L’apprentissage de Siham avançait, doucement mais surement. Elle avait enfin sa baguette magique, la sienne comportait des racines de Mandragore, venue des mangroves de Brisbane, ramassée deux cents ans plus tôt. Olive lui avait confiée comme si elle était la prunelle de ses yeux. A vrai dire, elle avait appartenu à une vieille sorcière qui l’avait confiée à la sororité, en attendant de trouver quelqu’un digne de ce nom. Ce n’était pas Siham ni Olive qui avait choisi cette baguette mais c’était bien la baguette qui avait choisi Siham. Elle la glissait dans ses botines dès qu’elle sortait de chez Olive, ne l’avait encore jamais utilisé. Lena lui avait demandé de ne pas s’en servir tant qu’elle n’aurait pas appris à la manier en toute précaution.
Siham, toujours plus impatiente avait fini par ne pas écouter, encore. Elle savait pourtant que son comportement l’avait déjà mené au risque et avait failli lui couter la vie, mais il semblerait qu’elle n’apprenne toujours pas de ses erreurs. Siham qui avait toujours été docile et avait toujours écouter son père, étant sous sa seule protection, à présent qu’il était décédé, elle semblait être totalement en roue libre, guidée par sa soif de vengence. Et ajouter à cela, la découverte de ses nouveaux pouvoirs, elle avait un sentiment d’être intouchable, immortelle. Même si on la mettait en garde, face aux griffes des loups garous, aux morsures des vampires, elle ne pouvait rien, d’autant plus qu’elle n’avait aucune maitrise de sa magie.
« Immobilooo Statuar ? » elle tentait, avec son sort d’immobilisation, de figer l’oiseau qui la narguait depuis une demie heure. Il semblait ne pas la craindre et attendait patiemment son tour, pour qu’elle réussisse son coup. En vain. Elle faisait surement le mauvais geste avec sa baguette, elle prononçait aussi sans doute mal ce simple texte en latin. «Immobilo Statuere! » elle était même pas convaincue elle-même, mais alors une étincelle sortie de sa baguette, ratant le corbeau devant elle, celui-ci semble avoir pris peur et il s’envola loin d’elle. « J’y suis presque ! » elle le sentait !

@Itziar Cortés de Aguilar

"Grand
Roi
Impitoyable
Force
Féroce
Oublie
Nous"

Elle relit les mots sur le bout de papier à moitié brûlé. Jeté dans les flammes par quelqu’un qui voulait s'en débarrasser. Pourquoi ? Elle n’en savait rien. Elle ne savait pas non plus pourquoi elle l’avait ramassé. Cela avait tout l’air d’une prière. D’une complainte, même. Est-ce que cela faisait référence à la malédiction qui s'abattait sur la ville. À cette nuit éternelle dans laquelle Brisbane avait été plongée ? Elle aurait pu jeter ce morceau de papier. Insignifiant. Elle ne savait pas si une partie avait disparu à cause des flammes, mais elle n’arrivait pas à chasser ces mots de son esprit. Elle le regarde, une fois de plus à la lumière des lampadaires. Le relit. Cherche à lui donner un sens alors qu’elle s’avance vers les bords du fleuve. Elle était censée rentrer tôt. Pour ne pas inquiéter ses parents. Ses escapades nocturnes commençaient à se voir et commençaient à faire planer un doute sur ce qu’elle pouvait bien faire de son temps libre. Elle assurait sans peine qu’elle ne faisait rien de mal. Qu’il n’y avait pas de quoi se faire un sang d’encre. Qu’elle se rendait simplement à l’église pour participer à des groupes de parole. Son iranisme étant son plus fidèle alibi. Ses mauvaises fréquentations et sa curiosité maladive étant les vraies raisons de ses nuits passées dehors. Ce soir, elle n’avait pas l’intention de traîner pourtant, elle avait à faire chez elle. Pourtant, c’est une voix qui vient lui faire lever la tête de son bout de papier. Une voix hésitante qui prononce des mots qu’elle ne comprend pas. Une voix qui l’incite à s’approcher. Elle avance doucement. Se cache dans la pénombre pour observer. Une femme. Une baguette à la main. Elle semble vouloir s’en servir contre un pauvre oiseau. Serait-elle une sorcière ? Elle n’avait pas l’air de jeter son sort. Soit elle était une humaine persuadée de pouvoir jeter des sorts, soit elle était une sorcière qui ne maîtrisait pas ses pouvoirs. “Vous êtes sûre que c’est comme ça qu’il faut s’y prendre ?” Demande-t-elle. Se plaçant dans la lumière pour se faire remarquer. Elle n’avait rien à lui apprendre, mais elle n’avait pas pu s’en empêcher. “Je vous ai entendu tout à l’heure, ça n’a pas l’air de fonctionner.” Il ne fallait pas être une sorcière pour remarquer ça.

Telle une enfant qui s’acharnait pour arriver à ses fins, Siham n’avait pas l’intention de laisser tomber. Elle allait continuer encore et encore jusqu’à ce qu’elle parvienne à faire fonctionner son sort. Alors que ce corbeau la narguait et était partie en s’envolant, son sort complètement raté – presque d’après elle – une voix résonna dans son oreille. “Vous êtes sûre que c’est comme ça qu’il faut s’y prendre ?” elle avait presque cru entendre la voix de sa mère, mais Amalia Isabel ne se serait pas adressé à sa fille de la sorte. Elle se retourna alors pour voir la silhouette d’une jeune femme, qui n’avait effectivement rien à voir avec sa mère. Siham grogna presque, voulant l’envoyer balader. “Je vous ai entendu tout à l’heure, ça n’a pas l’air de fonctionner.” Bien vu, captain obvious. « j’imagine que si je m’y prenait comme il fallait… ça fonctionnerait du premier coup. » répondit-elle agacée. Que lui voulait donc cette jeune femme ? Siham regarda sa baguette, se demandant si, sous le coup de l’agacement, elle n’allait pas enfin répondre à sa demande. Après tout, elle avait bien compris que ses pouvoirs étaient aussi liés à son humeur.
Elle fit face à la blonde, avec un léger sourire sur les lèvres et pointa la baguette en sa direction. Ce serait bien la première fois qu’elle tenterait un sort sur une humaine et elle craignait encore une fois de ce dont elle était vraiment capable. « Me permettriez-vous de tenter sur vous ? C’est un sort tout à fait inoffensif, il vous immobiliserait, rien d’autre. » rien d’autre mais elle serait bien incapable de préciser pendant combien de temps le sort durerait et surtout, elle n’avait aucune idée de comment l’annuler… la jeune femme pourrait se retrouver transformée en statue jusqu’à la fin de ses jours. Siham se concentra et sans attendre sa réponse, elle lança : «  «Immobilo Statuere! »  avec bien plus de conviction cette fois. Et alors, elle vit un éclair sortir de sa baguette pour atteindre sa cible : le corbeau était à nouveau passé par là, juste derrière la blonde, avec désinvolture et le voilà à présent, complètement immobile, à terre. « Ah, voilà ! » fit-elle, satisfaite !

La jeune femme a du culot. Humaine qu’elle était, elle n’avait pas mieux à faire que de donner des conseils ou d’oser prétendre y connaître quelque chose dans le domaine de la sorcellerie. Cette malédiction qui s’abattait sur la ville devait commencer à lui taper sur la tête à défaut de lui faire hérisser les poils de peur. Le problème était là, la jeune femme n’avait pas peur, ne se rendant pas compte du danger que représentait ce contexte particulier. La lune luisante laissait les lycans lorgner. Son interlocutrice, baguette dans la main ne l’inquiétant pas le moins du monde. Elle devait avoir la chance de son côté. Elle en était sûre. La jeune femme en face d’elle ne lui ferait jamais de mal. Car c’était connu, les sorcières n’étaient absolument pas dépeintes comme de viles créatures. A cet instant, elle oubliait réellement tout ce qu’elle avait pu lire jusqu’à present. Quand la sorcière lui demande l’autorisation de tenter un sort sur elle, l’espagnole est plutôt dubitative quant aux possibilités. « Le choix me revient vraiment ou m’utiliserez vous comme une marionnette peu importe ce que je vais répondre ? » Demande t-elle. Elle n’était pas complètement naïve, la blonde, elle savait que la question pouvait être purement rhétorique et souhaitait donc connaître sa marge de manœuvre. La jeune humaine n’a pas l’occasion d’en dire plus ni même de demander son reste. La baguette de la sorcière est pointée dans sa direction, un sort est jeté et un éclair s’échappe. Pauvre corbeau derrière elle qui n’a pas eu la même chance qu’elle. Il pauvre se retrouve au sol, pétrifié avant même de comprendre ce qui était en train de se passer. « Laissez moi vous dire que c’est de la pure folie. » Lui lance t-elle avant d’ajouter. « Ce sort aurait pu dévier surtout que je suis certaine que c’est la première fois que vous parvenez à le lancer. » Sa tactique choisie pour s’adresser à la sorcière n’était peut être pas la plus judicieuse. « La sorcellerie est nouvelle pour vous ou je me trompe ? » Questionne t-elle.

« Le choix me revient vraiment ou m’utiliserez vous comme une marionnette peu importe ce que je vais répondre ? » elle avait du pif cette jeune femme. Car Siham, piquée par sa désinvolture n’hésita pas une seconde.

Bon, elledevait admettre qu’il avait été peu malin de réaliser ce sort en direction du corbeau, dans le seul but de faire peur à la jeune femme. Lena l’avait bien mise en garde de ne pas jouer avec ses sortilèges, car ça pouvait tourner au drame, et elle le savait mieux que personne. Lorsqu’elle avait pris connaissance de ses pouvoirs, elle avait tué toute sa famille et elle s’en voulait encore et toujours. Une culpabilité qu’elle portrait sur ses épaules et si elle donnait tant de conseils à Siham pour qu’elle soit patiente, c’est justement pour la préserver de faire les mêmes erreurs qu’elle. Peut être que Siham apprendra quand un malheur sera bel et bien arrivé, mais ce n’était pas pour ce jour. Le corbeau gisait par terre et elle était plus que fière d’elle. « Laissez moi vous dire que c’est de la pure folie. » elle hocha la tête, ne pouvait affirmer le contraire. « Ce sort aurait pu dévier surtout que je suis certaine que c’est la première fois que vous parvenez à le lancer. » bien vu également. « La sorcellerie est nouvelle pour vous ou je me trompe ? » elle fronça les yeux, pointant à nouveau sa baguette vers la blonde. « Possible… » elle haussa les épaules. « Vous saurez tout de même qu’il est malvenu de provoquer une sorcière armée d’une baguette… » parce que si Siham était juste vexée, elle aurait pu tomber sur quelqu’un de bien moins aimable qu’elle et qui n’aurait pas hésité une seule seconde à se débarrasser d’elle. Mais Siham n’était pas de ce camps là. Elle ne tuait pas les humains. « Je suis jeune apprenante, oui… » elle baissa sa baguette, baissa sa garde. « Mais il est idiot de jouer la désinvolture. Vous ne savez pas à qui vous avez affaire. Et vous avez raison, c’était un coup de chance pour cette fois, enfin, le sort aurait pu dévier. Mais au pire, vous auriez eu quelques picotements dans les jambes, une immobilisation partielle et temporaire. Mais pour combien de temps… » voulait-elle être la nouvelle cible de son sort? « On peut toujours tester, si vous voulez ...»

Ce serait mentir que de dire que le sort qui était passé juste à côté de sa tête pour venir finalement toucher le corbeau derrière elle ne lui avait pas fait légèrement hérisser les poils. Même si elle ne montrait rien, ou tout du moins, elle faisait de son mieux pour ne rien montrer, elle avait eu peur. Il n’aurait pas fallu qu’elle bouge. Cependant, elle ne se laisse pas abattre. Elle reprend vite du poil de la bête et n’hésite pas à dire à la sorcière le fond de sa pensée. Peut-être que le réel danger est là. Plus que dans le sort qui l’avait frôlée quelques instants plus tôt. Elle n’était pas calée sorcellerie. D’aucun irait même dire qu’elle n’était pas calée pour tout ce qui relevait du domaine du surnaturel malgré sa fascination. Elle ne serait pas totalement d’accord, mais ça, c’était un débat pour un autre jour. Là, elle avait d’autres chats à fouetter. “Qui a parlé de provocation ?” Lui demande-t-elle avant d’ajouter. “Personnellement, je vois ça comme un constat. Cependant, j’ai l’impression d’avoir visé juste … A en juger votre réaction.” Elle est culottée, Itziar. Elle devrait plutôt apprendre à réfléchir avant de parler. D’autant plus que la jeune femme n’a pas l’air méchante. Elle n’a rien demandé à personne. Au contraire, s’est elle, qui s’était permise de venir déranger sa tranquillité. Elle réalise cela maintenant, quand la jeune sorcière baisse sa baguette et prend la peine de se défendre calmement. “C’est vrai. J’aurai pu tomber sur quelqu’un de malveillant qui n’aurait pas hésité à faire dévier le sort volontairement.” Voire même quelqu’un qui n’aurait pas hésité à lui jeter un sort bien pire que celui-ci puisqu’elle entend déjà le corbeau, qui recommence à bouger derrière elle, signe qu’il retrouve petit à petit ses esprits et sa liberté de mouvements. La proposition de la jeune sorcière relève également de la folie. Elle sait qu’elle devrait dire non et pourtant. “Partielle et temporaire ? C’est-à-dire ? Vous comprenez que j’ai besoin de savoir ce qui m’attend. Surtout que je n’ai aucun moyen de vérifier que vous dites vrai.” Si elle acceptait, il fallait qu’elle la croit sur parole. Elle n’avait pas d’autre certitude. “Si vous arrivez à jeter le sort sur un autre corbeau, je vous laisserai tester sur moi.” Parce que jamais deux sans trois. Si elle réussissait une deuxième fois, elle, elle ne craindrait rien. Normalement.

 “Qui a parlé de provocation ?” décidément, la jeune femme n’avait pas froid aux yeux. Si Siham avait toujours eu tendance à ne jamais répliquer, à ne jamais provoquer, à rentrer dans le moule et à répondre exactement ce qu’on attendait d’elle, depuis qu’elle savait qu’elle n’était plus vraiment madame tout le monde et bien moins vulnérable, elle se laissait moins faire. Elle avait pris du caractère et ne se laissait pas manquer de respect, oui, elle avait estimé qu’elle l’avait provoqué en soulignant qu’elle s’y prenait mal. De quoi je me mêle, simplement ? “Personnellement, je vois ça comme un constat. Cependant, j’ai l’impression d’avoir visé juste … A en juger votre réaction.”  Et bien qu’elle garde ses constats pour elle, si chacun pouvait garder ses constats pour lui lorsqu’on ne lui avait rien demander, le monde ne s’en portait sans doute pas plus mal. « C’est justement parce que vous avez visé juste, que vous vous êtes bien rendu compte que j’étais en difficulté et donc, que vous n’aviez pas besoin d’en rajouter. » mais la difficulté semblait être derrière à présent, à en croire le corbeau à terre.
“C’est vrai. J’aurai pu tomber sur quelqu’un de malveillant qui n’aurait pas hésité à faire dévier le sort volontairement.” Le regard de Siham fu attiré vers l’oiseau, son aille avait bouger et bientôt, il serait sans doute à nouveau sur patte, prêt à repartir dans les air. Siham devait avouer qu’elle était un peu déçue, pour une si petite bête, ça n’aura pas duré bien longtemps. Elle devait encore travailler sa diction, c’était sure dû à ça. Car si elle devait immobiliser un vampire ou un loup, d’une carrure bien plus grande, quelques secondes ne suffiront pas pour se débarrasser d’eux. La jeune femme, bien qu’elle n’avait pas les poils ni l’odeur d’un loup, pourrait peut être faire l’affaire pour une nouvelle tentative… maintenant qu’elle avait bien vu que ce sort n’avait rien d’offensif. “Partielle et temporaire ? C’est-à-dire ? Vous comprenez que j’ai besoin de savoir ce qui m’attend. Surtout que je n’ai aucun moyen de vérifier que vous dites vrai.” « vous avez bien vu cet oiseau… il est déjà dans les airs. » il venait tout juste de prendre son envol. « ca ne durera pas bien plus de temps » Siham n’en revenait pas que la jeune femme ne refuse pas totalement, alors qu’elle n’était pas certaine d’être réellement sérieuse dans sa proposition… mais puisqu’elle insistait…  “Si vous arrivez à jeter le sort sur un autre corbeau, je vous laisserai tester sur moi.”  Elle hocha la tête. « Très bien… » elle observa autour d’elle, pas de corbeau en vue mais, de ses yeux de chats dans la nuit, elle vit une autre ombre d’un oiseau arriver à sa droite. Elle pivota et tendit sa baguette. «Immobilo Statuere! »  et elle le voyait tomber à pic au sol. « Touché ! » pas peu fière, elle s’approcha de l’animal. « Oh, un émerillon… peut être qu’il y a des chasseurs dans le coin… » et qui dit chasseur dit proie...

Bien sûr qu’elle avait vu l’oiseau. Avant de le voir elle l’avait entendu tomber comme une masse juste derrière elle. Elle avait vu aussi les difficultés de la jeune femme. Elle savait que la réussite de ce sort relevait de la chance. Du coup de bol. D’autant plus sur une cible en mouvement. Elle aurait pu rater. Mal viser et la toucher sans savoir ce qui se produirait dans un tel cas de figure. Elle était courageuse, un peu inconsciente, mais pas téméraire, Itziar. Elle ne se laisserait pas visée par une débutante sans être un peu plus certaine qu’elle ne risquait pas de rester paralysée jusqu’à la fin de sa vie. « Comment pouvez vous en être sûre ? Un corbeau et un humain n’ont pas grand-chose en commun. » Répond-elle. Elle ne dit pas non. Elle dit simplement ‘pas tout de suite' juste le temps qu’elle puisse observer un peu plus ce dont la jeune femme était capable. Peut être que ce qu’elle verrait la dissuaderait, ou peut être pas. Ceci étant, elle proposait un compromis. Un deuxième essai qui devait s’avérer réussi pour qu’elle accepte de se laisser faire. Ça semblait être un marché raisonnable à ses yeux. Si tout se passait bien deux fois de suite, alors elle pouvait en déduire qu’elle ne risquait rien et que, au contraire, l’expérience pouvait être intéressante. Pour la science. La jeune sorcière semblait satisfaite. Elle se met en place, vise sa cible et parvient une fois de plus à immobiliser un oiseau. « Bien joué ! » Lance-t-elle avec enthousiasme. Elle s’approche de l’oiseau au sol pour vérifier qu’il est simplement pétrifié et pas mort. « Qu’est ce qui vous fait dire qu’il y a un chasseur ? C’est un oiseau comme un autre non ? Les chausseurs ne chassent-ils pas des créatures bien plus imposantes depuis le début de la malédiction ? » Lui demande-t-elle, un sourcil interrogateur levé dans sa direction. « Où peut être que je rate quelque chose ? » Après tout, elle était relativement novice en la matière. La sorcière en savait peut-être plus.

« Comment pouvez vous en être sûre ? Un corbeau et un humain n’ont pas grand-chose en commun. » Non, elle avait raison, Siham n’en avait aucune idée. L’oiseau pouvait réagir d’une certaine manière et cette jeune femme, d’une façon totalement différente. Peut être que le sort pourrait la tuer, mais Siham savait qu’elle n’était pas assez puissante au moins de dérober la vie de quelqu’un. C’est en ce sens que lorsque Lena lui dit de ne pas utiliser ses sorts tant qu’elle n’a pas bien maitriser toute sa puisse, qu’elle devrait l’écouter. Lena elle-même en avait fait les frais et elle portait toujours la culpabilité de la mort des siens. Parce qu’elle n’avait pas maitrisé ses pouvoirs, parce qu’elle ne maitrisait pas son dos, elle les avait tué.
Par fierté, sans doute, Siham voulait relever le défi, montrer de quoi elle était capable. Viser à nouveau, toucher à nouveau et elle aurait le crédit nécessaire auprès de la mortelle pour s’exercer sur elle. Et quand elle vit ce deuxième oiseau à terre, Siham sentie l’énergie en elle se décupler. Elle était confortée dans sa capacité. « Bien joué ! » elle répondit par un sourire satisfait. « Qu’est ce qui vous fait dire qu’il y a un chasseur ? C’est un oiseau comme un autre non ? Les chausseurs ne chassent-ils pas des créatures bien plus imposantes depuis le début de la malédiction ? » tout comme elle, les chasseurs devaient sans doute s’exercer sur des cibles plus petites, plus mobiles et moins évidente à toucher pour pouvoir passer à plus gros qu’eux. « Où peut être que je rate quelque chose ?» qui vole un œuf, vole un bœuf et bien, qui chasse un oiseau, chasse le loup. « Justement, il n’y a jamais eu autant de chasseur que depuis l’éclipse… tous ne sont pas né avec un fusil ou une arme dans les mains. Ils doivent bien s’exercer. Ces oiseaux là sont presque tous élevés en captivité pour être chassé en suite. « Il serait peut être plus prudent de ne plus trop trainer par ici… » fit elle avec frustration de ne pas pouvoir tester son sort sur la jeune femme. « Et en même temps, en cas d’attaque, je saurai comment m’y prendre. » fit-elle, toujours l’esprit vantard. « Mais, vous avez raison, je n’ai aucune idée de l’effet que ce sort pourrait avoir sur vous, si je dois m’exercer à nouveau, ce sera sur un Lycan. Pas sur vous. »

Elle avait cette soif, Itziar. Depuis le début de cette malédiction. Cette soif qu’elle n’arrivait pas à satisfaire. Tel un vampire qui n'arrivait pas à se rassasier. À la différence, que sa soif, elle n’était pas pour le sang. Elle n’avait pas sombré à ce point. Pourtant, elle avait cette soif de danger. Cette soif de se rapprocher toujours plus des limites du raisonnable. Elle était devenue une créature dénuée de toute raison, une créature qui ne répondait qu’à l’appel de ses envies irrépressibles. C’était plus fort qu’elle. Tel un vampire qui oserait s’exposer au soleil. Elle courait après les créatures au risque de sa vie. Elle aurait presque vendu son âme au chasseur si elle avait pu. La sorcière lui parle de prudence. Elle n’entend même pas. Son esprit est ailleurs. Son esprit pense aux créatures que les chasseurs pourraient lui ramener. À la chair fraîche sur laquelle elle pourrait faire toutes les expériences qui lui passeraient par la tête. Elle pourrait s’abreuver sans boire. Elle serait rassasiée, avec un peu de chance pour les prochains jours. Puis la chasse devrait reprendre. La faim se ferait de nouveau présente et elle prendrait toujours un peu plus de risque. Il ne lui manquait que les canines acérées, finalement, pour être portées au même rang que ces créatures sans âge. Peut-être que Joseph aurait dû la mordre, finalement. Là encore, elle avait eu de la chance. Peut-être que l’élève avait dépassé le maître cette fois-là, que c’était elle qui l’avait envoûtée. Elle flairait les créatures surnaturelles comme le vampire pouvant sentir le sang qui s’écoulait dans les veines de ses victimes. Sans la moindre difficulté. “C’est dommage. J’étais réellement prête à vous laisser faire. Mais c’est plus sage, effectivement.” Répond-elle à la sorcière. Cette expérience n’était donc pas pour cette fois. Elle avait encore un peu de répit avant de finir en poussière, un pieu planté dans le cœur.