Siham venait de plier la dernière paire de draps de sa journée. Honteusement, elle avait dissimulé une trace rouge qu’elle n’avait pas réussi à faire partir, ce qui arrivait de plus en plus depuis que la lune avait pris possession du ciel. Acharnée, elle arrivait toujours à rendre le blanc plus blanc que blanc, mais les linges en coton étaient de plus en plus nombreux à être totalement souillés à cause des crimes indescriptibles qui se multipliaient à Brisbane depuis ces derniers jours. Redoutant ce qu’il pouvait se passer dehors, Siham se couvrait toujours d’une cape brun foncé, qui la dissimulait de la tête aux pieds. Préférant ne pas s’attarder, elle marchait en direction de chez elle, d’un pas hâtif, sachant que son père l’attendait depuis un bon moment déjà. Elle devait traverser le centre de Brisbane bien que son géniteur lui eût recommandé d’éviter d’y passer en fin de journée, sachant bien que les quartiers plus peuplés étaient devenus ceux qui étaient les moins sûres ces derniers temps. Imaginant que plus les humains étaient concentrés, plus il était facile de mettre la man sur l’un d’entre eux et de se permettre un croc au passage. Vampires ou Loups Garou, les créatures mystiques que longtemps, on aurait pensé être seulement légendaires, ne se cachaient plus, ne se contentaient plus uniquement de la pauvre femme perdue dans les bois, de l’homme désorientés au bord d’une rivière seule. Non, maintenant, ils étaient là, dans les ruelles de la ville tombée dans les ténèbres.
Siham tenait la capuche de sa cape entre deux doigts, ayant comme un mauvais pressentiment. Elle sentait son pouls s’accélérer, sans être réellement capable de l’expliquer. Si elle s’était habituée à voir la peur au ventre chaque jour, ce sentiment décuplé d’insécurité, elle ne l’avait encore jamais expérimenté. A l’approche de son appartement, elle fu bousculé par une silhouette plus grande qu’elle dont l’aura était bien plus froide que les températures extérieures. Elle eut l’impression d’avoir percuté un iceberg. Alors qu’elle se retourna pour tenter de voir qui venait de quitter sa rue pavée, la silhouette avait disparue, comme volatilisée. Se retournant, prête à passer la porte de chez elle, elle voyait le corps inerte de son père à terre. « Papa ! » qu’elle se mis a hurler, oubliant la discrétion dont elle était censée faire preuve pour ne jamais attirer l’attention sur elle. Elle se jeta à terre, se moquant du choc de ses genoux contre la pierre, se moquant de la douleur. « papa, tu m’entends ? » son corps était encore chaud mais son torse ne bougeait plus. Son chapeau avait roulé à quelques mètres, sa cape était couverte de poussière. « papa… » elle se mis à pleurer, tout en secouant son père dans tous les sens, espérant avoir un signe de sa part et lorsqu’elle remarqua le sang et les marques de crocs dans son cou, elle fondit en larme, posant son front sur le torse qui se refroidissait. Siham était orpheline à présent. La douleur présente dans sa poitrine semblait l’anesthésier, elle ne remarquait pas qu’autour d’elle, les lumières de sa rue se mettaient à clignoter.

@Olive Sterling

Dimension Gothique
@Siham Fowler   ☆ crédit/ trigonsgem

Brisbane était devenu un endroit peu fréquentable alors que la nuit avait décidé de s'y imposer, ne laissant aucune chance à la lumière. C'était ainsi depuis plusieurs jours, si ce n'était plus d'ailleurs. Au fur et à mesure, Olive en avait perdu le compte. Les instants étaient identiques et rien ne pouvait mettre un terme au mal qui sévissait chaque jour durant. Pourtant, elle était dans son élément plus que de raison. La nuit avait réveillé quelque chose en elle de nouveau, mais surtout d'immense. Ce n'était pas désagréable, loin de là même, c'était juste plus, soudain et elle savait qu'il fallait faire extrêmement attention. Olive, elle avait eu le malheur de découvrir que trop tardivement ce dont elle était capable. Ce que toute sa vie on lui avait malencontreusement cacher dans le simple but de sa protection. Du moins, c'était les mots de son paternel avant qu'il ne disparaisse à son tour. Lorsque ses yeux ont commencés à prendre une autre teinte et que sa colère est devenu plus récurrente. Il n'y avait maintenant plus aucun doute sur sa vraie nature. Il était convenu qu'elle se fonde dans la masse, qu'elle n'utilise ses pouvoirs que pour faire le bien, enfin toutes ces conneries dans le genre évidement. Mais difficile de passer inaperçu avec ce type de don, ou de malédiction. Elle s'est accommodée Olive, au fur et à mesure des années depuis la révélation de son pouvoir. Elle s'est tenue à distance des autres, préférant manier le fil et l'aiguille comme personne. Choisissant de s'imposer comme modiste, que comme maudite sorcière. C'était mieux pour elle, mieux pour les autres aussi sûrement, mais cela ne pouvait être éternel et encore moins évident. Surtout quand la nuit s'installe et refuse de disparaitre. Surtout quand ses sens deviennent plus forts que jamais. C'était imprévisible, mais la sensation est rafraichissante.

Comme toute les nuits depuis, Olive s'installe derrière sa machine à coudre. Feignant d'être trop occupée pour se soucier du sort des pauvres gens dehors. Elle a un business à tenir après tout et sa réputation davantage. Il n'est pas question qu'elle prenne du retard pour des pauvres âmes perdues. Après tout, ils n'étaient pas là quand elle en a eu besoin, alors pourquoi ferait-elle l'effort inverse? Ce n'est donc pas les cris aigüe qui l'ont fait bondir de sa chaise non, mais le vacillement des luminaires, l'onde de surnaturel qu'elle a pris en pleine face. Quelque chose de nouveau venait de se préparer et ça ne lui plaisait guère. Olive, elle enfila la cape noire qu'elle ne quittait jamais et se perdit dans la noirceur du monde pour trouver l'origine de ce changement. Elle n'était pas certaine de ce qu'elle pourrait trouver, mais elle était curieuse de savoir qui avait pu provoquer ça et pourquoi. Oui, le monde virait au chaos et cela aurait dû être une habitude, mais la curiosité était son vilain défaut. Elle suivit le son du vent qui la conduisit jusqu'à des appartements, prudemment, elle franchit le seuil de l'un, restant sur ses gardes. Jusqu'à cet aura. Aucun doute, la silhouette devant elle était de son rang, c'était évident, mais pourtant, elle semblait si fragile, si apeurée. « Ne prends pas peur, je suis là pour toi. » Il y avait eu cet appel, elle le comprenait maintenant. Parce que l'une des siennes avait besoin d'aide. « Il ne faut pas rester là, d'autre pourrait venir. » Et ce serait sûrement pire. Olive, elle déposa une main rassurante sur l'épaule de la jeune femme. « Je suis désolée, mais c'est trop tard pour lui. » Elles ne pouvaient plus rien faire de toute manière. C'était malheureux et elle pouvait compatir, mais il était important de ne pas perdre plus de temps dans ces lieux. L'absence d'une âme pourrait faire ramener plus dangereux encore qu'Olive et c’était hors de question qu'elle soit présente à ce moment là. « Allons nous mettre à l'abri, d'accord? »

 
Siham attendait un signe de son père, un souffle, un tremblement, un gemissement mais rien ne venait, il n’y avait plus d’âme dans sa chair, il était mort et ne se relèverait pas. Elle ne voulait pas y croire, elle restait dans cette attente, ces secondes qui semblaient être des heures.  « Ne prends pas peur, je suis là pour toi. » elle entend cette douce voix qui chante à son oreille, elle se redresse, et voit le visage de cette jeune femme, ne comprenant pas vraiment ce qu’elle venait de lui dire. « Il ne faut pas rester là, d'autre pourrait venir. » Siham secoue la tête, s’agrippe à son père refusant de le laisser sur les pavés et de s’en aller. La main de la jeune femme se posa sur l’épaule de Siham et elle avait l’impression d’être calmée, presque apaisée de cette douleur intense. Elle ne comprenait pas. Elle la fixa dans les yeux, elle n’avait pas l’aura d’une créature immonde. « Je suis désolée, mais c'est trop tard pour lui. » Trop tard, elle venait d’annoncer la mort de son paternel, elle venait de lui dire ce qu’elle avait vu de ses propres yeux mais dont elle refusait de l’admettre. « Non, je n’peux pas. » elle ne pouvait pas l’abandonner, elle ne pouvait pas s’enfuir et le laisser. Elle se pencha à nouveau sur le corps inerte et de plus en plus froid sous sa main, elle versait ses larmes en ayant l’impression qu’elle pourrait le protéger dans l’haut-delà s’il partait avec une partie d’elle. Elle s’arrachait à ses mains, enfonçait ses ongles dans sa peau gelée. « Allons nous mettre à l'abri, d'accord? » un dernier sursaut de pleur, pour faire ses adieux. Siham ne voulait pas le laisser mais elle n’en avait pas d’autres choix. Elle déposa un baiser sur son front blanchi et ferma ses yeux d’un geste tendre avec ses doigts. Elle se releva, se retournant vers la brune. « Je peux pas le laisser comme ça… » et elle savait pourquoi qu’elle ne pouvait l’emmener nulle part ailleurs. C’est ainsi que finissaient les corps depuis ces derniers jours plongés dans les ténèbres. Quelqu’un de chargera de venir le récupérer et de l’emmener à la fosse commune. Aucune bénédiction lui sera dite. Siham se trouvait juste devant chez elle et pourtant, il lui était impossible de rentrer dans le logement qu’elle partageait avec son père. « où ? » elle n’avait pas envie d’être seule et pourtant, elle savait qu’elle ne pouvait faire confiance à personne, mais dès lors que la main de la jeune femme s’était posée sur son épaule, Siham avait ressentie ce sentiment de confiance comme elle n’en avait jamais ressentie auparavant. Incapable de l’expliquer, mais elle savait qu’elle ne craignait rien. tout comme elle lui avait dit, ne pas prendre peur...

Dimension Gothique
@Siham Fowler   ☆ crédit/ trigonsgem

La discrétion d'un chat, voilà ce dont elle faisait preuve à cet instant Olive. Elle comprenait que le pire était derrière, et que malheureusement les dégâts étaient faits. Il n'était plus possible de faire marche-arrière, et il n'était pas possible non-plus de ramener les morts, du moins pas à sa connaissance. Olive, elle fait attention aux mots sortant de sa bouche, elle calme la voix, évitant d'effrayer la pauvre jeune femme. Elle se veut rassurante, protectrice, comme elle aurait aimé qu'on le soit avec elle. Olive, elle surveillait autant les environs que la réaction de la jeune femme. Il n'était pas question qu'elle se laisse surprendre, pas question qu'elle se retrouve prise au piège. Elle devait être vigilante, il ne fallait pas qu'elles restent plus longtemps. Olive, elle sentait que quelque chose clochait, que à un moment, quelqu'un finirait par sentir l'appât du corps vide sur le plancher, et elle n'avait pas envie d'être présente quand ça arriverait. « Non, je n’peux pas. » Olive soupira, et elle manquait cruellement de patience. Mais la situation ne lui permettait pas d'être trop sèche, au contraire, elle faisait attention de ne pas brusquer plus que de raison la jeune femme. « Vous avez donc envie de le rejoindre ? » Olive était ferme et prête à tourner les talons si cette conversation ne devenait pas plus raisonnable. Il était évident qu'il n'était pas bon de rester là. Elle observa la scène, se retirant quelque peu de ce moment d'adieu. Jusqu'à ce que la brune rencontre enfin son visage. « Je peux pas le laisser comme ça… » Elle comprenait Olive, mais c'était aussi ainsi que les choses devaient se dérouler. La mort était inévitable, d'avantage dans cette nuit barbare. Il fallait avancer, garder l'objectif en tête et ne pas se retourner s'ils voulaient survivre. « Vous devez me faire confiance. » La confiance n'était pas aisé, surtout par les temps qui courent, mais Olive était sincère. Elle voulait aider la jeune femme, parce qu'elle savait qu'il y avait quelque chose dans tout ça. Que si elle était arrivée jusqu'à elle, ce n'était pas pour rien. « Où ? » L'Australienne haussa un sourcil, surprise de cette demande. « Là où nous serons à l'abri. » Elle prit une grande inspiration. « Je vous laisse faire vos adieux, prendre vos effets personnels et me rejoindre dehors. » C'était au moins ce qu'elle pouvait faire, parce qu'après cette nuit, tout changerait pour la jeune femme. « Et si plus rien ne vous retiens ici, nous mettrons le feu à la maison. Cela devrait éloigné notre odeur, et celle de l'humain. » Elle grimaça du terme employé, mais c'était la vérité. Sans tout autre formule, Olive tourna les talons et s'éloigna de la scène d'adieu. Préférant mettre une distance entre la mort et elle. Elle s'adossa à l'encadrure de la porte extérieur, attendant que la silhouette de la nouvelle ne débarque. Ainsi, elle prendrait la route vers un endroit plus sur. Le temps que les traces ne s'effacent. En suite, elle lui raconterait ce qu'elles avaient en commun.

« Vous avez donc envie de le rejoindre ? »  le son était brouillé pour Siham, comme si, une bulle l’avait enveloppé et protéger des agressions externes, lui laissant ce dernier moment d’intimité avec son père. Si elle avait entendu, elle aurait surement répondu que c’était la meilleure chose à faire ,tout ce qui lui restait, c’était de mourir également. La douleur était si instance que son esprit d’analyse et sa raison semblaient anesthésiés. « Vous devez me faire confiance. » Siham souffla, détendit petit à petit, comme si cette phrase raisonnait en elle comme une incantation.
« Là où nous serons à l'abri. Je vous laisse faire vos adieux, prendre vos effets personnels et me rejoindre dehors. » Siham appréciait avoir droit à quelques minutes supplémentaire et de pouvoir dire quelques dernières paroles à son père, car elle était sûre que même si il ne pouvait plus l’entendre, il était toujours là, quelques part, à écouter et l’observer. Siham avait toujours cru à ces forces supérieures. Elle s’imaginait souvent que sa propre mère pouvait la guider d’une manière ou d’une autre dans sa vie de tous les jours, qu’elle la protégeait chaque instant qui passe, même si elle ne l’avait jamais connu. « Et si plus rien ne vous retiens ici, nous mettrons le feu à la maison. Cela devrait éloigné notre odeur, et celle de l'humain. » Siham pris peur, elle n’imaginait pas une seule seconde qu’elle avait devoir réellement brûler sa maison, brûler tout ce qui se trouvait à l’interieur, brûler toute sa vie finalement. Où irait-elle ensuite ? Où dormirait-elle les jours à venir ? Elle n’avait pas un sou, aucun moyen de vivre ailleurs.
Siham s’executait alors, estimant qu’il ne serait jamais vraiment temps de quitter son père, elle se devait de se faire violence et de s’éloigner physiquement de lui pour débuter son deuil. Elle se précipita dans la maison, pris une valise en cuir et y mis ce qu’elle pouvait, ses affaires en priorité, elle n’avait pas grand-chose. Elle se dirigea dans la chambre de son père, à vrai dire, elle n’y mettait jamais les pieds. Son souffle fu couper quand elle s’y introduit, la porte venait de claquer derrière elle, l’armoire s’ouvrit, les bougies s’allumèrent, terrifiant Siham. Elle resta immobile et sursauta lorsqu’un livre tomba à terre, devant ses pieds. Des initiales y étaient inscrites. AIF. Amelia, Isabel Fowler, sa mère. Siham cru entendre des voix qui chuchotaient dans la pièce, tournant autour d’elle, elle restait figée.

Héritière des sorts anciens,
Éclaire la nuit de ton savoir,
Réalise des miracles avec ta baguette,
Mystères et magie, ton destin,
Invoque la puissance des étoiles,
Ouvre les portes de l'imaginaire,
Navigue entre les mondes avec grâce,
Enchanteresse, puissante et sage.

Elle glissa le livre dans sa valise et rejoignit la jeune femme à l’extérieur, terrifiée. « On doit partir et vite… » elle se retourna sur la maison en sachant pertinemment qu’elle la voyait pour les derniers instants de sa vie. Elle ne devait pas dire ce qu’elle y avait vu et entendu, on la prendrait pour une folle. « Comment y mettre le feu ? »

Dimension Gothique
@Siham Fowler   ☆ crédit/ trigonsgem

Ce n'était pas une décision facile. Surtout quand il s'agissait de suivre une totale inconnu dans la nuit après un drame de cet ampleur. Mais au fond, il n'y avait pas d'autre solution, et ça Olive, elle en était persuadée. Rien ne serait facile à partir de maintenant, il y aurait bien des choses à mettre en place, il y aurait bien des choses à expliquer. Des choses que malheureusement, elle ne comprenait pas elle-même de toute manière. Mais elle ferait cet effort pour ses congénères, qu'il soit bon ou mauvais parce qu'elle savait ce que c'était de perdre sa famille. Elle comprenait la solitude persistante dans son cœur quand on perdait tout. Olive, elle ne souhaitait cela à personne. Alors, elle patienta. Le temps que la jeune femme fasse ses adieux, le temps qu'elle rassemble ses souvenirs et ses affaires. Le temps qu'elle soit prête à dire au revoir à tout ce qu'elle avait connu jusque là. Olive observa les alentours, cherchant ce qui pouvait se tapir dans la nuit. Ses yeux de chat ayant une facilité déconcertante à voir dans la nuit, un atout. Elle attend patiemment, de crainte que quelque chose n'arrive certaine, ou par peur que la brune ne finisse par faire le mauvais choix. Elle n'aurait pas su vraiment dire ce qui la retenait, parce qu'elle aurait pu la laisser se débrouiller face au vide qui s'annonçait, c'était pas son genre à Olive de tendre la main, mais cette fois, elle avait eu une sensation différente, comme un besoin d'intervenir. « On doit partir et vite… » Olive releva la tête pour apercevoir la silhouette paniquée de la jeune femme. Elle se questionna avant de finalement abandonner l'idée de poser plus de questions. « Comment y mettre le feu ? » Olive ferma les yeux en repoussant de sa main valide la jeune femme. Il valait mieux qu'elle ne soit pas trop près. La magie d'Olive n’était encore qu'aux prémisse. Trop maladroite pour être certaine d'atteindre correctement sa cible du premier coup. Peut-être qu'elle pourrait profiter de l'effet de groupe, elle n'avait jamais encore tenté mais pourquoi pas. « Approchez s'il vous plait. Là, tenez-vous droite et respirer. Vous n'aurez qu'à suivre mes mots d'accord ? » Cela ne marcherait sûrement pas, mais ça valait le coup d'essayer non? Olive attrapa la main tremblante de son accompagnatrice et puisa dans sa mémoire ce qu'elle avait déjà entendu. « Ignis exiet de manu inimicorum vrit.» Elle se concentra, et répéta la phrase une deuxième fois pour que la sorcière puisse comprendre et répéter de la bonne manière. Ce n'était qu'un petit sort anodin, qui provoquerait une petite boule de feu tout au plus, mais ce serait suffisant pour que la maison parte en fumée pendant la nuit. De toute manière, personne ne viendrait l'éteindre de si tôt. Enfin, la maison s'embrasa et les pupilles d'Olive se dilatèrent. Elle tourna son visage fière vers sa nouvelle recrue. « Comment te sens-tu? Tu es prête à partir? » De toute manière, elle ne lui laissa qu'une seconde de répit avant de tourner les talons. Bien sur, elle n'avait pas de balai magique lui permettant de voler dans les airs, ce n'était qu'un mythe minable, alors elle devrait juste presser le pas et disparaitre pour le reste de la nuit.

Siham était sortie de chez elle, la panique et la peur au ventre. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer, elle ne parvenait pas à savoir d’où venaient ces voix, ce qu’elles signifiaient également. Sa maison était-elle hantée ? Y avait-il à présent une façon raisonnée et raisonnable de se l’expliquer ? Après la malédiction qui s’abattait sur Brisbane, fallait-il réellement trouver des explications à tout ce qu’il se passait ? Elle avait croisé des vampires, vu des morts lacérés à coups de crocs et de griffes. Les créatures étaient en roues libres et lâchés à leurs instincts de morts et faims insatiables. « Approchez s'il vous plait. Là, tenez-vous droite et respirer. Vous n'aurez qu'à suivre mes mots d'accord ? » elle s’executa, bien que tremblante, elle n’était pas certaine d’être vraiment droite et de pouvoir respirer paisiblement. Son pouls battait tous les records de rythme et sa respiration était saccadée. Mais dès lors que la main de la jeune femme se saisi de la sienne, elle avait cette impression de pouvoir poser ses inspirations et expiration sur la même fréquence que la sienne, comme si, elles ne faisaient qu’un.
« Ignis exiet de manu inimicorum vrit.» elle n’avait pas compris un seul mot qu’elle venait d’entendre et n’était pas sûre de la prononciation à suivre. Elle écouta une seconde fois, se concentra sur sa voix douce et prononçait chaque mot tels qu’elle les entendaient, faisant l’effort d’une diction presque parfaite. Siham vit alors la boule de feu se former sous ses yeux et sa maison partir en braise. Terrifiée à nouveau, à qui avait-elle affaire ? Que venait-elle de faire également ? Etait-elle complice de cette magie pyromane ? L’incompréhension était lisible dans ses pupilles, alors que celles de cette autre jeune femme semblait pleine de fierté. « Comment te sens-tu? Tu es prête à partir? » maintenant, elle se sentait comme prise au piège, mais sans pour autant se sentir étouffée. Elle était partagée entre la peur et ce sentiment qui grouillait en elle, toujours cette impression d’une confiance aveugle. Son instinct à elle lui disait qu’elle était prête à lui donner tout gage de loyauté. Sans avoir le temps de vraiment répondre, elle se trouva distancée de quelques mètres, obligée de suivre son nouveau repère. Elle avait grandit avec son père, n’avait connu que des hommes dans son entourage, oncle, cousin, mais pas une seule femme envers qui se tourner. Et si, c’était maintenant l’heure de trouver des liens sororaux ? Après un dernier souffle, un dernier regard vers les flammes, elle tourna à son tour les talons, suivant cette femme dont, elle le sentait, elle avait tout à apprendre. Elle serrait contre elle la petite valise, seul souvenir qu'il lui restait et à présent, avec ce sentiment fort que le livre qui lui était tombé dessus, comme une offrande, pouvait lui apporter de nouvelles réponses à ses questions mystiques.