Le temps est au beau fixe en ce moment, il fait assez chaud la journée et les soirées sont parfois humide, c’est le temps idéal pour sortir avec ma petite famille. Sur les bords du lac, je vacille, vole, tournoie sur moi-même, regardant les passants à la recherche de ma prochaine proie. Il faut que je choisisse prudemment, il ne faut pas qu’elle soit trop rapide, elle pourrait claquer ses mains trop vite et mes compatriotes insectes se trouveraient dans l’obligation d’organiser une cérémonie d’enterrement. Il ne faut pas qu’elle ait le sang trop sucré, j’ai toujours du mal à m’en remettre au final, il me faut un enfant, où une demoiselle sportive, hors de question de piquer un homme qui engloutie presque tout sur son passage. C’est la première fois que mes parents me laissent seul avec mes amis, choisir moi-même la personne qui serait mon diner, je dois les rendre fière. C’est alors que parmi la foule je distinguais ma prochaine victime. Tournoyant sur moi-même, j’accélérais la cadence, volait entre les habitants de Brisbane, slalomé prêt à tout pour l’atteindre en premier. « BZZZZZZ…. BZZZZZZ… » Pourquoi tous ses gens sont-ils sur mon passage, qu’ont-ils dehors à cette heure de la soirée. Il ne me reste plus beaucoup de chemin. Mince, une toile d’araignée. Je la contourne à la dernière seconde, encore un peu et c’était moi qui terminait en repas pour quelqu’un d’autre. Arrivant non loin de ma proie, je l’observe, l’admire, son sang doit être délicieux. Mon frère moustique me regarde et je comprends ce qu’il veut dire. « Bzzz, bzzz, bzzz, bzzz. » Il ne me la prendra pas. Je le contourne, m’avance et enfin, je suis près de son visage, elle bouge sa main, essaie en vain de me faire partir mais j’aurais le dernier mot. Une esquisse à gauche, puis à droite. Je décide de plonger vers le sol, ses pieds sont à découvert, j’arrive, j’arrive, je me redresse au dernier moment, tel le flashmcqueen de la piqure et je dévore son pied. Le sang que je pompe, réchauffe tout mon être, c’est le meilleur moment de ma journée. Oh mon dieu, que fait-elle ? D’un seul coup, je me prends un coup de la part de son autre pied, je tombe de celui-ci, je m’écrase sur le sol. Son pied me recouvre, je suis mort. Adieu papa et maman, merci de m’avoir laissé le gout de la liberté, de m’avoir laisser sucer le sang choisit, je me sens victorieux, je me sens tel un vampire de la Nouvelle-Orléans, mais je suis surtout mort.

Les moustiques étaient normalement davantage présents au bord de l’eau et Greta aurait pensé être tranquille si elle s’éloignait des bords de la rivière. Alors elle s’était aventurée dans le jardin botanique, espérant que la verdure ait un effet bénéfique sur elle. Allongée dans l’herbe fraîche parce que le soleil n’était plus là pour la réchauffer, elle avait fermé les yeux, essayant de relativiser sur tout ce qui était en train de se passer. Malheureusement, alors qu’elle s’endormait presque, un moustique était venu la déranger, bourdonnant gaiement juste au creux de son oreille. Ce bruit la rendait folle et bientôt, elle entamait une chasse contre l’insecte indésirable. Elle agitait les mains et, lorsqu’elle n’entendait plus le bruit, s’était rallongée. Bien sûr qu’elle était vulnérable, allongée ainsi les yeux fermés au milieu d’un jardin qui n’était plus autant fréquenté qu’avant l’éclipse. Et c’était peut être ce que voulait lui signifier le moustique qui était revenu cette fois-ci pour se poser sur son pied nu, elle avait enlevé ses chaussures pour profiter pleinement de chaque sensation.  « Mais même la nuit vous piquez vous ? » Techniquement, ce n’était pas la nuit mais le milieu de l’après midi mais Greta était presque sûre que les moustiques n’avaient aucune capacité à s’en rendre compte. Ils voyaient le soleil alors ils sortaient pour se nourrir, ils voyaient la nuit et disparaissaient pour s’éteindre dans un coin. La blonde avait giflé le haut de son pied et le moustique s’était échoué à côté alors elle s’était levée pour abréger ses souffrances.  « Vous avez vu ça ? Ce sont de vrais vampires. » Et elle avait instantanément frissonné en prononçant ces mots à l’encontre de la brune qui flânait par là. Elle ne pouvait plus se permettre de faire de fâcheuses comparaisons alors qu’ils étaient tous les proies de ces créatures sanguinaires.  « Je ne comprends pas qu’ils agissent encore dans la nuit. » avait-elle dit en haussant les épaules - la malédiction n’ayant décidément que des inconvénients et que très peu d’avantages.

Depuis que le jour ne se levait plus, Cami ne sortait plus de chez elle. Elle passait son temps dans son canapé, souvent en compagnie de Dorian. Dorian qui partait souvent le soir pour protégeait les habitants de Brisbane. Elle passait la nuit à s’inquiéter pour lui, espérant qu’il aille bien et qu’aucune de ses créatures mystérieuses et dangereuses ne lui fassent du mal. Pourtant, ce soir, elle avait décidé de sortir de chez elle également, elle se rendrait vers les jardins botaniques, respirait de l’air frais, prendre le temps de voir du monde. Etait-elle complétement folle ? La nuit lui jouait-elle des tours ? Elle n’en savait rien, mais elle ne pouvait supporter plus longtemps l’espace minuscule de son appartement. Dans les jardins, éclairait par les quelques rayons de la lune qui arrivait encore à se démarquer, elle feuilletait un livre qu’elle venait de trouver par terre : incantation, grimoires, recueil. Elle fronçait les sourcils, et ouvrit une page au hasard.

« Lorsque le soleil finalement t’éclaire
Tout semble si mystérieux
Ton regard se pose sur ton annulaire
Et tu sais, d’où vient ton chagrin laborieux. »

A force de tourner les pages, Cami fit tomber un papier. Le ramassant, elle y trouvait une feuille gribouillée, d’une écriture parfaite, comme aux temps de nos grands-parents. Comme une déclaration d’amour, une déclaration de ses craintes, cela parlait à Cami comme jamais. Elle se sentait proche de la personne, sans la connaitre.

« Parfois je suis terrifiée
A l’idée de ne jamais être à la hauteur
Tu me diras que c’est idiot, d’être mortifiée
Mais tu sais, on ne contrôle par ses peurs. »

C’était assez étrange, comme si quelqu’un essayait de lui faire passer un message, comme si elle était destinée à trouver ce livre, ce passage, ses écritures. Elle lisait chacun de ses passages à voix hautes et elle se sentait différentes à chaque prononciation, plus légère, plus confiante. Elle feuilletait les pages et fut choquée en voyant le dernier poème du livre.

« Un jour ou l’autre tu m’effaceras
De tes yeux, tu observeras ma mort
Mais Ethan, jamais tu ne te cacheras
Et peut-être enfin, tu auras des remords. »

Elle laissait tomber le livre sur le sol, la dame du livre venait-elle de déclarer que son mari allait la tuer ? Cami fronçait les sourcils reposait le livre et se dirigea vers la sortie. Elle se dépêchait ne regardant pas devant elle. Elle bouscula une jeune blonde et repris rapidement. « Veuillez m’excuser, je suis navrée. » Cami avait posé sa main sur le bras de la jeune femme mais la retira rapidement. Dorian lui avait pourtant fit promettre, qu’elle ne discuterait pas avec des inconnus, sait-on jamais s’ils se révélaient être une créature de la nuit.

« Veuillez m’excuser, je suis navrée. » Greta avait souri, pour rassurer cette âme égarée. Il était rare de croiser âme qui vive dans les différents secteurs de Brisbane. La vie se faisait rare en dehors, remplacée par des rues vides où les créatures empêchaient les humains de mener leur vie comme ils l’avaient toujours fait. C’était leur nouveau sort depuis que le soleil avait disparu et si Greta savait que les chasseurs étaient présents pour les protéger, elle se sentait inquiète. Ce n’était pas suffisant, toutes les armes du monde ne pouvaient réellement lutter contre les griffes, les crocs et les ruses des loups-garous et des vampires.

Inconnue, que faites-vous dehors,
Que faites-vous ici, dans cette nuit sans lune,
Par ces temps où sévissent les morts,
Où rôdent les ombres sans fortune ?

La lune inspirait à Greta un discours similaire à celui repris dans les vers qu’elle pouvait lire dans le livre qu’elle avait ramassé. Une femme semblait se confier, et peut-être que l’ouvrage détenait des secrets.

Pourquoi, en ces lieux, avez-vous choisi d'apparaître,
Prenez garde, les monstres sont dangereux,
N'attendant qu'un signe de leur maître.
Suivez-moi, trouvons un lieu sûr, où nous serons mieux à deux.

Greta l’avait prise par la main, le livre dans l’autre, pour l’emmener se mettre à l’abri sous un arbre. Elle insistait, cherchant à comprendre pourquoi les humains s’obstinaient à continuer leur vie comme si rien n’avait changé quand un chaos régnait autour d’eux. Des gens se faisaient mordre, d’autres se faisaient ensorceler et ceux qui résistaient encore prenaient tous les risques du monde. Greta aussi, était ici, mais elle était trop défaitiste pour craindre la mort alors elle voulait savoir quelle excuse la brune pouvait bien avoir.

Ce livre, tombé là où vous avez décidé de vous asseoir,
Inconnue, pourquoi ce livre est-il par terre ?
A qui appartient ce  livre que vous faites choir,
Livre précieux, qui détient les secrets d’une âme éphémère ?

Où avait-elle eu ce livre ? Greta n’avait plus la force de lire, ses yeux fatigués par la lumière vacillante des bougies et des lampes à huile. Mais aujourd’hui, les pages qu’elle feuilletait lui donnaient envie d’en savoir plus sur la personne à qui elle s’adressait et sur les mystères derrière son livre.

Le livre que Cami venait de lire l’avait totalement perturbé. Cette femme avait eu une vie des plus compliqué visiblement, elle était malheureuse dans son histoire d’amour et dans sa vie. Avant de faire tomber le livre, Cami avait pu lire l’année où la dame avait écrit ses pensées : 1920. En y repensant, Cami s’était toujours demandé dans quelle époque, elle aurait aimé vivre si elle n’était pas née durant notre siècle et la réponse à toujours été évidente. Elle vacille entre la fin des années 1800 et début des années 1900, à l’époque où les dames enfilaient des belles robes et se retrouvaient pour boire le thé. Ou le simple fait de se balader avec un homme dans un parc, était promesse de mariage et d’amour éternel. Ou les parents étaient fière de leurs enfants, voulaient un bel avenir pour eux. C’est surement cette partie qui fait le plus envie à Cami, d’avoir des parents aimants dont elle ferait la fierté mais en réalité, ce qui l’attirait était les grandes réceptions, les grands bals, les danses à n’en plus finir, les cavaliers plus distingués et gentleman les uns que les autres, le fait de devoir contrôler ses émotions, au risque de commettre l’impardonnable et d’être renié par toute la société. Le danger d’une relation, le flirt qui dure plusieurs fois, la promesse des fiançailles et du mariage. Mais surtout, la délivrance de la nuit de noce, le saint graal après tous ses mois à se retenir, à contenir sa flamme. Les années d’inexpérience et d’honte qui laisseraient place à la découverture du plaisir charnel. Le fait de se dire qu’un seul homme, comblerait tous ses besoins physiques jusqu’à la fin de ses jours. C’est à vrai dire tout ou rien, parce qu’on peut très bien tomber sur une personne horrible mais Cami, grande romantique dans l’âme, pensait qu’elle serait heureuse à cette période, qu’elle pourrait fonder sa propre famille loin de ses parents et de leurs jugements, et qu’elle vivrait libre d’être aimé et d’aimé la personne qu’elle avait choisie, c’est ce qu’elle voulait au fond d’elle, et elle pensait l’obtenir à cette époque.

La voix de la demoiselle sortait Cami de ses pensées, elle n’avait pas tout écouté mais elle savait qu’elle devait répondre quelque chose afin de pas paraitre, complétement folle. « Je pourrais vous retourner la question, il me semble. Vous êtes aussi seule et dehors non ? Bien que la demoiselle paraissait plus à l’aise que Cami. Elle savait que Dorian lui en voudrait à mourir d’être sorti sans lui, dans la pénombre de Brisbane. La demoiselle sentait la main de l’autre personne se posait sur la sienne et l’emmenait dans un endroit plus sur. Cami était retissant, pouvait-elle vraiment lui faire confiance ? Ne lui avait-elle pas lancé un sort ? Elle parlait du livre et Cami fronçait les sourcils. Je ne sais pas, je l’ai juste trouvé là bas.. D’un seul coup, l’américaine se tu, elle ne dit plus rien. Elle repensait à ce qu’elle venait de dire. Et si… Est-ce vous qui l’avait mis là bas ? Vous vouliez que je le trouve ? C’est un piège ? QUI ETES VOUS ? » Elle avait prononcé la dernière partie de sa phrase bien trop fortement. Elle regardait autour d’elle, essayant de trouver un échappatoire.

Dans d’autres circonstances, Greta ne serait peut-être pas sortie mais cela faisait maintenant plusieurs jours qu’elle restait cloîtrée et après tout, à quoi bon ? Même chez elle, où chacun se pensait en sécurité, si les créatures avaient décidé de sévir alors il était évident qu’elles trouveraient un moyen. Elles trouvaient toujours un moyen. C’était ce que s’était dit Greta en prenant le chemin des jardins botaniques pour prendre l’air et s’accorder une pause, un moment où elle ne serait qu’une jeune femme se promenant et profitant de la verdure. Finalement, elle se rendait compte de ce qu’elle avait toujours considéré comme acquis et maintenant que la nuit éternelle la privait de la beauté de son environnement, elle désirait plus que tout que le soleil pointe le bout de son nez pour remettre un peu en lumière la beauté de Brisbane. Les jolies couleurs des fleurs, des arbres, les reflets bleutés de la rivière. Cette lune devenait de plus en plus menaçante alors qu’elle ne s’effaçait plus. Et évidemment, elle aurait tout de même pris soin d’ignorer chacune des personnes qu’elle croisait si seulement cette femme ne l’avait pas bousculée, l’obligeant à établir un contact avec elle. Greta ne voulait pas parler, et pourtant, ce livre avait attiré sa curiosité, tout comme le fait de voir cette personne seule ici le soir. « Je pourrais vous retourner la question, il me semble. Vous êtes aussi seule et dehors non ? Elle avait haussé les épaules, elle avait raison et Greta se sentait maintenant stupide d’avoir posé cette question. Alors elle avait directement attaqué le sujet de l’ouvrage. Je ne sais pas, je l’ai juste trouvé là bas.. Oh. Est-ce vous qui l’avait mis là bas ? Vous vouliez que je le trouve ? C’est un piège ? QUI ETES VOUS ? » Devant la fureur soudaine de l’inconnue, Greta avait fait un pas en arrière, n’ayant pas anticipé qu’elle puisse à ce point avoir peur. « Je.. Non.. Je, excusez-moi. » avait-elle commencé en bafouillant parce qu’aucun de ses arguments ne pourraient faire taire la terreur d’une femme qui avait comme tout le monde appris à être vigilante. « Je pensais que le livre vous appartenait en le voyant là, par terre, je n’y suis pour rien je vous assure… » Feuilletant le livre, Greta tentait de comprendre ce que pouvait signifier leur trouvaille commune. « Il a peut-être été laissé par quelqu’un qui fuyait quelque chose… Mais ce que j’y lis est étrange, on dirait les derniers mots de la personne qui l’a écrit. » Mais avaient-elles le temps de se pencher sur cette énigme alors que le mal rôdait ?

L’éclipse, la noirceur, avait eu raison de notre américaine, elle était désormais tout le temps sur la défensive, elle ne supportait plus la présence d’inconnu, se méfier des personnes trop avenantes, et n’arrivait plus à faire confiance. Qui pourrait lui en vouloir ? En quelques semaines, tout avait changé, plus personne n’était identique. Ses plus proches amis étaient en réalités des créatures de l’ombre, vampires, sorcières, loup-garou. Comment était-ce possible ? Son monde avait changé, mais elle, elle resté la même personne. Une simple mortelle, qui devait survivre. On ne pouvait pour faire confiance à personne, les créatures pouvaient être n’importe où. Certaines étaient même des fois très gentille, si inoffensif que personne ne pourrait se douter de leur vrai nature. Leur visage était comme les notre. Ils sont partout, parfois même, ce sont des professeurs, des amis de la famille, des pères de famille, des références, des personnalités importantes dans notre monde et d’un seul coup, sans prendre garde, ils se transforment en bête, féroce, aux crocs acéré, prêt à se battre, sans raison valable, du moins au premier abord. Le pire dans tout cela, c’est qu’hormis lors de leur transformation en bête à quatre pattes, jamais, on ne s’en douterait, toujours on les considérait comme des amis proches, alors qu’ils deviennent nos pires ennemis. Elle s’en voulait déjà d’avoir élevé la voix envers cette parfaite inconnue, elle avait l’air plutôt sympathique, mais elle ne pouvait se résoudre à ne pas paniquer. Sa vie était anxiogène en ce moment. « Veuillez m’excuser, je suis navrée d’avoir haussé la voix, ce n’est pas ce que je voulais c’est.. » Elle ne voulait pas non plus lui dire qu’elle était terrifiée parce qu’au final, elle ne savait pas ce qu’elle était. « Le livre n’est pas à moi. Je l’ai trouvé dans la serre là bas. » Elle montrait l’endroit du doigt, ce n’était pas très loin d’elles deux. Cami avait pensé exactement la même chose, ce livre était comme un journal intime, un journal de bord et la personne qui l’avait écrite, avait même prédit sa mort, ce qui donnait un frisson à notre brune. « Je pense qu’elle prédisait sa propre mort. » D’un seul coup, un bruit de buisson se fit entendre, Cami, fit un bond, et se mit dos à la jeune femme, cherchant d’où venait le bruit. Elle espérait sincèrement, qu’aucune créature ne viendrait à elles.

Veuillez m’excuser, je suis navrée d’avoir haussé la voix, ce n’est pas ce que je voulais c’est.. » « Nous sommes tous extrêmement tendus avec les récents événements, ne vous en faites pas. » avait répondu Greta en tentant d’apaiser la brune. Elle semblait nerveuse, n’ayant peut-être pas de son côté d’âmes à qui se fier. Greta, elle, savait qu’elle pouvait compter sur Siham, Jina, Marley ou même encore Kai. Et, surtout, malgré l’éloignement causé par les récents événements, Arthur. La blonde était bien entourée et se félicitait d’avoir pu nouer des liens aussi solides malgré la torpeur dans laquelle elle était plongée et la difficulté de ces derniers temps. Cela lui permettait de garder l’espoir dans un monde plongé dans le noir, même si elle avait du bénéficier de la main tendue d’Itziar à un moment donné pour ne pas sombrer. C’était son seul moment de faiblesse. Mais quelque chose dans l’ouvrage que possédait cette femme l’intriguait, parce qu’en lisant quelques lignes au moment de le ramasser au sol, elle avait cru y voir des choses étranges. « Le livre n’est pas à moi. Je l’ai trouvé dans la serre là bas. » Greta avait balayé l’horizon perdu sous une épaisse brume du regard et y avait vu la serre au loin. Elle abritait toutes les plantes les plus rares des jardins, celles qui ne devaient être vues que sous haute protection pour s’assurer que l’on n’y toucherait pas. Un soin particulier était accordé à ces plantes là, et elle ne supportait pas la lumière directe. Un instant, Greta s’était inquiétée du devenir de ces végétaux maintenant que le soleil était absent. Mais elle avait rapidement tourné la tête pour se recentrer sur la discussion qu’elle avait avec cette inconnue. « Je pense qu’elle prédisait sa propre mort. » Elle l’avait fixé, songeant au triste sort de la personne qui avait écrit le livre. C’était sinistre, mais pas étonnant, tant chaque événement était teinté d’une extrême noirceur. Mais alors qu’elles s’apprêtaient à continuer la discussion, un bruit de craquement de branche s’était fait entendre dans le buisson à proximité et les deux femmes s’étaient figées. « Fuyez, madame ! » Et sans tenter de lui attraper la main, de sauver le livre pour continuer ses recherches à son propos ou même de savoir si elle reverrait l’inconnue, Greta avait disparu dans la noirceur des jardins.