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@nina craine

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Ruben avait grimacé lorsqu’il avait vu le nom sur l’invitation l’attendant dans sa boite aux lettres. Il avait complètement oublié ce qui aurait pu être un détail, si ce n’était que désormais avec l’éclipse éternelle tout prenait une nouvelle forme: les fêtes de fiançailles de Rory Craine. Amis avec le jeune homme depuis des années, Ben avait promis qu’il serait présent pour cette étape importante de sa vie et il ne pouvait déroger à sa promesse. Apparemment, le jeune couple n’avait pas prévu de changer leurs plans initiaux malgré les derniers événements en ville, trouvant même qu’il était d’autant plus important de célébrer ce qu’ils pouvaient célébrer, alors ils avaient tous rendez-vous dans la demeure de la famille en ce dimanche midi pour entamer les célébrations.

Réajustant sa cravate sans miroir - condition obligeait -, Ruben finit par frapper à la porte du domaine; pas qu’il ne pouvait pas entrer dans la demeure, puisqu’il avait déjà été invité par un des membres la possédant, mais il n’était pas un sauvage et avait appris les bonnes manières. Lorsqu’un des valets finit par ouvrir, il lui offrit un beau sourire sans montrer ses dents, le suivant à l’intérieur de la bâtisse. Des rubans avaient été accrochés ici et là, et il était facile de savoir qu’un gros coup de balais avait été passé dans les moindres recoins des pièces: cela ne sentait ni le renfermé, ni la poussière. « Je vous laisse rejoindre les festivités sur la terrasse, monsieur Hartfield. » Ce dernier hocha la tête, avança jusqu’au dit lieu.

Et de toutes les personnes présentes ici, il aurait préféré ne pas commencer sa journée en tombant sur l’une des soeurs de Rory, sa soeur cadette s’il ne se trompait pas. « Nina. » Le sourire qu’il étira dans sa direction était bien moins enjoué. « Tu es venue aussi, alors. » Bien sur qu’elle était venue: c’était une évidence même, mais il ne pouvait pas s’empêcher de le souligner pour démontrer sa déception de son côté de la voir ici. « J’espère que tu ne vas pas passer la journée à faire en sorte que la mienne soit misérable, ce serait vraiment aimable de ta part pour une fois. » Afin de maintenir les apparences, Ruben attrapa deux coupes de champagne sur l’un des plateaux qui passaient à sa portée, en tendant une à la jeune femme.

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Tout en douceur, elle relâcha le poignet de sa femme de chambre, s’essuyant les lèvres d’un coup de langue lascif. La demoiselle parut flancher et Nina due l’aider à s’asseoir sur le bord du lit à baldaquin. Une fois encore, elle avait dépassé la limite, se laissant complètement hypnotiser par son besoin de sang. Elizabeth allait mettre quelques minutes avant de se remettre de son étourdissement. « Je m’excuse Liza. » Nina s’en voulait de ne toujours avoir aucune maîtrise sur ses pulsions, laissant trop régulièrement ce nouvel instinct guider la moindre de ses actions. « Ce n’est rien Madame. » Elle lui avait toujours été fidèle Elizabeth, depuis l’enfance. Et désormais, elle lui servait de repas, à intervalle régulier, lorsque Nina se devait de remplir ses devoirs de jeune fille de bonne famille, fréquentant alors quelques salons emplis de chair humaine et de veines palpitantes. Elle cherchait à se contenir, refusant de laisser quiconque prendre connaissance de sa nouvelle condition qui lui avait été imposée sans son consentement.

Elle avait promis de se rendre à cette célébration pour l’union de son aîné. Contre l’avis de tous, Rory avait tenu à maintenir les festivités conscientes que la lune qui n’en finissait plus de briller était, malheureusement, devenue leur meilleure alliée. Nina n’était descendue sur la terrasse du manoir que pour les apparences, refusant encore d’adresser le moindre regard à son frère. Il était responsable de chacun de ses malheurs et alors qu’elle espérait pouvoir échapper à l’intention des convives, son odorat désormais sur développer lui notifia la présence de quelqu’un qu’elle aurait adoré réduire en charpie. « Nina. Tu es venue aussi, alors. » Était-il véritablement si étonné que cela ? « Obligation familiale. » Elle ne put lui adresser qu’un semblant de sourire, s’efforçant de toujours garder la bouche fermée désormais. Elle pouvait entendre le moindre battement de cœur, sentir tout ce sang frais qui coulait tout autour d’elle, transformant ce moment en une véritable séance de torture. « J’espère que tu ne vas pas passer la journée à faire en sorte que la mienne soit misérable, ce serait vraiment aimable de ta part pour une fois. » S’il espérait trouver la paix, il était venu frapper à la mauvaise porte. « Je compte passer le reste de l’éternité à rendre ton existence misérable Ben. » Elle ne faisait que commencer. Elle désirait lui faire regretter à chaque nouvelle journée, l’éternité qu’il était venu lui imposer. Elle s’était préparée à mourir, laissant la tuberculose gagnée le combat sans jamais savoir que Rory s’était entêté à vouloir la sauver. Rory au grand cœur, incapable de savoir dire au revoir à sa petite sœur, la condamnant à une vie qu’elle n’avait jamais souhaité. S’approchant de lui, elle vint murmurer d’un regard noir. « Je vais te faire regretter ta soi-disant générosité à chaque seconde. » Elle ne put s’empêcher de dévoiler ses canines. « Si tu hantes les cauchemars des autres, je compte bien devenir le tien. » Avait-il oublié qu’elle n’était pas l’une de ses filles rangées qui obéissaient aux hommes sans broncher ? Il n’avait pas choisi la plus docile et elle comptait bien le lui rappeler. Ses doigts s’enroulèrent pourtant autour de la coupe qu’il venait de lui tendre. De l’extérieur, on pourrait prétendre à deux jeunes gens qui se toisent avec amusement. Nina savait jouer avec les apparences. « Toute cette joie… » Elle balaya les lieux d’un revers de la main. « Cela me donnerait presque envie d’hurler au loup. » Elle se trouvait ravie de sa plaisanterie, défiant du regard l’invité à ses côtés. Il lui suffisait de se mordre elle-même pour déclencher une véritable frénésie et gâcher la journée de son frère en plus de l’existence de Ruben. Une pierre, deux coups. « Pas toi ? »

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« Obligation familiale. » Il haussa les épaules. « Tu aurais pu te porter pâle pour échapper à l’obligation, justement. » Après tout, il aurait été ravi d’attester qu’elle n’était pas physiquement assez en forme pour être présente aujourd’hui, parce-que ce n’était pas un plaisir de la voir parmi les convives. « Je compte passer le reste de l’éternité à rendre ton existence misérable Ben. » Il soupira lourdement sans même s’en cacher. Ce n’était pas dans le but qu’elle lui rende son existence misérable qu’il l’avait transformé, mais apparemment elle mettait désormais un point d’honneur à ce que ce soit le cas désormais. « Je vais te faire regretter ta soi-disant générosité à chaque seconde. Si tu hantes les cauchemars des autres, je compte bien devenir le tien. » - « Je te rappelle que c’était pas mon idée. » C’était une demande que Rory lui avait fait en suppliant, étant parfaitement au fait que lui-même n’aurait pas été apte de sauver la vie de sa soeur sans la risquer au passage; Ruben avait acquis une maîtrise de sa soif depuis quelques temps déjà, et savait quand s’arrêter pour ne pas tuer quand ce n’était pas nécessaire. « Je n’ai fait que rendre un servir à un ami. » Il ajoute rapidement. « Je me serais abstenu, si j’avais su. »

« Toute cette joie… » Ruben suivit le mouvement de la main de la jeune femme. « Cela me donnerait presque envie d’hurler au loup. Pas toi ? » Il soutint son regard un instant, avant de secouer sa tête et de détourner ses yeux vers le reste des invités. « Laisse donc les loups où ils sont, nous n’avons pas besoin de leur présence ici. » Ils étaient une épine dans le pied de leur existence, ce n'était pas la peine de faire en sorte de les ramener ici. « Le but est de passer la journée sans la ruiner, parce-que c’est ce que veut Rory. » Il jeta un regard en coin à Nina. « Tu t’en sens capable ? Ou vais-je devoir garder un oeil sur toi pendant les prochaines heures ? » Et il était on ne pouvait plus sérieux dans ses propos. S’il fallait qu’il endure la présence de la jeune femme à ses côtés des heures durant pour s’assurer que la journée dédiée à son frère ainé ne soit pas ruinée, il le ferait. Il pourrait même faire une petite promesse à la jeune femme. « Si tu restes sage, j’ai un cadeau qui pourrait te faire plaisir. » Un de sourcils se haussa sur son visage. « Mais je dois d’abord m’assurer que tu sauras te tenir, et sans attirer la moindre mauvaise attention sur toi. » Il se pencha quelque peu dans sa direction, humidifiant son pouce de sa langue avant de glisser ce dernier sur le coin des lèvres de Nina. « A commencer par effacer les traces de tes activités… annexes. » La trace de sang n’était pas tolérable, si elle voulait passer inaperçue.

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« Tu aurais pu te porter pâle pour échapper à l’obligation, justement. » Elle secoua la tête face à son incrédulité. « Tout le monde parle de moi comme d’un miracle. » Et il pensait sincèrement qu’elle allait louper son heure de gloire ? Nina n’était en rien ravie de sa nouvelle condition, mais elle pouvait se contenter d’une certaine forme d’idolâtrie. Et que serait une bonne journée sans rappeler à Ruben l’existence de son erreur.  « Je te rappelle que c’était pas mon idée. » Oh, elle savait cela. Rory était allé supplier son ami. À se mettre à genoux pour sauver sa petite-sœur. L’acte pouvait se démontrer héroïque, Nina ne voyait qu’une lâcheté dans ce qu’il avait été incapable d’accomplir pour lui-même. « Je n’ai fait que rendre un servir à un ami. Je me serais abstenu, si j’avais su. » Dans une démonstration de son mécontentement, sa langue vint claquer contre son palais. « Tu aurais dû, je ne t’avais rien demandé. » Les désirs de son frère n’ayant jamais été les siens.

« Laisse donc les loups où ils sont, nous n’avons pas besoin de leur présence ici. » Elle eut un rire amusé. « Oh, mais c’était toi le loup, mon cher. » Il lui serait si aisé de se faire passer pour la victime des canines aiguisées de Ruben. Un cri savamment poussé, un air d’actrice apeurée. Nina maîtrisait tous les codes nécessaires et à ses pieds déambulaient toute une foule de spectateurs. « Le but est de passer la journée sans la ruiner, parce-que c’est ce que veut Rory. » Il en voulait bien des choses Rory. « Rory aura ce qu’il mérite. » Son mépris en plus de son désir de vengeance. « Tu t’en sens capable ? Où vais-je devoir garder un oeil sur toi pendant les prochaines heures ? » Son sérieux avait tendance à l’exaspérer. « Me prends-tu pour une enfant qu’il faudrait tenir occuper ? » Elle pouvait l’être, la petite fille riche qui s’ennuie dans son château doré. Et désormais, elle possédait une arme qui pouvait mettre un terme à la petite sauterie organisé par son aîné. « Si tu restes sage, j’ai un cadeau qui pourrait te faire plaisir. » Haussant un sourcil curieux, elle se tourna vers lui. « Mais je dois d’abord m’assurer que tu sauras te tenir, et sans attirer la moindre mauvaise attention sur toi. » Tournant le dos aux convives, elle lui offrit son plus beau sourire, canine comprise. « Tu as toujours su négocier. » Il savait lui parler, surtout. « A commencer par effacer les traces de tes activités… annexes. » Si elle avait encore eu un cœur, ce dernier aurait vu ses battements s’affoler face au geste de Ruben. « Une femme peut bien se peindre les lèvres de rouge. » Qu’il ne s’agisse que de pigment ou d’un peu de sang qui ferait la différence ? « J’attends ma surprise. » Et sans un mot, dans un souffle, elle s’échappa auprès des convives.

Relevant le défi, Nina sut tenir sa place. Dans un léger désir de provocation, elle ne pouvait s’empêcher de laisser apparaître une canine dès que Ruben paraissait regarder dans sa direction. Il la suivait comme son ombre tandis qu’elle répondait inlassablement aux mêmes questions. Oui, elle avait eu de la chance. Oui, elle voyait la vie autrement. Des mensonges qu’elle s’efforçait de réciter par cœur tandis que Rory se pavanait entre les tables. La supercherie dura un temps avant que Nina ne se faufile en un éclair auprès de Ruben. « Je m’ennuie Ruben. » Les humains avaient cette tendance à lui faire ressentir un ennui profond ces derniers temps. « Celui-là me paraît fort appétissant. Tu ne crois pas ? » Elle avait jeté son dévolu sur l’un des jeunes hommes qui officiait en tant que serveur. Elle pourrait bien profiter d’un bon temps entre les draps en plus d’un peu de sang frais duquel s’abreuver. « Ou est-ce qu’il est déjà l’heure de ma surprise ? » Elle le mettait au défi. « C’est toi qui choisis. » Il tenait sa parole ou elle brisait la sienne en allant mettre le grappin sur son serveur.

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« Tout le monde parle de moi comme d’un miracle. » - « Rappelle toi qu’ils changeront leur regard dès lors qu’ils connaîtront les véritables raisons dernière c’est miracle. » Les gens comme eux n’étaient pas les bienvenus ni les bien vus dans leur société, il ne fallait pas qu’elle néglige cela. Ils se retourneraient contre ceux qui étaient de leur propre sang. Ruben savait que cela faisait partie des détails qui embêtaient Nina et pour lesquels elle n’aurait pas voulu devenir vampire - mais elle ne pouvait continuer à le pointer du doigt de la sorte alors qu’il n’était pas celui responsable d’une telle décision. Rory lui avait demandé un service, il avait obtempéré. « Tu aurais dû, je ne t’avais rien demandé. » - « Je retiendrai de te laisser mourir la prochaine fois alors. » Le petit sourire poli était on ne pouvait plus forcé.

« Oh, mais c’était toi le loup, mon cher. » Il soupira lourdement. « J’ai saisi le sous-entendu. Mais que ce soit moi ou de véritables loups, si tout le temps peut rester à sa place sans incident, ce serait fort sympathique. » Le but étant que la journée se passe pour le mieux, afin de satisfaire les demandes et désirs de Rory. « Rory aura ce qu’il mérite. » - « On arrive au moins à s’accorder sur cette idée alors. » - « Me prends-tu pour une enfant qu’il faudrait tenir occuper ? » Il haussa un sourcil. « Devrais-je ? » Saurait-elle ne pas se comporter de cette sorte ?

« Tu as toujours su négocier. » Il avait l’habitude de traiter des patients bien plus récalcitrant qu’elle pouvait l’être en cet instant. En revanche, ces derniers ne devaient pas faire attention à leurs manières et aux traces que pouvaient laisser leurs acted - en témoignait la trace négligée que Nina avait laissé au coin de ses lèvres. « Une femme peut bien se peindre les lèvres de rouge. » - « Certes. » Il glissa son doigt contenant désormais une légère goutte de sang contre sa propre langue pour s’en débarrasser. « Mais pas de ce rouge là, cela risque de t’attirer une attention dont tu ne désires pas. » Le but n’était pas et n’avait jamais été de se faire repérer.

« J’attends ma surprise. » - « Profites des festivités. » Peut être que son sourire était un brin amusé finalement.

« Je m’ennuie Ruben. » La voir arriver en une fraction de seconde à ses côtés ne le surprit pas - autant parce-qu’il gardait un œil sur elle depuis qu’elle était partie se mêler à la foule que parce-qu’il l’avait entendu arriver -, mais lui fit lever les yeux au ciel en revanche. « Déjà ? » Le répit fut de courte durée. « Celui-là me paraît fort appétissant. Tu ne crois pas ? » D’un roulement d’yeux, il regarda le jeune homme mentionné. « Je suis du même avis. » Son regard finit par glisser vers Nina. « Mais il n’est pas là pour ça. » Aucun des invités n’était là pour ça. « Ou est-ce qu’il est déjà l’heure de ma surprise ? C’est toi qui choisis. » - « Impatiente tu es, alors, c’est définitif. » Il soupira, réajusta les pans de sa veste, avant de désigner d’un mouvement de tête un jeune homme qui semblait longer les murs depuis le début des festivités. « Le serveur n’est pas là pour ça, les invités non plus mais lui oui. » Il haussa un sourcil. « Et son sang est délicieux. » Ce fut à son tour de dévoiler légèrement l’une de ses canines; il était sérieux un peu trop souvent, Ruben, mais il restait vampire et connaissait le plaisir que cela pouvait procurer de croquer la chair.

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« J’ai saisi le sous-entendu. Mais que ce soit moi ou de véritables loups, si tout le temps peut rester à sa place sans incident, ce serait fort sympathique. » Alors, il avait vraiment à cœur de rendre la journée de Rory la plus douce possible. Nina se trouvait ennuyée par toute cette politesse et bienséance. « D’accord, d’accord. » Elle ne pouvait que se rendre. Qu’importe l’aigreur qu’elle pouvait ressentir face au bonheur de son aîné, elle n’avait tout de même pas le désir de faire de sa vie un enfer. Il avait choisi son poison, elle ne pouvait plus rien y faire. « On arrive au moins à s’accorder sur cette idée alors. » Cela pourrait s’accorder à un miracle entre eux. Ou quelque chose d’un même acabit. « Devrais-je ? » Elle lut l’amusement sur son visage lui amenant un soupir non dissimulé. « Je préfère encore que tu me regardes comme une femme. » Elle lui adressa un clin d’œil amusé alors qu’il s’assurait de sa tenue correcte, dissimulant la dernière goutte de sang qui était venu perler contre ses lèvres. « Mais pas de ce rouge là, cela risque de t’attirer une attention dont tu ne désires pas. » S’il continuait ainsi, avec son sourire en coin et son air désinvolte, c’est uniquement son attention qu’elle finira par désirer pour le reste de la soirée.

Se faufilant dans la foule, elle promit de trouver une occupation ailleurs. Connaissant certains des convives, elle put s’infiltrer dans quelques conversations, adresser quelques sourires aux lèvres fermés et répondre à certaines questions. Elle virevoltait sous l’attention, mais son système courant à grande vitesse, lui rappelait que tout cela n’était que d’un ennui cruellement mortel. Chacun se voulait de placer un compliment pour Rory, admirant son courage qui n’en était pas un. Nina dut se retenir à de trop nombreuses reprises de son frère qui l’avait forcé à une éternité à ses côtés. Les minutes se transformant en heures à ses yeux, elle ne put s’empêcher de retourner auprès de Ruben. « Déjà ? » Elle n’avait pas de montre à gousset sur elle, mais il y a eu fort à parier qu’assez de temps s’était couler pour qu’elle en vienne à cette conclusion. En réalité, Nina sentait la faim la guetter. « Je suis du même avis. Mais il n’est pas là pour ça. » Malheureusement, le serveur était présent pour ravir les gosiers humains seulement. « Il me plaît quand même. » Nina avait toujours été joueuse, même avant sa transformation. Ce n’est pas de sa faute si tout cela s’était retrouver exacerbé depuis. Ruben n’en était que le seul coupable. « Le serveur n’est pas là pour ça, les invités non plus, mais lui oui. Et son sang est délicieux. » Du regard, elle suivit le doigt qu’il pointa vers un reclus qui observait la cérémonie dans un coin. « Lui ? » Il paraissait chétif, presque terrorisé à l’idée d’oser bouger. « Oh Ruben… Tu me déçois. » Bon. Le jeune homme n’était pas si laid, elle aurait pu s’en satisfaire, mais elle avait bien envie de jouer avec les idées de Ruben. « Ce n’est pas lui qui m’occupera pour la nuit. » Elle força une moue triste. Nina voulait satisfaire sa faim, mais elle souhaitait également passer du bon temps, lorsqu’elle cherchait un jeune homme. « Est-ce que l’on peut au moins le faire courir ? » Mettre en place une chasse, le suivre un peu partout d’une manière sadique, sans jamais le prévenir du moment de frappe. « Essaye de rendre tout ça un peu attrayant Hartfield. » Ne s’était dont il jamais amusé durant ses quatre-vingts années ?

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« D’accord, d’accord. » Elle était annulée par les propos de Ruben et ne le cachait même pas. Tout comme il savait qu’elle était ennuyée qu’il pose sur elle un regard qui permettait de surveiller ses faits et gestes; il n’était pas initialement venu ici pour cela, mais s’il fallait agir de la sorte tout le reste de la soirée il le ferait. « Je préfère encore que tu me regardes comme une femme. » Elle lui fit un clin d’oeil, il leva les yeux au ciel. Il s’assura qu’aucune autre goutte de sang ne soit visible avant qu’ils ne se séparent pendant un temps. Elle ne mit cependant pas si longtemps que cela à revenir vers lui, apparemment déjà ennuyée des festivités. La soif revenait à la charge - et il pouvait la comprendre. Il savait désormais faire attention à ne plus se retrouver dans un état où cette dernière le contrôlait, mais Nina était bien plus jeune vampire que lui.

Elle avait jeté son dévolu sur un serveur, mais cela n’arriverait pas sous la surveillance de Ben: l’employé n’était pas là pour ça. « Il me plaît quand même. » - « Peut-être, mais là n’est pas la question. » Il fallait qu’elle morde dans une chair qui était présente exprès pour cela: les dégâts seraient limités comme cela. « Lui ? Oh Ruben… Tu me déçois. » Il tourna vers elle un regard outré, les sourcils quelques peu haussés. « Je te déçois ? » Il lui apportait un repas sur un plateau, et elle trouvait le moyen de se plaindre ? « Ce n’est pas lui qui m’occupera pour la nuit. » Le regard que lui portera Ben à la suite était un brin blasé: se moquait-elle de lui ? « Ce n’est pas pour occuper ta nuit qu’il est là, mais pour satisfaire ta soif. » Il avait prononcé cette dernière partie de phase à voix basse. « Il faut que tu différencies les deux éléments. » Sinon un jour, par habitue, elle commettrait l’irréparable sur quelqu’un qui pourrait lui être proche.

« Est-ce que l’on peut au moins le faire courir ? » Là était une question plus intéressante. Il esquissa un petit sourire. « Essaye de rendre tout ça un peu attrayant Hartfield. » - « Et pendant que tu restes là à te plaindre, tu ne t’es même pas aperçue qu’il avait disparu sous tes yeux. » Parce-que si elle désirait une chasse, l’homme qu’il avait amené ici pourrait lui en procurer une; ce ne serait jamais exactement comme si elle fonçait sur une personne qui n’était pas prévenu de ses actes par avance, mais ce serait mieux que rien. Ruben pencha son visage pour l’approcher du creux de l’oreille de Nina. « Il est tout à toi… Si tu l’attrapes en premier. » Parce-que c’était de cette façon là qu’il pourrait pimenter un peu le jeu, en revanche: avoir de la concurrence sur la même chasse était procureur d’excitation. « Et je n’ai pas apaisé ma soif avant de venir, de mon côté, alors penses tu bien que j’ai envie de planter mes crocs dans le moindre ses vaisseaux sanguins. » Le regard qu’il laissa poser à travers ses cils sur la jeun femme soulignait quelque-chose qu’elle n’avait surement pas vu jusque maintenant: le côté vampire, le vrai, de Ruben.

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« Je te déçois ? » Serait-il blessé d’un tel jugement ? Nina haussa d’un sourcil, lui laissant comprendre que sa proposition de repas aurait pu être plus alléchante. Tout du moins, avec un physique qui entrait dans ses critères, car elle en avait la demoiselle. « Ce n’est pas pour occuper ta nuit qu’il est là, mais pour satisfaire ta soif. » Ne pouvait-elle donc pas mélanger les plaisirs à sa guise désormais ? « Il faut que tu différencies les deux éléments. » Voilà qu’il se transformait en donneur de leçon. Expirant lourdement, Nina replaça l’une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. « Ne gâche pas tous mes plaisirs Ruben, je t’en prie. » Il en avait suffisamment ruiné ainsi, il n’allait tout de même pas lui retirer le plaisir de la chair. Pas alors que Nina ne s’était jamais sentie aussi puissante et désirée. Elle devrait l’écouter, lui qui se voulait bien plus âgé, mais Nina préférait encore n’en faire qu’à sa tête. Redevenue l’adolescente rebelle qui souhaitait brûler la chandelle par les deux bouts sans se soucier de l’avenir. Ce dernier ressemblait à l’éternité désormais, que serait une petite erreur, si ce n’est qu’une poussière sur l’échiquier.

« Et pendant que tu restes là à te plaindre, tu ne t’es même pas aperçue qu’il avait disparu sous tes yeux. » Releva les yeux brusquement, elle réalisa que Ruben disant vrai. L’homme avait disparu, comme avaler par la foule. Elle n’avait aucune idée de son odeur ou du son de sa voix. En somme, elle ne possédait aucun indice, si ce n’est un visage à traquer au milieu des convives. « Il est tout à toi… Si tu l’attrapes en premier. » Un fin sourire carnassier étira ses lèvres. « La chasse n’en sera que plus amusante. » Elle avait à cœur de gagner. « Et je n’ai pas apaisé ma soif avant de venir, de mon côté, alors penses tu bien que j’ai envie de planter mes crocs dans le moindre ses vaisseaux sanguins. » Elle vit la lueur rouge brillé dans le fond de ses prunelles. Ben voulait jouer. Tendant ses doigts fins entre eux, elle l’invita à lui serrer la main. « Que la partie commence. »

Il possédait, malgré tout, une avance sur elle. Et la présence des convives ne pouvait lui permettre de se déplacer à toute vitesse sans éveiller quelques soupçons. Nina joua le jeu, attrapa une coupe de champagne sur un plateau, adressant un clin d’œil au serveur qui lui plaisait toujours autant. Elle en ferait son affaire plus tard. Elle avait un invité bien spécial à retrouver. Même s’ils étaient désormais séparés de plusieurs mètres, elle savait que Ruben pouvait l’entendre. « Aucune tricherie ne sera acceptée. » Elle venait de repérer sa cible du coin de l’œil et profitait de la distraction pour se rapprocher. Mais l’homme se voulait agile et Nina se sentait comme prise aux pièges par le regard des invités.

Une fois, elle pensa pouvoir mettre la main dessus, mais Rory l’interpella et Nina pu simplement voir Ruben s’en aller à la suite de leur proie, un sourire amusé aux lèvres. Ils se dirigeaient vers le fond de la propriété, vers un bout de jardin que peu fréquentait. Au cours de la conversation, parce que sa patience se tenait sur une fine limite, ses yeux se tintèrent de rouge, laissant entrevoir sa nouvelle nature. Sans aucune excuse, Nina se retira vers l’extérieur où le jeu semblait perdurer lorsqu’elle vit Ruben lui-même retenu par un autre invité. L’excitation de la chasse, l’exacerbation de tous ses sens lui fit perdre de vue les raisons de sa limite. Alors, quand le jeune homme se trouva devant elle, Nina plongea n’écoutant que sa soif. « Je te tiens. » Refermant sa poigne sur l’homme, elle vint planter ses crocs dans le creux de sa nuque, se ficha d’être encore à la vue de tous. Et surtout, sans le moindre contrôle. Nina n’avait pas simplement soif, elle était poussée par l’envie de tuer et n’était plus en capacité de se contrôler, ravageant le cou de cet homme de ses dents acérées.

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Elle fit entendre son mécontentement sans s’en cacher. « Ne gâche pas tous mes plaisirs Ruben, je t’en prie. » Il étira un petit sourire sans envie. « J’ai déjà gâché ton existence, ça suffit c’est ça ? » Ce n’était pas là ses mots à lui, mais ceux de la jeune femme qu’elle lui adressait autant de fois que cela était possible. Il aurait beau lui répéter encore et encore qu’il n’avait agi que dans le but de faire au plus juste, au mieux, elle ne saurait l’entendre et continuerait de lui en tenir rigueur. Peut-être qu’à lui donner du change, un petit quelque-chose un brin moins ennuyant que l’éternité il pourrait se racheter - ou à défaut au moins apaiser les rancoeurs pour une soirée. C’était tout ce qu’il demandait pour aujourd’hui: que ce ne soit pas autant la guerre entre eux pour ne pas teinter d’amertume la soirée qui était érigée à l’honneur de Rory et de sa compagne. Une petite partie de chasse était donc ce qu’il avançait sur un plateau, établissant une règle simple: le premier à retrouver l’humain qui leur servait de proie était celui qui avait le droit de se nourrir de son sang. La discrétion était de mise, bien entendu, mais cela était en permanence le cas quant à leur condition lorsqu’ils étaient en présence d’humains qui ne devaient pas être mis au courant de cette dernière. « La chasse n’en sera que plus amusante. » Tant mieux: elle se prêtait au jeu. Qui plus était, il voyait l’étincelle de l’excitation grandir dans son regard: c’était d’autant plus meilleur signe. Au moins, pendant le temps imparti elle se concentrerait sur ça et non sur tous les autres humains autour qui n’avaient pas besoin de servir de repas pour Nina avant la fin de la journée. « Que la partie commence. » Elle lui tendit sa main pour qu’il la prenne dans la sienne, scellant ainsi leur compétition pour le reste du temps imparti: elle voulait jouer, il jouerait aussi et elle ne devait pas oublier qu’il avait bien plus d’expérience qu’elle dans ce domaine.

Il ne serait pas trop dur, promis: il était malgré tout un gentleman qui souhaitait simplement que les choses restent autant que possible sous contrôle. Et alors qu’elle s’éloignait, il la regarda se faufiler à travers les foules: elle avait la grâce dont seuls les vampires savaient preuve, c’était indéniable; elle ne s’en souciait pas, cela était une évidence pour laquelle il n’avait pas besoin de faire le moindre effort afin de la constater. Il ne pouvait se permettre tous les commentaires du monde, surtout pas alors qu’une partie d’amusement à travers tous le domaine des Craine avait été lancée par ses soins. « Aucune tricherie ne sera acceptée. » Ils se trouvaient désormais à plusieurs mètres l’un de l’autre, mais leurs sens accrus permettaient ce type de discussion à distance sans perte d’informations. Ruben étira un petit sourire. « Je n’approuve pas la tricherie, sois sans crainte. » Il pencha sa tête quelque peu sur le côté, haussa un sourcil dans sa direction - si elle y prêtait attention, elle n’aurait pas de mal à le voir agir de la sorte. « Cela vaut pour toi aussi par conséquent, tu sais. » Les règles étaient les mêmes pour eux deux. Et Ben savait d’avance qu’une surveillance un brin plus poussée de sa part à lui en direction de la blonde serait davantage nécessaire que dans le sens contraire: lui savait contrôler sa soif.

Ce dernier point mis en avant fut rapidement mis à l’épreuve, d’ailleurs. Ils s’étaient tous les deux mis à arpenter le sol des différentes pièces allouées aux festivités, discutant ici et là avec des invités qui leur barraient la route et semblaient presque avoir été investis de la mission de rendre cette partie de chasse bien plus complexe qu’elle ne pouvait initialement l’être. Oh, ce n’était pas pour déplaire à Hartfield, qui suivait grâce à ses sens et à sa expérience tout ce qui se passait même à distance - il avait donc parfaitement repéré que leur proie n’était pas si loin que cela d’eux, qu’elle pensait peut-être bien s’en sortir pour le moment mais il fallait avouer que s’ils n’étaient pas deux dans le processus et qu’un autre jeu n’était pas en place entre eux que celui de la traque pure et dure, cela aurait déjà perdu de sa saveur. Continuant sa discussion avec l’un des amis de travail de Rory, Ruben gardait tout de même un oeil attentif sur les allées et venues de Nina; cette dernière ne mit d’ailleurs pas bien longtemps par la suite pour sortir à son tour, ayant repéré que la proie se dirigeait vers un coin reculé du jardin. Tant mieux pour eux: lorsque le jeune homme aurait atteint cette partie là de la propriété, ils pourraient davantage laisser libre court à leur instinct, les regards des convives protégés de leurs agissements. Ou c’était plutôt là ce qu’aurait pensé Ruben, mais Nina fut bien plus rapidement qu’il ne l’aurait anticipé pour couper court à toute discrétion, pourtant règle numéro un de leur existence de façon plus large. « Je te tiens. » Sauf que toutes les personnes situées près des fenêtre de la grande salle, ou celles dehors sur la terrasse pouvaient voir les agissants de la fille Craine en cet instant - congédiant l’invité avec qui il discutait, Ruben ne disposait pas de beaucoup de temps pour intervenir.

Surtout que Nina plantait déjà ses canines dans la chair de leur proie - à partir du moment où ce dernier avait accepté d’être celui traqué et de participer à ce petit jeu macabre, il avait perdu le statut de simple homme pour devenir proie malgré tout, mêmes aux yeux de Ruben. Ce n’était pas tant le problème pour le moment, puisque cette partie là était entendue, mais bien que la jeune femme le traitait comme tel aux yeux de tous, et cela revenait à une tricherie: rester discrets faisait partie de leur priorité au dessus du reste. Alors, dans un geste ample, souple et surtout très rapide pour ne pas que les autres puissent le voir lui ou s’apercevoir qu’il y avait quelque-chose à voir du côté du jardin, Ruben se mit à courir vers Nina, arracha à ses crocs dévastateurs le corps de leur jeu du soir. La seconde suivante, il allait mettre ce dernier loin à l’abris de la lumière, en lisière de forêt, avant de revenir vers Nina. Il savait que cette dernière possédait une vitesse se rapprochant de la sienne, mais ce n’était pas non plus cela le problème du moment; ce à quoi il portait attention, c’était surtout qu’elle était en pleine chasse et qu’un vampire lancé était souvent un vampire difficile à arrêter. « Tu vas m’en vouloir, mais je ne peux pas te permettre d’agir ainsi Nina. » Alors, sans attendre son reste ni la moindre réponse de la part de la jeune femme dont du sang dégoulinait sur ses lèvres, son menton, et dont les yeux étaient gorgés également de sang et d’excitation, il l’attrapa dans ses bras à son tour pour l’emporter avec lui plus loin, à distance de la moindre agitation qui commençait à se faire entendre en arrière plan.