Ambrose observe longuement la lame ensanglantée, encore plein d’une adrénaline qu’il a déjà à cœur de retrouver. La salle s’est vidée à grands coups de mouvements de panique, la musique a continué à tourner sans que plus personne ne danse sur la piste du gymnase de l’école. La faute à lui, ça. La faute à la pauvre Sara, qui a vu son torse être barré d’un couteau pendant un instant, avant que le brun ne reprenne la lame non sans difficulté pour plutôt la loger contre son cou. Là, le sang a coulé à flots. Là, au moins, il s’est assuré que plus jamais elle ne se mettrait entre lui et Ruben. « J’ai compris qu’elle te collait un peu trop, et que toi tu l’appréciais pas. » Il a compris ce qu’il a voulu comprendre, évidemment, mais lui est assuré de ses propos. Il sourit, pas dérangé pour un sou par l’éclaboussure de sang contre sa joue. Il n’avait pas prévu qu’il jaillisse d’une telle manière.

Ruben est à ses côtés, retenu par l’attitude sans doute menaçante d’un Ambrose qui n’a pas prévu de laisser tomber son arme - ni de l’utiliser contre le garçon qu’il aime, mais personne n’a réellement confiance en ses mouvements ou son jugement. « On va pouvoir être ensemble, comme ça. Juste toi et moi. Sara n’embêtera plus personne. » Son sourire s’étire et, lorsqu’il se rend compte de la tâche brune sur son couteau, il nettoie ce dernier en le faisant glisser contre le pantalon de son costume pour le nettoyer. Après tout, il ne veut pas que la scène soit sale pour les yeux si purs et si doux du brun. « Tu aurais voulu le faire toi-même ? Désolé, j’y ai pas pensé. » Ambrose rajoute finalement, face au visage interdit du brun qu’il n’arrive pas totalement à interpréter: cela ne peut être que parce qu’il aurait voulu agir lui-même, pourtant, il en vient rapidement à cette conclusion évidente. Il peut lui laisser le couteau s’il veut lui rajouter un coup ou deux, après tout elle n’est pas totalement morte, simplement en train de se noyer dans son propre sang. Cela ne saurait tarder.

tw: pareil, je suis un pigeon je suis le mouvement.

Les yeux de Ruben avaient du mal à intégrer les images qui se déroulaient devant lui, à se dire qu’il ne rêvait pas ou que ce n’était pas là une invention de son esprit. Il tentait, très fort - mais comment se dire que cela pouvait être vrai alors qu’Ambrose tenait un couteau ensanglanté sous leur nez ? Et sans sembler être dérangé rien que par cette idée ? « J’ai compris qu’elle te collait un peu trop, et que toi tu l’appréciais pas. » La bouche semi-ouverte, Ben restait interdit. Sara s’était retrouvée tailladée à plusieurs endroits parce-que Rose s’était dit qu’elle était… trop envahissante ? C’était forcément un mauvais rêve. « On va pouvoir être ensemble, comme ça. Juste toi et moi. Sara n’embêtera plus personne. » Elle ne risquait plus d’embêter personne, pour sur, alors qu’elle se vidait de son sang sur le parquet au rythme d’une musique de jazz en fond. Ruben déglutit: il se retenait de ne pas vomir son dîner sur le corps presque inanimé de la jeune fille.

« Tu aurais voulu le faire toi-même ? Désolé, j’y ai pas pensé. » -« Qu’est-ce que t’as fait Ambrose… » Ses mots ressemblaient plus à une complainte et une supplication en même temps qu’à une question, tant il était abasourdi par la situation. Ses mains s’étaient mises à trembler, un semblant de trop plein d’émotions l’envahissant - le problème étant qu’il n’était pas apte à identifier ces dernières, et que face à un Ambrose hors de contrôle apparemment il ne pouvait se permettre de se laisser aller. « Tu viens de lui… trancher la gorge… parce-qu’elle est venue danser avec moi ? » Le regard de Ben alla un instant de Rose à Sara - mais ce fut une mauvaise idée car il dut se retourner pour déverser le maigre contenu de son estomac sur le sol, un peu plus loin. C’était définitivement un cauchemar. Ambrose ne pouvait pas avoir fait ça. Pas le doux et gentil Ambrose que lui connaissait. Alors certes oui, effectivement, les deux garçons s’étaient retrouvés à éprouver une certaine affection l’un pour l’autre - mais jusqu’à preuve du contraire, Ruben ne lui avait pas promis un avenir radieux à deux. Ni n’avait exprimé l’idée de voir Sara retirée - littéralement - de l’équation.

(toujours beaucoup de tw tout pareil)

Le regard de Ruben est différent, maintenant, mais Ambrose se dit que cela représente seulement le changement de l’amitié vers l’amour le plus pur, surtout maintenant que Hartfield est délivré de tout poids causé par Sara. Elle ne l’embêtera plus jamais, il est désormais libre et il peut bien aimer qui il veut ; Ambrose ne demande même pas à être remercié pour ça: c’était normal, après tout. Il méritait bien que quelqu’un l’aide à se délivrer du mal. « Qu’est-ce que t’as fait Ambrose… » Il ne comprend pas mais ce n’est pas grave, parce qu’Ambrose est patient et qu’il peut facilement l’aider à comprendre toute cette situation. « Rien, t’en fais pas. Je t’ai juste un peu aidé. » Il sourit davantage encore: il n’a pas fait grand chose, vraiment. Ruben n’a pas à s’en faire, il ne lui doit rien. Ambrose a agi par pur amour pour lui.

« Tu viens de lui… trancher la gorge… parce-qu’elle est venue danser avec moi ? » Il s’apprêtait à clarifier toute la situation mais Ruben se retourne vivement pour vomir contre le sol, pas si loin du corps de Sara où une tâche sombre et ronde s’élargit peu à peu autour d’elle. Doucement, Ambrose se rapproche de lui et pose une main contre son dos qu’il caresse tendrement dans le but de le rassurer et de lui assurer sa présence bienveillante. « Ça va ? Tu devrais peut-être manger quelque chose ? » Il a dansé toute la soirée et sûrement bu un peu, aussi, alors Ambrose n’est pas etonné que son estomac montre finalement des signes de fatigue. Surtout, il ne fait pas le lien avec son propre acte, n’y voyant aucun rapport, même alors qu’il a pris le temps de laisser le couteau près du corps de la jeune femme ; il n’en fera plus rien et il le gêne désormais, de toute façon. « On peut aller manger quelque part si tu veux, la soirée n’est pas si amusante que ça. » Et à s’y méprendre, ils sont seuls dans l’immense gymnase, désormais.

tw: c'est un peu moins pire, eh.

« Rien, t’en fais pas. Je t’ai juste un peu aidé. » Juste un peu aidé - il n’avait rien aidé du tout surtout. La jeune femme était en train de finir d’agoniser sur le sol, le regard écarquillé alors que personne n’était apte à lui venir en aide - il serait définitivement trop tard de toutes façons. Mais ce qu’avait fait Ambrose était pire que de ne pas pourvoir lui porter secours: il était celui qui l’avait mis dans cet état. De comprendre ce qu’il s’était passé et de voir tout ce sang se répandre sur le sol fut un brin de trop pour Ruben qui ne sut retenir le peu que contenant son estomac; il dut se détourner pour ne pas rendre la scène plus dramatique qu’elle était.

Rapidement, la main de Rose se fit sentir dans son dos, caressant ce dernier - et si le geste se serait vu être rassurant dans toute situation, en cet instant cela arracha un frisson le long de l’échine de Ruben. « Ça va ? Tu devrais peut-être manger quelque chose ? On peut aller manger quelque part si tu veux, la soirée n’est pas si amusante que ça. » Se courbant pour se dégager de la main du brun, Ben fit volte face alors que ses yeux restaient un brin exorbités. « Manger quelque-chose ? Tu veux aller manger quelque-chose ? » Il secouait la tête, faisait quelques pas en arrière pour s’écarter du jeune homme. Ruben aurait préféré être apte à garder complètement son sang froid, mais ce n’était pas chose aisée alors que devant lui se tenait quelqu’un en qui il avait jusqu’alors confiance - quelqu’un qui venait surtout d’ôter la vie à une innocente. « Tu veux aller manger alors que tu viens de la tuer, Ambrose ? » La colère dans ses mots était surtout du à la peur qui montait en lui, alors qu’il se disait qu’il n’aurait jamais pu imaginer le brun capable d’une telle chose. « Elle avait rien fait, t’avais pas le droit de faire ça ! »

« Manger quelque-chose ? Tu veux aller manger quelque-chose ? » …Non ? Il observe Ruben un instant, interloqué par la teneur de sa question. Il ne veut pas aller manger quelque chose, lui ? Ambrose n’impose même aucun endroit en particulier, ni aucune nourriture ; il dit simplement que Ruben ferait mieux de se remplir l’estomac après en avoir fait remonter toute l’acidité, cela lui ferait le plus grand bien. « D’ici cinq minutes si tu veux. » Il cherche des compromis, encore et toujours pour le bien de Ruben. Peut-être qu’il a envie de reprendre son souffle, et bien que cela ne soit pas le cas d’Ambrose, il peut au moins le comprendre.

Ce qu’il ne comprend pas, c’est le changement soudain d’attitude de Ruben à son égard. Tout semble différent alors que rien ne l’est, pas maintenant qu’Ambrose a tout mis en place pour qu’ils puissent sereinement être ensemble. « Tu veux aller manger alors que tu viens de la tuer, Ambrose ? » Elle ne bougera plus de là, maintenant. Elle n’est plus un problème. « Elle avait rien fait, t’avais pas le droit de faire ça ! » Offusqué, Ambrose fronce les sourcils et a un naturel mouvement de recul à son tour. De quel droit Ruben se permet-il de juger son acte et, surtout, de quel droit se permet-il de le faire négativement ? « Qu’est-ce que tu racontes ? Je l’ai fait pour nous, Ruben. T’as pas le droit d’être en colère. » Il n’a pas le droit de lui crier dessus et il n’a pas non plus le droit de le regarder avec un tel air de dégoût mêlé à la colère: c’est trop injuste. Tout ce qu’a fait Ambrose, c’est s’assurer qu’ils puissent être ensemble le plus longtemps possible, pour être par la même occasion le plus heureux possible. « Tu vois pas que j’ai fait ça pour toi ? Pour que tu sois libre ? Tu vois à quel point t’es égoïste, là ? » Personne n’avait à demander son avis à Sara, elle n’importe pas dans cette histoire.

« D’ici cinq minutes si tu veux. » Rien que l’idée même d’envisager manger quelque-chose, de poser son regard sur n’importe quoi d’autre alors qu’il avait l’image de Sara suffoquant dans son propre sang greffée à ses cornées lui était insupportable. Et Ambrose proposait de décaler cette idée là dans cinq minutes, le temps que quoi, il reprenne ses esprits ? Ruben n’était pas celui des deux jeunes qui avait perdu ses esprits, qui avait perdu la boule, c’était ça le soucis présentement - et c’était ce que Rose ne semblait pas comprendre ou voir.

Parce-qu’il le vit, malgré l’incompréhension qui rendait floue sa vision et le dégout qui se mettait à s’installer dans toutes les fibres musculaires qui composaient son corps, l’étonnement sur les traits du visage de son ami. Il put y lire également à quel point il était boulversé et chamboulé par une telle réaction de la part de Ruben - bien avant qu’il n’ouvre la bouche pour lui répondre. « Qu’est-ce que tu racontes ? Je l’ai fait pour nous, Ruben. T’as pas le droit d’être en colère. » Un rire amer échappa à Hartfield sans même qu’il ne s’en rende compte, alors qu’il fit un nouveau pas de recul. « J’ai pas le droit de me mettre en colère ? » Ce n’était pas ce qu’il aurait voulu, mais il était en proie à une poussée d’adrénaline qui lui permettait de tenir le choc pour le moment - et être en colère était une option qui permettait d’évacuer un peu de tout ça, alors il la laissait être ressentie. « Tu vois pas que j’ai fait ça pour toi ? Pour que tu sois libre ? Tu vois à quel point t’es égoïste, là ? » Il ouvrit la bouche, referma cette dernière deux fois d’affilé. « Pour moi ? Pour que je sois libre ? » Se tournant, il secoua quelque peu la tête.

C’était un véritable cauchemar: il connaissait l’affection que lui portait Rose, il n’avait pas été sourd à son comportement, mais il n’aurait jamais pensé que ça puisse aller jusque là. « J’étais pas en prison, Ambrose. Je voulais être avec Sara ce soir. » Il fit face de nouveau au jeune homme, toujours cette même colère dans le regard; elle était parsemée d’une tristesse qu’il aurait préféré savoir cacher, mais une partie de lui devait se rendre compte à quel point toute cette histoire était désespérée. « Elle a rien demandé, elle. Tu l’as tué par jalousie. » Elle était un vilaine défaut, il le voyait parfaitement en cet instant. « Oh mon Dieu tu l’as tué par jalousie… » La véritable réalisation commençait; il leva sa main entre Ambrose et lui. « Eloigne toi de moi, Ambrose, éloigne toi maintenant. Je veux pas de ça, moi. »

« J’ai pas le droit de me mettre en colère ? »
« Non, voyons. »

Ambrose répond avec calme autant qu’avec pragmatisme ; selon sa propre vision des choses du moins. Il ne comprend pas pourquoi Ruben pourrait être en colère et, par extension, il estime aussi que ce dernier n’en a pas le droit: maintenant, ils vont pouvoir être ensemble et ils vont pouvoir être heureux, sans plus personne pour les en empêcher. « Pour moi ? Pour que je sois libre ? » Le plus jeune hoche la tête, sûr de ses positions. Bien sûr qu’il a fait tout ça pour Ruben, pour l’aider. Bien sûr que ce dernier devrait lui en être reconnaissant, parce qu’il a eu du mal à cacher ce couteau tout du long pour arriver dans le gymnase de leur école. « J’étais pas en prison, Ambrose. Je voulais être avec Sara ce soir. » Sa langue claque contre son palais pour marquer son désaccord. « Mais non, tu vois pas à quel point elle était obsédée par toi. » Des mots qui auraient tout avoir d’ironiques, si jamais Ambrose le comprenait en premier lieu. A ses yeux, il lui a seulement rendu service, et il refuse que son geste soit vu autrement. Tout partait d’une bonne intention.

« Elle a rien demandé, elle. Tu l’as tué par jalousie. Oh mon Dieu tu l’as tué par jalousie… » Le brun fronce les sourcils. Il n’aime pas qu’on lui assimile de la jalousie, et il n’aime pas que Ruben traite de cette manière tout ce qu’il a fait pour lui. Il aime encore moins qu’il le ressemble comme ça, avec des yeux qui ne reflètent plus le moindre amour. « Eloigne toi de moi, Ambrose, éloigne toi maintenant. Je veux pas de ça, moi. » Mais il refuse qu’ils soient séparés, parce qu’il ne veut pas que Ruben vive une vie sans lui. Pire encore, il refuse l’idée qu’il puisse vivre une vie avec quelqu’un d’autre. Le regard d’Ambrose se durcit, se refroidit aussi. Plutôt que de s’éloigner, le brun s’approche au contraire de lui rapidement ; juste assez de temps pour planter son couteau dans le cou du brun et ainsi s’assurer qu’il ne brisera plus jamais le coeur de quiconque.

tw: c’est terminé après.

« Non, voyons. » S’il n’était pas autant sous le choc, Ruben aurait ajouté la un rire franc à cette réponse osée que lui servait Ambrose. Il n’avait donc pas le droit de se mettre en colère, alors que ce n’était pas lui qui causait soucis dans cette situation ? Le jeune homme avait malheureusement perdu la tête, se mettait à déblatérer des idioties auxquelles Ben avait du mal à adhérer - et pour cause: pour quelle raison aurait-il eu envie que Rose agisse de la sorte ce soir ? Surtout ce soir ? Il avait eu envie de venir avec Sara ici, pas qu’elle soit retirée du décor. « Mais non, tu vois pas à quel point elle était obsédée par toi. » Ruben passa ses mains dans les cheveux, secouant quelque peu sa tête. « Parce-qu’elle est amoureuse de moi Ambrose, c’est pour ça qu’elle agit comme ça ! » Elle le lui avait avoué la veille au soir, de qui avait rendu Ben un homme heureux - et qui désormais ne pourrait plus rien faire de cette information.

Mais tout semblait être davantage compréhensible lorsqu’une des raisons des agissements d’Ambrose sembla désormais évidente aux yeux de Ben: il était jaloux. Il avait toujours été au courant de l’affection du brun, mais ne s’était jamais imaginé qu’elle était si développée. En tous cas, assez saisissante pour qu’il en vienne à supprimer quelqu’un qu’il pensait un obstacle à sa vie sentimentale. L’erreur de Hatfield ne fut pas de souligner qu’il avait envie de passer du temps avec Sara ce soir mais bien de souligner la raison qui avait donc poussé Ambrose à agir de la sorte ce soir: la jalousie. Ruben se mit à reculer, à prendre de la distance - de prendre peur aussi, malheureusement. Il avait oublié en cours de situation malheureusement que l’adage Si je ne peux pas t’avoir, personne ne t’aura et peut être que ça aurait pu lui servir aujourd’hui; le sauver même, car l’instant d’après alors que son regard devenait de plus en plus sombre Rose n’hésita pas un instant à se rapprocher de Ben. De trop, et pas pour lui montrer son affection: il ne s’écoula que quelques secondes avant qu’il n’enfonce le couteau utilisé précédemment sur Sara dans la gorge de Ruben. Tel un vampire voulant saigner sa proie, Constantine permit au liquide vermillon de s’écouler du corps encore chaud de celui pour qui son cœur avait pourtant palpité. S’étouffant avec son propre sang, manquant rapidement d’air et de sang pour maintenir son homéostasie, les yeux de Ruben se fermèrent pour de bon lorsqu’il toucha le sol en tombant contre ce dernier dans un bruit sourd.