« On n’a pas idée d’être aussi têtue. Charlie, reviens ici. »
« On a pas idée d’être aussi obstiné. »

C’est du pareil au même, elle le sait, mais entre ses mâchoires plus serrées que jamais elle n’a pas le temps pour les nuances de la langue, ni même pour discuter tout court. Amo est contre son avis mais elle se moque du sien, raison pour laquelle ses pas continuent de la mener à vive allure vers la forêt, son arme à feu serrée entre des doigts blancs tellement elle force sur ses muscles sans s’en rendre compte. La mort de Sebastian n’est pas une annonce à laquelle elle aurait pu s’attendre. Elle est arrivée telle une déflagration, et c’est en causant tout autant de dégâts et bien plus encore chez les loups-garous qu’elle espère bien obtenir vengeance, à défaut que justice puisse être faite dans leur monde. « Tu veux bien m’écouter ? Tout ce que tu vas récolter, c’est de te faire tuer. » Amos se poste devant elle et la blonde a pour réflexe de tenter de passer à sa droite puis à sa gauche avant d’écouter ce qu’il tente de lui dire. La main qu’il pose sur son épaule a au moins pour effet de l’immobiliser pour les quelques secondes à venir. « Quoi que je dise, tu vas y aller, pas vrai ? Alors, très bien, je viens avec toi… Dans cette putain de forêt. » - « C’est ma vengeance, Amos, pas la tienne. Je suis plus une enfant, je peux me débrouiller seule. » Mais il sait qu’elle n’abandonnera ; et elle sait qu’il ne le fera pas non plus. Ils sont têtus chacun à leur manière, et cela ne donne pas la moindre douceur à leur duo détonnant.

Preuve en est, les négociations ne durent pas davantage alors qu’il concède à la laisser passer uniquement en acceptant d’être sur ses talons. Et au fond, sans doute, elle est soulagée de savoir pouvoir compter sur quelqu’un. Les bois sont le terrain de chasse des loups, ils l’ont toujours été. Elle relâche la pression sur son fusil uniquement pour rapprocher son index du cran de détonation, prête à tirer à tout instant. « Tu es toujours décidée ?» La blonde ne se retourne pas pour lui répondre, consciente que ce serait du pur suicide - ce que le bruit près d’eux vient lui confirmer. « Sous ma veste il y a une pochette avec un couteau. Prends le. » Il a sa propre arme, comme n’importe quel chasseur, mais Amos n’avait pas prévu de partir en guerre, contrairement à Charlie. Elle ne se pardonnerait pas que leur quête lui coûte la vie, et pour cette raison elle ralentit le pas pour qu’il se poste à côté d’elle et ainsi leur assurer une protection sur tous les côtés. Dans la forêt, un loup hurle une seconde fois à la lune éternelle. Elle jurerait qu’il s’agit d’un loup différent, déjà. Charlie ne veut pas connaître leur nombre exacte, certaine que le résultat final ne lui plairait pas. « Derrière le buisson à ma droite. » Elle souffle, avant de changer doucement de direction après avoir signalé avoir vu quelque chose. Certaine de son coup, et n’ayant plus que jamais rien à perdre, elle tire par deux fois sur ledit buisson, se moquant bien d’être entendue: les autres sauront qu’elle est là pour tous les abattre, au moins.

win - Le loup(-garou) a été tué sur le coup. Il n'est pas celui qu'ils cherchent, pourtant.
so close - Le loup est blessé mais il détale vite. Elle se met déjà en tête de le poursuivre.
fail - Ce n'était qu'un chevreuil. Il n'avait aucune chance.

Elle ne compte pas mettre à mal le rôle d’Amos: il pourra continuer à être le gardien de tous les chasseurs de cette ville si cela l’aide à trouver quelques heures de sommeil ici et là. Charlie, elle, ne compte pas un seul instant passer de vie à trépas. Seulement obtenir vengeance, à défaut que la justice puisse être applicable en ces temps. « Je comprends ce que tu ressens mais… » Il n’y a pas de “mais” qui tienne et elle est au moins heureuse que le regard noir qu’elle lui tend suffit à obtenir un silence de sa part. Qu’il garde sa salive, ses tentatives sont vaines.

Au cœur des reproches de son aîné, elle prend au moins le temps de l’armer d’un couteau. Cela ne pourra pas le sauver s’ils se font attaquer par un groupe, mais il pourra au moins les blesser profondément: il sait où planter sa lame tranchante. Elle le considère comme un vieux chasseur, mais elle doit au moins avouer que son expérience est parfois bienvenue, comme en cet instant où elle le suit sans moufter, jusqu’à un campement inconnu. L’odeur du sang la prend au nez, qu’elle fronce tout en cherchant à ne pas se concentrer sur l’odeur: ils ont autre chose à faire ; mieux à faire. « Il est là celui que tu cherches, mais c’est un sacrifice. » Son regard passe d’un cadavre à un autre, d’un membre isolé du reste du corps à un autre. La scène est abominable et, finalement, elle est presque soulagée d’entendre du bruit pour se concentrer sur ce dernier plutôt que la scène sous ses yeux. Elle plie le bras dans une protection de défense, la lame tournée vers l’inconnu à l’allure pourtant si humaine.

D’un regard en direction d’Amos, elle lui demande confirmation de l’identité. Est-ce que c’est la créature qu’elle souhaite voir mourir dans d’atroces souffrances ? Même sans aucune réponse claire de sa part, elle ne tarde pas avant d’utiliser son arme pour lui tirer dessus, en prenant à peine le temps de viser. « Je veux sa tête. Je repars pas d’ici sans leur tête à tous. » La vengeance ne suffit pas ; elle souhaite l’escalade de violence, et elle souhaite qu’ils craignent à leur tour la force des chasseurs, lesquels ne sont certainement pas leur proies. « Je demande pas ton aide. » Il peut choisir de ne pas prendre part au massacre. Elle ne lui en voudrait pas.

@Amos Taylor

win - Elle a visé dans la tête, il est aussitôt tombé au sol, quasiment mort (cela ne saurait tarder). Coup de chance.
so close - Elle a visé la nuque. Il perd beaucoup de sang mais parvient tout de même à s’enfuir.
fail - Elle a visé l’épaule. Il s’enfuit sans trop de mal.

Amos se plaint comme il sait si bien le faire et, bien qu’il ait tout de même raison, Charlie choisit de simplement l’ignorer. Elle aurait pu les faire repérer et c’est sans doute ce qu’elle a fait, de toute façon, mais elle choisit de ne pas analyser davantage cette idée: le mal a de toute façon été fait et se morfondre sur leur sort ne saurait rien y changer. S’ils sont repérés, alors autant qu’ils tuent leur proie le plus rapidement possible, et cela tombe bien puisque c’est le résumé exact du plan qui anime la jeune femme en cet instant. « Mais je vais te la donner si tu fais exactement ce que je te dis. » Elle le connait assez pour savoir que la nuance dans ses propos n’existe pas réellement: il va l’aider, peu importe à quel point elle opte pour une attitude dangereuse de son côté. Il va le faire, parce qu’il ne supporterait pas l’idée qu’elle soit à son tour tuée. Charlie l’aurait fait pour lui aussi.

« On attend qu’il nous flaire et qu’il revienne en nous tenant sur nos gardes. Tu tires, on le dépèce et on se fait une seconde peau de la sienne. »
« Je la porte. »

Ce n’est pas un sujet ouvert à débat. Elle accepte son plan, alors il doit accepter sa décision: elle est la première à chercher la vengeance, alors elle souhaite aussi être celle prenant le plus de risques. Cela ne l’empêchera pas de se cacher en position de chasse sous la peau de l’animal, prête à tirer sur la première bête de sa meute qui s’approchera d’elle. Le plan est aussi dangereux qu’il est brillant, et elle ne prend pas le temps de chercher à négocier certains points, déjà occupée à trouver un coin où ils peuvent attendre le retour de la bête sans se faire repérer. Les environs sentent déjà leur odeur, ils ne trouveront pas étrange que l’odeur persiste.


Charlie calme sa respiration en attendant le retour de la proie. Tous ses sens sont à l’affût, elle tente d’anticiper le moindre bruit suspect à travers la forêt dense, jusqu’à ce que les pas de l’animal finissent par se faire entendre. Lui-même avance à pas de loup, peu assuré de son retour sur place ; et effectivement, il fait bien. Après avoir jeté un regard à Amos, ils s’accordent sur une attaque coordonnée. Elle retient l’animal et il lui plante le couteau dans le crâne, pour le tuer sans faire de bruit. Du reste, ils suivent le plan d’Amos, et elle est bel et bien celle revêtant la seconde peau, passant outre tout le dégoût que cette idée impose en elle. La vengeance est bien plus importante que tout le reste et la pousse à attendre plusieurs heures encore, dans le même fourré, avec l’éternelle même attention portée sur le monde autour d’eux. Lorsqu’un bruit dénote avec le reste et annonce l’arrivée de la meute, elle n’attend pas avant de viser la tête avec le canon de son arme, n’en ayant plus rien à faire de jouer la discrétion. Le temps est au bain de sang.