nature et découverte
 @Asher Buckley ☆ crédit/ tessagraey

Etrangement, l’obscurité était particulièrement calme en ce jour. Ou peut-être était-ce le jour qui était particulièrement calme ? Olive n’avait plus idée de comment était réellement les choses. Les ténèbres étaient tombés et la sensation d’étau avec. Ce n’était plus sa vie qu’elle dirigeait mais bien l’inverse et cela depuis que le soleil n’avait pas pointé le bout de son nez. Il y avait quelque chose de louche dans l’atmosphère, quelque chose sur lequel, elle n’arrivait pas à mettre le doigt, mais tout était électrique. Pour autant, ce n’était pas une sensation désagréable loin de là, et elle prenait presque du plaisir à flâner avec le danger. Elle n’était pas en sécurité et elle le savait pertinemment. Rapidement elle avait compris qu’elle n’était pas la seule créature nocturne décrite comme vieille et laide par les romans. Il y avait d’autres espèces que la nuit avait libéré et sincèrement, Olive n’avait pas du tout envie de savoir qui elles étaient. Dans son imaginaire, elles étaient laides et repoussantes, mais ce n’était que les affabulations d’un conteur s’égarant. La vérité était sûrement bien différente, et peut-être même plus belle à n’en pas douter. Alors oui, malgré tout, la jeune Australienne restait terriblement sur ses gardes. Cette nuit d’autant plus que les autres, sans savoir vraiment pourquoi. Olive, elle avait décidé de ne pas se laisser abattre non plus et de profiter des petits moments de répit que lui offrait le crépuscule. Enfin, ce qu’elle imaginait facilement être le crépuscule, parce qu’à vrai dire, il n’y avait que le noir. Intense et effrayant. Elle flâner Olive, sans but réel, sans savoir où mènerait ses pas, jusqu’à ce petit coin dans le parc de la ville. C’était un bel endroit, autrefois baigné de lumière et de couleurs. Aujourd’hui, ce n’était plus grand-chose que seulement le terne. Mais au moins, ça lui rappelait des bons moments et c’était ça l’importance non ? Olive s’était aventuré entre les arbres de la plaine, cherchant un coin sympa à l’abri des regards. C’était l’odeur particulière qu’elle huma qui la stoppa net dans son élan. Quelque chose qu’elle connaissait, quelque chose qu’elle avait déjà sentie auparavant et cela, il n’y a pas si longtemps. Ses narines frémissantes, elle se rapprocha de l’odeur tel un chien sur les pistes de sa proie. Elle ne savait pas ce qu’elle cherchait, mais ça l’avait attiré malgré elle. La cible n’était qu’à quelques pas, semblant dans ses pensées et ne se souciant pas du danger. Olive plissa les yeux, la tête sur le côté. Est-il donc si insouciant à ce point ? Cherchait-il à périr ? Les questions dans son esprit étaient sans fin. Alors elle se rapprocha encore un peu, sûrement trop près puisqu’il la remarqua enfin. Elle jura avant d’accorder son attention à l’humain. « J’vais finir par croire que vous êtes hanté par mes traits. » Alors que c’était clairement elle qui venait troubler sa tranquillité, quelle drôle d’ironie. « Vous ne craignez donc pas la nuit ?  » Elle en était surprise et n’avait pu s’empêcher de poser la question à l’homme docilement installé, crayon en main. Il était donc fou, c’était l’explication la plus vraisemblable.

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Olive elle est taquine ce soir, bien plus qu'en général d'ailleurs. Ce n'est pas dans son habitude, ce n'est pas dans ses envies même d'ailleurs. Mais elle sait pas trop pourquoi elle a décidé d'aborder l'humain, elle sait pas trop pourquoi cette phrase a été dite sur le ton de la plaisanterie, comme s'ils étaient de vieux amis. Qu'est-ce qui lui prend? Maudite pleine lune, c'est sûrement ce maléfice qui lui donne des ailes comme ça, ou alors, elle se voile juste la face finalement. Possible également. Le sursaut du jeune homme la fait rire, comme si elle se jouait de lui. « Merde… » Elle fait les gros yeux. « Vous êtes vulgaire. » Olive hausse les épaules avant de porter son attention sur le dessin entre les mains de l'humain. Elle est curieuse de nature Olive, ce qui n'est sûrement pas une qualité elle doit bien l'admettre, mais puisqu’elle est là, autant en profiter pour y jeter un œil. Espérant maladroitement que ce ne sera pas encore son propre reflet sur le papier. « Vous ne craignez pas la nuit vous ? » Une grimace se noie sur le visage d'Olive. « Pourquoi devrais-je craindre la nuit ? » Elle pourrait sûrement jouer à ça tout le reste de sa vie. Répondre à une question, par une autre question, puis encore une et cela à l'infini. Elle ne se laisse pas facilement Olive, comme un chasseur adore faire courir sa proie avant de l'engloutir. Même si dans les faits, il n'est pas question qu'elle goute à l'humain, trop peu à son goût. « Je vais devoir recommencer. Vous me devez une feuille et un fusain. » Il le pouvait bien le croire s'il le voulait, mais Olive ne lui devrait jamais rien. A part peut-être de lui évier une mauvaise rencontre ce soir. « Vous me suivez ? Pourquoi vous êtes là ? » Olive elle jette un coup d’œil autour d'elle avant de reporter son attention sur le blond. « C'est peut-être juste le destin non? » Le destin a parfois une ironie particulière alors pourquoi pas. « Ce parc vous appartient-il ? » Normalement non, donc elle n'a pas d'empêchement à être ici finalement. « Vaut peut-être mieux moi, que quelqu'un d'autre.»

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Peut-être que finalement, c'était la culpabilité qui rongeait ses entrailles dû à sa dernière rencontre avec le jeune homme dans ce pub. Elle n'avait pas été tendre avec lui c'était vrai, et peut-être que l'excuse de la lune n'en était finalement qu'une. L'obscurité n'avait pas que du bon, il fallait bien l'admettre, mais ça poussait au moins Olive à se découvrir sous une nouvelle forme. Le parc était vide, à tel point qu'on entendait parfaitement le hululement des oiseaux de nuit non loin de là. Des bêtes qui appréciaient certainement cette disparation soudaine de la lumière, au moins, dans tout cela les hiboux étaient heureux. Mais peu importe, elle n'était pas là pour rêvasser la jeune femme, non, elle voulait surtout prendre une grande bouffée d'oxygène avant de retourner s'enfermer derrière son comptoir pour le reste de la vie. Sauf que l'humain avait retenu son attention plus que nécessaire, pas parce qu'il semblait charmant non, ça c'était trop peu pour elle. Olive, elle avait du mal à être attirer par les humains, ils sentaient de toute manière si mauvais que cela en était repoussant. L'astre nocturne était haut dans le ciel, assez pour permettre d'y voir à peu près quelque chose sans se cogner à un arbre. Assez pour que les yeux d'Olive s'arrêtent sur le dessin de l'inconnu. Les questions s'enchainèrent dans une joute verbale sans fin, jusqu'à ce qu'il ne réponde plus. Olive pensait qu'il s'était endormi, mais enfin il prit la parole. « Il y a beaucoup de personnes mal intentionnées dans cette ville c’est vrai. » Et il ne croyait pas si bien dire effectivement. Les ténèbres n'étaient que trop présent partout autour d'eux, effrayant et attendant le bon moment pour frapper. Même les étoiles se cachaient par peur des représailles des monstres de la nuit. Peut-être que finalement, Olive aurait dû en faire autant. « Vous pensez que nos destins sont liés ? » L'Australienne hausse les épaules, désinvolte. « Ou c'est surtout une pure coïncidence.» La deuxième solution était évidente. « Qu’est ce qui vous fait croire ça ? » C'était un pressentiment qu'elle n'appréciait guère, parce que ça voulait forcément dire que quelque chose clochait. Un phalène se déposa sur l'épaule d'Olive, doucement, intrépide, c'était un signe qui ne trompait pas, mais elle ne savait pas comment le prendre. « Il y avait une chance sur combien pour que nos chemins se croisent encore ? » Juste une coïncidence. « Vous êtes seul ? » Question rhétorique finalement, mais au moins pour savoir si rien de surprenant n'allait venir dans son dos sans qu'elle s'y attende.

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Bien sur, il y avait une grande solitude qui régnait dans l'être d'Olive depuis que la nuit était tombée. Pourtant la modiste enchainait les commandes et n'avait presque pas de temps pour elle, mais au fond, il n'y avait jamais personne de vraiment là. Ce n'était que des âmes fugaces, passant et repassant au gré du vent. Bien sur, elle n'avait rien à envier à ces personnes, non bien au contraire. Et de toute évidence, elle n'avait aucun intérêt pour eux non plus. Ce n'était que des passagers d'une autre vie. Autant dire qu'Olive, elle n'avait que très peu de personne sincère dans son entourage et que parfois l'idée d'avoir quelqu'un sur qui se reposer lui manquait. Mais c'était seulement le temps d'un instant, puisqu'après elle se souvenait qu'il était important de rien donner à personne et que tôt ou tard, elle finirait par en souffrir, et c’était hors de question. Au moins de cette façon, Olive elle ne doit rien à personne et on ne lui doit rien. C'est pour cette raison qu'elle a décidé de sortir ce soir, pour pouvoir souffler dans ses propres pensées. Pour faire partir le nuage de solitude qui pèse sur sa tête. Non pas qu'elle s'en plaigne non, loin de là même. Le comportement criminel trouve le plus souvent son origine dans une frustration, un manque d'affection. Ce n'est pourtant pas ce qui l’amène jusque là, même si elle ne peut que le comprendre. La rage a parfois tendance à lui faire causer bien des dégâts, mais pas ce soir. Olive, elle est mieux que cela. Pour viser à la perfection, un être humain devrait toujours garder un esprit calme et serein. Voilà qui lui convient mieux.

L'australienne, elle reporte son attention sur l'inconnu. Son cerveau ne souhaitant pourtant pas mettre en pause ces réflexions, elle a l'impression de décrocher de la réalité. Il existe des combinaisons d'objets naturels très simples qui ont la puissance de nous affecter de cette sorte, et que l'analyse de cette puissance gît dans des considérations où nous perdrions pied. Elle est persuadée que la nuit a un effet néfaste sur elle, un effet qui l'empoisonne et qui ne comble aucune nouvelle puissance. Alors, elle tente de garder pied Olive, de revenir à la réalité du moment en se concentrant sur les mots du blond. « J’essaie de me distraire. C’est devenu rare les moments que j’apprécie vraiment. » Voilà qu'il émettait ses propres pensées. Pourtant, elle n'hocha même pas la tête à cet instant, perdue dans le vague de l'horizon. « Est-ce que vous voulez que je vous dessine ? Je vous assure que je peux faire un très bon travail. Je peux même modifier des choses si vous n’aimez pas un grain de beauté sur votre peau ou quoi.  » Elle pèse le pour et le contre. Elle a refusé la dernière fois Olive, parce qu'elle était surprise que ça lui arrive, mais surtout furieuse de ne pas avoir été prévenu avant. Maintenant, elle était plus ou moins préparer, et puis pourquoi pas? « D'accord, je vous laisse m'impressionner. » Elle marque une pause théâtrale. « Mais vous n'aurez le droit qu'à une chance.» Un clin d’œil avant de s'installer à quelques pas de lui, attendant les consignes pour la suite.