T’as bientôt fini de creuser un nouveau trou dans ce cimetière. Tu as bien compris que les gens tombaient comme des mouches dans cette ville. Au début tu pensais que c’était leurs habitudes mais au fil des semaines et des personnes que tu as rencontré ici et là, tu as découverts que ça ne fait pas longtemps que c’est comme ça. Ta soeur et toi vous êtes arrivés à peu près en même temps que tout ce fiasco. Juliet te répète souvent le soir que c’est vous qui portez malheur. Non, elle dit que c’est elle qui amène l’obscurité partout. Tu lui dis qu’elle se trompe et que vous allez trouver l’apothicaire qui va régler tout vos problèmes. C’est ton espoir oui. Certains ont tenté de t’entourlouper quand ils ont compris que tu avais de quoi payer, mais tu les as senti à des kilomètres ces balivernes. Tu as une bonne intuition et peut être bien que tu as un certain don que tu ne veux pas assumer. Etre différent c’est souvent synonyme de problème. Tu fais profil bas souvent, tu ne donnes que le strict minimum d’informations quand on commence à te questionner. Personne n’a besoin de savoir toute ta vie pour répondre à tes propres questionnements. Car oui bien sûr, faites ce que je dis, pas ce que je fais. C’est comme ça que tu veux que ça marche.
La nuit, dans la grange que tu occupes avec Juliet, il y a des bruits, des sons, des voix. Mais tu n’es pas inquiet, tu en as vu d’autres par le passé et puis Juliet n’a pas peur. Si elle n’a pas peur, c’est que tout va bien. Elle est un peu comme une sorte de radar. Ca vous a réussi parfaitement jusque là. Vous faites tous les deux une sacré équipe. Y’en a pas beaucoup qui aurez misé sur votre longévité après que votre famille ait été massacré dans votre manoir.
Après quelques heures, tu te fais une pause dans ta besogne. Tu laisses ta pelle au sol et tu vas marcher entre les tombes qui sont déjà toute dressées. Tous les jours tu parcours une nouvelle rangée, tu vas te familiariser avec des nouveaux noms. Tu croises des gens parfois qui viennent visiter leurs proches qui sont passés de l’autre côté. Tu en as entendu de sacrés histoires par ici. Tu fais des étirements, tes bras en l’air et sur les côtés, tu tentes de te craquer le dos également. Tu es jeune et en forme, mais tu as bien compris qu’il faut se donner les moyens de rester en bonne santé également, physiquement. Tu vas jusqu’à la fontaine d’eau un peu plus loin pour te désaltérer alors que tu entends des pas arriver non loin. Tu sais que parfois, il n’y a personne de visible, mais il y a quelqu’un en même temps. Est-ce des esprits ? Est-ce des gens qui restent dans l’obscurité. « Y’a quelqu’un ? » Tu demandes quand même car t’as l’impression que les pas se sont arrêtés, mais tu ne vois encore personne. Peut être que c’est plus loin et que tu as juste l’ouïe fine. Peut être que c’est juste le vent… Tu n’y crois pas trop. Mais tu te dis que tu aurais peut être dû garder ta pelle avec toi. Pas envie de te faire sauter dessus par… Quelque chose. Il vaut mieux être trop prudent oui.
La nuit régnait sur le cimetière, éclairée seulement par la faible lueur de la lune cachée derrière les nuages. L'apothicaire avait besoin de prendre une pause, de s'éloigner de la boutique un instant. Dans son laboratoire, le temps paraissait un peu plus figé qu’il ne l’était déjà dehors. Dans sa concentration, à la seule lueur de la bougie, il lui semblait que même les particules de poussière n’osaient plus bouger dans l’air. Tandis que dans Brisbane, une légère brise soufflait à travers les arbres du cimetière, faisant bruisser les feuilles mortes, abandonnées par un soleil inexistant. Son visage était grave. Il était profondément préoccupé par la situation qui régnait sur la ville depuis un mois. L'éclipse persistante, les créatures surnaturelles qui se promenaient librement, tout cela était bien loin de ce qu'il avait connu dans son existence calme et discrète. Secrète. Il aurait pu profiter de la situation pour être enfin libre, comme tant d’autres sorciers, vampires et lycanthropes le faisaient, mais il était paralysé par la peur, par les chaînes invisibles de son passé -et celles des générations précédentes. Travailler, préparer de nouvelles potions, voilà un moyen de lui occuper l’esprit autrement. Face aux tueries, la communauté avait besoin de ses remèdes plus que jamais. Et à chaque fois que les clients parlaient de ces “maudites créatures”, son coeur se serrait de plus en plus.
Il marcha dans les rues obscures de Brisbane, suivant le fil ténu de cette étrange atmosphère. Les ombres semblaient s'animer autour de lui, comme si la nuit elle-même avait une conscience. Il se dirigea vers une vieille fontaine, un lieu familier où il avait croisé de nombreuses fois des êtres de tous horizons. Cette fois encore, une silhouette se trouvait à proximité. "Y'a quelqu'un ?" Jonah leva la main, signe qu’il n’y avait rien à craindre. A dire vrai, n’importe quelle autre espèce serait en mesure de prétendre la même chose en approchant d’une proie et il ne serait pas étonné que cela ne suffise pas à inspirer confiance au jeune homme qui se dessinait peu à peu devant lui, hors du brouillard. "Il n'y a rien à craindre, mon ami." Les mots semblaient flotter dans l'air, comme portés par le vent. "Je suis Jonah Fletcher, apothicaire de cette ville," se présenta-t-il finalement. Le visage de son interlocuteur ne lui était pas familier. C’étaient d’étranges temps pour venir s’installer à Brisbane, même temporairement. Cependant, la situation n’était sans doute pas différente ailleurs dans le Queensland, sur le continent, peut-être dans le monde. “C’est dangereux d’être seul dehors en ce moment, vous devriez être prudent.”
Tes yeux essaient de faire focus sur la zone où tu entends les pas approcher car tu les entends bel et bien, il y a quelqu’un ou quelque chose. C’est sûr. "Il n'y a rien à craindre, mon ami." Une voix plutôt posée à ton sens se fait entendre, avec des mots qui se veulent rassurant. Tu vois enfin sa forme en te déplaçant un tout petit peu, il a la main en l’air comme signe de paix. Hmmm. Tes méninges sont en train de fuser pour déterminer si tu peux faire confiance à ce qu’il dit alors que tu ne le connais ni d’Adam, ni d’Eve. "Je suis Jonah Fletcher, apothicaire de cette ville," Jonah Fletcher. Tu avais entendu son nom ici et là au travers des questionnements que tu as pu faire aux gens que tu rencontrais. L’ami de ton ami était sensé s’appeler JF. Tu n’avais pas fait le rapprochement car tu as beau avoir de la jugeote, celle ci t’avait échappé. Pour l’instant, ok, ça commence à faire pas mal de petit détail qui pourraient être bon pour toi.
Tu restes silencieux, toujours en train de réfléchir à la bonne approche pour la suite, et il reprend la parole. “C’est dangereux d’être seul dehors en ce moment, vous devriez être prudent.” Est-ce que ce sont des menaces ? Est-ce lui qui va te sauter dessus d’un moment à l’autre. « Je sais me défendre. » Tu dis alors que tu restes proche de la fontaine, sans oser faire un pas vers Jonah Fletcher. « Tu es vraiment l’apothicaire ? Je suis tombé sur plein de charlatan dans cette ville. » Des gens qui voulaient juste voler ton argent c’est drôle quand on sait que c’est également un de tes passes temps. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. « Qu’est ce que vous faites ici ? » Tu passes du tutoiement au vouvoiement sans même t’en rendre compte, ton cerveau est en train de réfléchir à toute vitesse pour tenter de gérer la situation qui se présente devant toi.
Méfiance partagée, l’apothicaire avait à son avantage sa capacité à déceler la nature magique d’un être et pouvait donc sentir que son interlocuteur en était dénué. Néanmoins, il ne tenait pas rigueur au jeune homme de rester sur ses gardes, au contraire ; la méfiance était une alliée dans ce monde en proie à l'éclipse éternelle, où les apparences étaient trompeuses et où la confiance était une monnaie rare. « Je sais me défendre, déclarait le blond avec conviction - Sans doute. » Pas assez par rapport aux ennemis auxquels il pourrait faire face à chaque coin de rue de la ville, mais sans doute de quoi exercer quelques minutes de résistance avant l’inéluctable. Jonah s'en voulut intérieurement de faire preuve d’autant de cynisme et de fatalisme, néanmoins le comportement de ses semblables et autres créatures de la nuit ne lui inspirait rien d’autre. « Tu es vraiment l’apothicaire ? Je suis tombé sur plein de charlatans dans cette ville. » Fletcher hocha la tête. Il n’employait guère de qualificatifs aussi durs envers les autres pseudo-guérisseurs de la ville ; certains souhaitaient réellement bien faire, effectuaient leurs recherches, proposaient des remèdes qui n’étaient pas complètement inefficaces et se heurtaient malheureusement aux limitations de leur espèce. D’autres, il était vrai, vendaient sous le manteau des élixirs frauduleux et des concoctions dangereuses. “La mousse, sur la fontaine, fit doucement Jonah en levant le bras, index tendu vers le monument. Bryum d'argent. Efficace contre les angines de poitrine et les affections des poumons.” Quand on sait comment la préparer correctement. Cela devait suffire à convaincre le garçon de sa légitimité. « Qu’est-ce que vous faites ici ? » Le sorcier haussa un sourcil. Son regard glissa de nouveau sur la fontaine. Il n’y voyait pas de plaque indiquant que la place appartenait à un quelconque étranger aux mains terreuses et aux ongles crasseux qui serait donc en mesure de lui demander des comptes. Il ne répondit donc pas. “Qu’est-ce que vous faites ici ? Je ne vous ai jamais vu à Brisbane auparavant.”
- Sans doute. » Tu sens qu’il y a du sarcasme la derrière et tu commences à te demander si c’est pas un vrai sorcier du genre qui pourrait lire dans tes pensées. Ou peut être est-ce les vampires qui sont dotés de cette facultés ? Tu ne sais pas, il y a tellement de sortes de créatures différentes qui vous entourent comme si de rien n’était dans ce monde. Cet homme devant toi se dit être un apothicaire et tu ne savais pas exactement l’étendue de leurs capacités. Tu sais juste qu’ils savent faire des potions qui peuvent faire beaucoup de bien et d’autres qui peuvent faire beaucoup de mal. “La mousse, sur la fontaine Tu tournes légèrement et machinalement la tête vers la fontaine à ses mots. Bryum d'argent. Efficace contre les angines de poitrine et les affections des poumons.” Tes sourcils se haussent car tu ne sais pas trop quoi faire de cette information. Tu comprends qu’il a des connaissances et tu comprends aussi qu’il ne tient qu’à toi de lui faire confiance ou non.
“Qu’est-ce que vous faites ici ? Je ne vous ai jamais vu à Brisbane auparavant.” Tu hésites brièvement mais tu te lances, n’ayant rien à perdre, tout à gagner. « Je suis venu en ville avec ma soeur. Je connais quelqu’un qui m’a dit qu’il y avait un apothicaire… JF. Qui pouvait m’aider ici. » Tu hésites avant d’en dire plus mais tu le fais. « JF, c’est vous ? Jonah Fresher ? » Tu ne te souviens bien exactement du nom qu’il a donné juste au dessus. « Vous êtes un peu plus qu’apothicaire n’est-ce pas ? » Tu sais pas trop si ça se demande mais c’est bien d’un pouvoir plus grand qu’il te faudrait pour aider ta soeur, tu n’es pas naïf à ce point. Mais peut être bien que si. « J’ai de quoi payer si vous pouvez m’aider. » Tu ne sais pas ce qui a de la valeur pour lui mais tu tentes avec ce que tu as qui vaut de l’argent en premier lieu. Une valeur sûre à ton avis.
Sans se montrer récalcitrant, le jeune homme face à lui dévoila les raisons de sa venue à Brisbane malgré son voile de ténèbres et d'étoiles. “Je suis venu en ville avec ma soeur. Je connais quelqu’un qui m’a dit qu’il y avait un apothicaire… JF. Qui pouvait m’aider ici. JF, c'est vous ? Jonah Fresher ?" Le sorcier se figea un instant, les traits graves, le visage blême. Ses sourcils froncés trahissaient un mélange de surprise et de contrariété. “Fre…?!” Il ravala sa contestation face à la boucherie qu’était devenu son patronyme. “Fletcher. C’est Fletcher.” il corrigea dans un soupir. Mais cela fut rapidement sans grande importance face au reste des mots du veilleur. « Vous êtes un peu plus qu’apothicaire n’est-ce pas ? J’ai de quoi payer si vous pouvez m’aider. » Voilà qui était abrupt. Une détermination soudaine face à une personne à peine rencontrée dans le noir. Un comportement qui parût immédiatement suspect aux yeux de Jonah. Il jeta un coup d'œil autour d'eux à la recherche d'autres silhouettes dans l’obscurité pour s'assurer qu'ils n'étaient pas observés ni écoutés. Un mot de travers et le piège qu’il soupçonnait se refermerait sur lui. On ne pouvait jamais être trop paranoïaque ces temps-ci, avec tous les chasseurs qui rôdaient. “Votre postulat est pour le moins vague.” murmura-t-il doucement. “Un mystérieux ami commun, la promesse d’argent et l’histoire de votre sœur est une touche émouvante, mais je n’ai toujours pas votre nom.” Au mieux, une impolitesse. Au pire, une stratégie afin d’attiser sa curiosité, compter sur sa bonté, et l’attirer comme une phalène près d’un feu. “Pour autant que je sache, vous pouvez être toute une bande, cachée dans l’ombre.” Nerveusement, Jonah tira d’un coup sec sur les extrémités des manches de son manteau sombre, puis son col. Il n’aimait pas se battre, il l’évitait autant que possible. Il fallait admettre que malgré son talent pour les potions, sa magie seule manquait de puissance malgré l’influence de la lune. Il ne saurait pas se défendre, seul contre plusieurs. Néanmoins, il tentait de paraître le moins décontenancé possible. La situation était déjà assez dangereuse sans avoir à s'inquiéter de la loyauté de cet inconnu. “Puisque vous êtes si dévoué, qu’êtes-vous prêt à offrir, vraiment ? Votre âme ? Celle de votre sœur ? Pourquoi pas un siècle de servitude à mon service ?”
“Fre…?!” Merde. Tu as ripé son nom. “Fletcher. C’est Fletcher.” Fletcher. Tu te répètes dans la tête pour que ça rentre bien cette fois ci. Fletcher Une fois de plus car il a l’air vraiment d’être quelqu’un d’important. Tu le lui demandes même plutôt directement. Tu as osé oui. Peut être que tu es en train de vivre tes derniers instants sur cette planète Asher. “Votre postulat est pour le moins vague.” « Hmmm… » Tu réponds sans rien répondre en réalité. Ce son qui sort de ta gorge peut être pris de mille façons possibles. “Un mystérieux ami commun, la promesse d’argent et l’histoire de votre sœur est une touche émouvante, mais je n’ai toujours pas votre nom.” C’est vrai que résumé de la sorte, ça fait beaucoup. Il ne te croira jamais alors que pour une fois tu dis vrai. C’est triste. Il t’a demandé ton nom Asher. “Pour autant que je sache, vous pouvez être toute une bande, cachée dans l’ombre.” Et voilà qu’il se méfie, à juste titre. Il t’a demandé ton nom Asher, tu n’as pas répondu. “Puisque vous êtes si dévoué, qu’êtes-vous prêt à offrir, vraiment ? Votre âme ? Celle de votre sœur ? Pourquoi pas un siècle de servitude à mon service ?” Tes yeux s’ouvrent en grand quand il propose que tu donnes ton âme. Toutes ces propositions sont carrément étranges.
Tu laisses un moment passer avant de reprendre la parole. Tu es en train de juger intérieurement quoi faire de la suite de cette conversation. Y’a rien d’habituel. Tu es pris au dépourvu. « Mon nom est Asher… Buckley. » Tu as hésité à sortir un de tes milliers de pseudonymes, mais non. Tu as dit la vérité, une fois de plus. « Comment pourriez vous prendre mon âme ? » Tu demandes, réellement intrigué par ce dont il est capable. « Vous bluffez. » Tu ajoutes car tu n’as aucune preuve. Juste des mots. « Les sorciers peuvent pas faire ça. » Y’a qu’au diable qu’on pouvait donner son âme, non? Et tu doutes qu’il soit en train de se balader et perdre son temps avec toi si c’était vraiment lui. « Vous entendez quoi par vos services ? » Peut être bien que tu es intéressé de ce côté là parce que… C’est vraiment la merde de bosser dans ce cimetière. Que tu sois à son service à lui ou à celui de ce cimetière, y’a sûrement mieux à prendre d’un autre côté… Tu ne comptes pas donner l’âme de ta soeur, tu te démènes assez pour la protéger.
« Mon nom est Asher… Buckley. » révéla finalement le jeune homme. Voilà qui n’était pas bien compliqué, n’est-ce pas ? Jonah le toisa d’un air analytique. Une potion de vérité aurait été de la plus grande aide à cet instant, mais il devait se reposer sur son instinct, et celui-ci lui disait que ledit Buckley était parfaitement inoffensif. Bien trop démuni et spontané pour être un chasseur en pleine diversion. « Comment pourriez vous prendre mon âme ? » demanda-t-il, comme si le sorcier allait docilement lui exposer les diverses façons d’acquérir l’essence d’un mortel. Ne savait-il pas que les magiciens ne révélaient jamais leurs secrets ? « Vous bluffez. Les sorciers peuvent pas faire ça. » Voilà qui pique presque Jonah dans son orgueil. Car non, en effet, lui n’était ni assez puissant ni assez haut dans la hiérarchie du couvent pour avoir les capacités ou le droit de proposer pareil contrat, mais un simple humain n’était pas supposé le mettre en doute avec aussi peu d’hésitation. Le sorcier fit un grand pas en avant en sa direction, le mouvement de son manteau s’alliant à l’aspect menaçant qu’il souhaitait se donner. “Les habilités des êtres magiques n’est qu’un labyrinthe de confusion pour vous.” Traduire : tu ne sais pas ce que tu dis, tais-toi donc. Malheureusement, Buckley ne paraissait pas ressentir de réelle crainte face à lui. Jonah devait admettre que si son courage était inspiré par sa détermination à aider sa fameuse soeur, celle-ci pouvait être fière de la témérité dont il était capable de faire preuve pour elle. « Vous entendez quoi par vos services ? » Le sorcier haussa un sourcil circonspect. Il s’attendait à des tremblements et des supplications face à l’hypothèse d’un siècle entier de servitude, voilà qu’il avait face à lui un jeune homme sincèrement intéressé par la proposition. Sauf que Jonah travaillait seul et préférait que cela demeure ainsi. Déstabilisé, il releva le menton d’un air suffisant ; "Rien. Vous pénétreriez dans des eaux profondes sans préparation adéquate." Il était bien plus simple de prétendre qu’un humain ne serait pas à la hauteur de la tâche que d’admettre qu’il n’avait tout simplement pas envie d’un second et que la proposition ne visait initialement qu’à l’intimider. Quoi qu’il en soit, Jonah estimait avoir perçu assez de preuves dans le comportement du jeune homme pour descendre sa méfiance d’un cran. Il avait mentionné avoir besoin d’aide, autant en savoir plus avant de finaliser son opinion ; "Quel sombre mystère vous pousse à quêter un guide?"
JF se rapproche de toi et l’ambiance de la nuit avec sa grandeur face à la tienne t’intimide considérablement tout à coup. Est-ce que c’est comme cela que je vais mourir ? “Les habilités des êtres magiques n’est qu’un labyrinthe de confusion pour vous.” Il n’a pas tort. Tu ne connais pas grand chose. Juste assez pour savoir que c’est bien plus grand que toi.
Alors devenir le serviteur de ce JF plutôt que creuser des trous pour le reste de ta courte vie, pourquoi pas ? "Rien. Vous pénétreriez dans des eaux profondes sans préparation adéquate." Tu te demandes si ce type est en train de jouer aux énigmes pour te faire passer un message secret. "Quel sombre mystère vous pousse à quêter un guide? » Tu te grattes le front, réfléchissant à comment formuler ça sans tout dévoiler pour autant. « Est-ce que vous êtes capable de retourner des malédictions ? De les enlever ? Si quelqu’un est coincé dans une condition. » Tu dis tes phrases et tes explications avec peine. Tu ne veux pas faire de faux pas de ce côté là. Si tu lui apprends que ta soeur est un Loup Garou, peut être que sa décision va être d’aller l’achever pour avoir une créature des ténèbres de moins sur cette planète, dans cette pauvre ville qui n’attire que des ténèbres de ce que tu vois. Peut être qu’il serait plus simple de partir dès que tu aurais quelques notions supplémentaires de magie pour utiliser ta baguette encore mieux qu’à l’heure actuelle. Les étincelles c’est utile parfois mais ce n’est pas assez fort pour ce que tu aspires. Une cage en métal c’est bien ça qui t’aide le plus au final en ce moment. Une grange perdu au fond d’un immense cimetière aussi. « Et est-ce que vous pouvez m’apprendre à utiliser des outils magique. Pour me protéger. » Tu y vas à fond, tu n’as rien à perdre à présent. S’il ne t’aide pas au moins tu auras essayé. Tu voudrais de quoi protéger ta soeur aussi mais tu es celui qui est le plus vulnérable de vous deux. Tu es celui qui s’expose au monde tous les jours en foulant les terres de ce cimetière et de la ville.
« Est-ce que vous êtes capable de retourner des malédictions ? De les enlever ? Si quelqu’un est coincé dans une condition. » La demande du jeune homme était encore une énigme, mentionnée avec une certaine urgence, ce qui intriguait Jonah davantage, il devait bien l’avouer. Il parut précautionneux en révélant une partie de l'étendue du problème, cherchant chaque parole avec minutie afin d’en révéler le minimum tout en étant correctement interprété. La communication demeurait cryptique. Cependant, l’image qu’il dépeignait permettait de deviner une certaine gravité. Il fallait forcément cela pour forcer la main d’un humain à faire appel à une créature magique en laquelle il n’aurait habituellement placé nulle confiance. La figure de l’apothicaire arborait toute la méfiance que la demande engendrait en lui. “Tout dépend.” répondit-il afin de ne pas élever les espoirs du jeune homme. Si certaines de ses potions pouvaient potentiellement aider dans ces domaines, les malédiction n’étaient généralement levées que par la personne qui l’avait jetée. « Et est-ce que vous pouvez m’apprendre à utiliser des outils magiques. Pour me protéger. » La requête tout à fait compréhensible et n’avait plus rien de surprenant depuis le début de l’éclipse. Pas une journée ne passait sans que Jonah ne soit sollicité de cette manière. Ce qui l'interpella fut un détail ; Buckley mentionnait des outils magiques, et non des potions, des produits ou des rituels. “Quel genre d’outils ?” il demanda, toujours sur la réserve. “La magie n’est pas sans danger et vous n’êtes clairement pas équipé pour en faire bon usage sans risquer de vous blesser.” Ces choses ne s’apprenaient pas en un claquement de doigts. Il s'assura de bien transmettre cette idée, car il ne voulait pas que Asher se fasse de fausses illusions. La magie était un art complexe et exigeant. Jonah se demanda également ce qui motivait Asher à chercher ces connaissances magiques. Il avait évoqué une malédiction ou une condition qui devait être levée, mais demeurait avare en détails. "Vous allez devoir m’en dire plus si vous espérez mon aide. Menez-moi à votre sœur et présentez-moi les outils que vous voulez maîtriser. Et ne me cachez rien, je le saurai." Le regard perçant et inflexible du sorcier ne laissait aucun choix. "Allez ! En avant !" il somma en secouant les bras pour encourager Asher à se mettre en chemin. Les morts pouvaient bien attendre, ils n'étaient attendus nulle part.