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@GRETA MOORE & ARTHUR

Le combat avait été intense. La créature à peine blessée par le coup de feu manqué. Arthur avait dû s’en résoudre à utiliser le poignard qu’il avait hérité de son grand-père. Le loup était jeune, probablement peu expérimenté, simplement alimenter par l’adrénaline de se retrouver face à un chasseur. La chorégraphie de leur affrontement était plus brouillonne que jamais, les meubles de la chambre ne résistant pas à leur embarder. Arthur avait réussi à placer quelques coups judicieux avant que la créature de pleine lune ne prenne le dessus sur lui. Sa chemise se retrouvait lacérée de plusieurs coups de griffe laissant sur leur sillage quelques traces sanguinolentes sur sa peau. Arthur se mordit la joue pour ne pas hurler après qu’un coup de patte lui égratignât tout le visage. Il allait s’en sortir avec des cicatrices, mais il allait s’en sortir. Il dut déjouer quelques coups, écopa d’une énième griffure à la jambe avant que son poignard ne vienne se planter dans la fourrure de l’animal. Une première fois dans les côtes, puis à plusieurs reprises dans la région du cœur. La bête s’écroula au-dessus de lui, laissant Arthur avec le souffle coupé.

Il lui fallut quelques minutes pour retrouver ses esprits, poussant la carcasse de l’animal loin de lui, guettant les bruits alentour. Leur combat avait ameuté du monde dans la rue, certains se précipitant déjà dans les escaliers. Récupérant son arme et son fusil, Arthur se redressa sur ses jambes, grimaçant à chaque nouveau pas. En titubant, il se laissa tomber du premier étage, roulant dans la rue boueuse, se cachant dans la pénombre d’une maison adjacente. Le remue-ménage avait ameuté quelques chasseurs, et bientôt, le reste de la meute. Il ne pouvait rester sur place. On l’attendait ailleurs.

Ralenti par ses blessures, le souffle couper. Il lui fallut plus de temps que prévu pour rejoindre l’ancien observatoire. Les alentours étaient silencieux, personne à l’horizon, si ce n’est une silhouette qui l’attendait près de l’entrée. « Greta, c’est moi. » Sa respiration était laborieuse, sa jambe blessée l’empêchant d’accélérer le pas. « J’ai besoin de ton aide. » qu’il souffla avant de s’écrouler dans l’herbe.

Il lui avait demandé de fuir par la fenêtre et malgré les risques que cela engendraient, Greta n’avait pas hésité une seconde. Arthur savait bien mieux qu’elle ce qu’il convenait de faire dans une telle situation, et cette affirmation était d’autant plus vraie maintenant qu’elle connaissait sa réelle identité. En plus de cela, le loup-garou qui menaçait derrière la porte ne lui donnait aucune envie de discuter aussi elle avait attendu une fraction de seconde en constatant le vide sous ses pieds mais elle s’était élancée. Son épaule la faisait atrocement souffrir mais ses jambes étaient miraculeusement encore à même de la faire courir à toute vitesse.    Ses mots avaient résonné dans sa tête pendant toute la durée du trajet et une fois sur place, Greta l’avait attendu au pied de l’observatoire.    Son premier réflexe avait été de se jeter à son cou mais elle s’était ravisée à l’entente de ses complaintes qui lui crevaient le coeur. « Pardon, excuse-moi. » Un pas en arrière lui avait suffit à prendre conscience des blessures sanglantes de son bien aimé.   Elle n’avait pas eu le temps de parler ou de tenter de le soutenir, Arthur s’était écroulé dans l’herbe et elle s’était précipitée à ses côtés, s’accroupissant et posant sa main sur sa joue. « Je reviens, ne t’endors surtout pas. » La blonde avait disparu dans l’observatoire duquel elle avait gravi les marches à toute vitesse, les minutes lui étant comptées. Au sommet elle avait trouvé des linges et des bouteilles d’alcool qui devaient appartenir au gardien qui s’était enfui en constatant que treize heure n’arriverait jamais. « Mords là-dedans » lui avait-elle demandé une fois redescendue en lui mettant une pomme dans la bouche avant de faire couler le liquide sur les plaies de son torse d’abord. Elle tentait d’ignorer ses gémissements et avait appliqué un linge qui, elle l’espérait, désinfecterait les plaies. Sur ses jambes, Greta avait fait un garrot de fortune et une fois ces premiers soins effectués, avaient retrouvé son visage pour le dégager de ses mèches de cheveux. « Comment tu te sens ? » La question était stupide, mais sans lui, la suite des événements serait compliquée et si elle avait si bien réagi sous l’effet de l’adrénaline, sa bonne volonté ne suffirait pas devant toutes les créatures.

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Elle lui avait dit être complètement terrorisée par les événements. Il n’avait même pas eu le temps de lui apprendre quoi que ce soit pour se défendre qu’ils se faisaient déjà attaquer. Sans prévenir. Les séparant alors qu’Arthur était effrayé à l’idée que Greta se fasse attraper. Il était rare qu’un loup attaque seul, il avait eu peur que les autres attendent, les fuyards en bat, mais il n’avait entendu aucun cri. Il avait fait aussi vite que possible pour se rendre à l’observatoire, le cœur battant la chamade, un mélange entre de l’adrénaline et une peur incompréhensible. Mais elle était là. Et elle venait de sauter dans ses bras, lui arrachant un cri de douleur. « Doucement. » Son corps tout entier était douloureux, mais il était heureux de la voir, il se sentait déjà un tout petit peu mieux d’avoir pu croiser son regard à nouveau. Mais la douleur a pris le dessus et il s’effondra sur l’herbe fraîche. « Je reviens, ne t’endors surtout pas. » Il eut un rire, malgré tout. « Je ne bouge pas. » Il n’avait pas la force de se relever de toute manière.

Elle était revenue avec tout un attirail. Il s’était redressé avec de la peine pour prendre appui contre la barrière la plus proche. « Mords là-dedans » Sans attendre, elle lui colla une pomma dans la bouche, avant de faire couler de l’alcool sur ses plaies. « Son of a bitch. » Il n’était pas du genre à jurer devant les dames, mais la douleur était trop grande, trop vive. Sa respiration se fit haletante, des étoiles dansèrent devant ses yeux. « Doucement. » Mais Greta était déterminée. Elle travailla avec précision et rapidité pour faire stopper les quelques saignements et pour prévenir de quelques infections. « Comment tu te sens ? » Il ne put s’empêcher de rire un peu avant d’attraper sa main dans la sienne. « Ça va aller maintenant. » Il allait devoir se reposer, il ne pourrait pas partir en ville à nouveau. Ils étaient à découvert. « Il faudrait que l’on se mette à couvert. » Il releva les yeux vers Greta, réalisant à quel point son visage paraissait tordu par l’inquiétude. « Je vais bien, je te jure. » Ce n’était que quelques égratignures. « Il est mort. » Il se devait de la rassurer, au moins avec cela. « Je vais t’apprendre à te défendre. » Cela devenait plus nécessaire que jamais. Il parlais trop vite, cherchant à chasser l'adrénaline.

Il avait pour mission première de protéger les villageois de toutes ces créatures : des vampires aux crocs acérés dont la légende de Dracula avait fait la réputation macabre et des loups-garous qui ne connaissaient plus de répit maintenant que la lune était devenue leur guide. La protéger elle, qui apparaissait comme un chat noir dans toute cette tragédie, n’était qu’une mission secondaire à laquelle il s’adonnait pourtant avec autant de hargne. « Doucement. » Il s’était écrié alors qu’elle le prenait dans ses bras, désireuse de lui faire parvenir la force de son amour. Après son étreinte, Greta s’était donnée pour mission de remettre son chasseur sur pieds et elle avait agi sans réfléchir, mettant à profit ses quelques connaissances en matière de médecine. « Je ne bouge pas. » C’était une évidence, sa crainte première était de le voir s’endormir et de succomber à ses blessures pendant le court laps de temps où elle cherchait les choses utiles parmi les balais et autres potions présents dans l’observatoire.

« Son of a bitch. » Greta avait étouffé un rire. « Doucement. » « C’est la seconde fois que tu me demandes d’y aller doucement, dois-je venir à résipiscence ? » avait-elle demandé sur le ton de l’humour, se confondre en excuses étant la seule solution quand ces premiers soins étaient indispensables. Dieu seul savait ce que l’animal qui l’avait attaqué pouvait colporter comme maladie, peste ou choléra. « Ça va aller maintenant. » avait-il confirmé alors qu’elle lui demandait s’il allait bien et l’ensemble des lacérations sur son corps la faisait douter. « Il faudrait que l’on se mette à couvert. » Le sang d’Arthur avait déjà bien assez coulé et Greta n’était pas désireuse de découvrir la prochaine créature qui viendrait tester la pointe de sa dague. « Tu penses pouvoir monter jusqu’en haut de l’observatoire ? » Ce n’était pas la cachette idéale, si une créature montait, ils seraient prisonnier de cette prison perchée mais ils auraient de ce point une vue imprenable sur les alentours, leur permettant d’anticiper les attaques. « Je vais bien, je te jure. » Il n’avait pas besoin de faire semblant devant elle, sa vulnérabilité se transformant petit à petit en un courage décuplé au fur et à mesure où elle prenait conscience des dangers qui les guettaient.

« Il est mort. »
« Il y en aura d’autres. »

« Je vais t’apprendre à te défendre. » « Quel cran de vouloir m’apprendre à me défendre alors que tu gis sur le sol…  Elle avait ri à son tour alors qu’elle le taquinait gentiment. « Je plaisante, je sais que tu es le plus valeureux des chasseurs. avait-elle lancé avant de confirmer ses dires par un tendre baiser. « Apprends-moi. Je suis prête. » Sa main s’était tendue vers lui pour l’aider à se relever et l’emmener en haut de l’observatoire, le soutenant subtilement pour ne pas lui donner l’impression de l’aider. Une fois en haut, Greta se tenait droite et fière, lui prouvant toute la bravoure qu’elle était prête à montrer.

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Ses blessures se veulent impressionnantes, mais Arthur sait par avance que la plupart ne seront que superficiel dès le lendemain. Il aurait dû rentrer au manoir directement pour être pris en charge par les mains guérisseuses de sa tante, mais Greta l’attendait. Il se devait de la rassurer, elle qui était si inquiète.

C’est comme si l’expérience l’avait transformé, alors qu’elle gérait chacune de ses plaies sans jamais détourner le regard. La détermination sur son visage arracha un petit rire amusé à un Arthur qui n’en menait tout de même pas large. « C’est la seconde fois que tu me demandes d’y aller doucement, dois-je venir à résipiscence ? » Il secoua la tête, finissant par cracher cette pomme qui lui coupait la respiration. « Ce n’est pas réellement un moment de plaisir. » Ils en avaient connu tous les deux, des instants de plaisir. Ce qu’elle était en train de lui faire subir, finissait bon dernier aux classements des moments qu’Arthur tenait à chérir en sa compagnie. « Tu penses pouvoir monter jusqu’en haut de l’observatoire ? » Il n’allait pas réellement avoir le choix. « Il le faut. » S’il n’était pas mourant, il allait tout de même avoir besoin d’un peu de temps avant de gambader à nouveau. Il lui fallait un peu de répit même si cela ne durait pas longtemps.

« Quel cran de vouloir m’apprendre à me défendre alors que tu gis sur le sol… »
« Serait-ce de la moquerie que j’entends ? »
« Je plaisante, je sais que tu es le plus valeureux des chasseurs. »

Le baiser qu’elle lui accorda eu don d’atténuer la douleur. Auprès de Greta, tout paraissait un peu plus doux, malgré l’horreur qui régnait autour d’eux. « Apprends-moi. Je suis prête. » Il se mit à rire à nouveau. « Ne sois pas trop impatiente. » Il n’avait guère envie de la voir se battre, mais l’idée même de retrouver son corps sans vie le révulsait. Elle devait au moins savoir se défendre, il pouvait lui apprendre cela. À la porte, ils jetèrent tout ce qu’ils avaient trouvé autour d’eux pour barrer le chemin, avant d’entamer la longue ascension jusqu’à l’étage.

Arthur était à bout de souffle, à moitié affalé sur la table. Il tendit la main pour que Greta le rejoigne. « Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose. » Il ne pourrait s’en remettre. « Mais garde ça précieusement avec toi. » Se penchant légèrement, il tira de sa botte une fine lame qu’il plaça dans la paume de Greta. Se redressant tant bien que mal, il finit par sortir un autre poignard. « Montre-moi comment tu t’y prendrais ? »

Greta ne prenait aucun plaisir à le faire souffrir, bien au contraire, son empathie pour lui étant si décuplée que l’entendre gémir lui brisait le coeur. « Ce n’est pas réellement un moment de plaisir. » « Ce sera encore pire si je te laisse ainsi… » Sans soin, il était condamné. La douleur avait eu pour effet de lui amener une brève bouffée d’adrénaline et Greta en avait profité pour le presser de rejoindre l’observatoire. « Il le faut. » Il l’avait dit lui-même, ils devaient se mettre à couvert, si quelques instants seulement après s’être retrouvés ils s’étaient vus affronter un loup-garou, la suite ne présageait rien de bon. Pour tenter de diminuer ses peines, Greta avait plaisanté en caressant ses cheveux qui tombaient négligemment sur son front. « Serait-ce de la moquerie que j’entends ? » Ca l’était mais elle avait très vite changé l’humeur en lui accordant un baiser, attirée par cette nouvelle vulnérabilité qui s’associait à merveille à sa virilité.

En haut de la tour, Greta s’était montrée vaillante, prouvant à Arthur qu’elle ne serait pas un obstacle si elle restait à ses côtés. « Ne sois pas trop impatiente. » Elle avait haussé les épaules avant de l’aider - non sans difficulté - à barricader la porte. Des malles, des tabourets et des balais, rien qui ne saurait longtemps résister à la violente envie de nuir des créatures de la nuit. Ce dernier effort avait été celui de trop pour Arthur qui s’était allongé sur la table où elle l’avait rejoint, s’imaginant un instant pouvoir s’oublier avant de soupirer car le moment était mal choisi. « Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose. Mais garde ça précieusement avec toi. » Un sourire triste avait orné son visage dont les traits étaient plus tirés que d’habitude. « Il ne nous arrivera rien tant que l’on est ensemble. » avait-elle dit en refermant sa main sur la sienne, venant entourer la lame dont il l’avait armée. « Montre-moi comment tu t’y prendrais ? » Elle avait déjà vu des brigands régler leurs comptes sur la place du village et s’harderait à reproduire leurs mouvements. Laissant glisser ses doigts le long de ceux d’Arthur en lui adressant un sourire malicieux, elle avait attrapé la lame et dans un geste rapide, l’avait placée sous son menton. « Et si j’avais été une vampire ? » avait-elle demandé en soulignant avec malice la façon dont un simple sourire l’avait détourné de son objectif. Sensuellement, elle avait fait glisser la lame le long de son cou puis de son torse. « Voilà comment je m’y prendrais. » Et sa lame avait trouvé celle de son poignard et leurs bras avaient maintenu la position. « Mais tu n’as rien d’une créature et je ne compte pas me battre avec des humains… » Alors ce dernier geste était inutile, aussi avait-elle baissé son arme et, n’y tenant plus, l’avait embrassé bien plus tendrement que précédemment. « Ma fleur, Arthur. On devrait en faire une potion.. » Sa main était venue trouver sa poche et en posant la sienne dessus, Greta s’était souvenue posséder cette amonit.

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L’adrénaline semblait lentement redescendre, laissant place à ce silence ambiant. Arthur n’aimait pas cela. L’éclipse avait amené sur la ville une ambiance qui ne cessait de lui glacer le sang. Fini le bruit courant de la vie quotidienne, les éclats de voix pour quelques conversations un peu plus austère et les cris des enfants jouant sur le pavé. Leur quotidien était désormais alimenté de hurlement d’effroi, de pleurs signifiant le deuil et de blessures qui parfois ne pouvait plus guérir. « Il ne nous arrivera rien tant que l’on est ensemble. » Ses doigts s’entremêlèrent aux siens, Greta faisant preuve d’une poigne qui contrastait avec l’inquiétude qui brillait encore au fond de ses prunelles. « Je ne peux pas t’emmener avec moi au manoir. » Son père le tuerait pour cela. Il ne pouvait se permettre de la faire entrer dans un conflit familial. « Personne ne doit savoir à quel point tu comptes pour moi. » qu’il finit par souffler quelque peu inquiet malgré lui. « C’est important. » Pour sa sécurité à elle et le bien-être de son esprit à lui.

Dans une démonstration redoutable, Arthur se retrouva avec une lame sous le menton et un sourire victorieux peint aux lèvres. « Et si j’avais été une vampire ? » Il fut étonné de sa maîtrise sur le sujet, mais il ne put s’empêcher de rire. « Crois bien que cela a été vérifié depuis longtemps. » Pour commencer, l’appel du sang aurait été trop fort pour elle. Mais surtout, Arthur s’était assuré que ce ne soit pas le cas depuis plusieurs semaines déjà. Depuis sa plus tendre enfance, chaque boisson qu’Arthur prenait était soigneusement mélangée avec des plantes réputée toxique pour les suceurs de sang. « Est-ce que tu te souviens du panier empli de bouteilles que je t’ai donné lors de notre dernière rencontre ? » Il avait prévu son plan. « Chaque boisson était mélangée à une préparation. Tu en as bu sous mes yeux, je t’aurais vu cracher du sang si tu avais été l’une des leurs. » Arthur n’était pas fier de son aveu, mais là se tenait la réalité de son héritage. « Grâce à cela, aucun d’entre eux ne pourra s’abreuver de ton sang. » Parce qu’il veillait au grain. « Je peux au moins te protéger de cela, à défaut d’en faire de même avec les chiens de meute. » Il cracha ses derniers mots sur un ton vil. Arthur détestait ce genre de vermine.

« Voilà comment je m’y prendrais. » Avec dextérité donc. « Mais tu n’as rien d’une créature et je ne compte pas me battre avec des humains… » Cela était honorable de sa part. « Même les humains virent fous depuis l’éclipse. » Comme tout le monde, il avait entendu parler de cet homme qui avait tué sa voisine pour un soupçon complètement infondé et depuis quelques jours la rumeur courait que la malédiction provenait d’un humain. Mais Arthur oublia tout cela dès l’instant où Greta vint l’embrasser. Il aurait préféré rester à s’occuper ainsi, mais le devoir les rappelait sans cesse. « Ma fleur, Arthur. On devrait en faire une potion... » C’est bien là que ses capacités allaient être restreintes. « Je n’y connais rien. » Il n’avait pas vraiment suivi toutes les leçons des femmes de sa famille. « Ma sœur sait faire tout ça, je lui demanderais. » Elle allait trouver, ça louche, qu’il se renseigne, mais l’éclipse présentait l’excuse parfaite. « Est-ce que tu as un endroit pour rester en sécurité ? » C’est bien ce qui l’inquiétait le plus.

Avec lui à ses côtés, Greta se sentait invincible, comme si elle réussissait à absorber peu à peu une infime partie de son courage. « Je ne peux pas t’emmener avec moi au manoir. » L’entendre le dire était logique mais cela n’enlevait rien au sentiment d’impuissance qui la gagnait. « Personne ne doit savoir à quel point tu comptes pour moi. » Son regard triste s’était levé vers lui. « C’est important. » « Qu’est-ce que je risque ? » Car il n’y avait rien de pire pour elle que l’idée de devoir le perdre. S’ils devaient se séparer, Arthur se devait de s’assurer de lui léguer un peu de son savoir avant de disparaître, et l’idée que cela puisse être à tout jamais la rendait folle. Alors elle profitait de chaque moment, venant tâter la gorge d’Arthur avec sa lame avant de se moquer gentiment de la facilité avec laquelle elle l’avait déstabilisé. « Crois bien que cela a été vérifié depuis longtemps. » Avait-il jamais douté du fait qu’elle puisse être autre chose qu’une simple humaine amoureuse ? « Est-ce que tu te souviens du panier empli de bouteilles que je t’ai donné lors de notre dernière rencontre ? » Son sourcil s’était arqué alors qu’elle hochait doucement de la tête pour confirmer. « Chaque boisson était mélangée à une préparation. Tu en as bu sous mes yeux, je t’aurais vu cracher du sang si tu avais été l’une des leurs. » Son poing s’était abattu sur son épaule, où elle avait évité de justesse sa plaie perlant encore de sang. Elle voulait lui montrer son mécontentement, non pas lui faire mal. « Et dire que moi je n'ai jamais douté de toi, quelle ironie... » Elle plaisantait et c'était ce ton malicieux qu'elle empruntait qui le confirmait, pourtant, il était en effet celui dont elle aurait du tenter de comprendre les secrets et non l'inverse. « Grâce  à cela, aucun d’entre eux ne pourra s’abreuver de ton sang. » Ses yeux se noyaient dans les siens alors qu’il parlait, avant de terminer leur chemin vers ses lèvres dont elle aimait chacun des mouvements et qu’elle rêvait d’embrasser à chaque instant. Mais elle buvait ses paroles, ses explications étaient importantes et elle le savait. « Je peux au moins te protéger de cela, à défaut d’en faire de même avec les chiens de meute. » La jeune femme avait du mal à saisir la façon dont tout ce nouveau monde surréaliste interagissait, les loups-garous étaient les ennemis des vampires mais une chose était évidente, ils étaient tous un danger pour l’humain. Pour les chasseurs aussi, même si Arthur et sa famille semblaient regorger d’idées pour tenter de s’en protéger. « Même les humains virent fous depuis l’éclipse. » Et Greta avait pu sentir son cerveau lui jouer parfois des tours après ces longues heures passées dans le noir le plus total, la lumière de la lune était devenue une menace plutôt qu’un guide.

Et soudain, parce qu’il avait mentionné son impuissance face aux loups-garous, Greta s’était souvenue de ce qu’elle possédait au creux de sa poche. « Je n’y connais rien. » Son air renfrogné en annonçant ce point avait amusé Greta. « Ma sœur sait faire tout ça, je lui demanderais. » Et un instant, l’idée que sa sœur puisse avoir le moindre lien avec des sorcières l’avait fait douter, devait-elle elle-même lui parler de ses relations amicales avec Lena ? « Je connais quelqu’un de confiance qui pourrait m’aider sur ça. » avait-elle tenté, espérant pouvoir éviter ses questionnements et ne pas lui donner une raison de s’inquiéter davantage. « Est-ce que tu as un endroit pour rester en sécurité ? » Instinctivement, elle était venue attraper son avant-bras. « Ne pars pas. Pas tout de suite. » Elle était suppliante, l’intégralité de ses sentiments décuplés par cette malédiction qui ne semblait pas décidée à être levée. « J’irai chez une amie, mais pas maintenant. Combattre les créatures est une chose mais nous devons tenter de faire en sorte que le soleil se lève à nouveau… » Peu importe tous les dangers qu’ils courraient, s’ils ne pouvaient plus jamais voir la lumière du soleil, ils étaient tous condamnés.

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« Qu’est-ce que je risque ? » La question se voulait vaste. Un peu trop même. Il ne saurait réellement par où commencer, mais il n’existait qu’une seule évidence au milieu de tout ça. « Je tiens à toi. » C’était bien plus que cela en réalité, mais ce n’était le temps aux déclarations. « Je ne voudrais pas te voir capturer. » Certains sont assez intelligent pour se servir de la blonde comme un appât. « Si personne ne sait rien, on ne pourra pas se servir de toi pour m’attirer. » Parce que si quelqu’un venait à s’en prendre à Greta, il accourait sans même réfléchir, se jetant lui-même dans la gueule du loup. « Tu comprends ? » Il voulait être certain qu’elle ne s’imaginait pas autre chose. Il n’avait pas honte d’elle, pas honte de l’aimer, il cherchait simplement à la protéger. C’est bien, tout ce qui pouvait compter à ses yeux. Surtout après s’être autant assurer qu’elle était bel et bien qu’une simple humaine. Ce qu’elle prit avec humour pour tout de même lui décrocher un coup dans l’épaule. « Eh. Homme blessé ici. » Ou bien homme douillet, tout le monde voyait midi à sa porte. « Et dire que moi je n'ai jamais douté de toi, quelle ironie... » Tout ce qu’il cherchait c’est lui apporter un peu de protection. « Je suis désolé. » Il s’était assuré de son identité sans jamais dévoiler la sienne. « Ma famille ne voulait pas se dévoiler. » Et aujourd’hui encore, les Coventry laissaient courir la rumeur, pour ne jamais se dévoiler pleinement, mais Greta n’avait pas besoin de connaître tous ces détails-là.

« Je connais quelqu’un de confiance qui pourrait m’aider sur ça. » Quelqu’un qui pouvait s’y connaître en potion et autre mélange du genre ? « Quelqu’un ? » Arthur se montrait curieux. Est-ce que Greta connaissait des sorciers ? Elle pourrait peut-être le mettre en contact avec l’un d’entre eux. On lui avait interdit de former des alliances, mais le monde devenait fou et Arthur ne pouvait mettre au banc les options qui s’offrait à lui. « Ne pars pas. Pas tout de suite. » - « Je vais nulle part pour le moment. » Ce n’est pas comme s’il était vraiment prêt à gambader ou même à se défendre. « J’irai chez une amie, mais pas maintenant. Combattre les créatures est une chose mais nous devons tenter de faire en sorte que le soleil se lève à nouveau… » Arthur l’attira à lui pour une étreinte rassurante. « On ne sait rien de cette fichue malédiction. » Ce n’était pas faute de chercher, mais les indices étaient si maigres. « La rumeur parle d’un humain. » Il l’avait entendu au pub, l’autre soir. « Si c’est le cas, il va falloir que tu fasses profil bas. » Lui aussi, mais il était bien plus armé pour faire face à ce genre de situation. « Ou alors tu as entendu autre chose ? » Elle paraissait presque un peu trop obnubilé par cette histoire de malédiction.

Greta connaissait les dangers, Arthur les connaissait mieux, alors elle lui avait posé la question. « Je tiens à toi. » Elle ne s’était pas attendue à cette réponse et elle avait eu un effet bien particulier sur son estomac, pour la première fois, un sentiment était venu déloger la terreur qui s’était installée en elle. « Je ne voudrais pas te voir capturer. Si personne ne sait rien, on ne pourra pas se servir de toi pour m’attirer. » C’était toujours le même discours, elle constituait un risque pour lui et elle détestait cette position. « Tu comprends ? » Un sourire s’était dessiné sur les lèvres de la blonde alors qu’il continuait à lui parler comme à une enfant. Il savait sa vulnérabilité, pourtant, elle venait de prouver qu’elle était un peu plus forte que tout cela, se forgeant un caractère bien différent au fur et à mesure des événements. Elle l’avait soigné sans ciller, alors que quelques jours auparavant la simple vue du sang aurait pu la faire tourner de l’oeil.

« Eh. Homme blessé ici. »
« Quelle chochotte… »

Il cherchait à détendre l’atmosphère et elle en avait fait de même avec joie, parce que ces moments là deviendraient rapidement précieux et comptés, leurs sorts à tous les deux reposant maintenant entre les mains d’une éclipse qui ne cessait de les placer dans la tourmente. « Je suis désolé. » Sa main avait trouvé la sienne et elle avait croisé ses doigts aux siens. « Ma famille ne voulait pas se dévoiler. » C’était normal, s’ils mettaient plus de monde dans la confidence, alors ils deviendraient la cible idéale pour des créatures qui se devaient de survivre. « Je comprends, Arthur. » Elle avait été blessée, un temps, d’imaginer qu’il n’ait pas osé lui faire confiance, mais il le faisait maintenant et elle refusait de prendre le risque de voir éclater une dispute au milieu d’un chaos déjà persistant. A la place, ils avaient décidé de commencer à élaborer des stratégies. « Quelqu’un ? » « Je vais être honnête moi aussi mais promets-moi de ne pas t’énerver, d’accord ? » Elle lui avait laissé le temps d’acquieser. « J’ai des amies qui se sont révélées être des sorcières. Elles m’aideront, j’en suis convaincue. » Et elle pouvait voir le désarroi dans son regard, des sourcils froncés qui montraient à Greta tous les risques qu’elle prenait. Mais il le faisait, lui aussi, et il ne serait pas toujours à ses côtés durant l’éclipse pour la protéger alors elle devait trouver d’autres alliés. Pour l’apaiser, elle avait adouci sa voix. « Je vais nulle part pour le moment. » Et elle s’était blottie contre lui lorsqu’il l’avait prise dans ses bras après qu’elle ait parlé de l’importance de tenter de résoudre le problème à la racine, de faire en sorte que le jour se lève à nouveau, sans quoi, ce serait la folie qui la désarmerait. « On ne sait rien de cette fichue malédiction. » Greta avait soupiré et s’était pincée l’arête du nez. « La rumeur parle d’un humain. Si c’est le cas, il va falloir que tu fasses profil bas. » Devait-elle craindre un humain plus qu’une créature ? « Et toi aussi. » Arthur, avant d’être chasseur, était lui aussi un humain. « Ou alors tu as entendu autre chose ? » Son regard s’était posé sur lui, alors qu’elle tentait de faire le lien entre toutes les rumeurs qui circulaient un peu partout. « J’ai entendu des choses, oui. Mais je ne crois pas aux rumeurs. » Elle n’accordait pas si facilement sa confiance, encore moins depuis les récents événements. « J’ai entendu dire que les sorcières voulaient faire revivre les morts. » Elle avait marqué un temps de pause, assez long pour tenter d’accepter ce qu’elle venait de prononcer tout haut et de lutter contre la terreur qui l’envahissait à cette idée. Les loups, les vampires étaient une chose, mais les morts-vivants avaient quelque chose de plus effrayant encore. « Et si je t’ai parlé de cette fleur, l’amonit, c’est parce qu’elle peut générer un puissant répulsif contre les loup-garous. Il faut me laisser aller chez mon amie sorcière… » C’était beaucoup lui demander, surtout alors que sans ce fameux répulsif, le chemin serait extrêmement dangereux. Mais il fallait faire ce chemin à découvert pour pouvoir ensuite s’armer contre les lycanthropes dont l’un d’eux avait déjà laissé d'innombrables traces sur le corps d’Arthur. « Veux-tu dormir un peu, le temps que tes blessures s’apaisent ? On pourra partir demain. » Sa main caressait sa joue, profitant de chaque instant jusqu’au lendemain où ils devraient probablement se séparer.

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« Je vais être honnête moi aussi, mais promets-moi de ne pas t’énerver, d’accord ? » Il ne voyait aucune raison qui le pousserait à s’énerver, mais il se posait des questions désormais. Et quand bien même ses blessures venaient accaparer la moitié de ses pensées, il essayait de se concentrer sur la conversation qu’il essayait d’avoir avec Greta. « J’ai des amies qui se sont révélé être des sorcières. Elles m’aideront, j’en suis convaincue. » Fronçant les sourcils, il se rendit rapidement compte que Greta n’avait jamais été aussi sérieuse. « Vraiment ? » Il n’avait rien contre les sorcières tant que ces dernières ne s’approchaient pas de la magie noire. « Je suppose que c’est bien pour toi. » Ses amis allaient pouvoir lui apporter la protection qu’Arthur rêvait de lui amener à chaque jour.

« J’ai entendu des choses, oui. Mais je ne crois pas aux rumeurs. » Il ne leur donnait aucune importance également. « J’ai entendu dire que les sorcières voulaient faire revivre les morts. » - « Pardon ? » Le monde avait cessé de tourner rond depuis des semaines, mais il n’avait jamais rien entendu d’aussi fou. « Tes amies ? » Oh, elle n’allait sûrement pas lui dire désormais. « Et si je t’ai parlé de cette fleur, l’amonit, c’est parce qu’elle peut générer un puissant répulsif contre les loup-garous. Il faut me laisser aller chez mon amie sorcière… » Il connaissait les pouvoirs de l’aconit, il s’en servait depuis toujours. « Ma sœur et ma mère savent faire également. » Les femmes du clan avaient appris auprès d’une sorcière. Elles ne possédaient aucune magie, mais pouvaient au moins reproduire certains soins et d’autre poudre qui pouvait leur être utile lors des traques.

« Veux-tu dormir un peu, le temps que tes blessures s’apaisent ? On pourra partir demain. » Il voudrait refuser, l’endroit n’avait rien de sécuriser, mais ses blessures le forçaient à rester assis pour le moment. « Juste quelques heures. » Il pouvait s’autoriser cela, un peu de répit, en compagnie de Greta. « Viens là. » Il voulait tout simplement la prendre dans ses bras, encore un peu. Alors que dehors, le monde semblait se préparer à une guerre sans fin.