(dovercourt center) Il a souvent repensé à Matt depuis son retour de Cuba, où il a passé sa lune de miel, quelques mois après son mariage. Ils voulaient attendre de profiter pleinement de Robin avant de partir seulement tous les deux, mais ils ont pleinement profité de ce nouveau pays et de tout ce qu’il avait à leur offrir, à commencer par les plages à perte de vue et les vagues impressionnantes. Le paradis des surfeurs. Swann l’aurait qualifié comme son propre paradis aussi, il y a peu de temps de ça, si tout son corps ne se figeait pas à la simple évocation du surf. Depuis qu’il a perdu son frère alors qu’il était simplement parti s’amuser durant un après-midi, le blocage est profond et intense. Il l’était jusqu’à ce moment, du moins, puisqu’il a fini par remonter sur une planche, sous le regard aimant et empathique de son mari, lui qui connaît toute l’histoire dans ses moindres détails.

« Je suis sûr que Noah peut surfer des vagues plus hautes que ça. » La voix lui parvient avec l’éternel même écho enjoué, et ce peu importe le sujet abordé. Ce n’est pas un reproche que son frère lui fait là, mais c’est sa façon à lui de pousser son cadet à donner le meilleur de lui-même, encore et encore. « Tu veux que j’aille le chercher pour te le prouver ? NoaAAaaAAh !! » Ses questions n’attendent même pas de réponse de sa part et il impose son regard brillant autant que son sourire Colgate à un Swann qui ne sait pas quoi faire ni quoi dire, la bouche grande ouverte à cause de la stupeur. Il n’y croit pas, mais il veut tellement y croire. Les sentiments s’entrmêlent dans un paradoxe duquel il aimerait ne jamais sortir. « Tu lui as fait répéter et tu lui as dit de me dire qu’il a appris “tout son talent de surf du meilleur tonton, aka Mattie Matt McGrath ? » - « Yep, évidemment. » Evidemment. Il reconnaît ses manigances à la seconde où elles sont exposées, et il ne s’en veut même pas de les avoir fomentées. Du Matt tout craché, qui n’impose pas davantage sa présence à Swann, qui retourne plutôt sur sa planche pour appréhender la prochaine vague et nager un peu plus au loin. « Hey, Swann ! » Couché sur sa planche, il se retourne une dernière fois en direction du brun. « Tu fais un bon boulot mate. » Et de ponctuer sa phrase de deux pouces en l’air, comme à son habitude.

Il s’est réveillé en sueur mais étrangement heureux. Swann ne sait pas s’il a adoré rêver de son frère ou s’il a détesté l’idée qu’il semble si réel et juste devant lui, mais il se relève finalement avec un mince sourire accroché aux lèvres. Dans ses yeux se lisent encore une certaine émotion, celle qu’il éprouve toujours quand le sujet est abordé, mais grâce à cet instant particulier il nourrit un peu plus l’idée de reprendre une planche de surf et de monter dessus, à nouveau, à Brisbane. Matt n’aurait jamais voulu être la source d’une telle phobie chez lui et, surtout, il s’en serait terriblement voulu que ce soit le cas. « Bonjour mon coeur. » sont les premiers mots qu’il prononce en se baissant pour attraper Robin lovée dans ses couvertures au creux de son berceau. Rory, lui, est parti quelques minutes plus tôt sans que Swann ne l’entende se lever, sans doute un peu trop préoccupé par son rêve. « On a un programme chargé toi et moi, aujourd’hui. » L’anglais le lui annonce comme si elle était apte à comprendre ou même à répondre, mais il le fait avec un véritable entrain, le même avec lequel il lui prépare son biberon et lui choisit sa tenue pour l’activité de bébés nageurs, trouvée sur le tard mais qu’il a jugé intéressante.

* * *

« Comment ça la piscine est fermée aujourd’hui ? » Il fronce les sourcils et fait passer son regard de Siham au garde de la sécurité. Il est certain de la date du rendez-vous autant que de l’heure, et se retrouve donc particulièrement pantois, à ne plus savoir comment réagir face à l’annonce: fermé. Totalement fermé. Pas de bébé nageurs, ni aucun nageur. Il garde Robin au calme tout contre lui, cette dernière étant maintenue par l’écharpe porte-bébé pour laquelle il a encore parfois un peu de mal à se souvenir de l’ordre des gestes à exécuter. « C’est loin du programme initial mais j’avais prévu d’aller dans un centre ensuite, si jamais… Enfin, ça incluait un bébé exténué qui dormait dans la poussette, donc je suis pas sûr de la perfection du plan, mais c’est mieux que rien. » Et Siham aimera sans doute l’idée de se sentir utile à quelqu’un. Après tout, il n’en sait rien, et il doit bien avouer ne pas réellement la connaître ; ce serait l’occasion.

 « Comment ça la piscine est fermée aujourd’hui ? » la motivation de Siham pour venir a ce bébé nageur était proche de zéro alors de savoir qu’elle avait fait le déplacement pour rien… elle regarda Swann et lui en voulait presque de lui avoir forcé la main pour participer à cette activité. Dali dans sa poussette semblait ne pas être perturbé par cette annonce, il n’avait sûrement même pas capté qu’il devait faire trempette dans le programme prévu initialement. Siham lui avait même-t-elle dit ? Elle partait du principe qu’il ne comprenait rien et que lui parlait revenait à parler a un mur. Si ce n’est quelques mots par jours, elle n’adressait que rarement la parole à son fils. Elle essaiera le jour où il serait capable de lui rendre la pareille. Bientôt… bientôt.


Bon, et maintenant ? Prête a faire demi tour toute, machine arrière, le jeune homme l’interpella. «  C’est loin du programme initial mais j’avais prévu d’aller dans un centre ensuite, si jamais… Enfin, ça incluait un bébé exténué qui dormait dans la poussette, donc je suis pas sûr de la perfection du plan, mais c’est mieux que rien. » un centre de ? Elle avait sûrement manqué d’attention et peu importe finalement la proposition, elle partait du principe que c’était toujours mieux que de rester en tête à tête avec son fils. Siham avait besoin d’avoir des relations avec des personnes adultes et Swann semblait cocher cette case. « De toute façon, j’avais pas eu le temps d’epiler mes jambes. C’est pas plus mal. » bon en réalité, elle s’en moquait, poil ou pas poil, elle ne ressemblait pas a un loup pour autant.  « C’est quoi ce centre en question ? » Oui, ça voulait tout et rien dire a la fois. « figure toi, que j’ai pas mal de temps devant moi… » ça voulait donc dire oui.

« De toute façon, j’avais pas eu le temps d’epiler mes jambes. C’est pas plus mal. » La remarque est loin de tout ce à quoi Swann aurait pu s’attendre et cela le fait rire, réaction largement aidée par le fait qu’il soit pris de court par les mots de la jeune femme. Il lui tend un regard de biais, bien incapable de se formaluser d’une telle question. Au contraire, le sourire persiste et s’imprime sur ses lèvres, largement aidé par la présence de Robin contre lui, sa fille dont il replace les maigres mèches de cheveux fins et éparses. Il mentirait s’il disait ne pas avoir déjà regardé des centaines de vidéos pour apprendre à coiffer sa fille. « C’est quoi ce centre en question ? » Et c’est sans doute un peu trop tard qu’il se rend compte n’avoir donné aucune précision. Effectivement, à bien y repenser, le mot était particulièrement vague. « Figure toi, que j’ai pas mal de temps devant moi… » - « Tu acceptes sans même savoir ? » Il est etonné sans juger, au contraire il admire une audace qu’il n’aurait pas. Qu’il n’a pas lorsqu’il est avec sa fille, du moins, parce qu’il a été du genre à prendre des décisions sur le vif, surtout à l’adolescence. Aujourd’hui, il s’est assagi, et il a appris à anticiper les conséquences de ses possibles actes avant de prendre des décisions. De toute façon, et bien qu’il soit le seul des deux à connaître la proposition exacte, il sait qu’elle n’implique rien de négatif.

« J’ai vu passer une annonce pour une recherche de bénévoles au Dovercourt Center. » Il n’a pas envie de s’engager pleinement dans une association et surtout pas d’avoir des gens qui comptent sur lui, mais l’idée d’aider ponctuellement a cependant tout pour lui plaire. Cela le sort de son quotidien sans en faire de même avec sa zone de confort, et cela permet aussi à Robin de voir autre chose et de s’acclimater au monde qui l’entoure, l’une des peurs de l’anglais se résumant à l’élever dans une sorte de prison dorée. « C’est pour confectionner des repas, je crois. Ou aider au service. Les deux, peut-être, je me souviens plus exactement. Mais c’est une aide ponctuelle et ça n’oblige à rien. » Pas même à rester une certaine période de temps donnée, si jamais elle se rend compte que l’activité n’est pas pour elle ou même que Dali ne s’y sent pas bien. Il comprendrait sans mal, et il ne veut pas la forcer à participer à une telle activité, évidemment. Gamin, néanmoins, il aurait sans doute aimé connaître quasi asilaire de sa mère, à supporter ses psychoses quand il ne devait pas le faire avec ses absences. Il ne sera pas ce genre de parent, et il fera de son mieux pour aider les autres, loin pourtant d’être un professionnel en la matière. L’éducation de sa fille sera lacunaire, évidemment, mais il a à coeur qu’elle le soit aussi peu que possible. « On peut aller y faire un tour et aviser ? Je suis sûr que Dali donnerait le sourire à tout le monde, là-bas. » Et Robin aussi, évidemment, mais puisqu’elle semble peu à peu trouver le sommeil contre son torse, il ne prononce pas son prénom pour la laisser en paix.

« Tu acceptes sans même savoir ? » A vrai dire, Siham était preneuse de tout ce qui pourrait lui faire passer du temps en dehors de chez elle. Tout ce qui pourrait lui occuper l’esprit et donc, même les propositions les plus vagues, lui semblaient être de bonnes propositions. Elle hocha la tête, attendant donc plus de précisions. Siham n’était pas quelqu’un à qui l’inconnu faisait peur, elle n’était pas du genre à se faire du souci pour un oui ou pour un non - Sauf quand l’inconnu s’appelle : être une mère, mais c’est un sujet bien trop complexe pour être développé et pris en compte.


« J’ai vu passer une annonce pour une recherche de bénévoles au Dovercourt Center. » Du bénévolat donc. C’était bien loin du moment détente - qui ne l’aurait pas été pour elle, elle en était sûre - que proposait la piscine. Mais elle connaissait le Dovercourt Center pour tous les projets qui s’y passaient. Lors de l’ouverture, le centre avait proposé à sa promotion étudiante de gérer toute leur communication. Siham connaissait donc très bien le sujet, elle se rappelait même du projet. Il s’agissait d’un tiers lieu, un rassemblement d’association et de projet ouvert sur l'extérieur, qui se veut inclusif et alors, elle estimait que pour la peine, elle n’avait pas à en savoir plus, rien que d’avoir évoqué le centre était un bon argument.  
« C’est pour confectionner des repas, je crois. Ou aider au service. Les deux, peut-être, je me souviens plus exactement. Mais c’est une aide ponctuelle et ça n’oblige à rien. » Pietre cuisinière, la jeune femme riait déjà à l’idée de venir apporter son aide dans un domaine où elle était capable de s’intoxiquer elle même. Mais si on lui disait comment s’y prendre, elle devrait être une bonne exécutante.


« On peut aller y faire un tour et aviser ? Je suis sûr que Dali donnerait le sourire à tout le monde, là-bas. » “ Ca pourra pas me faire de mal. Par contre, si on me demande de gérer une cuisine pour 100 personnes, je suis pas sûre d'être la meilleure personne placée. J'ai déjà du mal à cuire correctement des pates. ” toujours trop cuites ou trop croquantes. Mais Siham savait que côtoyer de nouvelles personnes, faire des rencontres et avoir le sentiment de se rendre utile aux autres, c’est ce qui lui faisait du bien. Siham était quelqu’un de sociable, son travail à l’épicerie lui rendait bien, elle était chaque jour au contact de personnes venant de tout horizon et tout milieu social, elle aimait être serviable. Le seul soucis dans ce travail était le faible salaire qu’elle percevait et son patron, mais ça, pour le moment, elle ne pouvait pas y faire grand chose.


S’approchant du centre, elle remarqua les décorations d’Halloween et souriait, cette periode lui plaisait particulièrement. “Oh” de voir ce squelette dans la vitrine lui rappelait un rêve - ou un cauchemar - qu’elle avait fait il y a quelques mois déjà. “ Pardon… mais, tu vois...” elle montra avec un furtif coup de menton, vers le squelette en question. “ J’ai rêvé de ça, y a pas longtemps. J’étais adolescente, en cours de science et y avait Oscar dans le fond de la salle. Je rangeais mes affaires, prête à partir, quand j’entendais quelqu’un me parler dans le fond. Pourtant, j’étais toute seule. Et quand je me suis retournée, il était là, juste derrière moi. Il avançait vers moi et je crois qu’il tenait dans sa main… un… tu sais, les couteaux?” elle cherchait ses mots. “Un scalpel ! Et il était hyper menaçant, il a réussi à me tenir par les mains et il voulait me mettre des coups à plusieurs reprises dans le ventre…” Siham regarda Dali et soudainement, avait l’impression de comprendre et de faire le lien. Ce rêve était venu peu de temps après son accouchement.
Elle poussa la porte du centre pour laisser passer Swann et Robin. “ A toi l’honneur…”

“Ca pourra pas me faire de mal. Par contre, si on me demande de gérer une cuisine pour 100 personnes, je suis pas sûre d'être la meilleure personne placée. J'ai déjà du mal à cuire correctement des pates.” Il sourit tendrement, touché par le personnage qu’elle représente, avec le tout jeune Dani dans sa poussette. Pourtant, il est certain qu’ils trouveront un poste où elle se sentira à sa place et qu’il ne sera même pas question de cuire des pâtes si ce n’est pas ce qui la met à l’aise. Elle a l’air de s’ouvrir aux gens une fois la première barrière passée, alors sans doute qu’elle serait plus heureuse dans le dialogue avec ceux qui viennent demander des repas. Quoiqu’il en soit, ce n’est qu’une proposition, et elle pourra toujours revenir sur son choix quand elle le voudra. « On trouvera, t’en fais pas. » Il lui assure donc verbalement, sans chercher à préciser davantage ce qu’ils pourront faire au centre, par souci de ne pas la faire stresser pour rien.

Sur le chemin qui les mène jusqu’au centre, ils passent à pied devant de nombreux magasins qui arborent déjà les décorations de Noël, au plus grand dam de l’anglais qui ne voit pas le temps passer. Plus que jamais, il a l’impression que le temps s’écoule bien plus rapidement qu’il le devrait. « Je suis tellement frustré de déjà voir toutes les décorations de Noël. J’adore cette période, surtout parce que mon mari l’adore vraiment de son côté, mais j’ai du mal à me faire à cette idée alors qu’Halloween est même pas passé. J’ai hâte d’habiller Robin avec une tenue de loup-garou même si on quittera sûrement pas la maison, mais tu sais, juste pour marquer le coup. » Il commente avec une nostalgie anticipée, et une certaine émotion à la voir fêter son premier Halloween, tout comme son premier Noël qui suivra rapidement ensuite. « Je trouve que tout le monde veut toujours trop anticiper, et les fêtes perdent leur charme à cause de ça. Et c’est sans parler de Noël sous un soleil de plomb, je trouve au moins qu’Halloween était exempté de ça en Australie. Et puis, la fête n’a pas la reconnaissance qu’elle mérite, regarde comme elle est déjà oubliée avant même le trente et un. » Et il ajoute finalement un souffle à son monologue sans nul doute inutile. Il se sent surtout stupide d’avoir épilogué sur un tel sujet lorsque Siham finit par lui confier son rêve suite à ça ; et qu’il n’a aucun mal à comprendre qu’il est appuyé sur une certaine base de véracité. « T’es en sécurité maintenant. » Avant qu’ils rentrent dans le centre, il souffle ces quelques mots avec un sourire délicat. Elle mène une toute nouvelle vie, désormais. Une bien meilleure vie.

* * *

« On vient donner un coup de main pour le service. » Il propose d’emblée d’aider à servir plutôt que de donner du sien en cuisine, partant déjà du principe que lui et Siham resteront ensemble. « On a vu l’annonce alors… nous voilà. Avec des +1 pas très utiles. » Il parle des enfants avec un sourire amusé. Il serait bien incapable de formuler le moindre reproche sur sa fille, ou sur d’autres enfants, mais il faut bien avouer qu’ils ne risquent pas de les aider à servir le moindre repas et que leurs poussettes prennent un peu de place. « C’est la première fois qu’on vient, on va avoir besoin d’un petit topo. » Swann annonce finalement en posant brièvement son regard sur Siham. Si elle le sent bien, elle pourra aider à son tour, et si non il ne lui en voudrait pas s’il le faisait finalement seul.

Siham imaginait la petite fille dans une tenue de loup-garou pour la fête d’halloween et souriait. C’était sans doute peu commun pour une petite fille d’avoir un tel costume quand les parents pensaient avant tout à les déguiser en sorcière, petit chat noir ou citrouille. A cet âge là, on pensait davantage à quelques chose de mignon, pas quelque chose d’aussi terrifiant qu’un loup garou. Mais l’idée plaisait à Siham, de vouloir casser les codes. Elle regardait son fils et grimaça en pensant qu’elle n’avait même pas pensé à lui acheter de quoi fêter halloween. De toutes façons, qu’il soit en zombi, en vampire ou en loup garou également, il ne s’en souviendrait pas, alors à quoi bon ? A y réfléchir, c’est bien Hugo qui devait garder leur fils pendant cette fête et elle était persuadé que lui, avait déjà tout prévu. Qu’il allait surement faire des photos dans sa tenue d’enfant de la pleine lune et qu’elle serait bombardée de messages auxquels elle ne répondrait pas.
« Dans l’épicerie où je travaille… mon directeur m’a demandé de mettre des guirlandes et des décorations en rayon… je te comprends. » enfin, elle était surtout chagrinée par l’incohérence de l’épicerie fine italienne où des décorations made in china n’avait absolument pas leurs places. C’était dans une autre mesure, un autre débat. Mais elle était ravie de voir que le centre vers lequel ils se dirigeaient était encore décoré pour la fête monstrueuse qui approchait. Malgré le rêve qui lui revenait à l’esprit. « T’es en sécurité maintenant. » elle avait accueilli ces mots avec beaucoup d’apaisement. Elle trouvait Swann, de manière générale, qu’il dégageait quelques choses de très apaisant et une aura qui n’avait rien à voir avec le déguisement de loup qu’il avait prévu pour sa fille.

« On vient donner un coup de main pour le service. » elle restait en retrait, ayant l’impression qu’il savait à qui s’adresser même si il lui avait dit avoir vu une annonce plus tôt et qu’il s’était montré curieux. C’était sans doute sa façon d’être à l’aise qui lui paraissait naturelle. « On a vu l’annonce alors… nous voilà. Avec des +1 pas très utiles. C’est la première fois qu’on vient, on va avoir besoin d’un petit topo. » la présence des enfants semblait ne pas être si dérangeante, puisque de toutes façon, quatre bras venaient de débarquer de nulle part pour apporter leur soutient à la confection de ses repas. « On manque de bras surtout au service, en cuisine, c’est plutôt bien fourni. » Siham était presque soulagée de savoir qu’elle n’allait intoxiquer personne. « Vous pouvez déposer vos affaires par ici. » on leur désigna des petits casiers dans lesquels des effets personnels étaient déjà entassés, mais il restait un peu de place. « Et si jamais… juste à côté » d’un signe de la main, une autre porte était désignée. « y a un accueil pour les gamins. C’est pas une crèche, c’est une espèce de permanente pour les assistants maternels… » il haussait les épaules, pour signifier qu’il ne maitrisait pas totalement le sujet. « attendez. » il lâcha ses couverts pour aller frapper à la porte. Il s’adressait à une femme et revint en sa présence. « C’est Jordana, elle va prendre vos gosses pendant que vous êtes là, y a tout un tat d’truc la dedans pour les occuper. » même si Dali était sans doute bien trop petit pour être occupé à quoi que ce soit, et vu la taille de Robin, elle n’allait pas non plus faire un dessin pour son père en ressortant. Mais au moins, quelqu’un pourra veiller sur les deux enfants. « J’vais m’occuper d’eux, j’suis bien équipée. Musique, jeux de lumières, tapis d’éveil… » elle n’avait pas besoin d’argumenter davantage que Siham était convaincue à la seconde où on avait proposé que quelqu’un d’autre s’en occupe, peu importe comment. « Lui c’est Dali. » elle fit rouler la poussette jusqu’à la jeune femme et s’en saisi aussitôt. Siham laissait Swann prendre sa décision de laisser ou non sa fille à une inconnue.
« Le service commence dans une demi-heure, vous arrivez vraiment bien. Faut tout mettre en place, sur les tables qui sont là. Et puis après, c’est partie pour le grand rush. Mettez vous à la soupe et au pain, comme ca, vous serez pas bien loin. » Y avait plus qu’à, Siham suivait le jeune garçon qui semblait avoir tout juste la majorité et qui leurs montraient comment tout installer, jusqu’à ce que le premier bénéficiaire pousse la porte pour être servie. Siham à la soupe, Swann au pain. "B'jour, j'ai une faim d'loup aujourd'hui, ca fait deux jour qu'j'ai pas mangé." Siham tentait de se détendre, peu à l'aise avec les difficultés des autres, mais petit à petit, elle semblait prendre plaisir à faire ce qu'elle faisait et réussissait à se détendre.

Une fois à l’association, il se laisse guider par les flots et écoute les conseils des autres bénévoles déjà sur place, prêt à s’implanter là où ils auront le plus besoin d’aide. Et effectivement, les précisions ne tardent pas à venir, lesquelles poussent Swann à hocher de la tête avec conviction: « On manque de bras surtout au service, en cuisine, c’est plutôt bien fourni. » Et puisqu’il s’agit du genre de service où il va remplir des assiettes avec l’éternel même plat, encore et encore sans jamais bouger alors cela lui convient parfaitement. Il pourra toujours garder un œil sur Robin, et c’est la seule demande qui était sienne. Du reste, il promet de pouvoir s’adapter et, après avoir échangé un regard avec Siham, elle ne semble pas dérangée par la tâche qui vient de leur être allouée. « Vous pouvez déposer vos affaires par ici. » Il accepte de déposer ses quelques affaires dans le casier adéquat et fait basculer Robin dans sa poussette pour qu’elle soit un peu plus à son aise, et surtout plus confortable pour dormir. A son âge, il n’est pas question bien longtemps de devoir l’occuper tant le sommeil la gagne vite et à coup sûr.

« Et si jamais… juste à côté y a un accueil pour les gamins. C’est pas une crèche, c’est une espèce de permanente pour les assistants maternels… » Le regard de l’anglais se pose sur la crèche-qui-n’en-est-pas-une puis bascule de nouveau vers Robin, comme s’il allait sincèrement pouvoir recueillir son avis sur la question. On leur présente une certaine Jordana autant qu’une pièce totalement équipée pour occuper des enfants en bas âge - mais peut-être pas des nourrissons, qu’il note tout de même. Et si Siham n’hésite pas un seul instant avant de lui confier Dali, il n’en fait pas de même avec Robin, lui qui a besoin de bien plus de réflexion avant d’accepter de lâcher du lest en ce qui concerne sa fille. Il veille sur elle comme une louve sur son seul louveteau et il se demande ce qu’en penserait Rory, il se demande aussi ce qui pourrait mal se passer (et si des photos d’elle venaient à se retrouver sur internet ?). Sa réflexion prend la forme d’un long silence avant qu’il concède enfin, dans un souffle presque désolé. Il la couve trop, elle a besoin de grandir sans qu’il soit toujours sur son dos. Elle a besoin de voir d’autres personnes que ses parents, leur famille et sa baby sitter. Et puis il viendra vérifier qu’elle va bien toutes les demies-heures sans faute, alors il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter, et preuve en est alors qu’il est le seul à faire des montagnes d’un rien: combien de parents laissent leurs enfants chaque jour à la crèche ? « Robin va se joindre à vous. » Il annonce finalement, presque à contre cœur au moment d’amener à son tour la poussette jusqu’à la salle dédiée.

A nouveau concentré sur l’association, il prend une inspiration pour se changer les idées. « Le service commence dans une demi-heure, vous arrivez vraiment bien. Faut tout mettre en place, sur les tables qui sont là. Et puis après, c’est partie pour le grand rush. Mettez vous à la soupe et au pain, comme ca, vous serez pas bien loin. » Et c’est sous les ordres d’un gamin qu’ils procèdent donc, le tout tirant un sourire amusé à Swann qui se retrouve sans mal dans ce bal des chaises et des plats à remplir. Observer le sourire d’inconnus le rend heureux à son tour, et bien qu’il regrette toujours de ne pas avoir pu prendre part au plan initial, il est néanmoins soulagé que Siham se soit mêlé à lui pour cette idée toute différente mais ô combien gratifiante. Ce soir, au moins, il se couchera avec le sentiment du devoir accompli et il a l’impression que sa nouvelle amie en fera de même. « Une faim de loup tu dis ? Je crois que c’est mon état normal, ça. » Il s’en amuse, lui l’éternel affamé qui est aujourd’hui occupé à remplir la panse d’inconnus.