Si une chose lui a manqué durant le long périple de Jackson sur leur terre d'origine, en dehors même de la présence de ce dernier, c'est assurément l'habitude que Mickey a toujours eu de parler de tout et de rien avec lui. Des discussions qui ne se sont pas toujours faites avec le sourire comme ces derniers mois l'ont notamment prouvé, mais une complicité que rien ne peut pourtant terrasser, pas même les actes foireux que le boxeur a jusqu'ici pu collectionner. Il jurerait avoir entrepris des efforts en l'absence de Jackson, espérant sans doute que celui-ci pourrait ressentir à distance l'énergie positive que Mickey a tenté de faire revenir dans sa vie. C'est encore timide et le chaos rythmant son existence n'est certainement pas derrière lui, mais il a bel et bien donné le meilleur de lui pour un match caritatif, peu importe le cataclysme qui a pu se jouer en coulisses. Il est assez fier Mickey et pas seulement parce qu'il a ce jour-là pu donner le bon exemple à sa fille, non, sa fierté il la doit aussi à cette initiative qu'il a mené jusqu'au bout sans jamais se défiler et sans être le grand lâche qu'il a trop souvent été. Lui que ses démons auraient pu détourner, lui dont les addictions ont aussi été vaincues ne serait-ce qu'une journée. C'est une petite victoire sur une guerre qui sera longue à mener mais son intention était aussi de prouver à Jackson qu'il pouvait miser sur lui, de quoi le faire à présent espérer qu'il prend le bon chemin pour que son cousin soit un peu moins allergique à l'idée de l'intégrer à Run For Judy, où Mickey compterait plus d'un allié à ses côtés. Ça l'aiderait à poursuivre sur sa lancée, bien sûr, mais les tentations que l'on sait ne sont jamais bien loin et il ne peut pas promettre qu'il ne sera plus jamais amené à se salir les mains – s'il imaginait seulement qu'en la matière, son cousin n'est lui non plus pas en reste.

Pendant que l'un tente de rendre son studio un peu plus vivant et respirable aux côtés de Zoya, l'autre s'apprête à investir sa nouvelle maison en délaissant Fortitude pour Toowong, une autre habitude que Mickey va donc devoir prendre car dorénavant, Jackson voit les choses en grand. Le futur père se prépare sans doute à la toute nouvelle vie qui l'attend et Mickey mentirait s'il disait que tout ceci ne lui rappelle pas certains souvenirs, sans doute les plus heureux de sa vie. C'est la première fois qu'il met les pieds dans la demeure de son cousin et l'impatience anime aussi bien ses gestes que ses traits sur le trajet, bien incapable à son arrivée de rater la fameuse maison qui ne doit pas encore être beaucoup équipée. L'avantage d'avoir deux grosses paires de bras dans la famille c'est que Mickey pourra facilement se trouver une utilité par ici, quand bien même l'invitation comprenait davantage une discussion qu'une mission aménagement mais ils finiront par la meubler ensemble cette maison, c'est bien évidemment aussi ce que sa présence sous-entend.

En attendant, c'est une étreinte digne de ce nom que Mickey offre à celui qui lui a manqué bien plus qu'il n'arriverait à le dire ou le montrer, jamais très habile quand il s'agit de rappeler aux autres combien il peut les aimer. Le temps lui a semblé long en son absence, pour ne pas dire affreusement long parfois, et la joie de retrouver son cousin en chair et en os se conjugue avec celle de retrouver leurs vieilles habitudes jamais perdues. « Ça sent bon la pizza jusqu'au bout de la rue, tu sais toujours aussi bien m'accueillir. » il remarque en devinant qu'ils ne garderont pas longtemps le ventre vide, contrairement à cette maison où l'écho de sa voix ne tarde pas à retentir. Tout ça manque encore de meubles comme de vie mais il ne doute pas que très vite, Jackson prendra possession des lieux comme il se doit. « J'trouve que t'as bonne mine, ça t'a réussi le Botswana faut croire. Ta carte est fièrement exposée sur mon frigo au fait. » Et ces paroles annoncent à elles seules la couleur d'un échange revendiquant à l'origine beaucoup de légèreté, car la dernière chose que tous deux souhaitent est bien que des tensions viennent à nouveau faire trembler les solides murs de leur complicité. Pas alors qu'ils ont beaucoup de temps à rattraper et tout autant de choses à s'apprendre, parmi lesquelles l'avancée de leurs vies respectives. Oh, nul doute que Mickey trouvera quoi dire tout comme Jackson doit avoir de sacrées nouvelles pour lui, d'une ampleur que le boxeur ne soupçonne simplement pas encore. « Je fais comme chez moi, hein, tu permets. » Par là, Mickey entend effectuer un rapide tour du rez-de-chaussée avant de se diriger instinctivement vers son salon, où trône pour l'heure un simple canapé. La table basse de fortune le fait sourire, tout comme les murs nus qui ne sont pas sans lui rappeler les siens, refaits à neuf tout récemment. « Alors, qu'est-ce que t'as de beau à me raconter entre deux bières ? » Il tourne sur lui-même pour formuler cette question trahissant sa curiosité car sans surprise, Mickey se sent comme un logiciel nécessitant une mise à jour. Le plus gros de ce qu'il a raté ne se trouvait peut-être pas en Afrique, c'est pourquoi il ne demande pas un résumé de son voyage mais bien une actualisation générale, à ce stade.

Ce n’était pas pareil sans lui, qu’importe ce que Mickey pourrait aujourd’hui en dire pour ne pas dévoiler le vide qu’il a dernièrement pu traverser. Son cousin a manqué à son quotidien de façon certaine durant les derniers mois, comme une rambarde de sécurité à laquelle le boxeur n’aurait pas pu se raccrocher mais aussi comme un pilier sans lequel tenir sur ses deux jambes n’était pas tous les jours chose aisée. S’il n’est plus l’adolescent que Jackson s’efforçait de garder sur le droit chemin et dont l’incandescence pouvait à l’époque se régler avec des gants de boxe aux mains, Mickey n’a pas tout perdu du gamin qu’il était et recherchant autour de lui la présence d’un aîné pour l’empêcher d’un peu trop dériver. À distance, Jackson n’aurait pas pu le raisonner s’il avait laissé ses sombres pensées prendre le dessus et ces épisodes de grande morosité dont Zoya s’est mis en tête de le sortir, bien sûr, le boxeur n’ira pas s’en vanter. Ce n’est tout simplement pas l’image qu’il veut offrir de lui à son cousin maintenant qu’il l’a retrouvé, au risque que ce dernier se tourne la prochaine fois vers Junior, Lashana ou Rachel pour le surveiller, lorsque ses obligations ou le reste l’amèneront encore à s’éloigner. Ce n’était pas la première fois que Jackson quittait cette ville et Mickey n’a pas non plus la naïveté de penser que ce sera la dernière, mais il ne se sent pas vraiment complet lorsqu’un membre de sa famille s’envole loin d’ici où sa propre décadence reste quant à elle bien ancrée. Car ce n’est pas demain la veille que Mickey traînera ses démons en dehors de Brisbane, ne s’autorisant pour sa part pas le moindre périple alors que ses grandes évasions, Mickey les trouve seulement dans des substances qu’on ne nomme plus. Pas le genre de voyage dont on revient généralement frais et requinqué, à l’inverse de son cousin à qui ce profond retour aux sources semble avoir fait le plus grand bien. Et maintenant, Mickey espère ne pas le voir repartir trop vite derrière un sourire qui n’est pas pour autant disposé à le trahir. « T'es pas moche non plus. » La tape dans son dos lui a manqué elle aussi, symbole d’une complicité qui ne cessera jamais de les unir et lui valant de répliquer en se redressant, fier comme un coq. « On fait ce qu’on peut. » Surtout quand on retrouve l’envie de plaire comme Mickey ces temps-ci, ces retrouvailles lui donnant aussi l’occasion d’apprendre à son aîné que sa vie sentimentale a connu récemment quelques éclaircies. Il y viendra lorsque le sujet s’imposera de lui-même, mettant un point d’honneur à ce que Jackson l’apprenne le premier, mais pas avant que celui-ci ne l’informe d’abord des nouveautés en ce qui le concerne. Peut-être bien que Mickey flaire déjà quelque chose depuis ce canapé où il s’installe à son tour sans grande délicatesse, mais il n’imagine pas encore à quel point cette bière dont sa main se saisit lui sera bientôt nécessaire pour digérer une annonce de plus, retentissante au possible.

Son regard parcourt les traits de l’agent, sondant tout ce qu’il peut. Jackson ne met alors pas longtemps à lui cracher le morceau, suffisamment gros pour que le boxeur soit pris d’un sursaut. « Mal' est enceinte. » Si ces trois mots ne sonnent pas très joliment à son oreille, c’est tout d’abord parce que Mickey identifie sans mal celle qui se cache derrière le diminutif employé. Marley, dont la seule façon d’être nommée peut déjà le convaincre que les choses sont reparties de plus belle entre eux. Les bras lui en tomberaient presque dans ce salon où Mickey se trouve être particulièrement sonné, comme s’il venait de prendre une méchante dérouillée. C’est ainsi que son cousin lui annonce le retour officiel de la Lynch dans sa vie, en mettant cette dernière en cloque en admettant seulement que cette fois-là ait été préméditée. Car cette nouvelle a bien évidemment une résonance particulière après que son cousin lui ait déjà fait part d’une première paternité à venir, précisant alors face à un Mickey franchement interdit : « C'est un garçon. » Il en rêvait et ça le boxeur ne l’ignore pas, quand bien même son cousin ferait mieux d’avoir les épaules solides pour endosser un double rôle de père dans un laps de temps aussi rapproché. Avec deux enfants en route, Jackson fait officiellement mieux que lui et bien sûr, Mickey voudrait lui demander ce qu’il peut bien manger au petit-déjeuner pour être soudainement aussi fertile, ou bien encore s’il compte repeupler toute la ville à ce rythme. C’est pourtant une autre question qu’il se risque à poser, témoignant déjà de ses doutes à l’encontre de la Lynch. « Enceinte de qui ? » Sa méfiance se ressent à des kilomètres, et Mickey ne fait strictement rien pour la cacher. Le sujet Marley reste après tout très sensible et ce n’est pas d’apprendre que celle-ci est enceinte qui effacera ses torts aux yeux de Mickey, comme en témoignent les doutes qui sont déjà les siens. Son regard se raccroche à celui de son cousin tandis qu’il nuance ce qui peut l’être, ou du moins essaie. « Je veux dire.. t’es au moins sûr que c’est le tien ? » Compte tenu de l’étonnante propension des gens qui l’entourent à aller voir ailleurs, parfois même avec lui, Mickey semble maintenant prêt à remettre n’importe quelle fidélité en doute dans cette ville. Et c’est d’autant plus simple, il faut l’avouer, quand la principale intéressée s’est déjà rendue coupable de la faute en question. Non, il n’a toujours aucune confiance en Marley et non, il ne peut pas ouvrir grand les bras à cette nouvelle comme s’il ne s’inquiétait pas avant tout que le cœur de son cousin finisse encore piétiné dans cette affaire. S’il doit être celui qui regardera la réalité en face et cela pour deux, nul doute que Mickey abordera ce rôle avec toute la lucidité dont il peut faire preuve – de quoi le faire aussitôt ralentir sur la bière. « Elle t’a eu pour de bon cette fois, j’ai l’impression. » Il souffle pour seul constat face à sa cannette, sans savoir lui-même s’il fait allusion à cette possible grossesse venue d’un autre ou à leur rabibochage, de façon générale. Parce qu’on ne parle plus de Marley au passé désormais, tout indique même qu’ils sont de nouveau ensemble sans avoir été pour autant présentés comme tels et il n’a tout simplement pas envie que Jackson s’y casse une deuxième fois les dents.

Jackson a de quoi être aux anges avec cette seconde paternité tombant du ciel et ce bébé dont il connait même déjà le sexe, mais toute son annonce part en fumée dès le moment où Mickey décide de s'en mêler. C'est un grand moment que le boxeur vient ainsi ruiner et il en a conscience, mais bien trop de doutes s'immiscent présentement dans son esprit pour qu'il ne tire pas aussitôt le signal d'alarme : cet enfant n'est peut-être même pas le sien, ou disons qu'il ne cracherait pas sur la preuve que c'est bel et bien le cas pour parvenir à s'en convaincre. Face à lui, Jackson ne semble pas loin de se liquéfier car c'est un brusque retour à la réalité que le boxeur lui offre, et des questions qu'il n'avait manifestement pas prévu de se poser aujourd’hui. Le tableau était après tout sans nuage avant que Reeves ne pointe du doigt ces tâches invisibles, témoignant d'un passé qui n'aura pas tardé à ressurgir et des soupçons que la Lynch peut encore éveiller en lui. « Putain, j'avais pas pensé à ça ... » Et pour cause, c'est devant lui que l'agent se prenait jusqu'ici à regarder et non derrière. Si Mickey voulait frapper encore plus fort, il pourrait dans la foulée lui apprendre que Rachel ne va pas bien et que son état de santé se dégrade à vue d’œil mais il jure ne pas avoir en tête d'anéantir son bonheur, uniquement de s'assurer qu'il ne s'apprête pas à fonder une famille avec n'importe qui. « J'veux pas l'croire. » C'est compréhensible, et Mickey n'ose à cet instant plus rien dire tandis qu’il réalise l'ampleur du foutoir qu'il vient de causer. Jackson a le regard d'un homme se demandant subitement s'il n'a pas été honteusement berné mais refusant pour autant cette idée, alors qu'il répète d'une voix encore plus ferme : « J'veux pas l'croire. » Ne pas vouloir le croire est une chose, mais qui peut lui garantir que Marley ne lui pas encore fait porter les cornes dans son dos ? Elle sait y faire la Lynch, Mickey est un peu trop au courant pour ne pas déjà craindre le pire, et tant pis si cela fait de lui un oiseau de mauvaise augure. Prévenir plutôt que guérir en lui ouvrant les yeux avant qu'il ne soit trop tard, ses intentions sont bonnes même si elles n’en sont pas moins brutales et une part de lui s'en veut, bien sûr, de ramener aussi violemment son cousin sur terre quand leurs retrouvailles auraient pu être beaucoup plus légères. « Elle a fait des efforts. On a changé. Ça va marcher cette fois. » T'es vraiment sûr de ça ?, semble questionner son regard à défaut que sa voix ne s'en charge. Les efforts c'est bien beau mais certains ne durent pas, ce n'est pas à Mickey qu'on risque de l'apprendre et si les gens changent, certaines natures profondes perdurent, elles.

Estimant qu'il a suffisamment gardé le silence, le boxeur finit par se redresser pour poser ses deux mains à plat sur la table basse – ou plutôt les cartons qui la composent. « Va pas t'imaginer que je veux à tout prix voir votre histoire foirer. » Il pourrait jurer que ça n'est pas le cas, même s'il n'est pas ravi de revoir Marley dans le paysage de son cousin et que sa rancœur a encore de beaux jours devant elle, il est vrai. Ce qu'il veut dire par là, c'est que ces doutes qu'il lui partage ne sont pas un prétexte pour se mettre entre la Lynch et lui mais bien le reflet de ses instincts de cousin en alerte, surtout par les temps qui courent. « J'ai juste fréquenté mon lot d'infidèles ces derniers mois, d'un peu trop près même je dirais. » Il n'ira se vanter de rien mais disons que si un type jusque là droit dans ses bottes et un peu trop conscient de son effet sur lui est allé lui demander une faveur bien peu catholique parce que son couple était en pause, n'importe qui peut en venir à franchir la ligne rouge. Et Marley aurait un peu trop bien su vers qui se tourner pour ça, si on lui demande son avis. « Peut-être qu'elle a changé, ouais. Mais peut-être aussi qu'elle voit toujours l'autre enfoiré. T'es certain de rien, c'est bien ça le problème. » Et c'est bien aussi ce qui l'emmerde, car Mickey n'endosse certainement pas ce rôle-là par plaisir. Ce n'est pas amusant du tout de devoir rappeler à Jackson les heures sombres de son histoire avec la Lynch, ce passé-là n'est assurément pas bon à remuer mais il le faut, aussi amère soit cette bière que le boxeur reporte brièvement à ses lèvres. La vérité, c'est surtout qu'il n'a plus soif. « Et moi j'ai pas envie que tu trinques encore une fois, okay ? On parle quand même d'un gosse là Jax, c'est pas rien. » Alors bien sûr, ce sera pour le moins délicat de demander à l'intéressée si cet enfant est bien le sien mais il n'a jamais prétendu que ce serait facile, rien ne l'est de toute façon jamais vraiment avec la Lynch. « Faut que tu sois sûr. » il insiste avec sévérité cette fois car on ne déconne pas avec ces choses-là, parole de père. Si Mickey avait eu le moindre doute quant à sa paternité à l'époque, il aurait remué ciel et terre pour en avoir le cœur net et Aliyah ne lui a jamais donné la moindre raison de douter d'elle, c'est dire. « Et si je me trompe, j'assumerai. Tu pourras même lui dire que le doute venait de moi, j'ai vraiment rien à cacher. » Il se fiche même pas mal que Marley vienne après coup lui demander des comptes, car ne serait-ce pas finalement l'occasion pour eux de vider leur sac une bonne fois pour toute ? Un soupir lui échappe en tout cas devant un bien malheureux constat : Jackson a perdu pour de bon son sourire, lui qui semblait si fier de lui faire part de la nouvelle. « Désolé de casser l’ambiance. C’est pas vraiment la discussion que je voulais avoir aujourd'hui parce que moi aussi, je pensais t'annoncer quelques trucs à l'origine. » Ce qu'il n'ose désormais plus faire, malgré la mise à jour s'imposant également de son côté. Il laisse son cousin digérer la chose comme décider ce qu'il compte faire, et seulement après Mickey s'autorisera à dévoiler ce qui le concerne.

Plus aucun retour en arrière n'est désormais possible, et ça Mickey en a conscience. Il ne peut pas mettre en lumière ses doutes et espérer ensuite que son cousin ne vienne pas à douter à son tour, car son intention est bien de lui ouvrir les yeux sur une situation demeurant affreusement floue. Il y a un enfant en route, oui, mais l'identité de son père n'est garantie à personne à partir du moment où Marley n'a pas toujours été un modèle de droiture – plutôt amusant venant du boxeur, mais soit – et que les absences de l'agent lui laissent aussi le champ libre pour retrouver les bras d'un autre, si un certain chanteur s’avérait prêt à prendre le relai en douce. Il assume le climat d'incertitude qu'il est en train de créer Mickey, et accepte même d'en subir les conséquences s'il s'avère que la Lynch est nettement plus innocente qu'il n'ose le croire de son côté. Pour l'heure, il n'est pas prêt à lui accorder la moindre confiance et apprécie, c'est vrai, que Jackson ne se laisse pas aveugler par les sentiments que cette dernière lui inspire sous prétexte que les choses vont enfin mieux, tout du moins sur le papier. Car dans la réalité, il ne semble pas moins perdu entre ce que son cousin soulève et l'angle sous lequel Marley lui a initialement présenté la chose, avec cette grossesse qui peut très bien être de sa graine comme tout le contraire. C'est le pire doute qu'un homme puisse certainement avoir, et c'est la raison pour laquelle Mickey se montre aussi ferme quant à la nécessité de s'assurer que cet enfant est de son sang. « T’as raison. » Il n'espérait même pas l'entendre, se contentant jusque là de regards entendus. Les mots doivent écorcher la bouche de Jackson et après le bordel que Mickey vient de causer entre ces murs, il n'aurait pas pu lui reprocher son silence ou son envie d'y revenir plus tard, quand bien même un tel sujet n'aurait pas intérêt à être trop longtemps enfoui sous le tapis. Et cela n'arrivera pas, il le comprend bien vite puisque son cousin est un homme d'action, pas du genre à rester sur ses suspicions car ce serait un coup à en perdre le sommeil, il s’en doute. « J’vais m’occuper de tirer ça au clair. » Et si Jackson le dit, c'est qu'il va bien évidemment s'y tenir. Mickey n'irait pas jusqu'à dire que la Lynch va passer un sale quart d'heure mais il prédit au moins une discussion difficile, en raison d'une question figurant parmi les plus délicates à poser dans ce monde. Qu'il prenne ou non des pincettes, il ne voit pas comment son cousin pourrait préserver la susceptibilité de la future mère mais il a besoin de savoir, ils ont besoin de savoir. « J’te tiendrai au courant. » Ainsi Mickey attendra sagement les nouvelles que Jackson lui promet, tout en évitant de le relancer sur le sujet. Cela prendra le temps nécessaire, le tout étant de dissiper à l'arrivée ces vilains doutes et bien sûr, le boxeur évitera de lui souhaiter bonne chance car la chance n'y peut plus rien lorsque les dés sont déjà jetés. « Ça marche. » il glisse simplement tandis que lui n'a en l'occurrence plus rien à faire, si ce n'est attendre de savoir si sa méfiance envers Marley était ou non justifiée. Il peut accepter de se tromper, il peut même entendre que cette dernière a véritablement changé, mais pas avant que son cousin ne le confirme le premier. D'ici là, Mickey restera aussi perplexe que bien peu objectif.

« Bouge pas. » En tout juste deux mots, Jackson semble annoncer qu'ils ont besoin de plus de munitions pour la suite de cette discussion et ce n'est pas Mickey qui risque de se plaindre de voir arriver ces deux grandes pizzas avec la faim qui le guette, le nœud dans son estomac se dissipant peu à peu maintenant que la légèreté reprend place dans ce salon avec eux. Certes, il a pulvérisé l'ambiance de leurs retrouvailles en doutant ouvertement de la fidélité de la Lynch mais puisque cette affaire est maintenant entre les mains de son cousin, c'est sur l'actualisation de sa propre vie que Mickey peut dès lors se pencher. « Sers-toi. » Sa main s'active déjà dans l'art de récupérer une part sans en mettre partout, un peu trop habitué sans doute à ces repas se composant essentiellement de pizza car il n'y a pas de meilleure façon de l'accueillir, en vérité. Mickey manque de s'y brûler mais l'explosion de saveurs le lui fait rapidement oublier, attendant toutefois d'avoir la bouche un peu moins pleine pour considérer la question que Jackson vient finalement lui poser. « C'est quoi l'histoire ? J'ai l'impression qu'il s'est passés des trucs pendant que j'étais pas là. » Ce n'est pas qu'une impression et c'est déjà ce que son hochement de tête tend à confirmer, alors qu'il se demande au même instant par où il pourrait bien commencer. « Ouais, c'était assez animé ces derniers temps. » Animée, sa vie ne l'est-elle pas en permanence depuis la rechute que l'on sait ? Sûrement que si, mais ce n'est pas tous les jours que Mickey peut distribuer autour de lui des nouvelles s'avérant plutôt bonnes, et trois pour le prix d'une par-dessus le marché. Il repose alors sa part à moitié dévorée, comme s'il désirait avoir les mains libres pour lui présenter la chose et les mains propres, aussi. « Ali t'a sûrement parlé du match caritatif ? J'ai bossé dessus comme bénévole et j'ai fait ça sérieusement, tu peux me croire. C'était presque aussi sportif que d’être sur le terrain mais ça m'a fait du bien de me rendre utile, j'espérais même vous rendre un peu fiers Lola et toi. » Son sourire en dit long sur cette fierté que Mickey a peut-être bien ressenti lui-même, en menant ce projet de A à Z sans jamais se défiler. Le match a été un succès, c'était certes un peu plus tendu en coulisses mais il ne se voit pas l'insinuer aussi clairement ici, espérant sans doute que Jackson ne rebondira par sur son histoire d'infidèles. Ces tensions ne doivent en aucun cas faire de l'ombre à son investissement car il s'est donné du mal pour la bonne cause Mickey, lui que personne n'attendait sûrement du bon côté de la force pour une fois. Il reprend finalement une bouchée de sa part avant de reporter le regard sur son cousin, plus ou moins consciemment vis-à-vis de la suite. « J'ai toujours aucune nouvelle du type dont je t'avais parlé sinon, mais les bruits qui courent à son sujet sont pas très optimistes. Remarque, moi j'ai la paix en attendant. » Un type qui n'aurait désormais plus mal aux dents d'après certains, vraisemblablement éliminé par l'un de ses nombreux ennemis. Dom n'en manquait pas et Mickey a au moins pour ça la conscience tranquille, même s'il évitera quand même de s'en réjouir trop vite. « Et peut-être que t'es pas le seul à avoir recollé les morceaux avec quelqu'un, aussi. » Cette fois, sa voix se veut un peu plus mystérieuse et son regard glisse prudemment vers un second morceau de pizza, dont ses doigts s'emparent tout aussi calmement. Jackson n'est en effet pas le seul à avoir connu son lot d'histoires compliquées et si Marley lui en a fait voir de toutes les couleurs, c'est également le cas d'une certaine photographe avec le boxeur. « Je fréquente une nana, c'est encore un peu flou entre nous mais ça faisait longtemps que je m'étais pas senti aussi bien, alors j'évite de trop me prendre la tête sur ce qu'on est pour le moment. » Mais ils sont bien quelque chose, sinon Mickey ne l'aurait pas conviée à un rencard avec l'espoir secret de définir ce qui ne l'a pas encore été. La Lewis le rend dingue au point de s'être fait une place de choix dans ses pensées, et cela ne fait sûrement que commencer. « Elle m'a pas mal aidé quand j'avais tendance à tout voir en noir, même les murs de mon studio y sont passés pour te dire. Et elle a une fille, un peu plus jeune que Lola. » Sur ces mots que Mickey prononce pourtant avec le sourire, il ne peut s'empêcher de triturer son alliance par réflexe comme si l'univers désirait lui rappeler qu'il n'a pas encore divorcé. Il était le premier à craindre qu'Aliyah retrouve quelqu'un, mais il semblerait qu'il en prenne lui-même doucement le chemin.

Son cousin lui confirme qu’Aliyah l’a tenu au jus pour le match caritatif, une mission que le boxeur ne lui avait pas personnellement confiée car avant tout, c’est la mère de sa fille qui avait à cœur de faire connaître ses actions. Elle était la première à souhaiter que Mickey retrouve cette motivation, un projet susceptible de le faire un peu sortir de chez lui tout en prouvant que les années écoulées n’ont pas fait de lui un homme moins engagé puisque c’est lors d’un événement du même type que leurs deux routes s’étaient croisées. Aliyah a toujours cru en lui et il veut croire que Jackson aussi, derrière les doutes pour le moins légitimes qui l’avaient amené à le tenir éloigné de toute adhésion à Run For Judy. Mickey avait certes une image à redorer mais il jurerait l’avoir fait avec la meilleure des volontés, se souciant bien peu des caméras braquées sur l’évènement ce jour-là alors que lui agissait dans l’ombre, en coulisses. C’est aussi pour retrouver un certain sens des priorités qu’il s’est donné le mal que l’on sait, pas de quoi le tirer une bonne fois pour toute de ses trafics mais au moins de quoi lui rappeler que quand il veut, il n’est pas moins capable qu’un autre d’œuvrer pour la bonne cause. Et si cela peut à l’arrivée lui valoir la bénédiction de Jackson aux yeux duquel le boxeur a encore beaucoup de choses à prouver, il suppose qu’il y a bien plus gagné que le contraire. « J'avais pas de réseau pour t'appeler et te le dire de vive voix. » Ses mots ont de toute façon bien plus de valeur en lui étant adressés de vive voix, car ainsi Mickey peut également se fier à son regard. « Good job ! » Il étire un sourire modeste, inclinant légèrement la tête tandis qu’il considère recevoir un encouragement pour la suite. Celui de ne pas perdre cette bonne impulsion et de poursuivre sur sa lancée à présent, même si son cousin n’a pas besoin de formuler ce qui peut passer par ses yeux et son sourire, une démonstration silencieuse de son soutien à laquelle Mickey se trouve être sensible. C’est une motivation supplémentaire à laquelle se raccrocher dans les moments où ses démons chercheraient à retourner la balance car il garde un pied bien ancré dans un monde fait de mauvaises fréquentations et de dangers, quand bien même l’un d’entre eux peut être désormais conjugué au passé. Il ne fait pas un secret de la disparition de son créancier, presque soulagé de pouvoir balayer ce dernier alors que des ennuis dans cette ville, Mickey en garde bien assez. « C'est pas une grosse perte ... » Oh, il manquera certainement à quelques personnes ce type mais il est grand temps de s’en moquer, à l’image d’une discussion qu’ils ont déjà eue. Dom était un nuisible dont l’ombre planait un peu trop sur lui et potentiellement sur leur famille alors Mickey le laisse volontiers derrière, prêt à croire tout ce que l’on raconte car cette version l’arrange, en vérité. « Comme tu dis. » il lui accorde simplement d’un signe de la tête, levant même brièvement sa bière pour le symbole.

Mais sa plus grosse annonce réside bel et bien dans ce qui suit, amené avec le peu de subtilité gardée en lui. Il fréquente quelqu’un, assez sérieusement pour pouvoir en toucher un mot à son cousin et l’étonnement de celui-ci est immédiat, l’amenant aussitôt à en sourire. « What ?! » Encore un terrain sur lequel on ne l’attendait pas, Mickey en a bien conscience et compte tenu du nombre d’aventures qu’il a collectionné ces quatre dernières années, il va sans dire qu’il ne parlerait pas de cette relation si elle ne signifiait pas quelque chose pour lui. Il veut alors croire qu’il ne s’accroche pas pour rien et qu’il ne fait pas non plus d’erreur en redonnant une ultime chance à son cœur, après s’être longuement répété qu’il n’était plus fait pour les attaches et les sentiments, lui que l’on disait même mort de ce côté-là. « Wow. » C’est l’autre réaction que ses mots inspirent à Jackson, et notamment le fait que la femme dont il parle est arrivée à point nommé dans sa vie pour l’empêcher de trop sombrer. Zoya a apporté de la couleur à sa vie et une gaité que Mickey n’espérait plus retrouver, c’était si inespéré qu’il prend encore des pincettes comme si tout ceci était finalement trop beau pour être vrai. Trop beau aussi pour durer, et pour que Zoya ne finisse pas par se lasser elle aussi de lui. « J'la connais ? » Il hoche la tête sans attendre, confirmant qu’il n’est pas tout à fait question d’une inconnue ici. « Je crois que oui. Elle est photographe et d’après ce que je sais, elle est pas étrangère à RFJ. » Ce n’est pas dans l’espoir de gagner des points à ses yeux qu’il le précise, Mickey se montre simplement honnête quant au lien que la Lewis entretient avec l’association de son cousin car en faire un secret ne servirait à rien. « Mais je l’ai su que récemment, ça. Si je te dis qu’elle s’appelle Zoya, ça te dira sûrement quelque chose. » C’est tout du moins ce qu’il suppose, les photographes ne devant pas non plus être très nombreuses chez RFJ. Portant un nouveau morceau de pizza à sa bouche, Mickey attend de ne plus l’avoir pleine pour reprendre. « Je voulais que tu l’apprennes le premier. Et je préférerais aussi que tu le gardes pour toi, surtout vis-à-vis d’Ali, pour que je puisse lui en parler quand il le faudra. » Ce qu’il ne compte pas précipiter toutefois, voyant venir une discussion pour le moins délicate qui relancera inévitablement le sujet du divorce. Ce sera un argument de plus pour l’inciter à signer les papiers et Mickey s’y refuse toujours, faisant de sa fille et des droits qu’il pourrait perdre son éternelle priorité. « Les cousins et leurs péripéties amoureuses, hein. On va devoir prévoir un dîner à quatre je crois. » il reprend dans un rire léger, sans trop savoir s’il s’agirait là d’une très bonne idée. Trop tôt ? Sans doute. Aussi bien vis-à-vis de sa relation naissante avec Zoya que de ses doutes à l’encontre de Marley, nécessitant les vérifications que l’on sait. Il est certainement un peu maladroit Mickey et il s’en rend compte, c’est pourquoi il tente de faire passer ses dernières paroles pour de l’humour, bien plus commode. « Plus sérieusement, y’a de l’espoir pour tout le monde. » préfère-t-il ajouter, presque philosophe car il revient de loin et ne pense pas devoir l’apprendre à son cousin. De l’espoir pour un cœur jusque là éteint, oui, mais aussi pour que Jackson apprenne finalement que cet enfant est le sien. Derrière sa rancœur vouée à la Lynch, une part de lui souhaite sincèrement à son cousin la meilleure issue possible, soucieux de son bonheur bien avant le reste tout comme l’inverse a toujours été vrai. Peut-être qu’un dîner ne serait effectivement pas de trop pour le confronter à Marley, et sans doute ne pourra-t-il un jour pas y couper.