Ce que Siham ignorait avant de savoir qu’elle faisait partie des leurs, c’est qu’elle pourrait les reconnaitre parmi milles. Elle ne l’avait pas tout de suite compris, elle ne l’avait pas tout de suite ressentie, mais maintenant qu’elle le savait, tout lui semblait bien plus clair. Que ce soit en présence de Lena ou en présence d’Olive, dès lorsqu’elle était avec une autre sorcière, elle ressentait, dans sa chair, sous sa peau, dans ses organes, dans son sang, ce sentiment d’appartenance, comme un sixième sens. Elle ressentait la confiance aveugle, comme elle ne l’avait alors jamais senti auparavant. On lui avait dit, la sororité était un des meilleurs atouts des sorcières. Elles ne pouvaient que se soutenir entre elles et se protéger, et pour être sûre d’être entre de bonnes mains, l’instinct ne trompe jamais. C’était alors ça, ce sentiment d’appartenance plus fort que tout. Elle avait du mal à l’admettre, mais il était même plus fort que son sentiment d’appartenance à sa propre famille, qui aujourd’hui n’en était plus une. Cette famille qui lui avait caché un très gros secret.
Envoyée à l’hôtel Colonial par sa responsable de la blanchisserie à l’hôpital, Siham devait récupérer des draps qu’ils n’arrivaient plus à gérer, couverts de tâches en tout genre, du sang et plus encore, des restes d’organes, d’entrailles et de bouts de chairs. « On m’a demandé de récupérer des draps, pour les donner à l’hôpital, pas pour être un appât sur pattes dans la ville… » elle rallait, hors de question d’attirer les bestioles les plus assoiffée avec ces friandises. « on fait déjà dans la charité, si t’es pas contente, vas expliquer ça a ton bosse. » Siham baissa les yeux, sachant pertinemment que si elle ne revenait pas avec ce tas de draps encrassé, qui sent la charogne, elle allait passer un sale quart d’heure. « Dégage maintenant, il fait pas bon se promener en ville. » il lui ferma la porte au nez avec un rire gras et fier de lui. Elle laissa tomber les bras à ses pieds, se rendant compte qu’elle avait tâcher sa propre cape à présent. « qu’ils aillent au diable, tous ! » après tout, pourquoi continuer à se résigner à travailler à laver des draps alors que plus personne ne s’inquiétait pour elle à présent ?
La sixième sens qu’avait acquis Siham venait de la frapper à nouveau en plein fouet alors qu’une jeune femme passait à côté d’elle. Elle se redressa et croisa son regard, plongeant ses pupilles dans les siennes, elle fit un pas en avant. « Attends ! » elle bloqua sa route avec la paume de sa main posée sur sa poitrine, geste qu’elle regretta aussitôt et retira en une seconde, constatant également qu'elle avait tâché à son tour, son bustier avec le sang qu'elle avait sur les mains. « désolée… ce n'est pas mon sang...» oh que ça semblait suspect... « enfin, je sais pas à qui il est hein...» Siham priait pour que son sixième sens ne l'ait pas trompé...


@Tessa Mulligan

Siham était en pleine découverte de qui elle était. Ce don qui lui avait été offert à la mort de son père, alors qu’elle le pleurait. Ces derniers jours avaient été remplis d’émotion, partagée entre le deuil, la peur et l’excitation, elle ne savait plus quoi penser. Devait-elle rapidement passer à autre chose et sur l’avenir, rester concentrée? On lui avait dit de tourner la page, qu’elle ne pouvait de toute façon pas ramener son père décédé. Olive lui était d’un soutien hors pair, alors qu’elles venaient tout juste de se rencontrer. Mais Siham sentait qu’elle avait aussi besoin d’être bien plus entourée. Alors, quand elle sentit la présence d’une autre de ses soeurs, d’une autre alliée. De l'accoster, elle ne put s'empêcher. Toutefois, maladroite et encore peu sûre d’elle, après avoir souillé la tenue de cette jeune femme, désolée, elle était.
. « Ne t’inquiète pas pour ça... Je connais deux ou trois choses pour retirer les tâches tenaces. » était-ce une façon de lui répondre qu’elle avait plusieurs tour dans son sac et qu’à demi-mot, qu’elle était sorcière, elle venait d’avouer ? « Tu sembles... un peu perdue. » Siham ne pouvait pas prétendre le contraire, elle était complètement déboussolée. Et elle avait bien compris qu’elle ne lui parlait pas de son sens de l’orientation mais bien de ce qui pouvait la chambouler. “ Je crois que vous pourriez m’aider…” la jeune Fowler gardait, contre elle, les draps serrés. “ Je sens toute la puissance que vous dégagez…” au plus profond de ses veines, Siham était traversée. “ J’ai besoin de réponses à mes questions, jeune novice et égarée.”
Siham était craintive malgré tout, non pas de cette jeune assurée. Mais de l’environnement dans lequel elles étaient plongées. Siham ne savait que faire de ces informations concernant les vampires, les loups et les chasseurs forcenés. Elle n’avait jamais pris conscience de tout ce danger. Il aura fallu que son père soit emporté pour qu’elle y soit confrontée. Elle n’avait pas idée si elle pouvait tout dévoiler. Olive l’avait mis en garde sur ce qu’elle devait garder secret. Le grimoire devait rester dissimulé. “ Combien sommes nous, dans cette sororité?”

Siham manquait sans doute de prudence et de discrétion à l’égard de ce qu’elle traversait. En parler si librement alors que les rues étaient mal fréquentées était de la folie pure mais elle n’en avait pas conscience, pas encore. « Nous devrions... Nous éloigner un peu des rues... les murs ont tendance à avoir des oreilles ici et je ne souhaite pas m’attirer le mauvais œil. » Siham hocha la tête, prête à faire confiance à cette jeune femme. « J’ai une boutique un peu plus loin sur Wickham terrace. » elle abandonna ses draps tâchés de sang sur la trottoir, ne voulant plus s’encombrer de cette tâche, elle sentait qu’elle avait bien mieux à faire à présent et la première étape était de trouver les réponses à ses questions. Si Olive lui en avait déjà apporté quelques-unes, cela n’était jamais suffisant. Dans un silence, les deux jeunes femmes arpentaient les pavés jusqu’à Wickham Terrace et la boutique de la jeune femme. A l’intérieur, les flammes des bougies s’allumèrent toutes en même temps d’un signe de la sorcière. Si Siham avait déjà été témoin d’un miracle similaire, fruit du pouvoir d’Olive, elle en restait toujours aussi admirative. A l’interieur, elle se sentait en sécurité, un sentiment positif était venu l’apaisé. « Je ne sais pas si je suis la plus à même de répondre à vos questions, mais je peux toujours tenter. J’ignore combien nous sommes à présent. Je ne suis pas plus beaucoup en lien avec le Coven. Lors du derniers rassemblement, nous étions une petite dizaine. » les questions se bousculaient dans la tête de Siham. Elles se connaissaient donc toutes ? Une dizaine ? Cela lui semblait être énorme, dans le monde tel qu’elle le connaissait, et pourtant, si elle les rejoignait à présent, combien d’autres s’ignoraient ? Faisait-elle partie d’un si petit groupe, qui la rendait unique à présent ? « Depuis quand savez-vous pour votre magie ? » d’un signe de la tête, elle remercia la sorcière pour le thé qu’elle lui avait offert. La chaleur qui s’en dégageait faisait remonter la température de ses doigts gelés par les nuits incessantes. « très récement… » n’entendant plus les coups de canon de la tour d’observation, elle serait bien incapable de lui dire une donnée précise. « Que se passe-t-il lors des rassemblement du coven ? Quand aura lieu le prochain ? Qu’en est-il de cette malédiction ? » avait-elle des réponses à propos de ce qu’il se passait sous les nuages gris du ciel obscure ?

 Alors que Siham avouait que la connaissance de son don n’était que très récente, elle n’avait aucune idée de si c’était une bonne ou une mauvaise chose de le dire. Après tout, si elle avait cette impression qu’elle était en confiance avec la jeune femme, pouvait-elle faire confiance à son propre instinct ? Ce sixième sens, qui lui permettait de reconnaitre ses sœurs, lui était-il vraiment fiable ? Elle manquait de discrétion, elle devrait sans doute apprendre à en dire moins, les informations que sa langue laissait échapper pouvait lui couter cher. « Je ne suis pas vraiment surprise. L’aura que vous dégagez semble assez sauvage... loin d’être canalisée. » elle ne canalisait absolument rien. Elle était une boule d’energie qui pouvait exploser à tout moment. « De mes humeurs dépendent bon nombre de chose. » elle se voyait encore en train de pester contre les lumières chez Cesar qui brillaient et scintillaient à mesure qu’elle s’agaçait ou s’énervait, à mesure qu’elle tremblait, qu’elle s’inquiétait. Elle avait fini par avouer à son amie qui elle était et ce qu’elle était devenu et il l’avait chassé.  Cesar n’était pas un sorcier, il ne comprenait pas. Il mettait toutes les sorcières dans le même sac, elles étaient toutes dangereuses pour elle. Peut être que Siham l’était, qu’elle n’en avait pas conscience, seulement. Faisait-elle parti des bons ou des mauvais ? « J’ai surement tout à apprendre… » enfin, il n’y avait aucun doute à ce propos.
D’ailleurs, elle questionnait déjà à propos du coven dont la jeune sorcière avait parlé ,quel était le but de ces rassemblement ? « Le prochain ? Je l’ignore. Il y a des signes en général, quand on sait les voir bien sûr. Avec la nuit éternelle, j’avoue qu’ils sont bien plus complexes à observer cela dit. » c’était bien trop vague et abstrait pour la jeune femme, de quels signes parlait-elle exactement ? Elle ne voulait pas se montrer trop curieuse, mais elle ne manquerait pas de poser davantage de questions si la jeune femme lui permettait. Elle expliquait ensuite, sans avoir l’air de se forcer, comment se déroulait ces rencontres. Voulant être rassurante sur les méthodes employées, les légendes autour de sorcières maléfiques, aux incantations et sacrifices autour d’un peau de bête et du sang de chèvre, ce n’était pas la réalité. Siham avait plutôt l’impression d’une sorte de rassemblement pour discuter de leur avenir, des nouvelles, des choses à savoir dans la communauté ? C’était ça ? Un club de soutient ? Elle verrait sans doute par elle-même, si elle comprenait ce qu’étaient les signaux…
« Je ne peux pas vous répondre au sujet de cette éclipse. Je n’ai pas de réponse à ça, tout ce que je sais, [… ]Je sens en vous une certaine détresse ? Une perte peut-être ? Comment avez-vous découvert votre magie ? » La curiosité avait changé de camp. La Fowler se rappela qu’Olive lui avait dit de garder secret l’existence de son grimoire. « Mon père est décédé… suite à l’attaque d’un vampire. Il y a de ça moins de quarante huit heure. Ca a commencé dans la rue, quand les lampadaires ont explosés les uns après les autres. Puis, ce sentiment d’une force intérieur. » elle tut la voix qui lui parlait à l’intérieur, elle tût le grimoire, comme lui avait indiqué son hôte. « et lorsque je croise… d’autres sorcière, je sens que nous sommes ensemble… »