Siham aidait de temps à autres Olive pour garder sa boutique en bon état. Prendre un balai de lui semblait pas être de trop quand la jeune femme lui avait offert gîte et couvert et surtout, pas des moindres, sa protection. Olive était la première à avoir tendue sa main à Siham alors que le corps de son père n’était pas totalement refroidi. Elle l’avait prise en pitié et recueilli, alors qu’elle ne lui devait absolument rien et surtout, qu’elle ne la connaissait pas. Siham avait tout de suite senti qu’elle pouvoir lui faire aveuglément confiance, tel un sixième sens qu’elle avait acquise au moment où leurs pupilles s’étaient croisées.
Depuis ce troisième jour d’éclipse, les coups de canons avaient manqués à l’appel pour des dizaines et des dizaines de fois. Combien de fois exactement celui-ci n’avait pas sonné à treize heures ? Personne ne pouvait plus vraiment le dire, personne ne pouvait plus dire combien de jours s’étaient écoulés depuis le début de la malédiction. La notion du temps était totalement perturbée voir même, n’existait plus. Les horloges s’étaient arrêtées de sonner, les cadres solaires avaient perdues de leur utilité, même le clocher de l’Eglise avait cessé d’annoncer les bonnes et les mauvaises nouvelles. Mêmes les morts n’avaient plus l’honneur d’être accompagnés dans l’au-delà.
Siham guettait par la vitrine de la boutique. Elle avait eu le temps de nettoyer sols et fenêtres et elle savait que ça ne lui prenait pas uniquement une moitié d’heure. Elle savait que la tâche lui était longue, alors pourquoi cet homme était-il toujours là, à scruter et à patienter ? Elle chuchota quelques mots, les mots que lui avait appris Olive pour renforcer le sort de protection qu’elle avait jeter à sa boutique. Il n’était pas infaillible, mais il avait le mérite d’exister et jusqu’à présent, personne ne s’était aventuré chez la jeune sorcière et parfois même, certains clients faisaient demi-tour avant même d’avoir essayé de passer le pas. Il devait tenir à distance toute personne ayant mauvaise intention envers Olive et son invitée. Alors, Siham, sortant rapidement dans la rue savait que s’il avait de mauvaises intentions, il n’aurait pas la possibilité de la suivre à l’interieur. « Vous m’avez l’air égaré. » fit-elle, s’adressant à l’homme en question.

@Amos Taylor

Siham se sentait toujours plus protégée, lorsqu’elle était dans la boutique de la modiste. Elle savait que personne ne pouvait s’y introduire sans y être invité et s’il n’était pas de bonne foi. Alors, remarquant la présence de cet homme, elle était curieuse de savoir pourquoi il faisait le piqué de guerre devant la vitrine depuis un moment. Allant à sa rencontre, elle l’interpella. «Non ! Je suis du coin. Amos Taylor.» Amos Taylor ou peu importe comme il se prénommait, elle ne savait pas de qui il s’agissait, toute fois, qu’il décline son identité lui donnait déjà un point d’avance pour gagner en crédibilité.
«Je voulais voir Olive, mais ça fait un moment que je suis là et je ne l’ai pas vue. Je suppose qu’elle n’est pas là et je ne sais pas si vous pourrez m’aider.» Il connaissait la maitresse des lieux et là encore, il marquait des points supplémentaire. Siham baissait doucement sa garde, mais ne manquerait pas de se réfugier dans la boutique à l’instant où elle sentirait que quelques chose clochait. “ Tout dépend de ce que vous voulez…” elle haussa les épaules. Si il voulait s’adresser particulièrement à Olive, peut être en voulait-il a son don de sorcière. Mais Olive avait toujours dit à Siham d’être très discrète, de ne jamais dévoiler à quiconque qui elle était vraiment - un conseil qu’elle n’a bien sûre jamais respecté. La nouvelle sorcière ne faisait jamais preuve de tact ni de discrétion, elle usait de ses sorts à la vue de tous, chantait ses incantations, dégainait potion et baguette à la moindre occasion.
«Vous êtes sa nouvelle amie, c’est ça ? Est-ce que vous avez le même don qu’elle ? Parce que j’ai un rendez-vous dans pas longtemps et j’aurais besoin de…» Siham était à découvert, mais il ne faisait que des suppositions. Avant de dévoiler réellement s’il avait raison ou non, elle l'inviterait à l'intérieur, loin des oreilles curieuses et malveillantes.  « de vous expliquer en étant plus à l’abri.» il avait anticipé son invitation. “ Venez…” elle fit un pas en arrière, entrant dans la boutique. Elle était toutefois très curieuse de savoir ce dont il avait besoin. Si Olive le connaissait réellement, il n’aurait aucun mal à passer la porte. S’il voulait s’en prendre à elle, il resterait bloqué à l’exterieur. “Vous pourrez m’en dire plus, et ne vous en faites pas, ici les murs n’ont pas d’oreille…” elle jeta un oeil derrière son épaule, voyant que l’homme allait mettre un pied sur le seuil de la porte, son pouls accélerait.

«Potion, philtre, de quoi survivre dans ce nouveau monde ? De quoi faire en sorte que tout redevienne comme avant.»  Pour avoir de quoi faire en sorte que tout redevienne comme avant, elle n’avait pas la réponse certaine, bien qu’elle semblait être sur la bonne voie, que tous voulaient un avenir en commun et que celui-ci soit sous le signe du soleil, un gout de vie d’avant ? Même si Siham savait pertinemment que sa vie ne serait jamais plus comme avant, elle la désirait dans des jours meilleurs tout de même. Son père n’était plus là et elle était à présent habitée d’un don qu’elle découvrait jour après jour. Elle sentait ce pouvoir gagner en puissance à mesure qu’elle avançait dans sa quête. Pour la potion, peut être était-elle en mesure de lui venir en aide. Le protéger des créatures maudites et sanguinaire. Si sa quête était vaine, elle lui viendrait en aide. S’il tentait de la manipuler, elle n’hésiterait pas une seconde à le neutraliser.
Siham l’avait invité à entrer, tout ses soupçons pourront ainsi être balayés ou confirmés. «Je crois que je l’ai rencontrée.» de qui parlait-il ? Siham se tournait vers lui alors qu’il n’avait pas encore répondu à son invitation, il était toujours sur le seuil de la porte, les pieds sur les pavés. «La comtesse. Celle que l’on a longtemps pris pour une légende. Je dois la retrouver ce soir et, si je ne suis sûr de rien, je semble perdre toute volonté à sa proximité et j’en déduis qu’il ne peut s’agir que d’un vampire….à l’allure d’une jeune femme, une que je n’ai jamais vue auparavant et j’habite ici depuis toujours.» A l’évocation de la comtesse, du vampire qui les gouverne tous, le sang de Siham se figea dans ses veines, ralentissant sa respiration, elle avait le souffle court, glacée. Elle comprenait toute l’importance de lui confier ce dont il avait besoin. « Je peux vous aider. » elle regarda la porte, regarda la pointe de ses pieds, l’implora par le regard de faire un seul pas de plus. « Vous devez entrer. » s’il était ici pour les raisons qu’il avançait, c’était à lui de lui faire confiance et de s’introduire dans la boutique. « Sans quoi, je ne répondrais pas à votre requête. Quelle est le but de votre quête ? La retrouver pour quelle raison ? » si son souhait était de mettre fin à ses agissements, elle savait exactement quoi lui donner. « Son emprise n’est-elle pas déjà trop forte ? » il l’avait dit lui-même, il perdait toute volonté en sa proximité, de quelle volonté parlait-il ? « Vous devez m’en dire davantage, qui êtes-vous, vraiment ? Si vos intentions sont bonnes, le pouvoir de la terre ancestrale vous protègera. »  

Les doutes s’estompes lorsque le chasseur entre dans la boutique. Un pas, puis un autre, le voilà à l’intérieur, preuve que ses intentions ne sont pas mauvaises. Sont-elles sincères ? Ce n’était pas la question. L’homme à l’air dissipé, perdu dans des pensées trompeuses pour tous. La comtesse était sa motivation. Que lui voulait-il ? S’il était en ces lieux, c’est qu’elle ne lui avait rien fait de mal, du moins, elle ne lui avait pas infligé la pire malédiction, la transformation. Il n’était pas de ces monstres au sang froid. Pourquoi avait-il été épargné ? Manigances ? Manipulation ? Avait-il passé un pacte avec le diable ? La curiosité de Siham est bien trop forte pour ne pas poser les questions et se montrer inquisitrice. S’il attendait quelques chose d’elle, elle devait en savoir plus. «Je voudrais la paralyser, mais qu’elle soit tout de même en état de parler. Je voudrais pouvoir la questionner sur lesquels des habitants de cette ville pourraient être un danger pour nous. »  elle se racla la gorge. Siham avait une partie de la réponse, sa proie faisait elle-même partie de ceux qui étaient un danger pour cette ville. «Je voudrais aussi savoir si elle sait pourquoi il fait nuit et comment se débarrasser de ça, que la quiétude nous revienne.»  La femme dont il parlait faisait surement partie de ceux qui se réjouissait de cette nuit perpétuelle, pourquoi lui donnerait-elle la clé pour revenir en arrière ? Les vampires, les loups, les créatures de ce monde qui s’étaient toujours caché dans l’ombre étaient à présent libre d’une impunité sans limite. Pour elle, il se trompait d’allier. L’homme se présente, s’il disait vrai, il avait baissé sa garde en déclinant son identité et puisqu’il était entre ces murs à présent, Siham sentait qu’elle devait lui faire confiance. Ses intentions sont louables et pleines de bons sens, mais sans doute trop naïves pour s’y prendre de la sorte. « On dit que l’origine de cette éclipse est le fruit d’un des vôtres. » les chasseurs. Ceux qui, se sont toujours battus contre ces créatures, pourtant, c’est en leur rang qu’on a trahit la quiétude de ce monde. « Pourquoi vous viendrait-elle en aide ? » qu’aurait-elle à y gagner, après tout ? « La paralyser, vous dites… » Siham réfléchissait cependant à sa requête. « J’ai bien quelques chose… » elle se tournait en direction de l’arrière-boutique. « Mais votre comtesse est sans doute bien trop puissante pour que ce soit si simple. » son grimoire regorgeait de sorts et de recettes inoffensives ayant pour but d’immobiliser mais étaient-ils suffisamment puissants ? « donnez-moi un instant. » elle disparut, derrière une porte dérobée pour en revenir plusieurs minutes plus tard. Dans sa main, une fiole. « Vous n’aurez qu’une quinzaine de minutes, peut être moins. » elle gardait la fiole entre ses mains. « La manière dont vous y prendrez ne me regarde pas, mais elle doit l’ingurgiter, dans sa totalité. » vos conditions seront miennes, avait-il dit. « En retour, rapportez moi la chose qui lui est la plus précieuse. » a lui d’en découvrir les secrets. Peu importe ce dont il s’agissait, Siham savait qu’elle aurait entre ses mains un élément puissant, qui pourrait donner à n’importe quelle incantation, n’importe quel sort, une force inestimable. « Vous avez cinq jours. » quitte à y laisser la vie, avait-il précisé également.

@Amos Taylor