Rhett avait réussi à rapidement se frayer un chemin, une fois qu’ils étaient sortie de l’artère principale, il était bien plus simple de circuler à travers les voitures qui avaient été abandonnées. Siham avait toujours aussi mal au ventre en voyant l’eau monter dans les rues de la ville. Elle n’avait à présent qu’une seule envie : sortir de cette voiture, tout en espérant que la mère de l’homme n’habite pas en rez-de chaussée, car son appartement risquerait d’être rapidement sous l’eau également.
Il se gara , laissant la voiture au milieu de la rue, elle ne gênerait absolument personne en restant comme ça. Et si la météo ne se calmait pas, elle finirait sans doute emportée par les eaux. Siham ouvrit la portière et en sentant les premières gouttes d’eau que ses joues et ses cheveux, un frisson la parcouru. Elle protégeait son fils, le serrant toujours contre elle, il ne s’était pas calmé, il pleurait toujours autant et le bruit du tonnerre ne le rassurait pas non plus. Siham avait les pieds dans l’eau et avait cette impression que ses cheville et ses genoux étaient sous l’eau à une vitesse bien trop folle. L’eau montait et ne s’arrêtait plus, combien de temps est-ce que ça allait encore durer ?
Elle avançait, traçant des sillons dans l’eau, elle suivait le brun qui entrait dans un immeuble, et rapidement, ils étaient à l’abris. Il monta les escaliers, quatre à quatre, elle tentait de suivre le rythme avec Dali dans les mains, ses pieds n’étaient plus dans l’eau, elle se sentait mieux aussi. Le jeune homme s’arrêta devant une porte au troisième étage, ça semblait suffisamment haut à Siham pour se dire que l’eau ne monterait pas jusque-là. Il ne pris pas la peine de sonner ni même de frapper, motivé par l’envie de prendre soin de sa mère, il entra chez elle et Siham le suivait sans se poser de question, sans aucune discrétion.

@Rhett Hartfield

Ils sont enfin arrivés chez la mère de Rhett et l’anxiété de ce dernier se fait aisément ressentir à travers ses mouvements vifs et rapides autant que son absence total de paroles. Il est en mode automatique, et lui-même ne sait pas vraiment ce qu’il est en train de faire si jamais on lui pose la question. Derrière eux, l’eau monte encore et encore, elle a déjà atteint la première marche des trois nécessaires pour accéder au hall de l’immeuble. A ce rythme là, même ce dernier sera bientôt inondé. Et pourtant, même ceci représente le cadet de ses soucis, parce qu’en cet instant il se soucie uniquement du bien-être de sa mère.

Il ne sonne pas, il frappe à peine à la porte avant de l’ouvrir, déjà bien au fait que sa mère n’a pas fermé la porte à clé. Elle ne le fait jamais, trop confiante envers tout son voisinage, et il a fini par arrêter de lutter pour simplement placer des caméras de surveillance chez elle, en plus de tenter de prendre de ses nouvelles aussi régulièrement que possible. « Maman ? Maman ! » Il hurle à tout va, dans un appartement qui ne consiste pourtant qu’en trois pièces, dont une entièrement occupée par des collections aussi diverses que variées - là où se trouvent les reliques antiques égyptiennes, donc. « Rhett ? Me voilà. Qu’est-ce que tu fais ici ? » Elle sort la tête de sa cuisine comme si de rien n’était, simplement étonnée de retrouver le visage familier de son fils qui n’a pas au préalable appelé pour prévenir de sa visite. « Tu vas bien ? Tu n’as pas eu de problèmes ? Je voulais t’appeler mais les lignes sont coupées. » - « Ah, j’ai encore oublié de faire charger mon téléphone, c’est ça ? Mince. » Et elle est sincèrement désolée d’une situation qui n’a rien à voir avec la réalité, mais c’est en chemin pour trouver son téléphone qu’elle croise la silhouette de Siham. « Oh, mais qui voilà ? Tu me présentes enfin ta petite-amie, Rhett ? Et ce garçon, à qui il est ? Je suis grand-mère ? »

Le brun traverse l’appartement en furie, appelant sa mère à travers toutes les pièces. Siham a comme un pressentiment, un mauvais présentiment, elle espérait qu’il la retrouverait et surtout, qu’elle soit toujours en vie. Mais quand elle entendit la voix de la femme, elle fu soulagé. Ses craintes s’étaient envolées. « Rhett ? Me voilà. Qu’est-ce que tu fais ici ? » elle avait l’air bien trop sereine, comme si elle n’avait pas fait attention à ce qui se passait dehors. Siham était derrière, discrète, elle se faisait petite, étant dans l’appartement d’une femme qu’elle ne connaissait pas, qui était la mère d’un homme qu’elle ne connaissait guère plus. « Tu vas bien ? Tu n’as pas eu de problèmes ? Je voulais t’appeler mais les lignes sont coupées. » Siham observa l’appartement et la décoration et elle devait admettre que oui, c’était chargé en objet antique. N’importe qui aurait su que cette femme était une grande femme des tombeaux et des pyramides du vieux pays mésopotamien. « Ah, j’ai encore oublié de faire charger mon téléphone, c’est ça ? Mince. » Le calme déconcertant de cette femme troublait Siham. Comme si, tout ce qu’ils venaient de vivre n’avait pas existé. Comme si le chaos de dehors n’était pas venu jusqu’à cet appartement. Comme si cette femme en avait été préservée.
Les regards des deux femmes se croisèrent enfin. Désolée d’interrompre une quelconque conversation normale, la Fowler était même sur le point de se présenter. « Oh, mais qui voilà ? Tu me présentes enfin ta petite-amie, Rhett ? Et ce garçon, à qui il est ? Je suis grand-mère ? » Siham était gênée et se demandait même si la femme n’était pas sénile… « Bonjour madame… » petite amie ? Grand-mère ? Elle aurait sans doute été au courant bien avant si ça avait été le cas. Du moins, Siham espérait qu’il aurait fait les choses dans l’ordre et que ce n’était pas un jour de fin du monde qu’il aurait présenter sa famille à sa mère. « Je suis navrée, mais… » oh, elle regarda le fils de cette dame et estima finalement que ce n’était pas à elle de lui expliquer ce qu’il se passait dehors.
Siham jeta d’ailleurs un œil à la fenêtre et la tempête semblait s’être calmée. « Il s’est arrêté de pleuvoir. » fit-elle, soulagée que la pluie ne tombe. Par contre, elle craignait ce qui pouvait à présent arriver. « Est-ce que ta mère est en sécurité ici ? Devrait-elle venir avec nous ? » elle avait l'air épargnée par ces choses étranges qui se passaient dehors. Mais tous ces objets...

A peine sa mère retrouvée, la voilà qui se rend compte de la présence de Siham et n’attend pas une seule seconde de plus avant de la noyer sous les questions, loin d’être pudique. En un rien de temps, elle imagine tout un plan dans lequel son fils lui a caché l’existence d’une petite-amie et qu’il lui a aussi caché l’existence d’un enfant avec elle - lequel a quelques années, qui plus est. Autant d’informations qui ne semblent pas déranger la mère Hartfield. « Bonjour madame… Je suis navrée, mais… » Elle se confond en politesse et Rhett capte son regard autant que l’appel à l’aide qu’il personnifie. « Non, c’est juste une amie maman. » Elle sait bien qu’elle devrait mieux compter sur Ruben au sujet des enfants, mais le moment n’est pas bien choisi pour avoir une telle discussion avec elle. Il est simplement venu pour s’assurer qu’elle allait bien, pas pour improviser un après-midi en famille avec un café entre les mains.

« Il s’est arrêté de pleuvoir. » Il jette à son tour un regard dehors, lui qui n’aurait jamais cru pouvoir être autant soulagé en voyant la pluie arrêter de tomber. Sa mère, elle continue de sourire sans commenter la météo. « Est-ce que ta mère est en sécurité ici ? Devrait-elle venir avec nous ? » Les mots sont murmurés et il s’écarte de quelques pas de sa mère, pour avoir cette discussion sans risque qu’elle puisse les entendre. « Tu crois que les symptômes pourraient tarder à se manifester ? » Son regard se repose sur sa mère, qui semble parfaitement bien se porter. « Je sais pas. Elle m’a l’air normale, mais elle a tellement des trucs égyptiens partout que… » Que ça le terrifie, parce qu’il commence à prendre au sérieux tout ce qu’il se trame autour d’eux, finalement. « Maman ? » Lorsqu’elle commence à ouvrir les yeux sans plus jamais ciller et en faire de même avec sa bouche, il se rapproche déjà d’elle avec un souci non feint, incapable de comprendre ce qui est en train de se passer.

Rhett pris Siham a part, pour l’éloigner de sa mère, comme s’il cherchait à la préserver de ce qui se passait réellement dehors. Elle avait été épargnée des images indescriptibles dont ils avaient été témoins tous les deux, et tant mieux alors. Mais là, la question était de savoir combien de temps ça allait durer encore et si elle pouvait rester dans cet appartement seule ? « Tu crois que les symptômes pourraient tarder à se manifester ? » elle haussait les épaules, elle avait l’impression que tout s’enchainait à une vitesse folle. Dans la bibles, les plaies ne s’abattaient pas aussi vite les unes après les autres. Elles s’étalaient sur plusieurs jours. Là en l’espace de quelques heures, il y en avait eu plusieurs. « Difficile à dire… » « Je sais pas. Elle m’a l’air normale, mais elle a tellement des trucs égyptiens partout que… » Siham sourcilla furtivement quand il lui dit qu’elle avait l’air normale, car jusqu’à présent, elle, elle se demandait si elle n’était pas sénille. Ou alors, elle l’était peut être et c’était donc ça, son état normal. Mais cette femme n’était pas si vieille que ça non plus. Pas encore en âge d’avoir une maladie neuro-dégénérative, à moins qu’elle ne soit précocement touchée… enfin, ce n’était pas non plus le moment de faire des pronostics sur l’état de santé de Madame. « C’est clair que c’est flippant… » elle avait dit ça sans faire attention à la portée de ses paroles. Elle ne s’était pas rendue compte. « J’veux d… » « Maman ? » Siham s’arrêta, se rendant compte que quelque chose clochait, vu la tête que faisait Rhett et surtout, la manière dont il regardait sa mère. Siham voyait son reflet dans la vitre derrière l’homme et eut un nouveau frisson qui la parcourait. « Semblerait que ce soit déjà trop tard. » parce qu’elle avait l’impression d’avoir une morte vivante dans son dos. Siham virevolta, demi tour toute et regarda la femme, on dirait un mort vivant… une momie. Pas à un seul moment, elle ne clignait des yeux. Siham tenait fermement son fils contre elle. Elle n’avait aucune idée de c’qu’ils devaient faire à présent. « On devrait pas rester là… » elle toucha le bras du jeune homme, pour le secouer, le ramener à la raison – et quelle raison ? « J’suis sûre qu’on va trouver une solution, on peut l’enfermer chez elle et on reviendra plus tard. » Le temps de trouver des réponses ? De solutionner tout ça ? « On devrait peut être aller au musée… » pour comprendre… Si la locataire des lieux n’avait toujours pas bougé, à présent, elle fit un pas en avant, puis un second, sans jamais changer son regard de direction, sans jamais fermer la bouche un instant. "Je reste pas ici une seconde de plus. " Siham se dirigea vers la porte de sortie, laissant la décision à Rhett de la suivre, ou non.

« Je sais pas. Elle m’a l’air normale, mais elle a tellement des trucs égyptiens partout que… » Il hoche la tête. Rhett nourrit les mêmes craintes: tout va bien, mais jusqu’à quand exactement ? Il ne peut pas se permettre de déjà la laisser seule à nouveau, l’avenir s’avérant être plus que jamais incertain. Lorsque l’attitude de sa mère change soudainement pour devenir incroyablement terrifiante, les deux semblent avoir une réponse face à la question au préalable posée. « Semblerait que ce soit déjà trop tard. » Siham se voit retourner un regard particulièrement noir, Rhett n’appréciant que peu qu’elle parle de sa mère de cette manière. N’en reste pas moins qu’elle a raison, malheureusement, même s’il l’accepte difficilement. Tout est déjà trop tard, et il ne sait même pas comment il aurait pu la sauver. Il le voulait, pourtant.

« On devrait pas rester là… » Elle pose sa main contre bras pour obtenir son attention, et ça fonctionne assez pour que Rhett la lui accorde bien malgré lui. Les réactions de sa mère le lui confirment davantage alors qu’elle commence finalement à avancer peu à peu en leur direction. Elle a la même attitude robotique, quasiment semblable à celle des morts-vivants (il ne manquerait plus qu’elle avance en mettant les bras en avant). « Sors de là. » Il souffle tout bas, comme s’il ne voulait pas déranger la quiétude de sa mère. Comme si, surtout, il ne voulait pas qu’elle les entende.

Et il avait raison, parce qu’à la seconde où Siham avance et butte malencontreusement contre un objet et le fait tomber au sol, il se brise dans un fracas tout relatif qui semble pourtant avoir une immense conséquence sur sa mère. Elle se met aussitôt à crier et à donner toute son attention à Siham, qu’elle observe désormais comme un chasseur observerait sa proie. « Hey, par là ! » Il attire l’attention de sa mère, fait voler tous les objets présents sur une table dans l’espoir de l’attirer vers lui et de laisser Siham s’enfuir de cet appartement. « Cours, cours ! » Il peut s’en sortir seul, il est déjà certain qu’il court plus vite que la chose qu’est devenue sa mère.

« Sors de là. » Siham pris son fils avec elle et dans la précipitation, elle bouscula un vase egyptien qui s’écroula par terre. L’objet se cassa en mille morceaux et alors, l’attitude de la mère changea, sa cible avait changé et elle adressa un regard qui foutait la frousse à Siham. Elle déglutit, sentait qu’elle avait déclenché quelques chose de mauvais et au lieu de déguerpir, la jeune femme resta figée sur place, terrifiée par ce qu’elle avait fait et ses conséquences. Les cris étaient tétanisants et stridents, tels un loup qui hurle à la lune, la voix de la mère était perçante, percutante. Elle semblait incontrôlable, elle avait perdu toute raison en elle. A tout moment, elle sauterait sur Siham et le sort qu’elle lui réservait n’était surement pas de toute bienveillance. « Hey, par là ! » Le jeune homme attira l’attention de sa mère en cassant à son tour d’autres objets.  « Cours, cours ! » Il avait agit pour sauver la jeune femme, pensant sans doute qu’était le fils de sa propre mère, elle l’épargnerait. Siham sortie de l’appartement en courant, les larmes aux yeux à l’idée de ce qu’elle avait fait, à l’idée de laisser à son triste sort cette femme et Rhett. L’avait-elle abandonné ? l’avait-elle condamné?
Siham arriva dehors, les pieds à nouveau trempés par l’eau qui n’avait pas baissé. Les rues de Brisbane étaient toujours inondées et les crapauds s’y promenaient. Elle avait les yeux rivés vers l’appartement d’où elle venait, la fenêtre ne laissait rien voir, les rideaux dissimulaient toute observation possible à l’interieur. Elle était impatiente, priait, implorait qui voulait l’entendre de laisser Rhett s’en sortir. Alors qu’elle se décida à y retourner à nouveau, il était dans les escaliers. “ t’as pu t’en sortir.” elle était soulagée, soulagée de voir qu’il était là, soulagée de voir qu’elle ne serait pas seule. “Je suis desolée…” elle serrait son fils toujours contre elle, s’approchant du jeune homme. “Qu’est-ce?” elle n’osait pas poser la question dans son entièreté. Qu’est ce qu’il en était advenue de sa mère?

Son dernier instinct se résume à détourner l’attention de sa mère pour donner à Siham l’amplitude nécessaire pour s’enfuir de cet appartement. Il ne sait pas ce qu’il se passe, mais il ne veut pas non plus prendre le moindre risque, et cela signifie par la même occasion qu’il ne laissera pas sa mère s’en prendre à cette femme et son enfant. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, c’est évident, et c’est aussi un euphémisme pour dire qu’elle est très certainement possédée. Rhett ne veut pas en savoir davantage, tout comme il ne veut pas en apprendre davantage non plus. Peu importe ce qu’il s’est passé, c’est une histoire qui doit être réglée entre sa mère et lui et certainement pas qui que ce soit d’autre.

Avec acharnement, il joue au jeu du chat et de la souris sans jamais toucher sa mère ni même s’approcher d’elle de trop: elle n’est plus la femme aimante qu’il a toujours connu, c’est évident. Lui non plus n’est pas à l’abri de sa fureur ou même de sa malédiction, et c’est avec beaucoup de patience qu’il finit par la semer et arriver jusqu’à la porte d’entrée de l’appartement avant qu’il en soit de même pour elle. Il la referme aussitôt et prend soin de tourner la clé pour s’assurer qu’elle n’arrive pas à l’ouvrir, même sur un malentendu. Ensuite, c’est deux par deux qu’il descend les marches pour retrouver Siham. “T’as pu t’en sortir.” - « T’es revenue me chercher ? » Il questionne alors qu’il connaît déjà la réponse face à cette question. Bien sûr, elle était en train de remonter les escaliers à son tour. “Je suis desolée…” Il sourit face à son empathie. “Qu’est-ce?” - « Je l’ai enfermée dans l’appartement. Le temps qu’on démêle cette histoire. » Maintenant plus que jamais, il promet de l’aider dans cette aventure.