Abraham Taylor & @Tessa Mulligan

I should've known I'd leave alone, just goes to show that the blood you bleed is just the blood you owe. We were a pair, but I saw you there, too much to bear, you were my life but life is far away from fair. ☆☆

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(UA gothique) Il existait forcément une solution.
Un remède, une potion, un sortilège, un coup de balai magique ou Dieu savait quelle autre carte que les sorcières cachaient dans les manches de leurs capes pour se sortir des situations difficiles. Pour un chasseur, avoir recours à l’aide de ce genre de forces occultes était un péché auquel ne pas s’adonner, mais dont on usait parfois en se persuadant qu’éliminer une menace plus grande valait bien un moindre mal. Les sorcières n’étaient pas aussi mauvaises que les autres créatures de la nuit, elles ne laissaient pas derrière elles les cadavres sanguinolents de victimes innocentes, et savaient à l’occasion faire preuve de la compassion nécessaire pour servir la communauté. Ou au moins, c’était ainsi qu’Abe aurait pu décrire la seule sorcière dont il disposait dans son entourage, la jolie Tessa ne lui inspirant ni la crainte ni le dégoût que provoquaient chez lui vampires, lycans, goules et autres monstruosités. Dénuée de chapeau pointu et de cape en velours comme en singeaient certains livres, perdue au milieu des plantes médicinales, des livres de recettes aux allures de grimoires, son balai lui servant à débarrasser son échoppe de sa saleté bien plus qu’à chasser les esprits malins, la jeune femme rendait facile pour le Taylor d’oublier que la raison aurait voulu qu’il ne s’en approche pas. Elle lui avait sauvé la vie, un jour, et lui avait promis en retour de retrouver un jour la bête ayant réduit en charpie l’homme de sa vie. Mais le sauverait-elle à nouveau, aujourd’hui ? Aurait-elle entre les pages de ses grimoires le remède miracle qui le sauverait de la damnation éternelle à laquelle l’avait condamné la suceuse de sang dont il n’avait pas su se prémunir ? Rirait-elle sous cape de voir un chasseur pris à son propre piège, ou aurait-elle pour lui cette compassion qu’Abe lui associait depuis leur première rencontre, mais qu’il n’était pas certain de mériter ?

Chaque mètre parcouru en ville était pour le chasseur une torture. Jamais encore n’avait pris conscience d’à quel point Brisbane fourmillait de monde, les passants allant et venant désormais dans les rues sans plus se soucier que le soleil ne brille plus, l’ombre de leurs capes se reflétant sur le pavé sous la lumière de la pleine lune. Le coeur des plus jeunes pompait un sang dont le parfum l’enivrait au point de lui donner le tournis, la nuque dénudée d’une dame à la cape mauve et au chignon sophistiqué l’avait hypnotisé si longtemps que seul le passage d’un attelage trop près de lui l’avait sorti de sa torpeur – et persuadé de fuir avant de commettre l’irréparable. Il avait soif, il avait tellement soif, et sans qu’aucune des eaux de vie dont il raffolait jadis ne puisse rien pour l’aider. Ses canines réclamaient du sang, les doigts serrés sous sa cape ne rêvaient que de se planter dans la chair d’une proie qui ne pourrait pas lui échapper, et se traînant jusqu’à l’échoppe de Tessa avec la difficulté de celui dont le corps lui semblait être en train de fondre de l’intérieur, il avait poussé la porte avec la peur au creux de l’estomac. La peur de ce qu’il verrait dans le regard de l’apothicaire, mais aussi la peur de ce qu’il serait (ou non) capable de faire.

Car elle ne dérogeait pas à la règle, Tessa, pas plus que ne l’avait fait le prendre frère d’Abraham avant elle : malgré toute l’affection et le respect qu’il lui portait, sa première pensée en poussant la porte n’avait été que pour l’odeur divine du sang qu’il entendait s’élancer dans ses veines au rythme de son palpitant. Boum-boum, boum-boum. « Je ne m’attendais pas à ta visite Abraham. Tu choisis un horaire bien plus tardif d’habitude. » Boum-boum, boum-boum. « Qu’est-ce qui t’amène ici ? Quelque chose te tracasse ? » Boum-boum, boum-boum. Le dos appuyé contre la porte, dont il refusait pour l’heure de s’éloigner, Abe observait du coin de l'œil la chorégraphie mille fois répétée de l’apothicaire dans sa boutique. « J’ai besoin de ton aide. » avait-il finalement soufflé d’une voix rauque, le visage à demi dissimulé sous le haut de sa cape, et la silhouette toute entière se fondant dans la pénombre qu’offrait le faible éclairage du commerce. « Mais tu dois promettre de ne pas crier. » S'obligeant à ne pas respirer par le nez en désespoir de cause, chaque centimètre qu'il faisait en direction de Tessa étant une torture supplémentaire, le Taylor avait fait tombé la capuche et mis à découvert le visage blaffard qu'il y cachait. Volée sur une corde à linge peu après sa confrontation avec son frère, la cape sous laquelle il se cachait camouflait encore le sang séché des animaux dont il s'était repu à contre-coeur, leur goût âcre et amer ne semblant être là que pour lui rendre celui de ses congénères plus attirant, enivrant. « Ça aurait pas dû arriver, j'ai jamais voulu ça … » Ça, devenir une bête, devenir un monstre camouflé sous la cape d'un gentilhomme – en avait-il seulement été un, lui dont la vie se résumait aux armes qu'il maniait et aux créatures qu'il achevait avec ? « J'ai l'impression de devenir fou Tessa, je t'en supplie, j'ai besoin de toi … Je veux pas rester comme ça, je veux pas devenir un … » Incapable de prononcer le mot qui lui brûlait les lèvres, Abe avait senti ses canines piquer le bout de ses lèvres, et relevé le capuchon de sa cape en détournant le regard. Il avait tellement soif, il avait tellement mal.

Abraham Taylor & @Tessa Mulligan

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Élevé dans la crainte de toute ce qui ne serait pas humain, et acquis à la cause que tout ce qui s’éloignait de l’homme tel que décrit dans les saintes écritures se devait d’être combattu sans relâche pour empêcher les ténèbres d’engloutir la population toute entière, Abe goûtait là au châtiment ultime. Un châtiment dont celle à avoir planté ses canines acérées dans sa gorge savait qu’il serait aux yeux du chasseur bien pire que la mort, car s’il craignait cette dernière elle faisait partie du lot de tout chevalier tentant de se dresser armes à la main contre les forces obscures. Alors bien sûr, bien sûr qu’Abraham Taylor n’avait pas voulu cela, et la malédiction abattue sur lui n’avait pas aussi fait disparaître son reflet, sans doute aurait-il été le premier à s’horrifier de voir la bête qu’il était devenu. « Oh Abe ... » La lueur des bougies projetant son ombre contre les murs de la boutique, le chasseur avait baissé la tête, et tiré sur la capuche comme pour camoufler un peu plus ce que la pénombre seule ne suffisait plus à dissimuler. « Et le chasseur devint la proie. » Murmura-t-il finalement d’un ton amer, les épaules lourdes de la fatalité qu’elles lui semblaient porter désormais, défenseur de la vie et de la lumière aujourd’hui enchaîné aux affres de la nuit.

Mais la proie de qui ? La proie de quoi ? Quand chaque silhouette croisée au détour d’une rue ou à la faveur d’une route depuis des jours lui semblait en être une, de nature à réveiller des instincts de prédateur sans aucune commune mesure avec la traque méthodique que l’on se transmettait dans la famille depuis des générations comme un savoir-faire ? Boum-boum, boum-boum. Oh, Seigneur Tout Puissant. « Comment s’est arrivé ? Depuis quand ? » S’armant de silence pour secouer la tête, sans que l’on sache bien s’il tentait de balayer les questions ou le bruit régulier du cœur qu’il entendait battre presque aussi fort que s’il s’agissait du sien, Abe avait fini par avouer du bout des lèvres. « Je ne sais pas. Tout est flou. J’étais dans la forêt, je me suis réveillé et … Je ne sais plus. La lune ne s’est jamais couchée depuis, j’ai l’impression que ça dure depuis des jours … Je crois que je deviens fou. » Ou bien était-ce la lune qui devenait folle, refusant de céder sa place au soleil et faisant régner sur la ville un soir d’éternité ? « J’étais en chasse, c’était comme toutes les autres fois … Une proie facile. Je sais pas. » Une proie trop facile. Une proie qui n’en était pas une, ou qui simplement n’était pas celle que l’on croyait. « C’était moi … » Oui, Abraham. « C’était moi, la proie. » C’était lui, chasseur imprudent pris dans la toile d’une succube qu’il avait eu le tort de sous-estimer.

Avançant d’un pas, Abe avait été interrompu par l’imperceptible mouvement de recul qu’avait eu la sorcière à son égard, la douceur dans la voix de Tessa tranchant avec la mise en garde posée sans appel à son égard : « Abraham ... Mon fils est ici ... Est-ce que je dois craindre pour sa sécurité ? Je n’ai aucune envie d’en arriver là, mais tu sais que si tu ne me laisses pas le choix, je n’hésiterai pas une seule seconde. » Des années maintenant que la jeune femme n’avait plus eu peur de lui. Qu’elle avait trouvé confiance en la décision du chasseur de protéger son secret, de taire auprès de ses pairs la nature réelle de son existence, comme le témoin silencieux d’une affection que le Taylor avait développé à l’égard de celle qui jadis n’était que la femme d’un ami. « Je ne … » Il ne ferait jamais de mal à un enfant, encore moins au sien. C’était ce qu’il voulait répondre, c’était ce qu’il pensait, et malgré tout … Malgré tout les mots ne parvenaient pas à quitter sa bouche, et se terraient dans la noirceur de sa gorge, comme pour le prémunir d’une promesse qu’il n’était plus certain de pouvoir tenir. « L’ombre qui t’entoure me glace ... est-ce que ... Tu t’es nourri ? » La brûlure de la question le piquant d’un coup, la créature avait fait volte-face et tourné le dos à son interlocutrice pour aller se terrer dans un coin de la pièce, sa main cadavérique allant frapper les livres d’une étagère dans un accès de colère aussi fugace qu’irrépressible. « Je n’ai tué personne ! » Seulement des animaux. Mais pour combien de temps ? Nul besoin qu’elle ne pose la question pour qu’il s’en saisisse, et la gorge se serrant d’une envie de pleurer sur son propre sort, il avait laissé échapper dans la pénombre un sanglot qu’aucune larme ne pouvait plus venir accompagner. « Use de ta magie, sorcière. Avant que je ne sois damné. » Devait-elle ne plus être que cela, désormais, si lui n’était plus dans son regard qu’un monstre dont il fallait protéger la chair de sa chair ? Avait-elle seulement tort de le faire ? Sans doute que non, et d’y penser le vampire s’était remis à sangloter en silence.

Citation :

WIN – rien ne se passe, profitez ça ne va pas durer.

SO CLOSE – la clochette au-dessus de la porte se met à tinter : un client entre dans la boutique en quête d’herbes médicinales, et ne semble pas (encore) avoir remarqué l’ombre lugubre du vampire dans le coin de la pièce.

FAIL – le petit garçon envoyé par sa mère vaquer à ses occupations fait irruption dans la pièce, son odeur et les battements vifs de son petit cœur hypnotisant le vampire et rendant difficile pour ce dernier d’en détacher le regard. Boum-boum, boum-boum.

Abraham Taylor & @Tessa Mulligan

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@Noor Guerrero

Abraham se retrouvait victime de ses propres faiblesses, puni au-delà de ce que quiconque aurait mérité pour des péchés que tout le commun des mortels avait un jour commis. Il n’avait pas besoin que son face-à-face avec Anna Constantine lui revienne dans les moindres détails pour savoir au fond de lui comment les choses s’étaient déroulées, pour s’imaginer sous-estimer le monstre camouflé sous l’enveloppe féminine, pour se figurer que gagner la partie serait un jeu d’enfant et qu’il rentrerait chez lui avec un trophée de plus et la certitude d’avoir oeuvré dans l’ombre pour le bien commun. Il savait tout ça, se désolait de tout ça, et d’entendre Tessa sermonner « Tu as oublié la règle de base Abe ? Si une proie est trop facile, c’est forcément que la proie c’est toi ... Tu le sais pourtant que ces créatures peuvent duper l’esprit humain. » ne faisait que rajouter de la peine à la honte. « C’est pour ça que je t’ai dit de prendre de la verveine ou de la belladone ... Pour que ÇA ne puisse pas arriver. » La déception dans le regard et le ton de la sorcière lui égratignant le coeur, Abe avait détourné les yeux et resserré les poings sous les longues manches de sa cape. Amer, il s’était entendu souffler « Si j’avais voulu un sermon, j’aurais frappé à la porte d’une église plutôt qu’à la tienne. » Il n’était pas venu pour la leçon de morale, il n’en avait pas besoin – il se flagellait déjà bien tout seul. Il était venu dans l’espoir un peu illusoire que seule une sorcière pouvait posséder de quoi lui venir en aide, un remède ou un sort, qu’en savait-il, et de toutes les sorcières Tessa était la seule qu’il estimait digne de sa confiance.

Mais la sorcière ne pouvait rien pour lui, et l’amie venait de poser les yeux sur ce qu’il adviendrait d’elle ou de son rejeton si elle ne traitait pas Abe comme la menace en laquelle il était en train de se muer. Une seconde il protestait d’avoir ôté la vie de qui que ce soit, et la seconde suivante ni l’irruption d’une cliente dans la boutique ni le sourire angélique d’un enfant pour lequel il s’était pourtant pris d’affection n’étaient plus capable de le raisonner, la faim et la soif occupant toutes ses pensées d’une manière que seuls ceux l’ayant déjà expérimenté pouvaient réellement l’envisager. « Sors d’ici Abraham ... » La voix pourtant menaçante de la sorcière ne lui parvenait que de manière lointaine, et ne l’avait pas empêché de faire un pas en avant. « Son sang est vicié, tout comme le mien ! » Sourd aux protestations, il avait continué d’avancer à pas lents, son impassibilité se craquelant finalement lorsque Tessa avait violemment repoussé son fils dans l’arrière-boutique et claqué la porte comme si sa vie en dépendait (et elle en dépendait). « SORS, tu n’es plus le bienvenu ici ! » Entouré d’un brouillard l’empêchant de réagir à la mesure de l’urgence, Abe avait laissé échapper un « Argh ! » de douleur lorsque la sorcière lui avait jeté Dieu savait quelle potion au visage, le forçant à reculer, son dos allant heurter la bibliothèque derrière lui tandis que la voix de Tessa s’élevait à nouveau pour chasser la visiteuse « Et vous aussi, disparaissez ! La boutique est fermée. » Sans demander son reste, l’inconnue ne s’était pas faite prier et s’était précipitée hors de l’échoppe. Abe pour sa part, était resté immobile et haletant encore quelques secondes, la brûlure de la potion lui donnant l’impression que sa peau brûlait mais le choc du drame à côté duquel ils venaient de passer le laissant hagard. Les yeux remontant à Tessa, il avait posé sur elle un regard d’animal blessé et pris la fuite dans l’obscurité de la rue sans demander son reste, sans un mot, et n’emportant à la hâte que le parchemin abandonné par la cliente malheureuse.