Le capitaine a annoncé qu’ils partaient en mission de sauvetage.
Apparemment.
Personne ne le sait réellement.

L’équipage parle d’un navire à secourir, mais il parle surtout d’un somptueux trésor qui serait en son sein. L’Arcadia est connu de tous, son nom est presque légendaire. Tout le monde connait son capitaine ; et personne n’aurait jamais pu l’imaginer échoué dans une mer d’astéroïdes. Et pourtant. Les radars le disent. Les communications le confirment: le navire est à la dérive et ne peut être secouru par n’importe quel autre vaisseau. Seul le leur, assez puissant, peut entreprendre cette aventure périlleuse. « Arthur, Arthur. Réveille toi mon vieux. » Swann est arrivé jusqu’à sa couchette en courant et il en a encore le souffle court. Son ami a tout raté de cette épopée s’étant produit durant les deux dernières heures, raison pour laquelle il lui en tient un bref résumé. « Le capitaine cherche de volontaires pour aller secourir l’équipage. » Une entreprise périlleuse, très périlleuse ; raison pour laquelle ils continuent de chercher des volontaires, justement: personne ne veut risquer sa propre peau pour sauver celles d’inconnus.

« On sait tous que Coventry il va y aller pour s’en mettre plein les poches. » Annonce un de leur camarade d’équipage, une couchette en dessous. « L’a raison, j’frais pareil si j’en avais l’couilles. » Surenchérit un autre sans que Swann ne leur prête de l’attention, ses yeux brillants encore occupés à supplier ceux de son ami de dire oui, pour qu’ils réalisent cette aventure ensemble. « On sera sûrement promus après ça. Fini de découper les pommes de terre toute la journée. » Ils pourraient faire de grandes choses avec des hommes à commander, et sans doute qu’un jour ils auront même leur propre vaisseau. Mais pour ça, il faut commencer quelque part. « Dis oui, s’il te plaît. »

win - un matelot surenchérit en disant que c'est la chance d'une vie.
so close - un dit qu'il va sûrement perdre la vue, l'audition ou les deux mais que "ça se tente".
fail - un leur demande de la fermer, il aimerait bien dormir, merde.

Une pluie d’astéroïdes.
L’impact qui vint secouer sa couchette.
Arthur sursauta avec violence.

Avant de réaliser que le vaisseau n’était pas sous attaque, que rien n’allait s’effondrer autour de lui, mais que quelqu’un le secouait comme un prunier. « Arthur, Arthur. Réveille toi mon vieux. » Reconnaissant la voix de son ami, il lâcha un long soupir, cherchant à enfouir sa tête sous son oreiller. « Laisse-moi dormir mec. » Il avait terminé son service il y a si peu de temps, qui pouvait bien avoir besoin de lui ? « Le capitaine cherche de volontaires pour aller secourir l’équipage. » L’information ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Laissant son oreiller, Arthur releva la tête pour croiser le regard brillant d’excitation que Swann posait sur lui. « T’es sérieux ? » Les paris avaient été lancés quelques jours auparavant. Tout le monde affirmait que le capitaine ne prendrait aucun risque. Arthur avait parié l’inverse.

Dans leur cabine, chacun y’allait de sa petite remarque, arrachant un sourire au brun qui se releva malgré son manque de sommeil évident. Le visage de Swann paraissait à quelques centimètres du sien. Il sautillait sur place, impatient de la moindre réaction. « On sera sûrement promus après ça. Fini de découper les pommes de terre toute la journée. » Le rêve éveillé. « Dis oui, s’il te plaît. » Chacun se permettait un commentaire, mais Arthur ne captait plus que l’engouement que dégageait Swann. Avant que le plus ancien de la cabine ne rouspète. « Vous allez la fermer maintenant les mioches, y’a en a qui veulent dormir. Merde ! » Arthur éclata de rire avant de sauter de sa couchette. En deux secondes, il renfila son pantalon d’uniforme avant d’attraper Swann par le bras pour le tirer vers le couloir. « Laissez les râler ces trouillards. » A l’abri des regards, il stoppa sa course. « Qu’est-ce que t’as entendu ? » L’opération allait se révéler périlleuse et comme depuis toujours Arthur ne put s’empêcher de veiller sur Swann. « Tu vas te porter volontaire ? Lui rêvait de sortir, d’aller secourir ces pauvres gens et bon… De mettre la main sur ce fameux trésor. Mais il ne voulait pas entraîner Swann dans sa folie. « Ça va être dangereux. » qu’il souffla malgré lui.

Arthur a comme premier réflexe d’envoyer son ami paître mais cela n’a absolument rien de nouveau, ce qui pousse Swann à insister, par pure habitude: il sait qu’Arthur répond toujours par la négative et ce n’est qu’ensuite qu’il examine la situation et peut-être même pèse le pour et le contre. Il obtient son intérêt lorsqu’il souligne que le capitaine monte une équipe de sauvetage, et cela fait naître un sourire satisfait sur le visage du blond. Un homme râle dans la cabine mais cela n’empêche pas Arthur de se préparer en toute hâte, fort heureusement. « Qu’est-ce que t’as entendu ? »

Ils sont déjà en chemin vers le pont, où se trouve le capitaine et surtout où il attend les volontaires. « Tu vas te porter volontaire ? - « Evidemment. Il y a des gens à sauver. » Mais Arthur se rend sur place parce qu’il veut voir à quoi ressemble l’immense trésor qu’on dit le vaisseau posséder. Swann n’est pas naïf, mais peu importe: s’il s’y rend pour prendre des pièces d’or, cela signifie aussi qu’il prêtera main forte pour sauver les pauvres âmes qui peuvent l’être par la même occasion. « Ça va être dangereux. » Il y a ça, aussi. Personne ne le dit réellement, mais tout le monde le pense. « Les hommes sont frileux. Peu se portent volontaires. » Il acquiesce à sa façon, donc: ce sera infiniment dangereux, en effet. « Tu peux toujours décliner, Arthur. Je suis sérieux. Si t’y vas, je veux que ce soit parce que tu le veux réellement, pas pour moi. » Parce que tout l’or du monde ne saurait être une carotte suffisante pour que des hommes risquent leur vie, il le sait très bien. Néanmoins, il aimerait lui laisser plus de temps pour peser le pour et le contre d’une telle épopée, ce que le capitaine ne peut accepter. Le temps joue contre eux, au contraire.

« Craine, tu signes, je me doute. » Le capitaine annonce, après que Swann lui ait déjà fait part de son envie de faire partie de l’équipe de sauvetage. « Mais toi, Coventry, hm ? » Il n’est pas connu pour son grand coeur, alors le capitaine juge nécessaire de lui poser la question de vive voix. « La navette part dans quatre minutes. » Et Arthur n’en aura pas une de plus pour changer d’avis.

Les couloirs menant au pont lui paraissent étrangement vides après une telle annonce. Arthur s’attendait à une véritable effervescence, ils ne seront accueillis que par un silence de plomb. « Évidemment. Il y a des gens à sauver. » Swann au cœur d’or, prêt à tout pour défendre les innocents. Arthur ne possédait pas la même richesse de cœur. Son âme de pirate se voulait attirer par le trésor certes, mais il n’hésiterait pas à prêter main-forte aux naufragés. « Les hommes sont frileux. Peu se portent volontaires. » Ils étaient entourés de froussards en tout genre, c’était bien connu. Chacun se confortait dans sa petite existence. « Tu peux toujours décliner, Arthur. Je suis sérieux. Si t’y vas, je veux que ce soit parce que tu le veux réellement, pas pour moi. » Un sourire vint étirer ses lèvres, touché par l’attention de son camarade de toujours. « Depuis quand je refuse une aventure ? » Arthur ne vivait que pour cela, c’était bien connu.

« La navette part dans quatre minutes. »
« On n’attends plus que vous Capitaine. »

Arthur s’amusait. La situation était dangereuse, mais il prenait tout à la légère. Sans se défaire de son sourire insolent, il vint prendre place aux côtés de Swann. « On nous appellera les cowboys de l’espace après ça. » Il fit un clin d’œil à son ami alors que la navette prit son élan pour les propulser dans l’espace, en direction des astéroïdes et de ce navire à la dérive. « Pas de mesures extrêmes, okay ? » Il se tourna à nouveau vers Swann. « On sauve que ceux qui peuvent être sauvés. » Ils n’avaient aucune idée de ce qui les attendaient là-bas, et même si Arthur avait le cœur brave, il ne comptait pas faire des folies. « Personne ne meurt aujourd’hui. » Il en était hors de question.

« Depuis quand je refuse une aventure ? »

C’est tout ce que Swann voulait entendre, et cela suffit à faire naître un sourire immense sur son visage. Il aurait participé à cette aventure peu importe le choix final de son ami, mais il est heureux et soulagé de pouvoir le compter à ses côtés une fois de plus. Il sait que dans cette aventure, ils pourront toujours se soutenir, quoiqu’il puisse arriver. « On nous appellera les cowboys de l’espace après ça. » Il s’inquiète à sa renommée, évidemment, et cela fait sourire le blond. Après tout, il trouve lui aussi que le nom de cowboy de l’espace est plutôt attirant.

« Pas de mesures extrêmes, okay ? » - « Je rêve ou t’es en train de te la jouer raisonnable, là, toi ? » Cela est parfaitement nouveau, et cela n’a rien de semblable avec ce à quoi Swann a été habitué de la part de son ami. « On sauve que ceux qui peuvent être sauvés. Personne ne meurt aujourd’hui. » Le sourire de l’anglais s’évapore rapidement. Il sait qu’Arthur est sérieux, tout comme il sait qu’il ne balance pas ces mots pour n’importe quelle raison: il connaît son ami et il sait qu’il a tendance à oublier toute sorte de raison dès qu’il peut aider quelqu’un. « On verra comment les choses se présentent. » Il se contente d’ajouter avant de mettre son casque, incertain que l’air du vaisseau sur lequel ils s’apprêtent à poser le pied soit toujours filtré et sain pour eux. « Fais attention à toi Arthur. Y’a une raison, si personne voulait se porter volontaire. » La traversée est rapide, mais elle n’était pas le danger. Ce dernier débute à partir de cet instant même, alors qu’ils s’apprêtent à mettre un premier pied sur ce vaisseau. Un équipage n'arrête pas soudainement de répondre aux appels: il existe une raison à cela, et personne ne la connaît encore, ce qui rend particulièrement difficile l'idée de se défendre contre un danger inconnu.

WIN - Le vaisseau est infesté d’aliens
SO CLOSE - Le vaisseau est infesté d’une maladie inconnue
FAIL - Le vaisseau comprend un tueur en son sein

« Je rêve ou t’es en train de te la jouer raisonnable, là, toi ? » C’était donc la réputation qu’il avait récolter au fil des années ? Celle d’un homme sans raison, un fou prêt à tout pour sa dose d’adrénaline, même au pire ? Arthur était de cette trempe-là, certes, mais il n’avait tout de même pas l’intention de mourir. Pas aujourd’hui tout du moins, pas pour quelque chose d’aussi trivial. « J’ai juste pas envie de crever Swann. » Il se devait, également, de conserver sa réputation de pur égoïste qui ne pensait qu’à lui. Il en avait toujours été ainsi. Mais surtout, il connaissait assez son ami pour savoir que ce dernier était totalement du genre à se sacrifier pour autrui. Et cela n’allait pas se produire sous sa garde, il en était hors de question. « On verra comment les choses se présentent. » Ils échangèrent un dernier regard avant de s’équiper. « Fais attention à toi Arthur. Y’a une raison, si personne voulait se porter volontaire. » Il hocha la tête avant de verrouiller son arme à sa ceinture. « Fait pas de folie Swann. » Il lui adressa un clin d’œil avant de se lancer dans les premiers.

Ils auraient très bien pu s’imaginer n’importe quoi, rien n’aurait été à la hauteur de l’accueil que le réserva l’équipage. S’attendant à tomber des humains en détresse, ils furent surpris du comité d’accueil quelque peu violent. « Je déteste les aliens. » Et ceux là en particulier, une colonie qui s’était mis en tête de faire des humains leur esclaves. Ils avaient tous une sale gueule, en particulier celui qui se dirigeait à toute vitesse vers Swann. « ATTENTION. » Se décalant sur le côté, il eu le temps de dégainer son pistolet laser pour venir dégommer la bestiole qui allait s’attaquer à son ami. Sous la violence de l’impact, une substance gluante s’échappant de l’alien vint recouvrir Swann de la tête aux pieds. « Oops. » Il éclata de rire face au dégoût de son ami. « Viens, ils doivent retenir les autres plus loin. »[/color] Est-ce que ce genre de créature étaient attirer par la notion d’un trésor ? Arthur commençait à croire que cette mission n’allait en rien l’enrichir. Mais au détour d’un couloirs, ils tombèrent sur un attroupement de bonshommes vert, agglutiner devant une seule porte. « Le trésor ou les humains ? » qu’il demande à Swann à ses côtés. « T’es prêt ? »

« J’ai juste pas envie de crever Swann. » L’anglais fait la moue mais une telle réponse lui remue l’estomac, au fond. « Un point. » Lui non plus n’a aucune envie de mourir, c’est évident. Les autres hommes tenaient justement un peu trop à leur vie pour se lancer dans cette aventure mais eux deux, chacun pour leurs raisons, en ont décidé autrement.

En un claquement de doigts, l’ambiance chance du tout au tout et ils se retrouvent accueillis par des aliens. Ils sont sûrement la cause de la perdition du vaisseau, et c’est un fait suffisamment évident pour qu’aucun des deux ne pense à le souligner d’une quelconque manière. « Je déteste les aliens. » Sans répondre, Swann resserre la prise autour de son laser. « ATTENTION. » L’instant d’après, c’est Arthur qui le sauve d’une mort certaine grâce à son réflexe le poussant à dégainer son arme bien plus rapidement que son ami, lequel pourrait le remercier s’il n’était pas occupé à être passablement dégoûté de la substance gluante faisant office de sang dans leur organisme. « Sales bêtes. » Ils doivent mourir, et voilà au moins un sujet sur lequel les deux amis tombent d’accord sans mal.

Leurs pas les mènent plus loin, maintenant qu’ils sont tous les deux particulièrement sur leurs gardes. « Le trésor ou les humains ? » Ce qu’Arthur préfère chasser, ou ce qu’il pense se trouver derrière la porte ? La question se pose sincèrement et Swann, lui, préfère l’idée de sauver des humains plutôt que des pièces d’or. « T’es prêt ? » - « Je prends la gauche. Tu prends la droite. » Il est plus que jamais prêt et, après avoir abaissé trois de ses doigts un à un, l’assaut est donné et leurs lasers sont lancés sans répit en direction des ennemis et de leur allure répugnante. Un de ces aliens enfonce sa lame contre la chair de la cuisse de Swann, traversant sa combinaison comme si elle n’existait pas. Le blond pousse un hurlement de douleur avant de se relever, très largement aidé par l’adrénaline autant que la colère immense qu’est la sienne, et qui le pousse à tuer l’animal sans remords.

Après plusieurs minutes d’un chaos sans pareil, ils arrivent enfin à avancer jusqu’à la porte.
Trésor.

Son regard se repose sur Arthur avec un souci qu’il n’arrive pas à cacher. « On doit chercher l’équipage. » Continuera-t-il de le suivre alors qu’ils ont déjà toute la richesse du monde sous les yeux ?

« Sales bêtes. » Il n’allait pas le contredire. C’est qu’ils grouillaient de partout désormais, venant de chaque couloir, en poussant des cris aussi repoussant que leurs apparences. Arthur n’était plus certain de la marche à suivre, mais l’adrénaline coulant dans ses veines le poussa à agir vite. Il ne fallait pas rester statique, ils se devaient de se cantonner à la mission.

La solution paraissait se tenir derrière cette porte, au fond du couloir. Il allait falloir jouer des coudes pour l’atteindre, mais ce n’est pas quelques bêtes venus de l’espace qui allait les effrayés. Pas vrai ? « Je prends la gauche. Tu prends la droite. » Il attendit le signal de son ami avant de se jeter à corps perdu dans la bataille. Leurs lasers fendant l’espace pour mieux pulvériser l’ennemi. L’un d’eux vint coller sa patte gluante sur la joue d’Arthur avant que ce dernier ne le décime. Ce qui aurait pu paraître une bataille sans fin, ce termina en un instant lorsque le dernier assaillant s’échoua sur le sol. Et derrière la porte, le trésor. Les yeux d’Arthur se mirent à briller de mille feux. La légende disait donc vrai. Des pièces d’or et autres pépites se tenait là, sur des étagères, à en perdre la raison. « On doit chercher l’équipage. » - « Une seconde. » Il ne pouvait pas partir ainsi, sans au moins se remplir les poches. Il vit le regard désapprobateur que lui lança Swann, mais en faisant fi, il attrapa tout ce qui lui tombait sous la main. Cela pourrait servir, plus tard, pour s’imposer à bord de leur propre vaisseau, pour changer de conditions de vie.

« On s’en va. » Il ne pouvait pas en transporter plus, il ne voulait pas rester dans ce navire à la dérive non plus. Et alors qu’Arthur pensait fuir, ils entendirent un hurlement à l’opposer de leur position. Voyant Swann partir à tout allure, il n’eu d’autre choix que le suivre au cœur d’une bataille bien plus rude encore.

Mais obséder par le trésor sur lequel il avait poser les yeux, Arthur ne put s’empêcher de retourner dans la salle. Au détriment de sa vie et de celle des autres. Il perdit un bras dans la bataille, mais fut accueilli tel un héros national à leur retour au vaisseau.