’osaient guère y penser lui manquer. Il était une autre version de lui-même à ses côtés; pas la meilleure, mais une qui le forçait à s’améliorer. Et ça, ce pouvoir, peu de personnes sur cette planète l’avait sur lui. Alors oui, il s’en mordrait les doigts s’il arrivait à atteindre son lit et qu’elle ne suivait pas le mouvement, si elle décidait de rejoindre sa propre chambre avant même que sa tête à lui n’ait le temps de toucher l’oreiller. Un instant, un second - « Ben. »

Il sut qu’il avait gagné.

Rien qu’à la façon dont elle l’interpella, il sut qu’il avait gagné: elle cédait aux propres limites qu’elle avait imposé à leur situation. Tournant sur lui-même, Ruben n’eut même pas le temps de la chercher du regard qu’elle était déjà à ses côtés, que ses mains capturait déjà son visage et qu’il la laissait faire sans imposer le moindre geste d’opposition. « Je te déteste. Y a pas pire moment pour essayer de me mettre dans ton lit, j’espère que t’en as conscience ? » Il aurait bien ajouté qu’il n’en avait absolument rien à faire de savoir si c’était le meilleur ou le pire moment - à partir de l’instant où il agissait de la sorte dans le dos de sa fiancée, il n’existait pas de temporalité parfaite de toutes façons -, mais Mavis ne lui laissait qu’à peine le temps d’esquisser le moindre sourire alors que déjà, elle l’embrassa. Et il ne retint en rien le soupire de soulagement que cela lui procura, à lui, de sentir ses lèvres sur les siennes comme s'ils reprenaient tous deux enfin leur souffle après trop de temps à se retrouver séparés. La faute de qui, encore une fois. Bien sur que d’instinct, en une fraction de seconde, ses mains à lui se glissèrent tout contre le corps de Mavis pour l’attirer si cela était même possible davantage contre lui, l’entourant de ses bras avec aucunement l’intention de la laisser s’échapper désormais. Elle avait dit qu’elle avait encore largement le temps de faire une bonne nuit de sommeil, non ? Il savait d’avance qu’elle s’était exprimée trop rapidement sur la question.

« Tout l’étage est occupé par des médecins qu’on verra demain à la conférence. » Ruben avait désormais définitivement le sourire du conquérant ancré sur ses lèvres, alors qu’il haussait un sourcil avant de glisser son nez le long de l’arête de la mâchoire de la blonde, soufflant les prochains mots au creux de son oreille d’une voix ayant perdu quelques octaves. « Mavis, s’il faut que je t’embrasse le reste de la nuit pour être sur d’étouffer tous les sons pouvant trahir le plaisir que tu prends avec moi, crois moi que je le ferrai. » Ce n’était absolument pas ça qui lui faisait peur, au docteur: ils avaient fait pire, ils avaient fait plus dangereux. Ici, ils étaient presque au summum du confort de la trahison. Et puis, il avait parfaitement compris que ce n’était là que des paroles glissées pour se donner bonne conscience, alors qu’elle se reculait de lui pour retirer le peu de vêtements qu’elle avait passé en sortant de sa salle de bain. Avant de la recueillir contre lui de nouveau, de laisser son souffle se mêler au sien, il ne se priva pas pour laisser son regard glisser avec une lenteur irritante sur la moindre parcelle de peau qu’il pouvait de nouveau voir - de celle qui lui avait été interdite d'accès ces dernières semaines. Ca lui plaisait, d’être de retour dans cette zone autorisée. Et comme si elle lisait le besoin chez lui de lui confirmer que c’était le cas, elle revint à sa place initiale tout contre lui, ses lèvres ne sachant faire autrement que de trouver celles d’un Ruben avide de les retrouver. Ses mains entourant d’abord son visage un instant, et un autre, avant de s’en détacher pour laisser la pulpe de ses doigts glisser le long de son épiderme, passant sur ses côtes, ne se gênant pas pour glisser le long de ses reins ensuite, avant que ses mains n’aillent se loger à plat sous ses fesses pour qu’il puisse sans aucun effort venir la soulever et l’emmener avec lui jusqu’au lit.

Là, l’allongeant avec une douceur qu’il ne montrait qu’à de rares occasions, Ruben releva son visage pour l’observer un instant. Il mourrait d’envie de continuer sur leur lancée, mais ils n’étaient pas pressés; et pour une fois il avait envie d’en profiter. Alors, laissant ses mains remonter le long du corps de Mavis pour aller attraper ses paumes, glisser ses doigts entre les siens, il releva leurs quatre mains en dessus de la tête de la jeune femme. Son regard s’ancrait au sien, et il sut d’avance qu’elle pourrait y lire que les paroles qu’il s’apprêtait à prononcer étaient d’une vérité qu’il n’aurait aucune arme de nier. « Tu m’as manqué. » Si elle ne lui avouait pas la même chose en retour, pour une fois Ben ne serait pas vexé: il avait compris que c’était le cas aussi. « M’ignore plus jamais, s’il te plait. » Reprenant des paroles qu’elle lui avait elle-même adressé un an plus tôt, alors qu’ils s’adonnaient au plus vieux plaisir de l’histoire après avoir joué au chat et à la souris pendant trop longtemps. Là où Mavis lui avait donné un ordre à l’époque, il la suppliait désormais de son côté aujourd’hui. En l’espace de deux instants, Ruben s’était montré vulnérable et s’était excusé - et bien sur que cela allait bien plus loin que simplement une façon de la mettre dans son lit: c’était sincère, son regard le prouvait bien plus que les mots, alors qu’il se penchait avec une lenteur insupportable pour l’embrasser de nouveau.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/harley)

Mavis n’avait qu’un regret sur l’instant, et c’était d’avoir attendu aussi longtemps avant d’envoyer valser sa fierté pour retomber dans les bras de Ruben. Elle n’oubliait pas ce qu'il était capable de faire ni même la manière qu'il avait de trouver ça logique de lui reprocher ses fréquentations quand lui, il s’apprêtait à convoler en noces, mais le jeu avait assez duré. Elle ne se lassait pas rapidement quand il était question de compétition Mavis, joueuse née, mais il en allait de la santé de son esprit qui devenait fou chaque fois qu’elle posait les yeux sur le jeune homme dont elle retrouva le goût des lèvres sans se faire prier davantage. Lui aussi se refit bien vite à ce contact avec elle, l’arête de son nez esquissant le contour de sa mâchoire qu’elle crispa en serrant les lèvres pour retenir la somme de son désir qui ne faisait que grimper, ses doigts marquant leur impatience contre la peau de Ben qu’elle sentait chaude sous ses doigts fermement enfoncés dans ses épaules. Le murmure de sa voix lui arriva directement à l’oreille, et elle eut besoin d’être plus proche encore de lui. Alors elle l’agrippa plus fort, nicha son propre nez dans l’espace de sa clavicule qu’elle pouvait atteindre en se hissant sur la pointe des pieds, et lui murmura en retour, alors qu’elle s’était inquiétée de la musique qu’ils laisseraient filtrer par-delà les murs de cette chambre quand tout l’étage était occupé par des collègues ; à sa manière Ruben la rassura, faisant monter l’expectative encore et encore "C’est une très, très, très bonne réponse." Il était insupportable d’ailleurs, à toujours avoir réponse à tout, et ça la fit sourire avant qu’elle ne ressente le besoin prégnant de sentir sa peau contre la sienne. Elle le rejoignit dans sa nudité, se défaisant de ce qui deviendrait vite inutile à leurs intentions, retrouvant ses lèvres dans la foulée avec une volonté farouche de déjà vérifier s'il tiendrait sa promesse d’étouffer tous les sons qu’elle serait susceptible de laisser échapper au contact de ses doigts contre sa peau, de sa bouche contre la sienne, et de son souffle mêlé au sien. Leur respiration était déjà lourde, leurs gestes pas rouillés le moins du monde alors qu'ils avaient passé des semaines à ne même pas se frôler. Ça semblait naturel, ça l’était pour Mavis qui ne se laissa pas surprendre par la poigne de Ben qui la souleva pour pouvoir la transporter, mais qui la fit rire doucement contre sa bouche qu’elle ne quitta pas malgré son sourire qui s’élargissait, bien décidée à ne pas le laisser son air se dépolluer de cette présence qu’elle lui imposait parce que tout son corps la réclamait, comme le sien le réclamait en retour.

Il l’allongea sur son lit, et Mavis ne réussit pas à ne pas le regarder alors qu’elle le sentait peser sur elle. Son regard se joignit à ce poids qui n’était pas désagréable, alors que ses hanches se soudaient doucement aux siennes, ses genoux jouant l’alternance dans leur creux pour le guider l’air de rien et le maintenir en place. Il prenait son temps, elle n’avait pas envie de le bousculer plus que de raison, ressentait le besoin de profiter du moment parce qu’elle y avait beaucoup songé à tout ça, et que ça l’avait hanté chaque fois que leurs yeux s’étaient croisés ces derniers temps. Les mains de Ruben étaient douces sur sa peau, il fallait être habile pour opérer comme il le faisait au bloc, raccommodeur de génie du moteur du corps humain, alors elle savait combien c’était une chance d’être graciée par ses caresses qu’il ne comptait pas là, généreux et appliqué. Ses doigts longèrent son corps qui frissonna sous le chemin qu’ils empruntèrent, puis se joignirent aux siens pour sceller une étreinte ferme qui la galvanisa d’un peu plus de désir encore. Elle eut envie de l’embrasser, mais elle ne le fit pas, se courbant juste assez en avant, sa tête quittant un instant le matelas, pour que sa bouche touche la sienne, des mots en sortant pour la frapper avec leur importance qu’elle vit briller dans son regard qu’elle ne lâcha pas quand elle lui répondit, presque autant suppliante qu’il le devint ensuite, quand il lui demanda de ne plus jamais l’ignorer "Montre-moi comment je t’ai manqué." Et c’était une invitation qu’elle ne lui reprit pas au contraire, le laissant disposer de tout ce qui constituait son être sans se soucier de mettre à mal les semaines durant lesquelles elle avait lutté pour le punir de sa possessivité. Là, elle le laissa la posséder sans objecter, les seuls mots qu’elle lui offrit se matérialisant sous la forme de soupirs qu’elle laissa échapper au creux de son oreille.

***
Elle avait fini par prendre une douche avec lui, et si ça la fit rire quand ils quittèrent la cabine de douche quelques longs instants plus tard, elle avait retrouvé son sérieux quand, enveloppée dans sa serviette éponge, elle le rejoignit sur le lit en s’allongeant sur le ventre, juste à ses côtés au point qu’il ne lui fallut qu’allonger juste un peu le cou pour pouvoir l’embrasser  sur les lèvres "Tu m’as manqué aussi." Elle ne lui avait pas dit tout à l’heure, elle avait manqué d’éloquence, obsédée par l’imminence de ce qui s’était finalement passé, mais elle se l’autorisait maintenant, son nez dévalant la ligne droite de celui de Ben quand reculant juste un peu la tête, elle lui demanda enfin après une courte hésitation qui se traduisit par un sourire en coin "Tu crois qu’on pourrait faire ça de temps en temps ?" En croisant ses yeux, elle fit la malice briller tout au fond et se corrigea assez vite pour qu’il ne soit pas tenté de tout tourner en dérision "Pas ça, Ben." Alors que bon, c’était compris dans le package, il le savait très bien. Mais elle voulait dire autre chose, alors croisant les chevilles, toujours sur le ventre, et son regard profondément enfoncé dans celui du docteur, elle s’expliqua "Je veux dire est-ce que tu crois qu’on pourrait passer des moments ensemble comme celui-là en dehors de Brisbane ?" Presque précipitamment, elle ajouta "Pas trop souvent." Elle ne savait pas vraiment ce qui l’incitait à lui en faire la demande, mais elle devait avouer qu’elle se surprenait elle-même, et que peut-être un peu gênée dans le fond, elle se sentit obligée d’ajouter encore "Juste de temps en temps. Pour changer."

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lieu: sur la route.
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Son corps se pliait sous l’imminence d’un rapprochement qu’ils semblaient avoir autant attendu l’un que l’autre, et bien sur que cela poussait Ruben à ajouter une couche ici et là dans ses gestes, dans ses paroles, dans le souffle qu’il faisait glisser le long de la peau de la jeune femme. « C’est une très, très, très bonne réponse. » Bien sur que c’était une très bonne réponse - il n’avait que des bonnes réponses, ou assez souvent en tous cas pour que cela devienne la généralité. Il laissa un sourire étirer ses lèvres, alors qu’il resserrait quelque-peu le corps de Mavis contre le sien, leurs souffles se retrouvant un instant dans un nouveau baiser. La suite se laissait deviner facilement: elle se débarrassa de tout vêtement superflu puisque leurs pensées n’iraient pas dans ce sens là, leurs gestes le prouvant déjà autant que leurs paroles ne laissaient plus le moindre doute. Les mains du docteur retrouvèrent la peau de son corps, avides de ne pas se débarrasser de la sensation de cette dernière sous la pulpe de ses doigts, l’emportant avec lui jusqu’au lit à quelques pas d’où leur échange avait commencé.

Leurs regards ne savaient se lâcher, faisant en sorte de s’accrocher toujours davantage à celui de l’autre au fil des secondes qui s’écoulaient. Ils avaient tout le temps du monde pour une fois, et cela ajoutait une touche de normalité au moment qui n’était pas désagréable - il ne l’avouerait pas à haute voix car de telles paroles n’avaient pas leur place ni en cet instant, ni dans la relation qu’ils entretenaient depuis une année désormais, mais de prendre le temps d’observer ses courbes et la moindre nuance que pouvait apporter la couleur de sa peau faisait du bien. Elle lui avait manqué, Mavis. Et s’il se contentait de le laisser supposer avec des gestes d’ordinaires, aujourd’hui Ruben ne se priva pas pour lui dire à haute voix. Il savait parfaitement qu’ils étaient dans l’erreur à chaque fois qu’ils se comportaient de la sorte, mais il ne saurait nier qu’il était attiré par elle depuis bien trop longtemps désormais pour fermer les yeux sur tout cela; il s’était accoutumé à la présence de la jeune femme à ses côtés, et dans ses bras aussi, si bien que désormais il en venait à un point où lorsqu’il ne pouvait satisfaire ce plaisir, cela lui manquait. Les jambes de Mavis le retenant au plus proche d’elle, bien qu’il ait déjà prononcé ces paroles, laissait sous-entendre quelque-chose d’autre également: elle partageait son avis. En silence, mais elle ne pourrait dire que ce n’était pas pas le cas. « Montre-moi comment je t’ai manqué. » Leurs lèvres s’effleurant, le souffle de Ruben prit quelques degrés supplémentaires en entendant les mots de la jeune femme; son regard était déjà chargé d’une tension bien particulière jusque maintenant, mais avec de tels mots elle savait ce qu’elle faisait: il était plutôt simple de faire plaisir au docteur Hartfield, finalement, surtout lorsque l’on s’appelait Mavis Barnes. Elle n’aurait pas besoin de lui répéter, et il s’attèlerait à la tâche avec une dédication qui ne s’inventait pas - à commencer par ce baiser qu’il lui accorda enfin, ses muscles se tendant d’un désir dont il n’avait aucunement honte.

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Sa tête soutenue par sa main, coude posée sur le matelas bien plus tard dans la nuit, le sourire de Ruben en disait long: il planait presque en cet instant. Oh, cela n’égalerait jamais ce qu’il pouvait ressentir lorsqu’il ressortait d’une longue chirurgie difficile et pour laquelle il avait finalement triomphé - rien ne saurait arriver à la hauteur de cette sensation -, mais il ressentait une certaine plénitude plaisante en cet instant. Mavis finit par se rallonger à ses côtés, sa serviette toujours autour de son corps, ses lèvres juste à bonne distance pour voler un baiser au docteur. « Tu m’as manqué aussi. » Bien sur qu’il ajouta un petit sourire amusé, et peut-être même que ce dernier était un brin attendri mais il nierait si la question lui était posée. « J’avais cru comprendre. » Un corps ne pouvait pas réagir de la façon dont le sien l’avait fait à son contact, en connaissance de cause, si un manque ne se faisait pas un minimum ressentir. « Mais je suis content de l’entendre. » Parce-qu’il n’était pas ingrat non plus, pas tout à fait, et qu’il pouvait au moins lui concéder que ça lui faisait du bien de l’entendre dire. Il se permit un baiser effleuré lorsque son visage repassa près du sien.

« Tu crois qu’on pourrait faire ça de temps en temps ? » Il haussa quelque peu l’un de ses sourcils - et les pensées de la jeune femme allèrent plus vite que ses gestes à lui. « Pas ça, Ben. » Bien sur qu’il étirait un petit sourire désormais, l’index de sa main qui ne soutenait pas sa tête venait déjà jouer avec le bord de la serviette que portait Mavis. « Ca on peut recommencer quand tu veux. » Elle le savait, ce n’était là qu’une façon pour lui de continuer de jouer en tout temps. Il reprit un regard un peu plus sérieux la seconde suivante, apposant sa main à plat sur le bas du dos de la blonde. « Faire quoi de temps en temps ? » - « Je veux dire est-ce que tu crois qu’on pourrait passer des moments ensemble comme celui-là en dehors de Brisbane ? » Il n’eut pas le temps de réagir. « Pas trop souvent. Juste de temps en temps. Pour changer. » Ca ne lui ressemblait pas à elle, d’avancer de telles idées et de surtout les laisser connaitre au principal intéressé. Surtout après qu’elle ait passé plusieurs mois à le repousser et à faire comme s’il n’avait aucune importance dans sa vie. Là, elle lui donnait tout le contraire sur un plateau d’argent et de l’attention de cette sorte, c’était quelque-chose qui plaisait bien sur un brin de trop à Ruben. Le sourire que le jeune homme étira était un brin amusé, mais surtout touché - et il ne le cacherait pas, il n’avait plus envie de jouer à ce jeu là avec elle alors qu’il avait toujours été bien plus transparent qu’il ne l’était avec bien des personnes. « Je t’ai manqué à ce point là ? » Elle lui tendait la perche, il se devait de la saisir. Il reprit rapidement. « On peut faire ça de temps en temps, oui. Pas trop souvent, mais de temps en temps pour changer c’est possible. » Parce-que ce n’était pas rien, en réalité, et cela demandait une organisation qui se vaudrait minutieuse - parce-qu’une fois ce n’était pas suspicieux, mais partir plusieurs fois loin de chez lui pour le travail alors qu’il en avait déjà énormément au St Vincent pour s’avérer être dangereux. Mais quand le danger s’appelait Mavis… « Ca nécessitera de s’organiser, mais on peut faire ça. » Et comme s’il s’agissait là d’une promesse qu’il lui faisait, il vint sceller cette dernière d’un baiser bien plus tendre que tous ceux qu’il avait pu lui donner jusque maintenant depuis qu’elle était entrée dans sa chambre d’hôtel. « Je suis un peu étonné que tu proposes ça. » Comme il ne cacherait pas bien d’autres choses, cette chose là ne faisait pas partie du lot et il n’avait pas de mal à le dire à haute voix.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/harley)

Le sentiment de normalité était presque perturbant, mais Mavis ne se laissa pas gagner par l’idée, fronçant juste le nez aux insinuations de Ruben qui avait dénoté le manque dont elle lui faisait part bien avant qu’elle ne daigne lui dire à voix haute combien il avait été dur à supporter, et qui s’en amusait en lui répondant l’air de rien. Nul doute qu’ils auraient quelques heures de sommeil à rattraper. À vrai dire, Mavis ne s’en souciait même pas à ce moment-là, plongée dans le bleu-vert des yeux du jeune homme qu’elle dévisageait de près avec minutie, suspendue à tout ce qu’il pourrait lui offrir encore sans démontrer le moindre mal à se dire qu’elle ne le méritait pas. Elle se surprenait à apprécier d’être là, à lambiner à ses côtés alors que d’ordinaire, tout restait méthodiquement rapide pour que personne ne se rende compte de quoi que ce soit. Là, elle aimait qu’ils ne soient pas obligés de se rhabiller tout de suite, qu’ils ne soient pas obligés de faire l’impasse sur la discussion, affirmant une complicité certaine qui fit gonfler le coeur de la jeune femme qui se sentit soudainement l’âme d’une organisatrice de plus de moments comme celui-ci.

Sur le moment, proposant à Ben d’en faire un but à atteindre de temps en temps, elle ne comprit pas exactement ce qui la poussait à l’envisager, se laissant cueillir par la blague du jeune homme qui lui demandait en retour, et à sa façon, si cette proposition était induite par la manière dont elle s’était languie de lui ces dernières semaines. Inutile de nier quoi que ce soit, son corps et ses soupirs avaient déjà parlé pour elle de toute façon, alors elle accepta de lui dire dans un murmure rejoint par un plissement de paupières malicieux "Qu’est-ce que tu dirais si je te disais que oui ?" Est-ce que ça l’effrayerait un peu, alors qu’il y avait un an de ça, ils avaient mis un point d’honneur à se rappeler mutuellement que tout ça ne devait rester que purement physique et intéressé ? Ils avaient dépassé ce stade depuis longtemps, ils le savaient tous les deux même s’ils ne se l’avouaient pas véritablement, mais depuis leur dernière discussion chez les parents de la jeune femme, c’était comme si les cartes avaient été redistribuées. Elle réalisa, en écoutant Ruben répondre à sa requête, que c’était peut-être bien ça en particulier qui lui avait donné matière à réfléchir, mais se laissant happer par la manière qu'il avait d’exposer les choses, elle ne s’y appesantit pas tout de suite "Ce sera pas utile de prendre deux chambres séparées par une porte communicante ces fois-là." s’amusa-t-elle tout en cachant par pudeur le sentiment qu’elle ressentait maintenant, et qui se rapprochait drôlement d’une satisfaction réelle à passer plus de temps avec le jeune homme qui l’embrassa bien tendrement en comparaison aux dernières heures. Et encore une fois, elle se laissa attraper par la promesse de sa bouche cherchant la sienne, et de leurs visages soudés doucement l’un à l’autre au point de laisser ses yeux s’ouvrir par anticipation à la fin de leur baiser. Elle ne quitta par Ben des yeux quand il se recula, et puis elle baissa la tête en laissant un léger rire lui échapper quand il souleva sa surprise face à sa proposition. Gardant sa position, toujours installée sur le ventre, Mavis battit doucement des jambes en lui avouant juste après "Pas autant que moi." Elle disait la vérité. Elle n’avait jamais vraiment songé à faire de tout ça quelque chose qui comptait vraiment, sauf que la conversation qu’ils avaient eu quelques jours plus tôt avait remis plusieurs choses en perspective.

Ça aussi, ça l’étonnait, de s’être laissée atteindre par tout ce que Ruben lui avait confié. Elle ne pouvait pas nier que ça la déstabilisait un peu de se dire qu’officiellement, leur temps était compté. Ça avait toujours été le cas, ça l’était d’autant plus aujourd’hui que Mavis savait que Ben ne tarderait pas à organiser son mariage. Elle releva la tête, la pencha légèrement sur le côté en lui confiant alors, ses yeux ne s’arrêtant pas dans les siens, mais sur un point juste au-dessus de sa tête pendant qu’elle commençait "J’ai beaucoup repensé à notre conversation, chez mes parents." Inutile de rentrer dans les détails. Il était là, il savait "Tu vas bientôt te marier. Je l’ai toujours su et ça m’a jamais posé problème, mais j’ai un peu plus conscience de ce que ça implique maintenant que tu m’as dit que Nina est la femme de ta vie et que tu sais qu’après le mariage, ce sera un bébé qu’elle te demandera." La suite logique en somme, elle ne jugerait pas à voix haute cette fois, se concentrant sur son point plus que sur ce que ça lui inspirait vraiment  de tomber aussi bas "Je changerai pas d’avis à propos d’être la maîtresse d’un homme qui a des enfants, et t’en auras d'ici quoi, un ou deux ans une fois qu’elle portera officiellement ton nom ? Ça place l’échéance à peu de choses en ce qui nous concerne." Il était intelligent, il le savait aussi bien qu’elle. Posant son regard sur lui cette fois, Mavis l’observa un petit temps avant d’ajouter en haussant les épaules comme elle le pouvait dans cette position "Je sais pas, j’ai juste envie de profiter du temps qu’il nous reste." Parce que oui, elle se rendait compte qu’il lui manquait quand ils passaient trop de temps à camper sur leur fierté, et que si ça ne lui plaisait pas d’un certain côté, dans l’autre, elle n’avait pas envie de tirer un trait trop vite sur ce qu’ils étaient quand il flottait déjà une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes.

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lieu: sur la route.
(c): summer (gif), luleaby (codage).

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L’air malicieux qu’elle ajouta aux traits de son visage, et donc par extension aux mots qu'elle murmura ensuite ne retira absolument rien à la véracité de ses propos - parce-que Ruben était persuadé que ce n’était pas là des paroles en l’air, ce qu’elle lui adressait. « Qu’est-ce que tu dirais si je te disais que oui ? » Il resta un instant supplémentaire à scruter son visage, ses lèvres, ses yeux avant d’étirer un petit sourire à son tour aussi; il ne changerait pas de direction, il ne changerait pas son avis sur la question simplement parce-que la vérité pouvait parfois être un brin effrayante à regarder dans les yeux. « Je confirmerais que je suis content de l’entendre. » Il savait parfaitement où se situaient leurs limites et le champ d’action qu’ils avaient déterminé et révisé au fil des mois écoulés. Mais justement, parce-que ce dernier évoluait en même temps qu’eux, les pensées de Ruben et son avis sur la question le faisait aussi d’une pierre deux coups; et même si cela lui arrachait tout de même un peu de fierté de l'avouer à haute voix, il serait vraiment heureux d’apprendre qu'il avait pu lui manquer de la sorte. Il écorchait son égo d’un côté pour le recoller avec un autre morceau sur un autre angle d’attaque.

Etait-ce qu’elle faisait aussi de son côté, lorsqu’elle lui demandait s’il était possible de renouveler l’expérience du jour ? De prendre un peu plus de temps tous les deux de la sorte, loin de Brisbane, loin des regards curieux et surtout de ceux qui n’étaient pas faits pour voir ce qui se tramait une fois les portes closes ? « Ce sera pas utile de prendre deux chambres séparées par une porte communicante ces fois-là. » Peut-être qu’il leva légèrement les yeux au ciel dans un geste quelque peu dramatique. « Toujours convaincue que je l’ai demandé, hein. » Ce n’était pas un reproche: dans le sens contraire, si les rôles avaient été inversés, il aurait surement pensé la même chose il ne pouvait pas réellement lui en vouloir.

S’il continuait d’ajouter une touche d’humour ici et là sur les points qui tenaient des perches si grandes que ne pas les saisir serait un crime, Ruben ne put en revanche cacher son étonnement et sa surprise quant au fait qu’elle lui propose ce type de sortie, de retrouvailles. Ce n’était pas le genre de Mavis de se complaire dans de telles idées, accrochée à son bras qui plus était;. « Pas autant que moi. » Pourquoi ce retournement de situation ? Surtout: pourquoi était-elle la première étonnée de ce changement ? « J’ai beaucoup repensé à notre conversation, chez mes parents. » Là où les yeux de Ben cherchaient à se raccrocher à ceux de la jeune femme, elle mettait un point d’honneur à éviter de les croiser justement. « Tu vas bientôt te marier. Je l’ai toujours su et ça m’a jamais posé problème, mais j’ai un peu plus conscience de ce que ça implique maintenant que tu m’as dit que Nina est la femme de ta vie et que tu sais qu’après le mariage, ce sera un bébé qu’elle te demandera. » Peut-être qu’inconsciemment, à l’écoute de ces mots et à l’évocation de telles vérités à haute voix, un certain poids se fit sentir sur la poitrine de Ruben, alors que d’un geste réflexe, son pouce s’était mis à caresser la jeune femme à travers la serviette éponge; à peine perceptible, mais bien présent pourtant. Il savait qu’elle ne faisait qu’établir la vérité, c’était lui-même qui lui avait confirmé tout cela lors de leur dernière discussion. Ce n’était pas pour autant qu’il appréciait être mis de nouveau devant les faits - il préférait côtoyer le déni. « Je changerai pas d’avis à propos d’être la maîtresse d’un homme qui a des enfants, et t’en auras d'ici quoi, un ou deux ans une fois qu’elle portera officiellement ton nom ? Ça place l’échéance à peu de choses en ce qui nous concerne. » Et encore, elle comptait sur un temps de répit qui n’existerait surement pas, rien qu’à prendre en compte la vitesse avec laquelle Nina était déjà tombée enceinte sans qu’ils ne cherchent à ce que ce soit le cas. Peut-être qu’il échappa un léger soupire à cet instant. « C’est à peu près ça. » Il ne le cachait pas, il ne le niait pas non plus: ce serait la prendre pour une idiote et elle était tout sauf idiote, justement. Il y avait d’autres choses qu’il gardait pour lui, mais l’évidence de ces faits n’avait pas à être mise de côté.

« Je sais pas, j’ai juste envie de profiter du temps qu’il nous reste. » Son regard de nouveau plongé dans le sien, il ne le garda qu’un instant pourtant alors qu’après ces mots là il ne se gêna pas pour relever sa tête posée sur sa main, et se pencher en avant pour embrasser Mavis - pour de vrai, pas simplement un petit baiser pour sceller une soit-disant promesse. Quelques instants, rien de plus - mais assez appuyés pour lui faire comprendre en silence dans un premier temps qu’il avait accusé réception de ses mots. Simplement: ça lui foutait le cafard, d’imaginer les choses de cette façon. Le déni était un état bien plus confortable, et le petit jeu qu’ils menaient était peut-être un brin plus excitant sans avoir de date butoir - comme si tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain. C’était toujours le cas, mais la façon dont elle apportait son point de vue actuel jetait une couche sérieuse sur un quelque-chose que Ruben n’avait jamais envisagé le devenir, sérieux. Il devait pourtant se rendre à l’évidence: il n’aurait pas fait des pieds et des mains comme ça avait été le cas pour ce déplacement à Sydney auprès de la jeune femme s’il ne considérait pas toute cette situation avec un minium de sérieux. Il finit par poser son front contre celui de la blonde, sa main remontée pour se glisser contre son visage. « Je te mentirais si je disais que ça me fait pas quelque-chose, que tu présentes les choses de cette façon. » Et mentir n’était pas dans ses - peut-être devrait-il arrêter de penser ça, finalement, vu la facilité avec laquelle il s’était mis à mentir à tout bout de champ ces derniers temps. « Tourné comme ça j’ai l’impression que tu m’as annoncé que t'as un cancer en phase terminale en plus. » Une tentative de touche d’humour - noir, tourné médical aussi surtout -, parce-que c’était toujours plus facile de se sortir d’une situation où les émotions se retrouvaient au centre de l’attention. « Mais je prends l’excuse. Ca me va. » Son pouce glissa sur la joue de Mavis. « Si ça me permet de profiter de toi encore un peu… de profiter de ta présence surtout, plutôt, ça me va. » Il prendrait toute excuse à peu près valable, de toutes façons, Ben n’était pas si regardant que cela - du moment qu’il pouvait combler cette amertume qu’il ressentait lorsqu’il savait qu’elle l’évitait sciemment et soigneusement pour le punir d’un crime qu’il était tout à fait au courant de commettre.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/harley)

Ruben était content d’entendre Mavis lui confirmer qu’il lui avait manqué autant qu’il l’imaginait là où il aurait dû lui promettre de mieux se comporter pour que plus jamais aucune distance ne vienne déranger leurs méfaits. Elle ne s’arrêta pas dessus, elle se contenta d’un sourire, d’une observation poussées de ses traits qu’elle voyait de près à ce moment-là et se perdit un moment dans sa tête pour soulever un point capital. Elle n’avait pas la volonté de rendre les choses plus sérieuses qu’elles ne l’étaient déjà à ce moment-là, elle ne voulait pas plomber l’ambiance d’une quelconque manière en revenant sur ce qu’ils s’étaient dit dans le dressing de ses parents, seulement une part d’elle était taraudée par l’imminence douloureuse de la fin de leur secret.

C’était contradictoire, elle aurait dû être soulagée de ne plus avoir à mentir, à manipuler, à tricher, sauf que renoncer à tout ça, c’était aussi renoncer à Ben dans une certaine mesure, et jusqu’à l’autre fois, elle n’avait pas réalisé à quel point c’était ce qui rendrait le plus compliqué la fin du contrat tacite qu’ils avaient passé tous les deux. Elle ne voulait pas se projeter trop loin, mais elle avait réfléchi à l’après, à ce que deviendraient leurs habitudes ne serait-ce qu’à l’hôpital quand ils en auraient terminé tous les deux : ils ne pourraient plus travailler ensemble, ça voulait dire que Mavis perdrait son mentor du jour au lendemain, et que sa certitude à jouir comme elle l’entendait des privilèges venant avec son statut spécial dans la liste des espoirs à suivre de Ruben, elle partirait en fumée. Ils n’avaient pas songé à ça en se lançant dans tout ça, ils partaient avec l’idée qu’ils étaient assez construits pour faire la part des choses et continuer sur leur lancée une fois qu’ils se lasseraient d’être amants ; mais ils ne s’étaient pas lassés, et les réactions de Ben chaque fois que Mavis était trop proche de Dan, ça lui laissait camper sur la conclusion qu’ils ne pourraient plus travailler ensemble une fois qu’il serait marié et père de famille parce que dans son esprit, elle serait toujours un peu à lui. Ce n’était pas uniquement braqué sur leurs activités en dehors de l’hôpital, tout était lié et en ce point, et Mavis réalisait qu’elle avait manqué de génie lorsqu’elle avait mis son plan en place.

Elle voyait le trouble dans les yeux de Ruben une fois qu’elle reposa les yeux sur lui. Ça l’incita à ne pas lui refuser le long baiser qu’il lui donna, bien au contraire. Elle sentit que tout ce qu’elle lui disait ne lui plaisait pas, mais qu’il ne lui reprocherait pas parce qu’elle ne faisait que remettre en perspective ce qu’il lui avait dit. Elle sentit aussi une forme de réconfort qu’il tenta de lui donner de cette manière tandis qu’elle, elle se laissait doucement glisser plus proche de lui, une main se posant sur son abdomen qu’elle sentait chaud sous la paume de sa main. Quand il rompit leur baiser et posa son front contre le sien, elle garda les yeux fermés un instant en tentant de recentrer ses émotions en refusant de devenir ce genre de femmes qui accusaient la sentence irrévocable du destin avec des larmes, et elle finit par encercler le poignet de Ben avec ses doigts quand sa main se porta à son visage qu’il garda proche du sien. Elle le garda avec attention, fit buter le bout de son nez contre le sien quand il lui confirma que ça lui faisait quelque chose de l’entendre présenter les choses de cette façon. Elle ne trouva rien d’intelligent à lui répondre parce qu’elle aussi, bien sûr, ça lui faisait quelque chose, sinon elle ne se serait même pas obstinée à vouloir en discuter.

Elle nota son envie de ne pas trop alourdir les choses, et laissa un souffle rieur lui échapper par le nez lorsqu’à sa manière, il l’accusa d’être un peu dramatique, alors elle se cala sur sa ligne de conduite pour lui faire, sa voix devenant murmure "Justement, puisque t’en parles…" Non, elle ne lui annoncerait aucune maladie incurable, aucun parasite qui grandissait en elle et qui la rendrait soudainement digne de l’intérêt du médecin savant qu’il était. Doucement, elle releva la tête pour lui dire avec plus de sérieux, son sourire s’éteignant peu à peu pendant que ses doigts se resserraient autour du poignet de Ruben qu’elle sentit pulser sous leur pulpe "Je devrais peut-être commencer à prospecter dans d’autres hôpitaux pour mon internat. Juste par précaution si jamais tu sais, on réussit plus à se supporter." Elle était persuadée qu’il revendiquerait la bêtise de cette idée, mais il comprendrait surement pourquoi elle envisageait ça tout de suite. Pour l’heure, elle se concentra sur l’acceptation qu’il démontrait face à ses arguments et y adhéra à la suite en l’embrassant de nouveau, plusieurs fois consécutivement, poinçons tendrement appliqués sur plusieurs carrés de peau de son visage ; sur sa bouche, l’une de ses pommettes, le bout de son nez et à nouveau sa bouche pour une succession de baisers qu’elle entrecoupa juste pour lui murmurer "On doit vraiment dormir maintenant." Sauf qu’elle était persuadée que les idées de Ruben l’emmenait déjà ailleurs, et il ne serait pas le seul puisque sa bouche se déporta de son visage pour marquer la ligne de sa mâchoire jusqu’à son oreille et que ses doigts se desserrent de son poignet pour venir à nouveau trouver son abdomen et remonter le long de son torse pour s’accrocher à la base de son cou.

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Il ne se lasserait sûrement jamais de la sensation de la peau de Mavis contre la sienne, alors bien sûr qu’il se délectait de ses doigts entourant son poignet, de son nez de glissant le long du sien, de sa paume contre son abdomen. Il aurait simplement apprécié en cet instant que ces derniers ne soient pas associés à des paroles qui teintaient de bleu le moment. Car s’il appréciait qu’elle se rapproche de lui comme si elle était attirée par un aimant, la discussion qu’ils entretenaient concernait tout le contraire et plutôt le moment où ils en viendraient à mettre fin à leur relation. Ce n’était pas une surprise: depuis le début, c’était quelque-chose d’attendue étant donné que c’était davantage un arrangement qu’autre chose. Seulement, en une année les choses avaient changées, bougées, et même s’ils ne mettaient pas de mots sur ces nouveaux maux, les faits restaient tout de même existants: ils s’étaient attachés l’un à l’autre. Ce n’était pas de l’amour, mais une affection bien particulière qu’il n’était plus possible de nier, tant elle avait un impact sur leur quotidien et leur façon d’interagir ensemble. Preuve en était aujourd’hui, où si Mavis avait fait en sorte de le repousser pendant trop longtemps au gout de Ben, à partir du moment où la moindre barrière avait été abaissée les choses avaient retrouvé un naturel déconcertant. Assez aussi pour qu’elle ose lui soumettre l’idée de recommencer ce type de moment dans d’autres périodes temporelles - pour profiter des moments d’inimité qui leur restaient, alors que l’échange de cet échange arrivait on ne pouvait plus rapidement face à eux.

« Justement, puisque t’en parles… » Il fronça quelque peu les sourcils, laissant sa main avoir un appui contre son dos. « Je devrais peut-être commencer à prospecter dans d’autres hôpitaux pour mon internat. Juste par précaution si jamais tu sais, on réussit plus à se supporter. » Si d’ordinaire, il serait venu répondre de façon directe sans prendre le temps de réfléchir à ses paroles que cela était une idée complètement idiote et qu’elle n’avait pas besoin d’agir de la sorte, il y avait une petite voix au fond de lui, qui était restée silencieuse jusque maintenant, qui fit son entrée en scène; celle qui lui soulignait malheureusement que Mavis avait raison. Pinçant un instant ses lèvres, il soupira légèrement sa prochaine expiration. « Tu sais très bien que ton apprentissage passera toujours au dessus du reste. » Sa phrase était à double sens, à double tranchant. Pour le bien de son apprentissage dans le domaine, couvrir ses arrières en prospectant ailleurs était juste la chose intelligente à faire si elle ne voulait pas compromettre quoi que ce soit. Pour le bien de son apprentissage dans le domaine, Ruben ne compromettrait jamais ce dernier - même s’il devait se mordre les joues de l’intérieur pour s’empêcher de réagir de façon naturelle en tout temps où ils en viendraient à se côtoyer de façon uniquement professionnelle dans un futur trop proche. « J’aime pas cette idée non plus. » Et là, ça dépassait sa possessivité ordinaire: c’était parce-qu’il adorait lui enseigner son savoir, elle seule savait en profiter comme il se devait. « Mais si c’est ce que tu veux, je pourrais te donner un coup de main pour le faire. » Et il n’y avait qu’à plonger son regard un instant supplémentaire dans celui du jeune chirurgien pour comprendre que cela lui faisait mal à son égo d’avancer une telle idée, mais parce-qu’il avait mûrement réfléchi à beaucoup de choses ces dernières semaines, il savait que c’était là la bonne chose à répondre.

Cette partie là de la conversation fut rapidement close, alors qu’elle lui vola un baiser, un second - il ne les comptait plus mais les apprécier tour à tour sans rechigner. « On doit vraiment dormir maintenant. » - « Hm hm. » Sauf que ce n'était pas en laissant ses lèvres parcourir de plus en plus de terrain sur sa peau que Mavis réussirait à le convaincre qu’aller dormir était une idée de génie en cet instant; en témoignait les doigts de Ruben qui passèrent entre le bord de la serviette de bain qu’elle ne porterait pas encore longtemps et la peau de la jeune femme, appuyant assez fermement autour de sa taille ensuite pour la rapprocher autant que possible de lui: tant qu’ils étaient sous la protection de cette chambre - double - d’hôtel, il ne comptait pas faire en sorte qu’elle se trouve plus loin que dans ses bras. Il voulait profiter lui aussi, et ce n’était pas en la tenant ailleurs que contre lui qu’il saurait le faire.