Depuis quand je me préoccupe des fleurs qu’il y a dans l’hôtel c’est la vraie question, on a changé de fleuriste et il s'agit d'une petite blonde ? Je rentrais chez moi, en passant devant lui le concierge m’a arrêté pour me faire signer un document en échange d’un courrier qu’il doit me remettre. Quand il me tire de pensées que je ne savais même pas que j’avais en me posant cette question, je remarque qu’il attend que je signe car j’étais en train de bloquer sur le bouquet qu’il y a sur son comptoir. Je m’empresse d'attraper le papier et le stylo, répondant sur un ton qui voudrait me donner l’air que le sujet ne m’intéresse pas, alors que je viens d’être pris sur le fait.
“Il n’y a pas de problème avec les fleurs.”
Alors il me tend mon enveloppe sans rien dire mais en délivrant aussi un petit sourire qui trahit ce qu’il doit penser: stop lying, que vous ayez une tête à parler de fleurs ou non je vous ai vu vous savez. Quand bien même, c’est pas comme si j’avais envie d’entrer dans une conversation à ce propos il m'aurait posé la même question hier j’aurais répondu que ses fleurs étaient en train de fâner, aujourd’hui je constate qu’elles ont été remplacées c’est tout.
Remplacées par elle, donc. Cette jeune femme sur le chemin que je dois emprunter pour prendre l’ascenseur parce qu’elle est en train d’échanger un autre bouquet à cet endroit, auquel je ne faisais pas forcément attention non plus avant aujourd’hui. On ne s’est jamais croisés ici avant aujourd'hui non plus et la première impression que je dois donner c’est de me moquer d’elle parce que ma réaction est de rigoler, en fait pour moi-même, en découvrant la fleuriste petite et blonde, donc.
“Bonsôar.”
Arrêté le temps qu'elle termine au lieu de la déranger au passage, je l'observe remplacer un bouquet par l’autre. J'observe aussi un instant le cadran de ma montre, je me doutais qu’il est tard comme à chaque fois que je rentre chez moi.
“Vous êtes encore là ?”
Qu'est-ce que ça peux me faire ? Blague à part je n'ai pas le temps de me préoccuper ni des fleurs ni des petites blondes donc et je ne suis ni propriétaire ni directeur ici pour lui demander des explications sur ses horaires. Je me comporte comme si j’étais chez moi parce que je ne suis pas un client elle est devant ma porte en quelque sorte puisque l’ascenseur privé devant lequel elle se trouve ne va nulle part ailleurs qu’au dernier étage.
Dernière édition par Solas Forthys le Dim 5 Nov 2023 - 0:31, édité 1 fois
Dernièrement, Sunny avait signé un nouveau contrat. La petite fleuriste de quartier commençait à se faire un nom. Après avoir travaillé pour quelques petites boites pour des événements, pour son quartier durant la St Valentin et la Saint Patrick, pour Weatherton, voilà qu’elle venait de se retrouver à travailler avec un grand hôtel de la ville, et pas n’importe lequel. The Manor. Un hôtel historique, puisqu’il avait été un monument de la ville avant d’être racheté par quelqu’un de visiblement puissant, pour devenir un hôtel. La bâtisse en imposait de par son cachet, son architecture, et ses murs chargés d’Histoire, la rendant presque intimidante. Évidemment, une fois à l’intérieur, vous vous sentiez encore plus petit. La décoration était choisie avec goût, tout était élégant et classieux sans pour autant être le cliché de l’hôtel luxueux dégoulinant de dorures et de tapis rouges cramoisis. Tout le monde ne pouvait pas y séjourner, c’était une évidence. Sunny allait déposer des compositions plusieurs fois par semaines dans un lieu dans lequel elle ne pourrait même pas séjourner une nuit. Ou une heure. Rien que le privilège d’y respirer devait coûter cher. Alors forcément, un contrat, même temporaire avec cet hôtel voulait dire plus d’argent, donc plus de sous pour payer les frais de son entreprise, pour gâter Marnie, ses chats, et donner un maximum autour d’elle sans que cela n’empiète sur ses besoins. Alors voilà comment elle s’était retrouvée là, à une heure plutôt tardive, pour la deuxième fois du mois, avec ses caisses de fleurs dans les bras.
Alors qu’elle s’occupait d’arranger les nouvelles fleurs dans un coin du hall, un homme la rejoint et rit avant de la saluer. « Bonsoir ! », répondit joyeusement Sunny en lui offrant son plus beau sourire colgate. Elle poursuivit sa tâche, persuadée que l’homme allait disparaître, mais celui-ci s’adressa à nouveau à elle. La petite blonde tourna à nouveau la tête, toujours en lui souriant « Oui, je suis du soir aujourd’hui. Normalement, je viens tôt le matin, mais il y a quelque chose ou quelqu’un d’important ici demain matin apparemment… », fit-elle en prenant une moue précieuse et en feignant une révérence avec une robe bouffante bien trop grande. Elle se mit à rire doucement, moqueuse, caricaturale, mais pas méchante pour un sou. « Alors la petite fleuriste qui trimballe des caisses de fleurs trop lourdes, en tablier plein de terre et d’eau malgré les efforts pour rester impeccable, ça risque de faire tâche au milieu de ce beau monde, n'est-ce pas. », reprit la jeune femme en souriant. Sunny remarqua que l'homme se tenait devant un ascenseur dont l’accès semblait réservé au personnel, ou était personnel, ou… Enfin, bref, tout le monde ne pouvait pas l’utiliser, quoi. « Staff only ». Il devait sûrement travailler ici alors, car elle n'avait encore jamais vu un seul client venir dans ce coin. Sun' vit une chance de se faire aider à déplacer la dernière caisse de la soirée, et elle n'était clairement pas décidée à la laisser passer. « Ah, mais vous travaillez ici ?! Oh, est-ce que vous pourriez par hasard… », demanda de manière purement rhétorique la petite blonde qui avait déjà disparu pour aller chercher une caisse immense pesant au moins deux fois son propre poids à cause de la terre humide à l’intérieur, et de quelques vases commandés pour des plantes qu’elle allait installer. Sunny se dirigea avec précaution jusqu’à l’homme près de l’ascenseur. Décalant légèrement sa tête pour voir si elle était bien près de l’homme en question, elle vit (son torse) face à elle, et lui tendit la caisse. Enfin.
« Hmpf… Merci ! », lâcha Sunny en souriant, soulagée. Posant ses mains sur ses hanches, elle souffla un bon coup avant d’abandonner l’homme avec la grande caisse, pour lui dire en s’éloignant « Il faudrait m’aider et la déposer là-bas, juste en bas de l’immense escalier… Ce serait vraiment super gentil de votre part. C’est grand ici, c’est difficile de crapahuter d’un bout à l’autre sans s’essouffler avec un poids pareil... », plaisanta la jeune femme en tirant doucement la langue pour signifier qu'elle était un peu au bout du rolls. En jetant un œil à la réception, Sunny vit le concierge faire une drôle de tête en voyant l’énergumène blonde tenter de trimballer le grand brun à l’autre bout du hall avec sa caisse. Était-ce la lumière ou semblait-il plus pâle que tout à l’heure ?? Sûrement la fatigue. Non, Sun’ ne se doutait pas une seule seconde que vu sa tenue, son charme et son aura ténébreuse, celui-ci était loin d’être un simple employé habitué à se salir les mains avec de telles corvées. Elle n’avait, à vrai dire, pas vraiment fait attention. « Ah, et avant que je n’oublie… », elle sourit et sortit un billet de la poche de son tablier pour le glisser dans la poche de la veste de l’homme. C'était bien la moindre des choses de le payer pour faire cette tâche ingrate ! « Alors, vous voulez bien aider une pauvre fleuriste en détresse ? », demanda Sunny d'une petite voix mielleuse en retroussant sa lèvre inférieure pour le faire craquer, avant de pouffer de rire face à sa propre niaiserie, toujours sous le regard mi horrifié, mi amusé du concierge, qui finit par quitter son énorme comptoir en marbre froid pour s’approcher d’eux d'un pas rapide.
« Mademoiselle… », Sunny tourna la tête en arquant un sourcil, interloquée par l’intervention du concierge. Un petit ‘Hm ?’ quitta ses lèvres crispées. Quoi, elle n’avait pas le droit de donner un pourboire à quelqu’un travaillant à l’hôtel, pour elle ? « Vous ne pouvez pas… Enfin. Monsieur ne travaille pas ici, vous ne pouvez pas lui demander de… », il prit la caisse et laissa échapper un 'Ouuufff' face au poids de celle-ci. « Doux Jésus. », le concierge semblait perturbé. Sun’ se gratta la tempe, un peu confuse « Vous étiez pourtant devant un accès privé, j’ai cru que… », elle observa le grand brun et fut soudain prise d’une bouffée de chaleur. Elle ricana un court instant avant s’arrêter net en se rendant compte qu’il était probablement… Client ici, et vu la réaction du concierge, sa prestance, et sa tenue, il n’était sûrement pas n’importe qui. « Vous ne m’avez rien dit vous non plus ! », se défendit Sunny en regardant d'un air dépité le grand brun près d'elle, embêtée d’avoir dérangé quelqu’un dont ce n’était clairement pas le job. L'homme allait sans doute lui répondre que s'il avait pu en placer une, il lui aurait dit qu'il n'était pas là pour ça. Mais comme souvent, Sunny enchaînait et débitait sans jamais reprendre son souffle, et lorsqu'elle faisait cela, difficile de l'arrêter.« Je suis vraiment, sincèrement désolée… Je vous souhaite une bonne soirée. J'oserais même dire 'Adieu', car je pense qu’on ne se recroisera pas de sitôt dans cet hôtel, ni même ailleurs, ne vous en faites surtout pas pour ça... ». Sunny se mit à rire nerveusement, craignant que sa réputation de fleuriste très professionnelle n’en prenne un coup. Elle récupéra la caisse des bras du concierge qui était resté planté là, à la juger, avant de reculer légèrement pour s'éloigner d'eux, se mettant à tituber dangereusement en tentant de garder son équilibre. Elle était lourde (pas Sun, la caisse, oh !), ses bras étaient fatigués d'avoir du transporter autant de choses dans l'hôtel, dans la salle de réception, de tout faire seule pendant des heures... Mais, au moins, il y avait du positif dans cette situation: la taille de la caisse était parfaite pour se cacher derrière, et ça, c'était parfait vu que la Goldsmith avait envie de disparaitre tant elle avait honte. Sauf qu'avant de disparaitre, elle risquait de tomber à la renverse à cause de cette fichue caisse...
“Bonsoir ! Oui, je suis du soir aujourd’hui. Normalement, je viens tôt le matin, mais il y a quelque chose ou quelqu’un d’important ici demain matin apparemment… Alors la petite fleuriste qui trimballe des caisses de fleurs trop lourdes, en tablier plein de terre et d’eau malgré les efforts pour rester impeccable, ça risque de faire tâche au milieu de ce beau monde, n'est-ce pas.”
“Je vois...”
Je vois bien le genre clampin d’importance quelconque auquel elle fait allusion et pour la venue de qui elle travaille si tard afin que tout soit parfait pour demain matin. Je la vois aussi se moquer d’un beau monde dont je fais partie je lui donne la note de 1 pour la blague sur 10 à sa révérence digne d’une Meghan à qui personne n’a montré comment on fait avant qu’elle rencontre Elizabeth.
“Ah, mais vous travaillez ici ?!” Hein ? Non. “Oh, est-ce que vous pourriez par hasard…”
Je ne sais pas ce qui lui fait croire que je suis un employé mais ce qui me surprend aussi c’est qu'elle me prenne en fait carrément pour son larbin en me déposant sa caisse immense dans les bras.
“Merci !”
De rien, d’ailleurs je ne réponds rien je la regarde par dessus cette caisse derrière laquelle elle pourrait presque se cacher.
“Il faudrait m’aider et la déposer là-bas, juste en bas de l’immense escalier… Ce serait vraiment super gentil de votre part. C’est grand ici, c’est difficile de crapahuter d’un bout à l’autre sans s’essouffler avec un poids pareil… Alors, vous voulez bien aider une pauvre fleuriste en détresse ?”
Parce que j’ai le choix ? Si j’agissais vraiment contre mon gré ou à contre-coeur c’est ce que je lui aurait demandé mais elle me tombe dessus un jour où je suis d’humeur chevaleresque alors les mains d’une pauvre demoiselle en détresse à aider qui se baladent dans mes poches par surprise, ça ne me dérange pas.
Le concierge nous interrompt avant que je réponde une connerie. “Mademoiselle… Vous ne pouvez pas… Enfin. Monsieur ne travaille pas ici, vous ne pouvez pas lui demander de…” Porter le fardeau qu'il regrette aussitôt de m’avoir pris des bras. “Doux Jésus.” On est d’accord c'est pas que c'est lourd à porter, c'est que c'est sa mère lourd à porter la race de sa grand-mère.
“Vous étiez pourtant devant un accès privé, j’ai cru que…” Elle a cru que je travaillais ici. Comme c’est pas le cas elle m’observe mieux et je me demande qui elle crois que je suis maintenant pour réagir comme si le malaise était réel.“Vous ne m’avez rien dit vous non plus !” Si j’avais pu en placer une… Je lui aurais peut-être dit qu'elle faisait erreur sans pour autant refuser de lui prêter main forte sous prétexte que c’est pas mon job. “Je suis vraiment, sincèrement désolée… Je vous souhaite une bonne soirée. J'oserais même dire 'Adieu', car je pense qu’on ne se recroisera pas de sitôt dans cet hôtel, ni même ailleurs, ne vous en faites surtout pas pour ça…”
À la voir si mal à l'aise et à l'entendre elle aurait commis une faute professionnelle grave mais elle ne me laisse pas non plus le temps de lui dire que ce malentendu n’à rien de grave, elle reprend sa caisse des mains du concierge certes ravi d'en être débarrassé mais aussi inquiet pour elle que moi en l’observant galérer en s’éloignant si on ne fais rien, c’est de la non assistance à personne en danger de tomber à la renverse. Je vais donc la rattraper. Et je demande:
“Adieu ?”
C’est pas un peu dramatique ? Moi non plus je ne la laisse pas en placer une je vais déposer pour elle la caisse à l’endroit qu’elle a désigné plus tôt, en bas de l’immense escalier. Quand je me retourne je suis presque surpris qu’elle n'ait pas profité que j’ai le dos tourné pour disparaître dans un nuage de malaise. Revenu à sa hauteur je l’interroge encore:
“Et si on se recroise ?”
Puisque je ne suis pas client je suis résident de cet hôtel. Ça ne m’arrive pas souvent de rentrer chez moi alors la possibilité pour qu’on se rencontre à nouveau ici est peu probable en effet mais elle existe.
“Vous allez vous cacher pour m’éviter ?”
Je l'en crois capable et l’imaginer c’est ce qui me fait sourire. Je fouille dans la poche de ma veste pour en sortir le pourboire qu’elle y a laissé un peu plus tôt et le glisse directement dans son tablier pour lui rendre j’en ai pas besoin, je préfère qu’on me glisse des mots doux et qu'est-ce que je ferais pas pour les mériter:
Oui, bon, sa réaction semblait peut-être un peu extrême, mais Sunny était comme ça. Ses réactions n’étaient pas toujours contrôlées, proportionnées. Elles étaient souvent un peu trop. Pour le coup, Sun’ était un chouillat drama queen, car elle ne venait pas non plus de marcher sur le pied du Prince Roi Charles. Mais l’idée d’avoir fichu cette caisse gigantesque et lourde dans les bras d’un pauvre client qui voulait simplement rentrer tranquillement dans sa chambre, cela la mettait mal à l’aise. De base, elle ne se confondait en excuses que pour ça. Ensuite, elle se dit que vu l’établissement, l’aura et la classe du gars sans même porter un costard, Sun’ se dit que si jamais elle avait mis de mauvaise humeur la mauvaise personne, elle pourrait se faire pourrir et avoir une mauvaise réputation. Ces gens-là étaient très créatifs et avaient beaucoup d’énergie à dépenser pour ruiner la réputation de pauvres petits serviteurs comme Sunny. Elle ne souhaitait pas forcément passer sa vie à travailler pour de richissimes hommes d’affaires ou autres, mais si elle pouvait éviter d’être mal vue, ce serait bien. Sunny détestait les conflits, les mauvaises vibes, tout ça… Et surtout, elle ne supportait pas l’idée que quelqu’un la déteste ou se fasse une mauvaise idée d’elle. L’homme n’avait cependant pas l’air plus embêté ou perturbé que ça par la situation. En tout cas, toute colère et agacement étaient imperceptibles. La Goldsmith récupéra tout de même rapidement sa caisse qui pesait un âne mort, et tourna les talons pour reprendre son travail comme si, elle l’espérait, de rien n’était. Hélas, la fatigue la fit chanceler, tituber, et alors qu’elle se sentait basculer en arrière, quelqu’un vint prendre la caisse de ses bras. Sun’ reprit son équilibre rapidement et souffla un coup. C’était le grand brun ténébreux qui venait de voler à son secours, tel un preux chevalier. God bless.
Se tournant vers le concierge qui observait la scène tout en se retournant à sa place, la blonde lui fit un petit sourire poli, à peine crispé, pour ensuite suivre l’homme qui semblait aller lui déposer la caisse à l’endroit indiqué un peu plus tôt. Sunny sentit ses épaules se décrisper légèrement, et ses lèvres s’étirer en un petit sourire. L’homme revint ensuite à sa hauteur, et l’interrogea. Et si on se recroise ?, demanda-t-il simplement. Sans trop savoir pourquoi, le sourire de Sunny s’élargit, à tel point qu’elle dût se pincer les lèvres pour ne pas faire un grand sourire et passer pour une psychopathe. Pourquoi ?. La blonde fronça brièvement les sourcils, son regard semblant essayer de suivre la petite voix en panique dans sa tête, qui essayait de comprendre pourquoi elle souriait ainsi, et tentait de lui ordonner de ne pas tant sourire. D’où venait cette voix ??? Non, ce n'est pas le fait d’entendre une voix qui posait un problème (vous vous doutiez déjà qu’elle n’était peut-être pas seule dans sa tête), mais cette voix-là, elle, était nouvelle. Depuis quand la petite blonde devait-elle faire attention à ne pas trop sourire ? (Sûrement depuis qu’il n’y avait aucune raison de sourire joyeusement de la sorte, m’enfin). La jeune femme cessa de froncer les sourcils après avoir lutté intérieurement trois longues secondes pour faire taire sa petite voix. Quand l’homme l’interrogea pour savoir si elle comptait se cacher pour l’éviter s’ils étaient amenés à se revoir, elle pouffa de rire, un petit sourire malicieux trônant sur son joli minois. « Peut-être, oui. Ou alors je vous mettrai d’autres trucs lourds dans les bras, qui sait. », répondit-elle en levant ses paumes vers le ciel, pour hausser les épaules, de son petit air facétieux. Elle sourit davantage en voyant l’homme sourire, puis elle le remercia en le voyant lui rendre son pourboire. La blonde allait devoir trouver un autre moyen de le remercier, car elle lui devait bien ça. Elle haussa les sourcils de surprise lorsqu’il lui demanda s’il restait des caisses à déplacer. « Mais ! Vous êtes un ange ! », s’exclama la jeune femme en laissant tomber ses mains bruyamment le long de ses jambes. « Il n’en reste plus qu’une, et elle est un peu lourde… Elle est là-bas, près de l’entrée. », reprit Sunny en désignant la caisse avec son index, ne manquant pas de faire les yeux doux à l’inconnu pour finir de le convaincre de l’aider. Oh, un peu d’aide, ça ne faisait pas de mal une fois de temps en temps, surtout quand une personne se proposait, hein.
Laissant l’homme aller chercher la dernière caisse pour lui permettre de finir son travail, Sunny ouvrit sa caisse pour sortir une par une ses plantes, ne manquant pas de leur parler à voix haute à chaque nouvelle plante sortie. Les plus petites étaient déjà bien installées dans leurs pots, prêtes à s’ouvrir, étaler leurs magnifiques feuilles sombres, presque noires, et à contraster avec les plantes à fleurs blanches comme les Orchidées ou Anthuriums. Les autres, plus imposantes, soigneusement emballées posées près de l’escalier n’attendaient que leurs pots énormes et leur terreau. Sunny devait se dépêcher, ne voulant pas les contrarier en les laissant trop longtemps sans soin. Alors après avoir nettoyé quelques feuilles de ses Anthuriums, la blonde sortit les deux gros vases, expliquant le poids et la taille de cette caisse, pour ensuite enfiler ses gants rangés dans la poche de son tablier. Il était temps de remplir ces deux monstres et de rempoter les grandes plantes majestueuses qui allaient embellir chaque côté des escaliers. Voyant du coin de l’œil l’homme revenir et poser la caisse près d’elle, Sun’ leva la tête « Merci beaucoup pour votre aide. Si jamais vous vous ennuyez un jour, j’ai besoin d’un coup de main une à deux fois par mois. Je dis ça… », elle finit sa phrase en riant doucement pour appuyer sa plaisanterie. Oui, il avait vachement l’air d’avoir besoin d’un job pour se faire un peu d’argent de poche, clairement. Elle se gratta le front à l’aide son poignet, se mettant un peu de terre sur celui-ci sans s’en rendre compte, avant de se lever d’un bond en ôtant un gant. « Au fait, moi c’est Sunny ! Et vous, mon preux chevalier ??? », demanda d'un air amusé la petite blonde, en lui serrant énergiquement la main, tout en ne manquant pas de lui offrir un beau sourire.
Avec des ailes dans le dos et tout. Elle est mignonne en disant ça parce qu’elle n’a pas idée de quel genre. “Trahi par le sort et privé de louanges ?” je trouve que ça sonne bien parce que c’est de quelqu’un d'infiniment plus élevé que moi et ça sonne encore mieux si je n’en dis rien à voix haute. Le jour où je récite des litanies de Baudelaire à une fleuriste, je vais plus que mal.
Les déséquilibrés qui tombent du ciel il n’y aucune raison de sourire joyeusement de la sorte m’enfin, je fais tout pour faire bonne impression et à voir son enthousiasme elle trouve que c’est super d’avoir de l’aide au lieu de galérer seule, normal. Peut-être même qu’au lieu d’essayer de se cacher si elle me revoit elle me mettra d'autres trucs lourds dans les bras, qui sait. En attendant, comme je lui ai demandé s’il restait des caisses à déplacer ce soir, elle désigne qu’il n'en reste plus qu'une un peu lourde là-bas, près de l'entrée.
Le temps d’aller la prendre et de faire demi-tour, elle s'est plongée dans son travail les gants dans le terreau et un grand vase, tellement a fond dedans que je crois bien l'avoir vue parler à voix haute sans que je sois assez près pour entendre ce qu’elle raconte et sans que je puisse lire sur ses lèvres non plus, ce que je regrette. Ce que je ne regrette pas du tout c’est de déposer le reste de son matériel près d’elle et d’en avoir ainsi terminé avec ce que je pouvais faire pour l’aider.
“Merci beaucoup pour votre aide. Si jamais vous vous ennuyez un jour, j'ai besoin d'un coup de main une à deux fois par mois. Je dis ça…”
Je dis rien. Heureusement que c’est une plaisanterie j'aurais de la peine à trouver une tournure élégante pour répondre non, quand je m'ennuie mes bras servent a soulever les enfers une ou deux fois au passage.
“Au fait, moi c’est Sunny !”
Par un tour de passe-passe sémantique, grosso merdo on a le même prénom. Elle en porte la signification plus chaleureusement que moi avec son attitude solaire, rayonnante. Elle doit détester les mauvaises vibes, tout ça…
“Et vous, mon preux chevalier ???”
Preux chevalier maintenant. J’imagine que oui aussi. Ce soir on se contente du peu que j'ai bien voulu me rendre utile et sans avoir fait l’exploit de lui sauver la vie non plus j'ai aussi du lui éviter de basculer en arrière en rattrapant la caisse avec laquelle elle partait trop vite.
“Sir Forthys.”
Avec une épée et tout. Pour jouer le jeu j’ai répondu le plus sérieusement du monde et comme elle me serre la main ce serait l'occasion de me pencher dessus pour un baisemain aussi formel qu'était ma réponse mais je ne le fait pas parce que j'en ai déjà fait des caisses, à la place je lâche sa main pour balayer des doigts la terre qu’elle a sur le front.
“Je vous laisse terminer.”
My job here is done. Je vais rentrer chez moi comme j'allais le faire quand on s'est croisés, et j'y allais pour dormir. J’ai tellement besoin de repos que par faiblesse je suis encore là à m'être fatigué un peu plus à déplacer du matos pour jouer aux chevaliers servants.
“Je verrais demain.”
Je suis sûr que ce qu'elle est en train de faire est beau c'est son métier. C'est juste la première fois que j'en ai quelque chose à foutre des fleurs de l'hôtel j'avoue, le concierge pourra continuer à s’amuser de me voir contempler fleurs et fleuriste ça change de la contemplation d'un projet sombre que je dois avoir dans la tête que je fais habituellement.
Sunny se pinça les lèvres lorsqu'elle fut confrontée au silence de son interlocuteur après sa petite blague sur le fait qu'elle avait toujours plus ou moins besoin d'aide à la boutique. Pas grave, il lui en fallait plus pour se laisser abattre ! Bider ne faisait pas peur à Sunny: le sentiment de honte s'estompait aussi vite qu'il était arrivé (c’était peut-être ça le problème…). Sun' se présenta ensuite à l'homme qui avait si gentiment accepté de l'aider alors qu'il n'avait, de base, pas du tout prévu de se salir les mains pour une étrangère. « Joli. Enchantée ! », répondit-elle en lui tendant la main, faisant au passage une petite courbette à Sir Forthys le plus sérieusement du monde cette fois-ci. Elle fut frappée d’une sensation de déjà vu, qui la plongea une seconde dans ses pensées. Alors qu’elle venait d’en sortir, elle réalisa que tout son système avait buggé lorsqu’elle se retrouva à lever les yeux pour suivre tant bien que mal du regard la main de l’inconnu qui n’était plus si inconnu que ça, maintenant qu’elle connaissait son nom. Sunny loucha légèrement pour essayer d’observer les doigts du chevalier effleurer son front. Sun’ se sentit presque rougir en réalisant qu’il devait être en train de lui retirer de la terre. C’était plutôt gentil de sa part de ne pas la laisser se couvrir de ridicule, et errer dans le hall avec une grosse trace de terreau sur le visage. Elle murmura un Merci timide, loin d’être habituée à ce qu’un grand brun ténébreux qu’elle connaissait à peine ne la surplombe pour lui essuyer le front. Par réflexe, Sunny posa sa main sur son front, manquant de toucher celle de son sauveur, comme pour constater que oui, son front était à présent immaculé. Elle hocha ensuite énergiquement la tête en entendant que l'homme s'apprêtait à partir. De toute manière, il fallait qu'elle se remette rapidement au boulot si elle ne voulait pas laisser Marnie trop longtemps seule à la maison. Puis la jeune femme avait déjà une grosse journée de boulot dans les pattes; plus tôt elle rentrerait, mieux ce serait. « Bonne nuit. Et merci encore pour votre aide. », fit la petite blonde en lui faisant un petit signe de main avant qu’il ne tourne les talons. « J’espère que le résultat vous plaira ! », reprit-elle en haussant légèrement le ton afin qu'il prête attention à ses dernières paroles, et l'entende après s'être un peu éloigné.
« Allez, au boulot Goldsmith ! », se dit-elle après avoir observé trop longuement sir Forthys retourner à son ascenseur et s'y engouffrer. Elle tapa doucement dans ses mains pour se motiver à se remettre à la tâche. Durant son heure de boulot, elle avait placé et rempli les pots de leurs nouvelles occupantes: de somptueuses plantes qui embellissaient ces lieux déjà si beaux et décorés avec goûts. Sun' s'était rendue à l'étage pour que chaque couloir, de chaque étage, soit orné d'une composition florale différente, mais toujours en parfaite adéquation avec le style et le charme de l'hôtel. Sunny espérait que son boulot plairait aux clients, comme aux personnes travaillants ici. Une fois ses tâches terminées, elle repassa dans chaque petit recoin de l'hôtel, afin de veiller à avoir laissé les lieux impeccables. Hors de question de laisser la moindre trace de terre, la moindre petite feuille morte, le moindre morceau d'argile. Minutieuse comme elle l'était, Sun' ne risquait pas de partir avant d'être sûre de n'avoir rien fait de travers, ayant été quelque peu perturbée par sa rencontre du jour.
Il lui fallut tout de même finir par rentrer chez elle, et laisser son perfectionnisme (et ses tocs) de côté pour se retenir de retoucher à quelques bouquets, de changer de place à nouveau certaines plantes... Les choses étaient là où elles devaient être, comme le client l'avait demandé, avec quelques petits plus qui plairaient sûrement à celui-ci. Ce fut non sans penser au brun qu'elle quitta les lieux après avoir salué le concierge, en essayant désespérément de penser à autre chose, sans y parvenir. Ne l'avait-elle pas déjà croisé avant, ce Forthys ?? Voilà une étrange pensée obsédante avec laquelle allait devoir cohabiter Sun' ce soir...
La première partie de ma réponse - laquelle veut dire “de rien” - est silencieuse, un simple hochement de tête. La deuxième partie, je la prononce à voix haute comme un au revoir avant de partir:
“Bonne nuit.”
Dès lors mon objectif est pourtant simple: avancer en ligne droite jusqu’à l’ascenseur que je prends pour monter jusqu’à chez moi et disparaître sans adresser le moindre regard au concierge qui a assisté à cette charmante petite scène et que je sais moqueur car il m’a encore pris en flagrant délit de tentative de drague. Et sans me retourner pour lancer un dernier regard à la jeune femme non plus, alors que ce n’est pas l’envie impérieuse sortie de nulle part de le faire qui me manque. Je comptais y résister et j’y serais parvenu si elle ne m’avait pas interpellé alors que je n’ai fait que quelques pas:
“J’espère que le résultat vous plaira !”
Je prends ça comme la bonne excuse qu’elle m’a donné pour le faire alors je me retourne et lui adresse un dernier sourire. Après tout, c’est moi qui lui ai donné une raison de souhaiter que le résultat me plaise en lui disant que je verrais le résultat de son travail demain comme si je m’étais engagé à le faire alors qu’en réalité, selon mon humeur demain et les sujets qui vont me préoccuper pour la journée, il n’est pas impossible que je passe en fait devant en oubliant de prêter la moindre attention aux fleurs de l’hôtel. C’est bien parce que c’est d’ordinaire la dernière de mes préoccupations que le concierge s’était étonné de me voir les observer attentivement.
Que je sois attentif aux filles ça par contre, n’a rien d’étonnant. Rien d’étonnant donc, à ce que je cède un dernier regard de loin et que j'espérais discret en direction de la fleuriste que je pensais appliquée à sa tâche la tête plongée dans sa composition florale. C’est pas le cas et je me rends compte qu’elle m’a observé partir quand nos regards se croisent au moment où les portes de l’ascenseur se referment.
J’ai forcément pas compté les secondes pendant lesquelles je suis resté perturbé par le pouvoir des fleurs si on veut dire ça de manière poétique, ou par le pouvoir d’un joli minois si on veut dire ça de manière plus réaliste. Mais au bout d’un moment, je réalise que l’ascenseur ne va pas me conduire chez moi par l’opération du saint esprit si je badge pas pour le faire monter au dernier étage.
C’était très mignon tout ça, mais il est temps d’aller dormir. C’est même parce que c’était très mignon qu’il est temps d’aller dormir. Je revois la scène et ce que je vois dans mes souvenirs encore très frais de l’interaction que j’ai eu avec la fleuriste de l’hôtel, c’est que c’est surtout elle qui est trop mignonne et pas que physiquement, sa façon d’être aussi. Comprendre: c’est clairement pas une fille pour moi, clairement une fille qui mérite mieux que moi, clairement pas quelqu’un à qui j’ai osé proposer que puisqu’elle finit tard et que j’habite là, pourquoi pas venir me retrouver une fois son travail terminé au lieu de rentrer chez elle. Son travail, on verra demain si je pense à y jeter un coup d'œil ou si les tracas de mon quotidien d’ordure professionnelle auront repris le dessus sur un sujet aussi désuet que les fleurs qui embellissent l’hôtel.
Honnêtement ? Je minimisais. Je croyais que je n’y songerais plus. En tout cas, c’est pas cette rencontre qui m’a perturbé au point de m'empêcher de trouver rapidement le sommeil peu de temps après m’être allongé dans mon lit. Mais mon sommeil en est bel et bien perturbé, par mon téléphone portable qui sonne.
Enfin, il pourrait sonner que je ne l'entendrait pas à cause du volume de la musique qui donnerait un acouphène à n’importe qui passerait plus d’une heure dans ce night club dans lequel je me trouve. Mon téléphone, il vibre dans ma poche que je n’arrive pas à atteindre il faut que je demande sans politesse aucune à la nana façonnée comme Nina Agdal de bouger de là, c'est à dire de mes genoux où elle a pris ses aises, pour qu’elle s’exécute et que j’arrive à tirer mon iPhone de mon pantalon pour voir qui m’appelle. Le nom des gens qu’il y a dans mon répertoire s’affichent de manière énigmatique: moins de prénoms que de surnoms, encore moins des noms de famille, parfois même un simple émoji comme cette fleur qui essaie de me téléphoner. Je fronce les sourcils et au lieu de répondre, je range mon téléphone. Mais elle insiste, et pas seulement sur mon portable: Je n’en crois pas mes yeux mais l’agent de sécurité qui empêche à la plèbe d’accéder jusqu’au carré vip barre fermement la route a une petite blonde qui s’agite pour attirer mon attention. Je l’ignore comme jamais personne a été ignoré de sa vie dans l’histoire de l’humanité pourtant je n’en pense pas moins: qu’est-ce que Sunny fait dans ce club ? Elle me prend tellement au dépourvu que j’en deviens lucide sans pour autant me réveiller: qu’est-ce qu’elle fait dans mes rêves ?!
Lorsque Sunny rentra chez elle, son esprit rejouait en boucle sa rencontre avec Solas, et leur échange. Et avant de rembobiner, et de lui faire voir à nouveau ce qu’elle venait de vivre, elle ne parvenait qu’à se demander : pourquoi ? Pourquoi était-elle aussi perturbée par cette rencontre ? Elle ne comprenait pas, et même si ce n’était pas la première fois que ses sentiments et ses émotions lui jouaient des tours, cette fois, Sunny avait vraiment l’impression que ses émotions ne lui appartenaient pas vraiment. Voilà de quoi la déboussoler un peu plus. Perdue dans ses pensées, une fois rentrée, elle se pencha pour attraper Jiji et Pumpkin venus la saluer, pour enfouir un instant son visage entre les deux boules de poils, heureuse de les retrouver. Jiji, lui, au bout de quelques secondes, sembla regretter d’être venu si près de Sunny lorsqu’il se retrouva collé à la blonde, et à son petit camarade roux. N’appréciant les élans d’affection qu’à très petite dose, Jiji se dégagea de l’étreinte, ce qui fit rire Sun’. « Oui, oui, Jiji. Je vous pose, votre Altesse. », Jiji partit en courant dans la cuisine, se retournant brièvement pour jeter un œil à la blonde, et s’il avait pu, aurait sûrement tiré la langue à Sunny comme l’aurait fait Jiji à Kiki. Sassy little cat. Il n’était pas le chat de Marnie pour rien, tiens. La jeune femme posa également Pumpkin au sol, lui gratouillant ensuite la tête avant d’aller se laisser tomber dans le fauteuil du salon. Soufflant sur la mèche de cheveu tombée devant ses yeux suite à ce mouvement gracieux (non), elle mit sa tête en arrière et fixa le plafond, les sourcils légèrement froncés. Persuadée de l’avoir déjà rencontré, de le connaître, même, Sunny tenta de réfléchir et de se souvenir. Elle finit par grogner, plantant le bout de son index et de son majeur entre ses sourcils, tapotant doucement, comme pour implorer sa mémoire de faire un effort, et de lui souffler la solution. Elle qui n’oublait jamais un nom ni un visage… Jamais, vous entendez ? Décidément, ce Forthys était encore plus spécial qu’elle ne le pensait.
« Alors ? On n’dit pas bonjour à sa vieille tante ? ». Sunny sursauta, puis se redressa d’un bond sur le fauteuil. « Marnie !? Mais, tu es là ?? Je ne t’ai même pas entendu ! Désolée », répondit la blonde, surprise, en se levant pour aller l’étreindre. Marnie était là, contre l’encadrement de la porte, bien calée. Sa position laissait penser qu’elle ne venait pas d’arriver, ce qu’elle ne tarda pas à confirmer « Je t’ai appelé plusieurs fois, mais pas d'écho. Donc je suis venue voir, parce qu'une Sunny silencieuse, c'est suspect. », lui dit sa tante pour plaisanter (à moitié), en ouvrant les bras pour recevoir l'étreinte de sa nièce. « Je suis désolée. Je suis juste un peu à l'ouest, je suis... fatiguée, j'imagine ? », Sunny secoua doucement sa tête après l'avoir décollée de l'épaule de sa petite tante, pas convaincue. Rien à voir avec la fatigue. Comme si elle savait déjà ce qui l'attendait, Marnie se posa dans le fauteuil en face de celui où était avachie Sunny quelques secondes plus tôt, et lui fit signe d'en faire de même. La blonde s'exécuta et souffla un bon coup. Sa tante la connaissait tellement bien...
« Bon... J'ai rencontré quelqu'un à l'hôtel ce soir, et j'ai l'impression de devenir folle parce que je suis certaine de l'avoir déjà rencontré. Limite de le connaître. Mais impossible de me souvenir du moindre petit détail qui me donnerait raison. Et c'est impossible que je ne me souvienne de rien comme ça, pas moi, pas avec cette intuition. Y'a quelque chose qui cloche, tu vois ce que je veux dire ??? Est-ce que le nom de Forthys te dit quelque chose ? ». Sunny se pencha légèrement lorsque sa tante se mit à réfléchir à voix haute, pleine d'espoir, Marnie ayant elle aussi une très bonne mémoire, surtout en ce qui concernait la vie de sa petite nièce chérie. « Hm... Non. Ca ne me dit rien. Tu n'as pas son prénom ? », Sunny laissa tomber ses bras le long de son corps, se crispant un peu. Tiens, c'est vrai ça. Elle ne connaissait que son nom de famille. Elle secoua la tête pour informer sa tante qu'elle ne possédait pas cette information, et le silence s'installa un court instant, avant que Marnie ne le brise en se levant. « C'est peut-être simplement la suite logique de ce que tu as vu la dernière fois, qui sait. », lança Marnie, amusée, en disparaissant dans la cuisine. Sunny se leva à son tour, et la suivit d'un pas rapide, en fronçant les sourcils « Quoi ???? Arrête. De un, parce que ça me fait peur, c'est trop bizarre. Et de deux, parce que le timing serait un peu dingue. Non non, c'était un simple rêve, motivé par tes tisanes magiques. », répondit la jeune femme en faisant mine de pincer la joue de Marnie une fois à sa hauteur pour la taquiner. « Hahin. Tu verras. J'ai raison, comme toujours. En attendant file te coucher, il est tard. Les choses seront plus claires demain. », fit Marnie en levant son index vers le plafond, pour appuyer ses paroles en montrant l'étage où se trouvait sa chambre, donc. Sun' approuva, et après lui avoir souhaité une bonne nuit, monta à l'étage pour prendre soin d'elle avant d'aller se coucher.
Tout ce temps passé à se préparer avant de se poser au lit, Sunny l'avait passé à cogiter. Pourquoi est-ce qu'il fallait qu'elle continue à penser à lui, pourquoi cherchait-elle à tout prix à savoir, pourquoi cette rencontre l'obsédait-elle autant ?! Ahhhh.. Surtout que du monde, elle en rencontrait un paquet, la Goldsmith. Et des hommes charmants aussi. Même s’il fallait reconnaître qu'il était loin d’être comme les autres. Difficile pour lui de ne pas laisser son empreinte dans l’esprit de quiconque croisait sa route. Sa voix grave, son petit sourire, ce regard, et ce truc qu'il dégageait qu'on ne voyait pas si souvent. Ca pour sûr, elle pouvait assurer que ce qu'il avait ne courrait pas les rues. Alors comment Sunny aurait-elle pu l'oublier ?? Une fois dans sa chambre, elle se posa sur son lit, allongée sur le dos, les mains posées sur l'abdomen, puis elle fixa le plafond dans l'espoir que le marchand de sable lui en jette une bonne poignée dessus pour qu'elle parvienne à s'endormir comme une masse pour penser et passer à autre chose. Ha-ha.