EVIL IS GOING ON
Amos Taylor &  @Raelyn Blackwell  – dimension gothique

Je me suis approché d’elle, un rien trop près peut-être, et puis, plus rien. Le vide. Le néant. A peine le souvenir d’une douleur fulgurante sur le crâne et, encore, je n’en suis pas plus certain que ça ne me chahute d’ailleurs. Ouvrir les yeux dans un pièce qui m’est étrangère, c’est une chance en soi. Être attaché a ce lit baldaquin par les poignets et par les chevilles, ce n’est pas un sort enviable, mais au moins, je suis en vie. Ce qui me force à hurler - non pas à l’aide, je ne ferais pas le plaisir à mon bourreau de se délecter de ma peur -, c’est le besoin d’évaluer mes chance de survie. Elles sont maigres, j’en suis conscient, mais elles existent. Quelque chose retient la main du vampire qui m’a traîné jusqu’ici. A l’inverse, elle m’aurait rendu exsangue devant cette cage : nous étions seuls. Aucun témoin n’aurait pu la surprendre et je ne peux m’empêcher de me demander pourquoi elle n’a pas planté ses crocs dans mon cou et, par conséquent, ce que je fous là, pieds et poings liés, allongés sur des draps de satin rouge sang, avec pour spectatrice ces deux yeux qui luisent dans la nuit et qui me scrutent tandis que remue comme un ver avec l’espoir décidément vain de me détacher. Je perds mon temps, mais c’est un réflexe, c’est de l’instinct au même titre que ma provocation s’apparente à du suicide au profit de l’ego. «Quel plaisir tire-t-on à tuer une cible aussi facile ? Vous avez donc perdu le goût de la chasse avec les années ? Quelle âge avez-vous, Rachel ?» J’aurais pu l’appeler vampire, mais je ne veux pas l’insulter, ce qui ne s’explique pas non plus, d’ailleurs. Rien de ce que je ressens ne serait acceptable pour les membres de ma guilde. Ma femme non plus ne comprendrait pas. Mais, peut-être suis-je simpleent lasse de cette vie. Peut-être aurais-je envie d’en découvrir une autre parce que je vieillis et que je ne le supporte pas. «Je vous aurais suivie si vous me l’aviez demandé. Je ne sais pas pourquoi, je m’étais immunisé après avoir compris. Mais, je l’aurais fait.» Autrement dit : détacher moi, je ne fuirai pas. Peut-être même que je trouvrai le courage de lui réclamer une faveur bien que j’ignore encore laquelle parmi toutes ces idées tantôt farfelues, tantôt rationnelles, qui me traversent l’esprit.

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédit/casiopeis

Je l’ai ramené jusqu’au château et, une fois là-bas, je me suis demandé quelle mouche m’avait piquée. J’aurais dû le consommer sur place, ne pas prendre le risque que l’on me voit le transporter. J’aurais dû boire jusqu’à la dernière goutte de son sang et passer à ma prochaine proie, mais je n’ai pas envie de me séparer de celle-ci, pas tout de suite du moins. Alors, ayant troqué mes vêtements d’extérieur pour une longue robe de soie importée d’Inde – on la dit d’une douceur infinie – bien plus seyante. Les conventions humaines n’ont pas de prise sur moi, certainement ma tenue dévoile-t-elle un peu trop ma gorge pour les mœurs de l’époque, mais je n’en ai que faire. Elle moule mes formes à la perfection et la fente le long de ma jambe permet plus d’aisance dans mes mouvements, si d’aventures il venait à y avoir de l’action.

Mes cheveux lâchés et tombant en cascade de boucle, je l’observe émerger, installée sur le rebord de la fenêtre de la chambre dans laquelle il a été installé. Je ne connais pas toutes celles du château, et pourtant j’y vis depuis des décennies. A croire que même lorsque l’on est un démon sanguinaire, on aime s’offrir une part de mystère et de surprise. « Quel plaisir tire-t-on à tuer une cible aussi facile ? Vous avez donc perdu le goût de la chasse avec les années ? Quel âge avez-vous, Rachel ? » J’éclate de rire face à sa fougue et son inconscience. Je pourrais le tuer d’un battement de cil, et pourtant il me provoque. « Je vous aurais suivie si vous me l’aviez demandé. Je ne sais pas pourquoi, je m’étais immunisé après avoir compris. Mais, je l’aurais fait. » Sautant sur mes deux pieds, j’approche du lit. J’enroule mes doigts autour de l’une des colonnes du baldaquin, au pied du lit, et je l’observe, un air amusé et sensuel sur le visage. Le chasseur avait raison : je suis la tentation faite femme – ou pas tout à fait. « Ce corps a trente ans. Moi, j’en ai un peu plus que ça. » Mes doigts glissent sur le bois et, finalement, le lâche les montants du baldaquin pour m’approcher de lui. Ce faisant, je les laisse glisser sur l’édredon. « J’en ai un peu plus de quatre-vingt dix. N’as-tu pas bien fait tes devoirs ? » Tout le monde connaît l’histoire un peu folklorique de la vieille comtesse que l’on ne voit jamais en ville, mais dont l’évocation est terrifiante sans que personne ne sache réellement pourquoi. « Tu peux m’appeler Rachel, mais tu peux aussi m’appeler Comtesse si tu préfères. » Tout cela n’a que vocation à jouer avec lui, avec ma proie. Je veux lire les émotions qui traverseront ses yeux lorsqu’il comprendra à qui il a à faire, une bête qu’il traque certainement depuis longtemps : ma réputation me précède. « Et du reste, tout mon plaisir je le trouverai quand je planterai mes crocs - » Je m’approche de lui, approche ma main de sa nuque. Mes crocs ne sont plus dissimulés, maintenant. « - dans ton - » Je glisse ma main jusqu’à son visage, caresse sa nuque. « - joli petit cou. »

win - A la fin du sujet, elle le tue.
so close - A la fin du sujet, il arrive à reprendre l’avantage et la tue.
fail - A la fin du sujet, elle le transforme.

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Amos Taylor &  @Raelyn Blackwell  – dimension gothique

Ainsi emprisonné, pris au piège tel un moucheron, peut-être aurait-il mieux valu que je me taise. Pourtant, je fais fi de toute peur pour défendre mon ego. Quitte à mourir, je refuse de m’humilier en la suppliant ne fût-ce que du regard. Alors, je les fixe ses prunelles qui brillent dans le noir. Pour rien au monde je ne détournerai les yeux même si l’effroi me tord littéralement le ventre. Je n’ai pas envie de crever dans une mort atroce. Sentir la vie qui s’enfuit dès que cette femme sensuelle me rendra exsangue. Entendre mon coeur battre dans mes oreilles et s’affaiblir ensuite. Avoir de plus en plus froid au contact de ses lèvres sur ma peau à mesure que je serai exsangue. Apprécier avec précision le moment où nous poussons notre dernier souffle avec angoisse et dans la douleur d’une morsure empoisonnée. J’y pense et l’angoisse me prend, mais elle ne transparaît ni dans mon attitude ni dans ma voix tandis que je la provoque au détriment de mon instinct de survie. En ai-je encore quandje suggère à ma meilleure ennemie de me défaire de mes liens, de me jeter dans la forêt et de faire de moi sa proie, ce que j’ai toujours été, mais qu’elle n’a pas chassée. Etait-ce en lien avec mon arme ? S’est-elle méfiée ? Est-ce plutôt au coeur d’un projet plus grand ? En étais-je la pièce centrale ? Dans ce cas, pourquoi est-ce que je respire encore ? Elle s’approche et, sans surprise, je suis époustouflé par sa beauté. Ses longs cheveux couvrant ses épaules, sa bouche rouge, son teint de cire qui lui donne des allures de poupée… j’avais raison, tout est affaire de tentation. Le corps d’une trentenaire. L’âme - si tant est qu’elle en ait une - plus vieille que moi. Est-ce que je lui fais l’effet d’être un gamin ? Un gars trop naïf ? Un de plus qu’elle a coincé dans ses filets ? J’en ressens un soupçon de jalousie et une colère froide s’empare de moi. « Je ne me fie jamais aux rumeurs, Comtesse» ai-je persiflé, frustré qu’elle m’attaque sur mes compétences, donnant soi-disant la couleur sur une distance à laquelle je ne rêve pas vraiment. Ma convoitîse me conduit ailleurs. Quant à cette manière de me défendre, c’est inutile. inutile compte tenu que je suis déjà à sa merci. Pourquoi en rajoute-t-elle ? Et pourquoi, moi, j’en viens à accepter l’idée de perdre la vie parce que son numéro de femme libérée me galvanise. Elle représente la luxure, cette dame du monde et, le diablotin du premier soir, celui qui s’est tu lors de notre seconde rencontre, se manifeste à présent. Il me chuchote à l’oreille tout ce que je serais susceptible de lui faire si, d’aventures, j’étais libre de mes mouvements. Au lieu de ça, je persiste à feindre l’indifférence par rapport à mon sort, ce qui n’est pas tout à fait faux : le désir supplante mon envie de continuer à être un bon mari malgré que je suis gagné par l’ennui jour après jour. «Allez-y. Si c’est vraiment tout ce qui vous intéresse, qu’est-ce que vous attendez ?» l’ai-je défiée, le cou tourné en direction de sa bouche à quelques centimètres de ma jugulaire et le regard s’essayant toujours à garder le contact avec le sien.

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédit/casiopeis

« Je ne me fie jamais aux rumeurs, Comtesse. » - « Tu deviens agressif. » Mon visage s’assombrit, et mon appétit grimpe d’un cran. « Je n’aime pas ça. » Si je l’ai trainé jusqu’ici, s’il capte mon attention bien plus que je ne veux l’admettre, c’est parce qu’à aucun moment il ne m’a semblé vindicatif ou effrayé par moi, même lorsqu’il est devenu évident qu’il avait parfaitement compris à quel genre de créature, à qui il avait à faire. « Tout ce que j’ai jamais reçu, c’est de la violence. » Mariée de force et sans notion de consentement, déracinée, trainée à l’autre bout du globe de la même façon me privant ainsi de mes maigres repères alors que je n’étais qu’une enfant, abusée et battue par un mari alcoolique et qui avait deux fois mon âge, la vie n’a pas été tendre avec l’humaine que j’étais autrefois. « Et je devrais me sentir désolée, m’excuser de la rendre en retour ? » Si mes détracteurs connaissaient mon histoire, personne ne serait surpris que je sois devenue cynique et misanthrope comme je le suis. J’abhorre les êtres humains. Je ne les aime que pour une seule chose, leurs veines palpitantes de sang aux arômes délicieux. « Tu étais différent. » Reste-le.

« Allez-y. Si c’est vraiment tout ce qui vous intéresse, qu’est-ce que vous attendez ? » Je crois que, toute créature de la nuit que je sois, je me sens terriblement esseulée. Au début, j’ai tenté à de maintes reprises de me créer des semblables, mais tous m’ont terriblement déçue. Ils sont partis, où ont terminé la gorge arrachée par mes crocs. J’ai arrêté d’essayer il y a des décennies de ça, mais s’il était différent ? S’il choisissait de devenir mon compagnon ? J’agrippe la soie qui recouvre mes cuisses pour remonter ma robe de quelques centimètres et me permettre une plus grande liberté de mouvements, avant de poser un genou sur le lit, et de l’enjamber pour m’installer à califourchon sur le chasseur. Avec mes cuisses, je pourrais lui broyer les hanches, mais je n’en fais rien. Je le tiens simplement assez fermement pour qu’il ne me désarçonne pas. « Tu ne devrais pas me tenter. » Parce que je reste un être sanguinaire, incapable de résister à l’appel du liquide qui coule dans ses veines. Alors, je me penche sur lui et, presque avec douceur, je perce la peau de son cou de mes crocs. D’une main dans ses cheveux, je maintiens sa tête en arrière pendant que je bois son sang. Qu’il est délicieux. Un breuvage noble, que je boirais jusqu’à la dernière goutte si je n’avais pas de projets pour lui. Mais je ne le fais pas et puisque ma morsure en elle-même n’est pas mortelle – c’est de laisser un homme exsangue qui l‘est – il reste conscient : je lui bois tout juste assez peu de sang pour qu’il le reste. Après avoir retiré mes crocs de sa nuque – à regret – je lèche les dernières gouttes qui s’échappent de sa blessure avant de me redresser. Rejetant la tête en arrière, je profite des sensations, de l’euphorie qui vient toujours après m’être nourrie. Puis finalement, je me penche à nouveau pour que mon visage soit tout près du sien quand je m’adresse à lui. « Si tu buvais du mien, tu pourrais rester avec moi pour toujours. » Comprend-t-il que je n’ai pas l’intention de le tuer ? « Et mettre cette ville à feu et à sang à mes côtés. » J’étends mon corps pour attraper un scalpel sur la table basse, et j’ouvre ma peau, je trace une fine mais profonde ligne juste au-dessus de mon sein, d’où s’échappe un liquide plus sombre que le sang contenu dans ses veines. « Bois et reste avec moi. »

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Amos Taylor &  @Raelyn Blackwell  – dimension gothique

Agressif ne traduit pas ce que je ressens. Certes, j’entends sa méprise. Néanmoins, je suis davantage frustré que prompt à une quelconque colère. Pourquoi me garde-t-elle lié puisque j’ai admis que je l’aurais suivi sans rechigner si, d’aventures, elle me l’avait demandé ? Pourquoi ne me détache-t-elle pas compte tenu qu’à aucun moment, dès lors que mes questions l’aiguillonnaient vers l’étendue de mes doutes ? N’a-t-elle pas compris que je ne suis pas une menace pour elle ? N’est-il pas clair que mon cœur s’est pris les pieds dans le tapis du désir, non parce qu’elle a été conçue pour attiser l’appétence sexuelle, mais parce que je l’ai trouvé charmante ? Attirante, et pas aguicheuse ? A peine ai-je compris qu’elle m’obsédait bien au-delà de la raison, je n’ai plus lutté. J’ai accepté mon sort, dernier témoignage de l’affection tarie envers mon épouse, accueillant la mort qui m’attend, car je n’ai plus rien à lui apporter et que je n’en ai plus envie. «Alors, pourquoi cette violence-là ? » Celle de me réduire au supplice de succomber à la mort plus dignement ? «Si j’avais voulu vous faire du mal, ou même essayer…» Je doute sincèrement que j’aurais été capable de la blesser. Il est une raison évidente si je n’ai pas essayé lorsque j’en ai eu l’occasion. «Alors, détachez-moi… C’est tout ce que j’attends.» Je n’implore même pas sa clémence en tentant de la duper à l’aide de mots fallacieux. Honteux de me sentir capable d’être attiré par une autre femme, qui plus est, créature du mal, je n’ai d’autres issues que celle où je meurs entre ses draps de soie, mes hanches prises entre ses jambes. C’est ma punition pour toutes ces pensées impures dans lesquelles ce monstre est nu. « Aie confiance.» Bien sûr, elle n’est pas obligée de me croire, mais je suppose à raison qu’elle a interrogé la vitesse des battements de mon cœur parce qu’elle s’est exécutée. Elle m’a libéré juste avant de me transformer en casse-croûte sans que je ne me débatte. A quoi bon ? Je marche vers mon destin parce que je la trouverais presque douce, cette dernière heure. Elle l’est autant que ses lèvres une fois la douleur de la morsure empoisonnée passée. Evidemment, j’ai grimacé sous le joug du mal causé par ses crocs déchirant ma chair, mais je n’ai pas gémi. Les mains libres, j’ai attrapé ses cuisses que j’ai serrées avec intensité. Je me souviens m’être questionné sur ce qu’elle m’a gardé en vie au lieu de m’achever. J’étais à sa merci. La tête me tourne déjà, preuve qu’elle a ingurgité beaucoup de mon sang et je ne pense pas à la provoquer de nouveau. Je suis au contraire suspendu à ses lèvres. Elles détiennent les réponses et Dieu ce qu’elles sont alléchantes. Elle cherche un partenaire : je ne dirais pas non. Je n’ai pas envie de mourir, j’avias besoin d’une autre vie et n’est-ce pas ce qu’elle m’offre ? Après notre première rencontre, je me serais imaginé que raison et logique m’ont échappé à cause de ce pouvoir qu’elle exerçait sur moi. J’en aurais déduis que le rouge sombre qui s’écoule le long du galbe de son sein m’aurait abusé. Aujourd’hui, je sais que je brûle d’embrasser ou de poser l’oreille et la joue contre ce morceau de peau nue. Je sais que je rêve de la défaire de sa robe, non pas parce qu’elle est tentation faite femme, mais parce qu’elle est la mienne. Aussi, sans piper mot, je me suis redressé, j’ai glissé une main dans la cambrure de ses reins et, si je n’ai bu de suite à la coupe de son sein blanc, j’ai tracé un chemin jusqu’à lui, un chemin le long du tissu de sa robe alors que mes doigts libres cherchent leur chemin pour la défaire de son bout de tissu luxueux. Au moins, les intentions de chacun sont évidentes, autant que ma position. «A feu et à sang, Comtesse.» lui ai-je répliqué, tout à sa cause acquis. J’ai bu dans l’espoir de vivre, mais parce que c’est à ses côtés et, considérant que c’était assez, ce sont ses lèvres que j’ai cueillies, nous ramenant vers un essentiel : je me suis présenté comme : «Amos, votre humble serviteur, Rachel.»

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Raelyn Blackwell & @Amos Taylor – dimension gothique ☆ crédit/casiopeis

« Alors, pourquoi cette violence-là ? » Je penche la tête sur le côté, jugeant que mes intentions sont claires et qu’il ne devrait pas être surpris, pas même si je décidais de me nourrir sur ses veines. La violence m’attire et me procure des frissons. Mais n’est-il pas question, au bout du compte, que d’un prédateur qui tue sa proie pour la dévorer ? N’est-ce pas similaire à tout autre maillon de la chaîne alimentaire qui chasse autant qu’elle est chassée ? Les être humains s’imaginaient-ils tellement au-dessus des lois les plus fondamentales de la nature qu’ils tombent aujourd’hui de haut en découvrant qu’ils constituent eux aussi le repas d’une autre espèce ? Non, il ne s’agit pas de ça ou pas dans le cas d’Amos. Ce sont les liens qui maintiennent ses poignets qu’il désigne. « Si j’avais voulu vous faire du mal, ou même essayer… » - « Parce que tu crois que tu serais le premier à tenter de me duper ? A préférer la ruse à la force brutale ? » Aucun n’a réussi, puisque je me tiens devant lui. Mais ce serait mentir que de prétendre que j’ai senti de potentielles velléités d’attaque de sa part. Au contraire, il se soumet. « Alors, détachez-moi… C’est tout ce que j’attends. » Mon regard fiché dans le sien, je l’observe une seconde, puis deux, puis une dizaine et plus encore. Indécise, je tente de fouiller son âme à la recherche d’un indice qui me soufflerait que j’ai tort d’envisager de faire confiance à mon instinct. « Aie confiance. » Je l’observe une poignée de seconde de plus, avant de m’installer sur lui et de le détacher. Une main d’abord, que j’observe se poser sur ma cuisse, presque incrédule. Puis la seconde une fois que je suis rassurée quand au fait qu’il ne tentera rien. Il ne représente pas une menace conséquente. Mais combien d’autres membres de mon espèce sont tombés parce qu’ils étaient trop orgueilleux et certains de leur propre puissance ?

Lui ne fait rien. Il m’observe, les deux mains posées sur mes cuisses et, lorsque me crocs déchirent sa serre, il raffermit sa prise sans tenter de me repousser. Il s’abandonne au sort que j’aurais choisi pour lui sans aucune certitude. Désire-t-il mourir ? Est-il lassé de sa pourtant si courte existence, à l’échelle de ce que pourrait être une vie avec moi ? Je dois faire appel à toute ma concentration pour ne pas le laisser exsangue. Je suis tentée, non pas parce que je désire le supprimer, mais parce que son sang est plus délicieux que celui d’un nouveau-né. Mais je retire mes crocs au bon moment, alors que ses paupières s’ouvrent et se ferment, signe qu’il lutte pour rester conscient. Bientôt, s’il fait le bon choix, il n'aura plus rien à craindre. Il se redresse et je l’observe faire : s’il décidait de s’en prendre à moi maintenant, ce serait trop tard. Il doit lui rester si peu de force qu’un enfant pourrait le balayer d’une pichenette de la main. Ses doigts glissent sur ma robe, attisant la flamme de mon désir et, lorsqu’il entreprend de faire glisser les bretelles de ma robe le long de mes bras, j’esquisse un sourire. Il a choisi. « A feu et à sang, Comtesse. » Ses lèvres se posent sur la plaie sanguinolente que je me suis infligée, et je ressens la sensation peu familière de la succion de ses lèvres sur ma peau. Il n’est pas le premier que je transforme. J’ai espoir qu’il soit le dernier. Lorsqu’il cesse de boire mon sang et qu’il scelle nos lèvres, la température grimpe d’un cran. Je lui rend son baiser avec fougue, avant d’appuyer mes deux mains sur son torse pour le forcer à s’allonger, moi sur lui. « Amos, votre humble serviteur, Rachel. » Je dépose un autre baiser sur ses lèvres, tandis que mes mains caressent sa nuque, essuie le sang qui macule sa plaie et glissent dans ses cheveux. « Ferme les yeux Amos. » Il est ambitieux, s’il pense pouvoir satisfaire ses désirs sur l’instant. « La transformation va être douloureuse. » La pire douleur du monde. Je me souviens encore de chaque sensation, de chaque fibre de mon être qui demande pitié et miséricorde. « Demain, tu tiendras tes promesses. » Celle de réduire cette ville en cendres avec moi, et celle, plus suggéré, de combler jusqu’au dernier de mes désirs.

RP terminé