(c) jugcooper

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Il avait perçu sa présence en même temps qu'il avait senti son odeur, avant de reconnaître la cadence de ses pas qui martelaient le sol. L'arrivée de Swann n'avait pas la plus petite chance de lui échapper, pas même s'il avait été occupé à planter ses crocs dans le cou appétissant d'une jeune victime – par chance pour le jeune sorcier, son repas venait de prendre fin et il lui épargnerait ainsi une vision dont il savait qu'il avait une sainte horreur. « Tu es ici depuis trois jours. Soixante-douze heures. » Qu'il ne prenne pas la peine de toquer à la porte ou de s'annoncer ne devrait pas le surprendre, chacun ici sachant de quels privilèges jouissait Swann et pourquoi il lui était possible d'aller et venir dans ce bureau sans pour autant s'attirer la colère de James. « Cherches-tu à me dire que je te manquais ? » Il demanda d'un ton faussement ingénu, trempant la plume de son stylographe dans un peu d'encre avant de noircir la feuille sous ses yeux. Une simple lettre qu'il ferait parvenir à des connaissances dont il comptait solliciter l'intervention pour les nuits prochaines. « C’est ce que tu comptes faire depuis l’avènement de la lune ? Tuer tous les villageois aventure ou les transformer ? Tes jouets n’auront pas le temps de se renouveler assez vite. » - « Allons, tu es désagréable. Qui ai-je bien pu tuer pour que tu te mettes dans des états pareils ? » Il avait toujours laissé ses émotions et ses sentiments le contrôler, Swann, et c'était sans doute en ça qu'ils étaient les plus différents. Qu'il désapprouve ses méthodes n'avait rien de nouveau, mais il semblait aujourd'hui avoir à cœur de le lui rappeler. « Pas ton cher et tendre, j'espère. » Il glissa, presque l'air de rien. Quelle tragédie ce serait, n'est-ce pas.

« Tu vaux mieux que ça. » Un rire sinistre secoua sa poitrine tandis qu'il releva cette fois complètement son visage pour le dévisager, l'esquisse d'un fin sourire au coin des lèvres comme si, malgré tout, il se réjouissait de le voir. Peu nombreux étaient ceux à pouvoir comprendre le lien particulier qui les avait toujours liés l'un à l'autre et qui avait très tôt poussé James à lui offrir sa protection lorsqu'il s'aventurait comme ce soir sur leur territoire. Une part de nostalgie l'envahissait chaque fois que le jeune sorcier et lui se retrouvaient, là où il était peut être le seul en dehors de son clan à qui James serait incapable de faire le moindre mal. Pour autant, Swann devrait se méfier, cette nostalgie ne lui donnait pas tous les droits. « Et toi tu es trop futé pour croire que tu toucheras une corde sensible avec ce genre de paroles. » Il ne valait pas mieux que ça, parce que c'est ce qu'il était. Un tueur assoiffé de sang qui ne faisait pas dans la dentelle lorsqu'il devait répondre à ses instincts et contenter sa soif. S'il ne prenait pas systématiquement la vie, l'acte en lui-même lui conférait un plaisir qu'il n'avait pas le moindre mal à assumer. « Si je fais en sorte que personne ne s'en prenne à toi entre ces murs, ce n'est pas pour avoir droit à tes discours idéalistes. » Il quitta finalement son siège pour contourner le bureau et s'approcher de lui, prenant un court instant pour contempler ses traits – qui contrairement aux siens n'étaient pas figés dans le temps et changeaient de manière à peine perceptible à chacune de leurs rencontres. « Tu sais que je caresse toujours l'espoir de faire de toi l'un des nôtres, tôt ou tard. » Il le savait, parce qu'il le lui rappelait à chaque fois, convaincu que sa force et son esprit seraient bien mieux employés s'il rejoignait leurs rangs plutôt qu'auprès de ces vulgaires sorciers adeptes des potions et des sorts. Swann pourrait être tellement d'autres choses, à ses cotés. Il pourrait être inarrêtable.

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« Je cherche à te dire que tu cours à ta perte. » Le coin de ses lèvres se retroussa dans un sourire quelques peu moqueur, bien qu'il doive reconnaître que la bonté d'âme qu'il avait toujours perçu chez Swann l'aurait sûrement touché s'il ne s'attendait pas à recevoir ses mises en garde. « Tes amis sorciers m'ont dans leur collimateur ? Dis-leur de prendre un ticket. » Ils n'étaient pas les premiers et ils ne seraient pas les derniers à projeter une attaque contre le clan. Avec l'avènement de cette nuit sans fin, toutes les créatures de l'ombre se battraient bientôt pour asseoir leur supériorité. « Ne t’avise pas d’aller sur ce terrain là. » Peut être avait-il touché un sujet sensible, en tous les cas ses réticences à mentionner le jeune sorcier qui semblait faire battre son cœur lui arracha un léger rictus. Swann avait toujours été du genre sentimental, et à lui aussi ça pourrait bien lui causer des problèmes. « C'est donc ce que tu fais quand tu ne t’entraînes pas à maîtriser des sorts, tu fais les yeux doux à tes petits camarades ? » Il devait reconnaître qu'au moins, il n'avait pas choisi de tomber amoureux d'un humain ou d'un loup-garou, mais de quelqu'un de son espèce. « J'aurais pensé que tu en choisirais un avec un peu plus de panache. » Il était peut être bâti comme un demi-géant, mais il l'avait suffisamment observé pour savoir qu'il avait bien trop de candeur en lui pour être un allié véritablement redoutable.

« Tu n’a pas non plus envie que j’attaque tes protégés. »
« Tu me ferais beaucoup de peine, allons, je sais que ce n'est pas ce que tu veux. »

Et c'était peut être ce qui lui donnait l'impression qu'il pouvait tout se permettre avec lui, Swann ayant toujours été capable d'excuser ses écarts de langage et la cruauté sans limite dont il le savait parfois capable. Au fond, James en était persuadé, ils auraient fait une bonne équipe si les circonstances avaient été différentes. « Et tu sais ce que je continue de te répondre. Tu as déjà assez des jouets, je ne serai pas l’un d’eux. » Qu'il parle de ses disciples comme de vulgaires jouets ne l'étonnait pas, le regard que Swann avait toujours posé sur leur clan se voulant bien moins indulgent que celui qu'il continuait de poser sur James. « Aucun qui ait tes pouvoirs. Et tu me connais, j'aime la variété au moins autant que j'aime la compagnie. » Aucun qui vienne d'une illustre lignée de sorciers non plus. De si grandes capacités couplées à l'immortalité d'un buveur de sang feraient à n'en pas douter un cocktail explosif : Swann pourrait devenir l'un des êtres les plus puissants que les ténèbres aient connu. Malheureusement, il était trop loyal à son espèce pour rejoindre leurs rangs. Le vampire se laissa alors un instant distraire par le contact des doigts de Swann contre ses lèvres, songeant qu'il n'aurait qu'à se pencher légèrement pour goûter à son cou mais qu'il se l'interdisait formellement, depuis toujours. « Si tu restes ici, tu vas te faire attaquer. Et ce ne sont pas tes nouveaux-nés qui te seront d’une grande aide. » - « C'est une menace ou une mise en garde ? » Il savait très bien ce qu'il en était, au moins de la part de Swann, le jeune sorcier n'ayant jamais saisi aucune occasion de s'en prendre à lui même alors qu'il aurait pu. Et ça avait toujours arrangé James, qui n'imaginait pas lui faire du tort en retour.  « Mon clan se prépare depuis des siècles à livrer bataille contre ses ennemis. Alors si j'étais toi, je dissuaderais mes amis de venir se frotter à nous. » S'il ne voulait pas que son espèce se retrouve tôt ou tard en grande difficulté, une poignée d'entre eux étant sans doute assez puissante pour vaincre une armée de vampires mais la plupart n'ayant pas encore acquis les capacités de leur résister. « Je ne ferai pas preuve de la même clémence avec eux qu'avec toi, Swann. » Parce qu'il était l'exception et qu'il n'avait que faire des personnes à qui le sorcier pouvait bien tenir. A vrai dire, peut être considérerait-il un jour de le rejoindre du coté de l'immortalité s'il n'avait plus personne d'autre. Finalement, trois coups portés contre la porte de son bureau lui firent relever la tête. « Entrez. »

win - L'un de ses disciples passe le pas de la porte et paraît un instant interloqué par la présence de Swann. Toutefois, conscient que le sorcier est immunisé en ces lieux, il ne fait pas de commentaire et se contente de déposer une enveloppe sur le bureau et de ressortir.
so close - L'un de ses disciples passe le pas de la porte et son regard s'arrête aussitôt sur la silhouette de Swann, qu'il détaille avec un peu trop d'attention pour ne pas trahir une soif grandissante. « N'y pense même pas, Léonard. » Swann était chasse gardée et personne ne poserait un croc sur lui.
fail - L'un de ses disciples passe le pas de la porte et son regard s'arrête aussitôt sur la silhouette de Swann, ses instincts de chasseur prenant aussitôt le dessus lorsque ses crocs se dévoilent dans un sourire morbide et qu'il se sent attiré par le bruit de ses battements de cœur. Conscient du danger qu'encoure le sorcier, James bondit entre celui-ci et le vampire, repoussant ce dernier en plaquant violemment sa paume contre son torse. « Ça suffit. Swann est avec moi, personne ne le touche. » Et même les petits nouveaux auraient à apprendre cette règle et à l'appliquer.

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« Tu vas trop loin, même pour toi. Arrête. »
« Tu ne peux pas me reprocher de me soucier de toi. »

Après tout, il osait croire qu'il était suffisamment rare que ça arrive pour qu'on ne le lui reproche pas lorsque c'était le cas. Swann était une exception à bien des égards, tant dans l'immunité qu'il lui assurait entre ces murs que de par l'importance qu'il continuait d'avoir à ses yeux. Une importance qui trouvait ses origines dans un passé que le sorcier et lui n'évoquaient pourtant jamais, mais qui tout ce temps avait maintenu ce lien immuable entre eux. « Je t’offre déjà ma compagnie, ne sois pas trop gourmand. » Ça ne l'empêchait pourtant pas de vouloir plus, James, là où il ne savait jamais se contenter de ce qu'il avait et cherchait toujours à vous prendre le bras tout entier lorsque vous lui tendiez simplement le doigt. Dans le cas de Swann, c'était encore un peu plus particulier : il avait toujours aspiré à combattre à ses côtés et s'était convaincu qu'il pourrait faire de lui un buveur de sang particulièrement puissant si seulement il le rejoignait du coté des immortels. « Tu pourrais rester ici éternellement si seulement tu voulais bien voir tout ce qu'on pourrait mutuellement s'apporter. » Mais il ne trahirait jamais son espèce, Swann, pas plus que sa famille, ses amis, ou ce jeune sorcier dont il semblait désespéramment épris. Mais James n'était rien sinon diablement borné, le sorcier le savait.

« Est-ce que j’ai l’air de te menacer ? » Il serait difficile de lui prêter de mauvaises intentions, quelles qu'elles soient, alors James se contenta d'incliner la tête et d'afficher un rictus, encore aujourd'hui plus troublé qu'il ne l'aurait cru par leur proximité. N'importe qui aurait eu l'air inconscient à la place de Swann, et alors que James n'aurait qu'à faire un pas de plus pour goûter à sa chair, mais le sorcier savait pertinemment qu'il n'en ferait rien. Que la simple idée de boire une gorgée de son sang et de prendre le risque de ne plus savoir s'arrêter suffisait à ce qu'il ne veuille pas s'y aventurer. « Je n’ai pas besoin de ta clémence, James, et je ne peux pas garantir la leur en retour. » Oh ça ne faisait pas le moindre doute, James sachant pertinemment qu'une armée de sorciers n'attendait que de les voir disparaître pour éradiquer l'une des menaces que cette nuit sans fin avait vu émerger. « Beaucoup ici ne comprennent pas que je puisse être proche d'un membre d'un clan adverse. Et je suis prêt à parier qu'il en va de même pour tes congénères. » Qu'eux non plus ne comprendraient pas que Swann passe un peu de son temps auprès d'un vampire, d'un de leurs ennemis ancestraux. Tout ça le poussait même à se questionner : ses semblables le savaient-ils ?

Ceux de James, en tout cas, étaient parfaitement au courant de ce qui se jouait entre les quatre murs de son bureau, quand bien même les plus novices d'entre eux apprenaient encore à se familiariser avec certaines règles. L'une d'entre elles impliquait ainsi de ne pas toucher un seul cheveu du jeune sorcier, ce que certains semblaient encore avoir un peu de mal à appliquer. L'arrivée de Léonard, un jeune immortel que James avait transformé pas plus tard que quelques jours plus tôt, le lui prouva une fois encore. Perturbé par la présence du sorcier autant que par le son de ses battements de cœur résonnant aux quatre coins de la pièce, le jeune vampire n'écouta que son instinct de chasseur au moment de poser sur Swann un regard que James connaissait bien. Un regard en effet suffisamment menaçant pour qu'il se sente aussitôt obligé d'intervenir : Swann serait toujours en sécurité à ses cotés, c'était un fait qui n'avait pas vocation à changer. Lorsque le sorcier s'empressa à son tour d'acter cette règle tacite, c'est un James attentif qui l'observa faire usage de ses pouvoirs sur son disciple, son regard ne perdant pas une miette de la scène qui se jouait sous ses yeux. Léonard, qui avait certainement senti son crâne à deux doigts de l'implosion, se mordit probablement les doigts d'être entré dans ce bureau en premier lieu : sous la force du seul poing de Swann, le vampire n'était dès lors plus capable de bouger, penser ou de seulement articuler un seul mot. « Je te conseille de faire ce que tu avais en tête et de nous laisser. » Swann relâcha finalement sa prise et le jeune vampire se redressa péniblement. « Tu l'as entendu. » Et s'il ne voulait pas jouer les prolongations ou faire aussi les frais du sadisme légendaire de son créateur, il n'insisterait pas. « Repasse plus tard. »

Léonard se retira ainsi sans rien ajouter, probablement encore secoué par sa confrontation avec Swann. Le tout, bien sûr, sous le regard satisfait – et un peu fier aussi, sans doute – de James. « Impressionnante, ta démonstration. J'ai parfois du mal à croire qu'un minois aussi innocent puisse appartenir à un sorcier aussi puissant. » Il souffla ces mots tandis que du bout de son index, il redessina les contours de son visage et s'arrêta un instant à hauteur de son menton. Swann avait toujours paru trop pur pour ce monde destiné à se déchirer ; ce serait pourtant une erreur de le sous-estimer. « Il va dire aux autres de ne se pas se frotter à toi et tu devrais être tranquille quelques temps. » En plus du fait que James veillerait à ce que le message soit encore plus clair, la prochaine fois. Pour sûr que Léonard ferait courir le bruit que le petit protégé de James savait se défendre et sur ce point, ils étaient gagnants tous les deux. « Mais Swann, ne tente pas le diable pour autant. Les prochains jours risquent d'être particulièrement sanglants et je ne voudrais pas apprendre qu'il t'est arrivé quelque chose. » Parce qu'aussi difficile que ce soit pour lui de l'admettre, ça lui causerait une peine aussi importante que s'il arrivait malheur à l'un des siens. Et ça, James osait croire qu'il n'avait pas besoin de le spécifier pour que le sorcier en soit conscient.