Greta s’était retrouvée nez à nez avec un loup-garou et son premier réflexe avait été le même que tout le monde : courir. Enchevêtrée dans une cape beaucoup trop longue, elle avait trébuché et la capuche un peu trop grande du vêtement l’empêchait de voir correctement. Tout était fait exprès pour se dissimuler du mieux qu’elle pouvait afin d’affronter la réalité du dehors. Il était évident que le mieux à faire était de rester chez soi, à attendre que le jour daigne à nouveau pointer le bout de son nez mais c’était plus fort qu’elle. Elle cogitait trop, s’inquiétait pour Arthur qui était en première ligne pour défendre les humains contre les monstres et, surtout, elle devait armer elle et sa famille si elle voulait survivre. Dans ses tiroirs, elle avait trouvé un crucifix et des cristaux et avait réussi à cueillir une aconit en prenant soin de ne pas là toucher sans un linge pour ne pas s’intoxiquer. C’était un maigre butin et elle avait espéré trouver quelque chose au village… tout ce qu’elle avait trouvé, c'était un loup affamé. C’est ainsi qu’elle s’était retrouvée dans la mangrove, perdue et livrée à elle-même. La panique ne cessait de s’amplifier, seule la lumière de la lune lui permettait d’y voir quelque chose et  même de jour, elle se doutait que l’endroit ne devait pas être accueillant. Seule dans cet endroit humide et hostile, elle avait avancé jusqu’à distinguer une masse sombre.  « Bonsoir, enfin bonjour … » avait-elle lancé en apercevant une silhouette au loin. Elle ne savait plus faire la différence entre les deux et c’était bien là le problème, le grand mal qui frappait Brisbane. La pénombre avait pris le pas sur la lumière et Greta ne savait plus réellement à quoi se fier, elle avait perdu tous ses repères. « Vous savez où se trouve le chemin le plus court pour retourner au village ? » avait-elle demandé le plus innocemment du monde à l’homme qui s’était dévoilé être humain au fur et mesure où elle approchait. Ses yeux étaient caligineux et il semblait bien peu enclin à entamer la discussion mais, finalement, il avait souri. Et heureusement, Si elle continuait à agir sans réfléchir, il y avait fort à parier qu’elle ne se sortirait pas vivante de cette nuit interminable.

 « at dawn they sleep »    greta moore & mason bradford.

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Mason Bradford erre sans but, si ce n’est celui de se trouver des âmes charitables prêtent à le laisser boire de leur sang. C’est ce qu’il est devenu depuis des centaines d’années maintenant, à cause d’une mauvaise personne. Une femme sublime, aux traits angéliques, qui l’a attiré dans son lit, pour mieux dévorer chaque bonnes parcelles de son corps et de sa mémoire. Il s’est débattu évidemment, les coups partait si fort – malgré le fait qu’il n’est jamais tapé aucune femme, mais celle-ci s’est avérée particulièrement menaçante. Pour la première fois de sa vie, il a eu peur. Il n’osait pas la regarder dans les yeux, encore moins la contredire, et le combat était perdu d’avance. Il le savait qu’il ne pourrait rien contre elle. Rien qui puisse faire, et dire. Elle était plus rapide que lui. Plus forte aussi. Elle faisait deux pas, quand lui en avait même pas fait un. Et son rire, pendant longtemps il s’en est souvenu. Affreusement moche, le genre de rire qui ferait froid au dos de n’importe quel humain. Et puis, le néant. Il se souvient juste d’être tombé par terre, et d’avoir suivis plusieurs hurlements, elle l’a mordu à quatre reprises. Le soleil ne se lève plus, il ne se couche plus non plus. Il ne dort jamais, il se promène, et son passe-temps favori : faire hurler de terreur ses proies. Parfois un combat avec un loup, ou un sorcier pour une distraction. Les chasseurs le traquent aussi. Mais il s’en est toujours bien sorti, avec sa solitude qui ne le dérange même pas. « Bonsoir, enfin bonjour … » Une silhouette d’une femme volontairement caché par un long manteau se retrouve devant lui. Il tourne le visage sur le côté, une âme charitable qui veut servir de casse-croûte finalement… Intéressant, et c’est en tout cas son regard qui se pose volontairement sur elle et qui en dit long sur la nature de ce qu’il est devenu. Un rictus dessine ses lèvres avec aisance, alors qu’elle poursuit, « vous savez où se trouve le chemin le plus  court pour retourner au village ? » Elle est perdue la mignonne, et bien évidemment qu’il allait l’aider à retrouver son chemin, avec quelques frais de note au passage. « Suivez-moi… » Il s’avance alors, il connaissait suffisamment cette forêt pour savoir que c’était le domaine des loups, mais lui, il n’a pas peur des loups. Et elle, de quoi elle a peur ? Elle est derrière lui, continuant sa marche, peut-être réalisera t’elle le problème dans quelques secondes. « Je suis le gardien de cette forêt, vous avez de la chance, je la connais aussi bien que ma poche… » Gardien de rien du tout, mais ça, elle n’est évidemment pas censé le savoir.

L’ensemble de ses muscles prenaient les décisions avant même que son cerveau n’ait eu le temps d’avoir son mot à dire. La nuit ne se levait plus et ces heures bien trop longues passées dans l’obscurité ne permettait plus à la race humaine de fonctionner correctement, tout comme la présence sur terre de monstres assoiffés de sang, recouverts de poils ou désireux de tester de nouveaux sortilèges pouvant faire voler les balais. Les vampires, les loup-garous et les sorcières déambulaient dans les rues et se confondaient avec les piètres costumes d’halloween qui réussissaient tout de même à tromper les badauds. Des villageois crédules et qui ne soupçonnaient pas un seul instant que se retrouver nez à nez avec des suceurs de sang ou être pourchassé par des chiens aux poils rêches soit réellement possible. Greta elle en avait cependant fait les frais et c’était ces derniers qui l’avaient chassée jusque dans la forêt de mangrove où sa sécurité était encore bien plus mise en péril. « Suivez-moi… » avait demandé d’une voix suave l’être au teint pâle et aux yeux vitreux - son allure et sa prestance lui rappelait un personnage sanguinaire dont elle tairait le nom pour ne pas s’effrayer davantage - un comte sanguinaire qui vivait dans un château où il s’adonnait à de tristes activités. « Je suis le gardien de cette forêt, vous avez de la chance, je la connais aussi bien que ma poche… » Plus apeurée par l’idée d’être seule dans cette forêt qu’accompagnée par un homme étrange, elle l’avait suivi sans se poser plus de questions. « Et vous êtes ici seul ? Vous continuez à exercer votre métier malgré les rumeurs ? » Il y aurait bien longtemps que quiconque avec un tantinet d’instinct de survie aurait fui l’endroit, repère idéal pour créatures venus tout droit de contrées lointaines : Pays de Galle, Transylvanie ou Allemagne. « La lisière de la forêt était de l’autre côté, pourquoi sommes-nous en train de nous enfoncer un peu plus dans les arbres ? » Greta pouvait sentir ses poils se hérisser et son sang bouillir, se sentant comme coincée dans un jeu de chat et de la souris.

 « at dawn they sleep »    greta moore & mason bradford.

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Mason ne voit pas le mal en emmenant un peu plus profondément cette personne dans sa propre forêt. Les terres appartiennent à ses ancêtres, et ils ne seront désormais plus qu’eux deux livrés à eux-mêmes, et elle peut s’assurer au moins que Mason prendra bien soin d’elle. Il convoitera avec prudence et souplesse sa peau si chaude contrairement à la sienne. Dégustera de bien des façons ce liquide qui arpente encore ses veines – plus pour très longtemps, ce sera vive, la douleur qu’éphémère et l’envie, insatiable. Il sait quand il le souhaite s’occuper avec aisance de ses invités, en prendre soin avant de les jeter brutalement lorsqu’ils ne lui servent plus à rien. Et la jeune femme fera partie de ses plus douces victimes, celle qu’il aimera convoiter, et posséder. Il marche, empruntant sans mal sa forêt, alors qu’elle pourrait s’y blesser, les arbres ont pris leur place, les racines se sont installés, et ont pris possession du lieu comme si il était abandonné. Quelques carcasses d’animaux morts, par ci et là, et toujours cette profondeur devant eux, comme si ils allaient droit dans un autre monde, un univers reculé, où il n’y a plus d’espoir. Il n’y a plus d’espoir, mais Mason fait de ceux qui ont fait sombrer la Terre dans le chaos, et bientôt, d’autres univers seront emmenés à sombrer aussi, avec eux. Parce qu’il aime la destruction, il aime la peur dans le regard de ses victimes. « Et vous êtes ici seul ? Vous continuez à exercer votre métier malgré les rumeurs ? » Un fin sourire amusé apparaît sur ses lèvres – sourire qu’elle ne peut évidemment pas voir, puisqu’elle se trouve derrière lui. Elle est curieuse, oh gentille humaine, ne pose pas trop de questions. Il déteste ça, la curiosité. Il déteste parler, et se confier. L’acte passera toujours devant tout le reste. C’est ainsi qu’on la créer, et qu’on la formaté. « Il faut bien que quelqu’un s’occupe de cet endroit, il y a tellement de passage et de destructeur… » Il en fait probablement partie, mais ne le dira jamais. « La lisière de la forêt était de l’autre côté, pourquoi sommes-nous en train de nous enfoncer un peu plus dans les arbres ? » Il s’arrête, elle en fait de même, il peut entendre son souffle, ses respirations et même les battements de son cœur. Il peut sentir ses interrogations et cette peur, « je voulais vous faire prendre un raccourci, et éviter tout un grand détour. » Et c’est autant une réalité qu’un mensonge, parce que ce n’est évidemment pas simplement que pour le raccourci, mais bien pour avoir une tranquillité qu’il n’aurait jamais trouvé sur le pourtour de cette forêt, et parce que finalement, si elle tente de le fuir, il lui sera certainement plus difficile de se repérer quand les arbres se ressemblent tous. « Vous avez besoin d’une pause ? » Il jette un regard carnassier derrière lui, en sa direction, où elle pourrait peut-être apercevoir ses dents d’une blancheur inégalable, mais tout autant tranchante.

Ils n’étaient que des souris qui tentaient de fuir les chats. Des gazelles fuyant les lions. Ou n’importe quelle autre proie qui survivait, conscientes à chaque instant du danger que représentaient leurs prédateurs. Et ce soir, si Greta avait fui devant le loup, elle s’était peut-être un peu trop vite mise à suivre l’inconnu, accordant sa confiance quand tout indiquait qu’il s’agissait là d'un piège. Il travaillait encore dans la forêt alors qu’il y faisait nuit noire et que plus personne ne s’y aventurait… Tout cela ne faisait aucun sens. « Il faut bien que quelqu’un s’occupe de cet endroit, il y a tellement de passage et de destructeur… » Cette réponse était tout à fait convenable mais l’aurait été bien plus si les circonstances avaient été différentes. Si les créatures n’avaient pas pris le dessus sur les humains pour les plonger dans une terreur constante, à l’image de celle que ressentait Greta en suivant l’inconnu. Elle avait eu plusieurs comportements qui mettaient en doute son instinct de survie, mais celui-ci les dépassait tous. Se sachant de toute façon déjà condamnée si l’homme s’avérait être autre chose qu’un humain, elle avait pris les devants et avait posé directement la question pour savoir où il l’emmenait.« je voulais vous faire prendre un raccourci, et éviter tout un grand détour. » La blonde pouvait poser son regard n’importe où, chaque arbre se ressemblait et chaque endroit de la forêt ne se distinguait pas à ses yeux. Ce n’était qu’une grosse masse sombre, un amas de verdure que la nuit rendait gris et terne. « Vous avez besoin d’une pause ? » Il s’était tourné vers elle et elle ne savait pas si c’était son côté terre à terre qui l’avait empêché de voir l’éclat sur ses dents comme un indice. Son regard, son sourire, sa voix, tout indiquait le côté carnassier auquel il appartenait mais malgré ses pas qui la faisaient reculer loin de lui, Greta restait face à lui. Comme si il y avait encore un espoir qu’elle soit dans un cauchemar ou qu’il puisse l’épargner.  « On vient à peine de commencer, je n’ai pas besoin de pause… » Et en parlant, elle fixait ses canines qui luisaient, comme rendues plus visibles par la lune. En se trouvant face à elle, les yeux de l’inconnu avaient jailli d’une lueur différente d’avant, se teintant d’une couleur orangeâtre.  « Qui êtes-vous ? » Il s’approchait quand elle essayait de reculer et le jeu devenait extrêmement dangereux, le corps de Greta tout entier commençant à ressentir la terreur, la vraie.

 « at dawn they sleep »    greta moore & mason bradford.

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Peut-être que jamais, elle n’aurait dû le suivre jusqu’ici, car le piège semble se refermer sur elle. Elle n’est pourtant pas toute seule à avoir vécu ce genre de chose, même venant de sa part. Il aime aider les âmes égarés Mason. Il aime leur en faire voir de toutes les couleurs, et sentir leur peur dans leurs regards. Qu’est-ce qu’il attend pour se retourner vers elle et lui montrer sa vraie nature ? Celle qu’il est devenu depuis un paquet d’années – si bien qu’il ne compte désormais plus son âge, les anniversaires se succèdent, et aucun ne se ressemblent. Toujours accompagné d’une nouvelle tête, il ferait un guide parfait, mais il se laisse souvent emporter par la bête qui sommeille en lui. S’engouffrant dans la forêt avec la jeune femme, il semble détendu, jetant par moment un ou deux regards derrière lui en toute innocence, et elle semble ne pas se soucier de son sort. Parfois, il lui arrive de se demander pourquoi sont-elles aussi naïves ses proies ? Comment on peut croire qu’un inconnu puisse nous emmener de l’autre côté gratuitement ? Sans rien demander au passage. Mais ça lui sert bien à Mason, il n’allait pas s’en plaindre. Peut-être d’ailleurs que les années ont forgés aussi sa carapace, et sa solitude avec. « On vient à peine de commencer, je n’ai pas besoin de pause… » Comme elle voudra, mais tout à coup elle semblait avoir attiré son attention, suffisamment pour pas qu’ils reprennent leur route ensemble. Il avance en direction de la jeune femme, « vous n’êtes pas fatigué ? » Il demande, pour gagner du temps quand elle recule elle aussi pour reprendre de la même façon une distance raisonnable avec le vampire, « qui êtes-vous ? » Elle recule, il avance sans hésitation et devant sa question il lui rétorque, cette fois el la tutoyant. « tu as peur ? » Et elle peut. Et elle doit. Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle va heurter bientôt un arbre, et il sera bien trop proche d’elle pour pouvoir fuir. « Je ne te veux aucun mal. » Il y aura à peine une douleur, qui ne durera pas. Promis. Et le dos de Greta heurte le tronc d’arbre et Mason complète la distance entre elle et lui, avant de rapprocher son visage d’elle et à la dernière minute, il plante ses crocs dans la chaire de sa jeune victime en fermant les yeux, laissant alors son sang circulait en lui.

Greta n’avait jamais ressentie ce qu’était réellement la peur avant ce tête à tête avec un loup et ce sentiment se décuplait encore bien plus maintenant qu’elle se trouvait prise au piège avec l’inconnu. Elle s’en voulait d’avoir été aussi naïve alors qu’elle avait fait la promesse à Arthur de rester à couvert, d’être prudente et de ne se fier qu’en ses amis sorciers qui auraient su la protéger. Mais elle avait soif d’aventure, alors elle se retrouvait maintenant à faire un pas en arrière quand le vampire en faisait un en avant. C’était ce qu’il était, elle en était maintenant convaincue, et il y avait quelque chose de sensuel dans sa façon de se déplacer, de la regarder et de s’exprimer. « vous n’êtes pas fatigué ? » En guise de réponse, elle avait secoué la tête, comme envoûtée par cet être qu’elle ne réussissait pas à quitter du regard. Peut-être qu’il s’agissait là d’un des nombreux pouvoirs des vampires, ses connaissances en la matière étaient encore toutes approximatives. Alors elle n’avait pas eu le réflexe de brandir ce pieux qu’elle avait dans la poche et qui aurait pu l’éloigner.  « tu as peur ? » Je suis terrifiée. Voila ce qu’elle se disait dans un esprit complètement embrumé par les yeux du vampire sur elle et par une peur bien différente de toutes celles déjà ressenties. Cette fois-ci, elle se savait condamnée, parce que son dos venait de heurter un tronc d’arbre et qu’elle n’était plus en capacité d’oser faire un pas d’un côté ou de l’autre. Il était là, proche d’elle et elle pouvait sentir son souffle au creux de sa nuque. « Je ne te veux aucun mal. » Etait-il en train de lui indiquer que s’il mordait, ce serait pour la transformer et non pour la tuer ? « Je vous en prie.. » avait-elle tenté de supplier avant que ses crocs ne viennent percer sa veine de laquelle elle pouvait sentir le sang jaillir. Le vampire aspirait alors qu’elle gémissait, sentant les forces la quitter peu à peu pour laisser place à une douleur vive. Pendant qu’il se nourrissait, il lui injectait un peu de ce poison qui ferait d’elle un monstre et bientôt, ses yeux se fermeraient pour ne s’ouvrir que quand la transformation serait complète.