tear you appart
Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédit/casiopeis

« Oh, vous êtes venu ! » Je m’esclaffe comme une adolescente en tapant dans mes mains gantées. Le chasseur est là, et il est certainement loin de se douter que mes plans pour la soirée risquent de ne pas être à son goût. Moi, j’espère qu’il sera au mien mais je n’en doute pas : je l’hume déjà sur sa chemise – certainement a-t-il était blessé en tentant d’occire une créature de la nuit – et il m’excite plus que de raison. J’ai bien du mal à résister à la tentation de sortir mes crocs pour le vider de son sang là, au beau milieu de la place publique. « Vous aviez raison : j’ai parlé de vous à ma tante, et elle connaît bien votre réputation. » Cette tante n’existe pas et l’unique but de tout ça n’est évidemment que de continuer à jouer avec ma proie. Je ne devrais pas, mais j’aime ce sentiment que je ressens lorsque je suis consciente que je pourrais lui ôter la vie d’une minute à l’autre, dès que l’envie me prendra. J’espère qu’il courra un peu, qu’il tentera de m’échapper : rien de plus plaisant qu’une partie de chasse pour s’ouvrir l’appétit. Lui aura l’impression d’avoir une chance, mais de par son statut d’humain je le supplanterai sans grand mal en force comme en rapidité. La seule chose qui m’ennuie, c’est son arme, qui pend toujours à sa ceinture.

D’ailleurs, je la désigne d’un geste du menton. « Vous la portez en permanence sur vous ? » Ou se méfie-t-il tout particulièrement de moi ? Cela dit, il pourrait répondre à l’affirmative à ma question que cela n’aurait rien de surprenant : depuis l’Eclipse, c’est humain se montrent d’une tendresse attendrissante. « Vous ne prenez donc jamais de "vacances" de votre rôle de chasseur. » Je mime des guillemets, et je m’amuse de tout cela comme une jeune humaine guillerette sous le charme d’un bel homme. Et c’est vrai qu’il l’est : bien plus que mon odieux mari, ce dernier ne lui arrivait jamais à la cheville. « Qu’avez-vous prévu de me montrer pour ce tour de la ville ? »

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique

Après notre première rencontre, j’ai recouvré rapidement mes esprits. L’effet a été boeuf. Je me suis senti comme défait d’une purée de pois qui embrumait mon cerveau et j’ai compris. J’ai acté que mon absence de méfiance était liée à son statut, à ce qu’elle est : une créature surnaturelle, un monstre vivant la nuit et dont le seul but est de nuire à mon espèce. Je l’ai acté durant quelques heures avant de tout remettre en question. Pour cause, mon ego qui ne supporte pas l’idée que je me sois trompé aussi lourdement sur cette Rachel, mon ego et cette envie d’avoir fait erreur envers et contre ma raison. J’en ai envie parce que je me mens à chaque fois que je prétends pour moi-même que c’est l'éventuel pouvoir de cette jeune femme qui m’a abusé. Au fond, je sais qu’elle m’a plu, qu’elle n’a pas seulement attisé ma curiosité à cause de ce qu’elle dégage en parfum. Alors, en me rendant à ce rendez-vous supposé utile à lui faire visiter la ville, j’avoue, je me suis armé. J’ai caché, ou presque - mon fusil ne me quitte jamais - dans mes bottes, dans ma veste et dans mes pantalons tout ce dont j’aurai peut-être besoin pour me sauver d’elle et de ses crocs ou de ses potions selon l’animal se cachant derrière sa beauté diaphane. Et, pourtant, je suis heureux de la voix. Je suis ravi par l’idée de me balader en sa compagnie et plus encore d’embrasser le dos de sa main. Je l’ai saisie avec une certaine fébrilité tandis que mon regard, lui, la dévisage d’un oeil neuf, un oeil qui s’interroge : qui est elle vraiment ? Qu’est-elle ? Qu’ai-je envie qu’elle soit ? «Je n’aurais manqué ça pour rien au monde.» lui ai-je répliqué à peine nous sommes-nous retrouvés. «Et je suis heureux d’apprendre que ma réputation m’a suivi.» A condition qu’elle soit sincère et j’en douterais si je ne me sentais pas de nouveau groggy par un je ne sais quoi, mais qui émane d’elle et qui me ferait hésiter à mener l’enquête. C’est idiot et je secoue la tête dans l’espoir de renouer avec la raison.. «Jamais» ai-je lancé plus froid que souhaité. Je ne suis pas sur la défensive, mais je ne suis plus aussi agréable que la première alors que je surenchéris d’un «Et elle est toujours chargée, de balles en argent.» Et, sur elle, fonctionneraient-elles, ces munitions ? «Et maintenant qu’il fait nuit, tout le temps, je n’ai pas le temps pour les vacances, d’ailleurs… c’est dommage de procéder à cette visite dans le noir. Mais, allons-y…» Je lui ai tendu mon bras et ça m’a grisé, toutes ces fois où j’ai croisé son regard ou qu’elle a laissé traîner ses mains sur moi ses mains gantées. «D’où venez-vous, exactement ? Pourquoi êtes-vous venues jusqu’ici et, pourquoi je n’ai pas l’occasion de voir votre tante plus souvent ? Vous ne m’avez pas non plus demandé ce qui était arrivé aux Sterling. Pourquoi ? » me suis-je enquis, m’efforçant d’être vigilant, mais la voix tout de même moins rude que si je menais un interrogatoire. Pas que je ne le veuille, mais c’est vrai, ça m’arrange. Je peux la conduire vers la place où un cirque a déposé ses roulottes. il paraît qu’il propose un nouveau numéro. «Un palais des glaces. ça risque d’être amusant, il paraît qu’elles sont déformantes. Une exclusivité. Je m’en voudrais que vous la ratiez» Et, pourtant, au fond, je prie pour qu’elle arrive à se défaire de mon piège grossier quoiqu’il me confirmera qu’elle est un danger, vraiment et ça me désole par anticipation. Que m’a-t-elle donc fait ?

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« Je n’aurais manqué ça pour rien au monde. Et je suis heureux d’apprendre que ma réputation m’a suivi. » Je note sans ciller que son ton est moins chaud que quelques jours auparavant, lorsque nous nous sommes rencontrés. Se méfie-t-il de moi ? Quelqu’un lui aurait-il communiqué des informations concernant la comtesse qui vit dans son manoir à la périphérie de la ville, et peut-être a-t-il fait un rapprochement ? Impossible. Lorsqu’un domestique quitte ma demeure, ce sont les deux pieds en avant. Du reste, je ne laisse pas de victime en vie et capable de témoigner de mon apparence.

Je note aussi que son sang possède toujours une odeur divine – ses vêtements en sont-ils tâchés au point qu’il ne parvienne jamais à s’en débarrasser ? Combien de créatures de la nuit a-t-il occit pour qu’à son odeur se mêlent autant de parfums m’évoquant des espèces différentes ? Ce fumet là est déplaisant, je préfère celui de sa peau. « Jamais. Et elle est toujours chargée, de balles en argent. » - « De balles en argent ? C’est ainsi que vous éliminez ces créatures ? » Il faudrait pour cela qu’il vise le cœur. Je peux survive à tout autre impact. La solution la plus radicale reste la décapitation mais cette information-là il n’est pas question que l’évoque, soit il le sait déjà, soit il l’ignore et tant mieux pour nous autres. « Et maintenant qu’il fait nuit, tout le temps, je n’ai pas le temps pour les vacances, d’ailleurs… c’est dommage de procéder à cette visite dans le noir. Mais, allons-y… » - « Nous venions d’arriver en ville, mes parents et moi quand le soleil s’est caché. » Sans quoi, mon histoire ne tiendrait pas la route : qui rejoindrait volontairement un pays où la nuit est éternelle ? Est-ce le cas partout ailleurs ? « D’où venez-vous, exactement ? Pourquoi êtes-vous venues jusqu’ici et, pourquoi je n’ai pas l’occasion de voir votre tante plus souvent ? Vous ne m’avez pas non plus demandé ce qui était arrivé aux Sterling. Pourquoi ? » Sa série de question ressemble plus à un interrogatoire, si bien que je fronce les sourcils. « Vous semblez me soupçonner de quelque chose. De quoi ? » Je feins la plus grande perplexité tandis que, serrant mes doigts autour de son avant-bras, je tente de l’apaiser. « Je viens du Yorkshire, en Angleterre, et ma tante est une vieille femme infirme. C’est pour cette raison que mes parents l’ont rejointe. » Je prends des pauses, je prétends être fébrile et déstabilisée par cet interrogatoire comme le serait une jeune femme candide. « Je ne vous ai pas posé de question, parce que je l’ai appris… Et j’ignorais si vous désireriez en parler. C’est vraiment… Terrible. » Et pour une fois, je n’ai rien à voir avec le massacre de ces pauvres gens.

« Un palais des glaces. ça risque d’être amusant, il paraît qu’elles sont déformantes. Une exclusivité. Je m’en voudrais que vous la ratiez. » - « Oh. » Nous arrivons devant les roulottes du cirque, et je sait que le fait de mettre un pied dans le dit palais me démasquera immédiatement. « Je pensais voir quelque chose d’un peu plus… Typique ! Je ne connais pas encore la ville… » Tandis que je gagne du temps, mon esprit tourne à cent à l’heure pour trouver une parade. « Mais nous pouvons y passer quelques temps. Mais je préfère largement voir les animaux, venez ! » Je l’attrape par ma main – dégantée au préalable pour que ce simple contact peau à peau le déstabilise – avant de l’attirer vers les cages présentant des mammifères venus d’autres continents.

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Dieu ce qu’elle est déstabilisante avec ses questions, ses airs de poupée un peu idiote ou pour le moins innocente. Chacune de ses questions est accompagnée de l’illustration de la candeur et j’en viens à me demander si je suis pas trop méfiant, justement. Je me demande si je ne suis pas en train de me mettre martel en tête parce qu’elle me plaît un peu trop. Évidemment, cela sous-entend que je ne suis pas soumis à une quelconque sorcellerie. Bien entendu, cela présuppose que mon épouse a du soucis à se faire et que je dois être légèrement tordu pour être tenté par la vertu de cette jeune femme. Cette inquiétude justifie-t-elle mes soupçons ? Est-ce que j’essaie, pour me déculpabiliser, de faire entrer un rond dans un carré ? Définir lequel de nous deux dysfonctionne est compliqué puisque je n’ose plus la regarder dans les yeux. Je m’exemplifie en salves d’accusations que je dégaine comme des rafales, les yeux fixé sur le chemin plutôt que tourner vers celle dont le bras est enroulé autour du mien. «Disons que ça peut en ralentir certaines et en blesser d’autres.» ai-je répliqué, laconique, parce que je le suis toujours lorsqu’il est question de mon boulot. En chemin, je salue quelques pauvres hères qui s’aventurent dans les rues malgré cette horrible nuit. Par chance, ils sont rares et je me demande encore comment cette femme ose se risquer à battre le pavé avec moi. Est-ce pour le plaisir de ma compagnie ? J’y pense et je m’en flatte, ce qui ne m’aide pas à garder la tête froide. Ses réponses, à toutes mes questions, qui semblent tenir la route ne me sont d’aucun secours. Je déclare un «Je vois» révélant toute ma honte à la torturer à ce point. Ce n’est pas correct de fouiller dans son histoire sans s’en cacher. Ce n’est pas digne de moi qui, de coutume, questionne le peuple pour ne pas alerter mes suspects. Dès lors, oui, je suis mal à l’aise et tandis que nous approchons du palais des glaces, je ne sais plus que penser devant la déception de la jolie blonde.   «Tout ce qui est typique est terni par la nuit. N’avez-vous donc pas besoin de lumière, comme toute le monde ? » Comme tous les êtres humains de ce patelin ? «Vous savez, je ne vous soupçonne pas plus que n’importe quelle âme qui débarquerait en ville alors que rien n’est plus pareil. En réalité, nous n’avons rien à faire ici.» Somme toute, il aurait été plus prudent de nous barricader dans une maison : nous sommes plus difficilement accessibles. Sauf que sa réputation n’y survivrait pas et si je me moque de préserver celle d’un monstre, je doute encore. Je doute plus allant à présent que sa main entre en contact avec la peau de mon avant-bras. Elle est si froide que je suis parcouru d’un frisson dont j’interprète mal le sens. J’en déduis qu’elle m’électrice parce que j’ai eu l’audace de poser les yeux sur son sourire et au fond de ses yeux. Je ne peux m’en empêcher lorsque je m’auréole d’authenticité. Je suis incapable de baisser les yeux lorsque je ne dis que la vérité, rien que la vérité. «Oui ! Allons-les-voir, oui.» Ma voix est désincarnée. J’avance comme un automate et, malgré tout, je m’intéresse moins aux animaux qu’au miroir rond qui décore les cages peintes en rouges et sur lesquels des représentants du monde des cirques sont dessinés. Sont-ce des décorations ou devraient-ils refléter une image ? M’approcher m’éclairerait, mais je n’ose pas. «Qu’attendez-vous de moi exactement ? » ai-je jeté entre la roulotte aux lions et celles plus imposantes des éléphants. « C’est étrange, les animaux sont agités, non ? » Certains grognent sous son passage. Nul doute que, coupable ou non de ce dont je l’accuse, elle trouvera une pirouette à ce constat et je me sens perdu entre l’envie de savoir et celle où je reste dans l’ignorance. Dans la seconde, je ne serais tout simplement pas obligé de la tuer. Je pourrais également fuir, mais elle ne m’y autoriserait pas si tant est qu’elle soit aussi dangereuse qu’une part de moi se l’imagine. «Et si nous jouions franc-jeu, Miss Rachel. Vous n’êtes pas tout à fait innocente que vous ne voulez bien le faire croire. Juste ? Alors, à quoi on joue exactement ? » Et moi ? Moi qui ne sais plus si je fais allusion à la femme devant moi ou aux monstre qui se cacherait dans ses tripes alors que je saisis sa main, dévoilant autant d’intentions différentes : la confondre, la garder, la piéger ou la toucher, tout simplement

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« Tout ce qui est typique est terni par la nuit. N’avez-vous donc pas besoin de lumière, comme toute le monde ? » Plus le chasseur me lance des perches, plus je comprends que sa méfiance est loin d’être éteinte. Mon charme surnaturel ne fonctionne-t-il plus sur lui ? A-t-il, avant de me retrouver, demandé à une sorcière de lui préparer une décoction vouée à le protéger de moi et de l’effet que je produis sur lui, la faute à mon parfum entêtant et fait pour plaire et attirer les proies comme un insecte est attiré par la lumière ? Dans ce cas, pourquoi ne me l’a-t-il pas encore collée entre les deux yeux, sa balle en argent ? « J’ai peur que celle produite par les luminaires ou les torches ne soit qu’un pâle substitut, vous savez. » Et rien ne m’attire plus que l’ombre, de toute façon. Et il semble partager, au fond de lui et peut-être sans l’avouer, ce sombre penchant. Sinon, pourquoi prendre le temps de s’accrocher à mon bras plutôt que de m’exécuter sur le champ ? « Vous savez, je ne vous soupçonne pas plus que n’importe quelle âme qui débarquerait en ville alors que rien n’est plus pareil. En réalité, nous n’avons rien à faire ici. » - « Alors pourquoi restez-vous ? » Je cherche un peu moins à prétendre, certaine que les masques ne tarderont pas à tomber. Au contraire, j’instille un peu plus de provocation dans l’intonation de ma voix. C’est discret, mais perceptible, ma réelle personnalité n’est pas si loin. Pourquoi reste-t-il, cet appétissant chasseur ? « Ne devriez-vous pas, vous aussi, prendre votre famille et fuir en espérant qu’ailleurs le soleil brille encore ? » Ce n’est pas le cas dans ce pays, mais de l’autre côté du globe ?

Une pirouette me permet d’éviter les miroirs – pas uniquement parce que j’ai peur qu’il me démasque, mais parce qu’ils me déstabilisent, je les méprise de toute ma non-âme, mais nous fait prendre la direction des animaux, qui commencent à s’agiter à mon contact à peine approchons-nous leurs enclos. « Qu’attendez-vous de moi exactement ? » Je me retourne vers lui, un sourire amusé sur les lèvres. « C’est étrange, les animaux sont agités, non ? » Que c’est étrange, en effet. Le lion dans sa cage ne semble pas en mener large, partagé entre rugissements et couinement de frayeur. Ces bêtes ont un meilleur instinct que les bipèdes. « Et si nous jouions franc-jeu, Miss Rachel. Vous n’êtes pas tout à fait innocente que vous ne voulez bien le faire croire. Juste ? Alors, à quoi on joue exactement ? » Ses doigts saisissent ma main et, je l’observe, d’une immobilité surnaturelle tant mon corps mon visage semble figé. « A quoi voudriez-vous jouer, chasseur ? » Toute trace de niaiserie a disparu de ma voix. Elle est plus chaude, plus rauque et surtout, plus menaçante. « Vous me touchez. » Comme fascinée, j’observe sa main autour de mon poignet. « Vous n’avez pas peur de me toucher. » Je ne me souviens plus de la dernière fois que c’est arrivé, qu’un être n’a pas tremblé alors que je m’approchais de lui. Doucement, je pivote en direction de l’animal, du lion toujours effrayé dans sa cage et je passe ma main libre au travers des barreaux. Plutôt que de la happer et de la dévorer, il recule et se ratatine tout au fond de sa prison. Un rire me soulève la poitrine, et j’enroule mes doigts autour des barreaux en métaux. « J’ai envie d’entendre vos suppositions. » Concernant ma nature. Une moue boudeuse et espiègle se dessine sur mon visage.

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Pourquoi je reste ? Je l’ignore. Pourtant, j’aimerais trouver une réponse satisfaisante à cette question. j’adorerais trouver quelque chose de pertinent à lui répliquer à cet endroit. Sauf que je ne suis pas complètement idiot. Je me suis en partie immunisé contre un pouvoir que je lui supposais. Cette excuse d’être ensorcelé n’est plus réellement invoquable. L’honnêteté m’effrayant - soumettre à voix haute l’hypothèse qui explique que je suis simplement charmé, vraiment, et pas abusé lui donnerait corps - je me contente donc de hausser les épaules. Je ne peux pas prétendre que je tente de la piéger. C’est moi qui le suis. C’est autour de moi que cette créature referme sa toile et, le plus triste, finalement, c’est que ça m’arrange bien. Pourquoi ? Parce que je n’ai plus foi en mon mariage ? Est-ce pour cette raison que je ne me presse pas à fuir Brisbane pour nous mettre à l’abri, ma femme et moi, à des kilomètres d’ici ? Je raconte que je tiens à respecter mon crédo : mensonge, cependant. Un de plus, parce qu’au plus j’approche de la vérité concernant Rachel, au plus je suis grisé à l’idée d’être toujours en vie malgré le danger qu’elle représente. J’en suis certain à présent : elle nous joue plus. J’ai cessé de le faire moi-même, alors elle se montre plus authentique. Si je ne suis plus dupable, autant qu’elle préserve son ego : elle ne peut être bête ou elle serait déjà morte. Je ne peux que l’intéresser pour des raisons qui m’échappent ou elle m’aurait déjà dévoré. Dès lors, oui, nous jouons encore. La véritable question depend des règles de ce divertissement. Quant à ce que nous cherchons à tromper, cela me semble évident : l’ennui auquel cas je n’aurais pas saisi sa main dans la mienne. Je n’aurais pas souri de satisfaction à l’idée d’avoir eu raison : les félins sont nerveux. Ils glapissent. il ne se jettent pas sur elle. Ils sont terrorisés plus que je ne le suis moi. «Je ne sais pas, je sais juste que ça m’amuse beaucoup.» ai-je traduit en chuchotant, comme si quelqu’un pouvait nous entendre alors que nous sommes seuls, désespérément seul à contempler le spectacle. «Et non, je n’ai pas peur. Pourquoi serais-je effrayé, vous ne m’avez pas tué. J’en déduis que vous n’en avez pas envie ou que ce n’est pas encore le moment.» En guise de preuve, j’entrelace nos doigts, estimant que le paume à paume, ce n’est pas “assez” pour assouvir ce désir qu’elle fait naître en moi. Bien entendu, je le regrette et, gâteux, je me le répète : ce n’est pas faute. Je me leurre cependant. «Vous n’êtes pas une sorcière. Vous n’êtes pas loup non plus. Les lions auraient été plus agressifs. Vous êtes une de ses créatures qui a peur de la lumière du soleil, qui représenté au mieux la tentation de tous les Hommes…» Avec un grand H. «Vous êtes la tentation, Vampire. » Un fort beau, fort doué pour le marivaudage. Toutes ces expressions sur son minois, qu’elles soient feintes ou intègres, éveillent en mon sein de la convoîtise. «Et, je n’ai pourtant aucune envie de me battre avec vous. Ou pas comme l’entendrait un chasseur normalement. Alors, tuez-moi, ou laissez-moi partir… Je vous laisse seul maître de mon sens.» Quoique je ne mourrai pas sans combattre si, d’aventures, elle décidait de m’occire.

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédit/casiopeis

« Je ne sais pas, je sais juste que ça m’amuse beaucoup. » Mon visage s’illumine et je l’observe, fascinée par son manque total d’instinct de survie. Ne l’a-t-on par bercé d’histoires qui disent qu’il ne faut jamais se fier aux apparences ? Depuis qu’il a rejoint la guilde des chasseurs, ne l’a-t-on pas mis en garde contre le pouvoir de séduction des ceux de mon espèce ? Ne soit-il pas que cette enveloppe corporelle, c’est tout ce qu’elle est puisqu’elle est habitée par un démon qui ne garde de la vraie Rachel, en plus de son apparence, que son prénom par raison de convenance ? Que moi, l’entité qui habite la jeune femme, je n’ai jamais rien eu d’humain ? « Et non, je n’ai pas peur. Pourquoi serais-je effrayé, vous ne m’avez pas tué. J’en déduis que vous n’en avez pas envie ou que ce n’est pas encore le moment. » Un sourire provocateur, je me penche vers lui pour chuchoter à son oreille. « Je pourrais te  rompre le coup sans que tu n’aies le temps de te défendre. » Mais il le sait, et il ne part pas en courant et tout cela m’excite encore plus. Au contraire, il ressert même sa prise sur ma main, pourtant conscient du danger.

« Vous n’êtes pas une sorcière. Vous n’êtes pas loup non plus. Les lions auraient été plus agressifs. Vous êtes une de ses créatures qui a peur de la lumière du soleil, qui représenté au mieux la tentation de tous les Hommes… » Alors qu’il dresse la liste des possibilité – il n’est plus loin du but, je m’approche pour pouvoir laisser mes doigts glisser sur la courbe de sa joue, sur sa mâchoire et dans sa nuque. Sa peau chaude appelle mes crocs, mais ma curiosité et un je ne sais quoi m’empêchent de passer à l’action tout de suite. J’ai envie de voir la fin de cette histoire plutôt que de l’acter moi-même de façon féroce et impitoyable. « Vous êtes la tentation, Vampire. » Je laisse mes crocs paraître et, sans les lui cacher à présent, j’esquisse un immense sourire. « Tu es plutôt doué. » Maintenant qu’il l’a deviné, il devrait partir en courant. Nous sommes les plus dangereuses des créatures de la nuit, les moins humaines, surtout. Et sa raison doit le lui hurler. « Et, je n’ai pourtant aucune envie de me battre avec vous. Ou pas comme l’entendrait un chasseur normalement. Alors, tuez-moi, ou laissez-moi partir… Je vous laisse seul maître de mon sens. » - « Tu m’intrigues, jeune chasseur. » Il ne l’est peut-être plus selon les normes humaines, mais il l’est par rapport à moi. « Alors non, je ne vais pas te tuer tout de suite. » Je dépose mes mains à plat sur son torse, sur sa chemise. « Mais je ne vais pas te laisser partir, par alors qu’on s’amuse enfin comme des petits fous. » Et, sans crier gare, je lui assène un coup qui assommerait un bœuf. Je frappe assez fort pour être certaine qu’il s’écroulera, mais pas assez pour le tuer : ça, je m’en suis assurée.

RP terminé