| | | (#)Jeu 12 Oct 2023 - 16:42 | |
| Siham était sortie de son cauchemar en sursaut, pleine de sueur, les jambes tremblantes et le souffle coupé. L’espace d’un instant, elle avait paniqué, se demandant où elle était, elle n’avait pas reconnu la nouvelle chambre qui l’abritait, le lieu de recueil que lui avait offert Olive. Elle avait mis un temps avant de s’en rappeler, de se ramener à cette nouvelle réalité. Elle n’avait plus de maison, plus de famille, plus d’accroche. Siham devait tout reconstruire, et quoi de mieux que le chao général pour ça ? Elle avait sentie cette main pleine de poils, cette odeur de putréfaction, cette charge lourde, ce poids surhumain sur elle. Puis, plus rien, le loup garou avait laissé place à une silhouette fine, frêle, presque apaisante. Gage de douceur et de confiance, pour mieux la tromper. En un rien de temps, les canines acérées de la vampire se trouvaient planter dans son cou. Ses yeux étaient hypnotisant, la mort l’emportait en douceur, presque sans douleur. Ce qui l’avait sorti de ses songes, c’était de voir son père. Il n’était pas là pour la réconforter, il était là pour l’humilier, la ramener à sa condition de nouvelle sorcière, il lui disait qu’il avait honte d’elle, qu’il aurait préféré qu’elle meurt à sa place. Siham se demandait s’il aurait réellement pensé ça ou si ce n’était que le fruit de son imagination. Elle avait décidé de se rendre au jardin botanique. Elle y avait laissé Lena quelques heures plutôt, pour une nouvelle leçon sur les plantes, leurs bienfaits ou leurs méfaits. Siham s’intéressait mais elle avait du mal à tout retenir. Elle s’impatientait également et souhaitait que tout aille bien plus vite. Elle voulait maitriser les éléments, pas faire des potions de chimistes avec de la poudre de mimosa, des larmes de grenouille et des pates de mygales. S’approchant du jardin, elle vit un jeune homme sortir d’un serre, elle avait reconnu aussitôt Kaï, le jeune orphelin dont son père lui avait toujours dit de se méfier. On disait de lui qu’il parlait avec les morts, ou plutôt, c’est ce que lui disait, les autres disaient qu’il était fou, qu’il se parlait à lui-même. Siham resta immobile quelques temps puis, se décida à le suivre. « Eh… » elle s’approcha, sachant pertinemment que toute interaction avec autrui pouvait être suspecte, surtout depuis le début de la malédiction. « Tu t’souviens de moi ? » elle tentait de montrer patte blanche, elle ignorait s’il saurait remettre un nom sur son visage, d’aussi loin qu’elle se souvienne, ils ne s’étaient plus croisés depuis plusieurs années. Plus jeunes, bien avant que l’orphelinat ne devienne une sorte de prison où on ne pouvait plus entrer librement et où il était difficile d’en sortir, ils avaient partagé des repas ensemble. Le père de Siham, journaliste, avait fait un reportage succins sur celui-ci, emmenant sa fille avec lui puisqu’elle n’avait pas droit à l’instruction. « On dit que tu sais parler aux esprits… »
@Kai Luz
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| | | | (#)Jeu 12 Oct 2023 - 22:30 | |
| dimension gothique.
Chaque réveil dans la pénombre imposée par l'éclipse aux tendances perpétuelles transformait le climat de l'orphelinat. Animés, chimériques, hystériques, les membres du couvent et orphelins infortunés le peuplant devenaient intenables et frénétiques, une effervescence de laquelle je m'évertuais à me préserver. Néanmoins, je connaissais parfaitement ma capacité naturelle à me faire émouvoir par les émotions des autres, éponge involontaire de sentiments. Indubitablement, cette facette sensible de ma personnalité avait été justifiée par mon passé déroutant : un abandon négligé à quelques heures de vie, une existence à chercher sa place tout comme former son identité. Curieux était le qualificatif poli que la population me réservait, lorsqu'en réalité, j'avais rapidement compris que celui-ci rimait avec non recommandable et risée. Heureusement, les Sœurs de la Miséricorde avaient prouvé porter admirablement leur nom, m'élevant comme l'un des leurs, voire comme leur fils pour certaines d'entre elles. Et malgré ces interrogations créant des confusions et vides béants dans mon esprit, je persévérais sur la route de mon épanouissement, me focalisant sur ce que j'aimais et ce que je savais faire, tout en conservant quelques secrets.
Communiquer avec les esprits en faisait (péniblement) partie. J'avais conscience que cet art était sévèrement banni par l'Église et ainsi, je m'appliquais à dissimuler tous les vecteurs que je possédais et exploitais pour échanger avec le surnaturel. Je recueillais néanmoins un profond réconfort à requérir des réponses de l'au-delà : une sorte de réconfort, un guide salutaire. Parfois, j'en réalisais un parallèle avec la religion : quand les Sœurs se remettaient à Dieu, pour ma part, je me remettais à ces forces de l'au-delà attribuées au Malin. « Eh… » Je sursautais légèrement bien que je restais concentré sur ma brède mafane dont la croissance me réjouissait. Une plante de Madagascar qu'on m'avait jugé bien fou d'implanter dans le jardin botanique lorsque je me l'étais procurée d'un personnage saugrenu quelques mois plus tôt. Finalement, un carré m'avait été dédié pour mes expérimentations, ce qui me ravissait et nourrissait mon ambition d'y faire pousser des plantes des tous les continents, pour ensuite en faire des médicaments et étudier leurs indications, effets secondaires et biodisponibilité. « Tu t’souviens de moi ? » Je décrochais enfin mon regard du végétal pour le poser sombrement sur mon interlocutrice. Le silence nous enveloppa, avant que la jeune femme ne le rompe de nouveau : « On dit que tu sais parler aux esprits… » Un sourire mystérieux naquit sur mon portrait. L'intérêt, moteur souvent principal. « A qui souhaites-tu parler, Siham ? » Son désir devait être ardent pour qu'elle désobéisse à son père, pensais-je. Cependant, je restais méfiant. Je ne voulais pas risquer l'excommunication selon les desseins de la Fowler.
Dernière édition par Kai Luz le Lun 6 Nov 2023 - 1:25, édité 1 fois |
| | | | (#)Ven 13 Oct 2023 - 12:28 | |
| L’orphelin quitte des yeux sa plante qu’il regardait comme quelques chose de pure et qu’il fallait protéger plus que tout. Siham avait compris, ces quelques derniers jours, à quel point la nature pouvait être riche, à quel point elle était vitale pour chaque être humain et à quel point elle pouvait être puissante. Son regard sur le monde avait changé plusieurs fois en quelques temps. Premièrement, depuis cette malédiction, elle avait changé de manière radiale, dans le sens où elle n’avait plus foi en rien, plus confiance en personne. La fatalité. Puis, elle avait de nouveau changé ou plutôt, évolué, avec la mort de son père. Elle avait perdu la seule personne qui comptait à ses yeux et pour qui elle aurait pu tout sacrifier. Puis, une fois de plus, lorsqu’elle avait compris. Lorsque tout était devenu plus clair pour elle, ce monde avait changé, mais il pourrait encore se transformer. Elle était une sorcière et ce don de la nature, malédiction ou bénédiction, elle avait décidé d’en puiser toutes les forces pour l’espoir d’un monde à nouveau meilleur. Mais avant ça, elle savait qu’il n’y aurait pas de changement sans un bain de sang, sans que les ténèbres ne fassent de sacrifices. Les sacrifices, au nom de la liberté. La mort, au nom de la vie. « A qui souhaites-tu parler, Siham ? » il se souvenait donc, il savait donc qui elle était ou alors, il était aussi doté d’un don, celui de la clairvoyance. Les fous, ce qu’on prenait pour des fous ne l’étaient plus réellement à ses yeux. Elle-même, on pourrait l’assimiler à un danger à présent, à une marginale. Se protéger était son cheval de bataille. Vivre cacher pour vivre heureux, c’est donc ça ? Devait-elle dissimuler toutes ses intentions et se méfier pleinement de cet homme ? L’orphelin qui n’avait jamais eu de parent se contenterait-il d’une jeune femme qui souhaitait simplement s’adresser à sa mère ? Et qu’allait-elle bien pouvoir lui dire ? Allait-elle jeter sa fille en pâture en dévoilant son plus grand secret ou allait-elle être bien plus subtile que cela ? Amalia Isabel savait surement comment mettre sa fille ne sureté. « J’ai besoin de m’adresser à ma mère… » elle lâcha, triste de devoir faire un choix en délaissant son paternel. « Je sais qu’elle m’accompagne chaque jour durant, mais j’ignore comment me lier à elle… » |
| | | | (#)Dim 15 Oct 2023 - 23:12 | |
| « J’ai besoin de m’adresser à ma mère… » Je fronçais doucement les sourcils, ma curiosité derechef aguichée. « Je sais qu’elle m’accompagne chaque jour durant, mais j’ignore comment me lier à elle… » Je soupirais discrètement puis reportais mon attention sur mes plantes médicinales. Mon regard passa du néré et du souchet d'Afrique au gingembre bleu et au bois de rose de l'Océanie. Je répertoriais les vertus et effets secondaires de chacune d'elle tout en rêvant de m'évader ou de me procurer des plantes d'autres continents dont je ne disposais pas encore via des vendeurs itinérants. Par exemple, j'ambitionnais de fouler le sol de la Roumanie, en Transylvanie, pour recueillir du leurda et de l'arnica, ou encore d'errer en Allemagne pour y récupérer du cumin des près et de la camomille. J'aurais pu demander aux esprits en priant les oracles si de telles destinations figuraient dans mon avenir mais mon instinct me dictait de ne pas solliciter les forces de l'au-delà à ce sujet. Il fallait faire bon usage de ce genre de connexion, ne pas en abuser par cupidité ou excentricité. Cependant, Siham, elle, réclamait qu'un tel pouvoir soit mis en application.
« Qu'est-ce qui me dit que je peux te faire confiance ? » Elle pourrait déblatérer sur mes compétences surnaturelles et mon avenir se réduirait à fatal un bain de sang. Je plongeais mes mains dans mes poches, mes doigts heurtant la lame d'un scalpel en argent pur qui y reposait, soigneusement recouverte d'un écrin afin que je ne me blesse pas contre elle, outil qui me servait à sectionner les parties des plantes qui m'intéressaient. « Pourquoi voudrais-je t'aider ? » Mis à part le désespoir timoré de la jeune femme, auquel je ne répondais pas spécialement, n'étant pas atteint du syndrome du héros ou que sais-je. J'avais vu trop de sang couler à cause de la bonté d'Autrui doublé d'un manque cruel de discernement et même si j'avais été élevé par des religieux, les notions d'amour et de partage n'avait pas su entièrement déteindre sur moi. |
| | | | (#)Lun 16 Oct 2023 - 20:52 | |
| « Qu'est-ce qui me dit que je peux te faire confiance ? » absolument rien. Elle n’avait davantage que sa parole pour lui jurer loyauté et en même temps, elle n’avait pas envie qu’il soit au courant de son plus grand secret. Pour autant, pouvait-elle se permettre de lui demander un tel service sans faire un effort en retour ? Quel était le prix pour s’adresser à l’haut dela, quand on savait que les contacts entre les morts et les vivants n’ont jamais rien de bons pour l’univers. Cette malédiction en était la preuve directe. Elle suivait du regard la main de Kai qui se plongeait dans la poche de sa veste. Elle fronçait les sourcils, se demandant ce qu’il allait en sortir, se demandant s’il avait une arme ou quelques chose qu’il pourrait utiliser contre elle. Il avait toujours cette plante au creux de son autre main, était-elle inoffensive ou pourrait-il s’en servir contre elle également ? Cette méfiance sans égale était épuisante, quotidiennement. Le scalpel qu’il en sortait était il une menace ou un signe pour lui dire que si elle tentait quoi que ce soit contre lui, il saurait se défendre ? Elle restait à distance. Elle ne lui connaissait aucun travers pervers ni vicieux, mais dans les temps qui courent, il ne fallait jamais croire que personne ne pouvait changer. Les plus simples d’esprits pouvaient devenir les pires créatures sanglantes et manipulatrices. « Pourquoi voudrais-je t'aider ? » elle se posa la question cinq fois de suite dans sa tête. Pourquoi le ferait-il ? Il n’en avait aucune raison, elle n’avait rien à lui offrir en échange. « de quoi as-tu besoin ? » parce qu’elle était prête à tout pour un simple contacte avec sa mère. « Cette malédiction nous menera tous à notre perte, et je suis persuadée qu’elle pourra me donner des réponses… » ses propres réponses à vrai dire. « Un pas vers la libération, la fin de l’éclipse et la vie à nouveau… que deviendront toutes ces plantes sans la lumière du soleil ? » sans lumière, plus de vie.
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| | | | (#)Mar 17 Oct 2023 - 17:11 | |
| Kai toisa quelques instants son interlocutrice avant de reporter son attention sur ses plantes. Assurément, la demande de Siham immisçait en lui nombreuses réflexions mêlées amèrement à des doutes sordides. Intrigante, la Fowler avait su néanmoins piquer sa curiosité par son vœu de communiquer avec sa mère. La raison d'une telle démarche composait un mystère que le brun désirait ardemment élucider. Une personne comme Siham devait posséder des raisons fondées, profondes et déterminées pour se tourner vers les morts avec tant de détermination.
Zigzagant parmi les allées de plantes, le botaniste se freina quelques instants lorsque Siham lui demanda ce qui l'intéressait - son prix, en quelque sorte. Kai n'était néanmoins pas intéressé par l'argent, seul la connaissance. Aussi, il était avare de partager ses liaisons avec les esprits, celles-ci n'étant pas gratuites en termes d'énergie et de justesse de réponse. Inutile de souligner que l'orphelin ne souhaitait pas perdre ses rapports privilégiés avec l'au-delà ni fournir des réponses erronés à Siham, berné par un esprit malin. Le garçon n'était certes pas jugé recommandable, il en demeurait quelqu'un d'honnête.
Un argument féroce s'extrait de la bouche de Siham lorsqu'elle fit le lien entre sa mère et la nuit perpétuelle. Zénith de la persuasion du Luz, elle rappelait aussi le besoin de lumière pour ses plantes choyées. Kai soupira avant d'articuler : « elles périront comme les Hommes deviendront fou. » Amputés de soleil, le Luz ne donnait en effet pas cher de l'humanité. Incisant une plante à la verticale, le vingtenaire reprit la parole : « comment ta mère aurait-elle un pouvoir sur cette éclipse ? » Les pupilles sombres de Kai se rivèrent sur Siham avant qu'il ne précise : « dans ma grande munificence, je pourrais t'aider mais trois choses me seront nécessaires pour joindre ta mère. » Un silence suivi d'une nouvelle parole : « la première est un pacte entre nous deux. » Zut, il a besoin d'assurance. |
| | | | (#)Mar 17 Oct 2023 - 21:49 | |
| « elles périront comme les Hommes deviendront fou. » Siham savait qu’elle avait vu juste en mettant sous la lumière les plantes qui n’en avaient plus. Elles semblaient être si chère pour le jeune homme que la menace qu’elles meurent toutes devaient être suffisamment motivante pour qu’il accepte la requête de la sorcière. Et si l’humanité étaient emportée, à cause de sa folie, dans un monde sombre et funèbre, les plantes n’avaient rien demandé, ni la terre sur laquelle ils erraient. « comment ta mère aurait-elle un pouvoir sur cette éclipse ? » elle sentie le regard du jeune homme se poser sur elle, elle releva également les yeux pour viser ses pupilles. Elle n’était pas bien sûre d’avoir réellement une réponse à cette question. « dans ma grande munificence, je pourrais t'aider mais trois choses me seront nécessaires pour joindre ta mère. » Elle fronçait les sourcils, curieuse de savoir quelles étaient ses conditions. « la première est un pacte entre nous deux. » elle hocha la tête. « Dis m’en plus ? » elle en attendait plus, mais l’orphelin jouait le mysterieux et se faisait désirer. Que pouvait bien vouloir signifier ce pact qu’il voulait faire avec elle et que pouvaient être ces deux autres choses dont il parlait ? Avant qu’il ne poursuive, Siham se sentait comme redevable de lui en dire plus, elle culpabilisait déjà de lui dissimuler des informations indispensables pour aller plus loin, et peut être allait elle lui prouver qu’elle pouvait être digne de confiance. « Le jour de la mort de mon père, j’ai trouvé un grimoire dans sa chambre… » qui lui était tombée sur les pieds, plutôt. Elle ignore où il pouvait bien être rangé depuis tout ce temps. « Il appartenait à ma mère. » un grimoire de sorcière, sans doute inutile de le préciser. le livre légué libéra les légendes lointaines. « je pense qu’elle peut m’aider et me dire comment et pourquoi elle m’a transmis ce livre, pourquoi maintenant, pourquoi pendant cette éclipse… j’ai besoin de savoir ce qu’elle attend de moi. » |
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