where the hell have you been, loca?

@spencer blackwell

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Tirant sur son cou et ajustant sa vision, Ruben fronça les sourcils: il avait l’impression de tourner en rond depuis des heures - ce qui était clairement une exagération car il devait être sorti et avoir rejoint les bords du fleuve depuis à peine une demi-heure. Simplement, s’il avait été patient dans une autre vie, ce n’était plus autant le cas désormais. L’un de ses oncles - s’il pouvait être nommé de la sorte - lui avait assuré qu’il pourrait pourtant trouver Spencer ici ce soir, alors il continuait de chercher, n’ayant aucune raison de remettre en cause les informations qui lui avaient été transmises.

« Ah, te voilà enfin. Je t’ai cherché partout. » Il exagérait toujours un petit peu. « Quelle idée de venir par ici. Tu es au courant que nous ne sommes pas les seules créatures à roder dans les parages, surtout depuis que l’éclipse est en place ? » Il y avait même des personnes n’étant pas des créatures qui avaient pris leurs aises entre temps; les chasseurs étaient surement la pire des espèces pour eux, car si certains s’attelaient à débarrasser la ville des autres sales bêtes qui pouvaient être rencontrées en chemin, certains autres se concentrent sur les vampires. Et ce n’était pas spécialement une bonne nouvelle, en tous cas pas pour Ruben et par extension Spencer non plus. Balayant les alentours d’un regard circulaire, Ruben finit de parcourir les quelques mètres restant entre la jeune femme et lui. « Bob m’a dit qu’il fallait que je te rejoigne ici ce soir, mais je t’avoue n’avoir aucune idée de la raison qui m’envoie ici. » Il haussa un sourcil, pencha quelque peu sa tête sur le côté. « C’est toi qui as demandé après moi ? Ou c’est lui qui continue de me faire tourner en bourrique parce-qu’il est toujours vexé de la partie de chasse de l’autre jour ? Entre nous, c’est un très mauvais chasseur, je trouve cela extraordinaire qu’il ne se soit pas encore fait prendre. » Par les chasseurs, cela allait de soit.

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Deux jours que c’est arrivé. Enfin deux jours, façon de parler vu que le soleil est toujours aux abonnés absents et c’est tant mieux parce que lui et les gens comme toi, ce n’est pas tellement la bonne entente. Seulement voilà, ça n’a même plus tellement la moindre forme d’importance, maintenant que l’autre sorcier a décidé de te maudire et de littéralement te priver de ce qui pouvait te maintenir en vie. Bien sûr, il existe d’autres alternatives comme les animaux ou les autres créatures, mais rien de comparable aux humains. Et tu rages, tu fulmines sans pouvoir trouver de solution viable pour autant. Une chose est sûre, tu ne pourras pas t’en sortir seule, pas cette fois, et tu n’as absolument aucune idée de comment il faut t’y prendre. Est-ce que c’est réversible, même ? Pas d’après le sorcier, mais tout le monde sait qu’ils sont tous aussi perfides les uns que les autres. Aussi tu décides de ne pas faire confiance à ses paroles qui étaient uniquement destinées à t’empêcher d’aller t’en prendre à ses collègues. Pauvre fou, s’il croit que ça va t’arrêter.
Pourtant, avant de te lancer sur ce chemin particulièrement imprudent, tu as besoin de conseils, peut-être que l’un de tes camarades a déjà eu vent d’un cas comme ça et saura t’aiguiller. Avec un peu de chance, c’est une malédiction temporaire et tu n’auras besoin que de patienter pour que ça passe. Enfin pour le coup, tu ne te fais pas trop d’espoirs.
L’impatience te gagne et tu te dis que tu n’aurais jamais dû faire confiance à Robert pour être porteur du message. Fichu Bob, il s’est sans doute fait attraper ou alors il a trouvé mieux à faire en chemin, ce ne sont pas les opportunités qui manquent, de nos jours. Tu fais les cent pas, réfléchissant à toutes les solutions qui s’offrent à toi pour te sortir de ce mauvais pas, autant dire qu’elles sont peu nombreuses et que tu en as parfaitement conscience. A quoi bon pouvoir profiter d’une nuit éternelle si tu es réduite à un régime pareil ? Autant aller crier sur les toits ce que tu es et attendre qu’un chasseur vienne t’achever, ça sera plus digne comme sort. Enfin, enfin le voilà. Sa remarque te fais sourire un peu amèrement. « C’est fatigant de rester cachée, et puis on n’est plus tellement pressés par le temps, maintenant. » Il n’y a plus cette urgence de devoir se planquer au lever du jour, quant aux autres créatures qui rôdent, tu as suffisamment confiance en tes capacités pour savoir que tu vas t’en sortir. C’est probablement là ton erreur, puisque ça t’a joué un tour. Soupir agacé. « Oui c’est moi. Je… J’ai besoin d’aide, » tu annonces avec un air renfrogné. Nerveusement, tu continues à faire des aller-retours dans l’espoir que ça suffise à te calmer les nerfs. « J’ai croisé un sorcier, il y a quelques temps. Il m’a maudite ou je ne sais quoi et- » Nouveau soupir rageur alors que tu t’arrêtes, te mettant à faire de grands gestes pour exprimer toute ta frustration sur le sujet. « A cause de lui, je suis incapable de me nourir convenablement. La moindre goutte de sang humain et je m’étouffe avec, » tu pestes. T’as essayé, pourtant. « Tu as déjà entendu parler de  quelque chose comme ça ou alors je suis foutue ? » Ne serais-tu pas un peu trop dramatique ?

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« C’est fatigant de rester cachée, et puis on n’est plus tellement pressés par le temps, maintenant. » Repliant le bout du nez, il grogna quelque peu aussi peut-être: elle n’avait pas tout à fait tort. Une bénédiction que le soleil ne semblait pas vouloir montrer de nouveau le bout de son nez pour le moment, il n’y avait pas de quoi crier au loup effectivement quand au temps qui passait. Bien qu’ils aient cette avantage là pour eux désormais, ce n’était pas ce qui inquiétait le plus Ruben. « En l’occurence, c’est surtout l’idée qu’on ne fasse pas l’unanimité qui m’inquiète. » Nerveux à l’idée que d’autres espèces aient décidé de se rebeller contre eux, alors qu’ils étaient pourtant d’une nature plus puissante que la moyenne il le savait, il était devenu méfiant de tout et tout le monde: au moins, quand les espèces de la nuit étaient encore un secret, les soupçons n’existaient pas.

« Oui c’est moi. Je… J’ai besoin d’aide. » Haussant un sourcil, Ben reporta son attention sur la jeune femme là où il s’était plutôt mis à scruter les alentours jusque maintenant. « A quel sujet ? » - « J’ai croisé un sorcier, il y a quelques temps. Il m’a maudite ou je ne sais quoi et- » Ricanant d’avance, il dut se contenir pour ne pas non plus aller jusqu’à se moquer de la blonde - mais il était pourtant de notoriété commune qu’il fallait se méfier des sorciers, ces derniers ayant toujours quelque-chose de prévu allant à l’encontre de leur espèce. « A cause de lui, je suis incapable de me nourrir convenablement. La moindre goutte de sang humain et je m’étouffe avec. » - « Tu t’étouffes alors ? » - « Tu as déjà entendu parler de quelque chose comme ça ou alors je suis foutue ? »

Fourrant ses mains dans les poches de sa veste - cette dernière n’étant présente que pour alimenter un certain style plutôt que pour le protéger d’un froid qu’il ne ressentait plus depuis des années -, Ruben pinça quelque peu ses lèvres. Il n’appréciait que peu ce qu’elle lui décrivait là, et pour cause: il avait effectivement déjà entendu parler de quelque-chose comme ça, et ce n’était pas pour les bonnes raisons. « Est-ce que tu as essayé de boire un autre type de sang que celui d’un humain, pour commencer ? » Le sang humain était la nourriture par défaut des vampires, mais ce n’était pas le seul de cette catégorie qui pouvait subvenir à leurs besoins. D’autres vampires étaient déjà venus voir Ruben à ce sujet, en lui parlant d’alternatives qui leur permettaient au moins le temps de trouver une autre solution les maintenir à flots d’existence - ce n’était pas un plaisir à proprement parlé d’après ce qu’il avait recueilli comme témoignages, mais au moins cela faisait l’affaire le temps de trouver mieux.

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Faire l’unanimité, c’est pour les faibles. Les gens ont peur de vous, de ce que vous représentez, mais la vérité c’est qu’ils craignent la mort et la décadence de leurs corps par-dessus tout. Pour le reste, ils jalousent votre condition et vos traits figés dans le temps, la jeunesse éternelle qui vous a été accordée et qui leur fait défaut. A raison, sûrement. « Alors on fait quoi, on leur laisse la place et on se fait marcher dessus ? » Orgueilleuse que tu es, tu ne comptes pas t’effacer au profit de sacs à puces ou de lanceurs de sorts trop confiants, pas non plus face aux chasseurs qui se donnent bonne conscience en vous traquant. « Désolée mais c’est hors de question. » Puis quoi encore ? Leur dérouler le tapis rouge, leurs proposer un encas en courbant l’échine ? Jamais de la vie. Il est temps que tous se rappellent qui vous êtes, qu’ils vous craignent autant qu’ils vous respectent, et tant pis pour ceux qui auraient le malheur de s’interposer dans la lutte du pouvoir, ils seront balayés comme les autres.
Surtout maintenant que tu as un grief personnel avec l’un d’entre eux, l’autre qui s’est pensé malin en jetant un mauvais sort, scellant le sien au passage. Tu n’auras de cesse de le chercher, qu’importe s’il pense pouvoir fuir en changeant de pays ou d’identité, tu ne comptes pas lâcher l’affaire parce qu’un acte pareil ne pourra pas rester impuni. D’ici là pourtant, il va te falloir trouver une solution pour te nourrir d’autre chose que de petits animaux, c’est à peu près sûr que tu ne survivras pas à la longue et tu auras beau faire tous les beaux discours que tu veux sur votre supériorité présumée, ça ne changera rien. Tu acquiesces à sa question, confirmant ce que tu as déjà dit précédemment. « Ca reste comme bloqué là, » tu montres le milieu de ta gorge du bout du doigt, « et ça cherche absolument à repartir. C’est comme si je n’arrivais plus à respirer et que je suffoquais. » Ce qui est particulièrement stupide dans la mesure où vous n’avez techniquement pas besoin de le faire. La plupart du temps ça tient plus du vieux réflexe qu’autre chose, et surtout ça aide à passer inaperçu parmi la populace, mais ce n’est absolument pas nécessaire.
Ruben semble pensif, réfléchissant à ce que tu viens de lui dire. « Les animaux ça passe mais c’est pas suffisant. » Plus exactement les petits animaux, parce qu’ils n’ont clairement pas assez de contenant pour sustenter un adulte. Peut-être que ça serait différent avec une bête de plus grande taille, mais disons que c’est compliqué de trouver du gibier à l’état sauvage dans une zone aussi urbaine. « Je ne compte pas me nourrir exclusivement de rats ou de chats sauvages, hein. » Qui voudrait ça ? « Et disons que les autres candidats ne sont pas aussi simples à avoir que les humains. » Que ça soit les loups ou les sorciers, ils sont moins faciles à piéger que les autres, surtout seule et affamée comme tu vas finir par l’être.

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« Alors on fait quoi, on leur laisse la place et on se fait marcher dessus ? Désolée mais c’est hors de question. » - « Je n’ai pas dit ça. » Il inspira longuement, pour expirer d’une façon similaire à la suite. « Je dis juste qu’il faut se méfier, que nous ne sommes pas les seuls à roder dans l’obscurité. » Et comme l’union faisait la force, surtout face à des créatures comme les vampires qui se trouvaient en haut de la chaine alimentaire, il n’était pas rare d’entendre ces derniers temps parler de certains de leur espèce s’étant retrouvés dans des pièges. Sorciers, loups et même humains s’y mettaient, malheureusement.

Spencer avait elle-même été l’objet d’une contre attaque apparemment assez puissante, puisque le sort lancé par le sorcier lui causait du tort. « Ca reste comme bloqué là, et ça cherche absolument à repartir. C’est comme si je n’arrivais plus à respirer et que je suffoquais. » Ruben plissa les lèvres: ce n’était pas bon signe, rien que médicalement parlant face à un humain qui lui déclarait ces symptômes là, il s’inquièterait. Mais face à un vampire qui ne saurait survivre longtemps sans se nourrir de sang humain… « Les animaux ça passe mais c’est pas suffisant. » - « C’est ce qui m’inquiète le plus dans ton discours. »

« Je ne compte pas me nourrir exclusivement de rats ou de chats sauvages, hein. Et disons que les autres candidats ne sont pas aussi simples à avoir que les humains. » De dégout, Ben grimaça quelque peu. « Et honnêtement, je te conseille pas: c’est pas ragoûtant pour un sous. » Il avait déjà eu l’occasion de gouter du sang autant de loup que de sorcier: il avait regretté l’idée à peine cette dernière réalisée. « Et les chasseurs n’ont beau être que des humains, techniquement, c’est pareil: leur sang est affreusement amer. » Comme s’ils portaient toute leur haine envers les créatures de la nuit dans ce dernier et qu’ils voulaient le faire savoir dès la première lampée de sang avalée. « Pour le moment, j’ai pas de solution à te proposer. Pas sur le vif, en tous cas. » Il en avait bien une, mais c’était une solution de secours et il attendrait que ce soit le dernier recours pour lui en parler. « Tu veux que je me renseigne ? Que je fasse quelques recherches pour savoir si c’est déjà arrivé à quelqu’un ? » Si le sort existait, cela devait être une information pratique auprès des magiciens, que de pouvoir pourrir autant la vie des vampires. « Je parie que tu vas chercher à retrouver le sorcier qui t’as fait ça ? »

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Tu es peut-être un peu trop prompte à t’emporter, mais pour ta défense, tu as les crocs. Littéralement. Se nourrir exclusivement de rongeurs, c’est aussi disgracieux qu’inefficace, ou en tout cas il va te falloir augmenter les quantités, ce qui est relativement compliqué à moins d’élire domicile directement dans les égouts. Autrement dit, hors de question de t’abaisser à ça. A ton tour, tu soupires en te pinçant l’arête du nez, essayant de reprendre tes esprits et de rationaliser les choses. « Je sais, » tu marmonnes, bougonne au possible face à toute cette situation qui est particulièrement insupportable. Très franchement, tu mets n’importe qui au défi de garder son calme dans un cas comme celui-là, tu es à peu près certaine que c’est peine perdue.
Du mieux que tu peux, tu tentes d’expliquer le problème en détail, exposant les conséquences désastreuses de tout ça. Bien sûr que ça l’inquiète, comment peut-il en être autrement ? « Si je veux viser des bêtes plus conséquentes, il va falloir que je parte de la ville et autant dire que c’est compliqué. » Ils sont nombreux, les ranchs aux alentours. Il y a du bétail en quantité, certes, mais nulle part où se cacher. Te faire passer pour une nouvelle arrivante dans les alentours est également impossible dans la mesure où tu serais tout de suite accusée et trop facilement repérable. Bon sang, ça te donne mal à la tête, tout ça.
Forcément, tu continues sur ta lancée en refusant plus ou moins d’aller t’en prendre aux lycans ou aux sorciers qui ne se rendront pas sans se battre et ça serait prendre des risques inutiles. « Très franchement, le goût est la dernière de mes priorités, dans l’immédiat. » Et à raison, pour le moment ça va encore à peu près, mais si tu continues sur cette voie tu vas finir trop faible pour pouvoir chasser et par conséquent, pour pouvoir te sustenter. Tu as déjà entendu des rumeurs concernant des vampires refusant de se nourrir de sang humain, par principes ou par pure faiblesse, tu n’en sais rien, mais il paraît qu’ils ont surtout fini par devenir complètement fous, puis par disparaître. Si tu dois être tout à fait honnête, tu as peur que ça t’arrive.
Tu grommelles lorsque Ruben annonce ne pas avoir de solution, bien évidemment, ça aurait été beaucoup trop simple sinon. Néanmoins, tu acquiesces tout de même. « Je veux bien que tu te renseignes, oui. » Qui sait, peut-être que la chance finira par tourner. « A ton avis ? Bien sûr que je vais chercher à lui mettre la main dessus. » Et il faut faire vite, surtout. Tant que c’est encore possible et que tu as toujours suffisamment de force pour le faire.

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« Je sais. » Tant mieux.

« Si je veux viser des bêtes plus conséquentes, il va falloir que je parte de la ville et autant dire que c’est compliqué. » Ruben soupira quelque-peu: il comprenait sans qu’elle n’ait besoin de le détailler le genre de problèmes qu’elle pourrait rencontrer à agir de la sorte. « Et si tu pars trop loin en montagne et que l’éclipse est levée… » C’était là aussi l’une des possibilité à laquelle ils se devaient d’être préparés: malheureusement, la ville les protégeait d’un potentiel retour du soleil. En dehors, les zones d’ombre n’étaient peut-être pas autant nombreuses qu’ils pourraient en avoir besoin.

« Très franchement, le goût est la dernière de mes priorités, dans l’immédiat. » Il ricana quelque peu de son coté, secoua sa tête un instant avant de laisser son regard retomber sur Spencer. « Ca se voit que t’as jamais gouté pour le moment. Je te promets d’une fois tes canines plantées dans leur chair, tu le regrettes instantanément. » Il n’avait pas toujours été autant précautionneux qu’il pouvait l’être aujourd’hui, de son côté et parfois il ne s’en était pas forcément pris à la bonne personne. « Ca fonctionne bien, mais surtout pour les sorciers t’as l’impression de boire du poison quand tu le fais. » Il afficha une petite moue de dégout sur ses traits tant le souvenir n’était pas si sympathique à avoir. Pour le moment malheureusement, il n’avait pas d’autre solution sous la main pour la jeune femme - et même un chasseur ferait l’affaire en tant de crise, toutes choses considérées.

Au moins, il pouvait éventuellement faire quelques recherches de son côté pour voir s’il était possible de trouver une solution. « Je veux bien que tu te renseignes, oui. » - « Je vais fouiller un peu alors, j’ai déjà quelques idées de personnes à aller voir qui pourraient peut-être avoir une réponse ou deux. » Ce n’était pas là des idées forcément brillantes, mais au moins c’était mieux que rien. Comptait-elle de son côté partir à la suite de son malfrat ? « A ton avis ? Bien sûr que je vais chercher à lui mettre la main dessus. » Ruben lâcha un soupire. « Je voudrais bien te dire que tu risques plus gros que maintenant en faisant ça, mais je sais que mes mots n’auront aucun effet sur toi et que je me contenterai de ratiociner. Alors je vais m’épargner cette peine et simplement te mettre en garde: il pourrait t’arriver pire dans cette quête. » Il haussa un sourcil dans sa direction, tenta d’attraper son regard de ses pupilles pour voir si elle avait pensé à toute cette partie là de sa chasse. « Tu vas vite perdre en énergie aussi, n’oublie pas. »

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« Ne parle pas de malheur, je t’en prie. » Ta situation est déjà suffisamment ennuyeuse comme ça, inutile d’extrapoler en partant du principe que l’éclipse cessera un jour prochain. Pour les gens comme vous, ceux qui n’ont plus le droit de sentir la chaleur du soleil sur leur peau depuis trop longtemps, cette nuit éternelle est une véritable bénédiction envoyée par les dieux. Ou qu’importe par qui. Tous les autres trouvent sûrement ça ennuyeux, mais c’est un vrai bonheur de pouvoir se promener sans avoir à craindre de trouver un abri pendant la journée. Alors si par malheur le “problème” venait à être résolu et qu’en plus tu es condamnée à te nourrir exclusivement d’animaux, autant arrêter les frais tout de suite.
Non, cette sentence qui t’a été infligée ne te convient décidément pas le moins du monde.
Bien évidement, tu te plains de ce qui t’arrive, et la réaction de Ruben te blesse presque dans ton égo. Au point ou tu en es, tu apprendras à faire avec le goût immonde des lycans ou des sorciers. Ceux-là d’ailleurs, tu n’auras de cesse de les traquer jusqu’à ce que l’un d’entre eux daigne enfin te délivrer de cette condition que tu considères déjà comme invivable. Soupir agacé à peine voilé, tu commences à faire les cent pas. « A la longue, j’imagine qu’on s’habitue à tout. » Et puis, n’exagère-t-il pas un peu ? Ce n’est tout de même pas mauvais à ce point-là, si ? T’as même entendu des rumeurs parlant de certains vampires qui se nourrissaient exclusivement de sang de créatures dans ce genre et qui aimaient plutôt ça. Alors bon, tu n’as pas tellement vérifié les sources, mais pour l’heure, t’as juste envie d’y croire sinon c’est peine perdue.
« Pire que ça ? J’en doute. » Il est plus fort que toi, ce petit ricanement amer que tu laisses échapper. Franchement, qu’est-ce qu’ils peuvent infliger qui soit plus insupportable que de ne pouvoir se nourrir convenablement ? Certes, tu n’as pas l’imagination aussi fertile que certains, mais tu n’en reste pas moins certaine que tu es déjà au fond du trou. Quelle honte de devoir t’abaisser à te nourrir de rongeurs ou de lycans, vraiment. « Quoi qu’il en soit, si je ne le trouve pas lui, je traquerai tous ses petits copains jusqu’à ce qu’il refasse surface. » Pour parfaire le tableau, t’as même l’idée saugrenue de laisser volontaire des messages, des indices ou un quelconque signe qui montrerait que c’est volontaire, que c’est une vengeance ou un avertissement, qu’importe, tu réfléchiras aux détails plus tard, pour le moment tu n’as pas tellement eu le temps de t’y pencher. « Je ne peux pas rester sans rien faire, c’est impossible. » Et tant pis si tu manques d’énergie ou si tu te mets en danger, vraiment. Au point ou tu en es, c’est franchement pas sur le haut de la pile de tes priorités, très loin de là, même. Et puis quitte à crever, autant le faire en essayant de sortir de la merde dans laquelle tu te trouves malgré toi. De toute manière, tu n’as pas le choix, c’est une question de survie, à ce niveau là. « Et avant que tu ne dises quoi que ce soit, j’ai déjà pris ma décision. » Tu la vois venir gros comme une maison, sa tentative de te dissuader de partir sur cette voie là. « Je m’arrêterai pas avant d’être sortie d’affaire. » Que ça soit dans une semaine ou dans cent ans (dans l’hypothèse où tu vivrais jusque là, bien évidemment), tu ne lâcheras pas le morceau. « Merci de bien vouloir essayer de m’aider, en tout cas. » Même si t’as le sentiment que ses recherches ne mèneront probablement pas à grand chose.

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« Ne parle pas de malheur, je t’en prie. » Il leva ses deux mains devant lui, démontrant son innocence; il ne faisait que souligner là un problème inexistant pour le moment mais qui pouvait prendre bien plus d’importance par la suite. « Mieux vaut prévenir que guérir dans notre cas. » Parce-qu’une fois exposés aux raisons du soleil, il n’existait pas de machine arrière possible.

Alors certes, elle pourrait survivre en s’abreuvent de sang d’autres créatures, mais elle le regretterait assez rapidement: rien n’était à la hauteur du sang humain malheureusement. « A la longue, j’imagine qu’on s’habitue à tout. » - « Quand il faut survire ? On s’habitue vraiment trop facilement à tout. » Et c’était peut-être bien un drame en soi, que ce soit le cas. « Pire que ça ? J’en doute. » Il tourna son regard vers la jeune femme. « Tu serais surprise. » Et pas seulement dans le bon sens du terme, malheureusement. « Quoi qu’il en soit, si je ne le trouve pas lui, je traquerai tous ses petits copains jusqu’à ce qu’il refasse surface. » - « Fais attention à toi, la vengeance apporte pas que du bon. » Il n’y avait à voir rien que dans leur entourage, où plusieurs personnes avaient vu leur existence être terminée dans des idées de traquer d’autres nuisibles.

La condition de Spencer était de toutes façons passagère, malgré tout, son état ne tenant pas à rester ainsi tant cela n’était pas vivable pour les créatures de leur type. « Je ne peux pas rester sans rien faire, c’est impossible. » - « Je sais. » « Et avant que tu ne dises quoi que ce soit, j’ai déjà pris ma décision. Je m’arrêterai pas avant d’être sortie d’affaire. » Il eut presque un petit sourire. « Je sais aussi. » Et ce n’était pas ce qu’il lui proposait, loin de là; il avait déjà commencé d’ailleurs à se renseigner pour trouver des personnes qui pourraient avoir réponse à leurs questions. « Merci de bien vouloir essayer de m’aider, en tout cas. » Il hocha quelque peu la tête. « C’est normal, t’en fais pas. » Il enfourna ses mains dans ses poches. « Fais juste attention à toi, d’accord ? Certains pourraient avoir vent de tes idées de vengeance et s’en prendre rapidement à toi. » Ruben esquissa un petit sourire avant de prendre congés de Spencer: ils se reverraient lorsqu’il aurait des informations supplémentaires à lui apporter.