Si la fuite avait été compliqué, Siham avait maintenant une route dégagée devant elle. Elle détestait prendre la route, parce qu’une voiture manquait cruellement de discrétion. Le moteur se faisait trop entendre et attirait l’attention de tous : zombies ET hommes. Elle pouvait être suivi, on pouvait la prendre en guet à pant, se faire tirer dessus, on pouvait lui crever les pneus et créer un accident. Les sources de conflits étaient trop nombreuses, dès qu’ils seraient éloignés avec le sentiment d’être moins en danger, elle lâcherait la voiture pour se trouver un nouveau nid. « Tu nous emmènes où ? Pas de connerie hein, je veux pas voir tout un clan de ton espèce. » elle regardait le pistolet qu’il pointait vers elle, elle fronçait les sourcils. « Tu comptes faire quoi avec ça ? » elle souffla, toujours agacée, elle n’avait jamais voulu faire équipe avec quelqu’un. « J’ai pas d’meute, calme toi. J’ai aucune idée d’où aller. Mais si tu préfères, j’te laisse là. » juste à proximité d’un groupe de cinq à six zombis qui étaient recroquevillés sur un animal mort, on aurait dit un loup, improbable, surement un gros chien. « J’estime qu’on est quitte, à présent. » il lui avait sauvé la vie une fois, elle l’avait sortie d’affaire en retour. Si elle n’avait pas eu de voiture, il serait mort, en train de se faire grignoter chaque membre, en ce moment même.
« Si t’as meilleure idée, n’hésite pas à me sonner, en attendant, tu peux dormir, faire semblant de sortir, te taire, regarder le paysage, admirer. Surtout, garde ton sarcasme et tes menaces. » Siham réfléchissait, parce que si sa survie était un moyen de poursuivre sa quête, son objectif à elle était de retrouver son fils. Elle ne voulait surtout pas que ses plans tombent à l’eau pour un inconnu malpoli et désagréable. Un voleur, un écornifleur…

@Rhett Hartfield

« Tu comptes faire quoi avec ça ? » Elle est agacée et il l’est tout autant. Passer une vie à survivre ne saurait de toute évidence pas mettre qui que ce soit de bonne humeur. « Fais pas la maligne, ça peut toujours faire très mal, sans être chargé. » Et il la croit assez intelligente pour ne pas avoir besoin qu’il lui montre un exemple pour qu’elle le croit. Une arme peut toujours faire terriblement mal, à l’image de n’importe quel objet que quiconque pourrait finalement utiliser pour se retourner contre une autre personne. Rhett n’a jamais essayé une telle chose mais il n’en reste pas moins capable, en dernier recours. « J’ai pas d’meute, calme toi. J’ai aucune idée d’où aller. Mais si tu préfères, j’te laisse là. » - « Essaye, pour voir ? » Il est bien curieux de savoir comment une petit bout de femme dans son genre pourrait le forcer à sortir de cette voiture, parce qu’il est plutôt évident qu’il n’a aucune envie qu’une telle chose arrive. Elle lui permet de se déplacer bien plus rapidement qu’à pied mais elle est aussi une protection de choix contre ces Choses.

« J’estime qu’on est quitte, à présent. » Elle a raison, et il la déteste pour cette idée puisqu’il ne peut rien dire contre. Elle l’a sauvé, il l’a sauvée. Ils sont quittes, aussi simplement que cela - mais si elle espère qu’il lui rende de la nourriture ou même son pistolet, elle se fourre le doigt dans l’oeil, qu’ils soient bien clairs là dessus. « Si t’as meilleure idée, n’hésite pas à me sonner, en attendant, tu peux dormir, faire semblant de sortir, te taire, regarder le paysage, admirer. Surtout, garde ton sarcasme et tes menaces. » - « Tu travaillais sur un bateau de croisière, avant, c’est ça ? » Il a oublié le moment où elle lui demandait de garder menaces et reproches pour lui, c’est évident, mais l’idée le fait sourire pour la première fois depuis le début de leur discussion. Un sourire sincère, mais qui vient tout de même avec la pistolet qu’il garde fermement dans la paume de sa main. « Je suis sérieux, t’as un plan ? » Et sa voix change justement pour souligner tout le sérieux qui est sien en cet instant.

La joute verbale n’allait que les épuiser, ou en tout cas, c’était le cas pour Siham et elle estimait qu’elle ferait mieux de garder son énergie pour autre chose. C’est bien pour ça qu’elle préférait être seule pour ne pas être obligée de faire la conversation et de perdre son temps à s’embrouiller avec des gens. Au moins, elle n’était jamais déçue d’elle-même et si elle faisait des erreurs, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle. Tout comme, elle avait fait l’erreur de laisser sa maison sans surveillance et avait oublié de fermer la porte à clé. Si non, il aurait passé sa route, aurait tenté la prochaine porte ouverte et ils ne se seraient jamais croisés.
« Tu travaillais sur un bateau de croisière, avant, c’est ça ? » elle fronça les sourcils, ne voyant aucun lien avec ce qu’elle lui avait demandé : se taire. Le pire, c’est que ça semblait le faire sourire. Siham secoua la tête, fit craquer sa nuque et passa une main sur le haut de ses cervicales, pour les masser, tout en tenant le volant de l’autre main.
« Je suis sérieux, t’as un plan ? » elle resta silencieuse, essayant de trouver une réponse à sa question. Elle n’avait jamais vraiment de plan, elle se laissait toujours aller là où le vent la portait. « Je reste jamais plus de deux jours au même endroit. C’est pas bon de rester statique, même si ce serait moins fatiguant. » ça n’apportait pas vraiment de réponse concrète à la question. « je sais pas. » elle remis sa deuxième main sur le volant. « j’te l’ai dis, j’suis toute seule. » qu’il la croit ou non. « J’recherche quelqu’un. » fit-elle, en guettant la route, pas très sereine. Ils allaient bientôt passer le pont au-dessus de la rivière. « La seule personne envers qui j’avais confiance s’est barrée avec mon fils. » en expliquant qu’elle s’en occuperait bien mieux qu’elle et qu’elle jurait d’en prendre soin. Foutaise. « j’ai aucune idée d’où chercher. »

Sa blague semble faire mouche mais ce n’est pas pour déranger Rhett, qui n’est de toute façon pas là pour se faire des amis et certainement pas non plus pour se donner en spectacle. Elle n’est pas son amie. Les amis ne sont plus d’aucune importance dans le monde dans lequel ils vivent, et même les alliés ne sont qu’une vision de l’esprit: une fois face à la mort, il n’existe plus aucune sorte d’alliance. « Je reste jamais plus de deux jours au même endroit. C’est pas bon de rester statique, même si ce serait moins fatiguant. » Il savait bien qu’elle était loin d’être bête, et ces mots le confirment. Elle n’est effectivement pas bête: rester statique est devenir une cible vivante. « Mort, tu seras toujours moins fatigué. » Il répond avec cynisme. Elle fait bien de rester en mouvement, même si ce n’est effectivement pas un mode de vie simple ou sain. Dans un monde de zombies, de tels termes ont perdu tous leur sens.

« Je sais pas. J’te l’ai dis, j’suis toute seule. J’recherche quelqu’un. » - « Qui ça ? » La curiosité parle toujours avant le reste, même à l’aube de la fin du monde. « La personne est sûrement morte, tu sais. » L’espoir n’est pas toujours une bonne chose, surtout lorsqu’il est vain. Et tenter de retrouver une personne humaine est quelque chose de particulièrement vain, sans surprise, mais la jeune femme garde son attention lorsqu’elle évoque brièvement l’histoire derrière cette nouvelle. Rhett, lui, ne comprend pas l’ensemble du tableau puisqu’il lui manque encore des informations. « Tu cherches le gars ou ton gamin ? C’est son père, c’est ça ? » Elle dit “une personne en qui elle a confiance”, alors il tente d’en tirer des conclusions qui font du sens, quitte à passer par quelques raccourcis. « Il l’a pas pris avec lui pour se sauver ? » Ou est-ce qu’ils sont en train de parler d’un enlèvement ? Le terme existe-t-il toujours dans le contexte de leur monde actuel ? Il n’en sait trop rien, mais la question occupe au moins le temps.

« Mort, tu seras toujours moins fatigué. » parfois, elle y pensait, se disant que ce serait sans doute plus simple, se laisser avoir une bonne fois pour toute et arrêter de croire à un monde meilleur. Il n’arriverait jamais, ce monde meilleur. Si au début de l’apocalypse on parlait de remède, de scientifique qui cherchait comment erradiquer le virus, aujourd’hui, ils savaient tous qu’ils avaient abandonnés et que plus personne n’avait espoir. Et dans le doute ou quelqu’un sur cette terre tentait toujours de trouver une solution, le jour où ça arriverait, les survivant seraient pris par surprise et pleureraient de joie. Mais pour quel après ? Vivre avec des inconnus, avoir perdus tous ceux qu’on aimait, vivre dans un monde de désolation, en ruine ? Tout recommencer ? Quel enfer.
Peut être que tous les principes sur la solitude venaient de sauter alors que Siham venait de raconter sa vie à un inconnu, qui point un flingue non chargé sur elle, même flingue qu’elle pointait entre ses yeux quelques minutes avant. Quelle drôle de vie. « La personne est sûrement morte, tu sais. » c’est avant tout son fils qu’elle cherchait, mais si sa meilleure amie était morte, lui n’avait pas beaucoup de chance de survivre, elle souhaitait croire qu’ils étaient là encore quelques part à vivre. « Tu cherches le gars ou ton gamin ? C’est son père, c’est ça ? » elle secoue la tête. « C’était ma meilleure amie. » le père de Dali s’était fait dévoré dans les premières minutes où les gens commençaient à perdre la raison. « Il l’a pas pris avec lui pour se sauver ? » elle dégluti et mis quelques temps avant de répondre. « Je suis pas la mère idéale… elle a estimé qu’elle serait plus en capacité de s’occuper de lui que moi. » et elle aurait sans doute pensé la même chose qu’elle, des mois auparavant mais maintenant qu’elle n’avait plus son fils, la douleur de son manque était un gouffre. « il est né d’un déni de grossesse. J’ai pas assumé sa naissance, ni la suite… »

Rhett, assis dans sa voiture, fixe l'horizon dévoré par les flammes et le chaos. Les rues autrefois animées sont maintenant désertes, à l'exception des ombres errantes des morts-vivants, qu’ils n’ont pas tardé à appeler zombies. La lumière rougeoyante des incendies danse sur son visage. À travers le pare-brise, il discerne à peine les formes des créatures qui errent, avides de chair humaine et d’autres animaux qui pourraient avoir le malheur de croiser leur route. Personne ne peut rien pour eux dans ce cas là. Siham reprend la parole et le sort de sa contemplation morbide. « C’était ma meilleure amie. » Pas le père, donc, et il est sans doute un peu déçu de cette réponse. Une part de lui aurait été rassuré de savoir le gamin avec son père plutôt que d’une amie de sa mère, qu’importe qu’elle soit la meilleure.

« Je suis pas la mère idéale… elle a estimé qu’elle serait plus en capacité de s’occuper de lui que moi. Il est né d’un déni de grossesse. J’ai pas assumé sa naissance, ni la suite… » Et maintenant qu’elle lui raconte sa vie, il ne sait pas où il s’est aventuré. Il n’a pas envie d’entendre les histoires larmoyantes de qui que ce soit: il n’est pas du genre empathique, et la fin du monde n’a certainement pas aidé une telle façon de penser. « J’vois. Désolé. » Il l’est sincèrement que d’apprendre que tout ne s’est pas passé comme prévu, mais il ne sait simplement pas quoi dire de plus. « Tu te rends compte qu’il te manque maintenant qu’il est plus là ? » Rhett essaie de comprendre. Il démêle le vrai du faux, il tente de ligne à travers les lignes alors qu’elle ne lui donne finalement que très peu d’indices, se montrant plutôt avare en la matière. « C’est quoi tes indices pour savoir où ils sont ? » Peut-être qu’il n’est pas contre l’idée de l’aider, en effet. Disons qu’il n’a rien de mieux à faire, de toute façon, pas vrai ? Fichu pour fichu, autant tenter que ce le soit un peu moins.

« Tu te rends compte qu’il te manque maintenant qu’il est plus là ? » c’est toujours quand il est trop tard, qu’oj se rend compte des choses les plus évidentes. Siham qui avait toujours rejeté ce lien qu’elle avait avec son fils, lui faisant porter le chapeau de tous les malheurs qui lui arrivaient : devoir déménager, perdre son taf, ne plus avoir de thune, ne plus avoir de vie sociale. Et maintenant, elle n’avait plus de toit, nulle part où postuler, pas un rond en poche, et se targuait de vivre en solitaire. Et tout ça n’était pas la faute de Dali. Le silence a la question donnait la réponse.
Elle ruminait et ça n’avait rien de bon, elle se concentrait sur la route, a tout moment, un mort vivant pouvait se jeter sur le capot et faire dévier leur trajectoire. « C’est quoi tes indices pour savoir où ils sont ? » elle s’était déjà rendue dans tous les endroits où son amie était susceptible de se réfugier. « a moins qu’elle ait quitté la ville, j’ai déjà tout ratissé. » peut être que Rhett avait raison, peut être que ni elle, ni son fils n’avaient survécu mais tant que Siham n’en avait pas le cœur net, elle le lâcherait pas.
Son ventre se mis à gargouiller. Elle n’avait rien mangé depuis la veille, elle se limitait a un seul repas par jour pour rationaliser sa nourriture. « t’as pas un truc dans ton sac ? J’ai les crocs » et bien sûre qu’il avait quelques chose puisqu’il lui avait volé.
Siham était soucieuse, concentrée et même suspicieuse. « c’est pas bon… » et elle ne parlait pas de la nourriture qu’il avait dérobé. « a droite… sur le toit. » un homme faisait le guet. « a gauche, en face » une femme. Puis un autre et encore deux autres plus loin.

Le silence est pesant lorsqu’il lui demande si son fils lui manque et Rhett se contente de l’accepter. Il n’est pas son psy, il n’est pas son ami non plus, alors au final il se dit bien qu’il n’en a rien à faire, qu’elle soit proche ou non d’un enfant qu’elle ne reverra sans doute jamais de sa vie, puisque ses chances de survie dans un tel environnement sont proches du néant. «  a moins qu’elle ait quitté la ville, j’ai déjà tout ratissé. » - « La plupart ont quitté les villes. Trop dangereux. » Il ne veut pas lui donner d’espoirs inutiles, mais il dit simplement que ce ne serait pas fou qu’elle se soit réfugiée en dehors des villes, où il y a moins de chances de tomber sur un zombie ou une milice. Et de se retrouver coincé, d’ailleurs. L’inconvénient, c’est qu’il n’y a ni nourriture, ni abri, ni médicaments. Et cet inconvénient peut très rapidement devenir mortel selon sa capacité à survivre seule (et pire encore, avec un enfant) dans l’outback australien.

« t’as pas un truc dans ton sac ? J’ai les crocs » Elle connaît très bien la réponse à cette question et cela le pousse à la dévisager un instant, parce qu’il n’avait pas pour intention de partager son repas à aucun moment de cette journée. « Je suis pas ton papa gâteau. » Elle avait de la nourriture chez elle, elle aurait pu la manger avant qu’on le la lui vole. Et à bien y repenser, ça aurait effectivement été le plus simple et logique, quand même. « c’est pas bon… à droite… sur le toit. à gauche, en face » Le regard de Rhett se pose sur toutes les zones désignées, où il trouve des guetteurs. Effectivement, cela sent même particulièrement mauvais pour eux. « Tourne. » Ses réflexes n’étant pas assez vifs à son goût, il attrape lui-même le volant pour faire subitement tourner la voiture en dehors de la route. « Maintenant ! » Il ne lui laisse pas le choix. Il y a sûrement une ville plus loin, et surtout une embûche. « Je veux pas te stresser, mais accélère. Ils ont une voiture. » Et ils semblent désormais à leur poursuite.