C’est une drôle de sensation, cette nuit perpétuelle qui s’est soudainement abattue. Des années que tu n’as plus eu l’occasion de mettre le nez dehors comme bon te semble, que tu dois te terrer dans le premier cloaque que tu trouves pour te protéger des rayons du soleil. Certains qualifient les événements récents de malédiction, mais pour les gens comme toi, c’est tout l’inverse. Pour la première fois depuis trop longtemps, tu te sens pleine de vie et d’envies. Chasser est devenu un jeu d’enfant, peut-être trop et à vrai dire, tu ne sais même plus trop où donner de la tête. Les instincts primaires sont parfois difficiles à brider, surtout quand la soif ne demande qu’à être épanchée et qu’il n’y a pas loin à aller chercher. Les rares personnes à encore oser s’aventurer dans les rues sombres sont méfiantes, mais tu as un avantage indéniable sur eux ; ton apparence. Jouer la jeune ingénue perdue qui cherche désespérément après son enfant égaré, peut-être en proie en danger, c’est un coup de maître qui fonctionne à chaque fois. Lorsque tu viens tambouriner à la porte d’un malheureux, les joues humides et la lèvre qui tremble sous le coup de l’émotion, le discours maîtrisé à coup de voix chevrotante qui appelle à la compassion, ils ne réfléchissent pas deux secondes avant de lancer l’invitation à entrer ou à proposer d’accompagner dans les recherches. Dans un cas comme l’autre, ils scellent leur sort sans même s’en rendre compte.
Si au début tu trouvais amusant de voir leur visage se décomposer à la réalisation tardive de leur sentence à venir, ce n’est à présent plus le cas. A peine quatre ans de cette vie et tu te retrouves malgré tout frappée par un mal que tu n’avais pas vu venir ; la solitude. Le vampire t’ayant transformée ne s’est pas attardé, pire même, les rumeurs veulent qu’Isaiah se soit fait attraper par un Chasseur. C’est ça, de passer cent ans à narguer une cité du haut de son manoir colonial bien mal acquis. Étaler ses richesses et ne montrer aucun signe de vieillesse, forcément, au bout d’un moment ça attire l’attention. Qu’importe.
Aujourd’hui - ce soir - tu as décidé de tromper l’ennui en changeant de cible. Paraît-il que les loup-garous ont un goût bien différent que celui des humains, et tu es clairement trop curieuse pour passer à côté de l’opportunité. Coup de chance pour toi, tu as réussi à en pister un avant de perdre sa trace aux alentours du Regatta. L’odeur ici est bien différente que celle que tu suivais à la base, aussi décide-tu d’entrer. Peut-être que l’un d’entre eux aura des renseignements à te donner, qui sait.
C’est presque comme entrer dans un nid, ici. Ca grouille de partout et tu es presque étonnée de les voir si craintifs à se terrer comme des rats alors que la nuit est si belle dehors. L’un d’entre eux se détache du lot, saute depuis les hauteurs comme s’il avait quelque chose à prouver, puis se rapproche en t’acceuillant. Inclinement de la tête poli en guise de salutations, tu fais mine de réfléchir. « J’ai perdu mon chien. » Avec ta silhouette menue et ton visage qui se fend d’un sourire innocent, n’importe quel humain pourrait tomber dans le panneau. Ca ne sera pas le cas de celui qui se trouve en face de toi. « Peut-être pouvez vous m’aider ? »

@cody shephard

Le masque que tu portes ne prend pas avec l’homme face à toi, qu’importe, tu n’y comptais pas et il doit s’en douter. Seule quelqu’un de particulièrement sûre de soi oserait mettre les pieds dans un lieu pareil, surtout par les temps qui courent. Ou alors quelqu’un de stupide, mais peut-être que tu es les deux. L’histoire du chien ne prend pas vraiment, l’homme rebondit sur le sort qui leur est réservé dans le coin. A sa réponse, ton sourire s’élargit et d’une petite voix, tu ajoutes « précisément. » Peut-être comprendra-t-il que ce que tu cherches, ce n’est pas un simple sac à puces. Le genre de clébard que tu traques est de ceux que tous ici détestent par pure instinct. Les querelles entre vampires et loup-garous sont vieilles comme le monde, le genre d’histoires contées aux enfants pour leur faire peur et éviter qu’ils ne sortent la nuit. Le genre de légende dont tu as entendu parler bien avant ta transformation et qui te faisait rouler des yeux tant tout semblait grotesque. « J’ai suivi l’un d’entre eux jusque dans le quartier, c’est probablement le genre d’information que vous aimeriez avoir, non ? » Entre dents pointues, c’est la moindre des choses de communiquer parait-il. Il serait dommage que le fameux chien cause du dégât sur un territoire qui n’est pas le sien ou qu’il se croit malin et finisse par ramener le reste de sa meute. « Ils ont beau être faciles à repérer, il a tout de même réussi à cacher sa puanteur au bout d’un moment.  » Probablement s’est-il mêlé à un groupe d’humains, l’air de rien. Un habitué, sans doute, le genre vieux briscard qui a suffisamment d’expérience pour rester en vie mais qui fuit la queue entre les jambes dès le moindre danger. « Et je connais mal cette partie de la ville. » Peut-être que lui, grand gaillard aux longues canines et aux yeux luisants, sera suffisamment aimable pour te donner une indication sur le genre d’endroit où l’autre peut se planquer. Tu ne demandes pas un guide, pas vraiment, tu es habituée à te débrouiller seule et s'il n'a rien à offrir, tu feras demi tour pour tenter ta chance ailleurs.

@cody shephard

Les occupants s’agitent à la mention d’un toutou en liberté dans les parages. D’un simple geste de main, l’autre fait valoir sa dominance sur le groupe, interrompant net tous les chuchotements et les mouvements des curieux. Sont-ils inquiets ? Après tout, ils sont probablement suffisamment nombreux pour s’occuper d’un animal pareil, non ? Peut-être sont-ils en guerre avec un autre clan de lycanthropes cherchant à faire main basse sur le quartier et qu’ils craignent les répercussions que ça pourrait avoir. L’un des inconvénients de cette nuit éternelle qui s’est abattue sur la ville, c’est probablement l’émergence soudaine de tous ces groupuscules qui se battent pour prendre le contrôle. La guerre intestine entre vampires et loup-garous n’est pas nouvelle et n’a fait que redoubler de violence, les humains se retrouvant pris entre deux feux malgré eux. Au milieu de tout ça, les sorciers font des leurs en intervenant quand ça leur chante, tantôt alliés des uns puis plus tard ennemis des autres, sans véritablement prendre parti. Ils sont opportunistes et il est difficile de leur faire confiance.
Ton air s’assombrit, lorsque le maître des lieux pointe l’évidence même. Ton dernier repas remonte à trop longtemps maintenant et c’est la faim qui te tiraille l’estomac qui te pousse à agir aussi impulsivement. Le grand brun cherche un quelconque intérêt pour lui dans ta petite quête personnelle, et tu n’es pas tellement en position de négocier quoi que ce soit. « Se débarrasser d’un cabot de plus n’est pas une victoire suffisante ? » Ils sont là, à rester cachés alors que le monde est finalement ouvert et accessible, peut-être que finalement ils font partie de ceux qui préfèrent rester oisifs à attendre que quelqu’un règle la situation. Et après quoi ? Le soleil revient, les vivants reprennent leurs droits et vous autres buveurs de sang, vous vous retrouvez de nouveau désavantagés. « Et pour qui tendrais-je un piège ? » Tête penchée sur le côté, tu tentes de comprendre comment le groupe ici présent fonctionne. Tu n’es pas une menace pour eux, celui qui leur sert de chef doit le savoir. « Vous me blessez, à laisser supposer que je puisse être de concert avec un animal pareil. » Quelle idée, même. « Il paraît que c’est poli de venir se présenter lorsqu’on arrive chez quelqu’un, » ou dans son quartier en l'occurrence. « Je ne tenais juste pas à ce qu’il y ait méprise. » Ici, pas de tentative de la part d’un autre clan de renverser celui-ci ou d’alliance de circonstance avec un lycan. Non, simplement une vampire trop jeune et trop instable pour véritablement se soucier des dangers encourus en mettant les pieds chez un autre. « Je n’ai rien à offrir si ce n’est une partie de chasse, mais si ce n’est pas votre genre je me débrouillerai seule. » Dans ce cas-là, tant pis pour lui.

@cody shephard

« A la bonne heure. » Tu jubiles presque à la manière d’une enfant à qui on vient d’offrir le dernier jouet à la mode et qui pourra parader devant tous ses petits camarades avec. Alors qu’il te demande ton identité, tu soupires doucement avant de finalement lui céder l’information. « Spencer. J’avais vingt-cinq lorsque c’est arrivé et c’était il y a cinq ans. » Un bon âge pour rester figée de la sorte, selon la plupart des critères. La jeunesse éternelle, tout ça, mais dans ta vie de vampire, tu n’es encore qu’une enfant et tu doutes être considérée comme une adulte avant longtemps. Pas face à certains qui se traînent des siècles d'existence derrière eux, mais tant pis, tu n’as que faire de leur approbation et tu t’estimes suffisamment en contrôle de toi-même pour savoir survivre par toi-même. « Mais je vous renvoie la question. Il ne me semble pas avoir eu l’information. » Au moins après ça, vous serez à armes égales à ce niveau là. « Oh mais je ne m’attends pas à ce que ça soit simple, » c’est même là tout l’intérêt de la chose. L’enjeu, c’est la chasse, la traque, le plaisir à piéger sa proie ou la frustration à la voir filer entre les doigts, le danger qu’elle peut représenter, tout ça en même temps. L’adrénaline qui monte et qui se diffuse dans tout le corps, procurant finalement des sensations aussi fortes et plaisantes que le laudanum ou l’opium. Vu votre condition, c’est tout ce qu’il vous reste vu que les substances menant aux paradis artificiels sont tout bonnement inefficaces pour vous, il faut bien compenser autrement. « Et puis vous savez ce qu’on dit, plus on est de fous… » Tu laisses ta phrase en suspens, il connaît très certainement l’adage et qu’il soit d’accord ou pas avec toi, cela ne change rien. Certains de ses camarades peuvent se joindre à vous s’ils le souhaitent, tu n’en seras pas offusquée, loin de là. « Une proposition tentante, mais le jour est désormais le dernier de nos soucis. » Tu restes relativement confiante sur le fait que ça va perdurer et que tu n’auras plus jamais à t’inquiéter à l’idée de fuir les rayons du soleil. Peut-être un peu trop, mais comme on dit, l’espoir fait vivre. « J’ai perdu sa trace à environ deux-cent mètres d’ici. » Tu indiques alors que tu fais un pas vers la sortie, indiquant une direction avant même d’ouvrir la porte. Cody peut facilement deviner qu’elle pointe en direction du port, soit là où il y a bon nombre de vieux entrepôts qui sont des endroits parfaits pour se planquer ou pour tendre des embuscades.

win Le lycan fera cavalier seul, probablement un qui est trop imprudent ou alors un jeune qui se croit intouchable et est bien trop confiant en ses capacités.  
so close Ils seront un petit groupe, 2 ou 3, pas plus.
fail Celui que Spencer traquait était effectivement seul. Seul problème, tout un groupe semble sur ses traces. Reste à savoir si ce sont ses potes ou si eux aussi, cherchent à lui faire la peau.

Depuis 1612, donc. Autant dire qu’il n’est pas tout jeune et, pour le coup, la question qui te vient c’est de savoir si le temps n’est pas trop long, comme ça. Presque 300 ans d’errance, à devoir se terrer le jour et à finalement vivre uniquement la nuit, c’est une éternité. Pas étonnant qu’il soit autant entouré. D’ailleurs, sont-ils ses propres rejetons ou alors juste une foule qu’il a rassemblée au fil des ans ? Dur à dire, et autant ne pas trop pousser la curiosité pour le moment. « Impressionnant, » tu te contentes de répondre à la place. Et tu l’es, impressionnée, vivre aussi longtemps, c’est tout à fait admirable. Dans ton cas cela ne fait que cinq ans et tu en as déjà assez, sans doute la raison pour laquelle tu as tendance à agir un peu imprudemment et sur des coups de tête. Au final, c’est une nouvelle phase d’adolescence, période pendant laquelle on se pense intouchable et où on se fiche bien des conséquences possibles. Au pire qu’est-ce que tu risques sinon ta propre vie ? Pas grand chose. « Je le suis toujours lorsque je chasse, » ça reste à discuter. Tu sais très bien que tu as parfois tendance à te disperser, que c’est un défaut qui finira par te causer du tort, mais encore une fois, tu ne t’en inquiètes pas tant que ça. A quoi bon avoir une vie éternelle si c’est pour rester cloîtrés et continuer d’avoir peur de tout et de rien ? Si elle doit se finir, autant que ça soit de façon brutale, dans un combat d’anthologie et en causant autant de dégâts que possible. Certains appelleront ça du gâchis, d’autres diront que c’est bien fait, mais encore une fois, pas ton problème.
Forcément, tu t’amuses à jouer sur les mots, comptant bien sur le fait que cette nuit éternelle est vouée à durer, mais tu apprécies néanmoins la proposition qui t’es faite. « Cela reste à voir. » Est-ce que tu en cherches une, de place ? Est-ce que c’est finalement ce qui te manque et ce qui pourrait peut-être donner un nouveau sens à ta non-vie ? La question reste silencieuse pour le moment, toute ton attention étant portée vers la proie de ce soir. Tu indiques le dernier endroit où tu as pisté la bête, et forcément, Cody et toi vous y dirigez, talonnés par un petit groupe qui garde ses distances. Tout ce que tu espères, c’est qu’ils ne feront pas tout foirer en révélant votre présence.
A proximité du port, ton camarade te stoppe, te demandant d’écouter. Sans discuter, tu t’exécutes pour tenter d’entendre quoi que ce soit. Ca te prend un petit moment, et finalement c’est là ; un peu lointain, mais pas suffisamment pour être inatteignable. En ce qui concerne l’odeur, tu as encore du mal à faire le tri et à isoler la senteur de l’animal, tout ce que tu sens pour l’instant ce sont les effluves de l’air marin. Tu plisses le nez, mais tu n’auras rien jusqu’à ce que vous soyez à proximité du lycan. « Il nous faut un appât. » Tu déclares alors, sans même quitter des yeux la direction où se trouve l’animal. « Je me montre, vous lui sautez dessus lorsqu’il ne s’y attend pas, et voilà. » Simple comme bonjour et pourtant risqué pour toi, mais encore une fois, tu n’as pas peur de t’exposer au danger.