Il devient rouge de colère lorsqu’il tire à deux reprises dans le ventre de l’homme ayant éventré leur père quelques minutes plus tôt. Il ne comprend pas comment une telle abomination peut se mouvoir mais cela représente le cadet de ses soucis alors qu’il peut au moins se défouler en lui tirant dessus, encore et encore, seulement arrêté dans sa démarche par Rachel l’emmenant au loin. « On va sauter par la fenêtre. » Il ne veut pas partir avant d’être certain d’avoir obtenu vengeance contre l’homme ayant attaqué leur père, et pourtant il sait déjà que Rachel est en train de lui donner la seule chose logique à faire: s’enfuir pour survivre. « Ensuite, on va jusqu’à la grange de ‘Pa… - on prend de l’essence, et on brûle cet endroit. » Son torse se soulève à la mesure de la large inspiration qu’il prend, avant de finalement hocher la tête et de sauter le premier à travers la fenêtre de la chambre.

Ambrose atterrit maladroitement mais aucune blessure n’est à signaler, ni aucun coup de fusil parti malencontreusement. Soucieux, il attend que Rachel le suive avant de prendre la direction de la grange, comme convenu. « Tu penses qu’on est maudits ? Parle franchement. » Il chuchote, incapable d’être assuré qu’il n’y aura pas d’autres morts à sortir du sol pour les tuer et les éventrer. Pa ne méritait pas ce qu’il vient de lui arriver, ils sont au moins d’accord sur ce point. Ils auraient pu devenir bien plus riches, tous ensemble. « Attention où tu marches. » Ils ne peuvent être certains de rien à partir de maintenant, ce qui le pousse à garder une main sur son fusil alors qu’ils sont encore sur leur propriété. Leur si belle et si verdoyante propriété. « On a enterré Al ici y’a dix ans. Si ça sent l’alcool, je veux dire, ça sera pas une surprise. » Parce qu’il était un alcoolique notoire, et parce qu’il est sûrement un alcoolique notoire qui a réappris à marcher, maintenant, ce qui n’empêche pas Ambrose de se mettre en quête de n’importe quel objet inflammable.

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Raelyn Blackwell & @Ambrose Constantine ☆ dimension fantôme

« Tu penses qu’on est maudits ? Parle franchement. »
« Les maledictions sont pour les gens qui veulent se dédouaner de leurs échecs. »

Si j’ai vu de mes propres yeux les revenants attaquant la ferme et celui penché sur mon père, il n’empêche que la part la plus rationnelle de ma personnalité essaie encore de garder la tête froide. Malédiction il n’y a pas : nous allons brûler cette ferme et récupérer ce qui peut être sauvé : l’or ne brûle pas. Je ne pleurerai pas nos parents et, une fois ces créatures réduites en flammes, ils seront vengés. Mon frère et moi pourront alors recommencer nos combines dans une nouvelle ville, à des kilomètres d’ici même s’il le faut. « Les disparitions auraient fini par attire l’attention sur nous de toute façon. Tôt ou tard, on aurait dû répondre de nos actes : peut-être vaut-il mieux qu’on reste en mouvement à partir de maintenant. » Ambrose resserre ses mains autour de son fusil, et moi je n’ai qu’une pauvre lame de boucher avec laquelle me défendre. J’ai toujours été le cerveau et l’appât de la famille – ma féminité aidant à pousser les visiteurs à ne pas se méfier – mais je n’ai pas peur de me salir les mains s’il le faut.

« Attention où tu marches. On a enterré Al ici y’a dix ans. Si ça sent l’alcool, je veux dire, ça sera pas une surprise. » - « Tu crois qu’il y en a d’autres ? » Et si… Non, impossible. Je ne peux pas envisager que tous les corps enterrés sur notre terrain reviennent à la vie. Ils doivent être au moins une centaine : nous avons fait un carnage, année après année. « Je serais plus tranquille si j’avais une arme à feu, moi aussi. Pa rangeait d’autres fusils de chasse dans la grange. » Je m’interromps en entendant un bruit étrange. Comme celui de quelqu’un en train de gratter la terre. « T’as entendu ça, toi aussi ? »

« Tu crois qu’il y en a d’autres ? » Il y a une heure encore, il n’aurait jamais pu penser qu’un seul de ces choses pourrait exister. Maintenant, il s’appuie sur ses pires cauchemars pour imaginer à quoi la réalité pourrait ressembler. « Je crois qu’on ne peut plus être sûrs de rien. » Il n’y a plus qu’eux deux, désormais, et plus jamais Ambrose ne donnera sa confiance à un autre. Plus jamais, non plus, il ne pensera que les morts restent morts. Il ne sait pas comment de telles choses peuvent arriver et ce n’est même pas ce qui importe: ça arrive, et ils doivent s’en protéger. « Je serais plus tranquille si j’avais une arme à feu, moi aussi. Pa rangeait d’autres fusils de chasse dans la grange. » Ambrose n’est pas à l’aise à l’idée de mettre une arme entre les mains d’une femme mais il ne prend même pas la peine de raisonner sa soeur à ce sujet, certain que cela mènerait à une dispute qu’ils ne peuvent pas se permettre. « Je te donnerai le plus maniable. » Il sait les différencier, parce que Pa lui a appris à se servir de chacun d’entre eux, descendance masculine de la famille oblige. Tant qu’ils brûlent la maison et ces choses avec, il se moque bien du reste.

Un bruit les attire soudaine, poussant Ambrose à s’arrêter soudainement et à ouvrir les yeux de surprise autant que de peur. « T’as entendu ça, toi aussi ? » Il hoche la tête en silence, avant de pointer du doigt la grange. « Va vite chercher ton fusil. » Il la laisse marcher en tête et garde ses arrières. « A droite. » Il précise l’endroit où sont rangés lesdits fusils et les passe rapidement en revue avant d’en donner un en particulier à sa sœur. « Putain il a bougé les cartouches. » Il tourne et retourne l’endroit, s’énerve, cherche où leur père aurait pu avoir eu l’idée de ranger des fichues cartouches qui leurs sont vitales s’ils veulent utiliser l’arme. Ambrose s’énerve, donne un coup de pied dans une des planches de la grange qui cède aussitôt, abîmée par le temps autant que les intempéries. Cette dernière ne fait que relever la présence d’une de ces choses de l’autre côté de la grange et les presse davantage dans leurs recherches.

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Raelyn Blackwell & @Ambrose Constantine ☆ dimension fantôme

« Je crois qu’on ne peut plus être sûrs de rien. » Et si les morts ont décidé de nous rendre une petite visite, nous sommes dans de beaux draps : des morts, il y en a plus sur la propriété que dans tous les cimetières des villages alentours. « Ils sont là pour se venger. » Cela me semble évident, à moi qui vis une vie remplie de violence et de crime, cela me semble naturel. Nous avons tué tous ces gens d’une façon ou d’une autre par appât du gain, et le ciel semble avoir décidé de nous demander de rendre des comptes d’une façon ou d’une autre. S’ils sont là pour se venger, ils ne trouveront le repos que lorsque toute la famille sera morte, et nous devons partir. « On sait même pas si on peut vraiment les "tuer". » Ne sont-ils pas supposés être déjà morts ? Le corps dans la chambre de notre père ne se relèvera-t-il pas à nouveau ? Le feu est une solution radicale, mais cela me semble être la meilleure.

« Je te donnerai le plus maniable. »
« Je ne suis pas une petite fille. »

Je fais partie de cette famille, j’en suis le cerveau – ou en tout cas c’est ce que je pense et estime – j’ai le crime dans le sang et le meurtre comme pêché de prédilection. Si je préfère habituellement le poison ou un bon couteau de boucher, je peux tenir une arme sans trembler et perdre mes moyens. Notre père ne m’a pas appris, mais je ne suis pas une petite idiote comme toutes les jeunes femmes de mon âge. « Va vite chercher ton fusil. A droite. » J’entre dans la grange, avant de me diriger vers l’emplacement que mon frère m’indique. Dans la pénombre, difficile d’y voir quelque chose. « Il y a une lampe à huile quelque part ? » Nous aurions dû prendre des bougies dans la maison, mais nous n’avions pas le temps pour ça. « Je sais qu’il y a des allumettes dans le tiroir de ce meuble. » Je le désigne, mais Ambrose est plus occupé par la recherche d’une arme pour moi, qu’il me colle dans les bras. Sauf que quand j’ouvre le barillet, je réalise qu’il est vide. « Putain il a bougé les cartouches. » Pa voulait certainement éviter qu’un client ne puisse tenter de prendre la fuite et qu’il tombe sur les fusils et puisse les utiliser. Je m’empresse d’aider Ambrose à fouiller, quand un craquement sinistre se fait entendre : une planche de la grange cède, et une créature s’approche de nous. « Putain. » Je ne peux pas utiliser mon fusil de la plus conventionnelle des façons, alors je le fais à ma manière : j’attrape le canon de mes deux mains, et frappe le plus fort possible le malheureux avec la lourde crosse.

« On sait même pas si on peut vraiment les "tuer". » Certes, mais ils ont le devoir d’essayer, parce que c’est sur ce point que repose tous leurs espoirs. S’ils ne peuvent pas les tuer, ils sont sûrement condamnés et Ambrose refuse de voir sa vie tourner aussi court à cause de choses surnaturelles. Et même si Rachel trouve encore le temps de se vexer d’un rien, n’empêche qu’il continue de préparer leurs défenses avec tous les outils qui sont à sa portée. « Il y a une lampe à huile quelque part ? Je sais qu’il y a des allumettes dans le tiroir de ce meuble. » Il l’entend mais s’occupe un peu trop de la recherche de fusils pour donner de son temps aux requêtes de sa sœur. Compte-elle faire griller des saucisses sur le feu ?

La désillusion d’Ambrose est immense lorsqu’il se rend compte non seulement que les fusils sont vides mais, surtout, qu’il n’arrive pas à trouver aussi rapidement qu’il le voudrait l’endroit où leur père range les cartouches. Il le lui a dit, pourtant, mais tout a toujours été plus facile à retrouver sous la lumière du jour et surtout sans être pressé par des monstres. Preuve en est, le plancher craque et Rachel utilise son fusil telle une batte pour frapper aussi fort que possible le crâne de la Chose. Et si cette dernière tombe, elle se relève pourtant aussitôt, comme si de rien n’était. C’est à peine si le geste l’a troublée. « La lampe à huile. » Il réfléchit à voix haute et change de stratégie, non sans prendre à son tour la peine de tenter de ralentir sa course, son propre fusil s’abattant de toute sa force contre son cou: s’il avait été humain, il se serait brisé et il n’y aurait plus eu le moindre problème à gérer. « Elle est.. Elle est derrière ça. » Cette chose, cet homme qui n’en est plus un. Il les sépare de la lampe à huile et, avec elle, de leur seule chance d’arriver à se sauver de cette mauvaise passer. Ils ne peuvent pas lui briser le cou, mais ils peuvent peut-être le brûler vif. « Je l’occupe. Récupère la. » Et il n’y a rien qui puisse être discuté dans l’urgence de la situation. De toute façon, Ambrose utilise déjà son fusil à nouveau pour attirer l’attention de cette chose et l’emmener aussi loin que possible de Rachel.

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Raelyn Blackwell & @Ambrose Constantine ☆ dimension fantôme

Le fusil n’a pas de cartouche et nous n’avons pas le temps de réfléchir à où Pa les a rangées et s’il a bien été refaire le plein la dernière fois qu’il est descendu en ville. De toute façon, s’il s’agissait de trouver un coupable, Pa est mort, et nous le rejoindront bientôt si nous ne trouvons pas rapidement une solution. Alors, je frappe la créature qui s’approche de nous avec la crosse de mon arme, à défaut de pouvoir lui faire éclater la cervelle. Sauf que la créature se relève, comme si toute blessure physique que nous lui infligeons n’a pas le moindre effet sur lui et Dieu que c’est effrayant. « La lampe à huile. » Bien sûr, puisqu’Ambrose est un homme il a fallu qu’il lui soit prouvé que son plan était voué à l’échec pour qu’il accepte d’en envisager un autre, surtout un venant de moi qui suis pourtant l’ainée. Mais l’heure n’est pas à mettre du plomb dans la tête de mon petit frère, alors je cherche frénétiquement autour de moi la dite lampe, notre potentielle porte de sortie. « Elle est.. Elle est derrière ça. Je l’occupe. Récupère-la. »

Ca, c’est la chose qui semble bien décidée à nous faire subir le même sort qu’à nos parents. Dire que nous ne l’avons pas mérité serait d’une hypocrisie sans non, mais je me moque de le mériter ou non : je veux survivre, c’est aussi simple et égoïste que ça. Alors tandis que la créature se jette sur mon frère, je cours jusqu’à l’entrée de la ferme où je trouve l’objet de notre convoitise. « Je cherche les allumettes, ou un briquet, tiens encore un peu ! » C’est certainement plus facile à dire qu’à faire, mais Ambrose a choisi d’être l’homme de la maison et de se comporter comme si ce qu’il a entre les jambes le nomme officiellement leadeur de notre binôme, à lui d’en affronter les conséquences, à présent. « J’ai trouvé ! » La lampe, nous nous en moquons. C’est bien l’huile à l’intérieur qui m’intéresse, et je la verse sur les gros ballots de paille que Pa garde à l’abri dans la grange, avant de me saisir du paquet d’allumettes. Dans la panique, il me faut plusieurs tentatives pour parvenir à en allumer une. Je la jette sur l’huile, qui s’embrase immédiatement, attirant l’attention de la créature. J’attrape une torche, que j’allume avant de la jeter à Ambrose. « Tout va brûler ! Il faut partir le plus vite possible. » Je me saisir d’une seconde torche que j’allume également pour embraser tout ce qui se trouvera à ma portée.

Même les plus alcoolisés des clients n’auraient pas été capables d’imaginer la scène que frère et soeur sont en train de vivre, surtout alors qu’Ambrose se débat contre une créature que la Bible elle-même n’a pas pu imaginer dans son Tartare. « Je cherche les allumettes, ou un briquet, tiens encore un peu ! » Ce qui est un ordre plutôt facile à donner mais bien moins aisé à mettre en place, comme s’en rend malheureusement compte le brun qui se bat littéralement pour sa vie contre une créature qui a perdu la sienne il y a bien longtemps. « J’ai trouvé ! » Par réflexe, son regard se pose sur sa sœur, ce qui est bien assez pour que la créature en profite et fasse tomber Ambrose à la renverse. « T’en a mis du temps ! » Il grogne, il râle et la paume de sa main glisse contre le sable alors qu’il tente de se reculer le plus vite possible: il n’a pas envie de connaître le même sort que son père.

A ses côtés, il entend les flammes s’élever en même temps qu’il les voit dans le coin externe de son œil. Soudainement, la nuit devient rouge. « Tout va brûler ! Il faut partir le plus vite possible. » Les flammes gagnent en puissance tout autour de Rachel et son frère utilise toutes ses forces pour se relever mais surtout pour repousser la chose vers le brasier. Il appuie ses paumes de main contre son torse et sa rage lui offre la force nécessaire à cela ; le corps fantomatique du meurtrier se confond rapidement avec le brasier. « Rachel, recule, ça devient dangereux ! » Ils ont déjà perdu Pa, il ne veut pas la perdre aussi. Les flammes sont lancées, elles vont continuer leur chemin seules et n’ont plus besoin d’elles pour exister. « Il est dans les flammes, on a gagné, on a gagné Rachel. » Chercher davantage de vengeance serait vain. Ils ne peuvent en obtenir plus dans leur situation.

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Raelyn Blackwell & @Ambrose Constantine ☆ dimension fantôme

« T’en a mis du temps ! »
« Va te faire voir Ambrose ! »

Je fais ce que je peux, des gouttes de sueur perlent sur mon front tandis que je me débats avec un brasier qui s’intensifie rapidement et duquel je me tiens bien trop près que je puisse être jugée comme en sécurité, mais nous ne le sommes plus depuis que ces choses ont commencé à quitter leur tombe. Ce n’est pas fini : le feu doit bruler la maison aussi, calciner le terrain pour détruire toutes les créatures fantomatiques et cadavériques qui nous font face ou, au moins, les ralentir assez pour que mon frère et moi puissions quitter l’état, ou même le pays.

« Rachel, recule, ça devient dangereux ! » Je ne suis pas une petite fille mais cette fois, je m’exécute. Hypnotisée par la créature qui brûle dans les flammes, je n’ai pas réalisé que les flammes ont pris une ampleur impossible à contrôler. Alors, ma torche dans la main, je cours vers la porte de la grange, déjà prise d’une toux certainement déclenchée par les émanations de fumée noire qui s’échappent du brasier. « Il est dans les flammes, on a gagné, on a gagné Rachel. » Le sourire qui étire mes lèvres est presque carnassier, témoin du peu d’état que je veux de la mort de ces créatures qui étaient autrefois des hommes – nous les avions déjà terrassé, de toute façon – ou même de mon manque d’empathie envers nos parents, qui reposent tous les deux à l’intérieur de la maison familiale. Je suis en vie, Ambrose est en vie, et reconstruiront tout ailleurs pour recommencer à nous enrichir grâce au crime.

Pendant de longues minutes, nous restons là, à contempler les flammes qui avalent la grange et la réduisent à l’état de cendre. Le jour n’est pas levé, mais la pénombre est tombée quand je semble sortir de ma torpeur. « On doit partir. Brûler la maison aussi. » Qui sait combien de ces créatures se relèveront encore. « On a besoin de rien. On volera ce qu’il nous faut, ou on trouvera bien des idiots à arnaquer et détrousser en route. » En route vers où ? Je l’ignore, mais il paraît qu’encore plus à l’ouest d’ici, les gens s’enrichissent à vue d’œil. Peut-être qu’il est temps pour nous d’aller prendre l’air de la côte, qui sait.

rp terminé