Il était minuit. C’était du moins ce que semblait indiquer la nuit noire, brumeuse et menaçante. Greta avait perdu la notion du temps depuis quelques heures déjà et cela ajoutait à ce sentiment de terreur qui ne la quittait plus. Simple humaine, en mettant le nez dehors, elle avait vite réalisé qu’elle ne resterait pas en vie bien longtemps sans un peu d’aide. Attrapant un long manteau noir et un chapeau pour ne faire qu’un avec l’obscurité, la jeune femme s’était mise à marcher d’un pas rapide, la tête baissée et la main dans la poche. Son crucifix était là d’un côté, ses cristaux offerts par Léna de l’autre. C’était chez cette amie qu’elle se rendait, parce qu’il était évident que la jeune sorcière saurait mieux gérer la situation qu’elle. « Tu as vu ? Qu’est ce qu’il se passe tu as déjà entendu parler de quelque chose pareil ? Lena me laisse pas seule s’il te plaît… » Greta parlait vite et fort, à la seconde où la blonde avait ouvert la porte, elle avait déversé l’étendu de son désarroi sur elle. « On doit aller voir ce qu’il se passe. » Et sans lui laisser le choix Greta l’avait attrapé par la main pour l’emmener vers la rue commerçante, le lieu qui lui paraissait être le moins menaçant… Mais le monde était devenu fou. Tous essayaient de s’armer par tous les moyens possibles. « J’ai entendu dire que les rues grouillaient de monstres. Tu as pris ce qu’il fallait ? » Et elle n’avait aucune idée de ce qu’il fallait exactement parce qu’elle ne s’était pas préparée à un tel chaos. Elle s’était préparée à aller à la fête d’Halloween du village avec un costume de vampire, cape et jabot achetés dans une boutique où elle avait ses habitudes. Elle s’y était amusée jusqu’à rentrer chez elle et dormir trop longtemps pour que cela soit normal. Elle avait d’abord accusé les potions des femmes déguisées en sorcière mais en ouvrant les yeux, elle avait constaté qu’elle pouvait encore voir clairement la flamme de sa bougie danser de manière sinistre. Greta s’était levée et avait regardé par la fenêtre - tout était sombre, la lune était encore étincelante et rien n’avait de sens. Depuis son arrivée dans la rue, c’était pire encore, et elle se demandait ce qu’elle était venue y faire.

Le jour ne se levait plus et Lena ne comprenait pas pourquoi. Rien n'avait laissé présager que leur dernier coucher de soleil serait le dernier. Elle n'avait rien ressenti avant que le malheur ne s'abatte sur la ville, n'avait rien pu anticiper. Au delà de l'inquiétude liée à cette nuit qui ne se levait plus, elle était surtout angoissée de se demander pour quelle raison des sorciers auraient bien pu jeter une telle malédiction sur Brisbane. Parce que ça ne pouvait être que ça et pas un incident naturel, il n'y avait aucune autre explication. Heureusement pour elle elle se savait suffisamment puissante pour faire face aux fléaux que la nuit avait apportée avec elle, ces monstres qui sortaient dans la rue sans plus se cacher. Les coups portés contre sa porte vinrent sortir Lena de ses pensées et elle se dirigeait prudemment vers l'entrée de sa demeure. « Tu es folle d'être sortie de chez toi ! » Qu'elle s'écriait en apercevant son amie Greta, la dernière qu'elle aurait pensée assez courageuse pour braver le chaos. « Tu as vu ? Qu’est ce qu’il se passe tu as déjà entendu parler de quelque chose pareil ? Lena me laisse pas seule s’il te plaît… » Elle n'avait pas plus de réponses  à apporter sur la situation que de solutions à proposer en réalité. « Calme toi Greta, les choses vont finir par rentrer dans l'ordre. D'ici là ne t'en fais pas, je veillerai sur toi. » Elle ne voulait pas risquer que trop de monde apprenne qu'elle avait certains talents et refusait de venir en aide au tout venant mais elle se rendrait évidemment disponible pour une amie. « On doit aller voir ce qu’il se passe. » « Tu es sûre de toi ? Les rues ne sont pas sûres. » Et en même temps elle avait raison, ce n'était pas en restant cloîtrée chez elle que Lena obtiendrait de quelconques réponses. « J’ai entendu dire que les rues grouillaient de monstres. Tu as pris ce qu’il fallait ? » « J'ai toujours de quoi me protéger, tu es en sécurité avec moi. » La seule arme dont elle avait besoin était elle même. Après s'être habillée d'un manteau long et avoir pris sa lampe à huile pour y voir plus clair elles s'aventuraient toutes les deux vers la rue commerçante pour voir ce qu'il s'y passait. Il ne fut pas bien longtemps avant qu'elle ne se rende compte du danger qui les guettaient. La lune restée pleine donnait toute leur force aux lycanthropes et la nuit persistante laissait libre champ aux vampires pour attaquer leurs proies. « On dirait bien que la situation est hors de contrôle... » Tout le monde semblait paniquer, quelques luttes se dessinaient dans l'ombre des ruelles ici et là. « Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de rester dehors par les temps qui courent. Nous devrions chercher des vivres avant de rentrer se mettre à l'abri. » Seule, Lena se sentait capable de se débrouiller. Mais elle craignait pour la vie de Greta.

« Tu es folle d'être sortie de chez toi ! » Elle le savait pertinemment mais elle avait échappé à la surveillance de ses parents et s’était enfuie, ne supportant plus de les voir se morfondre en attendant la mort. Greta devait agir, ses parents étaient trop affaiblis, trop inquiets et ce n’était pas à leurs côtés qu’elle réussirait à les sauver. Elle avait conscience de ne pas être la plus apte à mettre de l’ordre dans tout cela mais elle sentait au fond d’elle que tout cela avait quelque chose de surnaturel et qu’une malédiction devait être levée. « Calme toi Greta, les choses vont finir par rentrer dans l'ordre. D'ici là ne t'en fais pas, je veillerai sur toi. » Elle avait levé des yeux emplis de gratitude vers Lena, elle avait confiance en ses mots et en ses capacités. Avec elle à ses côtés, elle maximisait ses chances de découvrir ce qu’il se passait, ou, au minimum, de trouver de quoi permettre à ses parents de survivre cloîtrés dans leur boutique.  « Tu es sûre de toi ? Les rues ne sont pas sûres. » « Tout vient à manquer à la boutique, ils ne survivront pas bien longtemps… » Son regard était suppliant. Les menaces extérieures pouvaient être repoussées mais cela serait vain s’ils n’avaient plus de quoi se nourrir. Une fois Lena convaincue, les deux femmes s’étaient retrouvées dans la rue commerçante où se trouvait la boutique de ses parents. « J'ai toujours de quoi me protéger, tu es en sécurité avec moi. » Greta avait acquiesé, un air déterminé sur le visage. « On dirait bien que la situation est hors de contrôle... » Ses yeux avaient parcouru les ruelles que les lampes à huile des villageois éclairaient avec peine et le spectacle était encore plus affligeant que celui qu’elle avait vu pendant le trajet aller. « La peur, ça fait ressortir le pire de chacun. » Mais elle souhaitait plus que tout être l’exception qui confirmait cette règle malheureuse.  « Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de rester dehors par les temps qui courent. Nous devrions chercher des vivres avant de rentrer se mettre à l'abri. » Elles s’étaient rendues dans une première boutique où elles avaient été bousculées, même insultées, par des villageois que la terreur avait rendu fous. Greta avait poussé la porte de l’arrière boutique, connaissant parfaitement l’agencement de ce type d’endroit. Elle y était comme chez elle. « Il y a quelques fruits et du pain ici. » avait-elle annoncé en remplissant les poches de son grand manteau. Il fallait dissimuler son butin pour survivre. En sortant sans s’assurer que la voie était libre, Greta s'était fait griffer le bras en profondeur par un loup-garou qui avait eu raison des pillards qui les avaient insultées. Elle avait fermé la porte avec toute la force qu’elle possédait. « Aide-moi, on va pousser cette étagère contre la porte ! » avait-elle appelé et une fois cette sécurité précaire assurée, elle s’était assise au sol en tenant son bras blessé.

« Tout vient à manquer à la boutique, ils ne survivront pas bien longtemps… » Le ton suppliant de Greta brisait le coeur de la sorcière. De son côté elle n'avait plus de famille à protéger, seuls les amis qui comptaient encore pour elle bénéficiaient de son aide, et encore... la ville était devenue tellement sinistre qu'elle doutait de pouvoir apporter son soutien à tout le monde à la fois. Les rues étaient bondées, partout où elle regardait Lena pouvait voir des scènes de violence. Une violence inouïe. Elle rappelait à son amie qu'il semblait dangereux de s'être aventurées dans la rue commerçante, la situation paraissant hors de contrôle. « La peur, ça fait ressortir le pire de chacun. » Elle ne pouvait que confirmer ces propos, mais ce n'était pas pour ça qu'il fallait rester là et la subir... Il était temps de chercher des vivres et de rentrer chacun chez soi, histoire de se protéger. « Dépêchons-nous. » Elles entraient dans une boutique par l'arrière et Greta repéra bien vite quelques aliments à emporter. « Il y a quelques fruits et du pain ici. » Lena laissait le plus gros à Greta mais elle s'empara d'une petite miche de pain et d'une pomme à son tour. Voyant qu'elles n'avaient plus rien à faire ici, les étales ayant été dévalisées, les deux jeunes femmes décidèrent de sortir d'ici. Et avant même que Lena ne puisse anticiper quoi que ce soit, Greta poussait un cri de douleur et entrait à nouveau dans le bâtiment. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » « Aide-moi, on va pousser cette étagère contre la porte ! » Elle s'empressait d'aider son amie et, une fois accroupie à ses côtés, attrapait son bras pour y jeter un oeil. « C'était un loup ? Un loup garou ? Comment est-ce possible ? Il fait nuit, mais la lune n'est pas pleine ! » Elle n'attendait pas une réponse de son amie, sachant pertinemment qu'elle n'en savait pas plus à ce sujet. Les mystères qui entouraient la ville était bien plus nombreux que ce qu'elle n'aurait pensé. Elle prit un air des plus sérieux avant de s'adresser à la blonde à nouveau. « Greta, je crois que la plaie est assez profonde pour... engendrer une transition. » Comprenait-elle ce que ça voulait dire ? « Il faut que je te ramène chez moi, il faut que j'extraie le venin de ton corps avant que tu ne deviennes... comme eux. » Son ton était grave mais elle n'avait pas d'autre choix, elle n'avait pas le temps de prendre des pincettes, le temps de Greta était compté. Lena ferait tout pour la sortir de cette situation, après tout elle lui avait promis de la maintenir en sécurité.

Chaque action qu’elles entreprenaient devait être mesurée et réfléchie, il n’était plus question de vivre avec la même frivolité qu’avant l’éclipse. Les risques se dissimulaient à chaque coin de rue, la pénombre profitant aux créatures des ténèbres mais aussi aux humains qui trouvaient là l’occasion de faire ressortir le côté obscur qui dormait en eux. La race humaine n’avait parfois rien à envier aux vampires ou aux loups-garous, tant la cruauté de certains était exacerbée. « Dépêchons-nous. » Elle avait hoché la tête et Lena et Greta s’étaient engouffrées dans la nuit sombre pour gagner les quelques boutiques que les propriétaires n’avaient pas pris soin de barricader depuis les événements. Ils avaient fui, simplement. Greta connaissait les recoins des boutiques et c’était une bien maigre compensation pour tout ce que faisait Lena pour elle, elle en convenait. Alors que les deux jeunes femmes se servaient dans le garde-manger et qu’elle s’apprêtait à partir, le pire était arrivé. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » Elle n’avait pas pris la peine de répondre, l’urgence étant de se mettre à l’abri. « C'était un loup ? Un loup garou ? Comment est-ce possible ? Il fait nuit, mais la lune n'est pas pleine ! » « Je ne sais pas, ils ont dû gagner assez de pouvoir pour garder leur apparence sans attendre la pleine lune. » Dans ce nouveau monde, tout était envisageable. Cela n’avait rien d’étonnant, Greta s’attendait à tout. « Greta, je crois que la plaie est assez profonde pour... engendrer une transition. » La douleur s’était évaporée en une fraction de seconde alors que la terreur qu’elle avait ressentie après les mots de Lena avait eu l’effet d’un électrochoc. « Il faut que je te ramène chez moi, il faut que j'extraie le venin de ton corps avant que tu ne deviennes... comme eux. » Pleurer, hurler, céder à la panique : les options étaient nombreuses et pourtant, celle qu’avait choisi Greta était de rester silencieuse jusqu’à ce que la douleur reprenne le dessus sur la raison et la fasse gémir de douleur à nouveau. « On ne peut pas sortir, il faut qu’il s’éloigne de la porte… » Parler devenait difficile, son front perlait et sa vision diminuait. « J’ai entendu dire que pour retarder la transition, il fallait venir mettre un animal épicène en contact de la plaie.  » Un papillon, une hirondelle, elle ne savait plus réfléchir.  « Car même s’il s’éloigne, et n’essaie pas d’enfoncer la porte, je ne sais pas si je serai capable de marcher jusqu’à chez toi. » Son bras était douloureux et même si ses jambes pouvaient encore la porter, le poison absorbait son énergie et la laissait dans un piteux état.

Lena avait de la peine de voir Greta parler si aisément de monstres. Elle avait eu la chance de naître loin de tout ces mysticismes, de vivre une vie d'humaine jusqu'ici, et jamais ô grand jamais des innocents comme elle ne devraient subir le choc qu'était la découverte du monde obscur. Greta méritait de garder son innocence jusqu'à son dernier jour, mais on lui avait retiré ce choix désormais. « Je ne sais pas, ils ont dû gagner assez de pouvoir pour garder leur apparence sans attendre la pleine lune. » Ça avait du sens. De toute manière, trouver une explication ne changerait rien au fait que les rues étaient dangereuses. « On ne peut pas sortir, il faut qu’il s’éloigne de la porte… » Peut-être y avait-il un moyen de le distraire, de l'envoyer ailleurs ? Lena se levait pour jeter un œil discret à travers les carreaux brisés de la vitre, sans trouver de solution miracle. « J’ai entendu dire que pour retarder la transition, il fallait venir mettre un animal épicène en contact de la plaie.  » Elle fronçait les sourcils. Quelle drôle d'idée. « Je t'assure que ce n'est qu'un mythe, rien ne peut retarder une transition. Tout ce qu'on peut faire c'est essayer de l'arrêter. Mais une fois que le venin atteint le cœur, il est trop tard pour faire quoi que ce soit. » Ce qui leur laissait environ une heure avant que Greta ne se transforme en loup. « Car même s’il s’éloigne, et n’essaie pas d’enfoncer la porte, je ne sais pas si je serai capable de marcher jusqu’à chez toi. » Lena souffla un bon coup, essayant de se calmer pour réfléchir au mieux. « Il y a une boutique à une rue d'ici, j'en connais la propriétaire. Je suis presque sûre qu'elle aura ce dont j'aurais besoin pour te sortir de ce pétrin. » L'atteindre ne devrait pas être trop difficile. « Si tu peux marcher une vingtaine de mètres, on pourra y arriver. Et pour la bête... je devrais être capable de l'étourdir assez longtemps pour nous laisser le temps de passer. » Elles avaient été prises par surprise jusqu'ici alors Lena n'avait pas pu agir, mais elle était capable de gérer la situation. « Tu crois que tu peux te lever et t'appuyer sur moi ? »

Il y avait quelque chose de particulier avec le danger. C’était excitant de le frôler et de s’y retrouver confronté, parce qu’au final, il restait cette part de doute et de mystère qui empêchait de savoir si réellement, ce danger deviendrait plus que ça. Greta l’avait touché des doigts et bercée par l’adrénaline, c’est seulement au moment où la griffe de l’animal s’était introduit profondément dans sa chair qu’elle avait réalisé l’impact de sa témérité. Elle aurait dû écouter Léna, dès le début. Rester sagement chez elle et prier pour que les barricades à ses portes et fenêtres tiennent le choc face aux forces obscures. Attendre, dans la peur. Mais elle en avait eu assez d’attendre, elle voulait voir le danger de plus près, et de cette façon, elle s’était brûlée les ailes. « Je t'assure que ce n'est qu'un mythe, rien ne peut retarder une transition. Tout ce qu'on peut faire c'est essayer de l'arrêter. Mais une fois que le venin atteint le cœur, il est trop tard pour faire quoi que ce soit. » Elle n’avait fait que raconter les rumeurs qui lui étaient parvenues, rien de plus. Cependant, elle devait admettre avoir espéré que cela soit vrai afin de réduire les risques de devenir un de ces animaux. De tous les scénarios horribles et fantasques qu’elle avait pu imaginer, Greta n’aurait jamais pu songer à celui de la transformation. « Il y a une boutique à une rue d'ici, j'en connais la propriétaire. Je suis presque sûre qu'elle aura ce dont j'aurais besoin pour te sortir de ce pétrin. » Dans son malheur, Greta se sentait chanceuse. De toutes les personnes avec qui elle aurait pu risquer sa vie pour quelques quignons de pain, elle avait choisi Lena et c’était peut être l’une des rares personnes à pouvoir la sauver. Ou plutôt, à pouvoir l’empêcher de rejoindre le côté obscur de la force. « Si tu peux marcher une vingtaine de mètres, on pourra y arriver. Et pour la bête... je devrais être capable de l'étourdir assez longtemps pour nous laisser le temps de passer. » Derrière la porte, les bruits de pas lourds de la bête se faisaient plus rares et plus lointains. La blonde se concentrait sur tout sauf sur la douleur car cela aurait pu signer le point final de sa vie - elle ne devait pas se laisser aller et la douce voix de Léna l’aidait en ce sens. « Tu crois que tu peux te lever et t'appuyer sur moi ? » Elle s’était essayée à l’exercice a peine avait-elle terminé sa phrase. « Je vais y arriver, oui. Je crois que le loup s’est éloigné, peut-être que l’amonit dans ma poche y est pour quelque chose ? » avait-elle demandé à Lena sur qui elle prenait maintenant appui. Il paraissait étrange que l’animal ait quitté un endroit où il savait que deux jeunes femmes se cachaient. Mais il était également vrai que les loups n’avaient normalement pas pour habitude de se nourrir des humains. « Mais Lena, que se passera-t-il si tu échoues ? Si je me transforme et que tu es là … » Greta n’osait avancer plus dans ce scénario qui se jouait dans son esprit et qui l’avait fait déglutir de terreur.

Pour se sortir de là, il fallait déjà que Greta parvienne à se lever. « Je vais y arriver, oui. Je crois que le loup s’est éloigné, peut-être que l’amonit dans ma poche y est pour quelque chose ? » La sorcière haussait légèrement les épaules. Difficle de répondre. Cet objet magique avait effectivement tendance à avoir certaines vertus permettant d'éloigner les monstres, mais si c'était le cas pourquoi avait-elle été mordue ? C'est possible, difficile à dire. Les règles du monde magique semblent avoir changées depuis le début de l'éclipse. Et elle avait encore beaucoup à apprendre à ce sujet. « Mais Lena, que se passera-t-il si tu échoues ? Si je me transforme et que tu es là … » Elle l'empêchait de continuer ses suppositions. « On va tout faire pour que tu ne te transformes pas. Il y a de l'espoir, il faut s'y accrocher. » Voir une de ses plus proches amies se transformer en bête lui ferait bien trop mal au cœur. « Même si tu devais te transformer, je sais que ne me fera pas de mal. » Pas parce que Greta serait maître de ses choix une fois dans la peau d'un loup, mais parce que Lena saurait se défendre. « Si tu veux avoir une idée pour te préparer au pire... la transformation commence en général par la sortie des griffes et des changements dans la dentition. Donc si tu commences à avoir mal aux mains, aux pieds et dans la bouche... tu me le dis. » Qu'elle lançait pour faire en sorte que Greta soit un peu moins dans l'inconnue. « Mais d'après mes calculs il nous reste un peu moins d'une heure avant que le venin ne fasse effet. Donc pour l'instant, je t'interdis de t'inquiéter. » Elle se voulait rassurante. Son amie appuyée sur elle, Lena avançait prudemment vers l'extérieur. « On y va. » Et heureusement pour elles, le loup avait effectivement fui et la voie était libre.

Greta cherchait à comprendre comment le loup avait pu s’éloigner et ses éléments étaient loin d’être logiques, l’aconit aurait du la protéger dès le début. C'est possible, difficile à dire. Les règles du monde magique semblent avoir changées depuis le début de l'éclipse. Il était vrai que l’éclipse ne laissait plus la place à aucune bribe d’étonnement, les humains s’associaient aux sorciers comme si cela était totalement naturel. Cela avait permis à ces magiciens de sortir de l’ombre et de montrer que leur pouvoir pouvait être une force plutôt qu’une menace et Greta appréciait de savoir que cela permettrait peut-être de leur empêcher d’être martyrisés par la suite. « On va tout faire pour que tu ne te transformes pas. Il y a de l'espoir, il faut s'y accrocher. » Parce que le problème imminent était celui-ci et que Greta, si elle réussissait à lutter contre la douleur, ne parvenait pas à contrôler la terreur qui était en train de la gagner, tout comme cette culpabilité pour un acte qu’elle n’avait même pas encore commis. « Même si tu devais te transformer, je sais que ne me fera pas de mal. » Lena était si fragile en apparence mais elle regorgeait d’une force que personne ne pouvait soupçonner. « Si c’est le cas, si j’essaie de te faire du mal, promets-moi de ne pas hésiter. » A l’abattre, sur le champ. « Si tu veux avoir une idée pour te préparer au pire... la transformation commence en général par la sortie des griffes et des changements dans la dentition. Donc si tu commences à avoir mal aux mains, aux pieds et dans la bouche... tu me le dis. » Greta grimaçait, l’appréhension devenant de plus en plus difficile à gérer.« Mais d'après mes calculs il nous reste un peu moins d'une heure avant que le venin ne fasse effet. Donc pour l'instant, je t'interdis de t'inquiéter. » Elle avait hoché la tête alors qu’elle savait pertinemment qu’elle ne pouvait pas répondre favorablement à la demande de son amie et pour cause, elle avait toutes les raisons du monde de s’inquiéter, justement. L’éclipse, les menaces extérieures, celle qu’elle représentait maintenant pour Lena, son insolence et son impulsivité qui la mettaient sans cesse en danger… Elle ne devait pas y penser, elle devait fuir. « On y va. » Greta s’appuyait sur Lena, se sentant désolée de devoir se reposer sur ses épaules. « Tout est de ma faute… » Ce n’était pas l’heure de se lamenter et elle le savait mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir tiraillée par la culpabilité, un poids qui pesait encore plus lourd sur leurs épaules. Alors elle l’avait dit tout haut, comme si cela l’aiderait à se soulager rien qu’un peu. « C’est normal qu’un homme se tienne devant la porte ? » Les vingt mètres avaient été faits rapidement mais non sans mal, les gémissements de Greta se faisant de plus en plus audibles. Elles s’étaient arrêtées pour tenter de comprendre qui était la personne qui bouchait le chemin et très vite, Greta avait brandi son crucifix, en restant à couvert. « Il part… » Elle était équipée et pourtant, elle avait tout de même été la victime de la morsure d’un lycanthrope et elle reconnaissait bien là sa malchance. « La lune, Lena… Elle est pleine, je peux pas rester là, je … » Elle n’avait pas fini sa phrase, elle avait tourné son regard qui devenait un peu plus gris à chaque seconde vers Lena qui avait calculé le temps nécessaire à la transformation mais n’avait pas pris en compte le pouvoir de la malédiction.