Rory est sain et sauf. Ils ont fait face à un de ces monstres et, naïvement sans doute, ils pensaient donc avoir évité tous les dangers existants en ce monde. Pour autant, et alors que le ciel de Brisbane se couvre peu à peu d’hélicoptères militaires semblant entamer une mission périlleuse, les deux hommes comprennent que cela représente seulement le début de leurs problèmes. Le blond a lâché sa main bien malgré lui après qu’ils aient passé le mur et, maintenant, il observe avec une crainte non feinte le balai aérien se présentant à eux. « J’ai l’impression qu’ils évacuent la ville. Ça me semble fou. » Cela n’arrive que dans les films et jamais ô grand jamais dans la réalité. Dans les pays en guerre, peut-être, mais pas chez eux. Pas à Brisbane, où la vie est si paisible au rythme des barbecues. « Peut-être qu’on devrait s’éloigner de la ville, nous aussi. » Ils n’abandonnent rien, rien n’est définitif non plus. Mais ils peuvent sans doute imaginer que prendre du recul sur les événements est soudainement devenu une bonne idée. « On peut pas passer chez moi mais… toi, tu veux passer chez toi ? Récupérer quelques affaires. » Il veut croire qu’ils ne partent que pour la nuit mais, déjà, quelque chose lui dit qu’il s’agit d’une temporalité bien différente.

Ils doivent voir les problèmes pas à pas. D’abord se trouver un endroit en sécurité, et ensuite penser à l’avenir. Rory pourra profiter d’affaires de rechange s’il le veut, et Swann commence déjà à réfléchir à la possibilité d’une moto pour sortir de la ville. Il a trop vu de films à la télévision pour déjà savoir que les voitures risquent d’être rapidement bloquées dans le trafic. « Mon frère est pas en ville ce week-end. On peut prendre sa moto. » Pour aller où, ça, il n’y a pas encore réfléchi.

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« J’ai l’impression qu’ils évacuent la ville. Ça me semble fou. » Et son cœur battait encore à toute allure d'avoir escaladé ce mur pour se mettre en sûreté, son regard ne pouvant s'empêcher de détailler Swann comme s'il avait besoin de la confirmation qu'il allait bien, qu'il était toujours là et qu'ils avaient franchi cet obstacle ensemble. « Ça a l'air vraiment sérieux. J'espère que nos familles ont pu se mettre à l'abri quelque part. » Il s'efforçait de ne pas trop y penser, la peur qu'il puisse leur arriver quelque chose risquant de le paralyser et de leur coûter la vie. Tout ce qu'il espérait, c'est qu'ils aient pu fuir eux aussi. « Peut-être qu’on devrait s’éloigner de la ville, nous aussi. » - « Ce serait sûrement plus sûr. Ces rues grouillent de créatures qui peuvent surgir d'un instant à l'autre. » Et ils n'auraient pas toujours autant de chance.

« On peut pas passer chez moi mais… toi, tu veux passer chez toi ? Récupérer quelques affaires. » Ce ne serait sûrement pas du luxe, s'ils devaient se préparer à quitter la ville et à vivre Dieu sait où pendant un jour, deux ou beaucoup plus, qui sait. « Ce serait une bonne idée. Je te prêterais des affaires et on prendrait que l'essentiel. Juste de quoi nous débrouiller. » De quoi subvenir à l'essentiel de leurs besoins et pouvoir rester autonomes quelques temps. Ils ne savaient pas sur qui ils tomberaient au cours de leur périple, et les pillages en ville donnaient une idée du désespoir grandissant de la population. « Mon frère est pas en ville ce week-end. On peut prendre sa moto. » - « Tu sais où il range ses clés ? » Parce qu'il trouvait là aussi l'idée judicieuse, évidemment, convaincu que c'était leur meilleure option et que la seule bonne nouvelle qu'ils puissent sans doute tirer de tout ça, c'est que le frère de Swann avait peut être une chance d'être plus épargné là où il était que eux ici. « On peut pas aller chez moi en moto sans alerter ces créatures, mais on pourrait fuir tout de suite après. » A moto, donc, et du moment qu'ils s'organisaient pour ne prendre que ce dont ils avaient vraiment besoin afin de ne pas se charger inutilement. « On peut rejoindre mon appartement à pied en prenant ce raccourci. » Il désigna une direction tout en s'assurant que les environs étaient suffisamment sûrs pour qu'ils s'y aventurent.

Ils n'eurent qu'à traverser quelques rues pour finalement se retrouver face à sa résidence, le danger permanent les forçant à rester sur leurs gardes à chaque instant. « J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. » Il révéla au moment de reposer son regard sur Swann, pinçant ses lèvres entre elles sous le coup de la nervosité. « On est arrivés, mais j'ai perdu mes clés pendant le mouvement de foule. On va devoir casser un carreau. » Une chance que l'escalier de secours permette d'accéder au deuxième étage et à la fenêtre de sa chambre. Et dans ces circonstances, il doutait de toute façon de ré-habiter de si tôt dans cet endroit.

Le nouveau plan est déjà établi: ils doivent s’éloigner de la ville, aussi rapidement et aussi loin que possible. Ils n’y sont plus à l’abri, pas alors qu’elle grouille de ces choses dont ils ne comprennent toujours rien. « Tu sais où il range ses clés ? » - « J’ai toujours le double. » Cela n’a jamais été bien logique de sa part, mais aujourd’hui cela pourrait sans doute leur sauver la vie, surtout alors que cela leur permet de ne pas perdre de temps et de se rendre chez Rory dans un premier lieu, pour y récupérer le plus d’affaires possibles afin d’envisager leur fuite. Parce que c’est bien ce dont il s’agit, au fond: une fuite pure et simple. Ce matin encore, tout allait bien. Désormais, son téléphone vibre à l’annonce d’une évacuation générale non pas de la ville, mais bien du pays tout entier. Il choisit de ne pas en parler, préférant suivre aveuglément Rory à travers les différentes artères et du raccourci dont il lui a parlé.

« J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. » Et dans le monde dans lequel ils évoluent désormais, il s’agit du genre de phrase qui prend désormais une tournure bien différente, telle que le montre toute la peur se lisant aisément sur le visage de l’anglais en cet instant. « On est arrivés, mais j'ai perdu mes clés pendant le mouvement de foule. On va devoir casser un carreau. » Et un sourire se forme aussitôt sur le visage de l’anglais, vraisemblablement soulagé. « Si c’est que ça, c’est pas grave. » Il s’attendait à une question de vie ou de mort, littéralement, alors casser un carreau représente bien le cadet de ses soucis. Preuve en est, il le lui assure en souriant et hochant la tête doucement, avant de finalement se dévêtir de son t-shirt et l’entourer autour de son poing. Cela lui permet de frapper les carreaux sans craindre de se couper, et après une petite dizaine de coups portés contre ces derniers, ils cèdent sans trop de mal.

Il ne reprend pas le t-shirt et le pose plutôt sur la fenêtre où se dressent les morceaux de verres brisés. Ils vont devoir passer à travers et il fait de son mieux pour limiter les risques de coupure, se contorsionnant pour passer le premier et marcher dessus uniquement avec ses chaussures. « Fais attention. » Il tend déjà sa main à Rory pour lui donner un appui et qu’il puisse passer à son tour. « Tu me dois un t-shirt, mais je crois que là dessus on va pouvoir s’arranger. » Il avoue dans un rire, presque désolé à l’idée de lui demander de piocher dans sa garde robe.

Une fois Rory sain et sauf à l’intérieur de l’appartement, Swann ne sait faire autrement que vérifier ses mains pour s’assurer qu’elles ne contiennent aucune coupure. Il se retient bien malgré lui de vérifier son dos et le reste de ses bras, ne voulant pas se montrer trop étouffant bien que le souci soit réel: dans une telle situation, l’adrénaline aurait aisément pu outrepasser la douleur et la leur faire ignorer. Après quelques secondes, il se rend compte avoir observé Rory un peu trop longtemps pour que cela semble normal, et il se reprend donc, le coeur battant. « Je.. je prends de la nourriture, tu t’occupes des vêtements, ok ? » Il saura se débrouiller plus rapidement pour leur trouver le strict nécessaire, et Swann n’a qu’à fouiller les tiroirs et étagères de son côté.

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Les environs n'avaient plus rien de sûrs et à défaut de pouvoir prendre des nouvelles de leurs proches, pour qui ils s'inquiétaient forcément, il leur était au moins possible de tout entreprendre pour se mettre le plus vite possible à l'abri. « J’ai toujours le double. » Voilà qui le soulageait, la perspective de quitter Brisbane en moto lui paraissant définitivement plus sûre que celle de rester en ville alors que de nombreuses créatures risquaient de leur tomber dessus à tout instant. Ils n'avaient pas d'autre alternative que celle-ci et Rory était profondément reconnaissant à Swann de l'inclure à son plan quand il aurait simplement pu partir et se mettre en sûreté. Il ne l'en avait jamais cru capable, cependant. « Et tu sais... conduire une moto, pas vrai ? » Il demanda après un instant d'hésitation, son intention n'étant pas d'insinuer le contraire mais simplement de s'assurer qu'il comptait bel et bien être celui qui conduirait. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il ne l'avait jamais vu conduire une moto mais Swann pourrait très bien avoir appris avec son frère. Et même dans l'hypothèse où il ne l'aurait fait qu'à de rares reprises, il lui faisait confiance. Qu'importe les circonstances, c'était toujours le cas. « J'ai jamais fait ça alors il vaut mieux pas compter sur moi. La dernière chose qu'on veut c'est que je nous précipite contre un mur pendant qu'on essaie de fuir ces créatures. » Je veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit étaient sûrement les mots qu'il aurait prononcé s'il ne craignait pas de paraître trop sentimental ou dramatique, les circonstances l'étant bien assez comme ça. Mais il le pensait, bien sûr, tel que son regard le laissait paraître malgré lui.

Arrivés en bas de son appartement, Rory réalisa qu'il avait égaré ses clés pendant le mouvement de foule survenu au centre ville et que leur meilleure option était probablement de casser un carreau pour entrer. Pas vraiment le genre de choses qu'ils faisaient l'un et l'autre tous les jours, mais c'était un cas d'extrême urgence. « Si c’est que ça, c’est pas grave. » Swann ne paraissait pas déstabilisé et prit même les choses en main. Mais lorsqu'il retira spontanément son t-shirt pour se protéger la main avant d'essayer de briser la vitre, c'est un Rory particulièrement troublé qui se trouva bien incapable du moindre mouvement. Il n'aurait pas pensé qu'un tel spectacle le mettrait dans tous ses états, c'était même sacrément ironique quand on savait qu'ils risquaient leur vie rien qu'en traînant dehors par les temps qui courent, et il se trouvait au fond de lui stupide de sentir son cœur s'accélérer à la simple vue du dos dénudé de son ami. Parce que ça n'était pas censé être le cas et que Swann méritait mieux que d'être le sujet de ses rêveries éveillées, raison pour laquelle Rory prit sur lui pour se ressaisir – ou essayer, du moins. « Personne ne risque de nous créer des problèmes pour ça. » Parce que la police avait sûrement mieux à faire que de patrouiller à la recherche de potentiels cambrioleurs et que de toute façon, il était capable de prouver que cet appartement était le sien. Swann passa ainsi le premier et parvint à gagner l'intérieur sans difficulté, sous le regard d'abord soucieux de l'australien. « Fais attention. » - « Oh euh... je... oui. » Malgré lui, il ne pouvait tout à fait détacher son regard de Swann et avait le plus grand mal à se concentrer quand ses yeux étaient tentés de se perdre sur sa peau nue. Il parvint pourtant à passer lui aussi et poussa un petit soupire de soulagement une fois que ses pieds eurent atterri sur le parquet de son appartement. « Tu me dois un t-shirt, mais je crois que là dessus on va pouvoir s’arranger. » Son sourire resta un peu plus troublé qu'il ne le devrait sans doute, tandis qu'il souffla. « Bien sûr, oui. Je vais te trouver ça. » Il n'était pas question qu'il remette un t-shirt potentiellement rempli de débris de verre et c'était bien le moins qu'il puisse faire que de lui en trouver un de rechange.

Il jurerait que leurs regards s'étaient croisés et même perdus l'un dans l'autre au moins plusieurs secondes après que Swann se soit assuré qu'il ne s'était pas coupé en passant à travers la vitre brisée, ce qui avait valu à son cœur de rater un ou deux battements pendant qu'il tâchait de se reconcentrer. Swann aussi paraissait subitement déstabilisé, mais l'instant était trop grave pour qu'il ait le temps de se poser davantage de questions. « Je.. je prends de la nourriture, tu t’occupes des vêtements, ok ? » - « Ça marche. » Maintenant qu'ils étaient à l'intérieur, l'idée était de faire au plus vite pour constituer des provisions et de quoi tenir plusieurs jours en toute autonomie s'ils ne trouvaient rien ni personne pour les héberger sur leur route. Et il n'avait pas besoin de lui indiquer la cuisine ou l'emplacement des différents placards, Swann était déjà venu plusieurs fois et il connaissait son appartement. « Prends tout ce qui peut se conserver un certain temps. On devra peut être se rationner si tous les magasins ont été pillés à des kilomètres à la ronde. » Ça lui faisait peur, mais ils devaient se préparer à toute éventualité avant de partir vers l'inconnu. Ils ignoraient ce qu'ils allaient trouver une fois qu'ils auraient quitté Brisbane, mais ils savaient au moins qu'ici le danger était partout. S'éloignant vers sa chambre, Rory fouilla frénétiquement à travers sa penderie pour prendre un certain nombre d'affaires qui lui paraissaient utiles. Rejoignant Swann à la cuisine, il s'approcha de lui et lui tendit bientôt l'une de ses trouvailles. « Voilà pour ton t-shirt. Il sera peut être un peu grand, mais je suis sûr qu'il t'ira bien. » Son sourire trahissait peut être l'idée qu'au fond de lui, il n'aurait rien eu contre l'idée que Swann se balade plus longtemps torse-nu, toutefois conscient qu'il risquait de tomber malade une fois que le temps se serait un peu rafraîchi. Secouant la tête pour chasser ce genre d'idées de son esprit, il reprit. « J'ai essayé de prendre que l'essentiel. Il y a surtout des vêtements chauds pour la nuit et tout ce qui prend pas beaucoup de place. » Il avait fallu faire des choix et en attendant de savoir s'ils pourraient trouver de quoi se vêtir pendant leur périple, ça ferait largement l'affaire. « Tu vois autre chose qu'on devrait emporter ? » Ses yeux analysèrent chaque recoin de son appartement à la recherche d'une chose susceptible de leur servir. « Je vais prendre mes économies au cas où. » Du liquide qu'il planquait pour les urgences, dans une enveloppe qu'il récupéra sous un meuble. Si les gens étaient prêts à piller pour des denrées, tout pourrait rapidement s'arracher au prix fort.

« Et tu sais... conduire une moto, pas vrai ? »
« Ouais, évidemment. »

Et s’il répond avec tout l’entrain du monde alors son mensonge n’en est plus tellement un, pas vrai ? « Enfin, j’ai… Conduit une fois ou deux. » Se montrer honnête est plus fort que lui mais il ne doute pas un seul instant que ses instincts reviendront à la vitesse de la lumière à en juger par tout le contexte dans lequel ils évoluent. Il en va sans doute de leur vie alors oui, il saura conduire. « J'ai jamais fait ça alors il vaut mieux pas compter sur moi. La dernière chose qu'on veut c'est que je nous précipite contre un mur pendant qu'on essaie de fuir ces créatures. » L’heure n’est sans doute pas au rire mais c’est ce que la réponse de Rory lui provoque malgré tout, raison pour laquelle il le rassure en balayant l’espace de ses mouvements de tête: non, il ne compte pas lui imposer la conduite, surtout s’il ne s’en sent pas capable. Et puis, après avoir été obligé de casser un carreau de vitre à défaut d’avoir les clés de l’appartement, Swann se sent quelque peu pousser des ailes désormais.

Après avoir été un temps troublé par leur proximité, Swann se ressaisit pour définir les rôles: il s’occupe des provisions et Rory des affaires. Ce n’est pas de cette façon qu’il avait imaginé leur après-midi, mais ils n’ont désormais plus le choix. « Voilà pour ton t-shirt. Il sera peut être un peu grand, mais je suis sûr qu'il t'ira bien. » Son regard trouve le sien durant une seconde supplémentaire mais il finit par le remercier chaleureusement, avant d’enfiler ledit t-shirt qui, effectivement, est un brin trop grand pour lui. Il ne s’en plaint pourtant pas, encore moins alors qu’il porte l’odeur du brun et que c’est ce qui le pousse à sourire une seconde de plus encore, et presque à oublier l’impasse dans laquelle la ville semble se trouver soudainement. « Tu vois autre chose qu'on devrait emporter ? » - « Tu as un sac de couchage ? Je me trouverai autre chose, mais au moins un… » Un serait toujours un plus, même s’il ne les imagine pas loger à deux à l’intérieur et qu’il ne veut pas imposer cette idée à Rory. Mais s’il pouvait au moins être assuré de ne pas souffrir de la température de la nuit, ce serait toujours ça de pris. « J’ai pris tout ce que j’ai trouvé, et… et les deux plus gros couteaux que tu avais. » Un pour chacun d’eux, parce que c’est sûrement ce à quoi va ressembler leur vie à partir de maintenant. Swann le laisse prendre ses économies, même si une part de lui pense que cela n’aura plus réellement d’importance à l’avenir. Il veut croire que Rory a raison.

« C’est pas comme ça que j’avais imaginé la journée et… Et je sais pas à quoi on va devoir faire en sortant d’ici, alors… » Il ne sait pas s’ils vont réussir à survivre tous les deux. De façon plus crue et plus injuste, c’est bel et bien ce qu’il pense malgré lui, parce que le monde est soudainement devenu un lien particulièrement hostile. « Mais je veux juste que tu saches que je suis très heureux d’être ton ami. Et que tu sois le mien. » Il hoche la tête, lui et son sourire teinté d’une émotion qu’il n’arrive pas à calmer autant qu’il le voudrait. Ses lèvres se pincent pour tenter de se contrôler, sans y arriver réellement. « Et que… » Et qu’il aurait aimé être bien plus qu’un ami pour lui, surtout alors qu’il va continuer à considérer ce et si comme la pire opportunité manqué de son existence. « Et que je suis content que ce soit toi qui doive me prête un t-shirt et pas l’inverse. » Le rire l’emporte sur le sérieux. Il ne trouvait de toute façon pas ses mots, alors tout est sans doute mieux ainsi, surtout alors qu’il coupe court à la conversation en fermant une bonne fois pour toutes son sac. Ils doivent partir de la ville, et c’est pour cette raison qu’il prend la direction du garage, sans avoir retiré le couteau de sa main. Il est déjà l’extension de son bras.

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« Ouais, évidemment. Enfin, j’ai… Conduit une fois ou deux. » Ce que Rory comprenait par là, c'est qu'il était loin d'être un pilote aussi expérimenté que son frère mais que dans ces circonstances, c'était déjà suffisamment inespéré pour qu'il ne crache évidemment pas sur cette précision. « Ça fera l'affaire, d'accord ? C'est pas comme si grand monde risquait de te le reprocher si tu respectes pas scrupuleusement le code de la route, de toute façon. » Et il se fendit d'un léger sourire pour lui montrer que tout allait bien et qu'il lui était sincèrement reconnaissant de l'inclure dans son plan d'évasion, là où il ignorait ce qu'il aurait fait sans lui. Ce n'était évidemment pas l'unique raison pour laquelle il était heureux d'avoir Swann à ses cotés, et ce même si les circonstances étaient loin d'être idéales, mais il se jurait déjà de le remercier à hauteur de ce qu'il faisait pour lui quand tout ça serait derrière eux.

Les deux hommes avaient maintenant pris possession de son appartement avec l'idée d'embarquer de quoi leur être utile pendant leur périple, eux qui ignoraient quels obstacles se dresseraient peut être sur leur route et se devaient d'anticiper. « Tu as un sac de couchage ? Je me trouverai autre chose, mais au moins un… » - « Oui, je dois avoir ça quelque part. Je vais parfois camper avec mon frère, alors je garde jamais ça très loin. » Garrett n'en donnait peut être pas l'impression quand on le voyait dans ses costumes ajustés, mais il avait toujours eu un penchant pour la déconnexion en pleine nature et proposait souvent à son cadet des week-ends pour se retrouver entre frères, comme au bon vieux temps. « Il est plutôt grand, alors on tiendra peut être à deux dedans ?.. Enfin, je peux aussi te le laisser, tu sais, ça me dérange pas du tout. » Il s'était rapidement repris, Rory, ayant réalisé au beau milieu de sa phrase que c'était peut être une chose curieuse à proposer, après tout, de dormir dans le même sac de couchage. Il ne voulait pas risquer d'embarrasser Swann, quand bien même l'idée était loin de lui sembler désagréable pour sa part, alors c'était sa façon d'éviter tout malaise. « Le voilà. » Le grand brun sortit ledit sac de couchage du large placard qui trônait dans l'entrée, revenant ensuite vers Swann qui lui aussi avait fait quelques provisions. « J’ai pris tout ce que j’ai trouvé, et… et les deux plus gros couteaux que tu avais. » Étrange de se dire qu'il y a encore vingt-quatre heures, il n'aurait jamais pensé entendre un jour Swann lui dire une telle chose. « Tu as bien fait. On sait pas si on aura pas besoin de se défendre en chemin. » Et même s'il voulait croire que non, la réalité lui semblait toute autre après le spectacle effrayant auxquels ils avaient assisté tout à l'heure. Il ne voulait faire aucun mal à personne, Rory, mais il commençait à réaliser qu'il n'aurait peut être pas le choix pour s'en sortir.

« C’est pas comme ça que j’avais imaginé la journée et… Et je sais pas à quoi on va devoir faire en sortant d’ici, alors… » Ses lèvres se pincèrent dans une moue empathique, lui aussi étant loin d'imaginer qu'ils auraient littéralement à préparer leur fuite parce que des zombies avaient pris possession de Brisbane. Et qui sait seulement ce qui se passait ailleurs.
« Mais je veux juste que tu saches que je suis très heureux d’être ton ami. Et que tu sois le mien. » - « Oh, Swann. » Replongeant un regard ému dans le sien, Rory dut sans doute prendre sur lui pour ne pas montrer ce que ces mots représentaient réellement pour lui. Et combien une part de lui aurait aussi sans doute voulu être davantage qu'un ami, pour lui, aussi stupide et superficiel que ce puisse être d'y songer maintenant. « Moi aussi, je suis très heureux d'être ton ami. Et même si j'aurais préféré t'épargner tout ça... je crois qu'au fond j'aurais pas voulu me retrouver dans cette situation avec quelqu'un d'autre. » Aussi vrai qu'il aimait profondément sa famille, il aimait pour l'instant penser qu'ils étaient à l'abri quelque part, épargnés par cet enfer. Swann se retrouvait dans la même galère que lui et depuis l'instant où ils avaient du fuir le centre ville, il songeait à combien il était chanceux de ne pas être seul et livré à lui-même. D'être avec lui, tout simplement. « Je me sens rassuré, avec toi. Sans doute parce que t'as cette capacité à calmer ceux qui t'entourent sans trop t'en rendre compte. » Il lui sourit après avoir énoncé ces mots aussi simplement que ça, pourtant rattrapé par le regret d'en garder beaucoup d'autres pour lui, le moment ne lui paraissant pas très bien choisi pour livrer ce qu'il avait sur le cœur. « Et que… Et que je suis content que ce soit toi qui doive me prête un t-shirt et pas l’inverse. » C'est finalement un petit rire qu'il laissa échapper – dieu sait qu'ils avaient besoin de cette parenthèse un peu plus légère au milieu de tout ça. « On aurait eu un peu de mal à me faire rentrer dedans, c'est sûr. » Les deux hommes n'avaient pas exactement la même carrure et ça n'était pas pour rien si l'australien avait toujours un peu plus de mal à trouver chaussure à son pied quand il s'aventurait à faire du shopping. Finissant de rassembler leurs provisions, il se retourna une dernière fois vers cet appartement qui resterait rattaché à de bons souvenirs pour lui. « C'est maintenant que je réalise que j'ai aucune idée de si je reverrai cet endroit un jour. » Et c'était encore plus douloureux de songer qu'il en allait de même pour Brisbane et pour tous ces endroits que Swann et lui avaient arpenté ensemble avec leur groupe d'amis, sans même savoir à l'heure actuelle où ils étaient tous passés. « On doit y aller. » L'heure n'était pas à se torturer avec des questions, et le temps pressait. Il leur fallait se mettre en route sans plus tarder.

Il a l’impression de sentir ses joues le brûler lorsque Rory explique qu’ils pourront dormir dans le même sac de couchage s’ils n’en trouvent pas un autre et pourtant il se reprend vite tout en comprenant qu’il ne s’agit que de la nouvelle réalité de leur existence: ils font avec ce qu’ils ont, et ce n’est plus grand chose. Leur richesse se résume aux objets pour la survie, et ce n’est pas vraiment ce avec quoi ils ont décoré et rempli leurs appartements jusque là. « On verra si on trouve rien d’autre, ok ? Je veux pas que tu gèles toute la nuit. » Et à parler franchement, partager ne serait pas pour le déranger. Simplement, il ne veut pas mettre Rory mal à l’aise et c’est la raison pour laquelle il préfère ne pas se projeter de trop. Ils agiront le moment venu selon ce qu’ils ont à leur portée. Ainsi, un sac de couchage se retrouve ajouté à leur équipement, non loin de couteaux certainement capables de tuer un homme. Il l’espère, du moins, parce qu’il pense qu’ils en auront bien besoin. « Tu as bien fait. On sait pas si on aura pas besoin de se défendre en chemin. » La gorge sèche, il acquiesce bien malgré lui.

Avant de repartir, l’anglais ressent le besoin de se montrer transparent envers Rory et ainsi lui signifier à quel point il compte pour lui ainsi qu’à quel point il est heureux que leurs chemins aient pu se croiser. Il ne sait pas de quoi sera fait demain et il ne sait même pas si demain aura bel et bien lieu, alors en cet instant plus que jamais il est nécessaire de spécifier aux personnes qu’il aime que tel est le cas. Ou tout du moins, qu’il les apprécie, parce qu’il n’ose pas envisager des mots au-delà de ça, bien qu’il n’en pense sans doute pas moins. « Moi aussi, je suis très heureux d'être ton ami. Et même si j'aurais préféré t'épargner tout ça... je crois qu'au fond j'aurais pas voulu me retrouver dans cette situation avec quelqu'un d'autre. » - « Moi non plus. » Il aurait voulu l’épargner de tout ça mais puisque ce n’est pas possible, il se retrouve au moins rassuré qu’ils soient ensemble. Ainsi, au moins, il sait toujours comment il se porte. « Je me sens rassuré, avec toi. Sans doute parce que t'as cette capacité à calmer ceux qui t'entourent sans trop t'en rendre compte. » Swann esquisse un sourire doux, sincèrement touché par ces mots. « Tu me calmes aussi. Je sais même pas si tu t’en rends compte, mais c’est le cas. » Il aurait eu bien plus de mal à afficher une telle assurance face à n’importe qui d’autre, même s’il aurait toujours tenté de faire de son mieux parce que c’est ce que ce genre de situation catastrophique peut amener.

Lorsque Rory jette un dernier regard à l’intérieur de l’appartement, Swann pose une main dans son dos qui se veut rassurante. « Je suis désolé. » Il sait à quel point il tient à cet appartement, et à quel point il ne l’aurait normalement jamais abandonné aux mains d’autrui. « Tu me promets qu’on reste ensemble ? Mais que cette règle doit être abandonnée si jamais un de nous deux peut pas être sauvé ? » Il ne veut pas que Rory ressente le besoin de se sacrifier si jamais il venait à être dans une position impossible. Il veut qu’il survive par dessus tout, même si cela signifie le laisser derrière le moment venu.