« Cesar ! » elle entre dans l’armurerie en trombe, persuadée que c’est là qu’elle trouvera son ami, puisque de toutes façons, c’était à la fois où il travaillait mais aussi où il habitait. César était, pour Siham, la solution à ses problèmes. Elle voulait des armes, il vendait des armes, il était donc, la personne qu’il lui fallait. Et si elle négociait même un prêt contre sa confiance ou même en échange d’un gage, quoi qu’il veuille, ça l’arrangerait. Siham, n’avait pas d’argent, chaque mois, elle donnait l’ensemble de son faible salaire à son père et maintenant qu’il n’était plus là non plus, elle ignorait comment s’en sortir, elle ignorait même à qui donner l’argent pour être sûre de garder le toit qu’elle avait sur la tête. Elle ne s’était jamais posée ces questions, elle n’avait jamais rencontré leur propriétaire, n’avait jamais payé une seule facture, du moins, pas directement.
« Monsieur Gutiérrez ? » elle haussa le ton, se demandant si elle allait tomber sur le père de César si son ami n’était pas là, en tout cas, la boutique elle, était complètement vide et un calme plat y régnait. « Ah ! » fit-elle lorsqu’elle vit une ombre bougée derrière la porte vitrée qui donnait sur les appartements des mexicains. Son ami pointa alors le bout de son nez, semblant être surpris de la voir ici. A vrai dire, Siham n’avait jamais mis les pieds dans la boutique avant ce jour-là, d’habitude, elle passait par la porte d’entrée de leur maison. « Il me faut des armes. Un pieu, de l’eau bénite, de l’ail même, un pistolet, une hache, n’importe quoi ! » elle posa ses mains sur le comptoir en verre, où des armes étaient entreposées et bien gardées, juste en dessous. « j’dois l’tuer, Cesar ! » il se doutera sans doute qu’elle parle de la créature qui avait tuer son père. La docile et discrète Siham semblait avait été elle même mangée par quelqu'un de bien plus féroce et sûre d'elle.


@Cesar Gutiérrez

En me levant aujourd’hui j’ai eu espoir de voir la lumière du soleil. Un espoir parfaitement vain, la ville est plongée dans l’obscurité depuis de bien longues semaines. Aujourd’hui serait donc une nouvelle journée de chaos mais aussi une nouvelle journée remplie de ventes et de bruit de pièces qui tintent dans la caisse enregistreuse. Mon père est de sortie, des affaires à régler en ville dont il ne m’a pas donné plus de détails. Une absence qui me place donc comme responsable de la boutique. Mon balai en main, je nettoie la boutique. Depuis que cette malédiction nous est tombé dessus les affaires sont florissantes, les clients se pressent dans la boutique, nous obligeant à nettoyer bien plus fréquemment que d’habitude. Je passe désormais le balai matin et soir, une activité que je n’apprécie pas vraiment mais qu’il faut bien effectuer. Alors que je nettoie un chat entre à pas feutrés dans la boutique. “Dégage toi !” Je mets des coups de balai dans sa direction pour le faire fuir. Chez les Gutiérrez on a horreur des animaux, plus particulièrement des chats. Ces créatures n’apportent que des problèmes, qui sait ? C’est peut-être encore une de ces foutues sorcières qui essaie de nous tromper. “Dehors la sorcière !” On commence à les connaître celles-là, elles entrent discrètement pour mieux nous attaquer ensuite. Le chat, chassé à grands coups de balai, prend la fuite à mon grand soulagement.

Je profite de l'accalmie pour faire un tour dans nos appartements, à la recherche d’une collation. Quelques instants plus tard cependant, avant que je n’ai eu le temps de grignoter quoique ce soit, la porte de l’armurerie s’ouvre brusquement. « Cesar ! » Une voix que je ne reconnais pas tout de suite m'appelle. Elle a l’air d’être dans tous ses états, je me demande bien ce qu’il peut se passer. « Monsieur Gutiérrez ? » Je retourne dans la boutique pour découvrir une Siham complètement paniquée dans la boutique. “Siham ?” C’est bien la première fois que je la vois dans notre boutique. « Il me faut des armes. Un pieu, de l’eau bénite, de l’ail même, un pistolet, une hache, n’importe quoi ! » Et elle était au bon endroit pour ça. Je sais qu’elle a récemment perdu son père, une mort violente d’après ce qu’on m’a rapporté, je comprends qu’elle ait des envies de vengeance. « j’dois l’tuer, Cesar ! » Je vais devoir la calmer un petit peu, ça ne sert à rien de s’enflammer et de foncer tête baissée dans la gueule du loup . “Respire un grand coup et calme toi.” Difficile de demander à quelqu’un qui vient de perdre un proche de rester calme mais si j’ai appris quelque chose dans la lutte contre ces démons c’est qu’il faut être plus intelligents qu’eux et être mieux préparés. “Est-ce qu’on sait à quoi il ressemble ?” Mais avant d’être un vendeur je suis aussi son ami. “On va lui faire la peau Siham, je te promets, mais on doit savoir contre qui on se bat.”

 
“Siham ?”Sans surprise, Cesar n’attendait pas une seconde à voir débouler Siham dans la boutique de sa famille. La jeune femme était confuse, elle s’éparpillait, bien que son but était clair et établie, elle voulait tuer le vampire qui lui avait arraché son père.  “Respire un grand coup et calme toi.” Elle redressa la tête, quittant ses yeux qui se perdaient dans les vitrines pour se poser sur Cesar. Se calmer … elle n’arrivait plus à se calmer depuis qu’elle se retrouvait orpheline et sans guide dans son quotidien. La vérité était aussi qu’elle étai perdu, qu’elle se faisait peur à elle-même, qu’il lui arrivait tant de choses qu’elle n’avait jamais connu auparavant. Elle était une sorcière, tout comme sa mère l’était avant elle, ça, elle n’en avait jamais eu connaissance avant de faire le tri dans les affaires de son père et de tomber sur un grimoire… Le grimoire de sa mère. Facile à dire, de se calmer quand on est en train de se noyer dans un tsunami. Rien ne va. « Comment veux-tu que je garde mon calme ? » elle s’agace, ne remarquant même pas que la porte derrière elle venait de claquer. « Comment veux-tu que je respire ? » et c’est à présent la porte derrière Cesar qui se claque, la faisant sursauter elle-même cette fois ic. Siham reste figée.  “Est-ce qu’on sait à quoi il ressemble ? On va lui faire la peau Siham, je te promets, mais on doit savoir contre qui on se bat.” Elle souffle, son regard passant par-dessus l’épaule de Cesar pour voir la porte, toujours fermée, sans l’ombre de la présence de qui que ce soit derrière celle-ci. « J’suis terrifiée. » elle ne pouvait pas dire qu’elle était une sorcière, elle ne pouvait pas lui dire parce que sans doute, il ne comprendrait pas. Elle se disait naïvement que lui, penserait qu’un courant d’air serait à l’origine de cette porte qui venait de claquer. « Je … »elle avait beau tenter de se rappeler, rien ne lui venait. « Je l’ai pas vu… » elle n’avait aucune idée de qui avait tué son père. « C’était un… vampire. » qu’elle ajouta, en chuchotant.

« Comment veux-tu que je garde mon calme ? » Une porte se met à claquer violemment. Je n’y prête pas attention, il y a pas mal de courants d’air par ici et il me semble que j'ai laissé la fenêtre du salon ouverte. Siham s’énerve, je peux pas comprendre mais ce n’est pas en réagissant de manière irrationnelle qu’elle pourra se venger. « Comment veux-tu que je respire ? » Je m’apprête à lui faire une leçon de morale, lui dire qu’elle doit se calmer mais je suis coupé dans mon élan par la porte derrière moi qui claque. Je sursaute, deux fois de suite ? “Foutu vent.” Je ne suis pas trop sorti aujourd’hui mais il me semble qu’il n’y avait qu’une légère brise, pas de quoi faire claquer deux portes.  « J’suis terrifiée. » Sa manière de réagir et son langage corporel prouvaient qu’elle était sincère. Comment ne pas l’être ? La situation en ville ne cesse de s’aggraver, les habitants disparaissent dans des circonstances louches, sont retrouvés vidés de leur sang ou éventrés. Difficile de rester calme, de ne pas craindre pour sa propre vie. « Je … » Sa voix tremble mais je n’ose pas l’interrompre. “Je l’ai pas vu…” Et ça c’est très embêtant, si on ne sait pas à quoi il ressemble ce sera difficile de le retrouver et de lui faire la peau. « C’était un… vampire. » Je soupire, sa réponse ne me surprend pas, ils sont de plus en plus nombreux et la grande majorité de mes clients se plaignent de ces démons. “On va le retrouver. Est-ce que tu as demandé à tes voisins peut-être ? Quelqu’un a bien dû voir quelque chose.” La porte qui donne sur la rue s’ouvre à nouveau de manière brusque. Le même chat que j’ai chassé un peu plus tôt en profite pour se faufiler dans la boutique et la porte se referme à nouveau. “Allez ouste, du balai !!” J’essayais de faire sortir le chat ce qui est loin d’être évident puisque le chat monta sur des étagères avant de faire tomber l’horloge posée sur une étagère. Ne résistant pas au choc, cette dernière s’était brisée sur le coup. “C’est encore un coup de ces foutues sorcières. Non mais regarde moi ce foutoir !” Le chat s'est finalement enfui par une fenêtre restée ouverte. De mon côté, j’attrape le balai et je m’affaire pour ramasser les morceaux de verre avant que Siham se coupe.

Siham avait parlé de ses malheurs à Lena, qui lui avait ouvert grands les bras en l’accueillant elle aussi dans cette nouvelle famille que pouvait s’offrir la jeune femme. La sororité des sorcières. Elle se refusait cependant à se laisser enfermée dans ce cercle dont finalement, elle ne connaissait rien. Elle avait tout à apprendre. Lena, quant à elle, l’avait orienté vers cette fameuse Greta, qui pourrait la guider vers le célèbre Chasseur Arthur. Mais jusqu’à présent, Siham n’arrivait pas à lui mettre la main dessus, c’est pourquoi, elle en était venue à s’armer de son propre chef. Peut être qu’une fois équipée, elle saura finalement comment s’y prendre. Mais, en réalité, elle ne savait ni manier le fusil, ni enfoncer un pieu dans la poitrine d’un vampire. Elle se savait avoir des pouvoirs enfuis en elle, mais jusqu’à présent, ils ne se manifestaient qu’à mesure de ses humeurs. Elle ne les maitrisait absolument pas. Elle avait tout à apprendre. Les portes qui claquent et les lumières qui scintillent, c’est tout ce dont elle était capable. “On va le retrouver. Est-ce que tu as demandé à tes voisins peut-être ? Quelqu’un a bien dû voir quelque chose.” Elle secoua la tête, agacée davantage de n’avoir aucun élément. Personne n’avait rien vu ou personne n’avait rien voulu voir…. « A vrai dire… » et la porte s’ouvrit à nouveau d’un claquement, les prenant tous les deux par surprise. Un chat se faufila à l’intérieur de la boutique. La jeune demoiselle se senti presque bien plus détendue à présent, l’aura qu’elle dégageait était plus apaisant. Le chat jouait avec le balai que brandissait Cesar, laissant Siham perplexe face à une telle agressivité envers une si petite boule de poil. Voyant l’horloge tombée, peut être que ce n’était que ce que Cesar méritait. Qui sème le vent, récolte la tempète. “C’est encore un coup de ces foutues sorcières. Non mais regarde moi ce foutoir !” le regard de Siham se posa sur la victime qui avait soudainement pris la fuite mais resta bloquée sur le vocabulaire emprunté par son ami. « Les sorcières ne sont pas si mauvaises. » fit-elle comme pour se défendre. Et alors que Cesar ramassait les morceaux de verre à terre, l’un deux se brisa entre ses mains et lui coupa le doigt. « Tu devrais faire attention aux menaces que tu profères… » elle pris le balai entre ses mains et ramassa avec délicatesse le verre, en toute sécurité. « de quoi est-ce que j’ai besoin à présent, Cesar ? » fit-elle, pour en revenir à leur sujet, avec une impression de s’être transformée en quelqu’un de calme et serrin, bien plus qu’à son arrivée.

« A vrai dire… » Alors que j’interrogeais Siham sur la mort de son père et sur l’existence de potentiels témoins, la porte claque à nouveau. Cette fois je ne crois plus aux coïncidences, c’est la troisième fois qu’une porte claque et il n’y a pas de vent ce soir. Je suis persuadé qu’il y a quelque chose de louche. Un constat qui est validé par la présence d’un chat qui est entré pour la deuxième fois de la journée dans la boutique. Un chat ? Non c’est une sorcière, c’est certain. J’essaie de le chasser à grands coups de balai mais le chat est bien plus agile que moi, il grimpe sur les meubles avant d’envoyer valdinguer une horloge, posée sur une étagère. Je peste après ce chat et les sorcières en général, ce qui n’a pas l’air de plaire à Siham étrangement. « Les sorcières ne sont pas si mauvaises. » Je ramasse en même temps les morceaux de verre de l’horloge avant que quelqu’un se blesse. Je ne suis vraiment pas d’accord avec elle, ces sorcières n’ont rien fait pour aider notre ville, elles ne sont bonnes qu’à maudire les bonnes gens. “Tu devrais dire ça aux Smith, avec ce qui est arrivé à leur fille je pense qu’ils ne seraient pas d’accord avec toi.” Une famille dont on dit que la fille aînée a été maudite par une sorcière après l’avoir provoquée, la faisant périr quelques heures plus tard d’une maladie fulgurante et particulièrement douloureuse. Siham se baisse à son tour pour m’aider à ramasser les infimes éclats de verre qui jonchent le sol. « Tu devrais faire attention aux menaces que tu profères… » Elle me prend le balai des mains et je relève les yeux vers elle, mais qu’est-ce qu’elle raconte ? “Ce ne sont pas des menaces.” Mais plutôt des promesses. Si une sorcière décide de s’en prendre à ma famille, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour l’envoyer sur le bûcher avant qu’elle n’ait eu le temps d’ouvrir son grimoire. « de quoi est-ce que j’ai besoin à présent, Cesar ? » Je jette les morceaux de verre à la poubelle avant de retourner vers le comptoir. “L'ail ne te servira à rien. Les vampires ont appris à résister à ça. Certains se sont même complètement immunisés en prenant une petite dose chaque jour. C’est comme s’ils avaient muté.” Je passe du regard les armes en revue. “L’eau bénite c’est juste une arme que les prêtres ont inventée pour calmer la population et montrer que l’église agit contre les démons. Donc ça ne sert à rien non plus. Tu risques de froisser leur mise en pli et ça s’arrêtera là.” J’attrape finalement un pieu dans une main et un révolver fonctionnant avec des balles en bois de l’autre main. Je les pose sur le comptoir avant de déclarer. “Voilà ce qui te servira, et uniquement ces deux armes. Le bois c’est leur seule véritable faiblesse.”

“Tu devrais dire ça aux Smith, avec ce qui est arrivé à leur fille je pense qu’ils ne seraient pas d’accord avec toi.” Siham n’avait aucune idée à quoi il faisait allusion. Et qu’importe ce qui était arrivée à cette pauvre demoiselle, elle avait sans doute fait affaire à quelqu’un de foncièrement mauvais. Contrairement aux vampires et aux loups garous, dont l’existence n’était faite que pour tuer, massacrer, dilapider, les sorcières, elles, pouvaient tout autant faire le bien. Elle n’allait pas en débattre avec Cesar, il n’allait sans doute pas démordre de son avis, puisqu’il avait l’air plus que sure de lui et la manière dont il avait chassé ce chat le démontrait. D’ailleurs, à la prochaine séance d’apprentissage avec Lena, elle lui demandera si c’est vrai, ce qu’on raconte, cette capacité de se transformer en animal ou peu importe. Il y avait sans doute des sortilèges de métamorphose, oui. Incantation ou potion magique, elle le saura bien assez tôt. « et à toi, qu’est c’qu’elles t’ont fait ? » n’avait-elle finalement pas pu s’empêcher. Elle comprenait que trop bien pourquoi elle se devait de garder son secret, elle ne savait jamais comment les humains pourraient réagir et elle pourrait passer d’amie à ennemie en un rien de temps. Meme avec Cesar. « Ce ne sont pas des menaces. » ça y ressemblait, en tout cas.
Elle préfère recentrer la discussion sur la raison de sa venue : s’armer pour mieux affronter le vampire qu’elle veut traquer et tuer, et si elle n’avait pas d’information supplémentaire sur son identité, elle était persuadée qu’elle finirait par le trouver. Quitte à ce qu’elle doive en tuer dix autres avant lui. Cesar balaie rapidement les fameuses armes qu’on présente dans les livres, l’ail et l’eau bénites sont à proscrire et ne servent qu’à alimenter des légendes et le folklore d’halloween. « Voilà ce qui te servira, et uniquement ces deux armes. Le bois c’est leur seule véritable faiblesse. » Siham posa son regard sur les deux armes qu’il venait de sortir. « Et le plomb ? » elle avait entendu que ça pouvait également servir. « Il faut que tu m’apprenne à utiliser ces armes. » peut être que par la suite, quand Lena lui fera suffisamment confiance, elle pourrait apprendre un sortilège également, mais Siham était trop pressée pour attendre.

« et à toi, qu’est c’qu’elles t’ont fait ? » Siham n’a l’air d’avoir aucune empathie pour la fille des Smith. La nouvelle a pourtant fait grand bruit en ville, la rumeur s’est répandue et toute personne saine d’esprit a été profondément choquée de cette mort tragique et fulgurante. La réponse de Siham est encore plus étrange, comme si elle s’évertuait à défendre ces êtres maléfiques. “Personnellement rien. Ou pas encore. Je préfère rester méfiant par sécurité.” Le sujet des sorcières est rapidement clos. Ce n’est pas le moment pour une telle discussion et je n’ai pas envie de débattre avec Siham. Après tout, elle est venue se fournir en armes, pas refaire le monde dans ma boutique. Et puisqu’elle n’est visiblement pas d’accord avec moi je n’ai pas envie de perdre de l’énergie et du temps à essayer de la convaincre. Si elle ne souhaite pas se méfier pour se protéger, c'est son choix. Je lui présente donc rapidement les options qu’elle a pour lutter contre les vampires, des options relatives réduites mais redoutables. « Et le plomb ? » Je secoue la tête de gauche à droite. “C’est temporaire. Tu réussiras à les ralentir mais ça ne les tuera pas, ils cicatrisent vite.” Je l’ai vu de mes yeux à plusieurs reprises, c’est absolument terrifiant de les voir se relever pour mieux attaquer. « Il faut que tu m’apprenne à utiliser ces armes. » Je hoche la tête, c’est une condition essentielle. De nombreux citoyens s’imaginent que posséder des armes est un moyen infaillible de se défendre contre les vampires. Elles le sont si on sait s’en servir. Ces créatures sont plus rapides, plus vives que nous. Sans une bonne connaissance des armes et un peu d’entraînement c’est la mort assurée. “Pour le pistolet tu le charges comme ça…” Je commence à lui montrer comment charger l’arme et la rendre prête à l’usage. “Viens dans l’arrière boutique, je vais te faire essayer.” Mon père a créé il y a quelque temps une cible d’entraînement pour que l’on puisse perfectionner nos compétences, une cible qui est réservée à la famille et dont les clients ne connaissent pas l’existence. Je lui montre comment tenir l’arme, positionner sa main et je tire une fois pour lui montrer le mécanisme. “Voilà tu dois faire comme ça, entraine toi un peu, mais tu verras c’est assez simple.” Les lumières tremblent et l’une des lampes s’éteint brusquement nous laissant dans le noir quelques instants avant de se rallumer. “Je comprends pas ce qu’elles ont, les ampoules sont neuves.” Je regarde autour de nous mais rien n’a l’air suspect. “Bizarre.” Je conclue.

A croire que Siham avait d’autres chat à fouetter, cette histoire de Smith ne l’avait absolument pas marqué et si elle en avait entendu parlé, elle avait déjà oublié. A vrai dire, ces derniers temps, elle entendait beaucoup d’histoire de massacre et de meurtre à en glacer le sang, comme si, apprendre la mort de quelqu’un était devenu routinier et qu’on s’y faisait. Mais, elle ne s’était jamais faite au décès de son père. “Personnellement rien. Ou pas encore. Je préfère rester méfiant par sécurité.” De toutes façons, tout le monde se méfiait de tout le monde et Cesar avait sans doute, comme on dit, on est jamais trop prudent.
Revenant à l’objet de sa visite, elle préférait aussi ne pas s’eterniser sur le sujet des sorcières, elle risque de le prendre bien trop à cœur et ne savait pas elle-même comment gérer encore cette nouvelle. Elle serait simplement triste de savoir que son ami serait prêt à retourner sa veste, juste parce qu’elle avait hérité des pouvoirs de sa mère. Elle en restait cependant un peu chafouine. Sans s’en rendre vraiment compte, les lumières autour d’eux, semblaient défectueuses.
Il lui présenta les armes idéales selon lui, uniquement du bois. “C’est temporaire. Tu réussiras à les ralentir mais ça ne les tuera pas, ils cicatrisent vite.” Elle hocha la tête, pas de plomb alors. Elle ne voulait pas se contenter de faire mal, ni de blesser, elle voulait tuer.
Cesar démontrait à Siham comment s’y prendre, il commençait par le pistoler, en le chargeant sous ses yeux. “Viens dans l’arrière boutique, je vais te faire essayer.” Elle sentie comme une excitation monter en elle, mélangé à de la peur, de l’appréhension également. Un mélange de sentiment aromatisé aux fines herbes. Elle le suivait.
Cesar tira, l’intonation surpris Siham qui poussa un petit cri ridicule. Elle en était aussitôt gênée, se sentant ridicule, Cesar ne semblait pas la juger pour autant, imperturbable. “Voilà tu dois faire comme ça, entraine toi un peu, mais tu verras c’est assez simple.” Elle souffla et pris le pistoler entre ses mains. Elle était inquiète, espérait que tout se passerait bien, elle avait entre ses doigts, le pouvoir de vie ou de mort. Les lumières autour d’eux tremblaient jusqu’à ce qu’un lampe s’éteigne totalement. Siham restait silencieuse, ce genre de situation lui arrivaient très souvent depuis qu’elle savait qui elle était vraiment … elle était nerveuse et elle le devenait de plus en plus. Elle souffla, tentant de se calmer et la lumière se rallumait. “Je comprends pas ce qu’elles ont, les ampoules sont neuves.” « visiblement bonnes à changer… » elle se racla la gorge, sans vraiment s’en rendre compte. “Bizarre. » Elle haussa les épaules et mis son armes en joue. « On reprend ? »elle voulait changer de sujet rapidement. « A trois… » elle tremblait encore, ses mains maitrisaient mal l’arme. « un… deux… » et les lumières s’éteignirent à nouveau alors que le coup de feu parti en même temps. Elle n’avait aucune idée d’où elle avait visé. « Merde ! » elle paniquait et lâcha la pistolet à terre. « je suis désolée. » elle se rabaissa, les lumières clignotaient sans cesses, elle cherchait l’arme et une fois l’ayant à nouveau en main, elle se redressa et cria. « Ca suffit ! » la lumière s’alluma, plus rien ne scintillait. Elle souffla.

Les ampoules clignotent et c’est quelque chose qui m’inquiète parce qu’elles sont neuves et ce n’est absolument pas normal qu’elles se mettent à clignoter comme ça. « visiblement bonnes à changer… » Les ampoules Verdier sont les meilleures en ville, elles ne montrent en général pas de signes de faiblesses avant plusieurs mois, voire une année. “Elles vont me ruiner, je les ai changées dans la semaine.” « On reprend ? » Nous passons finalement à autre chose et je lui explique comment se servir d’un pistolet. C’est quelque chose de plutôt simple mais quand on a jamais essayé c’est tout un apprentissage. Et il est inenvisageable de découvrir comment utiliser un pistolet lorsque l’on est confronté à un vampire, il n’y a pas le droit à l’hésitation ou à la moindre erreur. « A trois… » Elle n’est pas sûre d’elle ça se voit, elle tremble comme une feuille. Si elle a aussi peur de l’arme elle ne pourra pas s’en servir pour se défendre. « un… deux… » Je la laisse faire, il faut qu’elle se confronte à ses peurs. Le coup part mais la balle n’atteint pas la cible. « Merde ! » Elle est loin d’être la première à rater sa cible, par contre balancer le pistolet par terre ça c’est pas commun et surtout très dangereux quand il est chargé. “Attention !!” Elle se baisse pour le ramasser. « je suis désolée. » Je vois bien qu’elle est dans un état psychologique de détresse, qu’elle est en état de choc mais je dois la prévenir. “C’est pas grave mais pour la prochaine fois fais attention, lâcher un pistolet chargé c’est dangereux, tu pourrais te blesser.” On parle d’une arme, pas d’un jouet. Elle se baisse à nouveau et les lumières clignotent à nouveau, je les observe en étant bouche-bée. « Ca suffit ! » Les lumières semblent lui avoir obéi puisque tout revient dans l’ordre. Je suis complètement perdu et la défaillance des ampoules me semble désormais peu probable. “Siham qu’est-ce qui se passe ?” J’ai l’impression que quelque chose m’échappe, en tout cas il se passe quelque chose, j’en suis certain.

“Attention !!” Le pistolet lui échappe des mains, elle avait lâcher prise, surprise par la détonation de l’arme. Elle comprenait bien qu’elle devait maitriser son arme et qu’en cas de perte de contrôle, ça pourrait être fatal pour tous. Siham était désolée, elle en culpabilisait même, ne voulait faire de tord à personne. “C’est pas grave mais pour la prochaine fois fais attention, lâcher un pistolet chargé c’est dangereux, tu pourrais te blesser.” elle hocha la tête et reprenait le pistolet dans ses mains, prête à retenter et cette fois, sans vaciller, c’était sans doute être bien trop optimiste de croire que ses mains allaient s’arrêter de trembler d’un moment à l’autre.
Alors que les lumières obéissent parfaitement aux ordres de Siham, dans un premier temps soulagée, elle compris ensuite et resta stupéfaite. Elle venait de faire une démonstration de ce qui se passait pour elle depuis ces derniers temps, depuis qu’elle savait qu’elle était dotée d’un nouveau pouvoir. Ce don qui lui était transmis par ses ancêtre, de génération en génération, elle l’avait hérité de sa mère. “Siham qu’est-ce qui se passe ?” Pouvait-elle finalement se confier à son ami de longue date ? Il avait pesté contre ce chat noir, il l’avait sorti à coup de balai et l’avait maudit lui et toutes les sorcières. Cesar n’aimait pas les sorcières, elles le révulsent, il les avait pris pour cible. Elle n’avait pas envie de passer d’une case amie à la case pestiférée en prononçant une seule simple phrase. Siham n’avait rien choisi de ce qui lui arrivait et elle n’avait fait de mal à personne. Pourquoi être stigmatisée d’office? Elle se racla la gorge et souffla encore une fois. “J’ai appris quelques chose, après la mort de mon père.” elle fixait Cesar dans les yeux et coute que coute, c’est maintenant ou jamais qu’elle saura vraiment à qui elle avait affaire. Si Cesar changeait son fusil d’épaule, elle saura qu’elle ne le compterait plus dans ses alliés. “Je suis une sorcière.” lâcha-t-elle sans détour.

Voir les lumières clignoter n’a rien de normal, au contraire. Il n’y a pas défaut électrique ni de problème avec les ampoules qui sont neuves. Ce qui est encore plus bizarre c’est qu’elles semblent suivre les sautes d’humeur de Siham, c’est incompréhensible. Je me fais sûrement des films, ça ne peut pas être lié, que je sache il n’existe pas d’ampoule qui fonctionne selon les cris ou les émotions de son propriétaire. Je me décide donc à briser le flou et à lui demander ce qu’il se passe parce que j’ai l’intime conviction qu’elle sait quelque chose. “J’ai appris quelque chose, après la mort de mon père.” Je la regarde sans rien dire, les bras croisés et les sourcils froncés en attendant de connaître la chute de sa phrase. “Je suis une sorcière.” J’ouvre grand les yeux, j’ai bien entendu ce qu’elle vient de dire ? Non c’est impossible, pas elle. “Une quoi ?” J’espère sincèrement que mes oreilles me jouent des tours, non une de mes plus fidèles amies ne peut pas être une des leurs. Cependant face au regard et au silence de Siham je comprends que j’ai bien entendu le mot sorcière. Mon amie est donc un monstre, un danger. Je suis sous le choc de cette découverte, je me repasse en boucle le film de notre amitié, de tous les moments qu’on a passé ensemble et je ne comprends pas comment j’ai pu ne pas m’apercevoir de tout ça. Siham a toujours eu l’air normale, il n’y avait rien de surnaturel dans les moments qu’on passait ensemble. Je ne connais pas le monde des sorcières mais je trouve ça un peu gros qu’elle ne découvre ça qu’il y a quelques jours, elle devait forcément se douter de quelque chose plus tôt. Ce qui veut dire qu’elle m’a sûrement menti ou du moins caché la vérité. “Je..” Je suis complètement perdu et incapable de savoir comment réagir. Est-ce que je devrais mettre fin à notre amitié maintenant ou rester ami avec une des créatures que je combats habituellement. Je n’en sais rien. J’ai aussi peur des représailles, et si elle décidait de s’attaquer à moi si je la repoussais. “Je sais pas quoi dire c’est…” J’essaie de trouver un mot qui ne soit pas trop violent. “Inattendu.”

A l’instant même où Siham avait prononcé le mot sorcière, le regard et l’expression du visage de son ami avaient changé. Il n’avait plus cette bienveillance et elle ressentie aussitôt une aversion envers elle. « Une quoi ? » elle avait l’impression d’avoir prononcé des mots insoutenables à entendre et pourtant, elle n’était pas cette image qu’il se faisait, ce mauvais portrait qu’il dépeingnait des femmes qui avaient les mêmes dons qu’elle. Elle n’avait pas choisi cette condition, elle n’avait rien demandé à personne et maintenant, celui qu’elle considérait depuis toujours comme son ami lui tournait le dos. Pour une seul mot prononcé. « Je.. » elle craignait de ne pouvoir anticipé la suite de sa phrase, la suite de ce qu’il allait pouvoir dire. Il allait la chasser, tout comme il avait chassé ce chat auparavant. Siham en avait déjà le cœur brisé, de ce rejet alors qu’elle avait voulu lui accorder sa confiance en lui confiant son nouveau secret. Mais elle savait qu’il n’allait pas l’accueillir aussi bien, et c’est pour cette raison qu’elle avait décidé de briser la glace. Pour savoir si elle pouvait réellement faire un bout du chemin avec lui, ou si c’était maintenant ou jamais qu’ils allaient mener leurs quêtes séparément. Siham allait bel et bien faire route en solitaire. “Je sais pas quoi dire c’est…” Siham n’avait pas ensuite de l’entendre dire quoi que ce soit, parce que son visage parlait pour lui. “Inattendu.” Elle secoua la tête. « Tu me vois d’ore et déjà comme une meurtrière, criminelle. Tu me fais déjà procès d’intention. » il avait frappé d’un coup de marteau sur son pupitre, comme un juge qui donnait son verdicte, comme un notaire qui vendait un bien aux enchères. L’adjudication ne pouvait être remise en doute. Siham était déjà condamnée. « ton jugement est faussé par ta naïveté, laisse moi m'en aller, et nous aurons tous les deux la liberté... » Siham se saisi du pistolet qu’il lui avait donné, pris le pieux dans son autre main et quitta l’armurerie sans se retourner, laissant seul, son ami aveuglé.